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Lulu en camp volant

"Qu'est-ce que tu peux bien aller faire à Lourdes ?"

29 Avril 2019, 19:45pm

Publié par luluencampvolant

Lourdes, mardi 23 avril 2019

 

C’est la question que m’ont posée des amis un peu avant que je ne parte au pèlerinage diocésain qui commençait hier. Ils l’ont fait très fraternellement.


J’aime beaucoup me trouver devant une grotte ou entrer dedans. Je pense à la grotte de Dampierre mon village natal où j’allais jouer avec mes copains étant enfant. J’ai aimé me diriger vers la grotte de Bethléem dans laquelle est né Jésus le Prince de la paix. J’y étais allé au pas de l’âne Isidore en 2012-2013, afin de me désarmer de mes violences. Je pense à beaucoup d’autres grottes que j’ai eu le bonheur de visiter : Lascaux, les Moidons, les Planches en Arbois, la grotte Chauvet, celle d’Amange … C’est beau une grotte. C’est profond ce qui peut nous venir à l’esprit, nous apparaitre, ce qui peut surgir à notre conscience quand on entre dans l’une d’elle et que l’on fait silence en soi. Ça aide à voir d’où l’on vient, de quel ventre maternel nous sortons, et ainsi de mieux parvenir où la vie nous appelle à aller, quels citoyens du monde nous sommes appelés à devenir.


Mardi matin, au lendemain de notre arrivée à Lourdes, tous les gens du pèlerinage du Jura, nous nous sommes rassemblés, avec beaucoup de gens des quatre coins du monde, au pied de la grotte de Massabielle, où Marie la maman du Christ Jésus est apparue à Bernadette. Cette béance de notre mère la terre, m’impressionne profondément, cette cavité dans le ventre de notre planète, où est venue se loger à plusieurs reprises de l’année 1858  la Vierge Marie. Je suis émerveillé de lire au pied de la statue qui représente cet événement, les paroles : «  Que soy immaculata conceptio », « Je suis l’immaculée Conception ». C’est ce que Marie a dit à Bernadette quand elles se sont demandé et dit l’une à l’autre qui elles étaient et ce qu’elles attendaient l’une de l’autre. Et en entendant s’égrener le chapelet de ces rencontres, la foule n’arrête pas de chanter : « Ave Maria » et je suis de ceux-là.


Qu’est-ce qui peut bien continuer de se concevoir, de se conscientiser et de se dire au travers de tous les échanges entre les membres de notre humanité blessée, au bord de l’abîme, de nous tous qui en portons très lourd dans notre cœur et dans notre sac à dos, entre tous les humains que nous sommes et la Maman de Jésus, le Fils du Très Bas. Qu’est-ce qui peut bien m'apparaître quand je dis et reconnais que « le fruit de vos entrailles est béni » ? 


Ce qui sort alors du ventre de la terre est « bien dit ». C’est une « béné-diction ». N’est-ce pas une parole qui peut réparer notre humanité ? Ne sommes-nous pas en présence des pièces multiples d’un puzzle à reconstituer ?


Ça y est, la messe est enclenchée. Le souffle de Jésus, son Esprit-Saint, nous fait prendre conscience que nous tous, les gens qui sommes là, nous sommes le Corps du Christ. A celles et ceux sur qui nous nous appuyons, celles et ceux qui nous ont dit : « Au pied de la grotte, tu déposeras ce que l’on te partage, ce dont on t’a chargé ... ». A nous tous il apparaît : « Le Corps du Christ ».


Ce sont les membres du Corps du Christ qui viennent d’être déchiquetés au Sri Lanka en un acte violent, odieux et fou, par d’autres membres de notre humanité, qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Eux aussi, ne sont-ils pas les membres du Corps du Christ ?


A la communion, je comprends que l’esprit du Christ nous est donné pour que nous arrêtions de nous massacrer les uns les autres. L’enquête qui va être faite au Sri Lanka et aux Nations Unies, ira-t-elle jusqu’à chercher et trouver, et dénoncer de quels trafics et fabrications criminelles, viennent les armes qui ont déchiré une fois encore, la chair de notre humanité. Donne-nous la force, Ami Jésus, de nous démunir de nos violences, d’inventer des chemins où nous oserons arrêter de fabriquer et vendre des armes.


Il me revient alors à la pensée le visage d’un homme avec qui j’avais créé une profonde amitié. J’étais tout jeune prêtre, cet homme était en grande souffrance et douleur. La violence l’assaillait de bien des endroits. Il voulait, lui, citoyen de la ville où nous habitions, faire acte de justice, pensait-il, il voulait descendre le maire de la cité avec sa carabine 22 long rifle. Je comprenais dans ma prière, que l’amitié qui nous reliait, me demandait de l’aider à se défaire de sa carabine. Ça lui permettrait de ne pas passer à l’acte. J’osai humblement lui proposer de me la confier. Je la cachai sous mon lit. Ça ne suffisait pas, des fois il revenait déjeuner chez nous. Il me la redemandai avec insistance. Je lui disais : « Non ! » C’était pas facile, car il savait que la carabine n’était pas loin. Je priais et demandais à Jésus de me souffler les mots et l’attitude qu’il fallait avoir. Un jour j’arrivais à lui faire accepter qu’on détruise cette carabine. Il fut un petit peu d’accord. Je me dépêchais de briser la gâchette et le percuteur avec une masse, et de faire disparaître le tout. Mon ami m’en voulut pendant un temps. Je lui faisais alors percevoir sa dignité retrouvée. Il vint un peu de paix en lui, petit à petit. Il ne fut jamais assassin d’un de ses frères.


Je pense que je ne cesserais jamais d’être reconnaissant à Jean-Marie Muller et aux membres du M.A.N.V. de nous avoir fait découvrir qu’à l’impossible d’enrayer l’armement nucléaire de la France de manière unilatérale, nous sommes tenus. C’est ce que j’étais heureux de dire dans ma prière devant la grotte de Massabielle, au moment du baiser de paix, j’ajoutais dans ma prière au Christ : «Tu m’as aidé à persuader mon ami de se défaire de sa carabine 22 long rifle … d’arrêter ainsi de menacer de tuer le maire de notre ville … pourrais-tu souffler aux cinq évêques de France qui sont là avec leurs diocésains, dont notre évêque Vincent et nous-mêmes, que nous cherchions et trouvions moyen de créer un rapport de force non-violente avec notre président de la République. Que nos évêques s’engagent et se mouillent pour que notre président arrête de laisser fabriquer des bombes atomiques. Qu’il stoppe dans l’immédiat, de faire perfectionner les armes et engins nucléaires dont nous sommes possesseurs, qu’il fasse entrer notre pays la France, dans le traité signé par les pays de l’ONU en septembre 2017. »

Devant la grotte de Massabielle. Pèlerinage jurassien - avril 2019

Devant la grotte de Massabielle. Pèlerinage jurassien - avril 2019

Voilà ce qui m’apparaissait devant la grotte de Lourdes.


Et en recopiant ces notes sur mon cahier, afin de les partager aux amis que vous êtes, j’entendais Jésus qui me priait et me disait : « T’aurais pu te mouiller toi aussi, en le leur disant, à vos évêques, en pleine messe, au moment où ils vous ont dit : « La Paix soit avec vous »
Je ne l’ai pas fait. Une fois de plus je ne suis pas allé jusqu’au bout de l’objection de conscience. Quand, le ferai-je ?

Lulu Converset

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La paix ne saurait être fondée sur des armes de destruction massive !

2 Avril 2019, 08:12am

Publié par luluencampvolant

Lors de sa réunion mensuelle à Dampierre ce lundi 1er avril, les membres d'ADN (Association pour le Désarmement Nucléaire unilatéral de la France) ont pris connaissance du message signé par l’équipe « voix nomades » de la Communauté Mission de France :

La paix ne saurait être fondée sur des armes de destruction massive !

Le Pape François nous invite fortement à prendre la parole sur les sujets susceptibles d’intéresser le devenir de chacune et chacun d’entre nous sur cette Terre, notre maison commune.

 

C’est pourquoi, membres de l’équipe Voix nomades de la Communauté Mission de France, nous nous exprimons aujourd’hui sur une question relative à l’avenir de notre planète dont on parle bien peu. Nous le faisons d’autant plus que notre pays est un de ceux qui a, en la matière, une grande responsabilité. Cette question est celle des armes nucléaires et de la politique de dissuasion mise en œuvre par nos gouvernants et appuyée sur ces armes de destruction massive.

 

Nous voulons ici exposer divers arguments, tout autant rationnels qu’éthiques, qui nous amènent à demander le désarmement nucléaire de notre pays.

Dissuader

 

La dissuasion nucléaire nous est souvent présentée comme notre « assurance-vie ». Outre que cette expression est maladroite, force est de constater que cette dissuasion n’est en aucun cas capable de nous protéger des menaces les plus graves et imminentes : les attaques terroristes, le dérèglement climatique ou l’accroissement des inégalités sociales. Elle pourrait même se révéler une faille dans cette prétendue cuirasse en cas de cyberattaque ou si des ennemis, préparés et déterminés, s’en prenaient au stock d’armes entreposé à côté de Brest.

 

Certes, parce que le monde de demain est incertain, comme le montrent encore les dernières décisions prises par les gouvernements états-unien et russe, des militaires et des politiques affirment qu’il faut garder cette force « pour le cas où ». Mais un tel raisonnement ne permettra jamais au désarmement de devenir effectif ! Il encourage au contraire la prolifération sans pouvoir nous protéger de la folie de quelque dirigeant que ce soit, ni empêcher des opérations militaires ou le développement du terrorisme à travers la planète. Et, tout comme des bouleversements climatiques sont imminents, la menace d’un embrasement nucléaire n’est pas négligeable.

 

Or l’explosion décidée ou accidentelle d’une ou plusieurs de ces armes constituerait une catastrophe humaine telle qu’aucun secours efficace ne pourrait être apporté aux victimes, sans oublier des conséquences environnementales difficilement imaginables. Alors que certains parlent d’une arme inemployable… – car qui oserait en conscience l’utiliser ? – mais qu’il faudrait posséder pour assurer leur sécurité, il est urgent de poser des gestes effectifs de désarmement.

 

Le budget des armes est en augmentation constante

 

Par ailleurs le coût passé du développement puis du maintien en l’état de ces armes est exorbitant : plusieurs centaines de milliards d’euros depuis 1945 ! Pire, en contradiction avec l’esprit et la lettre de l’article VI du Traité de non-prolifération qui enjoint les puissances détentrices de l’arme nucléaire à « désarmer de bonne foi » dans les meilleurs délais, la loi de programmation militaire 2019-2025, votée à l’été 2018, prévoit que le budget annuel consacré à ces armes passe de près de 4 milliards d’euros à plus de 6 milliards, soit plus de 50 % d’augmentation ! Quel autre budget de l’État connaîtra une telle augmentation, à l’heure même où des milliers de Françaises et Français demandent davantage de justice sociale ?

 

L’arme nucléaire est difficilement compatible avec l’Évangile

 

Ces armes constituent également un déni de démocratie : d’une part, parce que jamais les citoyennes et citoyens de notre pays n’ont été consultés explicitement sur leur existence et leur maintien en état, d’autre part parce que la dissuasion repose sur un seul homme, le président de la République, obligé lors de son élection à faire allégeance à cette arme comme on fait allégeance à une idole, quoiqu’il puisse en penser en son for intérieur. Au point que certains spécialistes parlent de l’attachement à cette illusion de puissance que conférerait la bombe comme d’une addiction.

 

Le 10 novembre 2017, le Pape François a déclaré : « il faut condamner fermement la menace de leur usage, ainsi que leur possession, précisément parce que leur existence est inséparable d’une logique de peur qui ne concerne pas seulement les parties en conflit, mais tout le genre humain » (c’est nous qui soulignons). Ainsi, si mettre en œuvre une telle arme constituerait un crime contre l’humanité, menacer de l’utiliser constitue également un crime.

 

Enfin et surtout la possession de telles armes de destruction massive constitue une atteinte à la dignité même de la figure de l’ennemi, ce qui est difficilement compatible avec l’Évangile ! C’est pourquoi nous demandons avec insistance que notre pays, sans aucun doute le mieux placé des pays dotés de l’arme atomique pour ce faire, signe et ratifie le Traité d’interdiction des armes nucléaires rédigé et adopté par 122 pays à l’ONU en juillet 2017.

 

Cette signature, outre qu’elle honorerait la mémoire tant des victimes d’Hiroshima et Nagasaki que celles des 2400 essais nucléaires effectués depuis 1945, pourrait ouvrir la voie à un réel désarmement auquel se sont engagées les puissances dotées signataires du Traité de non-prolifération. Dans cette perspective, geler les crédits prévus dans la loi de programmation militaire 2019-2025 constituerait un geste symbolique de bonne volonté.

 

Nous encourageons aussi nos concitoyennes et concitoyens, notamment les chrétiens, à prendre leur responsabilité pour peser dans ce sens de l’Histoire ! C’est précisément parce que la folie nucléaire semble gagner les dirigeants des États dotés que le moment est venu de poser un geste fort de désarmement !

 

Equipe voix nomades de la Mission de France

 

Publié avec l'autorisation de Patrick Hubert de l'Equipe voix nomades

Vous retrouverez cet article sur le journal la Croix,

et sur le site de la Mission de France.

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