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Lulu en camp volant

« Ça me fait très mal dans ma pauvre tête d’âne » #2

31 Janvier 2013, 11:00am

Publié par luluencampvolant

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Vous devinez qu’en recevant une telle lettre, ça a résonné dans ma pauvre tête d’homme. Voilà la lettre que j’ai répondu à l’âne Isidore après avoir appelé nos amis du MANV (Mouvement pour l’Alternative Non-Violente) dans la personne de Jean-Marie MULLER, pour m’aider à écrire ce message. Vous ne serez pas étonnés des longs moments qu’il faut pour que parvienne le courrier.

Lulu-ecrit-copie-1.jpg

Kovilj le 24 janvier 2013

Chers Isidore et tous les amis qui t’aident à lire ma lettre,

Je me rends compte en lisant ton message que tous les gens rencontrés le long de notre chemin réalisé ensemble, depuis notre départ de Dampierre il y a 10 mois, nous ont fait avancer dans la recherche de la solution non-violente de nos conflits. Tu nous traduits par tes réflexions et tes questions qu’il existe une stratégie de défense et d’établissement de la paix par une action non-violente. Nous avons beaucoup causé ensemble et nous nous sommes aidés à ne pas sombrer dans une attitude fatalisante. Nous avons eu le souci de nous reprendre les uns les autres et de nous dire : « le départ en guerre n’est pas fatalen. »

Dans le conflit qui sévit au MALI, il était probablement nécessaire et urgent de stopper et arrêter le déferlement des crimes et exactions des groupes armés venus du Nord et envahissant les villes de Sud jusqu’à BAMAKO. Mais attention à la manière dont se réalise actuellement ce qui est appelé reconquête des villes en direction du nord. Il y a une chasse aux fondamentalistes et terroristes qui s’instaure. Mais, qui sont les fondamentalistes et les terroristes ?... Et décréter qu’il faut « tous les détruire et les tuer, émettre un tel jugement, n’est-ce pas traduire que l’on devient soi-même « fondamentaliste et terroriste » ?

Insistons pour que soit première la considération de nos problèmes humains, la protection des populations, la sauvegarde de leurs habitations et de leurs troupeaux, les moyens de se nourrir et leurs outils de travail. On sent bien hélas que les intérêts des financiers, extracteurs d’uranium, fabricants et marchands d’armes se dissimulent sous de faux  semblants humanitaires.

Dans le Sermon sur la Montagne (Mt 5-6-7) Jésus appelle à marcher à sa suite : dans un premier temps il nous faut arrêter de nous cramponner à la loi du Talion « œil pour œil, dent pour dent » et nous engager sur les chemins libérants que Jésus est venu ouvrir à notre Humanité. Il nous appelle à ne pas nous laisser dominer par l’injustice et la haine, mais à croire et faire confiance que nous pouvons chercher et trouver des chemins de justice et de paix.

Nous ne pouvons pas nous donner le droit de partir en guerre. Et nous avons à nous empêcher d’accomplir une telle chasse sous prétexte de pacifier le Nord du Mali.

Un appel aux Nations Unies dans les circonstances actuelles est nécessaire et urgent. Dans le Nord du Mali, il y a des Touaregs qui voudraient être reconnus et respectés. Ils demandent leur autonomie. Certains ont fait alliance, ou se sont fait embarquer par les groupes armés. Les voilà en conflit avec l’armée malienne aidée par l’armée française. Nous ne sommes pas d’accord de déclencher une guerre pour reconquérir le Nord du Mali, ni non plus d’engager l’armée française à aider à faire une telle guerre qui engendrera d’autres drames insolubles. Nous avons à travailler à désamorcer le conflit.

Devant ce risque d’enlisement complet et total, il nous faut donc proposer une force d’intervention internationale sous la responsabilité de l’ONU. Les problèmes politiques ne peuvent pas être solutionnés par l’intervention des forces armées. Nous avons à susciter une force internationale de paix et d’interposition et médiation sous l’égide des Nations Unies.

Nous sommes dans un moment de l’Histoire qui me rappelle le drame algérien. Ne repartons pas en guerre comme nous l’avons fait en novembre 1954. Au lieu de chercher à légitimer nos attitudes « va-t-en guerre » faisons confiance à nos capacités inventives pour désamorcer ce conflit et créer en amont des relations de droit et de justice.

J’ai grande confiance dans mon cœur chers amis, qu’en cherchant à désamorcer nos conflits, en croyant à une force internationale de paix, nous offrons notre respect à Damien BOITEUX, et à toutes les personnes tuées dans ce drame, à leurs familles, et en même temps nous œuvrons pour la paix. Tu rappelais Isidore le bel épisode du petit collier d’âne que la famille de Damien nous avait offert. Un jour que nous étions en campement à OYE et PALET vers PONTARLIER, le pays de Manou et de Samuel… Nous cheminions au pas de l’ânesse MONA, et de l’ânon FANFAN… qu'il était beau ce collier sur l’encolure de l’ânesse MONA. Durant ce campement, nous avions vécu une messe très interpellante. Des enfants avaient proposé d’offrir ce collier d’âne, auquel nous tenions, aux amis qui passaient à notre campement pour nous dire au revoir : ils partaient au BURKINA-FASO. Un enfant avait dit : « ce collier sera pour que les enfants de là-bas aient meilleur temps pour atteler leur âne quand ils partent avec la charrette chercher l’eau au puits. » Il me revient que sur initiative des enfants de notre campement nous avions voulu faire ce don en signe de solidarité et de paix entre nos peuples.

Ule-chene-et-le-billecul.jpgn merveilleux petit livre écrit et offert par nos amis Alain GOY et Rosine ROMAIN vient de nous parvenir à Kovilj, chez Nicole et Bracha par la médiation de Rachel et Nicolas. C’est l’histoire d’un arbre et d’un oiseau : « Le chêne et le billecul » C’est beau comment le vieil arbre abrite le nid de ce petit oiseau mais c’est bouleversant comment au cours d’un orage terrible le feu de la foudre gagne en direction du tronc de l’arbre… le petit oiseau s’en aperçoit… il part au ruisseau pour recueillir dans son bec un petite goutte d’eau, de la valeur d’une goutte de rosée… Il part se placer au-dessus des flammes… lâche sa si précieuse petite goutte pour éteindre l’incendie… il retourne aussi vite qu’il le peut au ruisseau pour reprendre une deuxième petite goutte d’eau, pour la lâcher de nouveau au-dessus de l’incendie. Les oiseaux de la forêt, l’ayant vu agir ainsi, lui disent « arrête Billecul, ton combat est vain. » Tu n’éteindras jamais un tel incendie avec tes petites gouttes d’eau… « Je fais mon devoir. Je fais mon devoir. Je dois sauver mon ami » dit le Billecul en ne relâchant pas son effort. C’est alors qu’un autre oiseau vint prendre lui aussi une goutte d’eau dans son bec. Il la déversa en même temps que le Billecul sur l’incendie. Un troisième, un quatrième, des dizaines, des centaines, des milliers d’oiseaux les imitèrent… au début ce ne fut qu’une simple petite averse… mais elle se transforma vite en une véritable pluie qui se rendit maître de l’incendie… »

Vous l’avez deviné l’ouragan et l’orage, la foudre et le feu, c’est la guerre au MALI et à combien d’autres endroits de notre berceau : la Planète Terre. Les arbres et les oiseaux, c’est notre Humanité… c’est nous qui sommes appelés à nous abriter, et nous sauver les uns les autres… nos petitesses ayant autant d’importance que nos grandeurs, pourvu que chacun et ensemble nous disions :

« Je fais mon devoir

Je fais mon devoir

Nous devons sauver notre Humanité. »

A bientôt Isidore. Qu’à l’image du Billecul et de tous les oiseaux de la Planète, tous les enfants de la Terre des Hommes, au pas de tous les an-imaux de l’UNIVERS, nous apportions notre petite goutte d’eau pour éteindre les guerres et voir pousser l’herbe, les arbres et la Paix. J’espère Isidore que désormais, tu n’auras plus mal du tout dans ta belle tête d’âne.

Lulu 

 

Clic ICI pour lire la lettre de Jean-Marie MULLER :

La France devait-elle partir en guerre au Mali ?

 

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« Ça me fait très mal dans ma pauvre tête d’âne » #1

30 Janvier 2013, 13:37pm

Publié par luluencampvolant

Kovilj en Serbie le 24 janvier 2013

Au message que je vous fais parvenir le plus vite possible, j’ai donné le titre :

« Ça me fait très mal dans ma pauvre tête d’âne »

C’est une parole que je tire d’une poignante lettre que je viens de recevoir de la part de l’âne Isidore, depuis l’étable d’Etno Selo en Macédoine. C’est là qu’il attend que l’herbe ayant  repoussée, nous puissions repartir au plus vite en direction de Bethléem, lieu-source de la PAIX, puisque Jésus y est né… Après tout, je vous transmets la totalité de la lettre que l’âne Isidore m’a fait parvenir :

Isidore-copie-1.jpg

 

Etable d’Etno Selo le 14 janvier 2013,

Cher compagnon de route,

Je devine combien, toi comme moi, tu ronges tes attaches temporaires. Tu luttes pour ne pas te laisser redevenir sédentaire, ce qui est très tentant, et vite fait. En ce qui me concerne, dis bien à tous nos amis qui nous écrivent… je sais que tu reçois beaucoup de lettres et de dessins d’enfants que j’ai portés sur mon dos quand nous partions en ballades et en campements… Quand tu réponds à leurs lettres, dis-leur bien qu’ils se tranquillisent : je suis très bien soigné au milieu du petit zoo d’Etno Selo en Macédoine.  Pour Noël, avec la communauté catholique dans le nuit du 24 au 25 décembre 2012 et avec la communauté orthodoxe dans la nuit du 6 au 7 janvier 2013, j’ai reçu une double ration de fourrage et de son comme ça se passait à Salins et à Dampierre, du fait que nous fêtions la naissance de Jésus. Tous les enfants, tous les hommes et femmes de bonne volonté savent ici le but de notre voyage : faire advenir la paix en arrêtant d’engouffrer un argent fou dans l’armement nucléaire et pulser cet argent en direction de pays dans lesquels des populations entières meurent de faim… Mais voilà, je veux te dire aussi qu’il me tarde de te voir revenir auprès de moi afin que nous reprenions notre chemin, car je viens d’apprendre qu’une guerre meurtrière est déclarée dans un pays d’Afrique : le MALI. Tu ne peux pas savoir comment ça me fait mal dans ma pauvre tête d’âne. J’ai l’impression qu’il y aquelque chose qui ne va absolument pas dans votre tête à vous les hommes.

Je sais que ce ne sont que quelques données du problème qui me parviennent dans l’étable où je suis. Mais je suis peiné et étonné de ce qui se dit dans le monde des humains. Tiens, l’autre jour des gens causaient avec l’homme qui m’apporte le fourrage : SINICHA. Ils se racontaient ce qui se passe au Mali : le déferlement des atrocités commises par les terroristes venu du Nord envahissant des villes comme BAMAKO, ça ! il fallait l’arrêter. Mais j’entendais SINICHA interpelant fortement ses compagnons de travail. Plusieurs en effet discutaient à propos du mouvement de reconquête des villes prises par les terroristes : « C’est des fondamentalistes… il faut tous les tuer ! » SINICHA disait : « Je ne peux pas vous laisser parler comme ça ! » Un des compagnons de travail lui rétorquait : « Tu sais ce que disent des gens qui ont des responsabilités ?... » Je n’ai pas entendu le reste de ce qu’ils se disaient…

Souvent le long de notre chemin, je t’ai entendu parler d’un retour de la loi du talion. J’ai l’impression que c’est ça qui revient. Tu disais aussi qu’aucune guerre n’est justifiée parce qu’aucune guerre n’est juste. » Et aussi que « quand on déclare le commencement d’une guerre, on se sait pas quand on pourra déclarer sa fin… »

Il me parvient que dans les premières victimes de cette guerre, il y a Damien BOITEUX du RUSSEY. Je me souviens que ce sont ses parents qui nous avaient offert un des premiers petits colliers que vous mettiez sur l’encolure de l’âne Rameaux afin qu’il tire la charrette transportant les enfants durant les randonnées, pendant que je les portais sur mon dos, un à un, chacun leur tour…

Je t’ai souvent entendu dire avec tes amis du mouvement pour l’alternative non-violente, le MANV, qu’il faut absolument refuser le départ en guerre… qu’il faut croire et faire confiance à une défense non-violente.

Je voudrais bien avoir ta pensée à ce sujet et recevoir une lettre de toi en lien avec tes amis du MANV. Ne tarde pas à organiser notre redépart en direction de BETHLEEM, en traversant la macédoine et la Grèce, une fois que l’herbe aura un peu repoussé sur les talus et dans les fossés.

Tous les amis d’Etno Selo et Kumanovo te disent en union avec moi : « à bientôt ! »

Aide-moi à ce que ça s’arrête de me faire mal dans ma pauvre tête d’âne.

Signé : l’âne Isidore

Demain, vous pourrez lire la réponse de Lulu à l'âne Isidore

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Donnons des ailes aux sandales de Lulu et aux sabots d'Isidore...

28 Janvier 2013, 20:51pm

Publié par luluencampvolant

Projet de marche pour la paix

 

P1-03 Lulu et ses amis

 

Le 23 mars 2012, quand Lulu est parti de Salins-les-Bains, il a voulu faire une halte à Port-Lesney, village natal de son ami Gaby MAIRE, assassiné à Vitoria au Brésil le 23 décembre 1989. 

 P1-08 recueillement sur la tombe de Gaby

 

A la suite de la commémoration de la mort de Gaby le 23 décembre 2012, dont le thème était : « la marche de Lulu pour la paix et son appel incessant pour le désarmement nucléaire », les amis de Gaby et de Lulu ont envie de poser un acte, un pas pour rejoindre et amplifier son action.

Ils retiennent donc la date du samedi 23 mars 2013, (1 an après le départ de Lulu): que tous ceux qui soutiennent cette cause se joignent à la marche qui se prépare dans le Jura, ou organisent une marche ou autre action dans les autres départements ou lieux où ils se trouvent. Ces actions pourront être relayées sur le blog « Lulu en camp volant », et celui des « Amis de Gaby Maire »

Cette marche dans le Jura est encore à l’état de projet et reste à affiner et organiser. Toutes les idées, les conseils, les aides sont les bienvenus. Quel type de marche pensez-vous possible ?

Quelques idées pour amorcer ce projet :

- Un RDV de convergence pour la Franche-Comté pourrait être donné aux Salines d’Arc-et-Senans.

- Bien sûr, il serait bien que nos amis les ânes soient présents.

- La journée pourrait se terminer par un lâcher de ballons avec envois de messages de paix ??? (Edit du 9 février : le lâcher de ballons est polluant... il nous faut trouver une autre manière de partager ces messages de paix... ) 

Soyons nombreux pour donner des ailes aux sandales de Lulu et aux sabots d'Isidore...

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Des étoiles de paix pour Lulu et Isidore

28 Janvier 2013, 17:00pm

Publié par luluencampvolant

La Paroisse Saint Eloi (dont dépend Dampierre, village natal de Lulu) a voulu accompagner Lulu dans son pèlerinage pour la Paix

Aux deux messes du 23 décembre à Fraisans, et du 25 décembre à Dampierre, ceux qui le souhaitaient ont écrit un petit message de paix sur des cartes envoyées à Lulu. A lire Ici

PtitEloi-1.jpg  

Ces messages d'amitié ont beaucoup touché Lulu. Vous pouvez lire sa réponse dans le blog : Le trésor de P'tit Eloi.

 

PtitEloi-2.JPG 

Et c'est aussi la municipalité  de Dampierre qui a rendu hommage à l'enfant du pays, en lui remettant la médaille d'honneur de Dampierre. A Lire dans le journal "Le Progrès"

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La vente du houx du 22 décembre

27 Janvier 2013, 20:57pm

Publié par luluencampvolant

Cette année la vente de houx avait quelque chose de particulier il n’y avait pas notre ami Lulu. La vente de houx a été à l’initiative de Lulu et de nos amis de la J.O.C et A.C.O depuis longtemps. Cette  vente se poursuit dans la durée grâce à Zabeth et Laurent les deux animateurs de la J.O.C mais aussi grâce à Adeline de la P.P.H venue nous donner un coup de main pour cette journée. Malgré l’absence de Lulu, la vente de houx fut un succès grâce au travail fourni par chacun pour les compositions et aussi grâce au concours de Martine sœur de Michel qui a le don de savoir faire de très belles compositions pour tout public.

 

121222-Houx.jpg 

Vous retrouverez le compte-rendu de Laurent sur son Blog : Clic ICI

 

Toutes nos excuses à Laurent pour le retard pris pour la publication de ce message.

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Attention à ce qu’un arbre ne cache pas la forêt.

20 Janvier 2013, 22:23pm

Publié par luluencampvolant

Lulu élu "Jurassien de l'année" par les lecteurs de Voix du Jura, a voulu répondre aux Jurassiens :

 

 

 Dimanche 13 janvier 2013 à Kovilj

 

Amis jurassiens,  

 

foret NansLe mot Jura est un vieux mot celte qui veut dire : forêt. Jurassiens, nous sommes des gens des bois, des gens de la forêt. Nos anciens nous ont appris à ne pas laisser un arbre cacher une forêt, n'étouffe pas les autres arbres ni non plus ne les supplante ; mais au contraire que chaque arbre contribue au bien commun de toute la forêt. Nous avons conscience que c'est grâce à tous les arbres, grâce à la forêt toute entière que nous respirons, que nous avons du souffle, et que nous sommes des vivants.

Depuis mon départ de Dampierre, au pas de l'âne Isidore, dans cette marche pour la paix en direction de Bethléem, c'est pour nous défaire de nos prérogatives, et de nos pouvoirs les uns sur les autres que nous avançons.

Nous sentons bien qu'il faut que nous arrêtions de nous faire de l'ombre les uns aux autres car nous risquons ainsi de faire disparaitre voire supprimer du monde.

Alors ne fabriquons pas d'autres prérogatives ! Je veux rester "un jurassien parmi vous tous" et durant toutes les années à venir. Dans notre longue histoire commune, amis jurassiens, je voudrais vous dire à tous mon amitié reconnaissante, "en commençant par les plus éprouvés parmi vous", comme il est demandé dans le mouvement A.T.D.QUART MONDE. Je pense particulièrement à ceux qui ont le plus de difficultés à s'enraciner dans le Jura, parce qu'ils subissent une exclusion ou autre... à ceux qui n'arrivent pas à trouver leur place. Je voudrais vous remercier pour ce que vous m'avez fait voir et découvrir : " ce qui est invisible pour les yeux": les souffrances ignorées, les solidarités cachées, les luttes non remarquées.

En raison de tout cela, c'est donc à tous les collectifs en action qu'il faut attribuer ce qui s'est fait de "pacifique et de non violent", dans le Jura et dans le monde, durant toute cette année 2012... Que nous reconnaissions tout ce qui a dimension collective et communautaire dans le fait de la réalisation de la Paix, en nous désarmant de manière unilatérale, et en promouvant le droit et la justice.

Comme le dit Paulo FREIRE : "Il est vrai que personne ne libère quelqu'un à sa place, mais on ne se libère jamais seul, on se libère ensemble".

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"En route vers Bethléem" Adrien BAIL

15 Janvier 2013, 23:36pm

Publié par luluencampvolant

Article paru dans le Pèlerin le 13 décembre 2012
 
Le Pélerin 
Sur le bord du chemin, l’homme qui marche avec un bonnet rouge et un bâton a relevé la tête. Il laisse du mou à la corde et l’âne en profite pour glaner quelques touffes d’herbe. « Et où allez-vous donc ? » demande celui qui a baissé la vitre de sa voiture. « À Bethléem ? Avec un âne ! » Passé l’instant de surprise, jaillit un grand éclat de rire. On échange quelques mots enjoués, rendez-vous est pris pour une prochaine étape, quelques kilomètres plus loin. Tandis que l’automobile s’éloigne dans un nuage de poussière, l’homme et l’âne reprennent leur pas commun.
 
Par-AdrienB.jpg 
 
Depuis son village natal de Dampierre (Jura), LucienConverset est parti avec Isidore, son âne, le 25 mars, jour de l’Annonciation, deux jours avant ses 75 ans et le début de sa retraite. Des amis l’ont accompagné tout au long de cette première journée de marche dans ce coin de Franche-Comté où il a officié, comme prêtre, pendant un demi-siècle. Quelques mois et 4 000 km plus tard, après l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Serbie… Lucien se trouve en Macédoine. Il descend vers la Grèce où il espère trouver un bateau pour Israël.L’âne et l’homme avancent d’un même pas. Plissant une fossette profonde qui se dissimule derrière des bacchantes blanches, l’homme, au solide accent franc-comtois, est sec comme un vieil arbre. Le visage encadré par des rouflaquettes, il ouvre de grands yeux bleus. Ce voyage, il en rêve depuis plus de trente ans. L’idée a germé lors de sa rencontre avec les ânes. « Je suis fils de paysans, j’ai toujours été tenté de vivre en sédentaire. Enfant, j’aimais ramasser les pommes de terre et planter des arbres avec mon père. Plus tard, j’ai retapé des fermes avec les gamins. Avec eux, je faisais des cabanes. Je leur disais toujours : faites en sorte que vos cabanes restent ouvertes, qu’elles ne soient pas des forteresses ! » C’est pour ces jeunes désœuvrés de Dole, que Lucien emmenait en camp, qu’on lui a offert deux ânes. Pour Lucien, l’âne, c’est la liberté. Il y en eut cinq autres. Isidore, dont le sabot claque à présent sur un chemin de Macédoine, est l’un d’eux. 
 
La paix impose une démarche intérieure
 
Au rythme de son âne, Lucien trouve un équilibre. « Je relis les psaumes, dit-il, feuilletant sa vieille Bible de Jérusalem, de 1955, dans une housse en cuir brun, tannée. Je découvre comment l’homme est un oiseau aussi bien qu’un arbre. C’est un nomade, un étranger, un olivier, un cèdre du Liban. Et Dieu est pareil : c’est le rocher, l’abri, mais aussi celui qui délivre l’oiseau du filet de l’oiseleur… » L’homme est en quête de cette libération. Sur un bout de papier, il a fait traduire dans plusieurs langues son message : « Nous marchons pour la paix dans le monde. » L’âne acquiesce, crachant son souffle chaud dans le froid qui mord les doigts. L’animal reflète la sagesse et la douceur que cherche le prêtre. Là-bas, en Israël, il faudra passer ce mur qui symbolise ceux contre lesquels Lucien s’est battu toute sa vie. Après la guerre d’Algérie, à laquelle il a eu la douleur de prendre part, il s’est engagé sans fard en politique pour militer au sein du Mouvement pour une alternative non violente (Man) contre l’armement nucléaire. Détaché des responsabilités paroissiales, il s’est engagé auprès de jeunes, de personnes incarcérées, d’alcooliques. Pour lui, c’est dans l’intimité du cœur que tout se joue : « Pour que la paix se fasse, il faut une démarche intérieure : il nous faut nous ressaisir, désarmer nos propres violences. En marchant, j’essaie de transformer mon regard. Le regard du Christ, lui, est libérant. »Sur la table de l’auberge qui accueille Lucien, à 50 km de Skopje, capitale de la Macédoine, traine un exemplaire de Bect (« Nouvelle »), le journal local qui parle du prêtre et de son âne. Depuis son départ, il a donné nombre d’interviews. Lucien raconte… gloire passagère. Sur la route, on le klaxonne, on s’arrête pour lui offrir des carottes ou une adresse. C’est ainsi qu’il a trouvé, à Regensburg (Allemagne), la maison de Georg Ratzinger, le frère du pape. En mains propres, il lui a remis une lettre « pour Benoît », dit-il, tout heureux de pouvoir encourager Benoît XVI, à qui il rend grâce « d’avoir été le premier à dénoncer l’armement nucléaire… chose que nos évêques n’ont toujours pas fait ! » 
 
Un récit plein de couleur et de gestes
 
Chaque jour, le prêtre et l’âne parcourent une quinzaine de kilomètres. Avant la tombée de la nuit, ils se mettent en quête d’un toit ou d’un jardin où planter la tente. Lucien est accueilli parfois comme quelqu’un de la famille. Ainsi, chez Mario et Anita, des chrétiens d’un petit village macédonien près de la frontière. « Tout tenait dans une seule pièce. La mère dormait avec ses filles sur un canapé, le père avec son fils. Et moi. » Dans ce salon délabré, tout le village défile pour écouter le récit du prêtre, traduit par Manuella, qui doit avoir 13 ans. Lulu précise : « Je suis à la recherche de faiseurs de paix. Mon but n’est pas de témoigner, je n’ai rien à apporter à ces gens. Au contraire, ce sont eux qui me marquent. » Dans les familles qui l’hébergent, Lucien est heurté par la violence de la crise et de la pauvreté : « La sécheresse qui a touché la région a mis beaucoup de paysans dans des situations dramatiques. » Dans les Balkans, il y a aussi cet orgueil national blessé que l’on exacerbe : « En Serbie, on m’a dit : “Vous, les Français, en 1999, vous nous bombardiez avec les Américains !” »Mais l’accueil le plus froid surgit parfois là où on ne l’attend pas. « Les seules fois où on m’a demandé mes papiers, c’était à la douane… et dans les paroisses catholiques ! » En Allemagne, un curé lui a refusé de concélébrer la messe : Lucien avait égaré sa carte d’identité, et le prêtre n’a rien voulu savoir.Mais, généralement, on le reçoit chaleureusement. Zorica, professeure de français de 45 ans, se démène depuis dix jours : « Il n’y a plus d’herbe, l’âne n’avance plus, dit-elle. On a trouvé un endroit pour qu’Isidore passe l’hiver. Ils repartiront au printemps. » Elle parle de Lucien - « Loulou » - et de sa formidable aventure. Elle aimerait qu’il reste. Mais, ne pas s’attarder est la règle du voyage. C’est avec la mémoire de ces rencontres que Lucien prie. Le soir ou au cours des nuits d’insomnie, il compte les étoiles qu’il nomme des prénoms notés sur ses carnets. Le matin, il devance l’aurore, stylo à la main. « Écrire, avec l’angelus, est ma prière. C’est pour moi le moyen de mieux entendre ce que Dieu me dit à travers ces personnes. Et d’essayer de lui répondre. » Car le voyage de Lucien est aussi son récit - en partie publié sur le blog que tiennent pour lui deux amis jurassiens, Élisabeth et Jacques (luluencampvolant.over-blog.com). Un récit vivant, méditation continue où les événements du voyage se lient à des versets de psaumes. Conte merveilleux où les ânes parlent aux oiseaux et aux roseaux.

  
Adrien Bail
 
Par-AdrienB2.jpgCe voyage, Lucien en rêvait depuis trente ans. Au cours d’une halte, il rencontre ici une petite fille et sa famille, à Etno-Selo, près de Kumanovo, dans le nord de­ la Macédoine.

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"Il s'est mis à la droite du pauvre" (Ps 108, 31)

10 Janvier 2013, 22:29pm

Publié par luluencampvolant

KOVILJ, le 8 décembre 2012

 

Imaginons un grand repas dans un village où tous les habitants sont invités parce que c’est un évènement très important qui est fêté. Et voilà que le président a presque fini de placer chacune et chacun des membres de cette grande assemblée. Presque tout le monde est à table. Il ne reste plus que 2 places à pourvoir : celle du président et la place qui est à sa droite. Tout le monde a les yeux fixés sur ces 2 personnes qui restent à placer. Il s’agit du président lui-même et de … Le président, on sait où est sa place … ! Mais qui est donc cet homme qui reste à placer ? Le président ne va quand même pas mettre cet homme sans envergure de notre village à sa droite ! Cet homme est bien sympathique. Oui ! Il élève bien ses enfants. Mais regardez voir l’air emprunté qu’il a ! Eh bien ! Vous avez raison ! Le président ne va pas mettre cet homme à sa droite. Mais le président met cet homme effacé sur le siège d’honneur de président et lui, le président  se met et se tient à la droite de cet  homme.

« Mais c’est le monde à l’envers » sommes-nous tentés de dire.

 

Où est-ce que tu as vu se jouer ça ?

J’ai vu ça souvent avant de partir pour ce grand voyage en direction de BETHLEEM, quand j’allais aux rencontres de l’association SILOE, à SALINS ou à MONT sous VAUDREY, ou à CHAMPAGNOLE. Ce qui me touchait c’était l’humble force que déploient  les amis qui se sortent de la dépendance de l’alcool, afin d’aider d’autres à s’en sortir à leur tour. Ils se disent les uns aux autres, au cœur de leurs lettres : « Tu verras … tu vas y arriver… tu vas t’en sortir … tu es sur le chemin… » Les paroles qu’ils se donnent les uns aux autres sont d’une force étonnante. J’ai beaucoup aimé ramasser sur mon cahier ces mots de fraternité et de vérité quand je les entendais lors de nos réunions. Et il est une autre chose que me marquait dans nos rencontres SILOE, c’est l’attitude des médecins qui nous accompagnaient. S’il en est qui connaissent les mécanismes de la dépendance de l’alcool, c’est bien eux ! et ce qu’il faut faire pour s’en sortir, c’est encore eux ! Eh bien, souvent j’ai entendu ces médecins dire aux malades qui avaient trouvé le chemin pour traverser l’épreuve et aider les autres à s’en sortir « vous savez mieux faire et dire que nous qui sommes médecins. » J’ai aimé voir dura    nt nos réunions, le docteur Daniel MAYAUX à la droite de Luc, puis de Louis que nous avions élu comme président de notre association SILOE et le docteur Gérard VERGOBY à la droite de Denis que nous avions élu président après la mort de Louis.

Où que c’est que j’ai vu jouer ça encore ? eh bien ! tout dernièrement dans le fait de « manger un petit morceau de la bible chaque jour «. Comme le disait Régina JULIEN ou Daniel MOYNE à nos rencontres SCEPI-PPH . Dans le psaume 108 que je goûtais il y a quelques jours, j’ai trouvé cette perle au verset 31 : « Yahwé s’est mis et se tient à la droite du pauvre ». Oui, nous voyons se jouer ça dans la bible, depuis que Jésus fils de Dieu est venu partager notre condition humaine ; Voilà son Père, par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, nous dit que désormais celui autour duquel le monde va pivoter et prendre ses repères et son assurance, ce n’est plus lui Dieu Père mais « c’est l’enfant qui va naître de toi, Vierge Marie » (Luc 1-30) . Autrement dit, ce qui avait été exprimé dans le psaume 108, se vérifie en cette ANNONCIATION : « Dieu lui-même se met et se tient à la droite d’une femme, de la mère de son fils, donc de son fils lui-même ».

Chacun de nous a fait un pas de géant dans son existence lorsque notre père ou notre mère ont eu un jour l’humble sagesse de nous dire à propos de telle ou telle grande ou petite responsabilité, comme de conduire la voiture ou de se lancer dans un travail : « maintenant c’est toi qui vas faire …  c’est toi qui vas conduire … C’et toi qui commenceras … Je ne te laisserai  pas tomber … Je serai toujours avec toi, à côté de toi : à ta droite ! ». Il y a des parents qui arrivent heureux chez vous en disant : « c’est notre fils, ou notre fille qui conduisait ! » Ils s’étaient mis à la droite de leur enfant.

Il y a 3 ans, le congrès national du CMR de France avait eu lieu à PONTARLIER, j’avais été heureux d’y aller avec ma sœur Elisabeth. Dans le film qui avait été présenté par notre ami de MONTAIN et Claude CHEVASSU de POLIGNY, on voyait un jeune paysan de BONNEVAUX dans le Doubs à qui un paysan du village et aussi partant en retraite, avait remis toute sa ferme. Et ça roulait très bien. Il s’était mis au service de cette réussite : la reprise de sa ferme par un jeune ! on voyait le retraité arriver en vélo à la ferme qu’il avait laissée au jeune. Il se mettait à la droite du jeune.

J’ai dû faire une pause en SERBIE, durant mon voyage en attendant que l’herbe repousse pour l’âne Isidore en MACEDOINE. Je suis chez BRACHA et NICOLE, des amis chez qui je me sens bien. Ils me disent : « Tu es chez toi, chez nous ». Nicole est artiste peintre. Elle remet tous ses pinceaux, ses gouaches, ses pots, ses crayons, ses conseils pour agencer et allier les couleurs sur la toile à une toute jeune fille Serbe : Aleksandra … mais l’artiste peintre dit à Aleksandra : « crée et peins ce qui vient de toi… je me mets à côté de toi, je suis à ta droite… mais la peinture est de toi. » Et j’apprécie de voir et entendre Nicolas, le fils de Bracha me dire les mêmes paroles que Nicole et son papa : « ici, tu es chez toi, chez nous. » Nicolas sent combien son papa est à sa droite.

Il y a aussi ce que j’ai vu jouer en MACEDOINE dans le village d’ALGUNIA dans ce qui se transmettait entre SLAGJANA et ses filles JELENA et EMMANUELA pour accueillir l’étranger que j’étais, comment la mère savait se mettre à la droite de ses filles et les laisse faire. Tout cela fait croître et grandir l’espérance de l’avancée de ces peuples. De même à JAGODINA, entre MAJA, professeur et les jeunes de son collège ; de même ZORIČA, professeur et les enfants de son école à KUMANOVO. J’ai apprécié comment ces professeurs se mettent à la droite de leurs élèves.

Puisque j’écris en ce jour du 35ème anniversaire de l’emprisonnement et du commencement des tortures de Alice DOMON et Léonie DUQUET à BUENOS AIRES, je voudrais souligner comment ces 2 femmes ont tenu à se mettre au sein du mouvement des Mères de Mai à la droite des mères et femmes de disparus pendant la dictature argentine (1976-1977). Nous savons aussi par les échos de Vitoria comment notre ami Gaby MAIRE, tout initiateur de mouvement qu’il savait être, cherchait lui aussi, à se mettre à la droite d’hommes et de femmes du BRESIL, « préférant une mort qui mène à la vie plutôt qu’une vie qui mène à la mort ». 

 

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Vous nous marquez Gaby, Alice et Léonie, Pierre DUBOIS et combien d’autres. Vous nous interpellez par votre parole et votre vie offertes dans le sillage de Jésus, à laisser Dieu nous donner une attitude et un cœur de pauvre. Alors nous découvrirons un jour que Dieu lui-même est venu se blottir à la droite de notre humanité. Et si c’était ça Noël !

Il est fondamental d’exprimer notre espérance et notre conviction que ça tourne mieux dans le monde, dans la mesure où les pays, pour qui l’économie va bien, se mettront au service de la réussite des pays écrasés par la dette, en commençant par la supprimer, en continuant d’éviter qu’elle réapparaisse. Ainsi nous nous mettrons à la droite de ces pays. N’est-ce pas dans ce but qu’en France, au sein du mouvement pour une alternative non violente, le M.A.N.V. nous demandons à notre gouvernement d’arrêter l’armement nucléaire de manière unilatérale. En nous défaisant de ce que nous croyons être une suprématie de ce qui risque de faire exploser la Terre et en remettant l’argent que ça coûte aux pays dont les gens meurent de faim, nous nous plaçons dans le concert des nations à la droite de ces pays. C’est pour cela et dans ce sens que j’ai commencé ce voyage au pas de l’âne Isidore en direction de BETHLEEM. Avec cette conviction et certitude que  des hommes et des femmes d’ISRAËL sont déjà en train de se mettre à la droite d’hommes et de femmes de PALESTINE. C’est ce que je sais que je vais trouver quand j’arriverai à BETHLEEM, même si ce n’est pas le 25 décembre 2012 … : des hommes et des femmes qui se disent les uns aux autres : «  vous avez aussi bien que nous, les compétences et les capacités de faire reverdir le NEGUEV … L’eau du lac de TIBERIADE et du JOURDAIN est aussi bien la vôtre que la nôtre. Nous nous mettons à votre droite et nous nous y main-tenons. A cet impossible nous nous tenons. »  

 

Photos Alice Domon et Léonie Duquet 

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Lulu : "Jurassien de l'année"

8 Janvier 2013, 20:00pm

Publié par luluencampvolant

Alors que Lulu fêtait le Noël orthodoxe avec ses amis à Kovilj, je lui ai annoncé qu'il avait été élu "Jurassien de l'année 2012" par les lecteurs de "Voix du Jura"...

 

Sa préoccupation première a été que cette élection serve à faire connaître son message : "arrêter la menace nucléaire et stopper la faim dans le monde"...

 

Bonne fête Lulu de la part de tous les lecteurs du Blog.

 

 

 

A lire dans "Voix du Jura" :  (clic pour voir la présentation sur leur site)

 

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"Puisse venir le jour où la pluie aura déchiré le ciel" #2

8 Janvier 2013, 11:00am

Publié par luluencampvolant

JAGODINA le 25 novembre 2012

"Puisse venir le jour où devançant l'aurore, la pluie aura déchiré le ciel"

(Ps 118, Ps 147, Mc 1,10)     

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 Je suis en train de ramasser toutes ces paroles fortes traduisant des actes effectifs. Je suis heureux d’y déceler les germes d’espérance qu’y fait pousser le souffle de Jésus dans cet évangile de Marc. J’y découvre un Jésus marcheur… lorsque ça frappe à la porte de la maison de BOBA. C’est SESA. Nous nous saluons. Je lui dis que BOBA est en train de se reposer car elle est fatiguée et je dis :

Lulu :     Je voulais vous remercier SESA de m’avoir emmené au MUSEE D’ART NAÏF de JAGODINA.

SESA (sourit) :   J’ai été heureuse moi aussi d’être votre guide…

 

  Musée (1)

 

Musée (7)

 

Musée (6) 

 

Musée (3)

 

Musée (5)

 

Musée (2)

 

Lulu :     J’ai beaucoup apprécié les peintures de MILICEVIC BARBERIEN, originaire de JAGODINA : le pont sur la MORAVA, la crucifixion de Jésus, les arbres de BǍÇIČEVIČ ILIJA, les anges de VOJKA MORAR… J’ai été heureux d’apprendre que KOVAČICA est un centre culturel important. J’y avais été accueilli fin septembre… Je suis justement en train d’écrire ces beaux moments que nous vivons grâce à vous tous BOBA, MAYA et son fils YOVAN, SANDRA et ses enfants YOVANA et LUKA, et vous SESA et d’autres personnes…

SESA :   Et quel est ce livre qui est à côté de votre cahier ?

Lulu :     C’est la Bible.

SESA :   L’Evangile !

Lulu :     C’est ça ! c’est là qu’est relatée par écrit la BONNE NOUVELLE que nous pouvons nous sortir de nos épreuves et de nos dépendances, de là où nous sommes « mal tombés… », tombés en nous faisant beaucoup de mal… en endossant plein de maux… L’espérance nait en nos cœurs que nous pouvons nous en sortir réellement les uns grâce aux autres… Par vous je découvre une plénitude de trésors dans ce livre… des paroles qui nous apportent beaucoup de lumière : celle-ci que je viens de relire : « au baptême de Jésus le ciel s’est déchiré… » (Mc 1,10). Ça veut dire que les horizons, qui nous paraissent bouchés durant nos luttes, s’ouvrent. Il devient possible de nous en sortir. J’ai vu, SESA, une illustration de cette espérance dans la peinture de MORAR intitulée « SŒURS… ». Des anges vont et viennent entre la terre et le ciel… ça me rappelle le songe de Jacob : « une échelle était plantée en terre et son sommet atteignait le ciel et des anges de Dieu y montaient et descendaient » (Gen 28, 12). Jacob comprenait que Yahvé lui disait : « je te garderai partout où tu iras… ce que j’ai commencé avec toi je le continuerai… ici est la porte du ciel. » (Gen 28,18)

Dans mon voyage j’ai senti que Dieu me gardait sur la route par où j’allais (Gen 28,20). Je prie pour que vous tous qui m’accueillez à JAGODINA vous fassiez cette expérience, vous et tout le monde.

SESA écoutait. J’aurais voulu que nous puissions mieux nous offrir l’un à l’autre ce dont nous nous voulions artisans. SESA m’avait emmené avec elle à la liturgie, au musée, dans les rues de la cité, au café, au restaurant, ramené chez Boba. Et moi je souhaitais tellement faire un lien entre ce qui surgissait d’espérance dans nos regards de gens accablés par une économie qui maintenait à terre les personnes aux faibles revenus et ce qui était contenu comme paroles vives dans ce livre dont SESA me demandait ce qu’il était. Et je cherchais aussi le lien qui se dessinait entre ce que nous vivons et les œuvres des peintres naïfs de JAGODINA. Dans le livre qui nous avait été offert à l’issue de notre visite, j’avais trouvé et gardé ces paroles de présentation : « Cet art naïf et marginal émerge dans l’ambiance des rapports humains perturbés. L’empressement du monde contemporain, l’accélération des événements, l’invasion de la technocratie menace l’homme… l’art naïf est l’art des personnes rejetées qui commencent à exprimer une sorte de révolte. » (p24)

SESA est allée retrouver BOBA. Je reste à écrire ce lien entre ce que nous vivons, et le fait que Jésus ait emprunté nos chemins d’Humanité et les paroles qui ont surgi de lui et l’illustration que nos amis peintres ou musiciens nous en donnent.

Je repense à cette mère de famille qui pour arrêter ce qui l’opprime est obligée de se sauver de l’appartement où elle a échoué. Je me demande comment vont s’en sortir, dans quelles démarches vont s’engager les petits paysans dont les bestiaux meuglent de faim...

Je ressens de plus en plus des appels dans ma conscience à me défaire de faux besoins dans nos manières de manger, d’utiliser l’eau pour nous laver, de nous vêtir, de nous déplacer… de changer nos habitudes de tout mettre nos achats dans des sacs plastique que nous jetons par la suite sur le bord de nos chemins…

Comment allons nous nous organiser pour « résister » contre ceux qui veulent « profiter », faire du profit en tondant le peu de laine que nous avons sur le dos et en faire du fric pour eux…

Je pense à quelqu’un qui me disait il y a quelques jours en m’aidant à m’organiser dans mon voyage : « quand vous allez arriver à BETHLEEM c’est aussi nous qui arriverons avec vous. »

Et je pense à nos luttes pour sortir de nos dépendances et de nos t. Le fait de fumer nous pompe le peu de forces qu’à certains jours nous avons et le petit peu de fric qui nous reste. La T.V. nous cloue sur place et nous casse dans nos élans pour partir marcher.

BOBA nous sert thé et café. Pour avancer dans la prise de conscience de l’attente et du respect de l’eau, j’ai envie de vous dire à vous mes amies :

Lulu :     Mon corps reçoit de vous BOBA un thé. Ça me fait du bien. A votre corps, de même le café, SESA et BOBA. Je voudrais tant qu’ainsi notre mère La TERRE reçoive Madame le PLUIE… l’eau de pluie… notre sœur l’EAU…

SESA :   Toi, tu écris beaucoup. 

Lulu :     Oui.

SESA :   Pourquoi ?

Lulu :     Parce que les paroles que nous échangeons, et les actes que nous accomplissons, si nous ne les remarquons pas, ils tombent dans l’oubli. Si nous ne les ramassons pas, c’est le vent qui les emporte, ou bien la terre qui les absorbe. La parole de Jésus, heureusement qu’il y a eu « Matthieu Luc et les deux autres » pour les ramasser et faire en sorte qu’elles parviennent jusqu’à nous.

De même heureusement que les peintres naïfs ne se sont pas occupés des moqueries que provoquaient leurs œuvres au début… qu’ils ont continué ce qu’ils avaient commencé… ainsi « ils ont pu marquer leur place dans l’univers » et appeler d’autres à trouver la leur… Est-ce que naïvement nous faisons place à Madame la Pluie dans nos existences ? Est-ce que nous la demandons ? Est-ce que nous nous réjouissons quand il nous pleut dessus ? Est-ce que nous avons une culture de la pluie ? Et pas seulement un désir de la pluie pour nos cultures ?

 

La première fois que je suis entré à JAGODINA, le 2 octobre, avec ŠAŠA, au pas de l’âne ISIDORE, il pleuvait. Je serais heureux que le ciel s’ouvre enfin au dessus de nos têtes, « Que vienne le jour où devançant l’aurore la pluie aura déchiré le ciel » (Ps 118, Ps 147, Mc 1,10). Je voudrais tant qu’avant de vous quitter amis de JAGODINA, Madame la Pluie nous tombe dessus, que les chéneaux de vos toits dégorgent d’eau, que ça rigole de partout, que ça déborde dans la MORAVA et la PCINJA… que ça arrive jusqu’à faire monter le VARDAR en MACEDOINE et le DANUBE que je vais retrouver à KOVILJ prochainement.

J’essaye de laisser retentir en moi la parole du prophète Elie dans le livre des Rois (1 Rois 17), lorsque ACHTAB et OBADYAHU parcouraient le pays bouleversé par une grande sécheresse afin de « trouver aux abords des sources et des torrents l’herbe qui maintienne en vie leurs chevaux et leurs ânes » (1 Rois 18,5). Elie le prophète nous dit : « Monte donc au sommet du CARMEL et regarde du côté de la mer. Regarde 7 fois : ‘’voici que va venir un mage, petit comme une main d’homme, qui monte de la mer ‘’. Le ciel s’obscurcit de nuages et de tempête… il y eut une grosse pluie… Monte, j’entends le grondement de la pluie… ‘’ Regarde 7 fois ‘’ » (1 Rois 18,41). 

Photos du musée prises par Lulu 

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