Roberte est le maillon central de la visite de Fadila dans le Jura. Voici ce qu'elle écrivait au retour de Midelt le 21 septembre 2016.
Avant la projection du film « Des hommes et des Dieux », je ne connaissais pas l’histoire des moines de Tibhirine. Je suis très touchée par ce qu’ils ont vécu et j’ai cherché des livres les concernant pour mieux les connaître et comprendre.
Ce départ pour Midelt, je l’ai préparé spirituellement car je voulais partir en essayant d’être dans « l’esprit de Tibhirine » et c’est comme cela que j’ai découvert « L’ami parti devant » de Fadila Semaï. Je l’ai lu avec beaucoup d’émotion. J’en parle à Lulu qui me dit « Ecris-lui ! ». Ce que je fais, et je lui propose une rencontre avec notre association ADN-MANV. Peu de temps après, elle me répond. En voici quelques lignes :
« Vous me parlez de votre désir de vous préparer spirituellement à l’esprit de Tibhirine. Si je peux me permettre, voici comment : « Se tenir pauvre devant l’autre, se laisser ‘déranger ‘ et toucher ». C’est selon moi une voie privilégiée pour chaque rencontre. »
A ce jour, j’ai écrit une autre lettre, qui est partie de Midelt, car elle me dit qu’elle serait favorable à l’idée de nous rencontrer. Je lui pose alors la question : « Comment allons-nous pouvoir nous organiser avec vous pour la rencontre : frais de voyage, séjour, et organisation ? » (voir l'annonce des rencontres sur le Jura avec Fadila pour la 2ème semaine de janvier 2017)
Me voici à Midelt. Durant ce séjour, j’ai vécu des moments très forts. Pendant les journées, j’ai pris le temps de réfléchir et me ressourcer, lire et méditer.
En allant aux offices monastiques, j’ai aimé ces moments de prière, de silence, de chants. (Frère Antoine, lorsqu’il chantait, donnait l’impression de chanter et danser avec son corps. Très impressionnant !)
Je pensais souvent à ces frères moines assassinés, et je les portais dans mon cœur, et j’essayais d’être en communion avec eux et le Christ.
Lorsque j’entends le muezzin, je pense à frère Christian, et à l’ami algérien (parti devant) et à ce moment-là, je ressens beaucoup d’émotion, de cette relation entre chrétien et musulman.
Quelle joie et quelle émotion de rencontrer frère Jean-Pierre (rescapé de Tibhirine). Nous avions rendez-vous dans la salle du mémorial de Tibhirine. Nous étions assis près de lui. J’étais intimidée et respectueuse devant un tel homme. Un homme doux, calme et qui dit n’avoir jamais ressenti de haine pendant et après le drame.
Plus tard, j’ai eu l’occasion pendant un court instant de me retrouver seule avec lui. Nous parlions de Lulu et de notre équipe qui était en train de faire du jus de pommes. Il était heureux et émerveillé. Puis en discutant, je lui avoue qu’en moi, j’ai beaucoup de peur, et de pouvoir donner sa vie comme ses frères et lui l’ont fait, je ne sais pas si je pourrais !
« Nous aussi, on a eu peur, me dit-il, mais il faut garder confiance, et si nous gardons cette confiance, le Christ sera là jusqu’au bout ! »
Roberte le 21/092016
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