Célébration de la vie, de la mort, de la résurrection
De notre ami Alain
Lundi 2 octobre 2017
« Comment tu savais, Alain, que notre humanité elle était là-dedans ? »
Chers Christophe et Emilie, Lison et Fanette, en union avec Ghislaine votre maman,
Chère Colette et tes frères,
Nous vous disons notre reconnaissance de nous avoir donné un tel ami : Alain.
A Vous tous, chers et nombreux amis, ce petit mot.
« Tu vas la monter, cette côte.
Allez, vas-y !
On est là pour t’aider.
On va quand même pas en rester là ! »
Ce sont tes paroles, Alain, à un garçon de la colo de BOUJAILLES. Nous sommes en train de terminer un campement. Nous rentrons à la colo. Nous affrontons la côte de DESERVILLERS. Je les entendrai toujours tes paroles, Alain.
Chers amis, si nous n’avons pas tous fait la colo de Boujailles, avec Alain, cependant n’avez-vous pas l’impression que nous avons tous expérimenté un jour ou l’autre une rencontre de cette trempe avec Alain ? Est-ce que ce n’est pas cela qui nous réunit aujourd’hui ? !
A certains moments de notre existence ne nous est-il pas arrivé de tomber dans la fosse de l’impossible ? Alors que nous nous enfoncions dans le fatalisme en disant ou laissant dire :
« Je n’arriverai jamais à sortir du pétrin dans lequel je suis tombé…
- C’est quand même pas à moi de faire le premier pas…
- On n’arrêtera jamais la fabrication des armes et leur commerce…il y a toujours eu des guerres…il y en aura toujours…
- c’est quand même pas à la France d’accueillir tous les migrants…
- d’ailleurs à l’impossible nul n’est tenu… »
Et si le véritable chemin d’Humanité était de se tenir à l’impossible. Voilà plus de 40 ans Alain que tu es venu combien de fois nous chercher et nous trouver afin de nous coltiner ensemble à l’impossible.
Voilà que les gosses de Dole constituant l’association des loisirs populaires n’avaient pas de vélo pour monter réparer le Bouquillon, …eh bien Alain, tu faisais appel à vous tous gens et amis de Dole pour que chaque gamin puisse monter de Dole au Bouquillon avec un vélo et puisse devenir et être le bâtisseur de Bouquillon. Pareil pour la ferme du Paradis.
En même temps tu nous sensibilisais au drame de la dictature au Chili, aux risques très graves du nucléaire…et tu nous emmenais, nous partions avec toi à CREYS-MALVILLE, au LARZAC, à LIP.
Alain et toute une équipe que vous êtes, beaucoup grâce à ta force d’affronter l’impossible on créait ensemble les loisirs populaires dolois devant le fait que beaucoup de gamins de Dole n’avaient pas accès à de véritables vacances…il y a 40 ans…1977. Nous le disions avant-hier à la journée commémorative de Montjeux. Nous t’avons reconnu et nommé Alain : un des fondateurs des LOISIRS POPULAIRES de DOLE.
On raconte qu’un jour Camille Claudel était en train de sculpter le buste d’une femme dans un bloc de marbre. L’ouvrage est en train de sortir de la finesse et de l’ardeur de sa façon de tailler la pierre, avec ses mains de fée…Arrive une petite fille qui, en admirant ce qi se réalisait sous ses yeux, dit à CAMILLE CLAUDEL : « comment tu savais que la dame, elle était là-dedans ? »
Alain, là… ensemble avec tous les amis…nous avons envie de te dire :
« Comment tu savais devant les situations impensables dans lesquelles tu es venu nous rejoindre…comment tu savais que notre humanité elle était là-dedans ? »
Comment tu savais qu’il ne nous faut pas nous évader du réel mais affronter et se coltiner la difficulté, aborder l’impossible, ne pas éviter le conflit, déceler « ces choses cachées depuis le commencement du monde » comme l’écrit René Girard et nous le rappelle notre ami Daniel.
Comme la petite fille à Camille Claudel, nous avons envie de te demander Alain « où que c’est que tu allais puiser cette force qu’il nous faisait tant de bien de voir en toi ? »
Je crois que tu avais l’art de trouver et déceler assez vite ce que j’appellerais «les nappes phréatiques ». Tu avais le flair de trouver les personnes-ressources, tu nous en as fait rencontrer des « personnes phares » !
Aujourd’hui chacun de nous, en même temps, en communion - tu le sens- nous sommes en train de t’exprimer Alain notre reconnaissance de nous avoir fait voir ce dont nous sommes capables. C’est là que tu allais puiser. En chacun des gens que tu rencontrais, tu croyais. Avec des moins que rien, que nous pensions que nous étions à certains jours, tu faisais de nous tous des plus que tout.
Tu savais que notre humanité elle était là-dedans, en nous, entre nous tous, en commençant par les plus petits, un peu, beaucoup comme dans le mouvement ATD-QUART MONDE.
Et ce don que tu avais de faire la fête, de nous rendre réalisateurs et acteurs de la fête, créateurs…faudra pas qu’on le perde, ce don !
J’ai été témoin…quand, à la ressemblance de Jésus, tu as remis ton souffle dans les mains du Père.
J’ai l’impression que dans ce sacré coffre que tu avais c’est le souffle de Jésus que tu laissais se loger, là-dedans…le souffle de l’évangile que nous venons d’entendre.
Il me semble que ton coffre reste ouvert. Tu nous demeures accueillant. La belle amitié que nous avons tissée avec toi nous autorise à continuer de venir y puiser cet esprit des Béatitudes.
Samedi 23 septembre, il y a 10 jours, nous réalisions à Besançon la marche pour la Paix, que nous avions préparée avec toi, Alain, au sein du mouvement A.D.N. affilié au M.A.N. dans lequel nous demandons instamment que dans notre pays la France nous nous défaisions, que nous nous démunissions de l’arme nucléaire de manière unilatérale.
Pendant cette marche une de nos amies, Pascale, est venue te voir à l’hôpital de Dole et tu lui as dit :
« Qu’est-ce que tu fais là ? T’es pas à la manif ? »
Cher Alain, je crois que c’est ça qui va continuer de sortir de ton coffre d’ami :
« Les amis, qu’est-ce que vous faites là ? Vous êtes pas à la manif ? »
Nous allons continuer de répondre à ton interpellation de manifester notre humanité dans les situations impossibles.
C’te manif que nous réalisons maintenant, c’est pour te signifier, Alain, ainsi qu’à tous les tiens notre amitié reconnaissante de nous avoir appris de ne pas garder enfoui au fond de nous ce que tu nous as communiqué du souffle de l’humanité.
Une sacrée saga
La vie de Saïga !
Lulu pour les obsèques de son ami Alain Saillard