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Lulu en camp volant

Mgr LAFONT prend position pour le désarmement nucléaire unilatéral.

22 Août 2014, 20:37pm

Publié par luluencampvolant

Merci à Mgr Emmanuel LAFONT, évêque de Cayenne, premier évêque français à prendre position récemment en faveur du désarmement nucléaire unilatéral de la France. Le 14 juillet 2014, il a adressé une lettre de soutien à ceux qui manifestaient par le jeûne pour le désarmement nucléaire, les 6 et 9 août, dates anniversaires de l'explosion des bombes à Hiroshima et Nagasaki.

"Il n’y a aucune justification à la fabrication et au stockage d’armement nucléaire. Il faut le dire haut et clair. Il n’y a aucune justification au fait qu’il faudrait attendre que les autres baissent les armes pour que nous baissions notre armement nucléaire."

Voici sa lettre :

 

14 Juillet 2014

 

Chers amis,

 

        Que la paix soit avec vous.

 

Retenu dans mon diocèse et par différents engagements, je ne peux être des vôtres physiquement pendant votre manifestation de jeûne, autour des 6 – 9 août prochains. Je tiens cependant à vous saluer et à vous dire ma solidarité entière dans le témoignage que vous portez et le désir de faire connaître au plus grand nombre le caractère criminel de l’armement nucléaire.

 

J’ai eu le privilège de me rendre à Hiroshima, le 6 août 1998, et de participer à la cérémonie interconfessionnelle à la mémoire des victimes de la bombe et en imprécation pour que cesse tout armement nucléaire. J’en garde un souvenir  profond. Juifs, musulmans, taoïstes, bouddhistes et chrétiens de différentes religions se sont retrouvés, à ce point zéro pour dire  non à la folie nucléaire.

 

Il n’y a aucune justification à la fabrication et au stockage d’armement nucléaire. Il faut le dire haut et clair. Il n’y a aucune justification au fait qu’il faudrait attendre que les autres baissent les armes pour que nous baissions notre armement nucléaire. Je fais miens les propos du professeur Monod :

 

« Le désarmement, tout le monde en parle, mais personne n'en veut en réalité. Si on y songeait sérieusement, quel est le pays qui aurait le courage de déclarer la paix au monde ? Un pays qui dirait : "Moi, je désarme", désarmement unilatéral ? Ça serait, à travers le monde, une telle flambée de stupéfaction que là, peut-être, les choses changeraient.

La France est LE pays le plus qualifié pour un geste pareil, un geste qui aurait un retentissement prodigieux – j'allais dire cosmique. Là, les choses changeraient.[*]» 

 

Je fais miens les appels répétés du Saint Siège à un désarmement total.

 

L’Afrique du Sud a procédé, au début des années 1990 au démantèlement de son armement nucléaire. Il est vrai qu’elle le faisait pour que cet armement ne tombe pas entre les mains de Nelson Mandela ! Quelle ironie ! Mais ce pays est-il, depuis, plus en danger ? Certainement pas !

 

Je dénonce l’hypocrisie des gouvernements occidentaux qui prétendent empêcher d’autres pays d’obtenir un armement nucléaire alors qu’ils se sont arrogé le droit d’en posséder !

 

Garder nos armes n’est ni humain, ni raisonnable, ni chrétien à fortiori. Je souhaite que mon Eglise ait le courage de le dire, tranquillement mais fermement et clairement. Vous êtes à l’avant-garde de ce combat et de cette conscience. Je vous félicite et je vous remercie. Continuez !

 

 

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne

 

[*] Théodore Monod, Les carnets de Théodore Monod, Le Pré aux clercs, 1997, p. 236

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Playdoyer de Desmond TUTU pour le peuple d'Israël.

21 Août 2014, 21:14pm

Publié par luluencampvolant

L'archevêque émérite Desmond Tutu, dans un article exclusif pour le journal Haaretz, appelle à un boycott mondial d'Israël et demande aux Israéliens et aux Palestiniens de réfléchir au delà de leurs dirigeants à une solution durable à la crise en Terre Sainte.


Publié initialement sur http://www.haaretz.com/opinion/1.610687.

Traduction par la communauté d'Avaaz 


Mon plaidoyer pour le peuple d'Israël: Libérez-vous en libérant la Palestine

Les dernières semaines, des membres de la société civile du monde entier ont lancé des actions sans précédent contre les ripostes brutales et disproportionnées d'Israël au lancement de roquettes depuis la Palestine.


Si l'on fait la somme de tous les participants aux rassemblements du week-end dernier exigeant justice en Israël et en Paslestine - à Cape Town, Washington, New-York, New Delhi, Londres, Dublin et Sydney, et dans toutes les autres villes - cela représente sans aucun doute le plus important tollé de l'opinion citoyenne jamais vu dans l'histoire de l'humanité autour d'une seule cause.

 

Il y a un quart de siècle, j'ai participé à des manifestations contre l'apartheid qui avaient rassemblé beaucoup de monde. Je n'aurais jamais imaginé que nous assisterions de nouveau à des manifestations d'une telle ampleur, mais celle de samedi dernier à Cape Town fut au moins aussi importante. Les manifestants incluaient des gens jeunes et agés, musulmans, chrétiens, juifs, hindous, bouddhistes, agnostiques, athéistes, noirs, blancs, rouges et verts... C'est ce à quoi on pourrait s'attendre de la part d'une nation vibrante, tolérante et muticulturelle.

 

J'ai demandé à la foule de chanter avec moi : "Nous sommes opposés à l'injustice de l'occupation illégale de la Palestine. Nous sommes opposés aux assassinats à Gaza. Nous sommes opposés aux humiliations infligées aux Palestiniens aux points de contrôle et aux barrages routiers. Nous sommes opposés aux violences perpétrées par toutes les parties. Mais nous ne sommes pas opposés aux Juifs."

 

Plus tôt dans la semaine, j'ai appelé à suspendre la participation d'Israël à l'Union Internationale des Architectes qui se tenait en Afrique du Sud.

 

J'ai appelé les soeurs et frères israéliens présents à la conférence à se dissocier activement, ainsi que leur profession, de la conception et de la construction d'infrastructures visant à perpétuer l'injustice, notamment à travers le mur de séparation, les terminaux de sécurité, les points de contrôle et la construction de colonies construites en territoire palestinien occupé.

"Je vous implore de ramener ce message chez vous : s'il vous plaît, inversez le cours de la violence et de la haine en vous joignant au mouvement non violent pour la justice pour tous les habitants de la région", leur ai-je dit.

 

Au cours des dernières semaines, plus de 1,7 million de personnes à travers le monde ont adhéré au mouvement en rejoignant une campagne d'Avaaz demandant aux compagnies tirant profit de l'occupation israélienne et/ou impliquées dans les mauvais traitements et la répression des Palestiniens de se retirer. La campagne vise spécifiquement le fonds de pension des Pays-Bas ABP, la Barclays Bank, le fournisseur de systèmes de sécurité G4S, les activités de transport de la firme française Véolia, la compagnie d'ordinateurs Hewlett-Packard et le fournisseur de bulldozers Caterpillar.

 

Le mois dernier, 17 gouvernements européens ont appelé leurs citoyens à ne plus entretenir de relations commerciales ni investir dans les colonies israéliennes illégales.

Récemment, on a pu voir le fond de pension néerlandais PGGM retirer des dizaines de millions d'euros des banques israéliennes, la fondation Bill et Melinda Gates désinvestir de G4S, et l'église presbytérienne américaine se défaire d'un investissement d'environ 21 millions de dollars dans les entreprises HP, Motorola Solutions et Caterpillar.

C'est un mouvement qui prend de l'ampleur.

 

La violence engendre la violence et la haine, qui à son tour ne fait qu'engendrer plus de violence et de haine.

 

Nous, Sud-Africains, connaissons la violence et la haine. Nous savons ce que cela signifie d'être les oubliés du monde, quand personne ne veut comprendre ou même écouter ce que nous exprimons. Cela fait partie de nos racines et de notre vécu.

 

Mais nous savons aussi ce que le dialogue entre nos dirigeants a permis, quand des organisations qu'on accusait de "terroristes" furent à nouveau autorisées, et que leurs meneurs, parmi lesquels Nelson Mandela, furent libérés de prison ou de l'exil.

 

Nous savons que lorsque nos dirigeants ont commencé à se parler, la logique de violence qui avait brisé notre société s'est dissipée pour ensuite disparaître. Les actes terroristes qui se produisirent après le début ces échanges - comme des attaques sur une église et un bar - furent condamnés par tous, et ceux qui en étaient à l'origine ne trouvèrent plus aucun soutien lorsque les urnes parlèrent.

 

L'euphorie qui suivit ce premier vote commun ne fut pas confinée aux seuls Sud-Africains de couleur noire. Notre solution pacifique était merveilleuse parce qu'elle nous incluait tous. Et lorsqu'ensuite, nous avons produit une constitution si tolérante, charitable et ouverte que Dieu en aurait été fier, nous nous sommes tous sentis libérés.

Bien sûr, le fait d'avoir eu des dirigeants extraordinaires nous a aidés.

Mais ce qui au final a poussé ces dirigeants à se réunir autour de la table des négociations a été la panoplie de moyens efficaces et non-violents qui avaient été mis en oeuvre pour isoler l'Afrique du Sud sur les plans économique, académique, culturel et psychologique.

A un moment charnière, le gouvernement de l'époque avait fini par réaliser que préserver l'apartheid coûtait plus qu'il ne rapportait.

L'embargo sur le commerce infligé dans les années 80 à l'Afrique du Sud par des multinationales engagées fut un facteur clé de la chute, sans effusion de sang, du régime d'apartheid. Ces entreprises avaient compris qu'en soutenant l'économie sud-africaine, elles contribuaient au maintien d'un statu quo injuste.

 

Ceux qui continuent de faire affaire avec Israël, et qui contribuent ainsi à nourrir un sentiment de « normalité » à la société israélienne, rendent un mauvais service aux peuples d'Israël et de la Palestine. Ils contribuent au maintien d'un statu quo profondément injuste.

Ceux qui contribuent à l'isolement temporaire d'Israël disent que les Israéliens et les Palestiniens ont tous autant droit à la dignité et à la paix.

A terme, les évènements qui se sont déroulés à Gaza ce dernier mois sont un test pour ceux qui croient en la valeur humaine.

 

Il devient de plus en plus clair que les politiciens et les diplomates sont incapables de trouver des réponses, et que la responsabilité de négocier une solution durable à la crise en Terre Sainte repose sur la société civile et sur les peuples d'Israël et de Palestine eux-mêmes.

Outre la dévastation récente de Gaza, des personnes honnêtes venant du monde entier - notamment en Israël - sont profondément perturbées par les violations quotidiennes de la dignité humaine et de la liberté de mouvements auxquelles les Palestiniens sont soumis aux postes de contrôle et aux barrages routiers. De plus, les politiques israëliennes d'occupation illégale et la construction d'implantations en zones tampons sur le territoire occupé aggravent la difficulté de parvenir à un accord qui soit acceptable pour tous dans le futur.

 

L'Etat d'Israël agit comme s'il n'y avait pas de lendemain. Ses habitants ne connaîtront pas l'existence calme et sécuritaire à laquelle ils aspirent, et à laquelle ils ont droit, tant que leurs dirigeants perpétueront les conditions qui font perdurer le conflit.

J'ai condamné ceux qui en Palestine sont responsables de tirs de missiles et de roquettes sur Israël. Ils attisent les flammes de la haine. Je suis opposé à toute forme de violence.

Mais soyons clairs, le peuple de Palestine a tous les droits de lutter pour sa dignité et sa liberté. Cette lutte est soutenue par beaucoup de gens dans le monde entier.

Nul problème créé par l'homme n'est sans issue lorsque les humains mettent en commun leurs efforts sincères pour le résoudre. Aucune paix n'est impossible lorsque les gens sont déterminés à l'atteindre.

La paix nécessite que le peuple d'Israël et le peuple de Palestine reconnaissent l'être humain qui est en eux et se reconnaissent les uns les autres afin de comprendre leur interdépendance.

Les missiles, les bombes et les invectives brutales ne sont pas la solution. Il n'y a pas de solution militaire.

 

La solution viendra plus probablement des outils non violents que nous avons développés en Afrique du Sud dans les années 80 afin de persuader le gouvernement sud africain de la nécessité de changer sa politique.

La raison pour laquelle ces outils - boycott, sanctions et retraits des investissements - se sont finalement avérés efficaces, est qu'ils bénéficiaient d'une masse critique de soutien, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Le même type de soutien envers la Palestine dont nous avons été témoins de par le monde durant ces dernières semaines.

 

Mon plaidoyer envers le peuple d'Israël est de voir au-delà du moment, de voir au-delà de la colère d'être perpétuellement assiégé, de concevoir un monde dans lequel Israël et la Palestine coexistent - un monde dans lequel règnent la dignité et le respect mutuels.

 

Cela demande un changement de paradigme. Un changement qui reconnaisse qu'une tentative de maintenir le statu-quo revient à condamner les générations suivantes à la violence et l'insécuruté. Un changement qui arrête de considérer une critique légitime de la politique de l'Etat comme une attaque contre le judaisme. Un changement qui commence à l'intérieur et se propage à travers les communautés, les nations et les régions- à la diaspora qui s'étend à travers le monde que nous partageons. Le seul monde que nous partageons !

 

Quand les gens s'unissent pour accomplir une cause juste, ils sont invincibles. Dieu n'interfère pas dans les affaires humaines, dans l'espoir que la résolution de nos différends nous fera grandir et apprendre par nous-mêmes. Mais Dieu ne dort pas. Les textes sacrés juifs nous disent que Dieu est du côté du faible, du pauvre, de la veuve, de l'orphelin, de l'étranger qui a permis à des esclaves d'entamer leur exode vers une Terre Promise. C'est le prophète Amos qui a dit que nous devrions laisser la justice couler telle une rivière.

 

À la fin, le bien triomphera. Chercher à libérer le peuple de Palestine des humiliations et des persécutions que lui inflige la politique d'Israël est une cause noble et juste. C'est une cause que le peuple d'Israël se doit de soutenir.

Nelson Mandela a dit que les Sud Africains ne se sentiraient pas complètement libres tant que les Palestiniens ne seraient pas libres.

Il aurait pu ajouter que la libération de la Palestine serait également la libération d'Israël.

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Désormais Tibhirine n'appartient plus à l'Eglise, mais à l'humanité.

13 Août 2014, 21:52pm

Publié par luluencampvolant

Tibhirine, le 10 mars 2014     

 

« DESORMAIS TIBHIRINE N’APPARTIENT PLUS A L’EGLISE, MAIS A L’HUMANITE » (Jean-Marie LASSAUSSE)   

 

Avec mes 3 amis Claude, Nelly et Bernard, nous continuons à nous laisser conduire par Patrick MORVAN qui est devenu un frère pour nous. Comme Jean-Marie, il est vraiment là pour nous donner tout ce qu’il a su et pu trouver à Tibhirine.

En descendant de la source du jardin en direction du cimetière où reposent les  restes des corps des 7 moines, une forte impression me travaille. Celle-là, que, de ce petit village, il est en train de couler pour le monde une immense grâce. C’est ça qui fait dire de temps en temps à Jean-Marie : « Désormais Tibhirine n’appartient plus à l’Eglise, mais à l’humanité »

 

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En entrant dans le silence du cimetière, la disposition des 7 tombes me parle lumineusement. Dans la terrible nuit de violence qui enveloppe l’Algérie et toute notre humanité en cette époque, il se dessine là, pour nos yeux, comme une constellation d’étoiles. Je me mets à genoux et j’embrasse la terre, notre mère, qui, en ramassant ces 7 membres de l’humanité dans ses bras, nous rassemble tous pour nous enraciner, et nous faire pousser à leur ressemblance jusqu’à l’extrême de l’Amour. Les humbles grains de foi et d’amour ne deviennent ils pas aussi les jardiniers de l’espérance ?

En me relevant d’entre les morts, ce sont des paroles de vie que je continue d’entendre venant d’eux. Paroles de même sève que celles que j’ai entendues chaque fois que je suis allé me ramasser à l’abbaye d’ACEY en priant avec ce qui est écrit dans « l’Invincible Espérance » et dans « 7 vies pour Dieu et l’Algérie » présentés par Bruno CHENU.

Elles sont aussi de la même trempe que celles que j’avais découvertes dans l’abbaye de LATROUN, lorsque j’attendais Valérie, afin d’aller prendre l’avion à Tel Aviv pour revenir en France le 30 juin 2013. Ce matin-là, accompagné du frère Marie-Bernard, ami lui aussi de Jean-Marie MULLER, j’étais allé lire, entendre, écouter une découverte au creux du jardin de cette abbaye, située en pleine fracture entre Israël et Palestine.

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Photos de Lulu prises à Latroun

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Il y a là en effet quelque chose qui fut pour moi comme une « révélation », «  une apocalypse ». Quelque chose d’étonnant est gravé sur chacune des 7 stèles qui sont là, érigées en mémoire des 7 moines de l’abbaye de TIBHIRINE.


Merci tout rempli d’action de grâces, à celles et ceux qui ont compris, et nous l’ont partagé, que, ce que le Fils de l’Homme, par la médiation de l’apôtre Jean, dit à l’ange de chacune des 7 églises d’Asie, c’est à chacun des 7 moines de Tibhirine qu’il le dit :


-      A Christophe, il dit :

« La constance aussi ne te manque pas. N’as-tu pas souffert pour mon nom sans te lasser ? Au vainqueur, je ferai manger de l’Arbre de Vie placé dans le paradis de Dieu. (Ap 2, 3,7) »

 

-       A Bruno, il dit :

« Je connais tes épreuves. Reste fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la Couronne de Vie. » (Ap, 2,10)

 

-      A Luc il dit : 

«  Tu tiens ferme à mon nom. Au vainqueur je donnerai de la manne cachée. Je lui donnerai aussi un caillou blanc, un caillou portant gravé un nom nouveau » (Ap2, 13, 17)

 

-      A Paul, il dit :

«  Je connais ta conduite : l’amour, la foi, le dévouement, la constance dont tu fais preuve. Tenez ferme jusqu’à mon retour. Au vainqueur, je donnerai l’étoile du matin. (Ap 2,19, 28)


-      A Michel il dit :

«  Tu n’as pas souillé tes vêtements. Le vainqueur sera revêtu de blanc. Son nom, j’en répondrai en présence de mon Père. » (Ap,3, 4, 5)


 

-       A Célestin il dit :

 « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui, et lui près de moi … Au vainqueur, je donnerai de prendre place auprès de moi sur mon trône. (Ap3,20,21 )


 

-       A Christian il dit :

«  J’ai ouvert devant toi une porte que nul ne peut fermer et disposant pourtant de peu de puissance, tu as gardé ma parole sans renier mon nom. Tiens ferme. Sur le vainqueur, je graverai le nom de mon Dieu, le nom nouveau que je porte » (Ap3,8,12)

 

Il vient alors à mes yeux et à ma conscience, que ces paroles que le Fils de l’Homme donne à ces 7 témoins-martyrs de l’Atlas, c’est à nous tous, en humanité, qu’il les communique.

 

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L'anti-pub

11 Août 2014, 12:34pm

Publié par luluencampvolant

Les pubs sur les blogs ou les sites que vous consultez sont trop agressives ? Il existe un moyen de respirer à nouveau, en téléchargeant le pare-pub Adblock Plus (clic). Vous ne supprimerez pas les pubs imposées, mais vous ne les verrez plus.

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Comment retrouver nos visages d'hommes lorsqu'ils ont été défigurés ?

8 Août 2014, 21:56pm

Publié par luluencampvolant

Dampierre, le 6 août 2014

 

COMMENT RETROUVER NOS VISAGES D’HOMMES LORSQU’ILS ONT ETE DEFIGURES ?

 

Aujourd’hui chez les chrétiens c’est une grande fête : celle de la reconnaissance que Jésus, «  le Fils de l’Homme » est transfiguré en présence de trois de ses disciples : Pierre, Jacques et Jean. Cette transfiguration se réalise de manière étonnante : « Son visage devient brillant comme le soleil et ses vêtements blancs comme la lumière… » (Mt, 17,2). En même temps, les disciples qui assistent à cet évènement entendent et comprennent que ce « Fils de l’Homme » Jésus, est le Fils bien aimé de Dieu, en qui son Père a mis tout son amour » (Mt 17, 5) Et nous-mêmes nous prenons acte que ce qui s’est dessiné sur le visage de l’Homme-Dieu, est dessiné désormais sur nos visages à nous tous membres de l’humanité. C’est notre acte de foi-confiance. C’est gravé dans nos cœurs. Comment empêcher que ce qui s’est réalisé là soit abimé par nous-mêmes.

 

Au début du mois de juin de l’année dernière, en traversant les territoires palestiniens, afin de me rendre à Bethléem, je suis passé au pied du Mont Tabor où, cet évènement de la transfiguration s’est accompli. Et il y eut quelque chose d’étonnant : l’ânesse Joséphine que j’avais dû retrouver pour accomplir ce voyage n’était pas tellement partante. Elle me faisait marcher très lentement. Elle trainait les sabots. Ça m’énervait. Mais je compris qu’elle faisait cela pour m’aider à voir clair. Elle me disait : « Est-ce que tu prends conscience en passant au pied du Mont Tabor, que vous les humains vous abimez ce qui vous est révélé sur cette montagne … Ne marche pas trop vite … Comprends que vous vous défigurez les uns les autres. Regarde bien durant cette marche que nous sommes en train de faire ce que des hommes font à d’autres hommes.

 

Et de fait, en entrant à Jenine dans le petit peu de « territoires laissés » aux Palestiniens, je découvrais qu’ils sont « occupés « comme me le confirmait le Père Jonny lorsqu’il m’accueillit à Naplouse en compagnie des religieuses de Mère Térésa : « Ici on est en territoire occupé » J’apprenais que des membres du pouvoir israélien, appuyés par les soldats de l’armée Tsaal, vidaient des familles entières de leurs habitations et accaparaient leurs maisons et leurs terres. Ce n’est pas une attitude d’hommes. Notre humanité en est défigurée.

 

Quelques temps après, j’apprenais que des responsables politiques et civils, capturaient l’eau dans les nappes phréatiques des villages palestiniens pour la pulser dans leurs propres villes et leurs colonies. Ils dévitalisaient ainsi le pays  palestinien.

 

J’apprenais encore, quelques temps après, que des hommes empêchaient d’autres hommes de se rendre dans leurs familles, ainsi que sur leurs lieux de travail, quand ils en avaient un, ainsi que dans les lieux de soins, tels que dispensaires et hôpitaux, en érigeant  un mur de séparation de huit mètres de haut. Notre mère la Terre, n’était plus la Terre des hommes.

 

Aujourd’hui, jour de la transfiguration, j’apprends par le journal, que dans   « Gaza, la population redécouvre une vie sans les bombes » Une trêve enfin commence, voilà un mois que le Gazaouis n’ont pas arrêtés d’être pilonnés, emprisonnés, asphyxiés par d’autres hommes. A la manifestation de Besançon l’autre jour, afin d’arrêter cette guerre, quelqu’un qui connait bien Gaza et le drame vécu par ses habitants, nous appelait à proclamer : « Nous sommes tous des Palestiniens » Cinquante jeunes filles et jeunes gens israéliens ont refusé dernièrement d’aller à la conscription. Ils sont devenus refuzniks, refusant de défigurer des Palestiniens.  Mais nous autres, pays européens, nous devons arriver à nous organiser pour empêcher cette guerre. Est-ce que nous ne continuons pas à fabriquer et vendre des armes ? Nous divulguons même sur les ondes au moment des informations la propagande israélienne qui justifie le déluge de bombes sur Gaza, en faisant l’opération « Bordure protectrice ». Bien sûr que nous réprimons aussi l’attitude du Hamas. Nous sommes appelés à dépasser les intérêts communautaristes et confessionnels dans la gestion de tous pays.

 

Nous ne pouvons pas non plus laisser se défigurer le visage de notre humanité par tout ce qui se passe en Irak, en ce moment, où des dizaines de milliers d’Irakiens, appartenant à des minorités religieuses, notamment des chrétiens mais aussi yézidis, vivent un véritable exode. Ils ont été vidés de Mossoul le 10 juin dernier, ils viennent d’être expulsés de Qaraqosh, par les miliciens sunnites de l’Etat Islamique (EI). Ils sont démunis de tout, et fuient vers le Kurdistan, ils sont en danger de mort. (Beaucoup ont déjà été massacrés).

 

Nous jeûnons aujourd’hui, pour prendre conscience que dans notre être d’homme et dans notre peau, qu’au profond de nous, est logée notre capacité d’arrêter de nous massacrer les uns les autres. Je dis : « les uns, les autres, «  car j’ai pris conscience quand j’étais soldat durant la guerre d’Algérie, que, lorsque les Algériens étaient vidés de leurs mechtas durant les opérations jumelles Cigale et Etincelle, afin d’établir le Plan Challes, nous, soldats, nous nous vidions de notre humanité. Quand nous abimions des hommes, nous nous abimions nous-mêmes, nous cessions d’être des hommes nous-mêmes. Le fait de jeûner aide à approfondir cette prise de conscience.

 

Et nous jeûnons aujourd’hui 6 août, aussi afin de commémorer ce qui a été fait à des hommes par d’autres hommes ce jour-là, et empêcher que ça se reproduise : l’éclatement d’une bombe atomique au dessus d’Hiroshima, provoquant la mort de 180 000 personnes. Nous jeunerons aussi le 9 août pour la même raison et dans le même but que l’éclatement d’une même bombe atomique sur Nagasaki, provoquant la mort de 130 000 personnes, ne se renouvelle jamais.

 

Nous ne pouvons pas et n’avons pas le droit de nous maintenir dans de telles menaces de mort, les uns par rapport aux autres, en devenant détenteurs de telles armes de destruction massive. Cette attitude est criminelle, nous sommes aux antipodes de l’humain, de telles déflagrations sont de lamentables défigurations de l’humanité.

 

A Hiroshima et à Nagasaki, c’est toute l’humanité qui a été défigurée.  Tout d’abord, ceux qui ont déclenchés l’éclatement de l’arme nucléaire à l’encontre de toute une cité, de tout un peuple ; en accomplissant de tels crimes, ils ont cessé d’être dans une attitude d’hommes. Certains ne s’en sont pas remis.

 

Et ils ont été défigurés aussi, ceux qui ce jour-là, ont été tués, annihilés, le visage brûlé. Leurs terres ont été rayées de la carte, plus rien ne pourra y pousser. Les survivants, abimés jusque dans leur capacité de mettre au monde des enfants, avec le risque de faire naitre des petits profondément handicapés.

 

Le jeûne est un véritable laboratoire. Nous jeûnons pour chercher comment nous arrêter d’entretenir une telle menace, une telle peur et terreur les uns par rapport aux autres, et nous arrêter de nous défigurer les uns les autres. Afin tout simplement de prendre conscience que nous avons la capacité d’être véritablement des humains les uns envers les autres.

 

Aujourd’hui, jour de la Transfiguration , je prends conscience que nous nous sommes défigurés à Hiroshima et Nagasaki, en prétendant accéder à la paix mondiale,  en mettant à genoux tout un peuple, et en l’annihilant.

 

Aujourd’hui, grâce au jeûne et à l’opinion de tous les amis qui y participent, il y a quelque chose que je vois mieux. En jeûnant,  je refuse de continuer à laisser se défigurer mon visage et à se dénaturer mon regard sur quelqu’ homme que ce soit. Je retrouve mon visage d’homme, parce que je refuse de pactiser avec le gouvernement de mon pays qui continue à se doter d’armes nucléaires  plus performantes. En jeûnant, j’entre aussi en dissidence par rapport à mon Eglise qui continue de cautionner l’armement nucléaire de la France, en maintenant la déclaration de la Conférence des Evêques de France du 8 novembre 1983. Toute notre amitié reconnaissante à vous Jean-Marie MULLER et au M.A.N.V. (Mouvement Alternatif Non Violent)  qui apportez aux membres de l’A.D.N. (Alerte pour le Désarmement Nucléaire) que nous sommes, le ressourcement prophétique, qui nous fait nous envisager les uns les autres en humanité, comme le Christ nous dit que Dieu notre Père nous regarde tous, le jour de la transfiguration.

 

Nous jeûnons dans une humble joie pour retrouver notre dignité, en appelant notre pays à se démunir de l’arme nucléaire.  Invité hier à un repas familial dans un village voisin de Dampierre, un homme de mon âge, sachant nos engagements et que nous jeûnons pour demander l’arrêt de l’armement nucléaire de la France de manière unilatérale, cet homme me racontait que son oncle Raymond lui disait quand il était gamin : «  Au lieu de faire des usines d’armement, on ferait mieux de faire des casseroles, d’y mettre à manger, ainsi, on pourrait nourrir le monde » mais tout de suite après, quelqu’un d’autre  me disait : «  La centrale nucléaire de Creys-Malville … c’est elle qui m’a donné du travail … ça m’a permis d’élever ma famille, mais je sais pourtant que les effets du plutonium mettent 26 000 ans pour ne plus avoir de nocivité. »

 

Nous nous sommes partagés nos questions et réflexions vitales pour l’avenir de l’humanité : Nous nous sommes demandé quel héritage nous laissons à nos enfants et petits enfants ? ils sont là en train de jouer dans la salle à manger au milieu de nous. Leur laisserons-nous une terre qui risque de leur éclater dans les mains et à la figure, les défigurant pour toujours.

 

Je ne suis pas sûr d’être arrivé à nous interpeller, afin d’emprunter un tout autre chemin que celui-là, dans lequel nous sommes embarqués ? J’aurais tellement voulu que nous nous remettions en cause, que quelque-chose de la transfiguration de Jésus apparaisse sur nos visages, dans notre bouche et dans nos cœurs, et que nous nous aidions les uns les autres à « Libérer la France de son arme nucléaire » comme nous y appelle Jean-Marie Muller, que nous cessions de préméditer un crime contre l’humanité et de la défigurer.

 

Ainsi, nous retrouverions nos visages d’hommes, de femmes et d’enfants.

 

En jeûnant, je voudrais que nous nous apprenions à chercher et trouver les chemins pour nous arrêter de programmer et perpétrer notre odieux massacre les uns par les autres. Je suis humblement confiant que nous pouvons être des bâtisseurs et non des casseurs.

 

Telle est notre Transfiguration !

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La gratuité se paie...

5 Août 2014, 13:00pm

Publié par luluencampvolant

Overblog a décidé d'inonder ses blogs de pubs... Désolés pour ce désagrément !

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Jeûnes-action du 6 au 9 août pour l'abolition des armes nucléaires

5 Août 2014, 12:44pm

Publié par luluencampvolant

A Dampierre, les membres d'ADN (Alerte pour le Désarmement Nucléaire) ont commencé à jeûner, ou à se retrouver pour des échanges fructueux ce 1er lundi du mois d'août... Si vous êtes dans la région, n'hésitez pas à les rejoindre tout au long de cette semaine, et en particulier les 6 et 9 août de 16h00 à 19h00.

 

D'autres personnes manifestent aussi en France et dans le monde à l'occasion des catastrophes d'Hiroshima et Nagasaki.

 

      http://actionawe.org/wp-content/uploads/2014/06/hawk21.jpg

 

Des anglaises ont lancé l’initiative d’encercler la base de Burghfield l’équivalent de Valduc en Angleterre) avec une écharpe rose de 11 km pour symboliser et marquer leur refus de la bombe.

Les Françaises en ont tricoté une de 60 mètres, dont 4 mètres par des Côte-d’Oriennes !

Cette écharpe rose sera déroulée à Valduc le 6 août, puis à Paris le 7, puis reliée à l’écharpe de 11 km entre Burghfield et Aldermaston.

 

  • Dominique Lalanne donne RDV au Mur pour la Paix, le mercredi 6 août à 8h pour la cérémonie commémorative du bombardement de Hiroshima, Place Joffre, à Paris, et pour ceux qui le souhaitent de les rejoindre pour jeûner jusqu'au 9 août. Toutes les infos sur www.vigilancehiroshimanagasaki.com

 

Soyez à l'affût d'autres RDV

 

Et voici 2 chansons de Boris Vian, à réécouter...

 


 

 

 

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Une semaine très spéciale !

2 Août 2014, 21:24pm

Publié par luluencampvolant

Chaque premier lundi du mois, des personnes jeûnent pour demander l'arrêt de l'armement nucléaire, et un groupe de jeûneurs et de sympathisants se réunit à Dampierre (Jura). Lors de la rencontre du 7 juillet, le groupe s'est baptisé A.D.N. (Alerte pour le Désarmement Nucléaire).

 

Comme tous les 1ers lundis du mois, les membres de A.D.N. se réuniront lundi 4 août à Dampierre de 16h à 19h. 

Ce lundi 4 août, ouvrira une semaine spéciale : 

Il y a un an, Lulu rentrait à Dampierre après sa marche pour la paix du Jura à Bethléem. Il rentrait pour commémorer les bombardements d'Hiroshima et Nagasaki. Il invitait ses amis à le retrouver sous une tente devant l'église de Dampierre, et à demander avec lui l'arrêt de l'armement nucléaire de la France, par le jeûne. (Voir les CR de ces rencontres sur le blog, ICI, ICI et LA)

 

Cette année encore, vous pouvez vous unir à cette action, en particulier le lundi 4 août, le mercredi 6 août, et le samedi 9 août. 

Des rencontres sont organisées à Dampierre ces 3 jours-là de 16h à 19h mais Lulu sera heureux de vous accueillir tout au long de cette semaine.

 

Soyez nombreux à soutenir cette action, et à manifester votre soutien.

 

D'autres actions en France, notamment à Paris :

Le collectif des "Indignés de l’arme nucléaire", en souvenir des victimes d'Hiroshima et de Nagasaki, appelle à un campement citoyen devant le Ministère de la Défense à Paris le 6 août 2014. Début de l'action à 11h le matin.   Plus d'infos ici.

 

N'hésitez pas à laisser un commentaire sous cet article pour signler d'autres RDV.

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"Les moines, ils nous aimaient !"

2 Août 2014, 21:11pm

Publié par luluencampvolant

Tibhirine le 10 mars 2014

 

«  LES MOINES, ILS NOUS AIMAIENT »

(Un habitant du village de Tibhirine)

Nous avons du mal de quitter la chapelle. Il s’est échangé en cet endroit, tant de choses entre « ces hommes et leur Dieu », de ces « choses cachées depuis le commencement du monde. » (Ps 77, 2 - Mt 13,35) C’est en ce lieu qu’ont retenti dans le silence avec une humble intensité,  tant de paroles s’enracinant dans la chair de nos frères moines. C’est là, « qu’ils ont donné chair aux psaumes », pour reprendre un mot du jardinier de ces lieux. C’est là que la parole de Dieu, s’entremêlant à la parole des gens du voisinage et aussi de tous les gens d’Algérie, leur est rentrée dans la peau. 

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Cette peau va en être labourée, tellement déchiquetée, qu’un jour elle ne leur restera même plus sur le dos. » ( Ps : 128, 3 ; Job 19) Voilà que nos frères moines sont devenus des jardiniers et des cultivateurs de l’action non violente. Nous ramassons et nous cueillons les fruits de cette action dessous ce que les moines ont semé et planté. ( Jn, 4,28 ; Ps 125 ). Il y a urgence pour nous-mêmes de semer et planter les graines de leurs comportements dans nos rencontres. Jean-Marie nous disait encore tout à l’heure en venant,  qu’à Tibhirine « les moines ont tenté de faire un pont entre leur prière et les cris des hommes d’aujourd’hui. » Au moment où nous allons franchir le seuil pour sortir de la chapelle, c’est avec un sens aigu de l’histoire que nous entendons Patrick nous raconter : « il ne faut pas que j’oublie de vous dire que c’est dans cette chapelle qu’il s’est passé un évènement initiateur le 21 septembre 1975. Vous irez voir dans le livre de Jean-Marie, reprenant ce qui s’est passé ce soir-là.

 

« Christian de CHERGE n’étant pas encore prieur du monastère, nous sommes en pleine période du ramadan. Il prend le temps après complies pour l’adoration silencieuse. Il sent alors la présence d’un autre dans la chapelle. Un homme en prière, mais ce n’est pas un moine, qui laisse venir sur les lèvres « Allah Akbar » Commence alors, entre silence et prière à deux voix, un moment de grâce inédit, inouï. L’arabe et le français se mélangent, se rejoignent mystérieusement, se répondent, se fondent et se confondent, se complètent et se conjuguent. Le musulman invoque le Christ. Le chrétien se soumet au plan de Dieu sur tous les croyants, et l’un d’entre eux qui fut le prophète Mahomet. »

 

Il y a comme cela des petites anecdotes, des petits faits révélateurs de ce qui s’est vécu à Tibhirine. «  Les travaux du prieur à propos du dialogue interreligieux sont un trésor dont nous découvrons seulement l’étendue. » Ce sont tous ces faits, les travaux en commun dans le jardin avec Christophe, les paroles qui situent bien qui ils sont les uns par rapport aux autres, petits oiseaux et petites branches du grand arbre qu’est notre humanité. C’est encore tout le long et quotidien défilé des enfants, des femmes et des hommes venant se faire soigner auprès du frère Luc, le visiteur-priant de ce fameux soir du 21 septembre 1975, revenant de temps en temps et disant : « il y a longtemps que nous n’avons pas creusé notre puits » A partir de 1993 jusqu’au 26 mai 1996, il y a eu tous ces moments où ces hommes se sont affrontés dans une attitude non violente en reconnaissant : « Pouvons-nous partir de cet endroit, après ce que nous entendons et voyons, ne sommes-nous pas appelés à rester avec les gens de Tibhirine … ? » C’est toute cette longue histoire qui a fait dire récemment à un homme du village de Tibhirine : « Les moines, ils nous aimaient »

 

Patrick nous dit : « Voulez-vous que nous nous dirigions vers la fontaine et ensuite vers le cimetière » En faisant ce trajet, je pense à l’attitude de Christian et de ses frères moines, aux actes qu’ils ont été amenés à réaliser et aux paroles qui en sont sorties. Ils nous appellent à nous démunir, à nous défaire et à nous désarmer de tout ce qui nous empêche d’être des hommes. Plusieurs faits vécus ici me reviennent, dont Jean-Marie et Patrick témoignent. La veille de Noël 1993, un commando avec Sayah Attiyah à sa tête, fait irruption dans le monastère. Ils rattroupent les moines et les gens de l’hôtellerie et commencent à vouloir poser leurs exigences. Christian intervient en disant : » Jamais personne n’est entré ici avec des armes. Si vous voulez discuter avec nous, entrez, mais laissez vos armes dehors. Si ce n’est pas possible, allons dehors … car Noël pour nous, c’est la fête du Prince de la paix et vous venez en armes. Le chef des rebelles finira presque par s’excuser : « Je ne savais pas »

 

En septembre 1994, frère Luc dira dans son journal : « la vie chrétienne ce n’est pas d’abord d’écrire sur Dieu, c’est de révéler chacun à sa manière, le visage de Jésus dans la vie de chaque jour.

 

Dans sa prière, Christian dira : « Seigneur, désarme-moi, désarme-les »

 

Nous sentons, en respirant profondément durant notre déplacement, que ce lieu appelé par Etienne Léon Duval : « le poumon du diocèse » est en train de le devenir pour des horizons encore plus larges que ceux-là. Ce que nous comprenons et ramassons en notre for intérieur, nous voulons l’emporter, pour le planter, le semer et le partager, avec vous, amis de France, avec qui nous allons bientôt nous retrouver. Nous voulons vraiment faire avec vous cette découverte, que l’Eglise d’Algérie, dans le sillage des moines de Tibhirine, est une Eglise de la rencontre.

 

En accomplissant ce trajet, c’est merveilleux d’apercevoir toutes ces graines de non violence, que Patrick va encore nous aider à ramasser. J’aime beaucoup réentendre de sa bouche ce que nous avons déjà entendu de celle de Jean-Marie ou lu dans son livre, particulièrement ce qui s’est passé le 14 décembre 1993. Ce jour là, 12 croates de confession chrétienne, sont assassinés à Tamesguida … là, dans ce village que vous voyez en contrebas de chez nous. Christian de CHERGE écrira dans La Croix du 24 février 1994, «  Il faut dire l’humiliation de tous ceux qui dans notre environnement ont ressenti ce massacre comme une injure faite à l’islam, tel qu’ils le professent et cela au double titre de l’innocence sans défense et de l’hospitalité accordée. Si nous nous taisons, les pierres de l’oued, encore baignées de leur sang, crieront jusqu’aux cieux. » (Luc 19, 40)

 

Nous relirons à ce sujet les paroles de frère Christophe dans son journal : « Le massacre des croates nous a traumatisé. Oui, car nous ne sommes pas blindés par la clôture. Elle délimite un espace d’accueil, elle figure un espace ouvert. Blessée par la souffrance de ce monde, elle pose une résolution d’amour crucifié face aux ennemis. » Il faut relire ce que ce frère a écrit dans son journal ! C’est une mine pour nous ressourcer en action non violente. Les moines ne sont pas naïfs, ils savent qu’ils pourront être directement concernés par cette violence.

 

En parvenant auprès de la source en contre haut du jardin, il me revient des paroles que Jean-Marie nous a partagées hier soir et ce matin et particulièrement celles-ci : » L’Eglise d’Algérie ne dénombre que quelques milliers de chrétiens dans un pays de quelque 35 millions d’algériens. Elle ne compte que quelques chrétiens algériens, une majorité des pratiquants venus d’occident ou d’Afrique sub saharienne. Nous sommes invités à poursuivre, à réinventer chaque jour l’Église de la rencontre. Il n’y a pas d’autre visage possible en terre musulmane ou en terre non chrétienne. Peut-être même l’Eglise d’Algérie a quelque chose à dire à l’ensemble de l’Eglise sur cette façon d’être en relation avec le monde… Etre en Église au service des autres, une Eglise qui se nourrit de la foi et aussi de la non foi, de l’indifférence des autres. Elle se doit de dénoncer l’image trompeuse qui lui colle à la peau, d’une Eglise qui condamne, qui juge, pour révéler une Eglise qui ressent, qui fait siennes les interrogations des hommes d’aujourd’hui.

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