Le 2 juillet 1966, une bombe atomique de 28 kilotonnes (deux fois la puissance de celle lâchée sur Hiroshima) explose au large de Mururoa, en Polynésie française. Le premier essai atmosphérique français dans le Pacifique Sud vient d'avoir lieu. Trente-quatre autres suivront jusqu'en 1974, puis cent quarante-sept souterrains jusqu'en 1996. Pour les populations des atolls, dont Tureia, c'est aussi le début de «la pluie qui déverse le mal atomique». Ils sont les sacrifiés de l'atome au nom de la constitution d'une force de frappe dissuasive française. Une population dont le sort ne préoccupe guère en métropole, mais fait réagir bien au-delà des frontières. Ce documentaire s'arrête justement sur l'histoire méconnue d'une lutte : celle du Fri, un navire de fortune parti de Nouvelle-Zélande pour rejoindre Mururoa en 1973. A bord : trois femmes et dix hommes, dont le pasteur français Gilbert Nicolas. Ils seront rejoints sur la fin par des personnalités françaises, dont l'écologiste Brice Lalonde. Leur périple de cinq mois s'achève en juillet 1973 face à une armada de la marine française. Un ultime face-à-face qui fait la une de l'actualité grâce notamment aux images 16 mm fournies par un membre de l'équipage.
Ces archives nourrissent le récit, ponctué de nombreux témoignages d'activistes, de politiques ou d'habitants de Tureia touchés par les retombées radioactives. Le tout donne un réquisitoire contre l'Etat français, qui pourrait d'ailleurs prochainement répondre d'une accusation de « crime contre l'humanité », après le dépôt d'une plainte de l'église évangélique Maohi auprès du tribunal de La Haye en août 2016. —
Etienne Labrunie (Télérama)
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PS : Jean-Marie Muller, Jean Toulat et le général Paris de la Bollardière faisaient partie de cet équipage du Fri