Dimanche 23 septembre à Milosevac
« Où as-tu glané aujourd’hui avec Isidore cette gerbe d’or ? » (Noémie à RUTH 2, 19)
« La gerbe d’or »c’est le nom du magasin de fleurs que tenaient Françoise et Maurice BLONDEAU dans les années 1975-1990 à Tavaux. J’aimais beaucoup m’y rendre avec Marcel et la maman Hélène et Marie-Louise leur sœur lorsque nous étions à la cure de Foucherans puis de Damparis. Nous étions heureux de nous raconter « où nous étions allé glaner » (RUTH 2, 19) ce que nous avions ramassé comme faits et paroles de vie et nous en faisions une « gerbe d’or ».
C’est aussi une « gerbe d’or » que je viens de ramasser durant cette journée de marche en direction de Bethléem, au pas de l’âne Isidore, de MALA KRISNA jusqu’à MILOSEVAC, au Sud Est de Belgrade.
Je vais vous partager tout ce que j’ai glané qui m’a été offert et donné. J’ai un peu comme l’impression que tout le long de mon chemin des gens, à la manière de Booz et de ses moissonneurs dans la Bible au livre de RUTH, se disent les uns aux autres : « Laissez-les glaner même entre les gerbes, ayez soin de tirer pour eux de vos javelles quelques épis que vous laisserez tomber. » (RUTH 2,15).
Les deux jours vécus, à DOM CRVENOG KRSNA (la croix rouge), me révélèrent une fois encore que bien souvent ce sont celles et ceux qui n’ont pas eu beaucoup de place au soleil qui font grand place dans leur cœur et dans leur maison à ceux qui passent errants devant eux. Je l’ai beaucoup recueilli dans le sillage de JOVANA et sa maman RADICA.
C’est avec une émotion qui travaille le fond des tripes que je quitte cette sorte de crèche de Bethléem qu’est le foyer de vie de la croix rouge de MALA KRSNA. ILIA, l’homme sourd et muet qui est adjoint de JELKO à la bergerie où ensemble ils ont pris soin de l’âne Isidore au milieu des moutons, m’aide à bâter l’âne en tenant les sacs. Le cuisinier me donne de quoi casser la croûte pour midi. Je salue chacune des personnes qui se sont rassemblées pour me dire au revoir. Une dame âgée, mais marchant encore aisément me signifie qu’elle veut m’accompagner durant le début de mon chemin. « Je vais marcher un moment avec vous pour vous indiquer votre route à votre départ… »
Je lui fais tenir l’âne avec la cordelette. Elle est heureuse. Nous faisons ainsi un bon kilomètre, rencontrant le long du chemin des gens qui la connaissent. C’est elle, MIRA CHERKA, qui explique le but de mon voyage au pas de l’âne : « cet homme et son âne partent à Bethléem pour la paix. ». Au bout d’un moment elle me remet la cordelette entre mes mains et me signifie qu’elle me dit au revoir. Elle entre dans un magasin pour y faire ses achats.
Quelques centaines de mètres plus loin, une voiture venant en sens inverse de nous s’arrête : trois hommes en sortent et viennent dans notre direction. L’un d’entre eux m’explique en allemand qu’il nous a vus, l’âne et moi, en train de traverser Vienne au mois de juillet. Et dernièrement il nous a vus à la TV à NOVI SAD., et là, se dirigeant avec ses deux amis sur OSIPAONICA, il nous aperçoit au bord de la route. Nous rions, émerveillés de toutes ces correspondances que nous glanons et cet homme, DRAGOSLAV, c’est son nom, me laisse ses deux adresses. Nous continuons les uns et les autres notre chemin. C’est alors que continuant ma route par la piste cyclable, un kilomètre plus loin, une jeune fille en vélo venant en sens inverse de nous, s’arrête, descend de son vélo et nous adresse la parole en souriant : « Où allez-vous avec votre âne ? »… Je lui tends le texte écrit par DANICA. Elle me dit : « je pourrais vous accueillir avec votre âne chez nous. » Je lui demande quelle est sa profession, je ne comprends pas tout ce qu’elle me dit, veut-elle devenir professeur de serbe ou est-ce que déjà elle exerce ce travail « je m’appelle MARIA… »… -« et moi Lulu ».
Maria nous invite à venir boire et manger quelques choses chez eux. Ce que nous faisons. Arrivés à la maison elle me présente son père GORAN, et sa sœur ANNA, un excellent jus de fruits nous est offert. Appel est fait à YOVANN, jeune garçon Sachant très bien le français. Maria me dit, par son intermédiaire d’interprète : « c’est bon ce que vous faites. C’est un message de paix. » Au moment de repartir, Maria a préparé avec sa sœur plein de pots de confiture de leur confection et d’autres choses pour notre repas de midi. Dans la joie et l’émotion nous nous saluons. M’ayant demandé ce dont j’avais besoin, je leur demande pour téléphoner à ma sœur Bernadette à qui je laisse un message sur son répondeur. Je lui raconte ma joie de marcher ainsi en ramassant tous ces trésors offerts.
Tout ça me fait chanter en mon cœur. Je me sens en pleine forme pour continuer ma route.
Suite demain.
PS : Des nouvelles de Lulu par téléphone hier : Tous deux vont bien ! Ils passeront très bientôt la frontière pour entrer en Macédoine.
Tableau "Ruth dans le champ de Booz
Julius Schnorr von Carolsfeld, 1828"