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Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
« S’étant comporté comme un homme » Ph 2,7
Kovilj entre 25 Décembre 2012 et 7 Janvier 2013
Heureux sommes-nous de ne pas nous laisser impressionner par l’aspect extérieur des gens que nous rencontrons. Heureux aussi nous sommes lorsque nous ne cherchons pas à impressionner les gens que nous rencontrons par notre aspect extérieur, conscients que « l’essentiel est invisible pour les yeux, que l’on ne voit bien qu’avec le cœur. » Paroles exprimées par le renard causant avec le Petit Prince, souvent reprises dans l’école Jean Bosco à DOLE par l’équipe éducative autour de Sœur Madeleine, lorsque dans les années 1970-80, Jean-Luc BEY, Eric DUVIVIER et combien d’autres apprenaient à écrire et lire à 2 pas de la maison où est né le grand savant : Louis PASTEUR, dans la rue qui porte son nom. Même atelier, même décor lorsque quelques années plus tard, de jeunes hommes et femmes travailleurs en C.A.T., manifestent avec ardeur leurs désirs et volonté d’arriver à lire et à écrire. Nous avons alors la joie d’apprendre qu’à Poligny, une équipe de femmes et d’hommes : Claude et Henryelle, Bernard et Renée, Honoré et Monique, Anne-Marie et d’autres autour de Gilberte sont travaillés par un DECLIC, et lancent un « atelier-école MONTESSORI » rue des Rondins. Nous sommes au tout début du 3ème millénaire.
Un jour que je vais chercher Bruno GUIPPONI aux portes de son atelier de CAT à Arbois pour qu’il m’emmène en voiture jusque chez Gilberte à Poligny, Régina JULIEN, nous voyant partir me dira : « Tu donneras bien le bonjour à Madame MONTESSORI » C’est à Gilberte bien sûr que Régina demandait d’adresser cette salutation. C’est dans ces temps-là que gravissant un jour les monts de Buvilly, Bruno, se mettant dans la peau du Petit Prince, m’appellera « Monsieur Renard » et son institutrice Gilberte « Madame des Poules ». C’est que vient de lui être offert pour son anniversaire le 8 novembre par Dominique et Denise, le livre et disque du Petit Prince de Antoine de St-Exupéry. Et lorsqu’à Pontarlier, le 17 septembre de l’année 2005, Jean-Luc et Béatrice nous invitent en très grand nombre à fêter leur mariage, dans l’église où ils scellent leur union, c’est sous la banderole représentant la rencontre du Petit Prince et du Renard, dans la musique des paroles de l’Evangile de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous aime » qu’ils nous rassemblent et nous réunissent.
Bruno avait dit un jour que nous allions de l’école MONTESORRI à cette autre école passionnante : la rencontre des amis de SILOE, il s’était demandé : « C’est quoi apprivoiser ? » Et à sa question, qui est aussi la nôtre, il avait répondu : « Moi dis : créer des liens les uns les autres. »
Je pense que ce jour-là, il avait été donnée à Bruno et à moi une joie créatrice par je ne sais quel doigté de couturière : peut-être celui-là de sa maman. Bruno venait de coudre ensemble pour n’en faire qu’un les deux livres les plus connus sur la TERRE DES HOMMES que sont le PETIT PRINCE et L’EVANGILE. C’est la première fois de ma vie que j’étais témoin d’un tel ouvrage. J’avais toujours dit que je ne le garderais pas pour moi. Souvent par la médiation de quelques-uns que je viens de nommer j’ai partagé cet événement. Aujourd’hui, depuis le village de Serbie : KOVILJ où je fais étape durant mon voyage en direction de BETHLEEM, je fais et partage avec vous tous, amis. Et c’est depuis KOVILJ que je réalise ce partage. C’est depuis ce village de Serbie, où il y a 3 mois, j’ai fait le rêve en union avec beaucoup d’hommes et femmes de bonne volonté qu’un jour le mur qui a été échafaudé entre ISRAEL et PALESTINE sera défait. Les enfants Palestiniens et Israéliens à qui l’âne Isidore aura été offert, disposeront de chaque côté de son bât, sur son dos, et avec beaucoup d’autres moyens non-violents, ils emporteront les morceaux de ce mur, afin de réaliser un pont entre les peuples.
C’est en raison et foi de tout cela que depuis quelques semaines, j’essaye d’entrer davantage dans la mentalité du peuple serbe qui m’accueille. J’essaye d’apprendre et de mémoriser quelques balbutiements de sa langue. Et afin d’y arriver je vais me servir de quels livres ? Et bien vous l’avez deviné ! Des deux livres : le PETIT PRINCE et L’EVANGILE, que Bruno a réunis en un seul. Chaque jour, je lis et j’écris sur un cahier que je confectionne : d’un côté le texte du PETIT PRINCE en français et de l’autre le texte en serbe. Je souligne ce qui a trait à l’apparence, au visible, au superficiel, afin, à partir de là, de tendre vers l’essentiel, à ce que l’on a du mal de voir et qui se loge dans le cœur.
Et afin de continuer à m’entraîner à garder goût à la marche, je cherche dans l’Evangile de Marc, comment Jésus est quelqu’un qui est « marcheur » Jésus ne fait pas semblant. C’est un homme qui marche. Tout d’abord, il est descendu du ciel qu’il vient de déchirer. Et ensuite, il n’arrête pas de se déplacer pour aller d’un endroit de la terre à un autre : d’un groupe de gens il se rend vers un autre groupe, et puis de chez une personne il n’oubliera pas de partir en visiter une autre. Sur les pages de mon cahier, toujours pour me laisser habiter par ces trésors cachés dans le cœur du peuple dont je traverse le pays, d’un côté je repère les mots en français de l’Evangile qui traduisent cette visitation de Jésus à notre Humanité et comment il nous entraine à faire une démarche semblable vers son Père et les uns vers les autres. C’est passionnant. Et côte à côte, j’y adjoins les mots de l’Evangile en langue serbe, sur l’autre page de mon cahier. C’est Robert, le prêtre, curé de la paroisse catholique de BOUDISZAVA qui m’a offert l’Evangile en langue serbe. Ce dimanche 23 décembre, jour où se fera la commémoration de la mort de Gaby à Champagnole, je célébrerai à BOUDISZAVA la messe en union avec vous. Et de même dans la nuit de Noël. Afin que nous ne fassions pas semblant de faire la paix, mais qu’à la manière de Jésus « nous nous comportions comme un homme » (Ph 2, 7)
Tout cela m’aide beaucoup dans la préparation de ce qui devient la 2ème grande étape de mon voyage en direction de BETHLEEM, afin d’y parvenir en marchant, en me sortant d’où j’ai tendance à m’installer. C’est que je tiens à vivre ma vie de camp volant en remerciant les amis qui m’accueillent le temps de refaire mes forces, en espérant que bien vite l’herbe aura repoussé pour nourrir l’âne Isidore et les autres animaux de ces gens accablés par la sécheresse.
Et j’aurai aussi la joie de fêter Noël avec les membres de la communauté orthodoxe de KOVILJ, le 7 janvier 2013. Je vous dis à tous, mes souhaits de bonne fête de Noël et bonne année 2013, et toute mon amitié reconnaissante et fraternelle. Car c’est grâce à vous tous que j’en suis là de mon voyage vers BETHLEEM.
Photo : Jeannot et Béa présentant la banderole
de leur mariage lors du départ de Lulu le 25 mars
Oraison d'Isidore
Quelles images mettre sur cette chanson ? J'ai eu idée de reprendre les photos qui relatent tout le parcours de Lulu et Isidore de Salins-le Bains à Kumanovo en Macédoine.
Vous entendrez donc 2 fois cette chanson !
Merci Animary et Arno !
Edit du 13 mars : paroles de la chanson à apprendre pour marcher le 23 mars :
L'oraison d'isidore
Isidore à raison
mais quelle drôle d'oraison !
C'est un âne qui nous dit : "Tiens" )
"Qu'est-ce qu'on est mieux quand on a moins " ) Bis
1) Isidore et Lulu
A pied sans superflu
Sont partis camps volants
Pour la paix simplement
Vers la terre promise
C'est sur l'homme qu'il mise
Pour renaître un matin
Désarmer ses frangins.
2) Nos machines de guerre
Bombes thermonucléaires
On n'peut plus rigoler
Va falloir d'en passer.
Ces joujoux dispendieux,
Funestes et fallacieux,
Faut les mettre au rancart
Avant qu'il soit trop tard.
3) L'honneur de notre France
C'est les droits de l'enfance,
De l'Homme et du citoyen
Pas ces mortels engins !
Au-delà des dangers
Lulu sait nous booster
Pour dénoncer sans cesse
Cette épée d'Damoclès.
Aux "amis de Gaby Maire"


Joyeux Noël à tous !
C'était il y a 75 ans ! Lulu est entouré de ses parents pour Noël ! Il a 9 mois.
A Lulu et à tous, "Joyeux Noël" dans la paix et la joie !
La crèche à Thésy
Le 17 mars, quand les enfants ont dit au-revoir à Lulu, un agriculteur de Thésy a raconté comment il avait accepté d'accueillir les enfants et leurs familles pour une catéchèse vivante dans son écurie... Voici ce qu'il disait et quelques photos de la célébration de Noël de 2011 :
"Cher Lulu,
Je devrais dire : Ami Lulu…
Quelle ne fut pas notre surprise et nos interrogations, lorsqu’il y a quelques années, Véronique, avec ta complicité Lulu, nous a proposé d’accueillir les enfants du caté pour réaliser la crèche de Noël dans notre étable !....
Beaucoup de questions se posèrent alors…
Comment cela va-t-il se passer ? Combien serez-vous ? De quelle façon les animaux réagiront-ils ? Que faudra-t-il préparer ?
Mais nous savions bien que l’on ne pouvait rien refuser à Lulu, et à Véronique, et qu’il était sûrement bien d’essayer…
Finalement tout s’est très bien passé. Les enfants furent formidables (les parents aussi d’ailleurs !) les animaux dociles, mêmes les ânes se sentaient chez eux….
Quant à toi, Lulu, tu n’avais pas ton pareil pour nous aider à prier et à nous ressourcer avec l’aide des catéchistes, nous invitant à délier nos nœuds intérieurs.
Au fil des années, le rendez-vous était devenu habituel, nous le vivions comme un temps fort, avec toujours plus de monde.
Tu savais Lulu être à l’écoute des enfants, ton visage s’illuminait à chacune des leurs réponses, et en croisant ton regard, on pouvait y lire le message d’Amour du Christ.
Lors de notre dernière crèche vivante, à ta demande, nous avons recherché des mots pour définir Noël : la Paix, le Partage, la Joie, l’Accueil, le Pardon, l’Amitié, la Lumière, la Solidarité…
Comme c’est curieux… Tous ces mots correspondent si bien à ton personnage Lulu… ?
Et nous croyons encore t’entendre nous dire : « Ah mes amis, c’est merveilleux de nous retrouver ensemble pour célébrer la naissance de Jésus ! Et comme elle est belle notre foi … ! »
Merci du fond du cœur Lulu, pour nous avoir si bien accompagnés sur nos chemins parsemés de nos joies, de nos peines, de nos espoirs, de nos doutes, de nos différences…
Avec le Christ, tu as tout porté … !
Merci aussi à la Providence qui nous a fait la grâce de bien vouloir te placer sur notre route…Tu étais notre Etoile… Tu le demeures bien sûr ! Tu scintilleras toujours dans notre cœur…
Tous tes amis, chemineront avec toi en communion de pensée sur ta route de pèlerinage que tu vas effectuer au pas d’Isidore, en espérant très fort que l’Etoile de Bethléem saura à la fois te guider et te protéger dans les contrées que tu vas traverser, et te rappeler que nous attendons ton retour.
Ce jour-là, nous savons qu’il n’y aura pas non plus d’exclus pour la fête… !
Puisque tu ne nous laisses pas le choix, nous te disons « au-revoir » Lulu. Tous nos vœux pour la réalisation de ton beau rêve tant désiré.
Que la paix qui s’échappe de ton cœur comme le parfum de l’encens l’élève vers ciel, soit chaque jour avec Toi !...
Laurent, Christiane, Olivier
Témoignage de Cécile :
Mercredi 14 décembre 2011: séance crèche vivante du caté !
Départ devant chez Véronique avec le Père Lulu, ses amis africains, les enfants, les mamans, les ânes et la charrette.
Direction Thésy, l'étable de Christiane, Laurent et Olivier Faton.
En chemin, la petite troupe s'agrandit, des amis, petits et grands, nous attendent devant leur porte, et nous rejoignent.
Arrivée à destination : tout le monde est accueilli, au milieu des vaches !
Nous prenons place sur de petites bottes de pailles, disposées autour d'une auge en bois. L'âne trouve sa place devant un râtelier. Il fait bon ! Personne n'est laissé dehors !
Quelques enfants se couchent dans le berceau de bois, garni de paille ! Quel bel endroit pour évoquer la naissance de Jésus !
Le petit groupe va alors chanter « le divin enfant »
Un moment véritablement inoubliable !
Est-ce que nous aurons besoin de nos parapluies ? #2

Est-ce que nous aurons besoin de nos parapluies ? #1
Samedi 1er décembre 2012 - Jagodina... Kovilj.
Tous les jours, où j'ai vécu à Jagodina du 13 au 30 Novembre, « en attendant que l'herbe repousse » j'ai entendu Boba dire (Slobodanka) chez qui je logeais me dire : « KISA PADA SUTRA » = « IL VA PLEUVOIR DEMAIN » . Et comme la pluie ne venait pas, Boba ajoutait : « Mozda! » = « Peut-être » durant ces 3 semaines, aucune apparition de la pluie ne s'est manifestée, mais voilà que ce matin aux informations, j'apprends : « Il pleut à Belgrade ! »
La speakerine qui nous offre cette information, s’est abritée en tenant son micro sous un parapluie.
Je regarde ce qui se passe sur les toits de la rue Igmanska à Jagodina. Une toute petite brume très fine arrive péniblement à humidifier les trottoirs. Nous faudra-t-il réellement un parapluie quand nous arriverons en milieu de journée par le car à Belgrade puis au nord-ouest de la capitale a Novi-Sad ?
Nicole et Bracha lorsqu’' ils viendront me chercher à la gare des cars de Novi-Sad, cacheront-ils leurs silhouettes fraternelles sous un parapluie ?
Autant je suis sûr qu’ils seront là pour m’accueillir et m’emmener chez eux à Kovilj, autant je crains qu’ils n’aient pas besoin de parapluies. Comme je voudrais me tromper ! Oh, comme je serais heureux qu’il nous tombe dessus des sacs d’eau !
Mais je n’ai pas l'impression que ça soit en train de devenir.
Les « au revoir se font avec un certain déchirement. Je salue Boba qui m’a hébergé pendant presque 3 semaines, comme sait le faire une soeur à l'égard de son frère. Je salue aussi Maya et son fils Yovan, ainsi que Sandra et ses enfants Yovana et Luka.
Ces amies ont deviné les sentiers qu'elles devaient me faire prendre pour que j'essaye de ne pas passer à côté de cet « essentiel, souvent dissimulé et caché à nos yeux, celui-là que l'on peut voir qu'avec le cœur » . Je me suis laisse toucher et marquer par ce fait, que si j’avais entendu parler de cet « essentiel » dans le livre du Petit Prince au chapitre XXl, et dans le livre de la Bible au premier livre de Samuel (16, 7), c'était pour voir comment ça transpirait et se manifestait dans la vie des gens d'ici. C'était devenu passionnant pour moi d'apprendre ces mots en Serbe : « On ne voit bien qu’avec le cœur : Covjek samo srcem dobro vidi, Bitno ocima nevidljivo », à condition toutefois de déceler dans quel tissu « existentiel » se faufilait ce fil conducteur « essentiel » à la réalisation de notre libération.
Tous ces adieux se pétrissaient d'émotion profonde. Je comprenais que mes amis me disent : “Pourquoi pars-tu si vite et si tôt après tout ce que nous avons vécu et réalisé ensemble ?! « Tu as entendu et vu, tu as été témoin de cet étonnant questionnement que tu as suscité dans ce groupe de jeunes lorsque Miljana (12ans) t'a demandé hier soir : « Est-ce que ça vous arrive de regretter votre choix d'être prêtre au lieu d'être père de famille...? » Tu as essayé de lui faire comprendre et accueillir que ton engagement dans le sillage de Jésus, jusqu’à vouloir arrêter l’armement nucléaire et la désamorcer, c’était pour élever tous les enfants de notre humanité, et pour que plus aucun ne meurent de « faim et de savoir » ici a Jagodina et aussi partout à travers le monde. C'est peut-être ça pour un prêtre être père ?!
Bien sûr que tout ce que nous venions de commencer et d'initier était appelé à se continuer. Mais il nous revenait d'entendre le mot qui était né dans l'esprit d'Anita à Apostag en Hongrie et qu'elle nous avait dit et donné : « MISSION ». « Ce que je viens de vivre grâce à vous comme témoin et artisan de notre élévation en humanité m’appelle à réendosser « mon manteau de camp volant » et à quitter ce lieu de sédentarisation. »
Vous m’avez fait commencer à connaitre quelques ruelles et dédalles par lesquels je dois passer pour me rendre dans les lieux et les mécanismes de la paupérisation des personnes éprouvées de votre cité.
Grâce aux contacts établis par et avec des membres d’A.T.D. quart-monde en France, les bases d’un début d’organisation de résistance ont été établies, afin d'empêcher ce qui n'est pas juste et pour arrêter l'humiliation.
Il me faut continuer à faire confiance aux personnes que vous êtes, à vos capacités de lutte et en ce qui me concerne, partir ailleurs.
Ami Jésus nous lisons dans l'évangile de Marc que tu ne cesses pas, d'aller et venir, de t'arrêter quelques instants et repartir. Tu veux que du ciel, que tu as déchiré lors de ta naissance et que l'on a découvert à ton baptême, (Marc : tout le chapitre 1 et particulièrement 1.10), nous entendions et comprenions que « Toi le VERBE tu t’es fait chair pour détruire notre mort et vivifier notre humanité.“(Saint Irénée), « toi le fils de Dieu tu t'es fait homme pour que tous les humains sans exception nous nous mettrions à vivre en fils et fille de Dieu ». (Saint Athanase)
Paul, Timothée, Irénée, Athanase, colonnes et pères de l'église vous avez marché sur ces sentiers de Macédoine, de Grèce, d 'Asie... où je me prépare à continuer l'aventure dans laquelle je me suis embarqué au pas de l'âne Isidore. Durant cet hiver nous refaisons nos forces grâces aussi à vous amis qui nous mettez en lien avec encore d’autres amis. J'éprouve un grand plaisir en calligraphiant vos merveilleux prénoms et vos “ paroles fortes“ dans mon cahier, à vous loger dans mon cœur. Ainsi me disiez-vous Sandra : « quand vous allez arriver à Bethleem avec votre âne, Nous arriverons nous aussi, avec vous dans l’étable où est né Jésus ». Oui, car, comme le dit Saint Paul dans sa lettre aux Phillipiens 1, 7 « Je vous emporte dans mon cœur ». Paul peut dire cela à des Macédoniens et qu’il en rencontre les habitants et partage avec eux leurs luttes et leurs espérances.
Suite demain
Les paupières de notre Père
ETNO SELO le 09 novembre 2012
" Qu'est-ce qu'il peut bien se cacher sous les paupières de notre Père ?" (Ps 10,6)
Voici plusieurs matins où il m’est offert « de devancer l’aurore, comme si je l’éveillais et prenais ses ailes et qu’ainsi je puisse très tôt espérer en ta parole », Ami Jésus (Ps 118,147; Ps 107,2; Ps 138,9).
Durant les jours d’été à DAMPIERRE, nos parents, petits paysans comme beaucoup d’autres, se levaient tôt dans la petite ferme familiale, à la fine pointe de l’aurore. Ils disaient qu’ils voyaient des choses que beaucoup de gens hélas ne connaissaient pas : le spectacle chaque matin différent du soleil sortant du ventre de la terre, les traces des animaux domestiques et sauvages, dans les perles de rosée qui s’étaient décrochées sous leurs pas de la fine pointe de l’herbe dans les prés, la poussée des champignons, rosés d’automne et bouchons de champagne au printemps, le hululement de la chouette rentrant au clocher du village après sa chasse nocturne, la fuite furtive de la renarde venue rôder autour des poulaillers du village et rentrant dans son terrier nourrir ses petits, le bonjour et la vigilance de la garde-barrières au passage-à-niveau des trains, assurant quand était le bon moment de la traversée du troupeau de vaches pour la traite du lait, les salutations nombreuses et fraternelles aux ouvriers de FRAISANS et CHATEAUNEUF allant prendre le train, justement appelé « le train des ouvriers » à la gare de RANCHOT… et l’Angélus qui sonnait au travers de tout ça pour nous signifier que Jésus, Fils du Très Haut avait été mis bas par la Vierge Marie, afin de connaitre ce qu’était notre humble vie, en empruntant nos chemins qui nous emmenaient à la rencontre les uns les autres, pour nous élever grâce à lui en Humanité : « avec lui, par lui et en lui ».
Après la traite des vaches accomplie par nos parents (ils disaient que c’était un beau moment où ils pouvaient causer ensemble tous les deux), pendant que notre papa finissait de soigner les animaux : veaux, vaches, chevaux et poulains… notre maman était venue nous appeler à nous lever puis elle faisait cuire le lait, préparait les tartines pour les plus petits, tout en nous apprenant à le faire nous aussi pour eux, elle prenait le temps de nous faire réciter la fable de La Fontaine ou la poésie de Théophile GAUTHIER que le maître et la maîtresse, monsieur et madame THEVENIN nous demanderaient tout à l’heure dans les bancs de l’école. Au fur et à mesure que nous grandissions nous prenions certains relais de nos parents à l’égard des plus petits. Un peu avant 8h : vérification des devoirs et des cartables et c’était le départ pour retrouver les camarades d’école. Nous avions conscience que pendant ce temps-là, nos parents travaillaient dur et que là encore ils voyaient des choses que beaucoup de gens ne connaissaient pas. Au retour de l’école à midi, quel ressourcement et structuration de notre vie d’enfants que de nous savoir attendus autour de la table familiale, finissant avec notre maman de préparer le fricot qui avait une odeur et une saveur qu’une fois devenus adultes nous ne retrouverions jamais. Mais cela nous ne le savions pas, que le lapin cuisiné à la manière dont notre maman avait eu elle la recette non écrite, nous ne pourrions jamais le réaliser exactement comme elle avait l’art de le faire. De même pour les haricots verts qu’elle faisait cuire à l’étouffé avec quelques ails et oignons, ainsi que le poulet qui rôtissait le dimanche matin dans la cocotte sur le fourneau. Et comment sur ce poulet elle savait de temps en temps verser un peu d’eau chaude pou faire un jus savoureux et abondant qui empêcherait que la viande ne sèche, ce qui permettrait à notre papa de venir y tremper quelques lèches de pain et s’en régaler sous nos yeux d’enfants qui rigolaient d’un tel spectacle. Je me dois de faire un petit rectificatif à une des affirmations que je viens d’écrire, que nous ne retrouverions jamais l’art et les recettes, le goût et la saveur des plats cuisinés par notre maman. Et bien il y a trois personnes qui s’en approchent merveilleusement c’est vous nos sœurs Edwige, Elisabeth et Bernadette. Je vous dis pour cela et pour combien d’autres choses ma fraternelle reconnaissance.
Quand nous étions enfants nous pensions que c’étaient nos parents qui, au monde, réalisaient le mieux leurs tâches et leurs métiers. Je me souviens que je pensais que celle qui faisait la meilleure cuisine c’était notre maman, et celle qui savait le mieux coudre à la machine nos habits c’était encore elle… Celui qui savait le mieux apprivoiser et dresser les chevaux c’était notre papa. Et quand j’allais apprendre avec lui à labourer avec les chevaux les champs du Creux MAGNIN ; celui qui savait le mieux labourer au monde c’était lui ; celui qui savait le mieux planter et greffer dans le verger, c’était encore lui. C’est probablement pour cela que, se levant tôt, voyant des choses que beaucoup de gens ne savaient pas voir et ne pouvaient pas voir, nous posions beaucoup de questions à nos parents qui prenaient le temps de nous répondre, et de nous raconter ce qu’ils avaient vu. Mais je pense que, garçon, je voulais encore aller plus loin et « voir comme il disait qu’il avait vu ». C’est pour ça, je m’en souviens très bien, que quand il était très fatigué et qu’il allait après le repas de midi se reposer sur le tas de foin, s’y étendre et s’endormir, je venais me blottir près de lui. C’était un beau moment de connivence. Je soulevais ses paupières l’une après l’autre. Tellement il était fatigué, mes gestes d’enfant ne le réveillaient pas. C’est alors qu’en soulevant ses paupières je puisais à sa manière de voir. J’avais l’impression qu’il me disait : puise, prends, bois… « tout ce qui est à moi est à toi. », comme je le découvrirais un jour dans le livre des Ecritures, chez Jean et Luc. Oh que ses yeux étaient beaux ! J’y buvais comme dans une source… j’y prenais sa manière d’envisager et de voir « les choses cachées depuis le commencement du monde. » (Ps 77, 2 et René GIRARD)
Je descendais jusque dans le fond de son être et en remontais une eau limpide, claire et pure, celle-là qui allait alimenter ma soif de voir et de savoir. Et voilà qu’il n’y a pas très longtemps, au cours de ce voyage initiatique en direction de BETHLEEM, je découvris un jour que le Psalmiste avait fait la même chose avec Dieu Notre Père que ce que j’avais fait moi enfant lorsque je venais me blottir auprès de mon papa endormi : l’un et l’autre, le Psalmiste et moi, nous avions soulevé les paupières de nos Pères, afin de voir ce qu’ils voyaient et de découvrir ce qui les brûlait de nous communiquer.
Nous savons que le Psalmiste par excellence c’est Jésus. Dans l’évangile de Jean au chapitre 17, lorsque Jésus va nous donner son testament, il est écrit justement qu’ « il lève les yeux au ciel », « il soulève les paupières de Dieu son Père ». Il faut qu’il prenne cette attitude et qu’il accomplisse ces gestes pour pouvoir nous communiquer l’indicible, l’impensable, l’impossible : « Père, avant de quitter mes disciples, de dire au revoir à la Terre des Hommes où je t’ai glorifié et je voudrais une fois encore voir ce qui est sous tes paupières. Laisse-moi lever les yeux au ciel, contempler la gloire que tu m’as donnée, parce que je veux la leur donner, en étant glorifié en eux. Je veux leur donner ma parole, celle-là que tu m’as donnée en me disant que tu m’aimes… Tout ce qui est à moi est à toi et ce qui est à toi est à moi. Et en les envoyant dans le monde comme tu m’y as envoyé, consacre-les dans la vérité… Fais leur chercher et trouver une attitude juste à hauteur des petits d’hommes et de femmes… dans l’humilité et non pas l’humiliation… et quand ils buteront contre l’impossible, fais que ‘’Tous soient un comme toi Père tu es en moi et moi en toi’’, afin de nous maintenir à cet impossible. »
Et je sentais que ça vibrait dans ma conscience d’homme. Je faisais un lien avec ce que j’avais vu dans les yeux de mon Père, lorsque je soulevais ses paupières, et que je voyais ce que j’avais à faire dans ma vie d’enfant, je sentais que ça se reliait fortement avec ce que Jésus avait fait à notre égard à la veille de sa mort, après avoir levé les yeux au ciel et revu une fois encore ce qui était caché sous les paupières de Dieu son Père. Et je frémissais de joie parce que ça coulait de source que c’était ça qui s’était réalisé et vécu intensément le 24 et 25 octobre en Serbie « dans le jardin d’enfants de RISTOVAC » accueilli par BOYAN, MILICA et BOYANA et leurs copains ; et il y a quelques jours, la veille de la TOUSSAINT, lorsque nous étions « tous dans l’unique pièce qu’est la maison de DINKO et ANITA, avec leurs enfants MARIO et MARTINA, et les membres de leur grande famille SLAGANA et STOSCA, JELENA et EMMANUELA, NENAD et SANJA… et combien d’autres… à ALGUNJA en MACEDOINE.
Une fois encore les paupières de Dieu soulevées par Jésus étaient restées ouvertes ainsi que ses oreilles. Et son Fils bien Aimé lui parlait sous l’action de l’Esprit Saint, et j’étais heureux de l’accompagner, à propos de beaucoup de gens rencontrés durant mon voyage au pas de l’âne Isidore en direction de BETHLEEM. Nous nous étions laissés apprivoiser ; en nous défaisant de nos désirs possessifs, nous avions fait de la place en nos maisons et nos jardins à ceux qui n’en avaient pas. En partageant le pain à la même table nous avions découvert qu’en arrêtant de nous armer jusqu’aux dents, nous pouvions nourrir toute la Planète. Et c’est de joie que nous explosions, en disant avec Jésus : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la Terre, d’avoir caché cela aux puissants et aux habiles, et de l’avoir révélé aux tout petits. » (Luc 10,21)
Message aux amis d'ATD quart monde
