Jeudi 4 octobre 2012 à Jagodina
Dans la paille d’or du zoo de Jagodina : le rêve d’Isidore
L’âne Isidore en effet se trouva tellement bien dans ce zoo que quelques temps après, à un moment où nous étions tranquilles tous les deux en train de marcher au même pas, il me dit :
Isidore : Après les photos que les gens de la T.V. prirent de nous deux, je t’ai vu partir au bar avec tous ces gens, et moi on me ramena au zoo ; dans le grand box qui était devenu le mien pour ce beau temps de repos. J’étais content car j’ai pu raconter à un couple de gazelles et à une chamelle et son petit, mes voisins, le rêve que j’avais fait durant la nuit. Ils m’écoutaient en me regardant de leurs beaux yeux si doux. Je commençai à les remercier de l’accueil qu’ils m’avaient fait en union avec les gens qui nous soignent. Et reprenant ce que je leur avais raconté du but de notre voyage, comme j’avais fait avec l’ânesse IRINA à SZIGET SZENT MIKLOS, en HONGRIE, au milieu du mois d’août, je leur partageai le rêve que je venais de faire.
Lulu : Parce toi aussi tu te mets à rêver !
Isidore : Mais oui !... Alors je continue à leur raconter ! Voilà que le gardien avait oublié de fermer la porte de mon box, sûrement intentionnellement, car il savait que je suis avide de liberté. Je n’aime pas que l’on m’attache. Alors j’avais pu circuler dans tout le zoo. J’étais allé saluer le lion, le léopard, la panthère, le loup. Et voici qu’ils ne vociféraient pas lorsque j’approchais de leur cage. Ils ne me montraient plus leurs crocs et leurs griffes… Ils avaient appris à ne pas garder rentrée en eux leur agressivité… Il n’y avait plus besoin que les gardiens soient porteurs d’un énorme trousseau de clefs pour nous enfermer… Ils gardaient leur emploi, mais c’était uniquement pour nous soigner. On ne tuait plus pour manger. Tous, nous nous nourrissions de l’herbe que Madame la Pluie faisait pousser à la surface de la Terre .…
Lulu : Je suis très touché Isidore de la teneur de ton rêve…
Isidore : Oui alors, tout ce dont je me souvenais dans ma tête d’âne, je faisais un lien avec tout ce que j’avais entendu raconter dans toutes les interviews avec les journalistes, les gens de la T.V. et toutes les personnes qui dans la rue nous demandent où nous allons… Je rêvais que les hommes arrêtaient d’amasser de l’argent pour fabriquer ce qui supprime la vie… Nous nous défaisions de nos violences, de nos griffes. Nos dents arrêtaient de déchirer. Avec nos pattes et nos mains, devenues de velours, nous nous transmettions uniquement les forces qui faisaient vivre…
C’est alors que la chamelle éleva ses paupières et me dit : « Toi dont nous apprécions la présence dans nos caravanes de nomades dans le désert, tu corresponds bien à ce que je me disais : il faut vraiment arrêter d'abîmer la terre et d’en faire un lieu de mort. La terre est comme l’arche de Noé, elle est berceau de la vie. Le zoo dans lequel nous sommes est un appel au respect de la vie… » Et voici que le couple de gazelles me disaient : « C’est dommage que tu ne restes pas davantage… Il fait bon t’entendre… . Ça donne du sens à nos vies et de l’espérance… »
Et voilà que je leur racontais ce que je t’avais entendu lire tout fort, l’autre jour lorsque nous nous étions arrêtés un moment le long du chemin et que je me régalais des touffes de luzerne qui avaient poussé malgré le manque de pluie. Tu avais ouvert la bible et tu disais : « C’est vraiment dans le sillage des prophètes qu’il nous faut avancer ! Ils nous disent de fait que vient le moment où les peuples forgeront de leurs épées, des socs de charrue, et de leurs lances des faucilles. » (Is2,4) « Un rejeton sort de la souche de Jessé… il ne juge pas sur l’apparence… voici que le loup habite avec l’agneau, la panthère se couche près du chevreau, veau et lion paissent ensemble sous la conduite d’un petit garçon. La vache et l’ourse lient amitié, leurs petits gîtent ensemble. Le lion mange de la paille comme le bœuf. Le nourrisson s’amuse sur le trou du cobra, sur le repère de la vipère l’enfant met la main. On ne fait plus de mal ni de ravages sur ma sainte montagne ; car la terre est remplie du souffle de Yahwé… » (Is 11, 1-9)
Lulu : Oh ! c’est beau Isidore ton rêve sur la paille d’or du zoo de Jagodina. Et je suis heureux que pendant que je racontais aux journalistes le rêve que nous avions fait à KOVILJ, tu aies raconté le tien aux animaux du zoo… Tous les jours, il y a une part de nos rêves qui devient réalité, qu’est-ce que ton rêve ressemble à celui d’Isaïe !
Isidore : et aussi à celui du prophète Zacharie !
Lulu : Ah bon ! Dis voir !
Isidore : Nous nous le racontons beaucoup de mémoire d’âne ce rêve de Zacharie. Car nous sommes très concernés nous les ânes ! Je t’entendais le chanter tout fort l’autre jour sur le chemin : « Fille de Sion ! Réjouis-toi, car le Seigneur est en toi en vaillant sauveur ! Pousse des cris de joie fille de Jérusalem ! Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, sur un ânon, petit d’une ânesse… Il supprimera d’Ephraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat, l’arc de guerre sera supprimé, il proclamera la paix pour les nations. Son rayonnement ira de la mer à la mer, et du fleuve aux extrémités de la Terre. » (Za 9, 9-10)
Lulu : Et tu as raconté tout cela, ton merveilleux rêve aux animaux du zoo de JAGODINA ! Tu te rends compte Isidore ce qui va se passer désormais à JAGODINA. Chaque fois que des enfants de la ville et des environs viendront visiter les animaux du zoo, ceux-ci vont leur raconter ton rêve : « Un jour un âne, Isidore, est venu ici quelques jours et quelques nuits… Il était tellement bien sur la paille d’or que nous lui avions offerte, qu’il a fait un rêve… » Et ils raconteront ton rêve… Les animaux, le transmettront aux enfants des hommes… La peau des enfants en frissonnera de bonheur… Ce rêve va leur entrer dans la peau… Les animaux seront devenus médiateurs de vie… « Une fois encore le VERBE se fera CHAIR. » (Jo 1, 4)