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Lulu en camp volant

Réfugiés, migrants, sans-abri

25 Novembre 2015, 13:11pm

Publié par luluencampvolant

le 5/9/2015 à Paris,rassemblement en faveur de l'accueil des réfugiés (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

le 5/9/2015 à Paris,rassemblement en faveur de l'accueil des réfugiés (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

« Réfugiés, migrants, sans-abri :

refuser la concurrence entre les précaires »

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Le CMR-Jura et les Pôles ‘Solidarité’ des paroisses du Doyenné vous invitent :

 

Le Samedi 28 Novembre de 14 H/18 H –

 

à la Communauté des Filles du Saint Esprit -Rue St Roch – Poligny

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Alors que l’actualité nous rappelle les drames humains qui se vivent dans l’exil de populations touchées par les violences de conflits armés, par la famine, certains pensent que notre pays déjà trop impacté par le chômage ne peut se permettre d’accueillir de nouveaux immigrés... et veulent nous instrumentaliser en flattant nos peurs et nos égoïsmes.

14H : table ronde avec la participation de ceux qui ont vécu des déplacements, et/ou s’engagent aux côtés des exilés :

- Sarti Hong, ses parents cambodgiens ont fuit le régime des khmers rouges après avoir perdu leur famille

- Mieczyslawa, a quitté la Pologne, les siens, sa profession pour fonder une famille en France

- Nan Suel, militante de l’association ‘terre d’errance’ engagée solidairement aux côtés des exilés des ‘jungles’ du Pas de Calais.

- André Jantet ancien directeur de CADA (Centre D’accueil des Demandeurs d’Asile) de Dole, aujourd’hui engagé dans la défense des droits des demandeurs d’asile.

· Suivi d’un temps d’échanges et de débats par petits groupes.

 

17 H : L’étranger dans la Bible, dans notre histoire, dans nos vies.

par le P. Jean-Baptiste Dole

 

· Nos engagements possibles, pour que l’accueil de l’étranger soit, une chance d’engager de nouvelles pratiques économiques, pour redéfinir notre vivre ensemble.

 

18 H : Verre de l’amitié

Contact : 06 88 20 18 03-- CMR-Fédé

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Le terrorisme

19 Novembre 2015, 15:03pm

Publié par luluencampvolant

Le terrorisme

Au-delà de la dissuasion, mais en deçà de la guerre

 

(texte écrit par Jean-Marie MULLER il y a quelques années,

voir l'introduction actualisée après les attentats du 13 novembre ici )

De par sa signification étymologique, le terrorisme est soit une méthode de gouvernement, soit une méthode d'action directe qui vise à engendrer "la terreur", c'est-à-dire à créer un climat de peur, d'effroi et d'épouvante au sein d'une population. Le plus couramment, le terrorisme désigne une technique d'action violente utilisée par un groupe minoritaire qui veut faire valoir ses revendications politiques. La caractéristique de la stratégie terroriste est de permettre, par les moyens techniques les plus simples, de contourner et de mettre en échec les dissuasions militaires dont les moyens techniques sont les plus sophistiqués. Alors que les grandes puissances industrielles prétendent détenir les armes qui rendent inviolable leur sanctuaire national, l'arme des terroristes vient porter la peur, la violence et la mort au cœur même de leurs villes. Le terrorisme vient prendre complètement à revers la défense des sociétés modernes en sorte que les armes les plus puissantes s'avèrent inutiles et vaines aux mains des décideurs politiques et militaires.

 

Le terrorisme n'est pas la guerre. Sa stratégie, au contraire, pose comme postulat le refus de la guerre. Ce qui caractérise la guerre, c'est la réciprocité des actions décidées et entreprises par chacun des deux adversaires. Or, précisément, face à l'action des terroristes, aucune action réciproque ne peut être entreprise par les décideurs adverses. Ceux-ci se trouvent en effet dans l'incapacité de répondre coup pour coup à un adversaire sans visage qui se dérobe.

 

Le discours dominant veut isoler la violence terroriste des autres formes de violence pour mieux la condamner. L'action terroriste est alors dénoncée comme le crime de la violence pure dont l'illégitimité absolue ne doit pas être discutée, alors que, dans le même temps, on s'accommode assez volontiers d'autres violences soit-disant légitimes. Face au terrorisme, aussi bien les États que les opinions publiques font preuve d'une indignation sélective qui tend à banaliser les autres formes de violence. Certes, le terrorisme ne mérite aucune complaisance et ses méthodes sont effectivement criminelles. Certes, le terrorisme tue des innocents, mais la guerre ne tueraitelle que des coupables ? En définitive, du point de vue de la non-violence, le jugement éthique porté sur le terrorisme doit être guidé par les mêmes critères fondamentaux que ceux auxquels on se réfère pour juger habituellement la violence. Le discours qui condamne le terrorisme aura d'autant moins de force et de cohérence s'il justifie par ailleurs d'autres formes d'action violente qui ne sont pas moins meurtrières et qui peuvent être également criminelles.

 

La rhétorique antiterroriste affirme haut et fort que le terrorisme renie les valeurs supérieures de la civilisation exigeant le respect de la vie humaine. Soit. Mais, précisément, défendre ces valeurs, c'est d'abord les respecter dans le choix même des moyens mis en œuvre pour les défendre. Vaincre le terrorisme, c'est agir avec la plus grande prudence en veillant à ne pas renier soi-même les exigences qui fondent le respect de la vie. Vaincre le terrorisme, c'est d'abord refuser d'entrer dans sa propre logique de violence meurtrière. Le vecteur principal du terrorisme est l'idéologie de la violence justifiant le meurtre. Défendre la civilisation, c'est d'abord refuser de se laisser contaminer par cette idéologie. Et cela exige de renoncer aux opérations militaires qui impliqueraient inévitablement de tuer des innocents. Car, sinon, les démocraties risqueraient fort de se rendre coupables des méfaits mêmes qu'elles reprochent aux terroristes. Lorsque le terrorisme défie les démocraties en visant à les déstabiliser, elles doivent le combattre selon une stratégie cohérente avec leurs propres exigences et leurs propres normes, sans rien emprunter aux incohérences des terroristes. Elles doivent se défendre en se plaçant résolument sur le terrain qui est le leur, celui du droit, et refuser de se laisser entraîner sur le terrain de l'arbitraire qui nie le droit.

 

Ainsi le terrorisme n'est pas la guerre et c'est donc se fourvoyer de prétendre le vaincre en faisant la guerre. Certes, les sociétés démocratiques ont non seulement le droit, mais elles ont le devoir de se défendre avec la plus grande fermeté contre le terrorisme. Cependant, une fois reconnu ce droit et ce devoir de légitime défense, la vraie question est de savoir quels sont les moyens légitimes et efficaces de cette défense. La riposte immédiate est de prendre des mesures de police qui doivent éviter toute dérive policière et, pour cela, respecter scrupuleusement les normes du droit. Dans le cadre strict de la loi, tout doit être fait pour découvrir les réseaux et les démanteler. Les coupables, dès lors qu'ils sont clairement identifiés, doivent être arrêtés et jugés.

 

Mais pour vaincre le terrorisme, il convient de s'efforcer d'en comprendre les causes et les objectifs. Il ne faut pas que l'indignation contre la méthode dispense d'analyser les raisons de l'action, sous le prétexte fallacieux que rechercher à comprendre le terrorisme ce serait déjà commencer à le justifier. Les faits montrent pourtant que l'indignation est inopérante. Elle ne permet pas de comprendre pourquoi des hommes, en sacrifiant leur propre vie, décident d'aller jusqu'aux frontières extrêmes de la violence destructrice et meurtrière. Pour éradiquer le terrorisme, pour le déraciner, il faut s'efforcer de comprendre quelles sont les racines historiques, sociologiques, idéologiques et politiques qui l'alimentent. Certes, le terrorisme peut être irrationnel et se condamner lui-même à n'être qu'un acte nihiliste animé par la volonté de détruire et le désir de tuer. Le terrorisme veut être alors essentiellement une transgression s'accomplissant dans l'ignorance du bien et du mal. Pour autant, ce serait se méprendre que de vouloir faire du nihilisme la caractéristique de tout acte terroriste.

 

En réalité, comme toute stratégie d'action violente, le terrorisme se réclame le plus souvent de motifs rationnels. Si le terrorisme n'est pas la guerre, il peut être également un moyen de continuer la politique. Il possède alors sa propre cohérence idéologique, sa propre logique stratégique et sa propre rationalité politique. Il ne sert alors à rien de le nier en brandissant son immoralité intrinsèque. Dès lors que la dimension politique du terrorisme sera reconnue, il deviendra possible de rechercher la solution politique qu'il exige. La manière la plus efficace pour combattre le terrorisme est de priver leurs auteurs des raisons politiques qu'ils invoquent pour le justifier. C'est ainsi qu'il sera possible d'affaiblir durablement l'assise populaire dont le terrorisme a le plus grand besoin. Souvent, le terrorisme s'enracine dans un terreau fertilisé par l'injustice, l'humiliation, la frustration, la misère et le désespoir. La seule manière de faire cesser les actes terroristes est de priver leurs auteurs des raisons politiques invoquées pour le justifier. Dès lors, pour vaincre le terrorisme, ce n'est pas la guerre qu'il faut faire, mais la justice qu'il faut construire.

 

Lorsque le terrorisme s'inscrit dans un conflit politique dont les enjeux sont clairement identifiables, il sera vraisemblablement nécessaire de négocier avec les terroristes. Là encore, le discours rhétorique dominant affirme qu'on ne négocie pas avec les terroristes. Mais au-delà des phrases, il y a les faits. Combien de gouvernements ont-ils dû contredire leurs phrases pour reconnaître les faits, c'est-à-dire taire leur indignation pour accepter la négociation ? 

 

Jean-Marie MULLET Philosophe et écrivain,

www.jean-marie-muller.fr

Dernier ouvrage paru : Entrer dans l’âge de la non-violence, préface de Stéphane Hessel (Le Relié).

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La France est-elle en guerre ? Jean-Marie MULLER

19 Novembre 2015, 15:00pm

Publié par luluencampvolant

statue de la Marseillaise - Arc de Triomphe Paris

statue de la Marseillaise - Arc de Triomphe Paris

Mercredi 18 novembre 2015

 

Le texte sur le terrorisme, intitulé « Au delà de la dissuasion, en deçà de la guerre », est un texte ancien que j’ai écrit il y a déjà plusieurs années. En le relisant aujourd’hui, j’ai pensé qu’il avait gardé une grande part d’actualité. Je le publie donc à nouveau en écrivant ces quelques lignes d’introduction.

 

« La France est en guerre ! » C’est en martelant ces mots que François Hollande a commencé son discours devant les parlementaires réunis en Congrès à Versailles le 16 novembre 2015. Et tous les médias ont salué le ton martial du Président de la République qui s’est exprimé en véritable « chef de guerre ». Certes, l’ignominie des actes meurtriers qui ont tué à Paris des dizaines d’innocents porte la violence à son paroxysme. Mais, face à cette tragédie qui bouleverse chacun de nous, qui peut penser que c’est le moment d’appeler le peuple français à prendre les armes du meurtre pour partir à la guerre ?

 

Certes, l’apparition de Daech sur la scène du Moyen-Orient change la configuration classique du terrorisme. Daech n’est pas l’État qu’il prétend être mais il s’agit d’une organisation militaire et politique structurée qui occupe certains territoires et mènent des actions de guerre en Irak et en Syrie. Pour autant, Daech ne viendra pas faire la guerre en France et la France n’envisage aucune intervention au sol au Moyen-Orient. Ainsi l’action de Daech en France restera une action terroriste. Si la nécessité impose certains actes de violence contre les terroristes, ils n’impliqueront que des agents de l’État et non l’ensemble des citoyens.

 

En France, et un peu partout dans le monde, la Marseillaise a retenti comme un chant de solidarité et de résistance. L’air était juste, mais jamais les paroles guerrières de notre hymne national n’ont résonné de manière aussi fausse : qui peut croire, en effet, que les citoyens français soient appelés à prendre les armes et à former des bataillons pour abreuver nos sillons d’un sang impur ? Non, face à la violence du terrorisme, les citoyens ne sont pas mis en demeure de répondre par la violence de la guerre. Nous devons certes surmonter toute peur et nous mobiliser, mais pour résister à la logique de la terreur qui est la logique de la violence. L’arme des terroristes est d’abord une arme idéologique et c’est cette arme qu’il faut briser. Face à l’inhumanité du terrorisme, l’urgence est d’affirmer les valeurs universelles d’humanité qui fondent la civilisation. Et ce sont les mots de notre devise républicaine qui doivent inspirer notre action : « Liberté, Égalité, Fraternité ».

 

Le malheur, c’est précisément que la culture qui domine nos sociétés est structurée par l’idéologie de la violence nécessaire, légitime et honorable. Désarmer le terrorisme, c’est d’abord désarmer cette idéologie afin de construire une culture fondée sur une éthique de respect, de justice, de fraternité et de non-violence.

 

Car le véritable réalisme est de voir dans l’extrême ignominie de la violence du terrorisme, l’évidence de la non-violence.

 

« Le sang, disait Victor Hugo, se lave avec des larmes et non avec du sang. » 

 

Jean-Marie MULLET Philosophe et écrivain,

www.jean-marie-muller.fr

Dernier ouvrage paru : Entrer dans l’âge de la non-violence, préface de Stéphane Hessel (Le Relié).

 

Lire le texte « Au delà de la dissuasion, en deçà de la guerre » en cliquant ici

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Jésus s'était assis et regardait...

6 Novembre 2015, 22:43pm

Publié par luluencampvolant

Lundi, pendant que le groupe ADN-MAN se retrouvait à Dampierre, Jacques et Elisabeth mettaient en mots leur méditation à partir de l'Evangile du dimanche 8 novembre, destiné à la Voix du Jura. Lulu a désiré que ce commentaire de l'Evangile figure sur son blog.

« En ce temps-là, Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor,
et regardait comment la foule y mettait de l’argent.
Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes.
Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie.
Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres.
Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »
(Mc 12, 41-44)

Tableau peint par Berna (http://www.evangile-et-peinture.org/)

Tableau peint par Berna (http://www.evangile-et-peinture.org/)

Que fait Jésus ??? Il est assis dans le temple, et il regarde. Et ce qu’il voit est riche d’enseignement encore pour nous aujourd’hui. Il voit d’un côté des riches, et de l’autre « une pauvre veuve ». Tous font une offrande pour le Temple. Le contraste est flagrant ! Normal que les sommes soient disproportionnées. Mais Jésus ne voient pas seulement les mains qui donnent, ils remarquent leur façon de donner, les uns de façon arrogante, l’autre tout discrètement. Il n’en faut pas plus pour que Jésus appelle ses disciples et les invite à prendre le temps de regarder et de comprendre eux aussi.

 

Cette pauvre veuve n’a pas craint de donner ce qui lui était nécessaire pour vivre. Certainement connaissait-elle l’histoire de la veuve de Sarepta qui est invitée par Elie à faire confiance, à regarder du côté de la vie, et non du côté de la mort. (Facile à dire !) Vous mes disciples, semble dire Jésus, laissez-vous toucher par l’attitude de cette femme. Agissez avec amour.

 

Aujourd’hui encore Jésus nous interpelle. Asseyons-nous et regardons, méditons… Que voyons-nous ? Un monde qui semble aller à la dérive, avec sa crise financière, ses guerres, son arme nucléaire, ses catastrophes dues aux dérèglements climatiques, ses réfugiés qui affluent vers des terres plus paisibles, des passeurs qui profitent de leur détresse pour s’enrichir sans se soucier de tous ceux qui se noient en mer, ou se retrouvent sur des routes inhospitalières.

 

Si nous regardons avec les yeux du cœur, nous saurons aussi remarquer la solidarité qui se crée pour réduire les déchets, pour partager une voiture, un appartement, de la nourriture, des services. Nous verrons des hommes et des femmes artisans de paix, qui essaient de vivre d’une manière plus saine pour respecter la nature et les hommes, ou qui luttent contre la misère ici et ailleurs, ou qui travaillent à une communication non-violente, ou qui militent pour un désarmement nucléaire unilatéral. Et nous remarquerons que ce sont souvent les pays et les personnes les plus pauvres qui sont les plus accueillants aux migrants.

 

Asseyons-nous et méditions… Comme la veuve qui donne ses 2 piécettes, gardons au cœur l’espérance, faisons confiance à la vie ! 

 

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Revenir où nous avons été conçus, mis au monde et entourés de tendresse #2

5 Novembre 2015, 22:05pm

Publié par luluencampvolant

Dampierre, le 06 octobre 2015 (Jour anniversaire de ta naissance, chère Maman)

 

1ère partie de la lettre ici

 

Je suis allé appuyer mon dos contre le tronc du Ginkgo Biloba, ce merveilleux arbre qui se trouve dans la cour de la maison commune, à quelques pas de l'endroit où la chouette est revenue habiter dans le clocher de cette autre maison qui nous est commune : l'église.

 

Revenir où nous avons été conçus, mis au monde et entourés de tendresse #2

Depuis deux ans bientôt, chaque 1er lundi du mois, justement dans une salle de la mairie de Dampierre, nous nous retrouvons avec toute une équipe d'amis, dans le sillage du M.A.N.V. (Mouvement pour une Alternative Non Violente) nous vivons en ce jour un jeûne non pas privatif, mais partageur. Nous menons une action pour nous démunir, nous défaire, et nous désincarcérer de l'enfer-mement du nucléaire. Un de nos amis, Pierre, a proposé que le groupe s'appelle A.D.N. Nos partages sont axés sur nos façons d'Agir pour que nous français, nous Désarmions notre pays du Nucléaire de manière unilatérale. De temps en temps, en mettant mon dos contre l'écorce du tronc du Ginkgo Biloba, je frotte mes côtés et ma colonne vertébrale contre la rugosité de l’écorce de cet arbre. Je fais les mêmes gestes qu'accomplissait notre papa en s'appuyant tout contre le tronc de tel ou tel cerisier ou pommier qu'il avait plantés. Qu'est ce que pouvaient bien se raconter notre papa et ses arbres ? Beaucoup de choses de la sagesse " Ces choses cachées depuis le commencement du monde".

 

Je parlais l'autre jour avec le Ginkgo Biloba. Des enfants me voyant appuyer mon dos contre cet arbre me demandèrent ce qui arrivait. Je leur racontais que j'étais en train de crier ma révolte à l'arbre, contre mon propre comportement qui abime ma vie et celle des autres. Avec les enfants, je me laissais étonner par la capacité de résistance qui habite cet arbre, jusque dans le fait qu'il ne s'est pas laissé briser lorsque des hommes ont fracturé la matière, et par là ont cassé et notre histoire et notre humanité, quand ils ont  déclenché la déflagration d'Hiroshima et de Nagasaki. Adossé à l'arbre Ginkgo Biloba, je me souvenais alors, que tout homme et donc moi même est habité de résilience. En appuyant mon dos d'homme contre la colonne de l'arbre, je recevais comme une douce secousse. Quelque chose de la sève de résistance de l'arbre aux ouragans de violence, cherchait à se transfuser en mon être. En mettant mon corps tout contre l'arbre " je ne prenais pas un chemin de grandeur ni de prodiges qui me dépassent" (Ps 130) mais celui là de la non violence et de la tendresse comme l'ont si merveilleusement réalisés la petite Thérèse de Lisieux et le Povorello d'Assise. J'entendais que le Ginkgo Biloba voulait m'aider à changer mon regard sur les gens de mon village et sur ceux qui s'y arrêtent ou le traversent. A nous tous, l'arbre nous disait: " Enfants de Dampierre et d'ailleurs, je ne vais pas tarder un jour de grand vent, à vous donner à chacun une petite feuille d'or où le soleil aura écrit les noms de celles et ceux qui vous attendent. Lorsque vous ramasserez cette petite feuille d'or, vous recevrez en même temps quelque chose de cette sève qui m'a été donnée et qui continue de l'habiter, à condition que je ne la garde pas pour moi tout seul. Si je n'étais pas prêt en permanence à vous communiquer cette petite feuille, porteuse de la sève de résilience, il y a longtemps que je serai mort. Et je crois bien que ce sont les oiseaux migrateurs qui sont venus se loger en mes ramures, depuis mon plus jeune âge, comme l'ont expérimenté mes ancêtres depuis des millénaires, ce sont ces oiseaux migrateurs qui m'ont donné d'être habités de cette sève et de cette capacité de résistance à toute violence.

 

En ne mettant pas de barrière à la venue des oiseaux migrateurs, jusque chez moi ni non plus aux alentours, je prends conscience d'une plénitude de choses possibles. C'est inouï ce que le vent qui a poussé ces oiseaux jusque là me souffle de choses réelles auxquelles je n'avais pas pensé.

Depuis que je suis petit arbre, c'est cet apprentissage qui continue de me faire pousser et résister aux violences. J'ai besoin de vous, sœurs et frères humains, pour que soit maintenue ma résistance et que se réalise celle des autres en notre " maison commune " jusqu'à la finition du monde dans la durée des temps."

Je m'étais mis à sourire et les enfants aussi. L'arbre Ginkgo Biloba avait deviné. Il nous dit encore " Je vous parle comme Jésus dans l'évangile. C'est vrai que j'ai beaucoup puisé à cette source " Laudato Si " dit le pape François. Martin Luther King. Gandhi, Tolstoï et combien d'autres le disent aussi: La source de la non violence a jailli au flanc de la montagne de Galilée. C'est sur ces sentiers qu'il nous faut apprendre à vivre et à aimer, afin de tracer d'autres chemins là où nous vivons.

C'est alors que me revinrent les pensées, les paroles et les actes des moines de Tibhirine rencontrés au printemps de l'année dernière avec Bernard, Nelly et Claude.

Et quelle ne fut pas ma joie aussi, il y a quelques jours, de laisser s'entremêler nos pas, nos pensées et nos prières avec ceux de Jean-Pierre Schumacher et des moines du petit monastère de Midelt au Maroc en compagnie de Frère Benoit de l'abbaye d'Acey. J'ai été très touché de pouvoir ramasser en ces lieux, plein de petites graines de non violence, une multitude de feuilles d'or comme celles du Gingko Biloba.

Les hirondelles, la chouette, le Ginkgo Biloba de Dampierre, le pommier de Midelt nous disent en arbres et en oiseaux de bon augure, que c'est là où nous vivons, en nos jardins intérieurs et communaux, qu'il nous faut ramasser ces feuilles et ces grains, et faire pousser ces semences et instaurer la culture de la non violence. « Si tu veux la paix, fais la paix »

 Lulu

 

 

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Revenir où nous avons été conçus, mis au monde et entourés de tendresse #1

4 Novembre 2015, 20:28pm

Publié par luluencampvolant

Dampierre, le 06 octobre 2015 (Jour anniversaire de ta naissance, chère Maman)

 

Dans la maison où notre maman nous a mis au monde, quelques nids d’hirondelles demeurent, accrochés aux poutres de l’étable où ruminaient nos vaches et leurs petits veaux. Pendant de nombreuses années, durant mon enfance et ma jeunesse, j’ai entendu et contemplé, le printemps venant, le retour des petites hirondelles de l’année d’avant.

Ça remonterait, parait-il, à un coin de la nuit des temps, qu’à quelques unes, les petites hirondelles des nichées des années précédentes reviennent, là où leurs parents les ont couvées. Enfant, j’ai aimé entendre les parents hirondelles faire piailler de plaisir leurs petits, lorsqu’ils leurs rapportaient des gorgées d’insectes gobés au cours de leurs vols incessants autour du clocher de l’église.

C’est dessous ces envols d’oiseaux à tire d’aile que moi aussi, avec mes sœurs et mon frère, nos copains et nos copines, nous courions et jouions entre notre maison natale, l’église et l’école. C’est à travers les allées et venues de nos vies familiales et paysannes que la foi confiance en Jésus et en notre humanité nous est venue.

Hélas, depuis quelques années, lorsque vient le printemps, bien que nous ayons respecté les nids ancestraux de ces hirondelles et continué d’ouvrir les fenêtres et les portes de l’étable, il n’est pas revenu de petites descendantes de ces hirondelles. A la lecture de la fine petite revue de la Hulotte, dans les numéros spéciaux sur les oiseaux migrateurs, on apprend que la disparition des hirondelles dans certains coins de nos pays, n’est pas liée uniquement à quelques ouragans et colères atmosphériques, mais aussi à certains de nos comportements humains. Pour que se réalise le retour des hirondelles en nos printemps et dans leurs nids, sous les toits de nos maisons, il faudra encore beaucoup de temps. Qu’est ce qui provoque ces catastrophes et ces empêchements de migration ? Essayons de le découvrir.

 

 

A quelques semaines de la conférence de Paris, dans le sillage du Povorello d’Assise, avec qui les oiseaux causaient  parce qu’il savait les regarder, les écouter et respecter leurs emplacements, j’entends un appel. Dans la vérité claire de la parole du pape du même nom, François, à propos de notre planète et de notre humanité, j’entends un appel et une interpellation à changer mes façons de vivre et mes habitudes, afin d’être facilitateur des trajets de tous les êtres migrateurs. Je comprends que je dois chercher à me démunir «  du tout avoir individualiste » et tenter de chercher et trouver les chemins « du bien être commun » : la découverte que l’ « on ne peut être bien » que lorsque chacun trouve une place qui devienne sa place.

Justement, quelle place faisons-nous à l’autre en nos comportements ? Quelle place laissons-nous aux migrants en notre société ? «  N’est-ce pas l’hirondelle qui fait le printemps ? «  Nos ancêtres, nos parents ont appris à accueillir les réfugiés. « Ils se sont souvenus que notre ancêtre Abraham était un araméen errant » (Deut.26, 5) Et si c’étaient les migrants qui feraient advenir notre humanité ? C’est pour cela qu’il faut habiller d’humanisme nos habitudes (Habitat et Humanisme) disent Bernard Devert et ses compagnons. Ensemble, nous habituer à la venue de gens venant d'ailleurs.

L'autre soir, en raccompagnant Annie et sa maman à leur voiture, Annie me dit : " Écoute, tu entends le cri de la chouette ! Vous avez de la chance, gens de Dampierre ! Regarde ! Je viens de voir une chouette toute blanche voler dans la nuit noire ! "

Merci Annie de ce que tu me fais voir et entendre. Je suis heureux que dans le clocher de notre village la chouette soit de retour. N'est-elle pas le signe et le symbole de la sagesse ?

 

 

Le chant du monde de Lurçat

Le chant du monde de Lurçat

LURÇAT dans une de ses tapisseries, représente le danger très grave que fait courir à notre humanité l'armement nucléaire. Jean-Marie Muller a su nous décrypter le sens de cette œuvre d'art et nous en livrer un message prophétique. Voilà ce que j'en ai gardé pour toujours. L'humanité et le monde sont rassemblés sur un grand vaisseau, sorte d'arche de Noé. L'homme est à la barre. Un dragon, prêt à cracher le feu atomique surplombe notre embarcation. Heureusement, la chouette est logée sur la tête de l'homme.

Pendant un temps, la chouette avait disparu de notre clocher de Dampierre. Sans doute avait elle été obligée de fuir certains de nos comportements dévastateurs. Voici qu'elle est revenue nous habiter de sérénité et de paix jusque dans nos nuits et nos songes.

...

 

Suite demain

Retrouver ici une lettre de JM Muller en lien avec la tapisserie de Lurçat

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