Lettre du 28 juillet à Tata en Hongrie.
Ces personnes qui ont commencé de nous accueillir hier soir, l’âne Isidore et moi, continuent de nous aider à nous remettre en forme, à réparer nos forces fatiguées, et ainsi à pouvoir reprendre notre route en direction de Budapest lundi matin probablement.
Une fois encore, j’approfondis ma prise de conscience qu’en Humanité, c’est bien nous qui accomplissions les actes de notre vie, nous en sommes responsables. Mais nous ne pouvons les réaliser que grâce à notre relation aux autres. C’est bien l’âne Isidore et moi qui réalisons cette marche en direction de Bethléem, en camps-volants que nous sommes, mais ne pouvons l’accomplir que parce que chaque jour, particulièrement en fin d’après-midi, des gens « installés », trouvés et rencontrés sur notre chemin, font la démarche de se « désinstaller » et « déstabiliser » pendant un certain temps pour qu’une place soit faire en eux et chez eux, pour nous, afin que soit réparée et refait ce qui s’est usé en nous.
Je trouve que celui qui nous a fabriqués ainsi, entre autres avec ces 2 faces qui font une part essentielle de nos existences : le fait d’être à la fois camps-volant et sédentaires, ne s’y est pas mal pris dans son atelier de la création. Une sacrée relation va s’intensifier entre lui et nous. Il va se désinstaller de l’endroit où on l’avait recasé, immortel, éternel, intouchable. Il nous fait comprendre par les prophètes et les patriarches, par les femmes de la bible que depuis qu’il nous a fait sortir de la terre d’esclavage et d’oppression, il s’est mis à vivre en « camp volant avec nous » (2 Sam 7, 6), « cette Parole de libération va se faire chair » (Jo 1, 14). C’est Jésus. Ce qu’il a initié et commencé, ce qui s’est mis en route au commencement par lui, est appelé à se continuer par nous, les uns par les autres, les uns pour les autres, les uns grâce aux autres : camps-volants et sédentaires, entremêlant leurs chemins, et leurs demeures. Katalyn, au moment où je voulais lui dire hier notre reconnaissance pour leur attitude, à elle et à ses enfants, de sédentaires, ouvrant leurs fenêtres et leurs portes aux camps volants que nous sommes, Katalyn en hongrois dit à Mark « dis à cet homme : votre venue parmi nous est un cadeau de Dieu, ‘ein Geschenk von Gott’ ». Je dis à Mark : « Dis bien à ta maman, que le cadeau de Dieu vient d’abord de ta maman et vous. »
Avant le repas de ce dimanche midi, nous trouvons important d’aller exprimer tout cela dans une des églises de la cité : celle de Jakobfelner, en célébrant avec Thomas leur curé, la messe du dimanche. Ne serait-ce pas cela contribuer à la réalisation de la paix, les uns grâce aux autres, camps-volants et sédentaires.
Aidé par Mark, voilà ce que je tente de dire dans la célébration de la messe :
Bonjour : Jö Napot
Je viens du pays de France : Francia országból jöttem.
Je marche avec un âne en direction de Bethléem : szamárral gyalog megyer Bethlehembe.
Je marche pour la paix : a békéért menestelek
Pour le désarmement nucléaire : a nukleáris leszerelést.
Merci pour votre accueil dans la famille de Katalyn : Köszönnöm hogy itt lehetek egy családnál Katalyn.
Merci à Mark pour ses photos