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Lulu en camp volant

Tu leur donneras bien le bonjour...

29 Janvier 2019, 08:47am

Publié par luluencampvolant

Dampierre le 8 janvier 2019

 

« TU DONNERAS BIEN LE BONJOUR A GILBERTE ET A MADAME MONTESSORI » (Régina)

 

Il est un peu plus de sept heures ce matin. L’angélus vient de sonner au clocher du village me rappelant que « le verbe n’arrête pas de se faire chair. » (Jean 1,14) L’angélus m’appelle aussi à être à l’écoute de ce que vivent et disent les personnes avec qui je suis en relation et à ne pas passer à côté de celles avec qui il me faut tendre à y être davantage. Je sens bien que si leurs paroles nous rentrent dans la peau, c’est pour que « de notre chair blessée jaillisse une parole qui nous libère »


Je suis en train de faire chauffer l’eau pour préparer le café. Et voilà que le téléphone sonne. C’est Régina qui m’appelle. Elle a un bon moment devant elle avant de partir au travail. Son compagnon Dominique est déjà parti avec sa petite voiture sans permis, à l’usine où sont fabriqués des tournevis et des clefs d’outillage Facom. Elle Régina, va se rendre à l’ESAT sur la zone industrielle d’Arbois en prenant le bus un peu plus tard. Elle travaillera à compartimenter dans des sachets plastiques des forets venant de l’usine Diager. Régina travaille dans cet ESAT avec Bruno et toute une équipe de camarades et amis depuis plus de 25 ans. Avec plusieurs d’entre eux, nous avons réalisé au moment de leurs congés annuels, des campements mémorables au Frasnois, en lien avec Denise qui était à la fois notre cuisinière et notre conseillère.


Après les congés de l’été, j’étais heureux de retrouver tous mes amis et de les saluer à la sortie de leurs ateliers lorsque je venais chercher Bruno afin de nous rendre à l’école Montessori, naissante au 14 rue des rondins chez Gilberte à Poligny. Un jour, me voyant partir pour cette école avec Bruno, Régina nous avait dit : « Vous donnerez bien le bonjour à Gilberte et aussi à Madame Montessori» 


L’initiative et la création de cet atelier Montessori revenait à Gilberte et à Claude et Henryelle.  Ils avaient monté cela selon la méthode de Madame Montessori. C’était beau comme Gilberte nous mettait dans le souffle et l’esprit de Madame Montessori à chacune des séances auxquelles nous participions. Nous parlions de cette femme de façon passionnante. Grâce à elle, nous découvrions que chaque enfant, chaque personne « n’est pas un vase à remplir, mais une fleur qui cherche à s’épanouir. » Ainsi nous donnions l’impression à Régina que, quand nous partions à l’école auprès de Gilberte, nous rencontrions aussi, sans doute, Madame Montessori dans cette école. Il fallait par conséquent non seulement saluer Gilberte mais aussi Madame Montessori. 


Ce matin Régina m’appelle pour me souhaiter la bonne année. Je lui souhaite à elle aussi ainsi qu’à ses camarades de l’ESAT et aussi à Dominique son compagnon, une belle et bonne année. Elle me dit que Bruno lui a demandé si ma maison était réparée …


Régina : « Bruno m’a demandé aussi quand c’est qu’on allait ramasser les pommes pour faire le jus de pomme chez toi »
Lucien : «  Je suis très touché des paroles de Bruno que tu me rapportes, Régina. Il me tarde que ma maison soit réparée et que je puisse vous y accueillir »
Régina : «  Quand c’est la Percée du jus de pommes ? »
Lucien : «  J’avais beaucoup apprécié tes paroles, l’année où tu m’avais demandé ça pour la première fois. C’était quelques jours avant que nous réalisions le jus de pommes à Dampierre. Et c’était au moment où dans toute la région de Franche-Comté on parlait de la Percée du Vin Jaune qui devait avoir lieu à Montigny les Arsures quelques temps après. Et toi Régina, tu avais parlé de la Percée du Jus de pommes à propos de la pressée que nous devions faire à Dampierre avec le broyeur et le pressoir à pommes de mon papa. 


Régina manifeste sa joie d’avoir été créatrice de ces mots. Elle rit et moi aussi. Et puis, elle me reparle du feu qu’elle aimait entretenir durant les campements avec Denise, Rachel, Sophie, Jeannot et Béatrice et toute l’équipe. Régina me redit comment la veillée étant terminée, elle parlait à son petit feu en mettant un gros morceau de bois sur lui. Elle lui disait : «  Bonsoir mon petit feu ! Je te souhaite une bonne nuit … A demain matin … » 


Un matin Régina s’était levée la première afin de nous offrir le café tout chaud au fur et à mesure que nous nous levions. Elle avait voulu ranimer le feu. Après avoir disposé de petites brindilles de sapin sur les braises qui couvaient sous la cendre, elle avait soufflé dessus pour le faire redémarrer. Elle avait dû s’approcher trop près du feu. Ses joues et son menton étaient tous noirs. Je m’en étais rendu compte et je n’avais rien dit. Mais au moment où Stéphane sort de la tente et se dirige vers nous pour venir boire le café, il s’aperçoit de la transformation du visage de Régina et il lui dit :
Stéphane : «  Oh Régina, comme t’es ! T’es toute machurée ! »
Régina : « Oh, c’est rien ! C’est mon petit feu qui a voulu m’embrasser ! »


Nous avions apprécié cette personnalisation du feu dans la façon de parler de Régina. Il y avait quelque chose de franciscain dans ce que vivait et disait Régina. Comme Saint François d’Assise qui donnait à la terre le nom de Mère, à l’eau le nom de Sœur, au vent celui de frère, Régina nous appelait à considérer le feu comme notre Frère. 


Nous rions de bon cœur. Je félicite Régina pour le feu de l’amitié qu’elle entretient entre nous tous, en nous appelant au téléphone, en allant rendre visite comme elle le fait. 
Lucien : « Merci Régina de me parler des autres comme tu fais, de m’appeler pour les réunions de la C.J. (SCEJI) que vous continuez avec Denise, Dominique, Guy et Marie-Noëlle et la dame qui fait les dessins.
Régina : «  Merci pour ta carte que Dominique nous a lue. »
Lucien : « Tu veux parler de la carte que je vous ai écrite depuis Oran où je suis allé à la béatification des moines de Tibhirine et de leurs compagnons. » 
Régina : «  Oui, tu nous as fait plaisir … Au fait, tu as le bonjour de Monique et Constant Chauvin. »
Lucien : « Merci ! Tu les salueras de ma part. Elles étaient belles les rencontres que nous faisions chez eux … Comment va ta maman Régina ? »
Régina : «  Je suis allée la voir avec Dominique, le jour de l’an chez ma sœur à Lavans les Dole »
Lucien : «  Dis-moi son adresse, veux-tu ? »
Régina me donne l’adresse de sa sœur chez qui leur maman réside et je lui dit :
Lucien : «  Merci Régina pour tous les liens que tu continues de créer et d’entretenir entre nous tous, avec toi »


Régina : «  Au fait, on n’a pas de nouvelles de la Rachel ? » 
Lucien : «  Rachel continue son voyage à la recherche des jardiniers de la paix. Elle en trouve en ce moment au Rwanda. Elle vient de traverser des pays où c’est très dur de vivre. Elle rencontre des gens qui, dans des situations très violentes, sont artisans de paix, essayant d’entretenir la justice et l’amitié. Elle vient de passer tout près du Congo où il y a des élections en ce moment. Les gens de ce pays voudraient élire un nouveau président de la République. Celui qui y est encore en ce moment, ne veut pas que ce soit un autre que lui qui le devienne. Il veut absolument garder tout le pouvoir pour lui. C’est dans bien des endroits de la planète que des gens veulent tout garder pour eux. »
Régina : « C’est pas facile tous les jours dans notre atelier ! » 
Lucien : «  Vous êtes, vous aussi, des jardiniers de la paix, comme dit Rachel … Quand vous avez le souci de ne pas laisser certains collègues de travail tous seuls … Quand vous vous retrouvez, comme vous faites, à la salle d’Arbois … Quand vous vous empêchez de dire du mal sur quelqu’un … Quand vous cherchez à donner de l’amitié à ceux qui rencontrent peu de gens … à ceux qui attendent une visite ou une parole joyeuse. »


Régina : « J’entends au téléphone le bruit que fait ton crayon sur le papier. Je suis presque sûre que tu es en train d’écrire ce que je suis en train de dire … Tu pourrais presque faire un livre »
Nous sourions Régina et moi.
Lucien : «  Ce serait notre livre. Celui-là de toute l’équipe de la CJ. Oui Régina, je suis tellement heureux d’entendre tes paroles me racontant ce que vous réalisez de beau. Alors, pour que ça ne se perde pas, je les écris, je les ramasse. Il y a déjà longtemps qu’on s’est mis à écrire notre histoire, à la CJ ! »
Régina : « Tu donneras le bonjour à Rachel. Je pense à elle. Je prie pour elle, pour son papa et sa maman, pour toute sa famille. Son papa qui n’a plus son bras (valide). Il remarche. On avait fait une belle fête pour l’anniversaire de Rachel … Où que c’est qu’ils habitent ses parents ? »
Lucien : «  A Mont sous Vaudrey ! »
Régina : «  Tu leur donneras le bonjour … Son papa il s’est mis à remarcher … C’est grâce à nous … Donne-moi le numéro de la rue où ils habitent » 
Lucien : «  Ce n’est pas une rue. Ça s’appelle un clos où ils habitent ! (...) » 
Régina : « Je dirai à Dominique qu’on aille les voir un jour avec sa petite voiture… Je vais partir au boulot, je te dis au-revoir et toute mon amitié éternelle »
Lucien : «  A la revoyotte »

Souvenirs des campements au Frasnois de 2005 à 2007
Souvenirs des campements au Frasnois de 2005 à 2007
Souvenirs des campements au Frasnois de 2005 à 2007
Souvenirs des campements au Frasnois de 2005 à 2007
Souvenirs des campements au Frasnois de 2005 à 2007
Souvenirs des campements au Frasnois de 2005 à 2007
Souvenirs des campements au Frasnois de 2005 à 2007
Souvenirs des campements au Frasnois de 2005 à 2007

Souvenirs des campements au Frasnois de 2005 à 2007

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Les vœux des moines de Notre-Dame de l'Atlas

13 Janvier 2019, 11:00am

Publié par luluencampvolant

Notre-Dame de l'Atlas - Midelt (Maroc)


Bien chers parents, amis, frères et soeurs, Paix et Joie à vous tous !


L’année 2018 a été pour nous un beau cadeau du ciel, tout enveloppé de la grâce de la Béatification de nos sept Frères Bienheureux Martyrs. Le 26 janvier, le Pape François signait à Rome le Décret de Béatification des 19 martyrs d’Algérie. Le 8 décembre, sept frères de Notre-Dame de l’Atlas étaient présents à Oran pour participer à cet événement majeur pour l’Eglise, pour notre Ordre, et pour nous-mêmes en tant qu’héritiers de nos Frères martyrs. En annexe, vous trouverez un bref récit de notre pèlerinage de Midelt à Tibhirine.


La présente lettre circulaire se veut une action de grâces pour les bienfaits que le Dieu de Miséricorde a répandu sur notre communauté au cours cette bienheureuse année.


Action de grâces, d’abord, pour la bonne santé de nos deux Pères Jean-Pierre, si éprouvés en 2017, et qui leur a permis de voyager en Algérie.


Action de grâces, ensuite, pour l’ordination épiscopale, le 10 mars, du nouvel Archevêque de Rabat, Mgr Cristóbal López Romero. Ce religieux Salésien avait déjà servi l’Eglise au Maroc, entre 2003 et 2010, en tant que membre de la communauté de Kenitra et directeur de l’Ecole Dom Bosco. Voici l’une des premières paroles de notre évêque : « Ma mission n’est pas de faire l’Eglise, mais de construire le Royaume de Dieu, plein de paix, de justice, de liberté, de vie, de vérité et d’amour ».


Action de grâces pour la Profession Solennelle de notre Frère Nuno de Sao José, le 31 mai, Fête de la Visitation. Moment fort pour notre communauté qui a rassemblé plus d’une centaine de personnes, parents et amis, chrétiens et musulmans, au monastère. La dernière Profession Solennelle pour Notre-Dame de l’Atlas remontait à 1991, celle de Frère Paul, à Tibhirine.


Action de grâces pour les fruits de la Visite Régulière réalisée, au début du mois d’août, par Dom Benoit, Père Abbé de N.-D. de Timadeuc, délégué par notre Père Immédiat démissionnaire, Dom Eric, d’Aiguebelle. Au cours de cette visite, le 6 août, Fête de la Transfiguration, Frère Antony s’est engagé dans notre communauté par le changement de sa stabilité. Dom Daniel, son ancien Père Abbé au monastère de Caldey, nous a honorés de sa présence.


Action de grâces, encore, pour la réalisation d’un projet que nous attendions depuis longtemps. Une très belle et significative rencontre de trois jours avec des amis musulmans soufis, à Fès, lors du Festival de la Culture Soufie. L’organisateur de cet événement, Mr. Faouzi Skali, nous avait rendus visite en début d’année et avait sollicité notre présence. Fin septembre, nous sommes donc partis quatre frères dont notre aspirant espagnol, Alberto qui, quelques jours plus tard, le 6 octobre, commençait officiellement son postulat à Notre-Dame de l’Atlas.


Pour l’année 2019, nous avons le projet d’aménager un beau mémorial en l’honneur de nos Frères Martyrs, dans l’enceinte du monastère. Une célébration de leur Béatification aura lieu chez nous pour l’Eglise du Maroc et nos nombreux amis musulmans. Notre Eglise se prépare également à accueillir le Pape François qui visitera le Maroc les 30 et 31 mars prochain. Inch’Alla !


Nous ne pouvons pas terminer cette lettre sans évoquer avec une profonde émotion notre Frère Amédée, en cette année de son 10e anniversaire de sa naissance au Ciel.


Les Frères de Notre-Dame de l’Atlas vous souhaitent un Joyeux Noël et Bonne Année 2019.

Bienheureux Martyrs, Luc, Bruno, Célestin, Paul, Christophe, Christian et Michel, priez pour nous

Bienheureux Martyrs, Luc, Bruno, Célestin, Paul, Christophe, Christian et Michel, priez pour nous

Bref récit de notre pèlerinage en Algérie – 6 / 10 décembre 2018


La communauté de Notre-Dame de l’Atlas a eu la grâce de pouvoir aller à la Béatification de leurs sept frères de Tibhirine, ainsi que 12 autres religieux et religieuses, dont Mgr. Pierre Claverie, évêque d’Oran, assassinés pour leur foi, entre le 8 mai 1994 et le 1er août 1996.


Notre pèlerinage a commencé le jeudi, 6 décembre, par un voyage en taxi collectif de Midelt à Casablanca, où les prêtres de la paroisse Notre-Dame de Lourdes nous ont accueillis fraternellement. Le vendredi matin, nous étions six moines, accompagnés par notre cher évêque Père Cristóbal, à prendre l’avion à destination d’Oran. Arrivés vers 14h00, une petite commission d’accueil nous a reçus dans la joie. Un bus nous attendait pour nous amener à l’hôtel où nous avons rejoint des centaines d’amis et de parents des 19 bienheureux martyrs.


Après un bon dîner, nous sommes partis ensemble vers la Cathédrale d’Oran afin de participer à une veillée de prière. Moment riche d’émotions et de témoignages, dont celle de notre Père Jean-Pierre et celle de Soeur Chantal, survivante de l’attentat qui a tué Soeur Odette Prévost.


La présence de nombreux amis musulmans nous a beaucoup touchés, en particulier celle de la maman du jeune Mohamed Bouchekhi, chauffeur et ami de Pierre Claverie, qui a perdu sa vie en compagnie de l’évêque d’Oran, le 1er août 1996. Aussi, celle du fils d’un autre Mohamed, l’ami musulman qui a donné sa vie pour protéger celle du jeune officier français Christian de Chergé, à la fin des années 1950. Des prières chrétiennes et musulmanes ont enrichi cette belle rencontre qui s’est achevée par une procession à la tombe du Bienheureux évêque Pierre Claverie. Chacun des participants y a déposé une bougie allumée, signe de la Vie plus forte que la mort.


Le lendemain matin, nous avons été accueillis chaleureusement à la grande Mosquée Abdelhamid Ben Badis par les autorités religieuses locales et le Ministre Algérien des Affaires Religieuses, Mr. Mohamed Aïssa. Cette visite s’inscrivait dans le cadre de l’hommage de l’Algérie aux 19 martyrs religieux et religieuses chrétiens et aux 114 imams assassinés durant la décennie noire.


A l’arrivée, chacun des participants a reçu une rose des mains de jeunes filles habillées en costume traditionnel. Une brochure nous a aussi été offerte : « Jésus dans le saint Coran ». Suite aux discours des représentants des deux traditions religieuses, nous avons découvert la beauté de ce lieu de culte. La visite s’est achevée par une réception, avec thé et pâtisseries.


Ensuite, nous sommes montés vers le sanctuaire de Notre-Dame de Santa Cruz.
Le ciel bleu et le soleil étant au rendez-vous, la Messe de béatification a pu avoir lieu sur l’esplanade du temple marial où 1 400 personnes environ étaient rassemblées.


Mgr Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran, a prononcé les premiers mots de bienvenue, et après la lecture du testament spirituel de Mohamed Bouchekhi, une minute de silence a été gardée en mémoire des milliers de victimes innocentes de la guerre civile algérienne.


Avant la célébration eucharistique, un message du Pape François a été lu. Pour l’occasion, le saint Père était représenté par le Cardinal Angelo Becciu, Préfet de la Congrégation pour les causes des saints. Pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise, un événement de cette portée se réalisait dans un pays musulman. L’Evangile, proclamé d’abord en français, a ensuite été chanté en arabe par un prêtre d’Oran, le P. Becker. Toute la célébration a été animée par une vivante et joyeuse chorale africaine. Deux moments forts sont à signaler : l’échange d’un geste de paix entre l’évêque d’Oran et les imams présents et la descente d’un grand panneau portant les visages et les noms des 19 bienheureux martyrs qui a suscité les you-yous des femmes et les applaudissements de l’assemblée.


Les trois heures de la célébration sont passées comme un souffle léger, dans une grande sérénité. Pour terminer, l’évêque d’Oran a exprimé sa joie profonde et son immense reconnaissance à tous les chrétiens et musulmans qui ont rendu possible la réalisation de cette fête en Algérie.


Le dimanche, 9 décembre, une centaine des pèlerins ont entrepris un voyage de huit heures en car pour se rendre d’Oran à Tibhirine.


A notre arrivée, les amis de Tibhirine nous attendaient les bras ouverts, à la porte du monastère. Pour notre père Jean-Pierre, qui a vécu à Tibhirine durant 32 ans, il s’agissait d’un retour « chez lui », 20 ans plus tard. Nous avons été témoins de l’émouvante rencontre de notre ancien, âgé de 95 ans, avec ceux qui ont vécu tant de choses avec lui : Mohamed, le gardien, Youssef, Benali, Père Robert, Samir, entre autres.


Pour chacun de nous, la visite au monastère fut courte mais d’une grande intensité. Un repas d’accueil, la célébration d’une Messe d’action de grâce, présidée par le Cardinal Becciu, la visite des bâtiments et une prière silencieuse au cimetière en présence de nos sept frères bienheureux martyrs, et d’autres moines dont les corps reposent en ce lieu. La communauté du Chemin Neuf, qui vit actuellement sur place, était heureuse de nous recevoir et de partager ce moment inoubliable avec familles et amis.

Photos partagées dans l'annexe de la lettre circulaire de la Communauté de l'Atlas
Photos partagées dans l'annexe de la lettre circulaire de la Communauté de l'Atlas
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On ne savait pas que tu étais né en Algérie !

11 Janvier 2019, 15:47pm

Publié par luluencampvolant

Photo tirée de l'interview réalisée par KTO

Photo tirée de l'interview réalisée par KTO

Orchamps, le 1 janvier 2019

 

« ON NE SAVAIT PAS QUE TU ETAIS NE EN ALGERIE ! » (Myriam)

 

C’est la parole que m’adresse Sœur Myriam de la communauté des sœurs Dominicaines d’Orchamps, en ce jour de l’an tout neuf de relations de paix et de justice que nous nous souhaitons pour toute notre humanité. 


Nous sommes venus avec Jeannot présenter nos vœux et exprimer notre reconnaissance à Sœur Madeleine, celle qui a été son institutrice à l’école Jean Bosco, durant les années 1970-1980. Et autour de Madeleine, il y a quelques-unes des religieuses de la communauté : Sœurs Jeannine, Anne-Marie, Myriam. Elles viennent de voir et entendre à l’émission KTO, l’interview de Jean-Paul Vesco l’évêque d’Oran, suite à la béatification des 19 témoins-martyrs, le 8 décembre.


Sœur Myriam me dit : « Tout de suite après ce que dit l’évêque Jean-Paul   Vesco, l’animateur de KTO nous annonce des témoignages, et c’est toi que nous voyons et on entend ce que tu commences à dire … Je ne savais pas que tu étais né en Algérie, tu ne nous l’avais jamais dit … » Les autres sœurs et moi nous écoutons Sœur Myriam … Et sœur Jeannine dit : « On n’a pas bien entendu … Tu dis Lulu que tu es né en Algérie … Mais veux-tu dire que c’est à la non-violence que tu es né, pendant que tu étais à la guerre d’Algérie ? »


Je prends la parole et je dis : «  Vous ne pouvez pas savoir mes sœurs, comment ce qui vient de m’arriver grâce à vous en ce moment, me touche. En effet, mes paroles ont été court-circuitées en raison de l’émotion qui m’est venu au moment où j’étais interviewé… mais ça donne vraiment ce que je voulais. »


Grâce à beaucoup d’amis et particulièrement à des amis musulmans, j’ai eu la possibilité d’aller à Oran pour la béatification. Mais sachant que l’église Santa Cruz était trop petite pour contenir le monde qui aurait voulu participer à la célébration, je ne voulais pas prendre la place des membres des familles des frères et sœurs martyrs, ni non plus celle des membres des communautés religieuses, ni bien sûr la place des musulmans d’Oran. Les places revenaient en premier à tous ces gens. Mais il me suffisait de me trouver dans la cour de la maison diocésaine d’Oran et de me situer dans les endroits où je pourrais rencontrer grâce à Amilton des témoins comme frère Jean-Pierre Schumacher, Fadila Semaï, quelqu’un de la famille de Mohamed Bouchkri, et pouvoir ramasser, en m’approchant de ces personnes et en les écoutant, quelques graines de non-violence dont m’avait parlé Jean-Marie Muller. Voilà pourquoi je tenais tant à être en Algérie à Oran, ces jours-là de la béatification, les 7 et 8 décembre. Pour ça. Pour ramasser ce qui se ferait et se dirait à teneur de non-violence. Car c’était en Algérie, à quelques kilomètres d’Oran que j’étais né à l’objection de conscience. 


En effet, c’est durant la guerre d’Algérie que j’avais commencé d’apprendre à résister à la violence que l’on nous imposait dans le régiment parachutiste où j’étais affecté. C’est en Algérie que j’avais appris à refuser de haïr les membres de ce peuple algérien que l’on nous faisait prendre pour des ennemis et des terroristes. C’est en Algérie que j’avais commencé d’arrêter d’abîmer mon humanité en détruisant celle des autres. Mes sœurs, Jean-Luc, c’est bien en Algérie que je suis né... à l’objection de conscience. 


Quant à la fin de la célébration de la béatification le 8 décembre, dans l’église de Santa Cruz, une caméra-man de l’émission KTO me demande si je voulais bien être interviewé, j’ai répondu oui dans l’immédiat, tellement je ramassais des graines de non-violence en voyant et écoutant tout ce dont j’étais témoin. Je venais d’entendre Youssef, jardinier à Tibhirine dire à frère Jean-Pierre Schumacher : « Tu sais, la source qui fait pousser les arbres et les légumes dans le jardin, elle coule toujours, elle ne s’est jamais arrêtée. » J’avais compris que c’était la source de la non-violence qui ne s’arrêtait pas de couler jusqu’à nous. Je vivais ce pourquoi j’étais venu. Mais ça me donnait  beaucoup d’émotions que cette personne de la télévision s’arrête à moi, je ne m’y attendais pas. Surtout quand elle me dit : « Vous avez l’air heureux d’être venu à Oran aujourd’hui, voulez-vous nous dire pourquoi ? » En commençant de répondre, je dis : « Parce que c’est en Algérie que je suis né … » et les mots que je voulais adjoindre à ce que j’avais commencé à exprimer n’arrivaient pas à sortir… Ça y était … Ça venait quand même …  « C’est en Algérie que je suis né … à l’objection de conscience … Je suis venu aujourd’hui afin de ramasser des graines de non-violence… Du fait que je suis fils de Dieu, je suis aussi héritier de cette manière d’aimer, vécue par les fils et les filles de Dieu que sont les 19 martyrs, ainsi que les 114 imams que nous reconnaissons aujourd’hui à Santa Cruz à Oran … Je tenais à venir chercher ma part d’héritage.


Je suis venu recevoir mon héritage en ramassant les graines de non-violence, la force d’aimer qui a poussé ces hommes et ces femmes à rester sur les lieux de fractures et d’épreuves où ils vivaient … Tout ce que j’aurai ramassé de non-violence, toutes ces graines, je les rapporterai et les mettrai dans un endroit commun et avec mes amis, nous les ensemencerons, nous les sèmerons au souffle de l’Esprit des quatre vents, pour que ça pousse là où nous vivons, comme ça pousse sur la terre d’Algérie … où je suis né à la non-violence. »


Voilà que j’avais pu engranger en moi comme beaucoup de gens le faisaient, ces graines de non-violence. C’est en vivant à la manière de ces témoins-martyrs, en parsemant à la surface de la terre, et de la mer Méditerranée, et du détroit de la Manche, ces actes d’évangile et de non-violence, comme les étoiles parsèment le ciel, que nous pourrons vivre une année juste et vraie. Nous nous pousserons les uns les autres, pour que chaque femme, homme et enfant, trouve sa place.
 

icône des martyrs d'Algérie

icône des martyrs d'Algérie

L'émission que les soeurs d'Orchamps ont visionnée...

Veillée de prière du 7 décembre 2018

Messe de béatification du 8 décembre 2018

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Pour toi, c'est quoi la paix ?

8 Janvier 2019, 16:24pm

Publié par luluencampvolant

Les jeunes qui ont fait un au camp dans les Balkans avec le CCFD Terre Solidaire cet été, puis participé au festival de la paix du MRJC à Besançon, organisent un repas fondue ce dimanche 13 janvier à la salle des fêtes d'Etalans à partir de 11h30. 

 

A 13h45, un spectacle rendra compte des graines de paix qu'ils ont cueillies au long de leur voyage... 

 

Si vous êtes intéressés, inscrivez-vous vite ! 

 

Toutes infos sur l'affiche jointe, 

ou sur Facebook : https://www.facebook.com/CampBalkans/

ou sur le site du CCFD

Pour toi, c'est quoi la paix ?

Texte repris sur FB :

 

Dobar dan ! (Bonjour, en serbo-croate)

Le Saviez-Vous ?

Un groupe de 13 jeunes des régions Bourgogne Franche Comté et Alsace Lorraine est parti l’été dernier du 22 juillet au 2 août 2018 à la rencontre des partenaires du CCFD-Terre Solidaire dans la région des Balkans afin de mieux comprendre les enjeux de ce territoire, notamment sur les questions de paix et de réconciliation, et participer ensuite au "Rendez-vous, le Festival International pour la Paix" en Août 2018 organisé par le MRJC à Besançon.

Cette thématique de la paix nous a questionné, à la fois sur la situation là-bas et plus globalement chez nous en France. Depuis notre retour, nous avons déjà fait 3 restitutions : une à Besançon lors du FIP et 2 à Epinal pour un café débat et une conférence pour les réseaux CCFD lorrain et avant un concert d’un groupe de Bosnie Herzégovine ! Mais nous ne sommes qu’au début !

C’est maintenant le moment pour vous inviter à partager une 4 ième restitution. Celle-ci sera pour nous l'occasion de tester un spectacle que nous voulons vous proposer pour réfléchir à cette notion de paix.

Nous vous invitons pour une journée restitution de voyage Repas Fondue + Retour de Voyage => le dimanche 13 Janvier à la salle des fêtes d'ETALANS.

LE PROGRAMME : 
11h30 : Accueil Buvette (sur place) + Repas (prix 15 euros)
Possibilité de repas Vegan + prix enfant (- 12ans) 7 euros 
13h45 : Spectacle 

La journée terminera aux alentours de 16h

Pour vous inscrire : 
Par lien formulaire : bitly.fr/6hh
Par mail : juliannebetbeder@yahoo.fr
Par téléphone : 06 30 55 88 11
=> Inscription souhaitée avant le 8 janvier !

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Rony Brauman à Dole le 24 janvier

7 Janvier 2019, 11:04am

Publié par luluencampvolant

Le Collectif Dolois des associations de soutien aux migrants organise une conférence- débat avec

 

Rony Brauman

 

 

Jeudi 24 janvier 2019 à 20h30
à la salle Edgar Faure (Mairie de Dole)

 


« Nous sommes tous des réfugiés potentiels »

 


Conférence précédée d’une séance de dédicace de ses livres, à partir de 19h30 dans le hall de la mairie.
Ouvrages mis à disposition par la librairie la Passerelle, proposés à la dédicace :
« Pour un autre regard sur les migrations construire une gouvernance mondiale » Bertrand Badie, Rony Brauman éd. La Découverte
" Parlons Immigration en 30 questions " de François Héran éd. La Documentation française.
« Guerres humanitaires ? Mensonge et intox. Rony Brauman. Ed. textuel

 

Participation au chapeau pour contribuer à l’aide juridictionnelle et à l’hébergement des migrants de Dole.
Merci de votre générosité.

Rony Brauman à Dole le 24 janvier

ASSOCIATIONS DU COLLECTIF DOLOIS DE SOUTIEN AUX MIGRANTS :

ACR accueil citoyen des Réfugiés

ADM

Association ADN

ATD quart monde

Attac 39 Dole

LDH

CPDA DOLE

Restos du coeur Dole

Réseau Education sans frontière

Cercle de silence Dole

Secours Populaire 39

Terres des Hommes

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