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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 10:47

Dimanche 23 septembre à Milosevac

« Où as-tu glané aujourd’hui avec Isidore cette gerbe d’or ? » (Noémie à RUTH 2, 19)

« La gerbe d’or »c’est le nom du magasin de fleurs que tenaient Françoise et Maurice BLONDEAU dans les années 1975-1990 à Tavaux. J’aimais beaucoup m’y rendre avec Marcel et la maman Hélène et Marie-Louise leur sœur lorsque nous étions à la cure de Foucherans puis de Damparis. Nous étions heureux de nous raconter «  où nous étions allé glaner » (RUTH 2, 19) ce que nous avions ramassé comme faits et paroles de vie et nous en faisions une « gerbe d’or ».

C’est aussi une « gerbe d’or » que je viens de ramasser durant cette journée de marche en direction de Bethléem, au pas de l’âne Isidore, de MALA KRISNA jusqu’à MILOSEVAC, au Sud Est de Belgrade.

Je vais vous partager tout ce que j’ai glané qui m’a été offert et donné. J’ai un peu comme l’impression que tout le long de mon chemin des gens, à la manière de Booz et de ses moissonneurs dans la Bible au livre de RUTH, se disent les uns aux autres : «  Laissez-les glaner même entre les gerbes, ayez soin de tirer pour eux de vos javelles quelques épis que vous laisserez tomber. » (RUTH 2,15).

Ruth.jpg

Les deux jours vécus, à DOM CRVENOG KRSNA (la croix rouge), me révélèrent une fois encore que bien souvent ce sont celles et ceux qui n’ont pas eu beaucoup de place au soleil qui font grand place dans leur cœur et dans leur maison à ceux qui passent errants devant eux. Je l’ai beaucoup recueilli dans le sillage de JOVANA et sa maman RADICA.

C’est avec une émotion qui travaille le fond des tripes que je quitte cette sorte de crèche de Bethléem qu’est le foyer de vie de la croix rouge de MALA KRSNA. ILIA, l’homme sourd et muet qui est adjoint de JELKO à la bergerie où ensemble ils ont pris soin de l’âne Isidore au milieu des moutons, m’aide à bâter l’âne en tenant les sacs. Le cuisinier me donne de quoi casser la croûte pour midi. Je salue chacune des personnes qui se sont rassemblées pour me dire au revoir. Une dame âgée, mais marchant encore aisément me signifie qu’elle veut m’accompagner durant le début de mon chemin. « Je vais marcher un moment avec vous pour vous indiquer votre route à votre départ… »

Je lui fais tenir l’âne avec la cordelette. Elle est heureuse. Nous faisons ainsi un bon kilomètre, rencontrant le long du chemin des gens qui la connaissent. C’est elle, MIRA CHERKA, qui explique le but de mon voyage au pas de l’âne : «  cet homme et son âne partent à Bethléem pour la paix. ». Au bout d’un moment elle me remet la cordelette entre mes mains et me signifie qu’elle me dit au revoir. Elle entre dans un magasin pour y faire ses achats.

Quelques centaines de mètres plus loin, une voiture venant en sens inverse de nous s’arrête : trois hommes en sortent et viennent dans notre direction. L’un d’entre eux m’explique en allemand qu’il nous a vus, l’âne et moi, en train de traverser Vienne au mois de juillet. Et dernièrement il nous a vus à la TV à NOVI SAD., et là, se dirigeant avec ses deux amis sur OSIPAONICA, il nous aperçoit au bord de la route. Nous rions, émerveillés de toutes ces correspondances que nous glanons et cet homme, DRAGOSLAV, c’est son nom, me laisse ses deux adresses. Nous continuons les uns et les autres notre chemin. C’est alors que continuant ma route par la piste cyclable, un kilomètre plus loin, une jeune fille en vélo venant en sens inverse de nous, s’arrête, descend de son vélo et nous adresse la parole en souriant : «  Où allez-vous avec votre âne ? »… Je lui tends le texte écrit par DANICA. Elle me dit : « je pourrais vous accueillir avec votre âne chez nous. » Je lui demande quelle est sa profession, je ne comprends pas tout ce qu’elle me dit, veut-elle devenir professeur de serbe ou est-ce que déjà elle exerce ce travail « je m’appelle MARIA… »… -« et moi Lulu ».

Maria nous invite à venir boire et manger quelques choses chez eux. Ce que nous faisons. Arrivés à la maison elle me présente son père GORAN, et sa sœur ANNA, un excellent jus de fruits nous est offert. Appel est fait à YOVANN, jeune garçon Sachant très bien le français. Maria me dit, par son intermédiaire d’interprète : « c’est bon ce que vous faites. C’est un message de paix. » Au moment de repartir, Maria a préparé avec sa sœur plein de pots de confiture de leur confection et d’autres choses pour notre repas de midi. Dans la joie et l’émotion nous nous saluons. M’ayant demandé ce dont j’avais besoin, je leur demande pour téléphoner à ma sœur Bernadette à qui je laisse un message sur son répondeur. Je lui raconte ma joie de marcher ainsi en ramassant tous ces trésors offerts.

Tout ça me fait chanter en mon cœur. Je me sens en pleine forme pour continuer ma route.

Suite demain.

 PS : Des nouvelles de Lulu par téléphone hier : Tous deux vont bien ! Ils passeront très bientôt la frontière pour entrer en Macédoine.

Tableau "Ruth dans le champ de Booz
Julius Schnorr von Carolsfeld, 1828"

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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 09:10
Echos d'ArboisPélérinage du Père Lulu Converset (1-2)
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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 11:00

Samedi 22 et dimanche 23 septembre 2012 à Mala Krswa

 

Parce qu'ils sont passés par là !

Radica et Jovana

 

Le lendemain, lorsque Jovanna arrive avec sa maman, dans l'immédiat de notre rencontre, une communication très profonde s'établit entre nous.

 

 

Jovana : Je suis venue à cause de vous pour faire connaissance. Au téléphone, ma maman m'a beaucoup parlé de vous. Mais il manque les parties non verbales de la conversation: la mimique, les gestes, l'expression faciale, l'intonation,...

Lulu : Ce que vous dites est très vrai. Je suis très touché que vous soyez ainsi venues toutes les deux pour me dire et m'expliquer quel est l'établissement dans lequel je suis accueilli. Je voudrais que vous disiez à votre maman combien je suis touché par la manière dont j'ai été reçu ici. Je trouve qu'il y a un grand respect des gens à mon égard et j'ai senti que ce respect existait aussi entre les gens qui y travaillent et ceux qui y résident.

Jovana explique à sa maman ce que j'ai ressenti en étant accueilli et elle me traduit ce que dit sa maman.

Radica : C'est parce qu'ils sont passés par là. Ils savent ce que c'est. Ils se souviennent. Ce sont des personnes qui ont connu de grandes difficultés. Ils se sont retrouvés seuls, réfugiés, sans personne avec qui vivre, avec aucun revenu... Nous les accueillons dans cet établissement de la Croix Rouge, où vous êtes arrivés hier soir... Nous sommes heureuses de vous y accueillir. et nous avons un projet pour cet après-midi, c'est de faire un interview avec la télévision locale... Vous exprimeriez le but de votre voyage à BETHLEEM... et dans un deuxième temps, j'exposerai ce que nous réalisons dans notre établissement, la grande précarité dans laquelle se trouvent les gens qui y résident et le peu de moyens que nous avons pour y répondre...

Lulu : Bien volontiers.

Radica : Car pour l'entretien de la vie des gens de cette maison, ceux qui y résident et ceux qui y travaillent, nous n'avons pas de revenus fixes. Nous vivons grâce à des donations... Ce sont toujours les pauvres qui peuvent comprendre les problèmes des autres, la misère...

Jovana : Les pauvres, ce sont les gens qui ont eu eux-mêmes beaucoup de problèmes... Après ils sont davantage capables de comprendre... Et parlez nous du but de votre voyage à BETHLEEM...

Lulu : Je marche au pas de l'âne Isidore pour la Paix. L'âne est un animal très pacifique. Nous marchons en direction de BETHLEEM là où Jésus est né. Nous le faisons en solidarité avec des amis qui font la grève de la faim pour demander l'arrêt de l'armement nucléaire en France... et qu'avec cet argent investi dans l'armement, nous fassions en sorte qu'il n'y ait plus aucun homme qui ait faim dans le monde. Nous sentons comment nos luttes correspondent, celle que mène votre maman avec toute son équipe et moi en relation avec tout le collectif du MANV, Mouvement Alternatif de la Non Violence... je suis parti de mon village natal le 25 mars, jour de l'ANNONCIATION... espérant arriver à Bethléem à Noël le 25 décembre.

Jovana : C'est très symbolique ce que vous dites et faites...

Lulu : Et si mon âne et moi nous y arrivons, c'est grâce à vous, qui tout le long de notre chemin nous accueillez comme nous en sommes bénéficiaires dans cette maison de la Croix Rouge en ce moment.

 

C'est merveilleux tout le partage que nous réalisons Radica, Jovana et moi. Je dis à Jovana: "Dites à votre maman combien je ressens qu'entre elle Radica et vous Jovana, il y a une profonde largeur de vue qui est commune.

 

Radica et Jovana sourient. Et nous continuons ainsi pendant au moins deux heures. Nous parlons de leur attente que l'église orthodoxe s'engage davantage dans cette recherche. J'en dis autant de l'église catholique, comme nous voudrions que nos évêques se mouillent à l'exemple du Pape Benoît XVI pour faire arrêter l'armement nucléaire de manière unilatérale, car il est "funeste et fallacieux". Je sens chez ces deux femmes combien elles voudraient trouver un lieu, un groupe où alimenter leur faim et soif de réaliser cette Humanité à laquelle nous aspirons tous, et qu'elles sont déjà en train de faire naître là où elles vivent et travaillent.

Jovana fait donc ses études universitaires à BELGRADE, dans les langues et particulièrement le français. Elle est venue en France.

 

Jovana : Pendant mes études, j'avais appris à l'école que la FRANCE est la patrie des Droits de l'Homme, que la France est le symbole de la réalisation d'unité entre la LIBERTE et l'EGALITE par la FRATERNITE. Je suis venue en France pour y faire un stage d'interprète pour des ouvriers serbes qui travaillaient à fabriquer des canettes (de bières, de jus de fruits,...) je me suis rendue compte que ce n'était pas cette fraternité qui était réalisée pour les ouvriers immigrés. L'image idéale ou idéalisée que j'avais de la FRANCE a beaucoup changé en moi après ce séjour. J'ai vu que le parti nationaliste qui est contre les immigrés a remporté beaucoup de voix pendant les élections dernières.

Lulu : Je partage votre analyse Jovana.

Jovana : J'ai pour but aussi de beaucoup travailler la langue parlée. Car j'ai des connaissances passives, la base des langues, littérature, grammaire, mais on doit savoir pratiquer dans la langue courante. Je voudrais travailler dans une association humanitaire, faire le travail que fait ma maman et pratiquer le travail d'interprète... car je pratique aussi d'autres langues: l'anglais, donc le français, l'italien et j'essaye le russe et le norvégien...

 

Quelque-chose aussi fait beaucoup de peine à Jovana par rapport à la situation des jeunes en SERBIE:

Jovana : Beaucoup de choses que nous apprenons dans nos études sont inutiles. Ce que tu as appris, tu n'as pas l'occasion de le pratiquer. Je connais des jeunes une fois leurs études de médecine terminées sont des années avant de trouver du travail. C'est pas parce qu'ils sont incapables. Je n'ai pas peur de travailler. Mais je ne sais pas si je vais trouver un poste. J'espère que je vais me débrouiller...

 

C'est dans cette ambiance de partage qu'arrivent SUZANA et NEVENA pour réaliser l'interview télévisé.

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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 11:00

Samedi 22 et dimanche 23 septembre 2012 à Mala Krswa

 

Parce qu'ils sont passés par là !

(Radica et Jovana)


Après l'accueil si fraternel à la sortie de KOVIN chez Rumenka et Louis, nous allons beaucoup marcher Isidore et moi en direction de SVEDEREVO. La traversée du pont sur le Danube se fait assez aisément malgré sa longueur: 2kms. Mais la pluie revient et en fin d'après-midi, les demandes d'hébergement sont infructueuses et la nuit ne va pas tarder à tomber: dans une ferme c'est un homme qui nous accueille. Puis lorsque nous commençons à débâter et ôter les sacs du dos de l'âne, une femme vient nous dire ouvertement de partir. Je crois possible de nous réfugier dans un complexe industriel en ruines. Un premier et jeune gardien nous y autorise, mais c'est pour tomber dans les gestes et cris de refus et d'expulsion d'un autre gardien. Nous devons faire alors Isidore et moi un long détour et nous retrouver sur la route nationale de nuit avec plein de camions et voitures. Nous empruntons le taus mais nos pieds et sabots sont vite gaugés. Nous voilà bien dans la mouise. Mais voici des lumières. Nous allons pouvoir trouver un abri, pensons-nous ! Indifférence totale du gérant du poste d'essence. Puis embarras du gardien de l'hôtel restaurant. Il me signifie que ce n'est pas lui le patron et me renvoie dans un endroit qui accueille les chauffeurs routiers. De là aussi je suis vidé. Je reviens au restaurant. Le gardien me renvoie sous un auvent de garage. J'y monte la tente moustiquaire et dors quelques heures pendant qu'Isidore mange la petite brassée de luzerne sèche que j'ai prise dans la ferme avant d'en être vidés.

 

C'est peut-être "parce qu'ils sont passés par là" que les gens dont je vais parler maintenant ont eu à notre égard une toute autre attitude, que celles que nous avons subies durant cette nuit.

 

Nous avons marché d'un bon pas pour sortir de SMEDEREVO, l'âne Isidore et moi. Dès que j'aperçois un bout de champ de luzerne, je dirige Isidore dedans. C'est qu'il faut refaire nos forces. Et en arrivant aux abords du village de MALAKRSNA en milieu d'après-midi, je me dis : vient le moment où on ne va pas tarder à jouer à la cachette pour trouver un abri. Il ne faut pas que nous repassions une nuit comme celle que nous venons d'expérimenter. Je frappe à plusieurs portes où ce ne sont que les chiens qui viennent nous répondre qu'il n'y a pas de place pour nous. Et puis voici une maison où ce sont les enfants qui viennent à notre rencontre. J'essaye d'expliquer. Ils appellent leur maman à qui je tends le texte de Danica. Cette femme me signifie que ce n'est pas possible que nous soyons accueillis dans leur cour et jardin. Mais elle dit à ses enfants: "Emmenez cet homme et son âne dans le camp." Nous voilà escortés par des enfants en direction d'un endroit qui est donc appelé "Le CAMP". Pour les camps-volants que nous sommes Isidore et moi, ça va bien aller !

 

Voilà qu'en entrant dans ce terrain vague appelé "le camp" où nous allons pouvoir nous installer, j'aperçois un panneau avec ces mots: "Dom CRVENOG KRSTA" et une croix rouge. Et dans le fond plusieurs habitations entourées d'une clôture grillagée. Je signifie aux enfants que je vais frapper à la porte de cet organisme.

 

Me voilà avec l'âne devant la porte de cet établissement de la Croix Rouge. Plusieurs personnes qui sont dans la cour nous regardent. Arrivent près de la porte une femme puis une autre qui me semble être par sa manière de nous envisager celle de qui va dépendre l'accueil qui va nous être fait. Je salue tous ces gens encore situés derrière la grille (et nous l'âne et moi, de ce côté-ci de la grille) et je tends le papier où est écrit le texte de Danica à cette femme qui semble déjà nous accueillir. Elle lit attentivement le papier que je viens de lui tendre. A la manière dont elle commence à réagir, je prends conscience qu'avec ce qui est écrit sur le papier de Danica, ça va peser pour nous accueillir. La lecture une fois terminée, elle sourit et me fait comprendre qu'il faut patienter un petit peu : c'est d'elle que vont dépendre les choses mais elle veut mettre dans le coup pour nous accueillir les gens avec qui elle vit. Je ne vais pas tarder à comprendre davantage cela. Elle a pris son téléphone, parle un moment à quelqu'un en langue serbe, puis en souriant encore, me tend l'appareil. Je suis profondément étonné et j'entends en français:

- "Bonjour Monsieur ! Je suis la fille de la dame avec qui vous parlez en ce moment. Elle m'a expliqué votre situation et me dit que vous vous tranquillisiez. Vous allez être accueilli dans la maison de la Croix Rouge dont ma maman est responsable. Vous aurez un lit et à manger et votre âne une place au milieu des moutons dans l'étable qui est à l'arrière...

- Ecoutez Mademoiselle, je suis profondément touché de ce qui est en train de se passer à notre égard. Nous sommes en voyage avec mon âne en direction de Bethléem pour la paix.

- C'est ce que ma maman vient de me dire au téléphone. Je serai très heureuse de faire connaissance avec vous et de parler ensemble.

- Je m'appelle Lulu. Comment  est votre prénom?

- JOVANA. Je suis étudiante à Belgrade. Je peux venir demain mais peut-être pas avant 10h.

- Je ne partirai pas tôt. Venez ! Quand vous le pouvez. Je repasse le téléphone à votre maman."

 

C'est alors que la maman de Jovana qui s'appelle Radica, qui est donc responsable de ce bâtiment de la Croix Rouge, nous fait entrer l'âne et moi en nous ouvrant la porte. Je débâte l'âne et le confie à 2 hommes qui viennent d'arriver : le responsable de la ferme et bergerie : JELKO, un jeune homme aussi affable qu'il n'est robuste, et son adjoint ILIA, sourd et muet et tout rempli de gestes attentionnés à l'égard de l'âne et de moi. Puis plusieurs personnes vivant dans cet établissement m'aidant à porter mes affaires dans la chambre où je suis logé. Je me sens accueilli comme un frère par toutes ces personnes. Je suis conduit ensuite à la salle à manger pour y prendre un repas. Et une dame me donne ensuite un linge de toilette en m'indiquant le lieu où sont les toilettes et où je pourrai prendre une douche. Tous les gestes de l'hospitalité me sont offerts avec beaucoup de délicatesse par tous ces gens, avec peu de mots mais tellement d'attention. Après tout cela je m'endors sur mon lit, tellement j'ai à récupérer après la nuit que j'ai vécue.

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17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 11:00

Jeudi 20 septembre 2012 à KOVIN

« Chez mes parents, on n’a jamais laissé les voyageurs dehors » (Rumenka)

Me voilà frappant à la porte de la maison de ces gens qui sont revenus de leurs courses. Tout de suite, dans l’immédiat l’accueil touche à la fraternité. « Je vous fais chauffer un café. » Et nous voilà en train d’échanger sur ce qui les a amenés à venir habiter cette maison et du pourquoi c’est devant leur maison en allant à BETHLEEM pour la paix que je me suis arrêté : « il y a devant chez vous un superbe parterre de luzerne. Et je n’ai pas pu empêcher mon âne de s’y arrêter pour manger ! » Nous rigolons !

 

Au café la dame ajoute du pain et de la confiture. « C’est ma nièce qui l’a faite. Elle habite tout près de chez nous. »

 

Ils me demandent tout en nous présentant un petit peu plus les uns aux autres, quel va être mon itinéraire :

- Mon mari va vous le faire à l’ordinateur.

- Merci car j’ai de pauvres cartes. Et de plus écrites en cyrillique. Je m’appelle Lulu et mon âne Isidore. Et vous messieur-dame ?

- Moi c’est RUMENKA.

- Et moi LOUIS. Voilà notre adresse. »

 

Je dis à ces gens combien j’apprécie ce temps qu’ils me donnent pour m’accueillir. Rumenka me dit : « Ça  nous fait plaisir de vous faire plaisir… » Et elle ajoute : « Chez mes parents, on n’a jamais laissé les voyageurs dehors, même qu’on ne les connaissait pas.

- Je suis très heureux de l’expérimenter aujourd’hui chez vous. »

 

Et voilà que leur porte s’ouvre. Rumenka dit : « C’est notre nièce ! » Je dis : « La dame qui a fait la confiture ! » Nous rions tous les quatre. Et Rumenka explique à sa nièce que je pars pour Bethléem avec l’âne. Que c’est pour la paix.

Alors la nièce éclate de rire et dit : « Ah mais c’est vous que j’ai vu à la télévision il y a quelques jours. » J’explique qu’un petit peu tout le long de notre périple nous avons été interviewé par des journalistes. Une fois encore je m’aperçois de l’importance du relais que prennent les médias sur un point aussi important pour notre Humanité, la paix par le désarmement nucléaire.

 

Cette dame qui vit donc ici à Kovin à deux pas de chez Rumenka et Louis, est leur nièce. Elle s’appelle VERA. Elle m’explique qu’elle est partie travailler dans la région parisienne, à Boulogne-Billancourt : « Un bulgare avait lancé une entreprise de moules pour pièces de voitures, coffrets d’emballages. C’est là qu’en travaillant j’ai appris le français. Ça fait 32 ans que je n’ai pas parlé français. Mais toujours j’ai tourné les mots dans ma tête. C’est pour ça que je ne les oublie pas. Mais des fois je les mélange.

 

Voilà encore un endroit et chez des gens chez qui je resterais bien davantage. Mais la vie de camp volant me tient. Ils me disent que le pont de SMEDEREVO sur le Danube a été bombardé en 1992 par les américains. « Vous allez voir ! il est long : 2 kilomètres. » Je signifie à ces gens ma reconnaissance. Et c’est sur les mots de Rumenka que je reprends la route avec l’âne : « Je n’ai pas grand-chose mais je vais vous préparer un petit casse croûte pour la route. »

 

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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 10:00

Jeudi 20 septembre 2012 à KOVIN

« Chez mes parents, on n’a jamais laissé les voyageurs dehors » (Rumenka)

Réveillé aux environs, je resterais bien encore un moment à essayer de me rendormir. Je suis tellement bien en train de récupérer des forces pour la route quand je passe une bonne nuit. Mais voilà que l’âne Isidore que j’ai laissé libre dans cette petite cour fermée, vient rôder vers ma tente. Il a entendu le bruit que j’ai fait en ouvrant la fermeture éclair de mon sac de couchage. Il me fait comprendre : « J’ai faim ! Je voudrais manger de la bonne herbe de la pelouse du square où tu m’as conduit hier soir. » Je lui réponds : « Ne te mets pas à braire à cette heure là, au milieu de la ville où nous sommes. Tu vas réveiller tout le quartier et faire aboyer les chiens ! Je viens ! Je viens ! »

 

Nous sortons après avoir refermé la grande porte de la cour. Le jeune prêtre qui m’a accueilli avant hier très fraternellement, CSIPA CSABA, m’a confié les clefs. Je les rendrai tout à l’heure quand nous partirons. Je les remettrai à la voisine qui tient la pharmacie d’à côté. C’est convenu ainsi.

 

Nous voilà dans le square tout proche de l’ancienne cure où nous avons été hébergés. Dans l’immédiat l’âne trouve et goûte ses herbes préférées. Et moi je tends vers la naissance du jour et déjà je me prépare à laisser l’Angélus résonner dans ma vie, dans la vie de beaucoup de gens qui passent à cette heure là. Je sens à leur démarche qu’ils font partie de ceux qui ont un petit boulot. Ils y tiennent. Ils s’y rendent à pied ou sur un vélo très rustique. Je me sens en communion avec tous ces gens, les petites gens comme on dit. J’ai envie de leur dire, je leur dis : « Vous êtes de grandes gens. Très tôt, avant même que le soleil ne luise, vous permettez que notre Humanité se lève, se relève et tienne debout. »

 

Après un bon petit déjeuner fait de fruits secs et fromage avec un bon pain, les sacs bien amarrés sur le dos bâté de l’âne, la clef rendue à la pharmacienne, nous voilà en train de quitter Kovin… sous la pluie ! Mais c’est un beau temps qu’il pleuve ! Il n’y a pas plu voici quatre mois. Elle est attendue, Madame la Pluie. C’est sûr que les voyageurs que nous sommes préfèreraient qu’elle tombe la nuit et qu’elle s’arrête quand nous commençons de marcher… Nous croisons beaucoup de gens qui nous demandent où nous allons. Je sors chaque fois de ma poche le texte de DANIČA. Beaucoup aiment prendre des photos, avec l’âne à côté d’eux. Nous voilà presque à la sortie de Kovin. L’âne a repéré une pelouse de luzerne. Je ne peux pas l’empêcher d’y aller. J’en profite pour me mettre un peu à l’abri en m’asseyant sur le seuil de la maison qui est à côté et casser la croûte. Je n’ai pas trop d’heure pour ça. L’appétit est toujours là. Ça me fait plaisir de voir l’âne manger la luzerne comme il le fait. C’est vrai que nous n’en avons pas vu du tout ces jours derniers sur la pelouse du square.

 

Voici que dans mon dos j’entends le ronronnement d’un moteur d’une voiture. Ce sont les gens de la maison qui vont sortir de chez eux. Je me lève du seuil où je suis assis. La porte s’ouvre. Je salue la dame qui vient d’ouvrir la porte. Ce sont des mots en français qui sortent de ma bouche : « Bonjour Madame ! » Et c’est comme tout naturellement que la dame me répond : « Bonjour Monsieur. » Je dis alors : « Oh madame, vous parlez français… !?

- Je suis française, serbe d’origine, j’ai épousé un français… Nous venons d’acheter cette maison et nous l’aménageons. Et vous-même avec un âne ?

- Je pars pour Bethléem avec mon âne pour trouver et faire la paix… »

Je tends à cette femme le texte de DANIČA. Elle lit et me dit : « C’est que nous partions faire les courses. Je vous aurais fait entrer et offert un café… Enfin si vous êtes encore là quand nous rentrerons… » Nous nous saluons !

 

Puis Isidore s’arrête de manger la luzerne. Mais la pluie, elle, ne s’arrête pas. Il faut que je trouve un abri plus conséquent que le petit prunier sous lequel Isidore vient de se loger. Nous repartons. Et 300 mètres plus bas je vois l’auvent d’un magasin dont le commerce est arrêté. Nous y sommes bien à l’abri. Mais mon Dieu que c’est long d’attendre ainsi. Voilà que j’ai envie de revenir devant la maison où la dame m’a parlé en français tout à l’heure. Je frapperai et je verrai bien car la pluie ne cesse toujours pas de tomber.

 

Après avoir attaché l’âne sous le prunier afin qu’il soit un peu à l’abri, avant que je ne frappe à la porte des gens, une voiture s’arrête. Un homme en sort et d’emblée me dit comprenant ma situation de voyageur sur la route avec un âne : « Quand vous arriverez un peu plus loin à VELIKO ORAŠCE, vers  VELIKA PLANA, vous pourrez vous arrêter chez moi. Je m’appelle SAŠA. Vous serez hébergé ainsi que votre âne. » Cet homme me parle comme s’il savait notre histoire. Je l’invite à écrire son prénom et nom, le lieu où il habite et il ajoute son téléphone. Nous nous sourions. Je lui signifie que je serai heureux de m’arrêter chez lui, mais pas avant 2 ou 3 jours. Ce qu’il comprend. Il repart.

 

suite demain

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 11:00

Mardi 18 septembre 2012 à Banatski-Brestovac

 

 

L’accueil hier soir chez ZORAN et OLIVERA qui gèrent un immense élevage de poules pondeuses et poulets) fut très sympathique. Leur fille EMA est venue me retrouver sur la route pour faciliter l’arrivée. Afin de rendre la rencontre et l’accueil plus fraternels, ils avaient fait appel à un jeune qui vient en vacances chez sa grand-mère à Banatski-Brestovac : Sača. Il habite à MONTREUIL et connait bien le français et le serbe puisque ses parents sont serbes d’origine. C’est inouï ce que permet la présence d’une personne interprète.

 

Ce matin après avoir visité l’immense poulailler, pris une bonne douche, muni d’une douzaine d’œufs cuits dur, me voilà parti. Je traverse le village de Banatski-Brestovac, et à la croisée des chemins je demande à un jeune garçon d’une bonne douzaine d’années qui roule à vélo si il veut bien m’indiquer la direction de Kovin. Il s’arrête, comprend bien ma question et m’indique en serbe et avec des signes du bras et de  la main le chemin que je devrai prendre. Mais voilà qu’il me pose des questions : « Qu’est-ce que je fais là avec cet âne ? » Je lui présente le texte écrit par Daniča lundi matin à Pančevo. Ça a l’air de le travailler ce que je suis en train de faire. Nous nous saluons. Lui, part faire des courses pour sa famille et moi, je prends la route de Kovin.

 

Je m’arrête un peu plus loin pour casser la croûte avec les œufs cuits durs de Zoran. Je m’aperçois que je n’ai plus qu’un tout petit morceau de pain. L’âne Isidore a trouvé, lui, une bonne luzerne sur le talus, où nous venons de faire halte.

 

C’est alors que je me rends compte que le jeune garçon à vélo à qui j’ai demandé mon chemin tout à l’heure, arrive à mon encontre. Il vient de me rattraper. Il arrête son vélo quand il est à deux pas de moi. Il a son sac à commissions tout rempli de ce que sa maman a dû lui dire de rapporter. Particulièrement dans un sac pendu au guidon, il y a plusieurs pains. Il rompt de ses deux mains un gros morceau d’un des pains et me le tend. Je lis sur son visage une forte émotion. Il se rend compte qu’il en est de même sur le mien. En recevant ce morceau de pain offert par ces deux mains d’enfants, dans mes mains de vieil homme, il y a comme une résurgence de notre humanité qui se réalise. Je ne sais pas comment dire « merci ». Il y a bien « milost » dans sa langue en serbe. Je le lui dis. Mais je voudrais tant que mes balbutiements parviennent à la reconnaissance et à l’action de grâce, tellement est intense ce qu’il est en train de me donner dans ce morceau de pain. Mais, déjà il a disparu, afin de ne pas fondre en ma présence. Ce sont les miens de pleurs qui en tombant de mes yeux humidifient le pain que je viens de recevoir dans mes mains.

 

Je ne saurai jamais ton prénom, jeune homme, ni non plus les nombreuses questions que ton geste de partager aura posées à ta famille. Ta maman, quand elle t’a vu revenir des commissions avec un gros morceau de pain manquant, t’aura dit : «  Où est passé ce gros marceau de pain qui manque ? » Voilà que c’est le manque qui aura multiplié les questions : « Qu’est-ce qu’il t’a pris mon fils ? Pourquoi nous as-tu fait cela ? Quel est cet homme à qui tu as donné de notre pain ? Qu’est-ce qui l’amène à traverser notre village avec un âne ? Où va-t-il ? »

 

Tu lui auras dit ce que tu auras retenu du texte de Daniča. Et le soir quand ton papa sera revenu de son travail, voilà que le gros morceau de pain manquant aura continué son effet multiplicateur de questions : « L’homme que tu as rencontré avec son âne, est-ce que ce n’est pas un homme qui rêve ? Arrêter l’armement nucléaire en marchant avec un âne, est-ce possible ? Mettre l’argent que l’on investit dans l’armement dans une caisse pour faire arrêter le fait que des enfants meurent de faim, mais il se fait des illusions cet homme à qui tu as donné de notre pain ! »

 

Jeune homme, tu en auras fait se lever des questions à ta mère quand tu lui rendis le sac de commission avec le morceau de « pain perdu ».

 

Je me rappelai alors que c’était un jeune homme à qui la vie était manquante qui avait été rendu vivant à sa mère aux abords de la porte de la ville de Naïm, par Jésus, dans l’Evangile (Luc 7, 11-17). Je chantai dans mon cœur en me redisant une fois encore : « Mais d’où ça vient tout ce qui nous arrive avec nos manques ? » C’est incroyable comment des petits riens peuvent provoquer de grandes choses. Il me revint alors que c’était aussi « un jeune garçon » dont on ne sait pas le nom, dans l’Evangile qui de ses mains avait tiré de son sac à provisions, les 5 pains d’orge et les 2 poissons. Il les avait donnés à André, lequel les avait mis dans les mains de Jésus avec plein de questions : « Mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » (Jn 6, 9) En nous laissant travailler par la grâce qui est donnée à tous, en nous laissant rattraper les uns par les autres, en remettant dans les mains de quelqu’un d’autre ce dont nous sommes détenteurs, même nos manques vont se mettre à engendrer la vie : « Réjouissez-vous avec nous, car notre fils qui a prodigué notre pain avec un inconnu qui passait, a certainement trouvé le chemin de la vie ». (Lc 15, 32)

 

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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 11:00

Mardi 18 septembre 2012 à Stračevo

 

« Je t’exalte, toi qui me relèves… Tu dénouas mon sac » Ps 29, 1-12

 

Après un moment d’accueil touchant à la fraternité, je pars de PANCEVO vers  10 h 30, 11 h. Je suis accompagné par SLOBODAN qui, tenant son cheval, me fait passer par le quartier où habite sa famille. Il me présente son père et son frère.

 

J’entre dans STRACEVO sans m’en rendre compte. Il y a une piste cyclable tout le long entre les 2 villes. Une très grande usine « NIS » avec des voitures « n’en veux-tu n’en voilà ».

 

Et c’est à nouveau la longue traversée de la plaine de VOIVODINE… le désert Danubien qui continue….une terre très riche envahie par les nouveaux maîtres des cultures intensives céréalières. Il m’est très dur de trouver un brin de poésie dans tout cela. Sinon que je suis doublé par une famille de petits paysans serbes, il en reste quelque uns. J’imagine qu’ils vont rendre visite à des amis dans la ville voisine. Ils sont juchés sur une charrette à foin, tirée par  un cheval attelé au timon Le dernier né des enfants est dans son berceau bien amarré sur la charrette sous  les yeux vigilants de la maman, pendant que le papa conduit le cheval, de la main gauche tenant les guides et de la main droite faisant claquer le fouet. C’était la manière dont nous nous déplacions en famille durant les années 50, lorsque nous allions rendre visite à la famille BOICHUT à CHAMPVOUNANS ou à la famille HUDRY à EVANS… Dommage que la circulation intense qu’il y a sur la route ne permette pas à ces gens de s’arrêter. Nous nous faisons des signes d’amitié nous reconnaissant gens du voyage et camps volants eux avec leur cheval et moi avec mon âne.

 

Enfin j’entre dans le village de OMOLVICA. Aussi long à traverser que la ville de SALINS. Au milieu de ce village très étendu, à plusieurs reprises je suis arrêté par des mamans et leurs enfants qui veulent caresser l’âne Isidore. J’ai des carottes et de l’avoine dans un sac qui est sur le bât. Je les mets dans les mains des enfants pour qu’ils le donnent à l’âne. Cela engendre des sourires, des petits cris de joie chez les enfants quand ils entendent le bruit que fait l’âne dans sa bouche en croquant les carottes. Je sors de mon sac à dos le cahier et je fais lire ce que DANICA m’a écrit en Serbe, en écriture cyrillique et latine, afin de répondre aux questions que les gens me posent. En plein dans la plaine de VOIVODINE SERBE, terre violentée depuis des générations, il me semble important d’offrir en réponse à tous ces accueils fraternels du peuple serbe, quelque chose du souffle d’action non violente qui habite de peuple français.

 

C’est alors qu’arrive une voiture avec au volant un homme qui me sourit. C’est ZORAN. C’est lui qui ce matin m’a aidé à faire mon itinéraire et m’a dit : « Ce soir vous vous arrêterez à BANATSKI-BRESTOVAC. Vous  ferez étape dans la ferme où nous élevons des poules pondeuses et des poussins… des milliers… »

 

Nous défaisons les sacs du bât de l’âne Isidore et les mettons dans le coffre de la voiture. Nous enlevons le bât. Et voici que sous nos yeux émerveillés l’âne se roule dans la poussière du chemin en y faisant son picotin, tellement ça fait du bien de trouver quelqu’un qui vient dénouer nos sacs et les enlever de notre dos. Tout le monde rigole. ZORAN est tout heureux d’expliquer aux gens qui se sont  rattroupés autour des enfants caressant l’âne, le but de notre voyage à Bethléem et que ce soir  c’est chez lui que nous nous reposerons. « Merci à toi DANICA qui hier soir à l’hippodrome a su traduire aux jeunes réunis sous l’arbre aux palabres, en présence des adultes ZELIKO et ZORAN pourquoi et pour qui nous nous étions mis en marche l’âne Isidore et moi ; Je suis touché d’entendre comment ZORAN s’est emparé de ce que tu as transmis DANICA avec conviction…et de la manière dont il redonne en langue serbe en plein milieu de la VOIVODINE : « cet homme et son âne viennent de FRANCE. Ils marchent pour la paix, pour que s’arrête l’armement nucléaire…qu’il n’y ait plus d’enfants qui meurent de faim. ». Les gens écoutent ZORAN ; Je n’ai qu’à sourire et l’âne se laisser caresser. Nous nous saluons, après que les gens aient offert de l’eau, à l’âne un seau, et à moi une bouteille.

 

Et quelle n’est pas ma joie un ou deux kilomètres plus loin de voir à nouveau une voiture s’arrêter. Une jeune fille en sort en me disant « Je suis EMA qui étais dans  le groupe des jeunes hier soir à PANCEVO. C’est ma maman qui conduit la voiture. Comme vous venez faire étape chez nous ce soir, je suis venue marcher avec vous et l’âne…vous montrer le chemin… » - « Ça me touche beaucoup Ema tout ce qui se passe depuis hier entre vous tous et moi… C’est un souffle de fraternité qui se communique entre nous tous… En enlevant les sacs qui pesaient sur notre dos, il s’est fait une place en mon cœur pour nous y loger tous. Je vous emporte à BETHLEEM »

 

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Ema m’explique en continuant ensemble à marcher qu’elle voudrait un jour devenir vétérinaire. Je la félicite. Je lui souhaite de bien réaliser ses études. Je lui dis que de même qu’il y a des médecins, et des infirmières qui vont par ce monde soigner les gens blessés et abîmés par la maladie et la faim, dans le même sens et le même but il y a des « vétérinaires sans frontières » pour soigner les troupeaux dépecés et abîmés par les guerres. Ema me sourit. Le message entre nous est tellement fort qu’il y a quelque chose d’important qui passe « quelque chose sans frontières », le souffle de BETHLEEM.

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13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 09:45

Lundi 17 septembre 2012 à Pančevo

 

 

Dans la nuit je suis réveillé par le bruit que fait le cheval dans le box d’à coté en activant sa mangeoire. Je me lève pour essayer de trouver une solution pour que ce bruit s’arrête. Je n’y arrive pas. En revenant me coucher, il est 3 heures et des poussières, je ramène malencontreusement un moustique qui va continuer de me maintenir éveillé avec la même constance que le cheval activant sa mangeoire. A comparer c’est encore le moustique qui est le plus empêchant pour me rendormir. « Que faire en un gîte à moins que l’on ne songe ? »

 

Comme le lièvre des fables de la Fontaine « je songe » « je prie ». J’emmêle tout ça. Je te remercie ainsi Jésus de me faire rencontrer ces jeunes sur mon chemin de Bethléem, que DANICA soit là en stage, et que sachant très bien parler français elle nous mette en communication avec toute cette équipe de l’hippodrome et particulièrement sur ce qu’ils réalisent en activité thérapeutique et que je puisse leur exprimer l’action non violente dans laquelle je suis engagé en marchant vers Bethléem, en solidarité avec mes amis du M.A.N.V., en demandant de manière unilatérale que s’arrête l’armement nucléaire en France. Il me vient durant ce songe pétri de prière reconnaissante l’idée de demander à DANICA d’écrire en serbe les paroles que voici. Je les présenterai le soir venu aux gens avec qui je jouerai à la cachette pour trouver un gîte pour la nuit, pendant la continuation de mon voyage en SERBIE.

 

Je m’appelle LULU

Et mon âne ISIDORE

Nous venons de France

Et allons à BETHLEEM

NOUS MARCHONS POUR LA PAIX DANS LE MONDE

POUR DEMANDER L’ARRET DE L’ARMEMENT NUCLEAIRE

EN FRANCE DE MANIERE UNILATERALE

EST-IL POSSIBLE QUE VOUS NOUS ACCUEILLEZ DANS VOTRE JARDIN

POUR CETTE NUIT

MERCI BEAUCOUP POUR VOTRE CONFIANCE

NOUS NOUS EN REMETTONS ENTRE VOS BAINS

JE FAIS  PARTIE D’UN MOUVEMENT D’ACTION NON VIOLENTE

  

LULU-001.jpg 

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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 20:29

Mur.jpg

Il est dans notre coeur

un mur plus haut que ciel

le mur de notre peur

lorsque l'autre est pluriel

 

Mur de "lamentation"

plus épais que la haine

quand la révolution

des cailloux se déchaîne

 

S'élève jusqu'au sang

le mur de la violence

quand meurent nos enfants

qui n'ont pas eu de chance

 

Mur d'incompréhension

d'un côté et de l'autre

suicide en perdition

qui supprime les vôtres

 

S'élève en plein chemin

ce mur qui nous déchire

la bombe dans les mains

c'est l'amour qui expire

 

Mur d'angoisse en folie

qui vous pousse à l'extrême

lamentable embolie

d'où fusent les blasphèmes

 

S'élève en nos raisons

le mot déraisonnable

jusqu'au bord des prisons

aux grilles condamnables

 

Mur plombé pour vos pas

divisant les familles

insatiable trépas

des martyrs qu'on fusille

 

S'élève en nos questions

le déni qui ricane

pauvres résolutions

emmurées de chicanes

 

Mur de désolation

qui fait honte à l'Histoire

quand la modération

est mise au dépotoir

 

S'élève jusqu'à Dieu

la mort incontrôlable

en silences furieux

devant l'intolérable

 

Mur qui ferme les yeux

niant la différence

parti pris orgueilleux

qui frise l'indécence

 

S'élève en notre coeur

plus qu'un mur de Berlin

désir aux bras traqueurs

syndrome de Caïn

 

Mur béton qui fait froid

au dos de nos passions:

il n'est pas où l'on croit

le mur "Lamentation"

 

Serge Cuenot

Nice 11 févr. 2009

 

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Présentation

  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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