Lettre du 15 août 2012 à Apostag
« Dis maman ! Il y a un Monsieur sur la place du village avec son âne… »
Suite de « D’où ça vient tout ce qui nous arrive ? »
Lucien : « Voilà ! Je n’ai plus de clefs cachant et enfermant quelque chose que j’aurais à donner et qui encombre notre marche. Oh, j’ai quand même toujours à me défaire et me délester de ce qui m’empêche de pleinement chercher et trouver celui qui donne le sens de la vie. En cela j’ai et j’aurai toujours beaucoup à approfondir ma recherche… vous êtes en train de m’aider à marcher en direction de Bethléem. C’est cela être en Paix et ne pas le garder rien que pour soi : accueillir ceux qui passent dans nos vies comme vous êtes en train de nous recevoir.
Edina et Attila disent de temps en temps en hongrois : « En quoi pourrait-on vous aider ? »
Lucien : « Dites à Attila et Edina, qu’ils nous ont vraiment tout donné ce dont nous avons besoin en nous accueillant comme vous êtes en train de le faire. Dites leur merci d’être allés vous chercher comme interprète. Ça c’est un grand cadeau ! »
Très délicate, Anita s’excuse de ne pas pouvoir nous traduire aussi vite qu’elle le voudrait ce que nous essayons par son intermédiaire de vouloir nous communiquer les uns aux autres. C’est comme ça que j’apprends qu’elle a fait des études supérieures en français, son mémoire : « Les femmes dans les œuvres de Zola ». Elle a beaucoup lu. Elle voudrait perfectionner sa capacité de tout de suite trouver les mots qui traduisent ce que nous nous demandons les uns aux autres. Nous envisageons qu’un jour, son mari et elle puissent venir en France, qu’elle puisse y perfectionner sa connaissance du français parlé. Je lui dis que j’en causerai à ma sœur Bernadette, puisqu’il y a un C.L.A (Centre Linguistique Appliqué) à Besançon.
Attila et Edina disent à Anita : « Propose à Lulu qu’il peut rester plusieurs jours ici… pour se reposer…. Ça ferait du bien à Isidore ! »
Anita me traduit donc en français et en souriant ce que viennent d’exprimer Attila et Edina en hongrois. Nous sourions tous les quatre. J’explique que je suis parti pour vivre et expérimenter une vie de camp-volant, que j’apprécie ce soir leur accueil pour que nous refaisions nos forces durant cette nuit et que nous repartions demain en direction de Solt.
Lucine : « Je serais très vite tenté de reprendre la vie de sédentaire vous savez ! Mais par la manière dont vous nous avez accueilli en venant à notre rencontre, au devant de nous, en nous évitant d’avoir à chercher comme souvent nous avons été obligés de le faire depuis bientôt 5 mois que nous nous marchons, déjà nos forces sont en train de se refaire… nous allons bien nous reposer et dormir cette nuit en cette maison et ce coin au calme. Remerciez beaucoup aussi Ildico… depuis 4 mois et demi, c’est la première fois que je me retrouve avec les clefs d’une maison, sa maison.
Nous sourions encore beaucoup, à la fois je crois en raison de la manière dont se fait l’offrande de la possibilité que nous restions, et aussi de la façon dont se présente à nous l’appel à ne pas s’attarder en chemin, mais à continuer la vie de camp-volants. Il y a quelque chose de l’urgence à répondre à l’appel évangélique de ce grand marcheur qu’a été Jésus et qui dit en même temps qu’il est « le chemin ». Avec un merveilleux sourire, Anita dit : « MISSION ! Atmosphère divine ! »
Lucien : « C’est beau Anita ce que vous dites ! »
Attila et Edina : « Qu’est-ce que l’on est heureux ! Qu’est-ce qu’on a bien fait d’aller chercher Anita ! »
C’est dans les rires, cachant quelques larmes émotives que nous nous disons : « Bonsoir, bonne nuit ! » afin que demain soit habillé de lumière.