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Lulu en camp volant

Bleiben sie hier… Vous pouvez rester ici. #1

31 Juillet 2012, 12:10pm

Publié par luluencampvolant

Mardi 12 juin 2012, Mercredi 13 juin 2012

Bleiben sie hier… Vous pouvez rester ici.

Oh ! Comme « ce verbe se fait chair ! »

 « Vous pouvez rester ici ! » Lorsque la porte à laquelle je viens de frapper s’ouvre, et qu’il sort de la bouche de l’homme et de la femme, à qui je viens de demander si mon âne et moi pouvions passer la nuit dans leur étable, étant donné la pluie qui va encore nous tomber dessus : « Vous pouvez rester ici. » Paroles et mots qui font du bien à toute ma chair, qui mettent mon corps dans la paix et la tranquillité !

Nous venons de quitter DEGENDORF il y a un peu plus d’une heure, ayant eu dans cette ville la joie de vivre une interview télévisée et importante en même temps, animée par une jeune équipe débutante constituée par Manuel, Verena, Ramona et Karina sur le sens, le pour qui et pour quoi de ce voyage à « Bethléem mit ein Esel ». Nous avons repris le chemin de Passau. Nous y arriverons dans 3 ou 4 jours. Où allons-nous pouvoir passer la nuit qui vient avec le temps qui est en train de se charger, justement dans la direction de Passau dans laquelle nous allons, et qui semble vouloir absolument nous tomber dessus.

A peine à l’écart de la véloroute, nous apercevons une ferme aux abords du village d’Oberdorf. Nous n’avons pas fait beaucoup de kilomètres depuis Degendorf. L’interview télévisée nous a pris bien du temps. Mais je crois à ce dont les médias peuvent être porteurs et faiseurs de cette paix à laquelle nous aspirons tous, en ce moment particulièrement : les enfants syriens. Et puis il faisait tellement bon parler avec Verena, Karina, et Ramona, sous l’œil de la caméra tenue par Manuel place Luidpoldplatz. J’ai félicité ces jeunes filles pour la qualité et la profondeur de leurs questionnements en Humanité : « Vous contribuez par votre travail, et je veux unir mon action à la vôtre, à ce que chaque petit de notre Humanité puisse trouver une place, la faire et l’offrir à ceux qui l’aiment et qu’il aime, comme l’oiseau migrateur trouve un avant toit pour y faire son nid » Oh ! comme il était beau le sourire de Verena, Ramona et Karina. Comme il était clair et interpellant en même temps l’œil de la caméra tenue par Manuel.

Ça y est, nous avons dépassé le petit panneau indiquant le village : Oberdorf. Nous entrons dans la cour de la ferme. Ça y est, ça recommence à pleuvoir. Il est 18h. Au bruit que fait la machine à traire les vaches, je comprends que les gens de la ferme sont en plein travail dans leur étable. Je frappe à la porte qu’ils ont fermée en raison du temps pluvieux et froid qu’il fait. Arrive une femme qui me dit d’emblée : « Gruss Gott ! » Je me dis « Voilà des mots qui doivent être annonciateurs d’une parole accueillante en réponse à la question que je vais poser : « Ich bin von Frankreich, ich gehe mit mein Esel nach Bethlehem um Frieden. Ist es möglich ein Platz für mein Esel… Ich schlafe im Stroh Während Nacht ?! »

Alors la femme va à l’autre bout de l’étable parler avec son homme. C’est comme ça que ça se passait à Dampierre dans notre étable, lieu de vie où se réalisait une grande part du travail qui donnait le pain à toute la famille et aussi au passant, la part du pauvre, c’est comme ça que ça se passait. Notre maman allait demander à notre papa ce qu’il en pensait. Et une décision importante comme celle-là : l’accueil du passant, de l’homme sans domicile : c’est ensemble homme et femme qu’ils la prenaient. Oh ! je souris et je pleure en même temps que j’écris ces mots qui sont de notre chair, papa et maman ! C’est de vous que j’ai entendu pour la première fois de ma vie ces mots : « Il y a de la place pour toi, viens notre petit ! Tu peux rester au cœur de nous deux. Nous voilà trois au creux de nous deux. »

Paroles charnelles, verbes faits chair que vous avez dit à l’adresse de chacun de nous vos enfants.

Paul Baudiquey dit : « Trinité de Roublev, Trinité de Rembrandt… » dans son merveilleux poème du retour de l’enfant prodigue. Si tu veux bien Paul, je voudrais ajouter ce couplet à ton poème :

Roublev-icone-trinite« Trinité de Roublev

Trinité de Rembrandt

Trinité pour chacun des petits de notre Humanité en notre ensemencement,

En votre commencement,

Verbes faits chair. »

                         Rembrandt-fils-prodigue.jpg

Je crois que ça s’origine là, chers parents le fait que je veuille toujours continuer ce que vous avez commencé, qu’au sein de notre Humanité tous les humains soient accueillis. Que nul ne se sente rejeté. Que personne ne soit laissé sur le bord du chemin. « Bleiben Sie Hier ! Vous pouvez rester ».

Je souris et je pleure dessous ce ciel où je marche pour Bethléem. Ce ciel que je regarde si souvent pour savoir le temps qu’il va nous donner. Ce ciel d’où vous nous regardez chers parents avec la même tendresse et le même amour que vous vous êtes donnés en nous recevant nous vos enfants. Ce ciel dans lequel vous vous réjouissez que ce que vous avez fait au plus dépourvu des « routards » qui traversaient notre village de Dampierre en nous apprenant à les accueillir dans notre étable, cela est offert à votre fils Lulu dans l’un et l’autre des villages et villes qu’il traverse « mit sein Esel zu Fuß nach Bethlehem »

Si la pluie qu’il fait tombe mal, l’âne Isidore et moi, nous sommes bien tombés. La femme est revenue de l’autre bout de l’étable avec son homme et tous deux ensemble nous disent en un allemand bavarois exprimé à toute vitesse : « Bleiben sie Hier… Vous pouvez rester ici avec votre âne. » J’ai beaucoup de mal à comprendre leurs mots mais je saisis aussi vite qu’ils ne parlent que nous sommes accueillis. Comment ? Par les gestes et les sourires, que ce couple d’agriculteurs exprime. Ils sont en train de traire leurs vaches dans des conditions difficiles, qui me rappellent celles de nos parents dans les années 1950-1960. Il fait dans cette étable un bruit d’enfer en raison de l’autoroute toute proche. Et ils prennent un peu de temps pour nous faire de la place et nous dire : « Bleiben sie hier… vous pouvez rester ici. »

Suite de la lettre demain

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Une maille à l’envers… une maille à l’endroit

30 Juillet 2012, 09:15am

Publié par luluencampvolant

Samedi 9 juin 2012

Réveillé à 5H30. Il fait déjà jour dans le square aux portes de la ville de Straubing où je viens de passer une bonne nuit sous l’abri où je me suis réfugié hier soir, alors que ça allait recommencer à pleuvoir. L’âne Isidore a passé la nuit à manger l’herbe du verger attenant à ce square. Je l’avais attaché par la corde coulissante entre 2 pommiers.

Pourquoi je n’ai pas monté la tente ? Pour ne pas alerter, provoquer quelqu’un à me « désigner-dénoncer » à la police et être obligé de décamper sous la pluie. D’autre part les bagages qui étaient sur le dos d’Isidore attachés et sanglés sur le bât, ne pourraient pas être à l’abri sous la tente. Je ne me trompe guère dans mes craintes. En effet, en train de me laisser habiter et nourrir par le Psaume 79 « Pasteur d’Israël écoute… fais luire ta face… fais voir en sorte que chacun des êtres humains, tes enfants puissent trouver une place à la surface de la terre… Seigneur Sabaoth, fais nous revenir, fais luire ta face et nous serons sauvés » Qu’est-ce qu’il fait bon à l’aurore du jour au moment où s’éveille le concert du chant des oiseaux, dans les arbustes et fourrés avoisinants, de se laisser travailler par la parole de Dieu à l’Humanité et par la réponse que tentent de lui faire les hommes que nous sommes… de l’homme que je suis.

Mais le temps de méditation apaisante ne va pas durer beaucoup ou plutôt il va se muer en des versets bouleversants, ceux-là même de membres de notre Humanité qui trouvent que la surface de la terre  n’appartient qu’à quelques-uns, à eux qui pensent être les premiers occupants, que ceux qui viennent après ou qui passent par là n’ont pas droit d’accès, même l’espace d’un moment, d’une nuit qui risque d’être pluvieuse et froide, se figurant être arrivés les premiers, ils pensent que ça leur donne le droit de propriété. Ils ne veulent pas connaître la pensée profondément  humaine des indiens d’Amazonie et de la Cordillière des Andes, qui après avoir été spoliés par les colonisateurs pendant des siècles maintenant que la terre est à tous. Ils ne veulent pas voir non plus ce que le bisontin Proudhon veut dire quand il proclame au XIème siècle : « la propriété c’est le vol. » Ils vous saluent par ces mots « Begruss Gott » « Dieu vous bénisse ». Ils le font écrire aux portes de leurs villages. Mais ils vous envoient effectivement aux enfers…

Je suis en train de lire le verset 7 du psaume 79 : « Tu fais de nous une question pour nos voisins… » quand surgit par le sentier avoisinant l’endroit où je suis à l’abri, une femme promenant son petit chien. Cette femme devait être belle avant qu’elle ne me voie avec l’âne. Mais son visage vient de se muer en une colère dirigée contre moi et l’âne. Le petit chien ne dit rien. Même pas l’amorce d’un léger aboiement. Il semble même dire à sa maitresse : « qu’est-ce que je voudrais bien m’amuser avec l’âne… il a l’air si paisible… » Mais il n’a pas le temps de dire cela, qu’en allemand bavarois exprimé par cette femme « je suis dans l’obligation immédiate de comprendre que c’est un scandale que je sois dans ce lieu avec mon âne, que je n’ai rien à y faire… Je suis en délit d’occupation illicite… » Tout cela est débité à une allure vertigineuse… Comment se fait-il que je comprenne tout cela ? C’est l’expression du visage de la dame qui est bouleversant… je suis verbalement et ‘visagement’ agressé… Et je suis obligé, l’ordre m’en est donné, de « quitter les lieux dans l’immédiat sinon je préviens la police ».

Ni le petit chien, ni l’âne Isidore, ni moi non plus, ne saisissons que les humains n’arrivent pas à s’entendre parce que quand je vais détacher l’âne Isidore, il me fait comprendre qu’il se serait bien amusé avec le petit chien de la dame. Et il ajoute : « On a eu la chance qu’elle ne soit pas venue promener son petit chien hier soir… Parce que tu sais, une nuit tranquille comme nous venons de vivre… un foin aussi bon et abondant… et puis j’ai bien vu que tu passais une bonne nuit sous l’abri quand je me suis réfugié sous le pommier parce que la pluie était revenue.

Une maille à l’envers, une maille à l’endroit. Ainsi se tricoterait le tissu social.

Une maille à l’endroit : nous étions heureux hier soir de trouver cet abri aux portes de la ville de Straubing, et de voir passer plein de gens faisant footing en promenant leurs chiens… Personne ne nous faisait objection concernant notre présence en ces lieux.

Une maille à l’envers : une femme, ce matin nous intime l’ordre de déguerpir sinon, elle prévient la police.

 

straubing.jpgPhoto du Marche de Straubing trouvée sur Internet

Une maille à l’endroit : Entrant dans la ville de Straubing, une heure après nous sommes accueillis par beaucoup d’enfants et leurs parents. C’est jour de marché. Beaucoup de gosses spontanément désirent caresser l’âne Isidore qui ne demande que ça. Surtout qu’avec les caresses beaucoup veulent adjoindre une carotte. Comme le marché est tout près de l’endroit de la jointure des 2 places principales de la ville où nous avons stationné, il y a abondance de biens pour Isidore. Même qu’une dame apporte une botte de carottes. L’âne Isidore me fait comprendre : « T’as bien fait de venir en ville le jour où il y a marché. T’as vu le monde qui passe ! Une botte de carottes ! Mets-la vite sur le bât. Comme ça j’en aurai durant toute la journée… » Je dis dans l’après-midi à Isidore : « J’aime beaucoup venir en ville avec toi les jours de marché. Ça nous rappelle quand à Dole on voulait que quelque chose soit connu, on venait aussi le samedi matin dans la rue piétonne entre la place aux fleurs et la place du 8 mai. C’est là qu’on distribuait nos tracts ou bien qu’avec la JOC de Dole, Fabrice, Brigitte, Laurent, Raymond, Michel, Marie-Jo, Denise, Adeline et combien d’autres on venait le samedi avant Noël proposer le gui et le houx de la solidarité, en donnant à savourer un jus de pommes chaud de notre confection. On y venait aux pas des ânes Grisette, Gervaise et Gamin. Qu’est-ce qu’on rencontrait comme monde ! C’était grâce au Nicolas Renner de Brevans et à sa famille qu’on avait pu amener les ânes de Dampierre… Et bien ici à STRAUBING, là où se rejoignent les 2 places THERESIENPLATZ et LUDNIGSPLATZ, c’est comme à Dole où on fait le cercle de silence le 1er samedi du mois. Il y a comme ça des lieux, des endroits qui sont porteurs de messages. C’est là que se tricotent les mailles à l’endroit. Pendant que les enfants te caressaient et t’écoutaient faire du bruit avec tes dents en mangeant les carottes, moi j’écoutais les questions des gens qui se demandaient pourquoi je cheminais avec toi… Pourquoi on allait jusqu’à Bethléem. Je leur ai dit : « parce qu’à Bethléem c’est là que la Terre s’est ouverte au ciel. C’est là que la terre des hommes a été ensemencée d’amour pour toujours. C’est de là que le fils de Dieu, Jésus, est né en sortant du ventre de sa maman, de Marie que nous aimons tant saluer à l’heure de l’angélus… Elle est de notre Humanité. J’essayais de dire cela en allemand. Heureusement il venait d’arriver une dame qui s’est mise à me poser des questions en français… Ça fait du bien au milieu de tant de gens rassemblés autour de nous et qui te posent des questions fondamentales sur la destinée de notre Humanité, qu’il arrive quelqu’un qui parle en allemand et en français. Quelle médiatrice ! Alors je lui demandai : « Ihre Vorname ? Quel est votre prénom ? – Maria ! » Nous rayonnons de joie en entendant le prénom de cette femme. Parce que beaucoup de gens profitaient de notre partage, particulièrement de ce que Marie, mère de Jésus nous a donné et transmis comme possibilité de donner sens à notre vie, dans la personne de ce gamin qu’elle mettait au monde sous le regard et le souffle d’un bœuf et d’un âne de tes ancêtres. Et tu ne sais pas ce que cette femme m’a dit, parce que tu étais très préoccupé par les caresses et les carottes quand elle m’a dit ça. Cette femme Maria m’a dit : « Vous allez à Bethléem avec votre âne. Mais Bethléem, c’est aussi ici, partout où il y a des gens qui s’aiment, où on vit l’amour de Jésus. » Alors j’ai dit à Marie : « Dites à tout le monde qui est là autour, ce que vous venez de dire. Dites-le en allemand : « Gott ist da, wo die Leute leben und lieben. » C’était comme l’autre jour sur la place St Peter à REGENSBURG avec Christa et Thomas et les gens qu’ils avaient rassemblés, nous n’avions pas envie de nous quitter. Mais Heinrich le mari de Maria lui signifiait qu’ils étaient attendus. Cette maille à l’endroit que nous venions de tricoter allait contribuer à bien faire tenir le tricot. Elle allait permettre de bien tenir le coup pour assumer les mailles à l’envers qui surement viendraient s’adjoindre à notre recherche d’Humanité. Je repensais à ce que Jésus avait dit un jour d’ouragan, où le tricot social risquait de s’effilocher le jour où des apôtres demandaient à ce que les foudres du ciel tombent sur un village samaritain qui ne les avait pas accueillis, et les fasse disparaître. Jésus leur dit : (en Luc, 9,51) « je ne suis pas venu pour ça. Allons dans un autre village. Et en chemin il leur raconta, justement, « une maille à l’envers, une maille à l’endroit » : la parabole du bon samaritain, afin de répondre à leur question : qui est mon prochain ? Regardez avec qui notre vie est tricotée ! N’arrachez pas de la Terre celles et ceux qui n’ont pas encore compris que le bonheur et la joie envahissent nos vies lorsque, avec ce que l’on a comme « emplacement », on fait de la place à ceux qui n’en ont pas. C’est alors que Jésus s’était mis à raconter la parabole d’une maille à l’envers, d’une maille à l’endroit : « L’ivraie et le bon grain ». Il n’y a que Mathieu qui la raconte 13, 24. « Attention ! En voulant arracher l’ivraie vous risquez d’arracher le bon grain. » Tu vois Isidore ! Déjà Jésus était contre l’agriculture intensive. Exactement ce que tu disais l’autre jour en mangeant le sainfoin sur les talus qui longeaient le Danube : «Avec tous leurs pesticides et insecticides on ne trouve presque pas de sainfoin ni d’abeilles. »

C’est alors que Isidore me dit encore : « C’est beau cette histoire de tricot social : une maille à l’envers, une maille à l’endroit ! J’ai bien aimé l’autre jour quand tu ajoutais en parlant de toi : « Il ne faut pas oublier que des fois c’était moi Lulu qui avait tricoté des mailles à l’envers ! Heureusement que l’on ne m’a pas arraché à ce moment là ! »

Et voilà qu’en dressant une oreille dans la direction où nous nous dirigions avec les nuages qui risquaient de nous envoyer la pluie, et l’autre oreille en direction  de l’endroit où la dame avait voulu nous déloger (les ânes ont de sacrés capacités), Isidore tu m’apprends à faire beaucoup de choses : nous projeter dans le temps, tout en faisant référence à ce qui vient de nous arriver… oui ! En regardant la pluie qui risquait de bientôt nous tomber dessus et en nous reportant à ce que nous venions de vivre : deux mailles à l’envers, Isidore je t’entends encore en train de me dire : « Tu sais la dame qui est venue se promener avec son petit chien et qui voulait nous faire partir de cet endroit si beau, peut-être qu’en ce moment, en retournant promener son petit chien et en voyant qu’il va pleuvoir, peut-être qu’elle est en train de changer de sentiment à notre égard et qu’elle voudrait tricoter une maille à l’endroit pour nous. Peut-être que si le temps continue à vouloir nous dégringoler dessus, une maille à l’envers, peut-être que les sentiments nouveaux de la dame vont inspirer une attention accueillante chez quelqu’un d’autre pour nous, une maille à l’endroit en quelque sorte. »

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Itinéraire en Slovaquie

28 Juillet 2012, 16:15pm

Publié par luluencampvolant

Du 20 au 27 Juillet : De la frontière autrichienne à la frontière hongroise (110 kms)

 

120727-Slovaquie.jpg

 

Le 27 juillet, Lulu traverse le Danube qui marque la frontière avec la Hongrie.

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Le portrait de Lulu

27 Juillet 2012, 19:23pm

Publié par luluencampvolant

Babeth, la soeur de Lulu, a peint des portraits de son frère auxquels elle tient beaucoup. Ceux qui étaient à la soirée d’au-revoir du 17 mars ont pu les admirer. Or, un des portraits a disparu. Babeth en est très peinée. La personne qui l’a en sa possession a pu en profiter pendant 4 mois, il est temps de le rendre à sa propriétaire le plus rapidement possible, et le plus discrètement en l’expédiant par la poste à : Elisabeth PARIS, 11 Grande Rue. 39800 GROZON.

 

Lulu en colère par sa soeur

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Ils le reconnurent à la fraction du pain... #2

19 Juillet 2012, 08:00am

Publié par luluencampvolant

Inzing le 29 juin 2012

 

 « Ils le reconnurent à la fraction du pain ou la symphonie inachevée » Luc 24, 36 »

clic ici pour lire le début de cette lettre

 

...Ça y est ! Nous entrons dans le village d’Inzing.

Ingrid est rayonnante ! Elle me dit : « C’est là ! Voilà la maison de ma sœur ! Regardez ! C’est là que vous allez passer la nuit avec votre âne !

Ingrid sait qu’elle nous fait du bien, qu’elle est en train de nous enlever notre fatigue. Elle voudrait nous l’enlever toute entière. Elle veut nous déposer dans la sécurité et la paix. Pour elle c’est évident. Pour l’âne et pour moi, il va falloir encore un petit moment : celui-là dans lequel nous sommes en train d’entrer dans l’immédiat.

Ingrid a vu que la famille de sa sœur est devant la maison sous le grand arbre en train de finir de souper. De loin, elle rit très fort pour que eux aussi aient une part de ce qui s’est installé en elle, voilà une bonne heure. Elle les prévient à haute voix ; il faut qu’il y ait une part de cette bonne nouvelle aussi pour les voisins.

« Voilà un homme qui va à Bethléem avec son âne. Ils marchent pour la paix. Je vous les amène pour que vous les hébergiez cette nuit. »

Ingrid ne dit pas : « Est-ce que vous pouvez les héberger ? » Mais : « Regardez et écoutez ce que je viens de trouver. Je ne veux pas tout garder pour moi. Il faut qu’il y en ait une part aussi pour vous… j’ai eu la joie et la chance de les trouver… Ayez la joie et la chance de les garder… pour la nuit. »

Ce qui est « Wunderbar » « Merveilleux » et qui a teneur et sève de ce qui est fondamentalement Bethléem, c’est la communion-communication entre les 2 sœurs. Ça correspond entre elles, et grâce à elles avec tous les membres de la famille. Je commence à le savoir un tout petit peu en voyant et écoutant ce qui se passe. Je vais le savoir beaucoup, infiniment en contemplant ce qui va se passer toute cette soirée.

Je me trouve présenté par Ingrid en présence de plusieurs jeunes couples de parents avec leurs enfants, membres de la famille d’Ingrid, famille ressemblant à un grand arbre, que je vais découvrir aux ramures très étendues… Le sourire s’est répandu sur tous les visages de ces gens, enfants et adultes riants à gorge déployée de voir arriver leur sœur et tante tenant l’âne Isidore et moi le vélo. Alors je ne peux pas tout comprendre de ce qui est en train de s’exclamer. Ça rigole ! ça rigole ! et les mots d’humour et d’estime qui sortent de l’être de tous ces gens courent vite. Je saisis ce que je peux de ce qui s’envole et virevolte. Ces gens connaissent la promptitude de leur sœur et tante Ingrid à accueillir les gens qu’elle trouve sur son chemin. L’âne Isidore et moi nous ne faisons que commencer à le découvrir, il y a un peu plus d’une heure.

Et voilà les enfants, 7 ou 8, qui veulent tous caresser l’âne, lui donner une carotte qu’ils vont arracher à même le jardin de la grand-mèretout proche (Garten Oma). C’est Ingrid qui continue à tenir l’âne. Un vrai chef d’orchestre cette jeune femme. Par médiation de l’âne elle est en train de faire jouer ensemble des gens  venant d’horizons vraiment très différents : sédentaires et nomades. Ingrid a l’art de faire vibrer nos cordes sensibles. Ça donne une sacrée musique pour ne pas dire une musique sacrée : celle-là même de l’Evangile, quand les deux hommes qui se rendaient à Emmaüs, se sont laissés rattraper par celui-là même qu’Ingrid est en train d’imiter, celui-là qui dit et fait ce qu’il dit, qui fait en sorte que le pain, le toit, le soleil, la paille, il y en a pour tout le monde : « Sol omnibus lucet » comme c’est écrit au cadran solaire de chez Judith et Wolgang.

Ingrid est quelqu’un qui sûrement depuis toute petite fille a dû apprendre le partage dans leur grande famille (j’entends très vite qu’elle et sa sœur Sylvia chez qui nous venons d’arriver, ont 5 autres frères et sœurs dont plusieurs sont là), et apprennent à leurs enfants à donner les carottes à l’âne, en les présentant à mains plates, afin de ne pas se faire pincer les doigts. Silvia a mis un verre à un endroit de la table pour que je m’y asseye. Ingrid vient se mettre près de moi comme ça nous pouvons continuer de dire ensemble pourquoi c’est à Bethléem que nous allons. Elle me laisser boire le verre d’eau gazeuse qu’on m’a servi puis me fait comprendre qu’il nous faut aller faire l’installation de l’âne et de moi, à l’arrière du hangar, en plein sud-est où sont plantés des abricotiers : la meilleure exposition à l’abri des intempéries.

Silvia et Peter, puis toute la famille, les enfants en tête nous partons installer l’âne Isidore dans une pâture à la belle herbe verte. Et quelle n’est pas ma surprise de voir Ingrid et Sylvia m’apporter un matelas et une couverture. Et me dire : « Une fois que vous êtes bien installé, revenez à table… car vous n’avez surement pas soupé ! »

Nous prolongeons la soirée encore un bon moment autour de la table où ils m’ont préparé un repas au jambon. Tout est fruit de leur travail. Ils sont éleveurs de porcs et céréaliers. C’est leur métier et travail de « Bauer ». Ingrid échange avec sa sœur Silvia et son beau-frère Peter des mots et sourires qui en disent long de la contemplation de ce qui est en train de se passer. Ingrid, la symphonie dont vous avez eue initiative consistant à faire se rencontrer et jouer ensemble les sédentaires et camp-volants que nous sommes est inachevée. Nous vous disons Ingrid : « Restez avec nous ! Continuez à nous offrir ce souffle et cet esprit qui vous habite. Nous aurons encore bien des soirs et des nuits à traverser où la clarté de votre présence aimante et libérante nous sera nécessaire afin de parvenir à l’aurore du lendemain matin.

Afin que nous continuons à pressentir que la traversée de nos nuits est possible, que la victoire contre les fatalismes est envisageable, que l’arrêt des armements et notamment du nucléaire est impératif. Ingrid ! continuez de nous rattraper, de marcher à notre rythme, de faire jouer ensemble nos différences, continuez d’être l’étoile en nos Bethléem affrontants !

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Ils le reconnurent à la fraction du pain... #1

18 Juillet 2012, 08:58am

Publié par luluencampvolant

Inzing le 29 juin 2012

« Ils le reconnurent à la fraction du pain ou la symphonie inachevée » Luc 24, 36

Je te reconnais ami Jésus à pleins de moments sur ce chemin de Bethléem où je me suis engagé au pas de l’âne Isidore. Tu me rattrapes pour me faire découvrir justement pleins de réalités que je n’ai pas encore découvertes « ces choses que j’ai cachées depuis le commencement de ma vie, en les mettant « à côté » « de côté ». Aujourd’hui je voudrais te remercier pour ce qui s’est passé hier et qui se continue demain grâce à Ingrid ; et grâce à ce que savent si bien mettre au jour les petits et les pauvres.

licol.jpg

Je sortais du village de Ruprenchtshofen après avoir rebâté l’âne Isidore. Nous marchions d’un bon pas, mais où se devinaient cependant quelques fatigues et lassitudes, pour l’âne et pour moi. J’entends quelqu’un arriver derrière nous à bicyclette et nous rattraper. C’est une jeune femme qui me dit d’emblée :

« - Wo gehen sie mit ihre Esel ?“ Où allez-vous avec votre âne ?

Je réponds : « à Bethléem ! »

La jeune femme s’exclame : « Bethléem ! » Puis très réaliste, c’est une rurale, elle me demande : « Wo schlaffen sie ? Où pensez-vous dormir ce soir ? »

Je réponds : « Ich suche. Je vais en direction de Mitterkirchen : je cherche. »

Manifestement, étant descendue de son vélo, cette jeune femme dont j’apprends le prénom Ingrid, me signifie qu’elle veut bien volontiers faire une bout de chemin avec moi. Nous croisons de temps en temps des gens en voiture ou en vélo qui sourient de nous voir marcher ensemble au pas de l’âne. A certaines personnes qu’elle connait, Ingrid se met à dire que je vais à Bethléem et pourquoi j’y vais. Elle me l’a demandé. Je lui ai dis : « Pour la paix. « Um Freiden ». Alors elle dit que je vais à Bethléem pour la paix.

Je demande à Ingrid quel est son travail. Je comprends qu’elle doit accompagner des personnes âgées. Petit à petit au cours de notre marche, où à défaut de trouver les mots pour le dire, nous sourions, je sens qu’un projet est en train de mûrir dans la tête de notre accompagnatrice : puisque je cherche un « Bauer », un paysan, pour mettre mon âne et moi à dormir dans la paille, elle me fait comprendre qu’elle a trouvé ce que nous cherchons. Ingrid me dit : « Meine Schwester ist Bäuerin… Ma sœur est paysanne. Son mari et elle habitent à Inzing. C’est sur votre chemin en direction de Mitterkirchen ».

Ingrid sourit. J’ai l’impression qu’elle est montée à bord de notre embarcation. Elle sourit pour me dire : « Vous allez voir ! je vais vous emmener dans un coin où vous serez bien accueillis… votre âne et vous… chez ma sœur, il y a tout ce qu’il vous faut… » voilà ce que je comprends qui se dessine dans l’attitude de cette femme. Autrement dit : « vous ne serez pas déçue du voyage. »

Petit à petit, chemin faisant, Ingrid prend même un peu la direction de notre embarcation. Elle voit bien que l’âne et moi, nous sommes fatigués. Nous traversons le village de Wörth, puis de Weisching. Elle voit qu’il nous tarde à l’âne et à moi d’être arrivés dans un endroit où on va pouvoir s’arrêter et déposer ce qu’on a sur le dos. Elle, Ingrid, elle sait que nous sommes bientôt arrivés dans le village de sa sœur et que nous y serons bien accueillis. L’âne et moi, nous savons par Ingrid, que nous serons accueillis. Nous espérons. Notre degré de savoir et le sien ne sont pas encore au  même niveau. Ils sont en train de le devenir. Nous nous en remettons à Ingrid , mais nous ne savons qu’un petit peu où elle nous emmène. Il y a toute une confiance pétrie d’espérance, qui s’intensifie en moi, mais en même temps, il y a plein de doutes et d’interrogations qui s’y faufilent : ce que dit Ingrid avec certitude et sourire, est-ce bien sûr ? Nous sommes amenés l’âne et moi chez des gens que j’essaye de deviner accueillants, correspondant à la belle naïveté-simplicité qui rayonne sur le visage d’Ingrid. Mais si des fois, nous les surprenions tellement qu’ils ne puissent pas nous accueillir ? Je ne voudrais pas que nous nous imposions chez des gens, et qu’Ingrid soit peinée de cette impossibilité.

Mais désormais je ne suis plus le premier maître à bord. C’est Ingrid qui tient le gouvernail de notre petit esquif. « Allez, après tout, je m’en remets totalement à vous Ingrid » Et pour le signifier, tout en souriant, j’arrête l’âne. Ingrid s’arrête de marcher à nos côtés en tenant son vélo. Je remets dans les mains d’Ingrid la cordelette qui permet de tenir l’âne au licol, et je prends son vélo. Nous rions ! Nous rions beaucoup, voulant exprimer ce que nous ne pouvons pas faire en paroles. Et même si nous trouvions les paroles, elles ne pourraient pas tout signifier le travail de reconnaissance qui est en train de se réaliser en chacun de nous et entre nous. « Nos cœurs sont tout brûlants de ce qui s’est écrit dans notre chair vive ». Nous rions ! Nous rions beaucoup !

Ingrid est heureuse. Elle rayonne de conduire l’âne. Je suis heureux. Elle est belle la confiance mutuelle qui s’installe entre nous.

Nous trouvons sur notre chemin des gens qui connaissent bien Ingrid. Tout le monde rit. Ce n’est plus à moi à qui on demande « où vous allez avec votre âne. » C’est à Ingrid « Voilà que tu as un âne ! Mais où vas-tu donc avec ton âne ? »

Et moi, je me tais. Je contemple ! J’écoute, je reconnais ce qui (se)passe ! Ce qui est en train de s’installer pendant un petit moment dans notre de vie de camp-volants, d’itinérants, de chemin-faisants. Oh ! Comme il fait beau à ce moment-là !

Et c’est Ingrid qui répond aux gens qui l’interrogent. Elle leur explique, en reprenant ce que je lui ai confié durant la distance et le temps que nous allons bientôt achever. Elle leur raconte ce qui s’est écrit dans son cœur de ce que je lui ai donné, de ce qui m’a été donné et qui s’est inscrit dans ma vie, grâce à pleins d’autres gens rencontrés en chemin avant elle. Et moi je voudrais raconter ce qui est en train de s’écrire et qui m’est donné par Ingrid elle-même.

Fous rires de nous tous. J’oublie ma fatigue. Je jubile de ce qui est en train de se passer. Surtout que cette situation se renouvelle avec d’autres gens qui sortent du village pour aller se promener, alors que nous allons, nous, bientôt y entrer pour nous y installer camps-volants heureux de pouvoir se sédentariser l’espace et le temps d’une nuit, là où Ingrid nous emmène.

« Alors Ingrid, tu as donc un âne maintenant ?! où est-ce que tu t’embarques ? »

Et Ingrid se remet à dire ce que je lui ai remis de notre projet déjà en train de se réaliser : parvenir à Bethléem, lieu source de la paix. Ingrid répond aux gens comme si elle allait à Bethléem avec son âne. Ça donne l’impression que c’est moi désormais qui accompagne Ingrid et son âne. Les oreilles d’Isidore en sont toutes émoustillées.

 

Suite demain...

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Louange à l'âne

13 Juillet 2012, 15:58pm

Publié par luluencampvolant

Pas de lettres de Lulu à publier... mais tout va bien. Il poursuit sa route en Autriche en direction de Vienne. Cette semaine, ils ont rencontré une femme maréchal ferrant qui a changé les fers d'Isidore. Le temps d'une petite pause avant de repartir plus loin.
 
En attendant le courrier à lire et à transcrire pour que vous en preniez connaissance, voici un joli texte... C'est Anne-Marie qui nous a chanté cette jolie chanson de Philippe Forcioli... N'hésitez pas à retrouver ce chanteur sur youtube et sur son site : Clic !
 
 

Louange à l’âne

 

Un âne, ce sont des yeux (bis)

 C´est une tête qui dodeline

Une clochette dans la colline

Un âne, ce sont des yeux (bis)

 Des oreilles qui touchent Dieu (bis)

  

Burrico, aliboron (bis)

 Beau baudet des pays latins

Grecs ou juifs ou maghrébins

Zumeri de mon pays (bis)

 T´es-tu entendu quand tu cries? (bis)

  

Un âne, ce sont des pas (bis)

 De pauvres petits pas qui peinent

Sur les cailloux et qu´on enchaîne

Pour qu´au pré il n´aille pas

Un âne, ce sont des pas (bis)

 Mais des oreilles d´apparat! (bis)

  

R : Burrico, aliboron (bis)

 Beau baudet des pays latins

Grecs ou juifs ou magrébins

Zumeri de ma contrée (bis)

 T´es-tu entendu quand tu brais ? (bis)

  

J´ahane en te tirant (bis)

 Tirant, hi-han, hissant ma pomme

Sur ton bon dos de bête de somme

Je plane, te caressant (bis)

 Je n´ai rien dit, tu m´as compris (bis)

  

La crèche et les rameaux (bis)

 La paix joyeuse du salut

De Dieu à l´homme, tu l´as bue

Tu trônes avec ton chant (bis)

 Humble autant que les lys des champs (bis)

  

Burrico, aliboron (bis)

 Beau baudet des pays latins

Grecs ou juifs ou maghrébins

Zumeri de mon pays (bis)

T´es-tu entendu quand tu cries?

Hi hi hi... han!

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Pour que le bât ne blesse pas

2 Juillet 2012, 07:00am

Publié par luluencampvolant

Le 20 juin 2012

 

 

Profitant que nous n’étions que les 2 sur ce chemin entre Inzel et Kaiser, (Nous venions d’entrer en Autriche), l’âne Isidore voulut me dire encore : « Pour la bonne continuation de notre cheminement, afin que le bât ne me blesse pas, que j’aie un bon sang, il faut que tu respectes en ce qui me concerne, ma nourriture, comme tu prends soin de la tienne. Tu l’as remarqué, j’ai un rythme, mes goûts et mes préférences concernant les herbes sauvages que nous trouvons le long du chemin de Bethléem. Quand tu manges un morceau de pain et un morceau de saucisson, j’ai remarqué que tu croques une gousse d’ail, quelques olives, et un quartier d’oignon. Eh bien moi, j’aime croquer les tiges des panets et de sainfoin, et en même temps grappiller quelques épis de blé ou d’orge. T’as remarqué comme les orges ondulent dans leur blondeur dans la brise du soir en ce moment ! »

 

Je dis à Isidore : « C’est pas tellement des herbes sauvages, l’orge et le blé… »

 

Il me répondit : «  Justement, il est bon d’allier les 2 : le commun et le pas ordinaire. D’autre part, je t’entends dire quelques noms de ces herbes sauvages que j’aime : le lotier, la bzette, le pois de 100 heures, la luzerne, le trèfle blanc, et l’incarnant, mais moi, sans connaître leurs noms à toutes ces herbes qui font mon régal, je sais leurs vertus en raison de leurs senteurs. Je suis comme tes grand-mères : Léa et Delphine. Elles ne savaient pas forcément leurs noms savants à toutes ces plantes, mais elles connaissaient tout ce qu’on peut soigner avec les feuilles de ronces, la sauge, le tissulage. Il aurait fallu que tu écrives ce qu’elles te disaient, parce vous les hommes vous n’avez pas « mémoire » comme nous les ânes »

 

C’est alors que je dis : « Isidore, tu y vas un peu fort ! Tu sais quel âge j’avais quand ma grand-mère Léa est morte ??? Je n’avais pas 10 ans !!!

 

-  « C’est vrai ! Mais je t’entends dire à des enfants très jeunes, l’autre jour en Allemagne, d’écrire ce qu’ils entendent et voient… »

 

-  «  Tu as raison Isidore ! Il aurait fallu qu’on me dise plus tôt, l’importance d’écrire afin que ça ne se perde pas ce que j’entendais de mes grands-mères, et de combien d’autres gens, de mes institutrices, instituteurs, ou que je fasse des dessins… et qu’ils soient gardés. Mais on savait pas beaucoup faire. Mais vous les ânes, comment est-ce que vous faites pour si bien vous souvenir ? »

 

-  « T’as remarqué les jours où il n’y a pas d’orage… On a eu comme ça des jours tranquilles… Pas de mouches à chasser de dessus mon dos, ou de dessous mon ventre… Je suis sur mes 4 pieds, bien ferrés par Damien, donnant l’impression de sommeiller, le sabot arrière droit ou gauche, la pointe en terre, comme un pas de danseuse-étoile...  Je ne sommeille pas… Je médite… Je fais revenir en moi les faits et gestes dont j’ai été témoin et auteur, ou bien ce que les autres m’ont fait et dit. C’est comme ça que de mémoire d’âne, on sait la place de nos ancêtres les ânes, dans la vie de Marie et Joseph à Bethléem, mettant au monde Jésus… On sait aussi que Jésus c’est le fils de Dieu. On le reconnait à son attention aux êtres, les humains et les autres, à son respect, sa douceur. Pour vous les hommes, il a fallu un écrit de la Parole. Nous les ânes, nous le savons « de mémoire d’ânes », un peu comme ça se passait avant qu’il y ait beaucoup de livres pour tous les gens, qui n’avaient pas pu apprendre à lire et à écrire… Le livre est un grand progrès… comme internet… le blog… les mails… mais méditer, se laisser dire, faire habiter dans le cœur pour savoir par cœur… Ca faudrait pas l’arrêter ni chez vous les hommes, ni non plus chez nous les ânes… Je voulais te dire encore, moi Isidore, quelque chose qui m’a fait du bien, c’est quand tu t’es souvenu que pour soigner une blessure à un âne, comme à un homme, il faut appliquer un onguent de miel. Merci d’en mettre souvent sur mes égratignures pour éviter qu’elles ne deviennent blessures. Comme ça le bât ne me blessera pas. »

 

-  «  Je suis content de t’entendre me dire ça Isidore. Au début que je te mettais du miel sur ta peau égratignée, tu menais un sacré cirque ! Tu donnais l’impression que je te faisais mal. Je pense que maintenant tu te méfies moins… Tu me fais davantage confiance. Tu sais Isidore, nous deux partant pour Bethléem, comme nous sommes partis, c’est une expédition ! C’est comme si on était sur le même bateau… Je sais bien que tu n’aimes pas quand il faut passer par l’eau. Mais là ! Admets-le : toi et moi, nous sommes dans la même barque, la même embarcation, ce qu’on fait à l’un concerne l’autre. »

 

-  « A propos ! me dit encore Isidore ! Justement, faudrait bien que tu écrives une carte au jeune apiculteur Roland Huber de Grunau (avant notre entrée en Autriche), qui vous a apporté le pot de miel alors que vous dormiez encore. Heureusement que Giom Dantec que tu venais de rencontrer sur ton chemin, et toi Lulu, vous n’avez pas tout mangé le pot de miel à votre petit déjeuner.

 

Giom 6

 

-  « T’as raison Isidore ! Faudra que je lui écrive et aussi une carte chez Patrice Cahé à Malange dans le Jura, à chez Robert Lacroix à Tassenières, à chez Baby Michel à Salins, et Nans-sous-Sainte-Anne, à chez Guy Bailly à Darbonnay, aux enfants de Jean et Monique Verins à Saffloz… pour leur dire et reconnaître qu’en sauvant les abeilles en Allemagne, en Autriche comme en France, et en appelant à faire de même, ils font en sorte que le bât de l’économie ne blesse pas l’Humanité… Attention aux points de non-retour ! »     

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