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Lulu en camp volant

Ardente reconnaissance #2

30 Novembre 2012, 13:00pm

Publié par luluencampvolant

Mercredi 17 octobre 2012 à Mala Kopašnica

 

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Ardente reconnaissance de notre unification en nos multiples fragilités.

Tout en me montrant où habitent chez CIVOJ, AITAB me dit : « De toutes façons si tu as besoin voilà où tu pourras mettre ton âne… dans cette maison qui est en face de CIVOJ… C’est mon étable... »

AITAB me laisse devant chez CIVOJ : immense maison avec une vaste cour qui est cadenacée et en face, je vois un grand pré et l’étable largement ouverte d’AITAB. Je suis là, dans la rue, entre ces deux espaces, l’un rutilant mais fermé, l’autre en briques mais ouvert. J’attends pendant un très long moment. Heureusement que j’ai pu mettre l’âne dans une abondante luzerne. Voilà une voiture qui arrive. Je me dis c’est sûrement quelqu’un de la famille CIVOJ. Je me présente. A la manière dont cette personne lit les papiers de VRBAS et celui de DANICA que je lui présente, je vois que je ne suis pas du tout attendu et qu’il n’est au courant de rien. Cet homme est probablement le gardien de la maison CIVOJ. Il me dit : « CIVOJ habite à Budapest… Il n’est pas question que vous fassiez entrer votre âne dans la cour… et vous non plus… » J’insiste quelque peu, muni du petit carton : « CIVOJ ». Arrive un véhicule immense. La barrière s’ouvre pour lui. Pas pour nous. Je dis au revoir, peiné de voir ces cœurs cadenacés, des maisons tout autant fermées, immenses où il n’y a aucune place pour l’imprévisible… C’est alors que je suis rattrapé par un jeune homme sur un vélo. C’est le fils d’AITAB qui me dit : « Ne vous sauvez pas… venez avec votre âne dans notre étable : dans la maison en briques, qui est en face », celle-là devant laquelle nous étions passés tout à l’heure, celle-là dont AITAB m’avait dit : « si tu as besoin, viens avec ton âne dans cette maison… c’est mon étable… »

 

Nous voilà nous installant à la nuit tombante dans l’étable d’AITAB. Pas d’électricité mais la lumière de l’hospitalité. AZCIREP, c’est le nom du fils d’AITAB, monte au grenier et donne de la bonne luzerne sèche à Isidore. AITAB arrive et me dit : « Pas question que tu montes ta tente ! » Il m’ouvre sa caravane qui est à côté et me montre un canapé pour que j’y dorme cette nuit. Puis ces deux hommes m’emmènent chez eux au village. « Tu viens manger chez nous ! » J’y découvre tous les membres de la famille. L’accueil y est très fraternel. ELIM est de la partie. Après ce repas pendant lequel j’explique le but de mon voyage avec l’âne jusqu’à BETHLEEM, je pars dormir dans la caravane. ELIM et AITAB me disent : « à demain dans la scierie. »

 

Le lendemain matin, levé un peu avant 7h, je crois que je vais avoir du temps pour écrire. Pas du tout. ELIM et AITAB sont là. Ils me tirent de l’étable pour aller boire le café dans l’atelier de ELIM. C’est alors que nous allons vivre un acte de reconnaissance qui va nous élever en Humanité. Comme il fait bon dans ce petit atelier de l’artisan qu’est ELIM. C’est un homme qui a une forte carrure. Il est heureux et nous le montre sur son visage que cet acte de reconnaissance se vive chez lui, dans son humble lieu de travail. Nous sommes tous assis autour de la petite table, où LINO, un 4ème homme, vient de déposer un pain tout chaud, sur un petit linge blanc déplié par ELIM. Et tout à coup ELIM se mettant debout écartant ses grands bras et les dirigeant, l’un à un bout du monde et l’autre ensuite à l’autre bout du monde, il a conscience, et nous en fait part, que ce que nous vivons touche et concerne le monde dans son ensemble. Toute l’Humanité est un seul corps : le nôtre est celui du Christ, celui du Christ est le nôtre. C’est ce qui est en train de lever. Nous en sommes témoins et artisans. Et tout cela se vit en des lieux et des moments de fracture : les gens de ce peuple me racontent ou me font allusion tous les jours (ELIM encore tout à l’heure) au fait qu’ils ont été bombardés par les américains, que leur économie est par terre, qu’ils ne savent pas comment la relever, avec un taux de chômage extrême, obligés qu’ils sont à de petits boulots afin de pouvoir survivre. Combien d’hommes partant aux champs avec de petits tracteurs pétaradants ou encore un cheval tirant la charrette, et les femmes assises dans la remorque bringuebalante, comme j’ai vu ma maman dans les années 50. Ce que nous vivons dans cet atelier est travaillé par un souffle qui tend à passer par les fissures que nous arrivons à faire en nos blindages. C’est ton souffle ami Jésus qui est arrivé à se faufiler jusque là, c’est ton Esprit qui nous fait nous reconnaître frères. C’est par ton souffle que AITAB s’est senti poussé à me rattraper hier sur la route et à me ramener dans cet atelier de son ami ELIM où il m’est signifié : « Toi l’étranger tu ne vas pas passer comme ça devant chez nous sans t’arrêter… Malgré ton allure étrange avec ton âne tu es l’un des nôtres… » Ils me reconnaissent porteur d’un important message et en même temps fragile comme un vase d’argile mais ne me le font sentir qu’en me protégeant. Je les reconnais en leurs merveilleuses attitudes d’accueil, voyant bien aussi certaines de leurs dépendances mais ne les montrant nullement empêchantes en ce moment créateur. (2 Cor 4,7)

 

pain.jpgLorsque LINO est arrivé dans l’atelier apportant le pain chaud, ELIM m’a demandé d’aller chercher dans mon sac les papiers signifiants les buts de mon voyage au pas de l’âne en direction de BETHLEEM. LINO demande à ELIM qu’il lui prête ses lunettes pour lire, comme s’il lui demandait : « donne moi ta façon de lire les choses de la vie, ELIM ». Et ELIM lui donne ses lunettes. Et LINO se met à lire en silence. Il se crée un moment de paix et de silence à cet instant en cet atelier. Une bonne nouvelle nous est annoncée à tous. Il n’est pas fatal que les hommes que nous sommes continuent à se casser la figure les uns aux autres. Le pain chaud que LINO a mis sur la table pour que nous le partagions en le fractionnant est porteur de notre unification. Nous sommes les membres de ton corps ami Jésus en train de nous laisser travailler par le ferment unificateur de ton Esprit. Et c’est alors que sort de la bouche de ELIM le mot : MISSION. Au moment où LINO enlève les lunettes parce qu’il a fini la lecture des feuillets. C’est le même mot qui avait jailli de la bouche d’ANITA à APOSTAG, au moment où elle comprenait que je devais quitter et repartir de cet endroit et de ce moment où je me sentais si bien et où j’étais tenté de rester : « oui je comprends que vous repartiez, vous avez une mission à réaliser. »

 

C’est un même corps unifié que nous formons. C’est un même Esprit unifiant qui nous anime. Et c’est à une mission identique que nous sommes envoyés : désamorcer nos violences, arrêter de fabriquer et vendre les engins de mort. A cet impossible nous devons nous tenir.

 

Ce pain apporté par LINO, admiré par les yeux de AITAB et par les miens, fractionné par les mains d’ELIM, afin que tous les quatre nous en ayons notre part, ce pain nous ramasse en la traversée de nos fragilités pour réaliser notre unification : « Oh Dieu ! Voici que nous pouvons te dire en ton Fils Jésus : Notre Père…. »

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Ardente reconnaissance #1

29 Novembre 2012, 17:07pm

Publié par luluencampvolant

Mercredi 17 octobre 2012 à Mala Kopašnica

 

Ardente reconnaissance de notre unification en nos multiples fragilités.

 

Très marqué par l’accompagnement d’IVAN et de toute une équipe de ses amis pour traverser LESKOVAC (6 ou 7 kms), nous nous disons au revoir à l’embranchement que fait l’autoroute avec le chemin de KOPAŠNICA. Ivan et l’équipe ont vraiment voulu me mettre sur le chemin où je n’aurai plus à me poser la question : « Est ce que je suis dans la bonne direction ? » Nous nous disons longuement au revoir. Il leur aura fallu deux voitures pour venir les rechercher et les ramener chez eux.

 

Isidore et moi nous marchons d’un bon pas parce que j’ai l’impression que KOPAŠNICA n’est quand même pas tout près. Mais avec le petit papier indiquant l’adresse de la maison CIVOJ, que m’ont transmise VULE et DRAGICA, je ne me tracasse pas pour l’hébergement de ce soir. En cours de chemin je vois beaucoup de gens travaillant dans les champs à ramasser les pommes de terre, cueillir les paprikas ou faisant des bottes de poireaux. C’est comme un immense jardin qui entoure LESKOVAC. C’est que cette ville dont j’ai découvert l’importance en la traversant à pied, a bien 60 000 habitants. Il faut en nourrir tous les gens. Et LESKOVAC est la capitale du paprika, comme AUXONNE en France, la capitale de l’oignon.

 

En fin d’après-midi nous arrivons l’âne et moi à l’entrée du village de KOPAŠNICA. Il me faut trouver où habite les CIVOJ. J’ai compris d’après ce que m’ont dit VULE et DRAGICA que chez CIVOJ nous attendent l’âne et moi dans leur maison. Nous faisons quelques centaines de mètres et nous entendons en arrière de nous quelqu’un nous appeler fortement mais fraternellement : « vous n’allez quand même pas passer devant chez nous sans vous arrêter… » Je salue cet homme qui vient d’arriver à notre hauteur en vélo. Je lui montre mon petit carton où est écrite l’adresse de chez CIVOJ. Cet homme me dit que j’ai le temps d’y aller et qu’il m’y conduira. « Ce n’est pas loin. Je vous montrerai… De toute façon vous avez trop avancé… revenez avec moi… » Je n’arrive pas à demander à cet homme : « Où est ce que vous m’emmenez ? » Je me retrouve dans une situation où je n’ai plus la possibilité de décider quoi que ce soit. Je dois fermer les yeux et me laisser guider. C’est ce que je fais. Il me revient ce qui est écrit au Psaume 30 que j’aime bien chanter dans des moments comme celui-là : « Entre tes mains je remets mon esprit… » L’homme a pris de mes mains la cordelette de l’âne Isidore qui, lui aussi, fait confiance qu’un pré de luzerne est sûrement dans la direction où nous emmène cet homme. Nous voilà dans un sentier et puis dans un autre, enjambant la voie ferrée, mais sans passage à niveau… Tout en nous en remettant dans les mains de cet homme je lui demande son prénom. Il me répond : AITAB. Je lui dis que je m’appelle LULU et l’âne ISIDORE. Nous nous demandons quand même bien où il nous conduit. Ça y est ! Nous voilà devant une petite scierie comme celle de chez MILLERET où nous emmenait notre papa à FRAISANS, quand nous étions gamins, et qu’il y avait des planches à fabriquer. Nous attachons l’âne à un billot de bois. Et AITAB me présente son ami qui est l’artisan de cette petite scierie, et cet homme continue, en me disant :

- Je m’appelle ELIM… je vous ai vu à la TV… je vous ai reconnu. Je vous ai aperçu de loin avec votre âne. Et j’ai dit à AITAB : saute vite sur ton vélo et tu le ramènes ici avec son âne… Je suis content que vous soyez là. Ça s’arrose ! Asseyez-vous. Qu’est ce que vous buvez ? Un schnaps ou un café ?

- Je ne bois pas d’alcool mais un café.

 

Quel accueil ! Voilà des gens qui se souviennent que « notre ancêtre était un araméen errant » (Deut. 26,5) et qu’« au voyageur notre porte doit rester ouverte » (Job 31,32)

 

Escierie.jpgn moi-même deux sentiments s’affrontent : « Vis intensément l’accueil que sont en train de t’offrir ces deux hommes… » et « il te faudra quand même ne pas tarder à aller chez CIVOJ… probablement qu’ils t’attendent… la nuit va tomber et peut-être que la pluie aussi… les nuages sont bien noirs… » Puis je fais comprendre mon admiration pour ce petit atelier et mon respect pour le travail que ELIM y accomplit. Le wagonnet qui emporte le billot de bois jusqu’à la scie à ruban ravive mes yeux comme quand j’avais 10 ans et que la scierie s’animait sous les mains de monsieur Milleret. C’est le gagne pain d’ELIM. J’aimerais voir tourner tout cela. Mais voilà qu’AITAB doit aller chercher ses 2 vaches et les traire. Il m’emmène donc pour me montrer où est ce que chez CIVOJ habitent. Il est convenu avec ELIM que demain matin avant que je ne reparte, je viens boire le café dans son atelier avec AITAB.

 

 

    Suite demain 

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Tu ne me laisseras pas trop dans cette situation #2

28 Novembre 2012, 12:55pm

Publié par luluencampvolant

Le mercredi 10 octobre 2012 à Cazenard
Comme je vais de surprise en surprise en ce qui concerne l’hébergement et la nourriture de l’âne, le soir, durant la journée je veille à ce qu’il mange beaucoup de luzerne. Donc tranquillement je le fais s’arrêter dans un pré de luzerne en fin d’après-midi, lorsque nous sommes tout près de CAZENAR. Il mange bien. Et nous voilà partis pour cet hôtel restaurant « NAÏRAM » où je pensais prendre une bonne douche, dormir dans un grand lit et avoir du temps pour écrire et peut-être pouvoir téléphoner. Très bien accueilli en ce qui concerne le repas. Nous aurions pu manger à 3 avec ce qui était présenté pour moi sur la table. Les serveurs sympathiques. Je découvre que j’ai mis les pieds dans un restaurant de routiers. Ambiance sympathique qui me rappelle chez Gilbert GRAPPIN au moulin des MALADES à MONTEPLAIN dans le JURA. Je casse bien la croûte avec le souci d’attacher l’âne où il y a un peu d’herbe dans le jardin adjacent à l’Hôtel-Restaurant. Puis arrive NAGARD, le patron de cet établissement qui est l’ami de ELAG et AKIJARD. Nous causons un moment. Je me dis : « Il va m’indiquer où est la chambre qu’il m’offre… » Je lui dis que je suis allé repérer le jardin et que nous pourrons y mettre l’âne. J’ai une grande corde pour l’attacher (achetée le matin même, puisque la veille, lorsque l’âne s’est sauvé, la corde avait été perdue, et j’avais dû en racheter une à ALEKSINAC). NAGARD qui manipule le téléphone avec beaucoup d’aisance, me fait comprendre qu’il faut attendre. A plusieurs reprises j’entends « Moment ! Moment ! » C’est alors qu’arrivent 2 hommes. L’un d’eux boit une bière à notre table. L’un et l’autre s’appellent ASSIVOJ. Ils causent abondamment avec NAGARD. Je comprends qu’ils vont s’occuper de l’hébergement de l’âne. Puis arrive un 3ème homme en voiture. Il est lui aussi du village. Il s’appelle aussi ASSIVOJ. C’est NAGARD qui l’a fait venir. Et je comprends à ce moment-là que je ne logerai pas dans l’hôtel-restaurant de NAÏRAM mais chez un de ces 3 hommes, de même que l’âne dans une étable de l’un d’eux. NAGARD tient hélas ces 3 hommes sous sa coupe et sa dépendance.
C’est alors qu’arrivent depuis JAGODINA : AKVID et ARIJAM, qui sont contents que j’aie un hébergement ainsi que l’âne, mais ne me semblent surpris que leur ami NAGARD se soit déchargé de cette responsabilité sur les 3 paysans portant le nom de ASSIVOJ tous les 3. Et en un rien de temps, les sacs et le bât sont chargés dans la voiture de ASSIVOJ 3. L’âne est emmené de main de maître par ASSIVOJ 2. Mais je suis en souci. Je ne voudrais pas que l’âne se sauve. Me voilà dans la voiture d’ASSIVOJ 3, ne sachant pas trop le rôle joué par ASSIVOJ 1. Cinq minutes après, nous voilà au cœur du village de CAZENARD, devant l’épicerie d’ASSIVOJ 3 où dans la nuit (il est 20 H), les épiceries fonctionnent encore et des hommes assis sur des petits bancs dehors consomment des bières. Ils rigolent à propos de l’âne que nous emmenons chez AASIVOJ 2, petit paysan qui a 2 vaches. Grande surprise quand nous arrivons dans la cour de cette petite ferme. La femme et les enfants sortent pour voir l’âne, surpris que le mari et père leur offre un tel événement. L’âne Isidore entre facilement dans la petite étable. Le voilà attaché à la crèche à côté des 2 vaches dont ASSIVOJ 2 m’avait dit être propriétaire. Très accueillantes, ces 2 vaches à la robe de montbéliardes, mais se demandant cependant par quelques mugissements de quelle planète leur arrivait chez elles, ce nouvel animal. Je demande à ASSIVOJ 2, s’il veut bien donner un peu de foin à l’âne. Dans l’immédiat, je vois cet homme grimper au grenier par l’échelle. J’entends au bruit que ça fait là-haut qu’en qualité de foin, l’âne Isidore va recevoir dans sa crèche la petite botte de tiges de maïs qui vient de tomber à nos pieds. Aux mouvements des yeux et du museau de l’âne, les 2 vaches disent à Isidore : « Nous n’avons pas beaucoup à te donner mais nous te le donnons. » C’est à ce moment-là que l’âne Isidore me regarde alors que je m’apprête à partir et il me dit : « ces 2 vaches sont sympathiques et leur berger aussi, mais cependant, tu ne me laisserais quand même pas trop longtemps dans cette situation ! T’as vu ce qu’ils appellent « le foin » ici ! »
Je me retrouvai bagagé avec mes sacs et le bât dans la voiture de ASSIVOJ 3. Et nous voilà partis à un autre bout du village où je suis déposé avec tout le barda dans une petite maison non habitée, en bordure de l’autoroute, toujours cette autoroute, qui n’alimente pas du tout cette terre de détresse, mais au contraire lui pompe le petit peu de sang qui lui reste et en tous cas, lui communique un va et vient qui n’a rien d’alimentant…
Je vais passer la nuit dans une maison, seul, qui appartient à la famille de ASSIVOJ 2. Je vais y dormir tranquille certes, sur un lit canapé, dans mon sac de couchage, à réfléchir longuement et à comprendre assez vite que je suis tombé en plein dans ce qui déjà existait il y a 2000 ans dans la société romaine et qui avait pour nom le « clientélisme ». Type d’organisation de la société où quelqu’un de très débrouillard, a eu un père qui l’a été avant lui et a acquis des terres et des maisons rachetées à bas prix à des gens éreintés de dettes et qui n’en pouvaient plus. Comme on est dans le même village des liens vont demeurer entre « l’acheteur » et « les vendeurs » qui se sont faits « avoir ». Mais ce sont des liens de dépendance. L’acheteur, avec le profit réalisé va se bâtir un « château ». Nouveau Seigneur des lieux, il fait marner, les « vendeurs » en leur faisant, par le travail de leurs mains, entourer le superbe château de murs et des grilles en fer forgé. Au moment de payer de main à la main, si un désir ne manifeste d’être payé davantage, la réponse surgit aussitôt : « Soyez déjà heureux d’avoir du travail » ça y est le tour est joué. Le nouveau château est devenu imprenable.
Je suis triste que cette « désorganisation de la société se soit installée en SERBIE, et tienne en sujétion un nombre important d’hommes et de femmes. Je suis heureux de ne pas avoir été logé au château, mais dans la petite demeure qui reste encore bien de famille à ASSIVOJ 2, et Isidore dans son étable.
Et la parole d’Isidore : « Tu ne me laisseras pas trop longtemps dans cette situation », je l’entends de la société serbe qui crie : « est-ce qu’il va surgir de nouveaux politiques qui rétabliront des rapports de justice et de respect et nous sortent de ce marasme qui nous asphyxie tous au mépris de notre dignité » Ps 34, 10

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Tu ne me laisseras pas trop dans cette situation #1

27 Novembre 2012, 10:52am

Publié par luluencampvolant

Le mercredi 10 octobre 2012 à Cazenard

Jagodina.jpg

Ce sont les paroles de l’âne Isidore lorsque je l’ai laissé hier soir dans l’étable de ASSIVOJ 2 : « Tu ne me laisseras pas trop longtemps dans cette situation ». Depuis notre rencontre avec Sacha à la sortie de KOVIN, le jeudi 20 septembre il se crée presque chaque jour comme une chaîne d’amitié et solidarité à notre égard. Chaque jour un maillon attache rapide vient s’accrocher au maillon précédent auquel l’âne et moi nous sommes reliés. Quelqu’un est là à l’étape du soir pour nous accueillir. J’ai l’impression que sur initiative de Sacha et Maja, ils ne veulent absolument pas nous laisser tomber durant tout le temps qu’ils pourront, jusqu’à notre passage en Macédoine et même après. Il y a du souffle dans leur attitude à notre égard. J’en suis touché et émerveillé.

Et en même temps, notre marche en direction du sud de la Serbie se réalise en profondeur, en ce sens que j’ai l’impression de marcher de plus en plus dans une terre de désolation et de détresse sur cette petite route adjacente à l’autoroute, aux mugissements incessants des camions et voitures.  Il y a comme 2 ou 3 mondes qui se croisent sans interférer. Le niveau de vie de ceux qui roulent à fond la caisse sur l’autoroute n’est pas du tout le même que celui des gens que je vois partir dans leurs petits lopins de terre ou en revenir, avec de petits tracteurs tirant des remorques bringuebalantes, rapportant des récoltes de misères, l’homme pilotant le tracteur et la femme assise dans la remorque en serrant contre elle le peu de maïs ou de paprikas récoltés ? Cette année de sécheresse, où il n'a pas plu, disent les gens depuis la mi-juin, me rappelle les années 1947 et 1949 où en France, nous avions nous aussi dans la ferme familiale, comme dans beaucoup d’autres, expérimenté ce que c’est qu’une « année de vaches maigres ». Hier, je voyais une femme et son fils, « mettre en mayettes » des petites bottes de ramures de maïs. On ramasse ce que l’on trouve. Il ne faut rien laisser perdre. C’est ce qui va être donné à manger aux animaux, déjà dès maintenant, et durant l’hiver qui va vite venir. Ça me rappelle en 1947 quand avec notre papa on allait faucher à la taule, le petit peu de regain qui avait poussé dans nos prés. « Il faut se dépêcher de le ramasser » disait notre papa « avant qu’il ne fonde ».

Et en même temps dans cette région de détresse, il y a comme un cumul de misères. Les fossés et les talus qui jalonnent les routes que nous prenons sont remplis de détritus plastiques, comme jamais je n’ai vus. Pas un brin d’herbe pour les dissimuler. Ce qui est terrible, c’est que les gens qui ont une voiture roulent à tombeaux ouverts. Les canalisations et parapets de ponts sont dans un état de défectuosité et par là de dangerosité que me font vraiment mal aux tripes. Ça fait déjà un moment que je remarque que, certaines bouches d’égout en ciment ont été brisées et n’ont pas été remplacées, et d’autres en fonte, ont été volées et elles n’ont pas été remises non plus. Tout le long de ces routes de misère, il n’y a presque pas de panneaux indiquant l’approche de tel ou tel village ni non plus à quelle distance kilométrique nous sommes d’une ville ou d’un village à un autre. Par contre, il y a beaucoup de petites plaques de marbre commémoratives avec le nom et le visage photogravé de la personne qui a été tuée sur la route. L’année de la naissance et la date de la mort de la personne sont indiquées. Beaucoup de morts ont eu lieu de 2006 à 2012. Chaque fois que j’apprends la mort de quelqu’un je fais sortir de mon être cette prière « des profondeurs de ma misère, je crie vers toi Seigneur ! » Ps 129 L’âne Isidore me disait l’autre jour : » Voilà un moment je t’entends souvent dire le « De Profundis … » Tu ne pourrais pas changer un petit peu et chanter le « Magnificat » de temps en temps ? »

« Eh ! bien c’est encore pas hier soir Isidore que j’allais chanter « Magnificat » au moment où tu entrais dans cette étable de ASSIVOJ 2, et  que tu m’as dit : » Tu ne me laisseras pas trop longtemps dans cette situation. »

Il s’est passé quelque chose hier que j’ai du mal à décrypter. Comme je m’en remets dans les bras et les mains de ELAG, AKIJARD et AJIRAM et qu’ils m’avaient dit : «  Quand vous arriverez en direction de NIS au village de CAVERNARD, c’est à l’hôtel NAIRAM que vous serez hébergés, votre âne et vous. » 

Suite >>>>>> 

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Isidorov san.

26 Novembre 2012, 21:00pm

Publié par luluencampvolant

 
Photo de Sandra et ses enfants en train de traduire ce texte en serbe...
  121024-Sandra.jpg
 
   
Cevrtak 4 Oktobar 2012.
 
 
Na zlatnom seno iz Jagodinski zooloski vrt.
 
Isidorov san.
 
 
Mi smo se smejali os srece I od radoste,ja I Sasa ,posle toga sto smo bili pesasili od Lakivova kuca(Bagrdan).Mi stizemo u Jagodini istim koracima kao magarac Isidor:Pada kisa.
 
Dakle 8 dana pre toga ,kada je Sasa stao ispred Kovinove vrata da bih me ugostio u njegovoj kuci kod Veliko Orasije :Padala je kisa.
 
              To je bilo drugi put, tokom 3 meseca suse,dakle Gospodjice kise nudila je par fragmenta vode nad Srpsko centralno osusena zemlja,obelezi su pocetak I kraj naseg poznavenstvo sa Sasom.Treba inace se vratiti veceras kod kuce.
 
              Nadamo se da cemo se opet sresti,kao i sa Sekijom I koliko jos druge osobe koji su mi postali prijatelji,ssa kim mi kazemo :Toliko su ovi trenuci blagoceni ,gde se docekamo jedni i drugi,neki sa ostalima.Ne zaboravjajuci ,da ono sto smo bili zapoceli trebamo nastaviti.”Nastavimo ono sto smo zapoceli”je jedna karatestika od odnosima Boga sa Covecanstvo.Nasao sam napisano u confessions de ST Augustin.Ps 13 78.
 
              Kad je Sasa odlazio,sa Galetom sam poveo magarce Isidor u zooloski vrt iz Jagodine,toga se bila setila Maja ,bila je cula magarce kako njace,u malom zelenom prostoru izmedju zgradama,gde sun as bili docekali ,pa me ona rece:”Sta mislite na to to?!Kad bih vodili magarce Isidor I zooloski vrt iz Jagodine…
 
               Sad cu zvati moju priljatelicu,njen muz je director zoo vrt!!!”
 
               Maja ce postati vodic I prevodilac ,blagoslov za nastavak nasem putem do Betleem,za mir.
 
               Kakav dozivjaj ,dok smo prolazili kroz grad Jagodine.Inpresiralo me da vidim kako se ljudi setaju gradom u vece!Uzivaju u veceervju atmosfera I pricaju sa prijateljima.Dakle,gledajuci kako prolazi magarce,znajuci Gale,ljudi ga pitaju:”Gde ste se uputili sa vesem magarcem???”Magarce Isidor stade kad cuo da pricamo.Ocekuje,da ga neko pomiluje ili mu pruzi sargarepu.I to je Gale ,na Srpskom jezikom ,predtavio,to vece smo imali bas puno sta da isfotokopiramo(u novine iz Vrbas jedan list “Danisa”koji zna na pamet I u svoje srce}.
 
               Posle brojne zaustavjanje ,razgovorima na ulici,kao i slikanje ,evo nas ispred zoo vrt iz Jagodine.
 
               Kakav docek!!!
 
               Kada vidim magarce Isidor medju ,sve te zivotinje iz Jagodinski zoo vrt,srecan sam za njega.Cini mi se da grad nema magarce u svoj zoo vrt.
 
               I evo kako oni sad nam nam ponude pauza izmedju njih 2 dana i 2 noci,gde je on nasao mir I pokojnost.To ce mi omoguciti “pokupim I napisem ,sto sam hteo videti I svedociti za neprekidna zivotna borba.”(Job 19 23 _25).I posebno,to sto nazovem :
 
               “Isidorovog san”
 
Magarac Isidor ,se bas lepo osecao u taj zoo vrt da posle nekoliko vremena ,u jednom trenutku,dok smo bili sami,hodajuci istim korakom,on mi rece:
 
ISIDOR:Posle slikanje sa strane TV novinari ,gledao sam te kako odlazis u kafic sa tim ljudima,a mene su vratili u zoo vrt ,u velikom boksu koje je bio postao moj,I kojim sam mogao lepo da se odmorim .Bio sam srecan zato sto sam mogao lepo da izpricam jedan par gazela i jednoj kamili i njenjog mladunce ,san koji sam bio sanjao prosle noci.Slusali su me i gledali njihovom lepe i nezne oci.
 
Prvo sam se im zahvalio za dobrodoslicu,i ujedno i ljudima koji brinu o nama .I nastvavio sam d aim izpricam cilj nasem putovanje,kao sto sam bio ucinio sa magricom Irana iz Szigetszent miklos iz Madjarske,sredinom Avgusta,ja sam im podelio san koji sam bio sanjao.
 
Lulu:|”Pa I ti si poceo Isidor da sanjas?
 
Isidor:Da ,naravno!...pa nastavim d aim izpricam!
 
Eto ,cuvar je bio zaboravio da zakljuca vrata mom boksu,mozda I namerno ,zato je znao da sam pun zelje za slobodom,ne volim da me neko nedge veze.Tako I sam mogao,da cirkulisem kroz ceo zoo vrt.Otisao sam bio da pozdravim Lava,Leopard,Pantera i Vuka.
 
Kad sam se preblizio kavezima ,nisu ni pokazali ni zubi ni kandje…Tako,da su postali pripitomjeni,cuvari nisu morali vise da nose ogroman broj kljuceva,kako bih morali da nas zatvore.Cuvari su sacuvali njihov posao a to je bilo samo da nas paze I vode brigu o nama,vise nismo ubijali da bih jeli,nego smo jeli travu koja Gospodjica kisa pustila na povrsinu zemlju da poraste…
 
Lulu:Vrlo sam dodirnut,Isidor,za znacaj tvojom snu…
 
Isidor:Da ,dakle sa svim cega sam mogao da se setim u mojoj magarecevoj glavi,bilo je to spoj cege svega sto sam bio slusao od tebe,kad si bio izpitan sa strane novinara sa TV,i svi tim ljudima koje kad nas sretnu pitaju gde smo se mi uputili?
 
Sanjao da su ljudi prestali da nagomilaju novac da bih pravili,ono sto unisti zivot…
 
Oslobodujicu se svoje nasilnim ponasanjama i nasim kadjama.
 
Kad od jednom Kamila je podigla kapne oci i rece mi:”Ti ,kojim nam prija tvoju prisustvo,u mojim karavanama po pustinjama,bass si onakav kako sam bila zamisljala:Treba stvarno prestati da unistimo nasu planetu,i da prestanemo napravimo od nje mesto smrt.Nasa planeta je kao l Arc de Noe ,ona je kolevka zivota.
 
Zoo vrt u kojom smo mi ,je jedan poziv za zivot…”Evo,kako me gazelevog para mi kazu:”Steta je, sto ne mozes ostati duze…Treba te svi cuti,daje nam zelju,volju i nadu za nasem zivotima…”
 
                  Evo me,sad kako ja njima izpricam ono sto sam bio cuo kako si ti bio izpricao ljudima pre neki dank ad smo se bili malo odmorili pored puta,dok sam ja bio uzivao rucajuci zlatno seno,koje je uspeo da raste baz obzira na susu.
 
Tad si otvorio Bibljiju,i rekao si:”Trebamo pratiti,profetove delove,i nastaviti!Oni nam kazu , da dolazi vreme gde narodi pravice sa njihovim maceve ,tockove za kocije i od njihovi lukova fosila”is.2 4
 
“Malisa je sustina Jesevlja…On ne sudi na izgled …Eto,kako vuk zivi sa jagnetom,panter lezi pored jarce .Vo i lav prolaze zajedno ,vodeci ga jedan mali decak.Krava I medved se sprijatelje ,njihovi mladuncici zive zajedno.Lav jede seno kao I bik…”(is.11  1.9)
 
Lulu:Ah,bas je tvoj san lep ,Isidor,na zlatnom seno iz Jagodinski zoo vrt…I srecan sam dok sam izpricao novinari,sa kojim smo bili proveli kod Kovilj,ti si takodje izpricao zivotinjama iz zoo vrt…Svakog dana delic naseg snove postanu realnost,koliko tvoj san lici na Isain san !
 
Isidor:I takodje na profetovo Zakarija!
 
Lulu:Da, izpricaj mi!
 
Isidor:Mi to izpricamo,najvise iz magarecev pamcenje,ovaj Zakarjev san.
 
Zato sto mi magarci smo vrlo .Cuo sam kako pre neki dan ,si  to pevao u glas,tokom nasim putem.|”Devojko,iz Jerusalaem!Evo,tvoj kralj dolazi ka tebi:On je dobro stvoren  i pobednik,skroman,jahac magarce ,malog od jedne magarica.
 
Dovoljan d Epraim kola,i    od Jerusalemovo konji;ratni lukova bice skinuti,on ce siriti mira za sve nacije.
 
Njegovoj svetlost icice od more do mora i rekama do ektremitete nasoj planeti.”za 9 9.10
 
Lulu:I ti si sve to izpricao ,tvoj divan san o zivotinjama iz Jagodinski zoo vrt!
 
Da li si svestan toga sta ce se sad desiti u Jagodini.Svaki put,kad neka deca dolazice da posetu zoo vrt,zivotinje ce im izpricati tvoj san:
 
“Jedan magarac ,Isidor,dosao da zivi ovde par dana I par noci…
 
Toliko mu je bilo lepo ,na zlatnom senu,kojim smo mu bili poklonili,da je on od toga doziveo san…”
 
I izpricajuci tvoj …Zivotinje prenece decama I ljudima …Deca od srece najezice se …Taj san ce im uci u kozu ….Zivotinjama…”Jos jednom glagol ce postati mesa”Jo 1 4. 
 

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Prezentacije od Lulu Fransuzski svestenik:

26 Novembre 2012, 10:00am

Publié par luluencampvolant

120911-1
 
Lucien Converset, zvani “Lulu” je svestenik od 75 godine. Iz Fransuzke, 25 Marta 2012 . posao je pesaka iz Besancon, sa njegovim magarcem Isidor, ka Betleem. U nadi da ceju stici za bozic 2012 u Betleem.
 
Njegov cilj je da bude stvaratelj mira u svetu, I protiv atomskoj naoruzenje u Fransuzkoj na unilateralan nacin : M.A.N.V.
 
Vec je presao 2 500 km pesaka sa njegovim magarcem Isidor,prolazili su Kroz Svajcarske, Nemacke, Austrije, Slovacke, Madjarske, Srbije I Makedonije.
 
Odakle,je susa koja je vladala u velilko na Balkanu, ih prestigla…
 
Tako sto, nisu imali vise trave,morali su da nadju skloniste,koja bih omugucila magarcu Isidor da prezimi!
 
Dobro namerni ljudi iz Etno Selo u Makedonju su nudili smestaj za Isidor.
 
A Lulu se vratio za Srbiju, u medjuostalom, u Jadodini I Kovilj. Gde su bili I prosle put, izuzetno dobro docekani !!!
 
Tako da nisu mogli stici za Bozic 2012 u Betleem!!!!
 
Lulu i magarac Isidor nastavice njihov put do Betleem, kad trava bude porasla ponovo...
 
 
 
Traduction en français :
La présentation de Lulu.
Lucien Converset, dit” Lulu” est prêtre de 75 ans. Le 25 mars 2012 ,il part de Besançon, en France. Il prend la route à pied avec son âne Isidore en direction de Bethleem…
Pensant pouvoir arriver pour Noël a Bethléem.
Son but est de marcher pour la réalisation de la paix dans le monde, en exigeant le désarmement nucléaire, de la France de manière unilaterale.IL est en relation permanente avec les membres du mouvement d’alternative non-violente : M.A.N.V.
Il a déjà parcouru 2 500km à pied avec son âne ,en traversant la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche, la Slovaquie, la Hongrie, la Serbie jusqu’en Macédoine .
C’est là, que la sècheresse qui sévit actuellement dans les Balkans les a rattrapés.
Du fait qu’il n’y avait plus d’herbe, il fallait trouver une étable, pour que l’âne puisse passer l’hiver !!!
C’est ce qu’ont offert bien amicalement, les gens de Etno-Selo en Macédoine. Lulu, quant à lui est revenu en Serbie, entre autre à Jagodina et Kovilj, ou précédemment, il avait déjà reçu un très bon accueil…
Ils ne pourront donc pas être à Bethléem pour Noel 2012 !!!
Lulu et l’âne Isidore, reprendront leur chemin, vers Bethléem, quand l’herbe aura repoussé…
 

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En attendant que l’herbe repousse #3

25 Novembre 2012, 22:35pm

Publié par luluencampvolant

Les 9 et 10 novembre 2012 à ETNO SELO

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Sécheresse 5 

Merci à vous ZORICA pour le travail d’interprète et médiatrice que vous réalisez entre nous :

-          Avec VLADIMIR pour le maintien de la situation toute précaire qu’elle soit dans laquelle nous sommes, en attendant de pouvoir en créer une autre plus stable et durable.

-          Avec MAJA de JAGODINA en SERBIE qui multiplie les démarches pour que nous ne nous enfoncions pas dans une impasse et que nous puissions trouver une solution qui permette qu’à ETNO SELO, l’âne y passe l’hiver et moi, quelques jours en y attendant Adrien BAYE, journaliste au Pèlerin, venu faire une interview.

-          Avec SUSANA et LILIANA, les épicières qui veillent à ce que je mange bien.

-          Avec ELISABETH qui coordonne le blog : lui expliquer pourquoi nous pouvons donner l’impression de stagner aux portes de KUMANOVO, mais qu’en fait, nous envisageons une pause et non un arrêt.

C’est alors que le mardi 6 novembre, ZORICA m’emmène à ETNO SELO. Il se trouve que la personne qui nous reçoit dans ce lieu d’accueil, la maman du directeur de ETNO SELO, est une ancienne collègue de ZORICA. Cette femme s’appelle VERA. Elle prend le temps de causer avec nous. Elle écoute grâce à la médiation de ZORICA le but de mon voyage. Elle nous offre à manger sur le coup des 11h. Et elle nous dit :

-          Que je vais pouvoir venir être hébergé à l’hôtel durant ces 4-5 jours qui viennent en attendant la venue d’Adrien BAYE, journaliste au Pèlerin les 10 et 11 novembre. Ça permettrait de le recevoir et faciliterait son travail de journaliste.

-          Que l’âne Isidore, non seulement sera hébergé dans l’étable avec les autres animaux pendant ce temps, mais encore tout l’hiver, pendant que je retournerai à JAGODINA et KOVILJ, et qu’il y sera très bien nourri comme les autres âne et chevaux.

Et lorsque je demande quel sera le prix de tout cet hébergement, car nous sommes dans un lieu d’accueil où le travail des gens qui nous reçoivent est un travail rémunéré, j’entends de la bouche de VERA, et ZORICA m’aide à bien l’entendre :

-          Que je paierai la pension des 5 jours à l’hôtel-restaurant,

-          Mais que l’hébergement de l’âne dans l’étable d’ETNO SELO avec les autres animaux, sera gratuit pendant tout le temps que l’herbe mettra à repousser à la surface de la terre si éprouvée par la sécheresse présente. La gratuité de l’hébergement de l’âne durant l’hiver signifie de la part de ces gens leur partage du sens donné à ce voyage en direction de l’étable de Bethléem pour la paix : « Ton voyage devient ainsi le nôtre… Tu nous emportes dans ton cœur et sur le bât de l’âne. »

Après le repas, VERA nous accompagne à l’étable pour voir où l’âne Isidore passera l’hiver et il est convenu que l’âne et moi, nous pouvons venir à ETNO SELO dès demain mercredi 7 novembre.

Ça me fait un certain pincement au cœur de quitter l’abri qui nous a été offert par VLADIMIR dans l’annexe de son garage. Nous avions créé de très beaux liens de fraternité grâce à ZORICA ;

-          Avec VLADIMIR  et les gens travaillant au garage,

-          Avec les élèves du collège de ZORICA,

-          Avec beaucoup de gens qui passaient dans la rue,

-          Avec les 2 épicières SUSAN et LILIANA,

-          Avec la journaliste qui vint m’interviewer : SUSANA NIKOLIK à VEST (journal local).

Mercredi à 9h, nous quittons cet abri pour reprendre la route qui va en direction de la Bulgarie, de SOFIA. Nous mettons 5 h à parvenir à ETNO SELO. La pluie est froide et fine. Elle rentre sous la peau. Mais nous savons que nous serons accueillis au chaud. Et si seulement il pouvait tomber une pluie abondante. La terre en a tellement besoin. Nous n’aurons pas ce soir à jouer, à chercher et trouver un abri qui se tienne caché à nos recherches. Cet abri nous est offert à l’âne et à moi jusqu’à ce que l’herbe repousse et que nous puissions reprendre la route en direction de Bethléem. Alors c’était vrai ce que disait des amis avant mon départ du 25 mars : « est-ce que tu vas arriver à Bethléem le 25 décembre 2012 ? Est-ce que ça ne serait pas plutôt le 25 décembre 2013 ?! »

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En attendant que l’herbe repousse #2

24 Novembre 2012, 19:20pm

Publié par luluencampvolant

Les 9 et 10 novembre 2012 à ETNO SELO
  
Pendant tout ce temps de pourparlers, il fallait que l’âne mange. La médiation réalisée par nos 2 amies professeurs de français ZORICA et MAJA faisant que dans un premier temps je pouvais aller samedi 3 au matin, avec VLADIMIR le garagiste à la foire aux bestiaux de KUMANOVO.
Kumanovo.jpg
VLADIMIR s’y rend en voiture, tirant une remorque dans laquelle, il y a 2 cochons qu’il a élevés et soignés durant l’année. Il se rend à la foire pour les vendre. Il espère en tirer un bon prix. Il espère ! Rien n’est sûr, même pas de pouvoir les vendre ! Ce qui m’intrigue dans tout cela, c’est que pour arriver à vivre, un garagiste soit obligé de nourrir des cochons, venir passer sa matinée de samedi les bras accoudés sur sa remorque, à attendre qu’un maquignon veille bien les lui acheter. Plein de gens passent, causent avec VLADIMIR, plusieurs parce que, eux aussi sont venus espérer vendre leurs cochons. La matinée va passer à voir les allées et venues des gens, déçus que personne n’essaye même d’entrer en pourparlers d’acheter les cochons. VLADIMIR me dit : « Les gens n’ont pas de sous… il n’y a pas eu de pluie pendant des mois… venez ! on va aller voir les marchands de foin pour votre âne. » Nous arrivons dans un endroit de la foire où il y a 7 gros camions de petites bottes de foin de luzerne. Certains viennent de loin, leurs camions chargés de belles bottes d’une luzerne bonne et verte… Mais rien ne s’achète, ni ne se vend. Ils vont repartir avec leurs camions remplis des bottes de luzerne, comme ils sont venus. Nous en achetons 2 bottes pour Isidore. Ça permettra de faire la « soudure » comme on dit, et de chercher et trouver une solution en direction cette fois probablement de ETNO SELO. VLADIMIR, en revenant auprès de sa remorque pour essayer de trouver acheteur de ses 2 cochons, 2 beaux cochons qui se prélassent dans la remorque en ne sachant pas plus que VLADIMIR ce qui les attend, VLADIMIR me dit à nouveau : « Les gens n’ont pas de sous… L’année est dure en raison de la sécheresse venant du manque de pluie… Vous pouvez aller faire le tour de la foire… Je vais continuer d’attendre un acheteur… »
VLADIMIR me dit tout cela avec des mots macédoniens, des gestes, et sa mine… Oh ! que son visage est expressif de la détresse et de l’accablement des membres du peuple macédonien. Les traits et l’expression du visage de VLADIMIR me font lui trouver beaucoup de profondes ressemblances avec un de mes amis de France, JACQUES homme de théâtre. C’est quelque chose, ça ! Que la situation d’un peuple puisse être ramassée et rassemblée dans le corps et sur le visage et dans la démarche d’un seul être humain. Je trouverai cela tout le long de mon cheminement en direction de Bethléem, souvent chez des femmes. Je pense à ANITA, NICOLE, EDITH, INGRID, KATALIN, DANICA, JELENA, et EMMANUELLA et leur maman, SLADIANA, MAJA, ZORICA, SANDRA, BOBA. Elles portent leur peuple, comme elles portent ou porteront leur enfant… dans leur ventre, dans leur chair, dans leur cœur, sur leur visage, dans leurs yeux. Je trouverai cela aussi chez des hommes bien sûr. Donc chez VLADIMIR, comme je viens de l’écrire… et je pense à FRITZ, LEO, WILHERM, BRACHA, BARNABAS, ZOLTAN, l’homme d’APORCA : FERENTZ, SASA, et SEKI, MILE et PAYA, MILE et BATIA. Ces hommes, eux, portent leur peuple comme ils ont portés leur enfant sur leur dos à certains jours, ils en ont plein le dos. Je trouverai aussi ce ramassage d’un collectif d’un peuple chez des enfants. Plutôt que « collectif et peuple » je dirais : « un monde ». Les enfants qui m’ont marqué et que je vais nommer, ce qui m’a touché en les rencontrant, c’est que je les ai trouvés porteurs d’« un monde », de leur monde, du monde, de l’avenir du monde. J’ai trouvé qu’en vous les enfants, (que je vais nommer, dont j’ai ramassé les noms, les faits et gestes, les jeux, les paroles fortes), en vous et en une plénitude d’autres enfants se joue l’avenir de notre humanité. Chez toi, l’enfant qui m’a rattrapé sur le chemin de la sortie de BANATSKI-BRESTOVAC pour me donner un « morceau de pain » que tu venais d’acheter à l’épicerie du village pour ta famille… Chez vous « les enfants au raisin » NICOLAS et BUKACIN, à la sortie de VRANJE… pour être sûr de me retrouver, votre papa vous avait accompagnés… Chez vous les enfants de RISTOVAC : BOYAN, MILICA, et BOYANA, vous êtes signifiants et porteurs de l’attitude de toute votre école… Je verrai toute ma vie avec quelle délicatesse vous m’aidiez à monter ma tente en votre jardin d’enfants, avec quelle générosité vous m’avez apporté à la tombée de la nuit, le repas tout chaud et savoureux préparé par votre maman. Et vous, YOVAN, LUCAS, et YOVANNA qui devenez mes professeurs de serbe et d’anglais à JAGODINA. Et vous MILIANA et EMILIA, vous m’avez fait entrer dans les dédales de l’ordinateur à LOKOS NICA chez VULE et DRAGILA.
C’est merveilleux comment tout cela nous fait voir que dans l’être de la Vierge Marie ait pu venir se ramasser et se blottir la personne même de DIEU : JESUS. Qu’est-ce que ça nous fait voir tout cela, que dans la personne même de ce fils de DIEU ait pu venir se rassembler et se loger toute notre Humanité… Nous voilà en profonde approche et proximité de la reconnaissance vitale des paroles de l’ange GABRIEL à la VIERGE MARIE : « Tu as trouvé grâce auprès de DIEU. Voici que tu concevras et enfanteras un Fils Jésus qui renversera les puissants de leur trône et élèvera les humbles de là où on les a fait tomber. » (Luc 1, 31-52)
En partant faire le tour du foirail comme VLADIMIR m’y invite, je continue de me rendre compte un peu plus de la détresse, de laquelle cependant voudrait sortir tous ces gens. Mais même les animaux sont tristes. Il y a 2 ânes qui sont à vendre à côté de quelques chevaux. Leur allure est celle d’animaux accablés. Eux aussi, les animaux, ils portent les épreuves de leurs maîtres. Ils semblent indifférents tellement ils sont accablés au fait d’être en vente et de ne pas trouver « preneurs ». Nous ne sommes pas loin du fatalisme et du déterminisme. « Il n’y aura donc pas moyen de s’en sortir ! » Oh ! Que je vomis l’installation et l’ancrage des réseaux profiteurs de ces situations ! Les vaches dans leur meuglement sont les seules à crier qu’elles ont faim. Elles disent : « Comment voulez-vous continuer à tirer du lait à nos mamelles si vous ne nous donnez pas davantage à manger ! »
Il n’y a sur ce foirail aucun banc pour s’asseoir. En restant debout les gens veulent peut-être dire que malgré tous les calculs des profiteurs, leur dignité ne sera pas à vendre.
Durant des mois, la pluie n’est pas tombée. J’entends dire en macédonien : « Kisa ne padati » Il vient de pleuvoir cette nuit et la nuit dernière. J’espère avec ces gens qu’ils vont pouvoir labourer leur terre. Je passe devant l’étal d’un forgeron qui rend des socs de charrue aux paysans qui lui avaient demandé de les « recharger » comme on disait quand j’étais gamin à Dampierre. Je suis renvoyé dans ma mémoire d’enfant à ces moments où notre papa m’envoyait avec mon petit vélo faire « recharger » les socs de notre charrue brabant parce qu’ils étaient usés, chez Pierre LIEVAUX à RANS, puis chez Michel RACINE et chez Clément et Bébert CHAUVIN à MONTEPLAIN. Même situation pour ces gens qu’il y a plus de 60 ans chez nous, particulièrement les 2 années de sécheresse de 1947-1949 : 2 années de bon vin, mais pas d’abondante luzerne ni d’esparcette (sainfoin). C’était, disait-on, des années « d’après-guerre ».Là, en Macédoine, comme dans d’autres régions des Balkans, nous sommes « en pleine guerre économique »
VLADIMIR revient de la foire comme beaucoup de petits paysans avec les cochons dans sa remorque. Il n’a pas pu les vendre. Ces gens sortent du foirail plus accablés que lorsqu’ils y sont entrés il y a 3 ou 4 heures ! Sur la remorque, VLADIMIR a sanglé les 2 bottes de luzerne pour Isidore. Il les dépose dans l’annexe de son garage où l’âne nous attend et se met à braire en nous voyant arriver avec la luzerne. Beaucoup de bestiaux de la région voudraient en manger « de la comme ça » !
(Photo de Kumanovo trouvée sur internet)

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En attendant que l’herbe repousse #1

23 Novembre 2012, 10:16am

Publié par luluencampvolant

Les 9 et 10 novembre 2012 à ETNO SELO

120911-2Au fur et à mesure que l’âne Isidore et moi nous nous approchions de la frontière serbo-macédonienne, nous nous trouvions devant un fait évident : les touffes d’herbe verte se faisaiten de plus en plus rares. Je l’avais déjà remarqué dans le sud de la Serbie. La terre qui devait être fertile en temps normal était devenue très sèche. Elle s’était craquelée, il n’y poussait plus rien. Encore quelques endroits où on apercevait un peu de luzerne pouvait permettre que l’âne se nourrisse comme il convenait à un marcheur tel que lui. Il y eut encore un beau champ de luzerne au monastère de Saint Prokor en Serbie. Je me disais naïvement : l’herbe verte va peut-être réapparaître une fois que nous aurons passé la frontière ! Mais il y eut le moment où, dans le premier village macédonien qui nous accueillait si fraternellement, un des hommes me dit : « je vais donner du foin à l’âne Isidore ». Lorsque je vis la teneur en qualité nutritive du foin que ces gens donnaient à leurs animaux, je compris à quoi, ils en étaient réduits. L’humiliation que subissaient ces petits éleveurs me blessait dans mon être de fils de petit paysan. Je me mis à craindre pour l’avenir de notre voyage.

Au fur et à mesure que nous avancions en direction de KUMANOVO, grande ville de MACEDOINE, je me mettais à l’évidence. L’herbe au contraire de ce que l’âne et moi nous espérions, se faisait très très rare. Quand mercredi 31 octobre, à la nuit tombante, j’avais été heureux de trouver l’abri, (maison non terminée d’être construite) que nous offrait VLADIMIR le garagiste dans une cour dépendante de son garage, et que je dus attacher l’âne à la corde coulissante et qu’il tirait dessus au risque de la casser car il n’y avait pas du tout d’herbe verte, et que l’herbe sèche ne devait pas avoir beaucoup de saveur et de valeur, je me dis : « il faut trouver une solution ! » Quand le lendemain, je tentai de chercher et de trouver un peu de foin à acheter, et que je saisis que les petits paysans à qui je m’adressais me faisaient comprendre (ce qu’il me fallait accueillir) : « on n’a pas le foin nécessaire pour nos animaux… on ne peut pas vous en vendre… il y a la sècheresse… le manque terrible de pluie pendant 4 mois… Vous voyez bien que nous ne pouvons même pas labourer nos champs, tellement la terre est sèche et dure… Fera-t-on nos semailles ? Nous sommes fin octobre… début novembre arrive… et les quelques gouttes de pluie qui sont tombées les nuits dernières ne vont pas faire repousser l’herbe de sitôt. Surtout qu’en plus, voilà que le vent du nord se met de la partie pour boire et pomper le peu d’eau qui vient  de tomber ces quelques nuits dernières. »

Le temps que je mettais pour que l’âne trouve le long des routes l’herbe nécessaire, la nuit tombant vite et tôt, le temps qu’il me fallait pour trouver quelqu’un qui nous 

 dans un coin où de toute façon, c’était sûr qu’il n’y avait ni herbe, ni foin non plus… tout cela assombrissait beaucoup, beaucoup nos horizons de camps-volants. A 2 ou 3 reprises, ces jours derniers, nous étant arrêtés l’âne et moi devant des maisons où il y avait quelques touffes de luzerne, quelqu’un était sorti de la maison et m’avait signifié de partir : « cette herbe que ton âne mange, j’en ai besoin pour mes animaux. » J’entendais comme si on me disait : « qu’est-ce que c’est que ces Français qui viennent manger le peu d’herbe qui a pu pousser devant notre porte… » Je tirais sur la cordelette du licol de l’âne. Lui tirait encore plus fort en sens inverse, et il me disait  : « Tu vois bien que je n’ai pas mangé à ma faim… » J’étais allé chez un marchand de graines, et j’avais rapporté de l’orge et du maïs concassé et moulu. Ça irait bien durant les quelques jours que nous allions pouvoir encore rester sous l’abri du garage de VLADIMIR. Mais ça ne pouvait pas durer. Et si, oiseaux migrateurs que nous étions, l’âne Isidore et moi, nous venions à quitter la branche sur laquelle, nous étions perchés (je veux parler de l’abri qu’était l’annexe du garage de VLADIMIR), il n’était pas sûr du tout que le prochain soir, nous pourrions retrouver une autre branche à laquelle nous raccrocher.

Par la médiation de ZORICA, professeur de français au collège Magdalena Antona, auprès de qui VLADIMIR m’avait conduit, nous pouvions expliquer par téléphone notre situation critique à

, professeur de français au collège à JAGODINA en Serbie. Depuis notre passage à JAGODINA, du 2 au 4 octobre, en raison de l’accueil qui nous avait été donné, du séjour qui avait été offert à l’âne, dans le zoo de la ville et du rêve qu’il y avait fait, cette ville était restée à nos yeux, comme une oasis.

MAJA comprit tout de suite l’impasse dans laquelle nous ne voulions pas courir le risque de nous enfoncer davantage. Oh ! Que les paroles que prononça MAJA, mettaient du baume sur nos blessures de marcheurs. Je lui confiais que je me rappelai qu’elle m’avait dit que viendraient des jours difficiles au fur et à mesure de notre avancée dans le sud. Je lui dis que justement arrivait le moment que j’envisageais, non pas d’arrêter notre voyage, mais de faire étape et d’attendre que l’herbe repousse.

Très vite, MAJA me proposait d’essayer de mettre l’âne au zoo de JAGODINA, de revenir à l’oasis en quelque sorte. Mais que de transports aller et retour, ça allait nous demander et combien de frais et de risques de ne pas pouvoir repasser la frontière serbo-macédonienne, quand il faudrait renouveler l’opération en sens inverse au printemps, lorsqu’on repartirait depuis KUMANOVO, en direction d’ATHENES. Et si on essayait de se faire accueillir au zoo de SKOPJE (capitale de Macédoine). Là aussi, MAJA et ZORICA furent de merveilleuses coordinatrices. Elles durent en donner des coups de téléphone pour faire leur travail d’interprètes.

Christophe GIRARDIER qui, grâce à la médiation de MAJA  et de ZORICA me dit : « ce n’est pas un arrêt de ton voyage, n’est-ce pas ! mais une pause ! Car à l’impossible nous nous tenons ! » Tout cela me réconforte beaucoup. Mais voilà qu’au zoo de SKOPJE, il nous était répondu : « Ce n’est pas possible dans notre zoo ! Seulement, il y a un village à 14 kms de KUMANOVO, un endroit qui s’appelle ETNO SELO, où il y a quelques animaux, tenus par des gens qui accueillent la visite des enfants des écoles… Allez donc voir, si de ce côté, il y a possibilité qu’ils accueillent votre âne avec leurs chevaux et leur âne… » Voilà qui faisait resurgir l’espérance. Et je dis à MAJA : « Et si mon âne peut ainsi rester bien soigné en Macédoine, je redescendrai chez vous, MAJA et GALE, à JAGODINA et à KOVILJ chez NICOLE et BRACHA. »

Suite >>>>

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Nous élever en Humanité #2

20 Novembre 2012, 10:49am

Publié par luluencampvolant

Le 11 septembre 2012 en quittant KOVILJ
 
 « Eh bien, moi je vous dis : quiconque regarde une femme pour la désirer » (Mt 5, 28)

 
 
 
120911-4Lulu : Alors tu vois Baptiste, très tôt dans le début de mon voyage pour BETHLÉEM j’ai ressenti des appels de même teneur que ce que tu me partages. Je vais t’en confier un qui me tient profondément à cœur. Je suis heureux que l’on tente d’en parler. C’est quelque chose que nous avons grandes difficultés d’aborder entre hommes : notre regard sur les femmes que nous rencontrons. Dans ce domaine, pour avancer en Humanité je sens bien que pour regarder une femme de manière élevante, j’ai à enlever de mes yeux la tendance accaparante, prenante, envahissante qui tout de suite est là dans l’immédiat de la rencontre. Il y a là un réel combat que j’essaye de mener, aidé fondamentalement par celui qui me dit : « ma grâce te suffit. » (2, Cor 12, 9), mais à qui je dis dans ma prière éprouvée : « Ami Jésus aide-moi voir par la grâce que tu as déposée chez telle femme, telle autre… » Je lui dis aussi à notre ami Jésus : « Fais-moi rencontrer aussi tel homme, ou tel autre qui mène le même combat, à qui je puisse me confier… » Et voilà que tu es là Baptiste ! Ça me fait déjà du bien d’oser te dire tout cela moi vieil homme de 75 ans, prêtre, qui me sens bien pauvre dans la manière dont j’essaye de vivre le célibat selon l’évangile, et tellement heureux en même temps de pressentir que nous pouvons nous rencontrer hommes et femmes « avec des yeux qui nous espèrent ».  
 
Baptiste : Oui, tu reprends la parole de Paul Baudiquey commentant le retour de l’enfant prodigue de REMBRANDT : « Les vrais regards d’amour sont ceux qui nous espèrent. » Tout cela nous ouvre de sacrés horizons… Eh bien tu vois le jeune homme que je suis, marié, père d’une petite fille et bientôt d’un deuxième enfant, l’homme que je suis est touché lui aussi de pouvoir parler avec toi d’un domaine de l’existence humaine où nous avons tant de mal d’avancer en nous élevant, mais où on sent que tous nous voudrions pouvoir en parler… entre hommes certes… mais aussi bien sûr avec les femmes… entre hommes et femmes…
 
Lulu : C’est beau comment par la médiation de Jésus Dieu espère en l’Humanité. Dans le Sermon sur la Montagne Jésus s’exprime ainsi : « Vous avez appris qu’il a été dit : “Tu ne commettras pas l’adultère.” Eh bien moi je vous dis : quiconque regarde une femme pour la désirer, a déjà commis dans son cœur l’adultère avec elle. » (Mt 5, 27-28). Tout d’abord Jésus s’adresse non pas à un groupe restreint de personnes qui seraient des privilégiés de l’appel, des disciples. A travers les disciples qui ont reçu cet appel de confiance, c’est à tous les humains que nous sommes que cet appel est transmis. Et c’est pour continuer ce qui a été commencé. Jésus nous fait comprendre : « Je ne vais pas vous laisser où vous en êtes. Il vous a été dit… eh bien moi je vous dis : n’en restez pas à ce qu’on vous a dit… Vous êtes appelés à un regard de vous-mêmes sur les autres qui va beaucoup plus loin que le désir… » Avec la venue de Jésus nous sortons d’une attitude fatalisante de l’Histoire. Notre regard est appelé à ne pas être fixiste. Job l’avait déjà exprimé. Le souffle de son sauveur l’habitait déjà lorsqu’il disait à propos de sa relation avec les femmes : « J’avais fait un pacte avec mes yeux au point de ne fixer aucune vierge ». Job 31, 1.
 
Baptiste : Voilà deux paroles, celle de Job et celle de Jésus, qui sont de même veine. Déjà Job pressentait le chemin de libération, la route relationnelle dans laquelle Jésus engage toute notre Humanité. Si Jésus a pu dire ce qu’il dit c’est parce qu’il le vivait de ses yeux, dans sa chair : les femmes qu’il rencontrait étaient des personnes envisagées et non dévisagées…
 
Lulu : Sa relation avec Marie-Madeleine est le chemin d’Humanité : un homme et une femme se sont aimés d’amitié. Cela a existé et dure toujours. Cela est la manière selon laquelle nous sommes appelés à nous regarder les uns les autres, femmes et hommes que nous sommes.  Oh comme je voudrais envisager toute femme que je rencontre avec la lumière dans laquelle baignait le regard de Jésus vis-à-vis de Marie-Madeleine. Je pense que Jésus fils de Dieu devenant homme ainsi que Marie-Madeleine devenant femme, ont été l’un par rapport à l’autre habités et travaillés par le désir. Nous reconnaissons dans l’évangile que Jésus et Marie-Madeleine et les autres femmes qu’il a rencontrées, sont passés par là : ils ne sont pas passés à côté de l’épreuve. Ils sont passés dedans, à travers. La merveille c’est qu’ils ne sont pas restés fixés dans le désir. Ils ont ouvert ce que j’aime appeler le chemin d’Humanité.
 
Baptiste : Ils nous élèvent en Humanité.
 
Lulu : Exactement.
 
Baptiste : Quels horizons s’ouvrent à nous ! Le ciel s’entrouvre. Traverser nos désirs, ne pas en rester à ce stade dans nos relations hommes et femmes, c’est probablement cela que voulait exprimer Jean le Baptiste quand il disait : « Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse. » (Jean 3, 30). « Il faut que je fasse un pacte avec mes yeux, que je décroisse, que je n’en reste pas où le désir voudrait me clouer sur place et me fixer, pour que je laisse grandir en moi la façon dont Jésus envisage les femmes qu’il rencontre, que je fasse de la place, que nous fassions de la place dans nos relations à la GRÂCE qui déjà nous habite… »
 
Lulu : Tu vois très juste Baptiste comment hommes et femmes nous sommes constitués. Comment notre chair est toute pétrie de grâce. CHAIR et GRÂCE !
 
Baptiste : L’avancée, l’élévation de notre Humanité se réalise par nos rencontres. La traversée de nos désirs ne se fait pas en nous évitant les uns les autres mais en nous invitant les uns les autres. Que serions-nous les uns sans les autres hommes et femmes que nous sommes ?!
 
Lulu : Le fils du Très haut a été mis bas sur la terre par une femme. Certes il s’est laissé inviter à nos festins, mais il est venu traîner aussi dans nos impasses, s’engouffrer en nos enfermements où nous avons tant de difficultés depuis des siècles à nous regarder hommes et femmes avec respect de ce à quoi nous sommes appelés, en envisageant notre avenir. A cet impossible nous sommes tenus. Dans l’élan vital de la Résurrection de nos êtres, ne stagnons pas, ne nous arrêtons pas en chemin. Ne nous retenons pas en nous fixant là où nous venons de nous trouver.
 
Baptiste : De l’éblouissement les uns en face des autres passons à l’émerveillement, à la reconnaissance de ce à quoi nous sommes appelés : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous aime. » (Jean 13, 34). « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » (Jean 14, 6). « Eh bien moi je vous dis : n’en restez pas au stade du désir dans nos relations hommes et femmes. Envisagez-vous les uns les autres dans votre avenir, dans ce qui va venir et que déjà vous avez commencé. Ne vous arrêtez pas en chemin… Avancez au large… »
 
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