Une chance d'avoir des nouvelles presque en instantané. Cette lettre de Lulu a été recopiée par Baptiste et envoyée par mail...
Lettre du 9 septembre à Kovilj
« D'où qu'c'est qu'ça vient ? - Des facilitateurs. »
Nous sommes en train de déjeuner Baptiste et moi chez Bracha et Nicole, dans ce havre de paix qu'est la maison qu'ils ont fabriquée de leurs pensées, de leurs coeurs et de leurs mains. Ils la mettent à notre disposition, à Baptiste et moi, comme elle l'est pour Milena et Paya, Mile, Alexandra et Boyana, Mira et tant d'autres que nous ne connaissons pas encore beaucoup... Tiens justement, au moment où nous sommes en train de tremper nos tartines de confiture dans notre bol de café au lait, voilà qu'arrive Gara... un gars qui a une sacrée carrure... Autant il nous semble fort, autant il nous paraît doux. Son sourire est intense.
Gara est entré sans frapper, parce qu'il se sent chez lui chez Bracha et Nicole, de la même manière que nous. Désormais parce que Nicole et Bracha ont dit aux voyageurs que nous sommes, à Baptiste et à moi : « Vous êtes chez vous chez nous », notre entrée en leur maison se fait aisément. Nous sommes chez eux comme chez nous. L'entrée de Gara pour venir nous saluer dans la maison de Bracha et Nicole ressemble à ce qui s'est passé un beau matin de printemps à Nazareth, le souffle de l'Esprit est entré dans la maison de la Vierge Marie, dans son train de vie, dans sa chair translucide, pour que ça commence à faire le tour du monde : « Je viens saluer en toi que Dieu a un commencement sur la terre comme au ciel. »
Gara raconte en langue serbe à Bracha qui nous le transmet en français :
GARA : « Depuis qu'il y a eu le reportage télévisé de vendredi soir, mes copains de boulot, dans l'atelier d'électricité où je travaille, disent : "T'as de la chance, toi Gara, tu le connais le Français qui va à Bethléem avec son âne. Il s'est arrêté à Kovilj." Je leur dis que j'ai causé avec lui, qu'il va à Bethléem pour faire avancer la paix, en arrêtant l'armement nucléaire... qu'il loge chez les amis de ma tante Milena, que je vais où il est comme chez moi... Mes copains me disent : "On voudrait bien causer avec lui nous aussi." Ils sont contents aussi d'avoir vu que les deux jeunes Français qui font le tour du monde en tandem se sont aussi arrêtés chez Bracha et Nicole pour faire étape. »
Tout en ne connaissant pas la langue serbe, à peine avant que Bracha ne nous traduise en français ce que Gara venait de dire en serbe, Nicole, Baptiste et moi, nous saisissions ce qu'il rayonnait de joie de nous annoncer.
Il me vient alors le désir de dire à Gara et bien sûr à Bracha et à Nicole, mais aussi à Paya et Milena, ainsi qu'à Mile et aussi à Mira, à Alexandra et Boyana, et à Baptiste :
LUCIEN : « Gara, tu es fabricateur et réalisateur de cette marche que je fais pour la paix en direction de Bethléem, de ce tour du monde que Pauline et Arnaud établissent pour que ça tourne bien rond pour tout le monde. »
Avant même que Bracha ait fini de traduire ce que je cherche à dire, Gara sourit pour nous faire comprendre :
SARA : « Qu'est-ce que ça me fait du bien, dans ma vie, que vous reconnaissiez ce que je veux faire avec vous et pour vous. »
LUCIEN : « Voilà que, comme à beaucoup de gens avant mon départ, particulièrement à ceux qui ne peuvent plus ou ne peuvent pas marcher, ceux qui sont cloués sur un lit, enfermés ou emprisonnés, dépendants, attachés, je veux dire : "Je vous porte dans mon coeur." (Saint Paul aux Philippiens, 1, verset 7) Je le dis aussi à toutes celles et ceux qui comme toi Gara rendez possible cette marche, vous tous qui par votre accueil et votre accompagnement la fabriquez et la réalisez avec nous : Sans vous, nous ne pourrions pas la faire depuis belle lurette. »
BAPTISTE : « J'ai envie de dire que vous en êtes les facilitateurs. Depuis quelque temps, ce mot me trotte dans la tête. Je suis allé le chercher dans un livre, LA TOUR SOMBRE, de Stephen King. »
GARA : « Justement, on a vu avec Paya, mon oncle, que quand vous repartirez de Kovilj, ce mardi, en direction de Titel, il vaut mieux que vous empruntiez le chemin qui est sur la digue du Danube. N'empruntez pas la route nationale... D'abord ça sera plus court, et comme ça vous ne serez pas gênés par les voitures. Et quand vous arriverez à Titel, c'est un de nos amis qui va vous accueillir, Bosco. Il est gardien du puits. Vous allez arriver près de ce puits où les gens de la région viennent chercher l'eau pour eux et pour leurs bêtes. »
BAPTISTE : « C'est merveilleux comme tu es, Gara. Tu es habité d'une énergie de facilitateur. C'est pas toi qui fais mais tu rends possible que ça se fasse. Sans toi, sans vous, les facilitateurs, nous ne pourrions rien faire. »
Gara vient de nous dire au revoir avec un large sourire. Nous poursuivons notre petit-déjeuner.
NICOLE : « Ces personnes comme Gara, nous les découvrons depuis ton passage. Bracha n'a jamais parlé comme ça, comme il fait depuis qu'il sent qu'il est important de traduire au plus vrai votre action et votre pensée. »
BRACHA : « J'ai toujours eu un instinct qui me poussait contre ce qui n’était pas juste. A 8-9 ans, on s'était organisés avec des copains du même âge que moi, des gosses qui avaient faim, pour chercher et trouver à manger. Je n’avais aucun intérêt personnel mais je ne supportais pas que mes copains n'aient rien à manger. »
LUCIEN : « Tout cela me touche, particulièrement la manière dont nous nous reconnaissons les uns les autres. Nous sommes réellement en train de faire oeuvre commune. Nous travaillons à élever notre humanité en commençant par éviter qu'elle ne sombre. »