Lettre du 6 août 2012 à Budapest (Hongrie)
Comment rompre et faire tomber les nouveaux rideaux de fer ?
Mais en parcourant durant ces 4 mois la véloroute de DAMPIERRE à BUDAPEST, une grave inquiétude me travaille. Le mur de BERLIN est tombé, le rideau de fer a été rompu entre les peuples, des frontières et barrières ont disparu qui ont suscité beaucoup de liberté entre nous tous.
Mais j'ai l'impression que les hommes que nous sommes se sont tout de suite dépêchés de reconstituer des nouvelles barrières très empêchantes entre nous.
Tout le long de mon chemin la question frappe et me fait mal. C'est l'enfermement dans lequel les gens se cloisonnent. C'est un véritable nouveau rideau de fer continuel qu'ont élevé les habitants des villes et villages traversés de chaque côté de la véloroute le long du Danube. Tout est bouclé, fermé, cadenassé. Ça doit coûter une fortune. Et dans tout cela on croit être protégé, en sécurité et gardé, parce qu'il y a des chiens qui ne cessent d'aboyer et crier, et de faire aboyer les chiens des voisins, et vous empêchent d'approcher.
En m'entendant raconter tout fort « avant 1989 le rideau de fer empêchait des familles de se reconstituer et de se voir », voilà que l'âne Isidore voulut me dire : « j'ai l'impression que tous ces chiens et ces barrières en fer ont le même effet. Ça doit être empêchant pour se rencontrer et se voir. Ça hurle ! Ça crie trop fort. Je m'amuserais bien avec tous ces petits chiens et même avec les gros. Mais souvent ils me font très peur. Ça me hérisse les poils de les entendre nous crier tous dessus, alors que l'on voudrait pouvoir leur parler, les saluer dans leur langue : « Grüss Gott... » quand on était en Bavière.... « Jö Na pott » maintenant que nous sommes en HONGRIE. Mais il n'y a pas moyen de s'entendre. Je voudrais les écouter nous raconter la vie de chiens qu'ils mènent... leur raconter comment la nôtre est belle sans cris ni barrières de fer. Peut-être qu'ils nous diraient : « Mais vous allez partout où vous voulez.... ?! » Et si nous leur répondions : « nous allons partout sauf où des chiens nous empêchent d'aller... ». Peut-être que çà leur donnerait des idées pour faire tomber ces nouveaux rideaux de fer... que les propriétaires ont institués, et qui leur font mener à eux une dure vie de chiens... ».
J'étais prêt à féliciter l'âne Isidore pour la manière pacifique, non agressive et non violente avec laquelle il envisageait « ces choses cachées depuis le commencement du monde » et qui se révèlent à nous tout au long de notre voyage, lorsqu'il voulut encore me dire :
« Ça serait quand même intéressant qu'entre deux aboiements nous puissions leur demander « mais pourquoi vous nous criez dessus comme ça ?! » et qu'entre 2 autres aboiements nous puissions leur dire : « est-ce que c'est vos maîtres qui vous demandent d'agir ainsi ? ... » Mais comment vos maîtres peuvent-ils s'accommoder de vos cris féroces et continuels ? Et si ce n'était que de jour, quand on est éveillé... mais il y a eu une nuit dans le village où un jardin nous a été refusé et que toute la nuit les chiens ont pris un relais continuel pour nous crier dessus, mes oreilles en étaient malades que tu n'aies pas pu fermer l'oeil.
Ça serait important que l'on puisse demander encore entre 2 autres aboiements « mais vos maîtres, comment font-ils quand c'est leurs petits enfants qui viennent les voir le dimanche.... ou que le ballon des enfants des voisins tombe dans le jardin de vos maîtres... ».
« T'as remarqué » me dit encore l'âne Isidore : « nous n'avons pu partager ces questionnements à propos des chiens qu'avec des gens qui n'en n'ont point !... Comment faire pour faire tomber ce nouveau rideau de fer. J'aimerais encore pouvoir dire aux chiens « est-ce que c'est toute l'année que vous avez cette vie de chiens !... et ça dure depuis combien d'années ?! ».
« Depuis que nous sommes ici à BUDAPEST comme dans le jardin de Judith et Wolfgang à OTTERSHEIM, ou celui de Christiane à VIENNE je voudrais encore dire « qu'est-ce que j’apprécie que Barbara, Linda et Mathieu ainsi que le grand père Gabor nous aient ouvert leur jardin en plein 3ème arrondissement de Budapest. Ils n'ont pas de chien. Mais comment se fait-il que les chiens des voisins m'aboient dessus ? Comme s'ils voulaient me faire comprendre, (ce qui n'est pas leurs pensées à eux ): « Tu n’as rien à faire ici ».
Allez je voudrais encore dire cela : « moi qui ne suis qu'un âne, dans le chemin qui nous emmène à la recherche de la paix j'ai comme ça une idée : comme à propos de l'armement nucléaire, que quelqu'un commence, qu'il y ait quelques gens qui commencent à faire tomber le rideau de fer qui nous sépare de vous, nous les camps volants par rapport à vous propriétaires et sédentaires. Ce rideau de fer qui vous empêche de nous accueillir. Du coup votre vie de chiens féroces s'arrêterait. Elle tomberait d'elle-même. Le rideau de fer en 1989 est entièrement tombé parce que des gens en Hongrie ont commencé de le faire tomber. On ne se crierait plus après. Nous nous appellerions les uns les autres. On se dirait de belles choses comme celle-là en se voyant passer « Toi qui n'as pas où loger ce soir, viens voir crécher près de nous, chez nous dans notre cour et jardin, te mettre à l'abri. Regarde comme on est bien ensemble. Votre vie de chien cesserait d'être hargneuse. Avec le fer des barrières on forgerait des outils pour cultiver la terre... Oh, mais ça rappelle ce que disait le prophète ZACHARIE , ce prophète qui a tellement bien vu qu'il y a place pour tout le monde à la surface de la terre... Depuis des siècles et des siècles nos ancêtres les ânes nous transmettent cette prophétie de Zacharie :
« Exulte de toutes tes forces fille de Sion
Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem
Voici que ton roi vient à toi,
Humble et monté sur un âne,
Sur un ânon petit d’une ânesse.
Il supprime en Ephraïm les chars de fer
Ainsi que l’arc de guerre
Pour en faire des outils et socs de charrue…
Zacharie 9 9
Merci Gabor Söményi pour la photo