Joyeux Noël !
Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
VITORIA
au Jurassien Gaby MAIRE
fidei donum au Brésil
assassiné le 23 décembre 89
Maudit soit le système
des riches corrompus
maudit soit le blasphème
de leurs belles vertus !
Maudits soient les États
et leur « sécurité »
qui cachent leurs faux pas
sous leur autorité !
Maudit soit le repaire
des familles régnantes
accaparant les terres
en confortables rentes !
Ils ont forcé le sort
silence vertueux
ils ont changé ta mort
en crime crapuleux
Ils voulaient interdire
la soif de l’équité
ils croyaient en finir
avec la vérité
Ils ont voulu ta mort
pour que dure la nuit
de ce monde qui dort
pour en bouffer les fruits
Vitoria Victoire
du Pauvre et du Sans-Nom
les « absents de l’Histoire »
iront jusqu’au pardon !
Mais pardonner n’est pas
laisser faire les choses
ni marcher au trépas
cortège en bouches closes !
C’est le profond pardon
du Petit méprisé
c’est la vie jusqu’au don
de ton cœur éclaté
Ta vie nous a parlé
et ta mort en dit long
sur le Pauvre berné
qui meurt à reculons
Ta parole aux sans-droits
Petits en dérision
et les nuits de ta foi
pour la confrontation
Présence aux ouvriers
pour lutte de survie
courage aux oubliés
ta mort est pour leur vie !
En la déréliction
de ceux qui dégringolent
ta vie leur est question
ta mort leur est parole
Parole et formation
souci des responsables
de ceux qui bâtiront
plus qu’un château de sable
Vitoria Victoire
fais surgir la lumière
aux enivrés d’espoir
dont tu nourris la terre !
Ensemence pour eux
le champ de leur Histoire
dans l’amour et le feu
fais germer la VICTOIRE ! !
Serge Cuenot
Léré - TCHAD
23 janv. 90
Pour mieux connaître l'action de Gaby, c'est ICI.
Comme Lulu le faisait régulièrement du côté des monts de Salins, (voir l'article publié ici et la photo ci-dessous) cette année, il célébrera la nativité dans la grotte de Dampierre le jour de Noël à 11H.
Joyeux Noël à tous !
Nous avons pu constater cet été combien le jeûne permet la rencontre et le débat.
Nous proposons à tous ceux qui veulent poursuivre cette forme d'engagement de nous rejoindre par un jeûne partagé le 1er lundi de chaque mois.
Afin de donner le plus d'ampleur possible à cette action, merci d'inciter autour de vous le plus possible ; que ceux qui jeûnent le fassent savoir sous cet article ou en envoyant un mail à l'adresse de : lulu.converset@yahoo.fr.
Lulu ouvre sa maison chaque premier lundi - jour de jeûne - pour réfléchir, débattre, partager entre 14 et 20 heures. A partir des propositions des présents pourra s'organiser un cercle de réflexion.
Rendez-vous donc nombreux le 6 janvier 2014.
17 novembre 2013 - 06 décembre 2013
Nous pensons aussi, à dénoncer la manière annihilante, dont l'EAU est captée en territoire Palestinien par des colons Israéliens. Ensuite, elle est capturée, volée, et déviée dans les colonies Israéliennes toutes proches, surplombant les villages Palestiniens. Ce qui reste de cette eau, est revendue, au compte-goutte, aux gens des territoires Palestiniens, 4 fois plus cher que ce qu'elle est vendue, aux colonies. Après cet odieux trafic, et cette déviation de ce qu'est la source de la vie, nous ne pouvons pas supporter d'entendre des Israéliens se vanter de faire refleurir et reverdir le désert du NEGUEV ou la Vallée du Jourdain. En effet, il y a là, un mépris de la manière artisanale dont les paysans Palestiniens sont obligés de cultiver le peu de TERRE et d'EAU, qui leur restent.*
Nous percevons que l'élévation de ce mur en béton, et la capture de l'eau par Israël, dans les sources et les nappes phréatiques des territoires Palestiniens, et le trafic qui s'en suit, cachent l'érection d'un autre mur, celui là en grande partie, invisible, mais non moins réel et opprimant : celui là qui s'érige dans tous les territoires du monde, affairés et occupés par la fabrication des armes, et le commerce que nous en faisons, particulièrement l'armement nucléaire. Ce mur invisible asphyxie et empoisonne notre propre pays : la France.
Ne sommes-nous pas, de par le monde, le quatrième fabricant, pourvoyeur, trafiquant et marchand d'armes ?! Bientôt nous cèderons notre place à ISRAEL et prendrons la sienne sur cette échelle de la honte (voir monde diplomatique de novembre 2013 et voyage de M. François HOLLANDE en Israël- Palestine, les 17- 18- 19 novembre 2013).
En lisant la déclaration des évêques de France, le dernier jour de leur conférence, à Lourdes, le 10 novembre 2013, nous cherchons, mais en vain, une parole qui signifierait qu'ils se laissent alerter par le danger que les profiteurs du nucléaire, font peser sur l'avenir de notre humanité. Je prends un peu plus conscience, combien nous sommes pris pour des perroquets comme l'apôtre Paul sur l'aréopage. (Ac. Chapitre 17)
Cependant c'est avec estime et respect, que nous essayons de continuer à entrer en dialogue, avec nos évêques. En effet, je pense que quelques-uns d'entre eux, ont répondu à nos appels et ont cherché à en débattre au sein de leur assemblée. Mais pourquoi que rien de tout cela, ne transparait dans leur déclaration ? Pourquoi les évêques ne reviennent ils pas sur leur texte : "Gagner la paix du 8 novembre 1983", afin de l'annuler, car dans ce texte, à plusieurs reprises, est justifié l'armement nucléaire de la France ?
Pourquoi nous faut-il aller en Inde pour entendre et reconnaitre les gens qui nous interpellent au sujet de ce mur invisible, mur du nucléaire, mur de violence et de destruction de notre humanité ? En effet, le 15 novembre Jean Marie Muller a reçu des mains du président de la République Indienne, dans la ville de CALCUTTA le prix : "JAMNALAL BAJAJ" pour avoir sauvegardé les valeurs Gandhiennes, en dehors de l'Inde.
Nous apprenons le 5 décembre, la mort de Nelson MANDELA. Merci à toute notre humanité, que soit advenu, un homme comme lui, au cœur de notre existence. Nous continuons d'avoir besoin de prophètes, comme lui, qui ne se laissent pas arrêter et dominer par les murs invisibles, qui barrent la marche en avant de notre humanité. Hommes et femmes qui, par leurs manières de vivre, défont et démolissent ce mur invisible. Ils ne répondent pas à la violence par la violence. Mais en suscitant un état de droit, ils communiquent à la terre entière, le souffle de libération dont elle a besoin, et ainsi bâtissent un pont entre les peuples.
Et, de tout cela, devenons témoins-artisans en nous laissant habiter par ce souffle qui nous vient de Bethléem! En démolissant les murs visibles et invisibles qui nous divisent, en arrêtant l'armement nucléaire de notre propre pays la France, en transvasant cet argent dans les organisations qui travaillent à supprimer la faim dans le monde, en arrêtant ce massacre des innocents, construisons des ponts entre les peuples.
En posant ainsi notre regard "sur la terre comme sur le ciel" ce sera NOËL :
"Aussi bien pour les enfants de Palestine, que pour les enfants d'Israël,
Aussi bien pour les enfants d'Amérique que pour les enfants de Chine ".
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Ce sera à Damparis ce dimanche 22 décembre, et Lulu nous parlera de son voyage en Israël.
Toute information sur le blog : Les amis de Gaby Maire
17 novembre 2013 - 06 décembre 2013
Lorsque j'étais en Palestine et Israël, avec des amis, aux mois de juin, et d'octobre de cette année, nous avons buté à plusieurs reprises, contre le mur de séparation, d'annexion, d'apartheid, qui tente d'étrangler dans un étau, la naissance de l'état Palestinien, en rendant impossible, la vie de chaque jour, du peuple Palestinien.
Afin que nous ne puissions pas dire que nous ne savions pas, et afin d'empêcher que ce mur s'érige davantage, nous continuons d'exprimer ce que nous avons vu et entendu, ce dont nous voulons continuer à être " témoins-artisans" et parvenir à ce qu'un jour, ce mur soit démoli et qu'enfin, Palestiniens et Israéliens vivent ensemble libres.
Nous avons été marqués par les conséquences des violences, et maltraitances, subies par le peuple Palestinien, venant de la part d'Israéliens détenant les pouvoirs politiques et financiers.
Nous dénonçons le fait de ce mur séparateur, qui se prétend et se veut protecteur. Il a commencé à être érigé par des Israéliens en 2002, sur des terres Palestiniennes au-delà de la ligne verte du 04 juin 1967. Ce mur est un énorme et très long serpent de béton, cherchant à asphyxier le peuple Palestinien, l'empêchant de se constituer en "état". Les membres de ce peuple sont nombreux, à vouloir continuer, de résister, de manière non violente, afin de pouvoir vivre et faire advenir l'état Palestinien. Pour cela, ils ne répondent pas à la violence qui leur est faite, par la violence qu'ils pourraient déverser à l'encontre des auteurs de ces agressions. Ils sont des résistants non violents. Ils font appel à la force de "résilience" qui les habite depuis leur enfance. Nous en avons rencontré plusieurs.
Je voudrais nommer quelques uns de ces hommes et femmes résistants non violents. Ce fut une révélation pour nous, que de nous laisser rencontrer par eux. Ils et elles, sont aussi bien Israéliens, Israéliennes que Palestiniens, Palestiniennes :
-FAYEZ AL TANEEH et sa femme MONA, Palestiniens, agriculteurs habitant à TULKAREM.
FAYEZ est secrétaire général de la coordination des comités de résistances pacifiques contre le mur et la colonisation. FAYEZ nous raconte : "... Le mur pour ces villages agricoles qui ont leurs terres de l'autre côté, c'est l'enfer au quotidien. Un système de portes agricoles, tous les cinq kilomètres, a été mis en place... Ces portes ne s'ouvrent que quinze minutes le matin, et quinze minutes l'après-midi."
-MICHEL WARSCHAWSKI, juif Israélien, fondateur de l'A.I.C. (Alternative Information Center).
Michel nous a fait entrevoir une "toute petite fille espérance" qu'un jour la sortie et la libération de l'apartheid, puissent se réaliser par des gens et des événements que nous ne soupçonnons qu'à peine. " Le soleil ne se lève pas rien qu'à l'est." La lumière de nos vies, peut apparaître par ou on ne s'y attend pas.
Maintes fois, au cours de nos déplacements en Palestine - Israël, nous avons évoqué la présence des FEMMES EN NOIR.
Ce sont des Israéliennes. Elles ont créé cette association, afin de lutter pour la paix et les droits humains. Elles manifestent tous les vendredis à midi, contre l'occupation des territoires Palestiniens, par Israël.
Nous avons participé à une de ces manifestations, le vendredi 11 octobre dans un coin de Jérusalem Est, le quartier de SHEIK JARRAH. Nous avons de la peine à imaginer ce qui se passe en cet endroit. Ça nous fait deviner ce qui existe dans de multiples autres lieux colonisés. C'est le responsable d'une coalition d'organisations de défenses des droits de l'homme, qui nous invita, à écouter des pères et mères de familles de SHEIK JARRAH : «les colons ont envahi le quartier, et se sont installés dans certaines maisons de Palestiniens, profitant d'une absence prolongée, même d'une hospitalisation, dans le but de les chasser... Sur chaque maison conquise les colons font flotter le drapeau Israélien, pour marquer leur nouveau territoire. Certains colons, ainsi installés, sont allés jusqu'à dire aux personnes de notre groupe : ‘‘Bienvenue en Israël.’’»
Ils justifient de tels blasphèmes, en se trouvant des motifs, soit disant historiques. Ils disent que ces maisons ont été construites, sur un terrain, où a vécu au troisième siècle avant Jésus Christ, un certain Simon le juste, sage d'Israël. Ce fait, d’il y a plus de trois mille ans, justifierait de telles expulsions aujourd'hui !
Avec toutes ces personnes, nous parlons de MARWAN BARGHOUTI, prisonnier politique, le plus connu de Palestine. C'est le premier député Palestinien emprisonné par Israël, détenu depuis le 15 avril 2002, condamné en 2004 à une peine de cinq ans d'emprisonnement à vie, augmenté de 40 ans de prison... Sa situation nous fait beaucoup penser à Nelson MANDELA...
Accueillis dans les familles à HEBRON, je me retrouve dans la maison de Rachid. Cet homme en me recevant chez lui me dit, que, eux Palestiniens sont persuadés depuis la fin de la 2ème INTIFADA, qu'en ne répondant pas à la violence d'Israël, par la violence, un chemin de libération est en train de se dessiner. A HEBRON notre guide ISSA, nous a dit que : « 2000 soldats Israéliens sont en place en permanence, pour assurer la sécurité de 400 colons idéologiques, qui veulent absolument vivre sur la terre des patriarches. Pour cela, les colons s'arrogent le droit d'être armés parfois à partir de 15 ans. »
Nous nous sommes laissés travailler par la parole des membres de la famille NASSAR, résistants sur le terrain famillial surnommé : "Tente des nations", au sud de Bethléem. Sur un petit rocher qui est à l'entrée de cette terre, que les colonies Israéliennes environnantes, essaient d'accaparer, il est écrit par la famille NASSAR à l'adresse des Israéliens : " Nous ne voulons pas être des ennemis". Et dans un autre endroit du jardin convoité, sur un petit plancher de bois, sont peints ces mots du prophète Isaïe : " Avec le fer des épées qui transpercent nos vies, avec la ferraille de tout ce que l'on se balance à la figure, forgeons des outils pour cultiver la terre. Ainsi, nous pourrons tous nourrir et éduquer nos enfants, et trouver la possibilité de plonger nos racines dans cette terre, à l'image des oliviers". (IS.2,4)
Depuis que je suis rentré de Palestine-Israël, je n'arrête pas de me laisser marquer par les paroles du Docteur Izzeldin ABUELAISH (Médecin accoucheur de GAZA, luttant contre la stérilité) : " Je ne haïrai point", ceux qui m'ont empêchés de parvenir au chevet de ma femme mourante, alors que je cherchais à franchir le mur de séparation, et à passer le CHEK-POINT... "Je ne haïrai point" ceux qui ont tué mes trois filles ainées et ma nièce NOOR, en bombardant notre maison, lors de l'opération : "PLOMB DURCI" du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009... Mais je veux continuer à chercher avec eux et trouver pour eux et pour nous tous, un chemin d'humanité.
Suite à venir
À L’OCCASION DE LA REMISE DU PRIX INTERNATIONAL 2013 DE LA FONDATION JAMNALAL BAJAJ POUR LA PROMOTION DES VALEURS GANDHIENNES EN-DEHORS DE L’INDE
Clic ici pour lire la premère partie de la lettre, et la remise du prix.
Clic sur l'image ci-dessous pour en savoir davantage (en anglais)
Visite à Wardha
Le lendemain, nous quittons notre hôtel à 4h 30 du matin pour nous rendre à l’aéroport afin de nous rendre à Nagpur d’où un bus nous conduira à Wardha. Nous commençons par visiter l’ashram de Paunar, à 8 km au nord de Wardha. C’est dans cet ashram que vécut Vinoba Bhave qui est considéré comme l’un des principaux héritiers de Gandhi. Il s’illustra par le mouvement du « don de la terre » qui demandait aux riches paysans de partager leurs terres avec les plus pauvres. Là se trouve un mémorial qui contient les cendres de Vinoba.
J’avoue avoir eu quelque difficulté à intérioriser le surcroît de vénération dont est entouré la mémoire de Vinoba. Au cours de la rencontre que nous avons avec le responsable de l’ashram, j’évoque ma rencontre avec Jayaprakash Narayan (Ji Pi) en janvier 1977 à Patna. Lorsque celui-ci avait décidé d’organiser la résistance au pouvoir autoritaire du Premier ministre Indira Gandhi, Vinoba lui avait exprimé son désaccord. (Voir sur ce sujet mon article « La non-violence à l’épreuve du pouvoir », dans Gandhi, artisan de la non-violence, Non-Violence Actualité, Montargis, 1991, p. 49-54) Il n’a jamais fait aucun doute pour moi que Ji Pi avait raison contre Vinoba. Mais ce n’était manifestement pas l’opinion de mon interlocuteur. J'ai eu d'autres occasions d'échanger sur ce sujet et j'ai pu constater que mon avis était largement partagé.
Nous sommes ensuite accueillis à L’Institut d’études gandhiennes (Institute of Gandhian Studies) où nous rencontrons Bharat Mahodaya, le directeur de l’Institut, et Siby K. Joseth, le doyen des études et des recherches. J’évoque avec ces derniers la question de la dissuasion nucléaire indienne.
Dans l’après-midi, je participe avec les autres lauréats à une table ronde au Centre scientifique de la Fondation Bajaj devant une assemblée impressionnante de plusieurs centaines de personnes.
Alors que les autres membres de notre délégation rejoignent Bombay dans la matinée du 17 novembre, Hélène et moi restons pour la journée Wardha. Je suis invité à donner une conférence à l’Institut des études gandhiennes sur le thème : « Les défis contemporains de l’action non-violente ». Parmi ces défis, j’insiste sur celui de l’arme nucléaire.
Dans l’après-midi, nous visitons longuement l’ashram de Sevagram. C’est en septembre 1933 que Gandhi vint à Wardha, à 75 km de Nagpur, à l’invitation de Jamnalal Bajaj qui habitait dans cette ville et qui l’avait pressé de s’installer dans cette localité. Gandhi demeura alors dans une annexe de la demeure de Bajaj. En avril 1936, Gandhi, voulant vivre au milieu des pauvres paysans des campagnes, décide de s’installer sur un terrain vague infesté de serpents près du petit village de Shegaon à 8 km de Wardha. Une case en terre fut construite sur les instructions de Gandhi. Par la suite plusieurs huttes furent également construites. En 1940, il nomme ce lieu Sevagram - ce qui signifie « vlllage du service » - qui devient alors son quartier général. C’est là que furent prises désormais les décisions concernant la destinée de l’Inde. C’est à Sevagram, qu’en 1942, il décide de lancer une campagne de désobéissance civile pour exiger des Anglais qu’ils quittent l’inde : « Quit India ». Il sera arrêté le 9 août 1942 et emprisonné à la prison de Poona. Il ne sera libéré que le 6 mai 1944. L’indépendance de l’Inde sera proclamée le 15 août 1947.
En guise de conclusion
Nombreux sont ceux qui m’ont dit : « Tu dois être fier de ce prix bien mérité ?! » À vrai dire, j’éprouve une réelle difficulté pour trouver le ton juste pour exprimer ce que je ressens. Certes, je ne saurais cacher ma satisfaction de voir ainsi reconnu mon investissement en faveur de la non-violence qui est en effet le sens de ma vie, mais je me garde d’afficher une fierté ostentatoire qui ferait preuve d’une présomption déplacée. Qui peut faire valoir sans prétention ses propres mérites ? J’ai simplement fait ma part de travail et je mesure la chance qui m’a permis de l’accomplir. J’ai conscience que les éloges qui me sont adressés par la Fondation Jamnalal Bajaj le sont à travers des formules de circonstance qui ne sont pas sans quelque excès. C’est en quelque sorte la règle du jeu, mais il ne faut pas s’y tromper. Pour autant, elles ne sont pas convenues et il serait incorrect de ma part de douter de leur sincérité. Je les accepte donc avec reconnaissance.
Ce qui me touche le plus, ce n’est pas tant l’attribution de ce prix, que les nombreux signes d’amitié qui me sont adressés à cette occasion. Oserais-je dire que je suis étonné par l’enthousiasme de tous ceux qui me disent leur joie de me voir ainsi récompensé. Quand tout sera dit, ce qui me restera c’est bien ce surcroît d’amitié dont je voudrais très sincèrement remercier tous ceux qui me l’ont manifesté.
À L’OCCASION DE LA REMISE DU PRIX INTERNATIONAL 2013 DE LA FONDATION JAMNALAL BAJAJ POUR LA PROMOTION DES VALEURS GANDHIENNES EN-DEHORS DE L’INDE
Clic ici pour lire la premère partie de la lettre
La cérémonie de la remise des prix
Sécurité policière oblige, une présence policière imposante est visible dans tout le quartier. Une très nombreuse assistance est présente pour la cérémonie. C’est Madhur Bajaj, l’un des petit-fils de Jamnalal, qui m’introduit. Il me présente comme « philosophe et fondateur du Mouvement pour une Alternative Non-violente ». Il précise que « c’est à travers mes livres et mes conférences sur le Mahatma Gandhi à travers le monde que j’ai considérablement contribué à l’histoire de la non-violence. »
Le Président de l’Inde me remet alors, sous forme d’un encadré, une « Citation en l’honneur de Jean-Marie Muller pour sa contribution exceptionnelle à la promotion des valeurs gandhiennes en dehors de l’Inde. » Il est écrit notamment :
« Jean-Marie Muller affirme sa conviction que l’humanité ne sera pas capable de relever les défis auxquelles elle est confrontée dans le monde d’aujourd’hui si elle ne rejoint pas les intuitions de Gandhi. (…)
C’est en se fondant sur les expériences non-violentes de Gandhi et sur son engagement en faveur de la vérité qu’il a construit une architecture philosophique cohérente et rigoureuse. Jean-Marie Muller est une légende vivante et un grand théoricien avec une expérience pratique de l’action non-violente.
La Fondation Jamnalal Bajaj est honorée d’offrir à Jean-Marie Muller cette Citation et le Prix Jamnalal Bajaj. »
Puis le Président me remet la statuette qui représente « une figure humaine qui en embrasse d’autres et qui symbolise la fraternité et l’amour ». Puis je suis invité à prendre la parole… en anglais….
Dans cette allocution, je dis notamment :
« Le génie de Gandhi est d’avoir réconcilié la morale de conviction et la morale de responsabilité, d’avoir réconcilié les exigences de la vie spirituelle et les contraintes de l’action politique.
Gandhi nous invite à revisiter les héritages de nos traditions historiques - aussi bien philosophiques, religieuses que politiques , et à prendre conscience de toutes les complicités que nos cultures ont entretenues avec l'empire de la violence. Nous pourrons alors mesurer l'urgence qu'il y a à développer une véritable culture de non-violence. Ce qui menace la paix, partout dans le monde et dans chacune de nos sociétés, ce sont les idéologies fondées sur la discrimination et l'exclusion et qui toutes ont partie liée avec l'idéologie de la violence. Ce qui menace la paix, en définitive, ce ne sont pas les conflits, mais l'idéologie qui fait croire aux hommes que la violence est le seul moyen de résoudre les conflits. C'est cette idéologie qui enseigne le mépris de l'autre, la haine de l'ennemi ; c'est elle qui instrumentalise l'homme en faisant de lui l'instrument du meurtre. (…)
La sagesse de la non-violence que Gandhi voulut expérimenter aussi bien dans la vie quotidienne que dans la vie politique, invite chacun de nous à revisiter sa propre culture et à discerner en elle, d'une part, tout ce qui légitime et honore la violence contre l'autre homme, et, d'autre part, tout ce qui demande que l'autre homme soit respecté et aimé. Ce double discernement fera apparaître une double exigence. Une exigence de rupture avec tous les éléments d'idéologie qui justifient le meurtre dès lors qu'il prétend servir une cause juste; et une exigence de fidélité aux "valeurs" qui confèrent à l'homme dignité, grandeur et noblesse. Par elles-mêmes, ces valeurs viennent contredire la prétention de la violence à régenter la vie des hommes et des sociétés. C'est en fidélité à ces valeurs que chacun de nous pourra découvrir dans sa propre culture les fondements de la sagesse de la non-violence.
Il est contradictoire et, quelque part malhonnête de s'étonner de récolter la violence après l'avoir cultivée. Cultiver la violence, c'est en faire une fatalité, mais c'est une fatalité tout entière faite de main d'hommes. C'est pourquoi nous sommes mis au défi de cultiver la non-violence. Sans quoi, nous devons craindre d'être incapables d'apprendre l'espérance à nos enfants. »