Les associations de solidarité doloises lancent une alerte
Les associations de solidarité ci-dessous vous invitent à une conférence de presse
Jeudi 21 décembre 2017 à 17h 30 salle des Arquebusiers à Dole
afin d'alerter les citoyens et les pouvoirs publics sur les situations dramatiques de nombreux migrants sur Dole et le Jura :
- personnes et familles déboutées du droit d'asile, sommées de quitter leur hébergement, avec des enfants en bas âge, en plein hiver, et non prises en charge par le 115.
- mineurs non accompagnés non reconnus comme tels et renvoyés à la rue, sans préavis.
Les associations doloises s'efforcent de répondre à ces situations pour assurer à ces personnes des conditions de vie dignes, mais elles ne peuvent pas à elles seules répondre aux besoins.
Elles interpellent le Préfet et le conseil départemental afin d'ouvrir un dialogue constructif pour plus d'humanité et de justice.
Nous comptons sur votre présence
ACR
ADN-MANV
ATD
ATTAC
Cercles de Silence Dole-Poligny
CPDA
Femmes Debout
LDH
RESF
Restos du Cœur
Sec Catho
Sec Pop
TDH
Les associations humanitaires et de solidarité du bassin dolois font un constat dramatique.
De nombreuses familles déboutées du droit d'asile ne peuvent plus être hébergées au CADA (centre d'accueil des demandeurs d'asile). Elles sont sommées par les services de la Préfecture de quitter leur hébergement, mais aucune alternative ne leur est proposée. Le 115 refuse de les prendre en charge.
La situation de mise à la rue complique pour ces personnes l'exercice de leurs droits. Elles sont déstabilisées par les pressions et le climat de peur actuel. Elles vivent aujourd'hui dans une angoisse terrible de se retrouver à la rue ou embarquées de force pour un retour au pays. Elles disent ne pas pouvoir rentrer dans leur pays car elles se sentent toujours menacées et ne sont pas en sécurité. Elles ont connu pour la plupart racket, agressions, incendies, viols, assassinat de proches.
C'est le cas d'une trentaine de familles à notre connaissance. Ces familles sont présentes sur Dole depuis souvent plusieurs années. Elles ont des enfants scolarisés et bien intégrés, en école, collège, lycée, enseignement supérieur ; les parents se sont investis dans l'apprentissage du français, participent aux activités proposées par les associations, proposent souvent leur aide par du bénévolat, car ils n'ont pas de droit au travail. Ils montrent ainsi leur volonté de s'intégrer dans la société française et de ne pas rester assistés malgré leur situation.
Deux couples expulsés de leur hébergement sont actuellement hébergés gracieusement par des bénévoles après avoir passé plusieurs nuits à l'hôtel, nuitées prises en charge financièrement par les associations.
Le cas de mineurs non accompagnés (MNA) est tout aussi préoccupant.
Sur Dole, 8 jeunes ont été exclus du foyer où ils avaient été mis à l'abri, une commission départementale ayant jugé qu'ils n'étaient pas mineurs. La mise à la rue du jour au lendemain a été inhumaine pour ces adolescents qui pendant les mois de leur traversée de l’Afrique vers l’Europe avaient connu des conditions extrêmes et traumatisantes.
La prise en charge des MNA relève de la compétence des départements au titre de la protection de l'enfance. Le service de l'aide sociale à l'enfance (ASE) du Conseil Départemental a la charge de les mettre à l'abri et les mener à une intégration sociale et professionnelle.
Mais d'abord il vérifie la condition de minorité. Cela se fait par une commission départementale qui vérifie les documents d'identité présentés, interroge le jeune sur sa famille, son histoire, sa fuite du pays. Cette procédure est définie par la circulaire du 25/1/2016 qui précise qu'en cas de doute à l'issue de l'évaluation, celui-ci profite à la personne. Nous aimerions avoir des précisions sur la composition et le fonctionnement de cette commission.
Au cas où le jeune n'a pas été reconnu comme mineur, il doit pouvoir accéder à l'ensemble des droits reconnus aux personnes majeures, hébergement d'urgence notamment (circulaire du 25/1/2016). Or ils sont exclus immédiatement du foyer et doivent se débrouiller seuls pour trouver un hébergement et effectuer les démarches.
Aujourd'hui, le 115 déclare être saturé. D'ailleurs, est-ce un accueil digne que de ne pouvoir offrir à ces jeunes au mieux qu'un abri pour la nuit et une errance dehors toute la journée ? Aussi 5 familles de la région doloise ont-elles décidé de loger ces jeunes chez elles à titre provisoire. Elles leur offrent un toit, une sécurité, un accompagnement dans les démarches.
Les associations de solidarité doloises sont chaque jour en contact avec ces personnes en désarroi. Elles leur procurent, alimentation, vêtements, apprentissage du français, accompagnement dans leurs démarches et des liens humains. L'implication de citoyens qui, par solidarité, par humanisme, ou par convictions religieuses, offrent un logement à des étrangers exclus des dispositifs est remarquable. Nous faisons le maximum, mais nous ne pouvons continuer à pallier les manques.
Les associations ne contestent pas le droit qui décide qui peut être accueilli et comment, mais demandent plus d’humanité dans l'application du droit. Elles lancent un appel aux pouvoirs publics, chacun selon ses responsabilités, pour engager un dialogue et accompagner au mieux les familles et les jeunes qui demandent l'asile, c'est à dire la sécurité et la possibilité de vivre dignement en France.