Lundi 30 avril 2012 :
Lorsqu'il nous arrive de nous arrêter de marcher sur nos chemins de lutte, comme je fais ces jours-ci à BEURON, dans la Haute Vallée du Danube, ce n'est pas pour arrêter de lutter, mais afin d'y puiser des forcer et ainsi affiner ma lutte. J'accomplis cet arrêt ici parce que c'est un haut lieu de lutte et de résistance. Dans les années 1928 et par après, Edith STEIN venait à BEURON rencontrer le Père Raphaël WALZER. La résistance au nazisme commençant, a germé et poussé dans la rencontre entre cette femme et cet homme. Ils se sont écrits. Comme je voudrais pouvoir parvenir à la traduction de ces lettres (J'espère en la médiation de Claudio ROSSI qui d'emblée m'accueillit samedi ainsi que Harald ERBEN, de GREGORIUS HAUS). Edith dans on exaltation écrira que BEURON est comme la cour d'entrée du ciel "Wie den VORHOF des HUMMELS", en raison de tout ce qu'elle vient y puiser pour ne pas laisser le monde comme elle le trouve. Probablement que pour venir à BEURON, Edith prenait le petit train que je vais prendre tout à l'heure à la gare (Banhof) toute proche. Ce soir, Claudio me montrera la "Haus au der Holzbrück" de la pension MAYER dans laquelle résidait Edith lorsqu'elle venait à BEURON. Edith, disciple du philosophe HUSSERL, a essayé avec le père Raphaël, d'alerter l'opinion allemande sur le danger du nazisme.
En ce lieu, je veux continuer à aiguiser mes outils de veilleur et de guetteur, continuer d'apprendre à voir, grâce à ce que d'autres ont su voir et pré-voir.
C'est en arrivant dans le nouveau lieu d'étape que j'ai trouvé la personne qui va être "médiatrice" : Claudia. Dans l'immédiat de mon arrivée à Beuron, après une bonne vingtaine de kms, Claudio a de suite compris ma situation et m'a mis en lien avec HARALD, gérant de la maison GREGORIUS HAUS, qui lui m'a mis en relation avec la famille de DIETMAR et ALEXANDRA. Ce sont des gens à contre-courant des forces qui sont en train d'abîmer la jeunesse allemande, comme beaucoup de jeunes à travers le monde. Ils veillent et luttent pour que leurs enfants ne se laissent pas entrainer à la dérive : "pourquoi papa, tu ne gagnes pas plus d'argent ... " Pourquoi on n'a pas une plus puissante voiture ...? Vous avez vu les habits que j'ai ???? Mes copines m'ont fait remarquer mes chaussures..." Claudio m'a aussi mis en lien avec des gens qui sont arrivés chez lui : parents d'enfants handicapés. En allant nous promener au pas de l'âne Isidore au bord du Danube avec les enfants de ces familles, je ressentais comment nous remontions le courant ambiant de notre société qui nous pousse à être des consommateurs.
Je n'arrête pas de faire des choix si petits soient-ils : soigner mes pieds, mes sandales. Ne pas me laisser aller sur ces domaines qui peuvent paraître infimes. C'est comme pour mon dos et le dos de l'âne, j'ai à veiller à ne pas trop charger, savoir nous délester l'âne et moi par exemple de choses trop lourdes que des gens nous ont données en chemin. Prendre le temps de graisser les parties en cuir du licol du bât, "afin que le bât ne blesse pas". Marcher le plus possible sur le bord des talus afin que les fers des pieds de l'âne ne s'usent pas trop vite sur le goudron, n non plus la semelle de mes sandales. Voilà des choix très terre à terre, c'est le cas de le dire.
Et comme pour mettre de la lumière, dans les moments de fatigue où je ne vois pas très clair, je vais chercher ce que le Christ me dit à travers le Psaume que je prends comme lecture chaque jour. Aujourd'hui 39ème jour que je suis parti de Salins, je me laisse travailler par le Psaume 39. Je raconte cela aux nouveaux amis avec qui je suis en train de déjeuner : ce psaume exprime ce que le Christ vit et dit. en l'écoutant, en le chantant, je fais le lien avec ce que je vis, ce que je découvre, et ce que je vois et comprends un peu mieux de la lutte que mène la petite part d'humanité par laquelle je me laisse rencontrer chaque jour, vous aujourd'hui. Je l'écris sur mon cahier. Mes nouveaux amis écoutent. Et voilà que je me mets à chanter les 2 premiers versets du Psaume 39. Voici que les parents et les enfants sourient. Il y a une communication profonde qui se crée. Harald se lève et va chercher la bible en allemand. Il se passe alors quelque chose d'étonnant. Sur l'invitation de Harald, je chante à nouveau en langue française le 2 versets :
« J'espérais le Seigneur d'un grand espoir
il s'est penché vers moi, il écoute mon cri
il dresse mes pas sur le roc
Affermissant mes pas. »
Et Harald lit en allemand ces 2 versets. Puis je chante les 2 versets suivants, et Harald continue la lecture en allemand de ces 2 versets. La petite MAÏA se lève de table et vient auprès d'Harald afin de suivre avec ses yeux ce que lit Harald, voir de ses yeux que c'est écrit dans la bible ce que nous chantons et disons. ET ainsi tout le Psaume 39 devient "nôtre", il nous habite.
Oh quel beau moment d'écoute nous vivons les uns grâce aux autres : Ami Jésus tu es en train de nous raconter comment tu nous aimes au-delà, à travers, peut-être grâce à nos différences, « tu viens dresser nos pas sur le roc, tu viens affermir les pas de notre humanité en marche pour sa libération. Tu es notre allié, notre libérateur ! »