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3 février 2022 4 03 /02 /février /2022 21:16
Reconnaissance

Dampierre. Noël 2021


OU EST-CE QUE PEUT BIEN CRECHER CELUI QUI VA DONNER SENS À NOS VIES ?

 

Ne sommes-nous pas plusieurs centaines de personnes du secteur NORD-JURA à être venues à EVANS durant le temps de NOËL, du 18 au 28 décembre 2021 ? Nous répondions à l’invitation d’une petite équipe de gens de ce village autour de Charles et Gérard, nous disant : « Venez voir dans l’écurie de la ferme de la famille HUDRY comment des artisans-artistes de tous âges ont fabriqué, modelé et peint de leurs mains et de leurs cœurs la façon dont ils pensent que s’est réalisée la naissance de Jésus dans la crèche. J’avais compris à travers ce que m’exprimaient les membres de cette équipe animatrice, qu’une grande joie nous serait donnée en venant reconnaitre ce que d’autres avaient fait. Je ressentais quelque chose qui devait ressembler au tressaillement qui avait dû habiter le cœur des bergers des environs de BETHLÉEM et l’âme des mages du lointain ORIENT. Les bergers et les mages étaient les uns et les autres des chercheurs. Afin de trouver sens à leur existence, ils avaient senti qu’un « déplacement » était à opérer dans l’agencement de leur vie et que du temps était à prendre pour y parvenir. Alors ils s’étaient mis en route.


Avec quelques amis et leurs enfants, nous décidions d’atteler les ânes GAMIN et RAMEAUX à la charrette et d’emprunter « le chemin des ouvriers » qui relie DAMPIERRE à EVANS par les champs qui s’étendent entre nos deux villages.
Lorsque j’étais enfant, c’est par ce chemin-là que mon papa m’emmenait avec lui, le temps de semailles étant venu. Il allait aider des amis paysans à semer leur blé. Il m’asseyait sur le semoir tiré par le cheval Coco et me mettait les guides du cheval entre les mains. Qu’est-ce que j’étais heureux ! Je ressentais le bonheur d’être un peu, moi aussi, « le semeur »
C’était déjà par ce chemin caillouteux que de nombreux « paysans-ouvriers » étaient passés afin de se rendre à leur travail ou en revenir. Ils avaient transporté le fer à l’état brut qu’ils avaient extrait des coteaux entourant le village des MINERAIS. Ils devaient être déjà très fatigués lorsqu’ils parvenaient avec leur chargement aux forges de FRAISANS. C’est qu’il en venait du monde travailler aux abords de ces hauts-fourneaux. Il en est sorti du fer de tous ces ateliers, afin de construire des ponts reliant les humains qui nous mirent au monde.

 

Durant ce trajet de DAMPIERRE à EVANS, c’était encore sur le même chemin que nous nous racontions ce qui faisait les joies et les difficultés de nos vies. Combien de projets n’avaient pas pu se réaliser par des adolescents en raison de perturbations venant du coronavirus. Nous constations que beaucoup de nos amis et nous-mêmes avions tendance à rester enfermés chez nous. Nous comprenions la peur des autres. Nous sentions bien qu’elle nous guettait tous. Mais nous sentions aussi que la petite fille ESPÉRANCE cherchait à nous rattraper.
Le long de ce chemin je pus partager les épreuves qui me touchaient de très près. Le frère Jean-Pierre SCHUMACHER était mort le 22 novembre, il y avait juste un mois. Comment assumer l’héritage de la non-violence dont il nous avait dotés en communion d’esprit avec ses frères de TIBHIRINE ? Ça pouvait être merveilleux en ces temps où nous nous sentions agressés de toutes parts et tentés d’être agresseurs nous-mêmes vis-à-vis des gens venant barrer le chemin de nos engagements et actions. Il nous apparaissait difficile d’être non-violents.
En ce temps de Noël, c’était de naissance et de vie que nous voulions pouvoir parler, « de ce Verbe qui s’était fait chair et de cet enfant nouveau-né qui nous est donné » Et c’était pendant ce cheminement qu’arrivait la mort de notre ami Jean-Marie MULLER, fondateur du mouvement pour une alternative non-violente, le M.A.N.V., auteur du livre « l’ Évangile de la non-violence ». Peu de temps après la mort des moines de TIBHIRINE, Jean-Marie avait écrit le livre où il nous indiquait le chemin et la stratégie qu’avaient empruntés et créés les membres de cette petite communauté monastique avec les gens du village et ceux des environs. Et Jean-Marie MULLER avait dédicacé ce livre à notre ami Gaby MAIRE, assassiné au Brésil le 23 décembre 1989. Avec Gaby j’avais appris à marcher dans le sillage de Jésus, celui-là vers lequel nous orientons nos pas, en allant à la crèche d’EVANS. Gaby avait dit : « Je préfère une mort qui mène à la vie plutôt qu’une vie qui mène à la mort. »
Et il avait vécu ce qu’il avait dit.


Les sentiments dont j’essayais d’imprégner mes paroles et mes attitudes à l’égard des personnes avec qui je marchais en direction de la crèche étaient des sentiments de RECONNAISSANCE. Qu’est-ce qu’il est beau ce mot qui surgit dans nos êtres, lorsque tout en marchant nous ressentons que c’est grâce à d’autres que nous sommes en capacité de lutter contre l’emportement, la haine et toutes sortes de violences. J’adore ce mot RECONNAÎTRE, car je crois que le VERBE y habite. 
C’est dans cette façon de marcher et de vivre que « le Verbe est en train de se faire chair » 
L’attitude de « RECONNAISSANCE » nous indique le chemin à emprunter afin que se réalise une naissance ou bien une renaissance. Tout cela apparaît grâce à une connaissance.

 

Nous étions heureux d’aborder les premières maisons du village d’EVANS et d’entendre des gens nous dire « On ne vous demande pas où vous allez avec vos ânes ! Vous allez à la crèche. » Nous commencions à croiser beaucoup de gens qui sortaient de cet endroit magique qui avait tant enchanté mon enfance. Des gens nous disaient : « C’est vraiment l’endroit où il fallait venir avec vos enfants et vos ânes ». En approchant de l’écurie où nous allions pouvoir nous émerveiller de la façon dont beaucoup de gens ressentent et expriment ce que dit au monde cet acte de la naissance de Jésus ?
Il me revient que des petites chaînes dont une extrémité est scellée dans le mur, pendent de chaque côté de la porte d’entrée de l’écurie. J’en connaissais la disposition depuis que j’étais gamin, car c’était là que nous fixions le mousqueton des licols des chevaux avec lesquels nous venions travailler avec mon papa. Je suis heureux d’y accrocher celui des licols de nos ânes.

 

Nous entrons alors dans l’écurie.
Enfant j’y avais vu les fils de la famille HUDRY travailler avec mon papa à soigner les animaux de la ferme. J’avais aimé la belle façon dont s’y accomplissait ce travail.
Et aujourd’hui dans une ambiance lumineuse et festive voulait se maintenir en humilité le travail des auteurs de ces nombreuses crèches se dévoilant sous nos yeux. Au fur et à mesure que nous avancions dans cette écurie toute transformée, notre admiration de ces œuvres était accompagnée des explications des réalisateurs eux-mêmes. Ce n’est pas tous les jours, qu’en admirant des œuvres d’art, nous ayons à nos côtés les personnes réalisatrices de l’ouvrage. Échanges qui surgissaient de toutes parts entre les visiteurs-mendiants que nous étions et les réalisateurs qui tentaient de répondre à nos questionnements, ou d’écouter nos paroles d’estime. Il se répandait entre nous tous, quelque chose qui avait trait à la RÉCEPTION d’un trésor qui nous concernait tous, d’un héritage dont nous étions tous appelés à devenir bénéficiaires.


Dans l’église du village d’EVANS le tintement des cloches de l’ANGELUS n’allait pas tarder à communiquer à toute volée « ces choses cachées depuis le commencement du monde… » dévoilées et développées dans l’écurie de la ferme voisine. Le prophète Isaïe avait commencé de nous révéler ce fait mystérieux : « C’est une Vierge qui enfantera notre sauveur. C’est dans un climat de non-violence que nous parviendrons à la Paix. C’est avec le fer de vos armes qu’il vous faudra forger le soc de vos charrues ».


Les cloches continueraient à nous faire vibrer d’émotion en nous annonçant cette bonne nouvelle : « Le petit enfant qui est né dans la crèche de l’écurie est le fils de Dieu… LE VERBE S’EST FAIT CHAIR pour que, de notre chair blessée jaillisse une parole qui nous libère ». Il nous revenait sur le chemin du retour ce que notre pape François nous raconte dans sa lettre « FRATELLI TUTTI ». Ii écrivait que nous sommes à un moment de notre Histoire où nous avons les capacités inventives et le devoir d’arrêter ce fait scandaleux, que des parents soient réduits à ne trouver qu’une écurie, ou la rue, ou la migration comme refuge pour mettre au moindre le fruit de leur amour. « NOEL nous écrivait-il encore, c’est opérer un déplacement dans nos vies pour que toute famille ait un coin de la TERRE où bâtir un TOIT et y exercer un TRAVAIL respectant la dignité de tous. »


Lucien CONVERSET
 

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  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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