Kovilj entre 25 Décembre 2012 et 7 Janvier 2013
Heureux sommes-nous de ne pas nous laisser impressionner par l’aspect extérieur des gens que nous rencontrons. Heureux aussi nous sommes lorsque nous ne cherchons pas à impressionner les gens que nous rencontrons par notre aspect extérieur, conscients que « l’essentiel est invisible pour les yeux, que l’on ne voit bien qu’avec le cœur. » Paroles exprimées par le renard causant avec le Petit Prince, souvent reprises dans l’école Jean Bosco à DOLE par l’équipe éducative autour de Sœur Madeleine, lorsque dans les années 1970-80, Jean-Luc BEY, Eric DUVIVIER et combien d’autres apprenaient à écrire et lire à 2 pas de la maison où est né le grand savant : Louis PASTEUR, dans la rue qui porte son nom. Même atelier, même décor lorsque quelques années plus tard, de jeunes hommes et femmes travailleurs en C.A.T., manifestent avec ardeur leurs désirs et volonté d’arriver à lire et à écrire. Nous avons alors la joie d’apprendre qu’à Poligny, une équipe de femmes et d’hommes : Claude et Henryelle, Bernard et Renée, Honoré et Monique, Anne-Marie et d’autres autour de Gilberte sont travaillés par un DECLIC, et lancent un « atelier-école MONTESSORI » rue des Rondins. Nous sommes au tout début du 3ème millénaire.
Un jour que je vais chercher Bruno GUIPPONI aux portes de son atelier de CAT à Arbois pour qu’il m’emmène en voiture jusque chez Gilberte à Poligny, Régina JULIEN, nous voyant partir me dira : « Tu donneras bien le bonjour à Madame MONTESSORI » C’est à Gilberte bien sûr que Régina demandait d’adresser cette salutation. C’est dans ces temps-là que gravissant un jour les monts de Buvilly, Bruno, se mettant dans la peau du Petit Prince, m’appellera « Monsieur Renard » et son institutrice Gilberte « Madame des Poules ». C’est que vient de lui être offert pour son anniversaire le 8 novembre par Dominique et Denise, le livre et disque du Petit Prince de Antoine de St-Exupéry. Et lorsqu’à Pontarlier, le 17 septembre de l’année 2005, Jean-Luc et Béatrice nous invitent en très grand nombre à fêter leur mariage, dans l’église où ils scellent leur union, c’est sous la banderole représentant la rencontre du Petit Prince et du Renard, dans la musique des paroles de l’Evangile de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous aime » qu’ils nous rassemblent et nous réunissent.
Bruno avait dit un jour que nous allions de l’école MONTESORRI à cette autre école passionnante : la rencontre des amis de SILOE, il s’était demandé : « C’est quoi apprivoiser ? » Et à sa question, qui est aussi la nôtre, il avait répondu : « Moi dis : créer des liens les uns les autres. »
Je pense que ce jour-là, il avait été donnée à Bruno et à moi une joie créatrice par je ne sais quel doigté de couturière : peut-être celui-là de sa maman. Bruno venait de coudre ensemble pour n’en faire qu’un les deux livres les plus connus sur la TERRE DES HOMMES que sont le PETIT PRINCE et L’EVANGILE. C’est la première fois de ma vie que j’étais témoin d’un tel ouvrage. J’avais toujours dit que je ne le garderais pas pour moi. Souvent par la médiation de quelques-uns que je viens de nommer j’ai partagé cet événement. Aujourd’hui, depuis le village de Serbie : KOVILJ où je fais étape durant mon voyage en direction de BETHLEEM, je fais et partage avec vous tous, amis. Et c’est depuis KOVILJ que je réalise ce partage. C’est depuis ce village de Serbie, où il y a 3 mois, j’ai fait le rêve en union avec beaucoup d’hommes et femmes de bonne volonté qu’un jour le mur qui a été échafaudé entre ISRAEL et PALESTINE sera défait. Les enfants Palestiniens et Israéliens à qui l’âne Isidore aura été offert, disposeront de chaque côté de son bât, sur son dos, et avec beaucoup d’autres moyens non-violents, ils emporteront les morceaux de ce mur, afin de réaliser un pont entre les peuples.
C’est en raison et foi de tout cela que depuis quelques semaines, j’essaye d’entrer davantage dans la mentalité du peuple serbe qui m’accueille. J’essaye d’apprendre et de mémoriser quelques balbutiements de sa langue. Et afin d’y arriver je vais me servir de quels livres ? Et bien vous l’avez deviné ! Des deux livres : le PETIT PRINCE et L’EVANGILE, que Bruno a réunis en un seul. Chaque jour, je lis et j’écris sur un cahier que je confectionne : d’un côté le texte du PETIT PRINCE en français et de l’autre le texte en serbe. Je souligne ce qui a trait à l’apparence, au visible, au superficiel, afin, à partir de là, de tendre vers l’essentiel, à ce que l’on a du mal de voir et qui se loge dans le cœur.
Et afin de continuer à m’entraîner à garder goût à la marche, je cherche dans l’Evangile de Marc, comment Jésus est quelqu’un qui est « marcheur » Jésus ne fait pas semblant. C’est un homme qui marche. Tout d’abord, il est descendu du ciel qu’il vient de déchirer. Et ensuite, il n’arrête pas de se déplacer pour aller d’un endroit de la terre à un autre : d’un groupe de gens il se rend vers un autre groupe, et puis de chez une personne il n’oubliera pas de partir en visiter une autre. Sur les pages de mon cahier, toujours pour me laisser habiter par ces trésors cachés dans le cœur du peuple dont je traverse le pays, d’un côté je repère les mots en français de l’Evangile qui traduisent cette visitation de Jésus à notre Humanité et comment il nous entraine à faire une démarche semblable vers son Père et les uns vers les autres. C’est passionnant. Et côte à côte, j’y adjoins les mots de l’Evangile en langue serbe, sur l’autre page de mon cahier. C’est Robert, le prêtre, curé de la paroisse catholique de BOUDISZAVA qui m’a offert l’Evangile en langue serbe. Ce dimanche 23 décembre, jour où se fera la commémoration de la mort de Gaby à Champagnole, je célébrerai à BOUDISZAVA la messe en union avec vous. Et de même dans la nuit de Noël. Afin que nous ne fassions pas semblant de faire la paix, mais qu’à la manière de Jésus « nous nous comportions comme un homme » (Ph 2, 7)
Tout cela m’aide beaucoup dans la préparation de ce qui devient la 2ème grande étape de mon voyage en direction de BETHLEEM, afin d’y parvenir en marchant, en me sortant d’où j’ai tendance à m’installer. C’est que je tiens à vivre ma vie de camp volant en remerciant les amis qui m’accueillent le temps de refaire mes forces, en espérant que bien vite l’herbe aura repoussé pour nourrir l’âne Isidore et les autres animaux de ces gens accablés par la sécheresse.
Et j’aurai aussi la joie de fêter Noël avec les membres de la communauté orthodoxe de KOVILJ, le 7 janvier 2013. Je vous dis à tous, mes souhaits de bonne fête de Noël et bonne année 2013, et toute mon amitié reconnaissante et fraternelle. Car c’est grâce à vous tous que j’en suis là de mon voyage vers BETHLEEM.
Photo : Jeannot et Béa présentant la banderole
de leur mariage lors du départ de Lulu le 25 mars