Mardi 8 mai
Au moment de quitter le village de HUNDERSINGEN, Karl et Helga, les gens qui nous ont accueilli cette nuit dans leur grange et leur cuisine, l’âne Isidore et moi, sont là lorsque je bâte l’âne. C’est grâce à eux qu’ « il y a eu hier et qu’il est ce matin ». Les sangles, les sacs, le bât sont bien adaptés sur le dois de l’âne. En mettant mon sac sur mon dos, au moment où je vais pour leur dire au-revoir et les remercier, Helga me fait comprendre avec ses mots de maman : « ça doit peser lourd votre sac sur votre dos. » Je voudrais pouvoir lui confier à elle et à son mari Karl, que ce qui pèse lourd dans la vie d’un homme à certains jours, pour moi en tous cas aujourd’hui, ce n’est pas ce qui est dans mon sac, ce sont « mes manques » ce qui n’a pas été comme il aurait fallu que ce soit. C’est ce qui n’est pas qui pèse très lourd. Ce que je n’ai pas fait et que j’aurais dû accomplir, particulièrement en « loupant » certains moments de rencontre, les pardons que je n’ai pas su donner, ni non plus recevoir. Les soirées, que je n’ai pas pu prendre et assumer, les nuits que je n’ai pas su trouver, pour que puissent chanter nos matins, ça pèse lourd à porter. Et me voilà partant, sac au dos, l’âne bâté. Il fait lourd dans la conscience.
C’est alors que je ressens votre présence membres de ma famille et amis, qui m’avez permis de partir, qui m’avez dit : « quand tu marcheras nous serons à tes côtés. Tu auras des moments de solitude. Nous serons avec toi ».
Par là, vous me donnez le langage de Jésus : « Je suis avec vous, avec toi pour toujours jusqu’à la fin de ton voyage. Je suis là avec toi pour porter ce qui s’est tordu, abimé, et qui n’a pas été accompli. Mon joug est doux et mon bât bien adapté. Ils ne blessent pas. Vas-Y. Traverses ! Ton fardeau sera léger. »