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Lulu en camp volant

Qu'as-tu vu en chemin ?

28 Avril 2016, 13:36pm

Publié par luluencampvolant

Photo de frère Jean-Pierre prise par Caroline le jour de Pâques à Midelt

Photo de frère Jean-Pierre prise par Caroline le jour de Pâques à Midelt

Vendredi 11 septembre 2015

 

 

DIS-NOUS, FRERE JEAN-PIERRE ! QU'AS TU VU EN CHEMIN ?

 

Ces paroles que j'adresse au frère Jean-Pierre Schumacher, survivant de Tibhirine, en ce matin de présence intense dans le monastère de Midelt, ce sont les paroles que, dans sa liturgie pascale, l'Eglise adresse à Marie-Madeleine. L'Eglise  pose cette question à Marie-Madeleine au matin de Pâques, quand elle revient de prendre soin du corps de Jésus, déposé dans le tombeau et que, Jésus lui-même lui apparaît ressuscité dans le jardin.

 

Dis-nous Jean-Pierre ce que tu vois sur ce chemin sur lequel tu continues de marcher, depuis, voilà bientôt 20 ans que tes compagnons de vie ont été enlevés à ton regard pour être mis à mort. A voir ton humble comportement, ne sont-ils pas vivants à tes yeux ? La vie leur a-t-elle été prise ? Ne l'avaient-ils pas donnée pour Dieu et pour l'Algérie ? Et la manière dont vous avez vécus et dont vous vous êtes aimés avec les gens de Tibhirine, la façon dont, ni la violence ni la haine n'ont eu raison de vous, le comment vous êtes restés branchés avec les habitants, tout cela n'est-il pas chemin d' Emmaüs où Jésus est en train de nous rattraper ? Merci d'être là Jean-Pierre, de prendre le temps de causer avec nous. Nous avons l'impression que tu chemines avec nous afin de mieux nous laisser rattraper par Jésus.

 

Dis-nous Jean-Pierre comment tu es arrivé à Tibhirine ?

Jean-Pierre : « J'ai été ordonné prêtre à Lyon en 1953 chez les frères maristes. Certains supérieurs dans notre ordre, après l'indépendance de l'Algérie voulaient faire arrêter l'expérience de l'abbaye de Tibhirine, où le frère Luc était présent depuis 1946... En 1955, Luc est fait prisonnier par le FLN avec le frère Matthieu. Ça dure une semaine. Ils sont mis en prison par représailles de la part du FLN en raison que l'armée française a tué un de leurs chefs fellaghas. Mais frère Luc a soigné la femme de l'un d'entre eux. Cet homme dit aux membres du FLN : « Ne touchez pas à cet homme. » C'est alors qu'un autre homme du groupe en libérant frère Luc lui dit : « Tu pourras nous demander tout ce que tu voudras ... » Luc leur dit : « Des cerises ! » La saison était passée. Ils lui en trouvèrent quand même. Ils sont libérés de la manière suivante : « Demain matin l'armée française va ouvrir la route. Vous montez dans le car qui va passer après. » En fait, c'est l'armée qui les a ramenés à Tibhirine. Tout cela a bouleversé frère Luc. Il devra aller se reposer en France.

 

J'ai été ordonné prêtre chez les frères maristes à Lyon en 1953. Quand j'arrive à Tibhirine en 1955 frère Luc n'est pas là. Comme je te l'ai dit, certains supérieurs de notre ordre voudraient faire arrêter l'expérience de Tibhirine, mais le cardinal Duval veut garder et que soit maintenue l'abbaye. Quand Luc revient de France, des frères de Tibhirine disent : « Il ne faut pas que frère Luc continue d'exercer son métier. Le père Lebeau qui prêche notre retraite dit : « Il est bon qu'il y ait un dispensaire à l'ombre du monastère. » Il avait bien raison. Je venais d'être nommé commissionnaire. Quand j'allais en ville, je me rendais bien compte comment le travail de frère Luc rayonnait à Tibhirine, à Médéa et aux environs. C'était le seul médecin d'Algérie à ne pas être dépendant du ministère de la santé.

 

Lucien : « Et c'est en 1971 que vous voyez arriver Christian de Chergé ? »

Jean-Pierre : « Christian avait fait son séminaire chez les Carmes. Il avait été soldat dans l'Ouarsenis. »

Lucien : « Vers Tiaret ! »

Jean-Pierre : « Oui, dans une SAS. Il faisait le lien avec la population. Il était aidé par un homme qui s'appelait Mohammed, un supplétif. Cet homme pouvait être considéré comme traitre à la population par certains membres du FLN. Un jour, le FLN a voulu descendre Christian. Mohammed s'y est opposé en disant : « Cet homme fait du bien à notre peuple. » le FLN a laissé Christian tranquille, mais quelques jours après, Mohammed ce père de famille de 10 gosses, était égorgé. Cette expérience a marqué toute la vie de Christian. Il ne nous en parlait pas. Il y a des choses, je les ai sues par après, récemment. Christian a relié cela à la passion du Christ, à sa parole lorsqu'il dit : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. »

Ce sommet de notre foi a été vécu par un musulman, pour moi. Depuis ce jour, Christian avait pris la résolution : « Quand je serai prêtre, je reviendrais servir l'Algérie, me mettre au service du peuple algérien jusqu'à la fin de ma vie. » C'est ce qu'il a fait. Il n'a jamais démordu de cette résolution, jusqu'au martyre.

Christian est devenu prêtre. Son premier poste a été la basilique de Montmartre à Paris. Là, il était responsable de la liturgie et de la manécanterie.

Un beau jour il dit à sa maman : « Je vais à Aiguebelle pour devenir moine pour l'Algérie. »

 

Tibhirine ne pouvait pas avoir de noviciat. C'était une communauté en voie de disparition et de fermeture. Nous étions après l'indépendance de l'Algérie. Avec quelques moines, nous avions été envoyés de Timadeuc pour empêcher cette fermeture. Nous étions demandés par le cardinal Duval. Nous étions envoyés au nombre de dix : quatre de Timadeuc, quatre d'Aiguebelle, et deux de Cîteaux. Il y en avait trois qui étaient déjà là, trois seulement de « stabilisés ». Nous étions des religieux prêtés. Lorsque Christian arrive en 1971, nous nous sommes dit : «  Il faudrait qu'on ait un frère qui sache bien l'arabe et qu'il ait une bonne culture du monde musulman et du peuple algérien. » Christian est resté deux ans à Rome.

En 1976, Christian fait sa profession solennelle, il voulait faire profession pour Tibhirine. Il fallait alors qu'il y ait avec lui, six religieux « stabilisés ». Il n'y en avait que trois. C'est alors que trois nouveaux ont alors accepté de l'être : Aubin, Roland et moi.

 

Le 1er octobre, pour la fête de sainte Thérèse, Christian fait profession solennelle à Notre Dame de l'Atlas à Tibhirine. Nous réalisons alors, une vraie communauté monastique : ça a tout changé (sourire apaisant de Jean-Pierre).

Il fallait donc nommer un abbé. On a demandé que ce soit un prieur. On a alors réduit l'abbaye à être un prieuré.

En 1984, on élit le 1er prieur, c'est Christian.

 

Lucien : « Vous étiez déjà très ouverts au monde musulman ! »

Jean- Pierre : « De Rome, Christian était revenu très motivé dans ce sens-là. Les anciens avaient des relations avec l'islam, mais pas comme celles de Christian.  Nous n'étions pas uniformes dans le prieuré, mais nous étions amis. Dans toute communauté, c'est un frère, André, venu nous voir qui nous le dit : « Dans toute communauté, il doit y avoir des tensions … »

Pour les anciens, l'union se faisait par la convivialité avec le monde musulman. Il y avait eu jusqu'à 50 ouvriers avant l'indépendance. Les anciens c'était Luc, Etienne, le cellérier, ingénieur agronome … Christian lui, son orientation était dans le sens des soufis. L'Eglise après le concile, recherchait les rencontres avec l'Islam. L'orientation de Christian, c'est la spiritualité, l'intérieur. Il faut relire son testament. Nous le trouvons idéaliste, naïf. On lui disait de ne pas regarder avec des lunettes roses, mais de regarder objectivement. Christian citait des paroles du Coran dans la messe. Certains lui disaient : » Le Coran et l'Evangile, ne les mets pas au même plan. Christian ne voulait pas que l'on prononce et que l'on entende le mot Israël dans la liturgie, à cause des résonnances politiques. Il était toujours en avance.

 

Le frère Christian de Chergé dans son testament dit : « Ceux qui me traitaient de naïf et idéaliste, doivent savoir que maintenant mon vœu est exaucé, ma curiosité en amont est satisfaite. Je vois les fils de l'Islam avec le regard de Dieu. »

Ce n'est pas Christian uniquement qui a fait évoluer la communauté dans l'accueil de l'Islam. Ce n'est pas Christian uniquement qui nous a appris à aimer les musulmans. On était parmi eux depuis 1946, avec une très bonne compréhension de l'islam. On ne voulait pas être traités de novices dans la relation avec l'Islam. On est restés ce que nous étions. La preuve que j'étais ouvert, c'est moi qui ai découvert les soufis. Il y a eu le concile. Quand j'ai su que j'étais appelé à vivre à Tibhirine, j'étais heureux.

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Conférence de Rome "Non-violence et paix juste"

23 Avril 2016, 15:29pm

Publié par luluencampvolant

Abbaye d’Acey le 23 avril 2016

 

Cher Jean-Marie

 

C’est à l’abbaye cistercienne d’Acey que me parvient, grâce à des amis du mouvement A.D.N.-M.A.N., le message que tu nous adresses à ton retour de Rome, de la conférence internationale intitulée : « Non-violence et Paix juste, une contribution à la compréhension de la non-violence et à l’engagement envers celle-ci de la part des catholiques ».

 

J’étais venu à Acey où en me reposant je fais ramasser en moi dans la prière le témoignage de la non violence des moines de TIBHIRINE, en lisant le livre qui vient de paraître « Tibhirine : l’Héritage ». Comment ramasser les graines de cet héritage de non violence et l’ensemencer dans la terre de nos jardins intérieurs et communaux ? Et c’est au moment de la prière des complies, hier soir :

« Maintenant tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix »

que le frère Benoît me communique ton message où tu nous donnes quelque chose, comme tu le dis, « qui s’apparente à une véritable révolution copernicienne », où vous dites, et c’est un acte : «  Nous croyons qu’il n’existe pas de guerre juste. »

 

J’ai tout de suite chanté en mon cœur le Magnificat. Ce chant est révolutionnaire où il est dit de Dieu « qu’il renverse les puissants de leur trône et qu’il élève les humbles, qu’il comble de biens les affamés et renvoie les riches les mains vides », et que c’est à cela que nous devons nous atteler pour que chaque homme et femme puisse trouver sa place de manière non violente, car plus rien ne justifie quelque guerre que ce soit.

 

Place première doit être faite aux migrants, aux affamés. Ce n’est pas dans l’utilisation de l’argent avec un profit effréné et non humain que nous ferons le monde. Il nous faut nous organiser de manière non violente. Aux pauvres et aux  blessés de la vie nous devons dire, comme je te l’ai souvent entendu dire : « Après vous ».

 

A Hélène et à toi Jean-Marie,  à vos enfants et petits-enfants je vous dis toute mon amitié fraternelle et reconnaissante pour le don que vous nous offrez. Comme je suis bien heureux que tu sois allé « acteur » à Rome à cette conférence. Tu te souviens quand nous en parlions il y a deux ans ? Nous espérions humblement …C’est inouï ce qui en sort. C’est merveilleux comme tous ces membres de la conférence, et toi, vous nous permettez de ressourcer et renforcer notre espérance, la présence de la petite fille espérance dans non luttes non-violentes. S’ouvre devant nos yeux le seul chemin qui puisse libérer notre humanité : celui-là de la non violence

 

Je vous embrasse chers Jean-Marie et tous les tiens, de tout mon cœur d’ami profondément reconnaissant

Lulu      

 

conférence de Rome : photo du web

conférence de Rome : photo du web

Faire prévaloir l’Évangile de la non-violence

 

dans la pensée et l’action de l’Église

 

Jean-Marie Muller*

 

À l’initiative du Conseil Pontifical Justice et Paix et de Pax Christi International s’est tenu à Rome du 11 au 13 avril 2016 une conférence internationale intitulée « Non-violence et paix juste : une contribution à la compréhension de la non-violence et à l’engagement envers celle-ci de la part des catholiques. » Nous nous sommes retrouvés quelque quatre-vingts participants venant d’Afrique, des Amériques, d’Asie, d’Europe, du Moyen-Orient et d’Océanie. Notons la présence de plusieurs évêques et de nombreux théologiens. Dès avant le début  de cette rencontre, nous avions reçu une note qui précisait clairement qu’il était urgent de repenser la compréhension catholique de la non-violence.

 

Pendant ces trois jours, dans une ambiance particulièrement chaleureuse, nous avons pu partager nos réflexions et nos expériences. Nous avons été unanimes pour affirmer que tout au long de sa vie Jésus a témoigné de la non-violence et que les Chrétiens avaient l’obligation morale de devenir eux-mêmes des témoins de la non-violence. 

 

Le pape François a adressé aux participants un message qui a été lu par le Cardinal Peter Turkson, Président du Conseil Pontifical Justice et Paix. « L’humanité, affirme François, a besoin de rénover tous les meilleurs outils à sa disposition pour aider les hommes et les femmes d’aujourd’hui à réaliser leurs aspirations pour la justice et la paix. En ce sens, vos idées sur la revitalisation des outils de non-violence, et de non-violence active en particulier, seront une contribution nécessaire et positive. C’est ce que vous vous proposez de faire en tant que participants à la Conférence de Rome. » Il précise : « Dans notre monde complexe et violent, c’est une entreprise véritablement formidable de travailler pour la paix en vivant la pratique de la non-violence ! (…) Nous pouvons nous réjouir à l’avance de l’abondance des différences culturelles et de la variété des expériences de vie parmi les participants à la Conférence de Rome et celle-ci ne fera qu’augmenter le niveau des échanges et contribuer au renouveau du témoignage actif de la non-violence comme une « arme » pour réaliser la paix. »

 

La Conférence a adopté un document qui appelle l’Église catholique à s’engager à faire prévaloir l’importance centrale de « l’Évangile de la non-violence ». Ce qui est remarquable, et probablement décisif, c’est que les participants ne se contentent pas d’ajouter un paragraphe sur la non-violence dans la doctrine de la légitime violence et de la guerre juste, mais qu’ils remettent en cause cette doctrine au nom de l’exigence de non-violence. « Ceux d’entre nous, est-il affirmé, qui se situent dans la tradition chrétienne sont appelés à reconnaître le caractère central de la non-violence active dans la vision et le message de Jésus. (…) Ni passive, ni faible, la non-violence de Jésus était le pouvoir de l’amour en action. De manière claire, la Parole de Dieu, le témoignage de Jésus, ne devraient jamais être utilisés pour justifier la violence, l’injustice et la guerre. Nous confessons qu’à maintes reprises le peuple de Dieu a trahi ce message essentiel de l’Évangile en participant à des guerres, à la persécution, l’oppression, l’exploitation et la discrimination. »

 

Et puis vient ce passage décisif : « Nous croyons qu’il n’existe pas de « guerre juste ». Trop souvent la « doctrine de la guerre juste » a été utilisée pour approuver la guerre plutôt que pour l’empêcher ou la limiter . Le fait même de suggérer qu’une « guerre juste » est possible mine l’impératif moral de développer les moyens et les capacités nécessaires pour une transformation non-violente du conflit. Nous avons besoin d’un nouveau cadre éthique qui soit cohérent avec l’Évangile de la non-violence. »

 

Dans leurs conclusions, les participants appellent à ne « plus utiliser ni enseigner la « théorie  de la guerre juste », mais à « promouvoir les pratiques et les stratégies non-violentes (la résistance non-violente, la justice restaurative, la protection civile non armée, la transformation des conflits et les stratégies de construction de la paix) ». Soulignons également qu’il est demandé de plaider pour « l’abolition des armes nucléaires » Enfin, les participants « appellent le Pape François à partager avec le monde une encyclique sur la non-violence et la paix juste ».

 

Le malheur, jusqu’à présent, était que l’Église, d’une part, prêchait l’amour et, d’autre part, justifiait la violence. Entre ces deux discours, il y avait un vide immense, la partie manquante étant précisément la non-violence. La Conférence de Rome propose de remplir ce vide.

 

Cette rencontre propose donc un renouvellement en profondeur de la pensée de l’Église sur la question de la violence qui veut rompre avec la doctrine séculaire de la guerre juste pour proposer aux Chrétiens de devenir des acteurs de la non-violence. Cette rupture qui est un ressourcement évangélique s’apparente à une véritable révolution copernicienne. Elle pourrait être décisive pour l’avenir même de l’Église.

 

 

* Philosophe et écrivain. Auteur notamment de L’évangile de la non-violence (Fayard, 1969) et de Désarmer les dieux, Le christianisme et l’islam au regard de l’exigence de non-violence ( Le Relié Poche, 2009)

Site personnel : www.jean-marie-muller.fr

 

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Manifeste de Juristes brésiliens (avril 2016)

22 Avril 2016, 09:58am

Publié par luluencampvolant

Des juristes, avocats, professeurs de droit brésiliens viennent de faire paraître un manifeste face à la demande de destitution de la Présidente Dilma Roussef par une grande partie des députés. En voici un résumé, mais vous pourrez le lire en entier, en français, en utilisant le lien ci-dessous :

 

https://drive.google.com/open?id=0B29oZHxtSdZZdEo3Ym5EaU1FMTA

 

En résumé, ces juristes, se basant sur des faits précis d'utilisation perverse des lois par des députés (entre autres) qui exigent la destitution de la Présidente de la République, affirment la nécessité de respecter les lois ainsi que l'impartialité de la Justice. La corruption doit être réprimée, mais d'une manière éthique, républicaine et transparente ; la lutte contre la corruption ne permet pas tout, ni de relativiser la présomption d'innocence par exemple, ni de délivrer des mandats d'amener coercitifs de simples témoins ou des ordres de détention provisoire sans base juridique fondée etc.

Le Brésil fait en ce moment l'expérience de la plus importante crise politique de sa récente démocratie. Les juristes rappellent que pendant les années de dictature (1964-1985) , nombre de citoyens ont souffert et se sont sacrifiés "pour que nous, Brésiliens puissions aujourd'hui exercer pleinement nos droits."

La Commission Spéciale du procès d'Impeachment (destitution) contre Dilma est composée majoritairement d'hommes politiques ayant été mis en cause pour des détournements d'argent ou ayant reçu des donations frauduleuses pour leurs campagnes électorales, ce qui n'a pas été le cas pour Dilma Roussef.

La demande de destitution doit obligatoirement reposer sur un fondement juridique, ce qui n'est pas le cas actuellement.

Dans le régime présidentiel, c'est le citoyen, par son vote lors d'élections régulières et directes, qui doit juger le bilan politique du président. Ce n'est jamais au Législatif de le faire, sinon nous ne sommes plus dans un Etat Démocratique de Droit.

 

Manifeste de Juristes brésiliens (avril 2016)

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De Tibhirine à Midelt

8 Avril 2016, 08:17am

Publié par luluencampvolant

Des nouvelles de Notre-Dame de l'Atlas

 

avec le père Jean-Pierre FLACHAIRE

 

Prieur du monastère de Midelt

 

dans le Moyen Atlas au Maroc

 

(interview du 2 avril 2016)

Merci à frère Benoît de l'abbaye d'Acey qui nous a fait connaître cette vidéo.

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La violence n'est pas une fatalité

4 Avril 2016, 06:51am

Publié par luluencampvolant

« LA VIOLENCE N'EST PAS UNE FATALITE.

L'HISTOIRE PEUT DEVENIR NON VIOLENTE »

(Guy RIOBBE, cité par JEAN MARIE MULLER)

 

Lettre commencée à Midelt le vendredi 11 septembre 2015

Durant mon voyage de Dampierre à Bethléem en 2012- 2013, en quête de la paix, il me revenait souvent des paroles fortes de l'évangile, des psaumes, de Job et des prophètes ou d'autres endroits de la bible.

 

Certaines venaient éclairer les ruelles sombres ou les sentiers ténébreux dans lesquels parfois je me trouvais, les passages chaotiques que j'avais à assumer à certains jours. D'autres paroles venaient éclairer et mettre en lettres de lumière, des attitudes et des gestes ainsi que des moments porteurs de bonne nouvelle, comme lorsque j'ai appris la naissance d'un petit enfant chez des amis qui m'étaient chers, quand des gens aux yeux de qui j'étais « camp volant », m'ont fait une place avec grand cœur dans leut tout petit lieu de vie. 

 

Aujourd'hui, un peu de la même manière, c'est dans la liturgie des heures partagées avec les moines de Midelt, car ils m'ont fait entrer dans leur communauté, que des paroles vives viennent éclairer ma vie, par exemple quand tout à l'heure le frère Antoine nous a aidés à chanter : « Ami Jésus, continue en nous ce que tu as commencé » et hier soir, dans la célébration des complies au psaume 90 Dieu nous disait à chacun : « Plus tu chercheras à t'unir à moi, plus tu deviendras toi même : libéré, libérant et libre » Et ces autres mots égrenés et semés dans l'inquiétude de ma chair blessée :  « Toi qui es mon allié, tu es aussi mon libérateur. » ( Ps 143 )

 

Dans les partages de 10h30 et de 16h sur invitation d'Omar : « Venez boire le thé que Baha a préparé », j'aime entendre comment Jean-Pierre Flachaire ( le jeune ) et Omar ont travaillé à la réfection de la chapelle, en gravissant l'un et l'autre le musulman et le chrétien, les barreaux de l'échelle à deux battants. Et c'est aussi dans la lecture du livre d'Alphonse Georger : « Journal d'un séminariste en Algérie, en 1960-1962 » que Jean-Pierre m'a prêté hier, que je trouve aujourd'hui : « Ma lumière et mon salut » ( Psaume 26 ) à propos de ce que j'ai vécu moi aussi séminariste en Algérie en 1959-1960. Je viens de lire ce livre en pleurant, parce que Alphonse nous révèle à partir de la situation dans laquelle il se trouve, quelle horreur répand la guerre que l'on nous a fait faire et que nous avons faite en Algérie. En même temps, la lecture de ce livre intensifie en moi, cette conviction qu' « à l'impossible nous sommes tenus ». Devant l'attitude des officiers qui étaient ses chefs, Alphonse a appris à s'opposer à des ordres injustes, à oser dire non alors qu'il était mêlé à une ambiance dégradante, à faire objection de conscience, tout en étant un homme très relié à tous ses camarades de compagnie et section.

La violence n'est pas une fatalité

Et parmi toutes les ressources que je découvre contenues dans ce journal, voici à mes yeux le trésor des trésors.

 

Alphonse raconte qu'un jour, il quitte son casernement de Castiglione pour venir à Alger. Il vient y rencontrer des aumôniers, des séminaristes et des chrétiens et aussi des hommes de bonne volonté, ne se reférant pas forcément à l'évangile, mais étant tous des lutteurs pour se défaire et démunir de la violence, de la haine et de la guerre. Il y est accueilli fraternellement et sur la table de la salle de réunion, parmi les revues et documents mis à leur disposition, il tombe sur un petit livre : «  Témoignage d' Amour » de Jean-Marie Buisset.

 

Vous devinez ma stupéfaction quand à mon tour, là, à Midelt, ce vendredi 11 septembre, en lisant ce journal d'un séminariste en Algérie, je tombe sur la recension du livret que nous avions fait au sein de l’aumônerie de la caserne de Bayonne avec le père Jégo, Bernard Robbe, Jean-Claude Paulay et moi.

 

Ce petit livre est constitué des lettres que Jean-Marie nous adressait en avril-mai 1959 depuis l'Algérie, là où il était venu soldat au 2ème RPIMA six mois avant nous. En effet, avec Jean-Marie Buisset, nous avions scellés une amitié merveilleuse dès notre arrivée à la caserne Bosquet de Mont de Marsan dès le 2 septembre 1958, jour de notre incorporation. Tout de suite, l'étincelle de l'amitié s'était allumée entre nous deux, ainsi qu'avec Jean-Claude et Bernard et avec combien d'autres camarades.

 

Parti en Algérie à la fin mars 1959, Jean-Marie nous écrivait à l’aumônerie de la caserne de Bayonne où nous poursuivions notre stage pré AFN ( Afrique Française du Nord ). Les faits et paroles écrits par Jean-Marie dans les lettres qu'il nous adressait nous révélaient dans quel drame cette guerre nous faisait plonger.

 

A chaque lettre reçue, nous sentions ce qui déchirait le cœur de notre ami Jean-Marie et nous devinions ce qui nous attendait lorsqu'à notre tour nous arriverions de l'autre côté de la méditerranée. Ces lettres, par l'amitié et la prière qu'elles recelaient nous préparaient à entrer comme Jean-Marie dans la résistance à la haine et à la violence. Nous étions touchés par l'amour qui continuait de résider et habiter dans l'être de notre ami et dans son attitude face à la guerre. Nous nous prêtions ces lettres les uns aux autres (les photocopieurs n'existaient pas) Je me souviens que nous nous disions que c'était comme lui qu'un jour nous serions appelés à agir et réagir. Nous lisions ces lettres dans nos rassemblements d’aumônerie avec le père Jego et nos groupes d'amis. Nous nous racontions que ça ressemblait au partage des lettres des apôtres Pierre, Paul et Jean dans les 1ères communautés chrétiennes de l'église naissante. Nous sentions bien que nous étions en train de constituer une église qui continuait de naître. Les lettres, une fois lues, nous revenaient et à nouveau nous les partagions avec d'autres.

 

A la fin mai, quand nous avons appris que Jean-Marie était tué (tombé en embuscade dans le massif de l'Ouarsenis, ses parents, ses sœurs et son frère  apprenant sa mort le 29 mai 1959, jour de la fête des mères) nous avons rassemblé toutes les lettres et avons cherché à constituer un petit livre que nous avons offert et envoyé à une multitude de camarades et amis en Algérie et en France dans les équipes d’aumônerie avec lesquelles nous étions en lien. Elles atteignirent le cœur de beaucoup et déposèrent en chacun un souffle d'amour et de résistance à la violence. Cependant, ces amorces d'pobjections de conscience, ne me conduisent pas à penser refuser de partir en Algérie . Dans l'ambiance où nous vivions ce n'était pas pensable.

 

Cinquante sept ans après, là au Maroc, à Midelt, je trouve le livre écrit par Alphonse Georger : « Journal d'un séminariste-soldat. » Ce livre m'est prêté par Jean-Pierre Schumacher, survivant de Tibhirine, et dans ce livre je découvre page 128, la reprise du petit cahier « Témoignage d'Amour » constitué des lettres que Jean-Marie Buisset nous avait envoyées à Bayonne depuis Boghari Castiglione, Aïn-Dahlia du cœur de l'Ouarsenis, montagne dans laquelle était cachée Tibhirine ! Quelle convergence !

 

Bien sûr qu'un jour j'espère pouvoir rencontrer Alphonse Georger. C'est lui qui a accueilli Amédée et Jean-Pierre au lendemain de la disparition des 7 témoins de l'Atlas. Amédée et Jean-Pierre ne pouvaient plus demeurer à Tibhirine. Alphonse, alors évêque co-adjuteur de Léon Etienne Duval à Alger, leur avait offert un lieu de vie aux Glycines. Alphonse devint par la suite évêque d'Oran, succédant à Pierre Claverie, assassiné le 1er août 1996, avec son chauffeur Mohammed. Alphonse est aujourd'hui évêque-ermite dans la région de Cherchell. C'est Jean-Paul Vesco qui lui a succédé comme évêque d'Oran. Nous avons rencontré Jean-Paul et été accueilli par lui à l'évêché d'Oran en mars 2014 avec Nelly et Bernard et Claude Chauvin.

 

A la veille du jeudi saint de cette année 2016, Jean-Luc Bey me dit : « Si on allait voir la Madeleine ? Elle m'a souhaité mon anniversaire hier. » Sœur Madeleine a été institutrice de Jean-Luc, Eric, Brigitte et de combien d'autres de nos amis à l'école Jean Bosco durant les années 1970-1980. Il y avait aussi dans l'équipe éducative, Odile, Vivianne, Christine, Fabienne, Gaby … Sœur Madeleine est depuis plusieurs années en retraite dans la communauté des sœurs dominicaines d'Orchamps, à deux pas de chez nous. Jean-Luc et son épouse Béatrice et moi, nous sommes infiniment reconnaissants à Madeleine de nous avoir appris à lire et à écrire, à faire lecture et écriture des humbles évènements fondamentaux de nos vies, à la lumière de l'évangile de Jésus. Nous ne voyions pas d'emblée l'essentiel de ce nous vivions. Souvent, cela demeurait caché à nos yeux. C'est alors que Madeleine nous disait : « En vous écoutant raconter ce que vous me dites, voyons donc ! » Merci Madeleine de continuer à chercher dans le fouillis de nos vies le sens de notre existence.

 

 

Et me voilà heureux de raconter à Madeleine et aux religieuses dominicaines d'Orchamps en cette veille du jeudi-saint, l'émouvante histoire qui m'est arrivée avec Jean-Pierre Schumacher à Midelt en septembre 2015, grâce au frère Benoit de l'abbaye d'Acey : l'offrande du livre d'Alphonse Georger : » Journal d'un séminariste soldat ». Je leur raconte ma découverte que dans ce livre est serti le »témoignage d'amour » de Jean-Marie Buisset, tout petit livre réalisé par l'équipe de l'aumonerie de Bayonne et le père Marcel Jégo dont je suis le secrétaire. » Et voilà qu'en entendant le nom d'Alphonse Georger, les sœurs me disent : « Mais nous le connaissons Alphonse Georger. Il est le frère d'une de nos sœurs, religieuse à Neufchateau dans les Vosges. Plusieurs disent : « Je l'ai lu ce livre. »

 

Me voilà profondément heureux de trouver le chemin qui me permettra de rencontrer un jour très prochain je l'espère, celui qui devient notre ami Alphonse.

 

C'est grâce à une plénitude d'amis !

 

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