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2 septembre 2012 7 02 /09 /septembre /2012 12:58

Marcher.jpg

 

Marcher,

C'est aller au bout de soi-même tout en allant au bout du monde.

C'est redécouvrir l'homme qui prenait ses jambes à son cou lorsque le ciel lui tombait sur la tête.

C'est geler en même temps que les pierres du chemin.

Griller au feu du soleil.

Partir à l'aube en pleine forme pour revenir sur les genoux en pleine nuit.

 

Marcher,

C'est rencontrer des créatures qu'on ne verrait nulle part ailleurs.

Marcher, c'est aussi aller nulle part sans rencontrer personne.

C'est se mettre en vacances de l'existence.

C'est exister en dehors des vacances.

 

Marcher,

C'est réussir à dépasser son ombre.

C'est pouvoir se doubler soi-même en s'envoyant un gentil salut au passage.

 

Marcher, c'est caresser le sol, le flatter, l'amadouer.

Une manière de se mettre la terre dans la poche avant qu'elle ne se referme à jamais.

 

Marcher, c'est être dans le secret des dieux.

C'est écouter à leurs oreilles et entendre avec eux des bruissements, des murmures qu'on croyait éteints.

 

Marcher, c'est se mêler à la conversation des arbres, aux commérages des oiseaux, aux persiflages des reptiles.

C'est se fondre dans la nature, se couler au fond du moule.

 

Marcher, est-ce que cela ne serait pas, en définitive, tourner avec ses pieds, au pas à pas, page après page, le grand livre de la vie ?

 

Extrait de "Fou de la marche" de Jacques Lanzmann aux Editions Robert Laffont.

Transmis par Benjamin. Merci 

 

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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 12:31

Lettre du 15 Août 2012 à APOSTAG

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Après nous être dit et signifié par des gestes la grande joie qui est la nôtre, l’âne et moi d’être accueillis : (Isidore s’est arrêté de manger l’herbe du talus, il a relevé la tête comme pour dire lui aussi  sa reconnaissance, qu’il se passe quelque chose d’important pour nous ) et ces gestes de nous accueillir, nous nous disons nos prénoms : la dame IDILCO le jeune couple ATTILA et EDINA. Ils me font comprendre que c’est Attila et Edina qui vont conduire leur voiture et celle d’Idilco. Et pour que je n’aie pas à chercher le lieu qu’ils nous ont trouvé, Idilco va venir avec l’âne et moi, nous accompagner en marchant avec nous.

Je mets la cordelette du licol d’Isidore dans la main d’Idilco, et nous voilà partis pour entrer dans le village d’APOSTAG.  Plusieurs des gens que nous croisons sourient en voyant Idilco marchant avec moi au pas de l’âne. Comme il y a 2 mois pour Ingrid, ils doivent dire : « Voilà Ildico avec un âne ! » Nous rions beaucoup Ildico et moi. Nous traversons tout le large bourg d’APOSTAG. Avec non plus la question : «  est ce que l’on va trouver un coin pour s’arrêter et se reposer ? » mais « quel lieu nous attend ? Est-ce qu’il y a de l’herbe pour Isidore ? Est-ce un endroit clos ? quant à moi, pourvu que j’aie un endroit tranquille ou planter ma tente »

Au fur et à mesure que nous traversons le village, je sens se dessiner sur le visage d’Idilco, une joie apaisante. Comme si elle me disait : «  vous allez être bien là où nous allons… votre âne va pouvoir se reposer… je vois bien qu’il est fatigué et vous aussi. »

Le travail et jeu de cachette se poursuit lorsque au fin fond d’une ruelle, après avoir croisé bien des gens, ce sont Attila et Edina que nous voyons devant une très belle maison, avec un merveilleux jardin autour, tout en herbe. A la manière dont Idilco ouvre la porte de la cour et de la maison, je comprends que c’est sa maison, qu’elle nous offre pour que j’y dorme et son jardin pour que l’âne y refasse ses forces. Edina et Attila ont apporté dans un panier le repas qu’ils m’offrent. Ils le mettent sur la table de la cuisine. Idilco me montre la chambre ou je vais pouvoir me reposer. La maison est à l’extrémité de la rue. Pas de chien qui aboie à proximité.

Apostag-2.jpg

Ces gens doivent lire sur mon visage, mon étonnement et ma joie. Il est tout près de 20 heures. Ces gens ont encore beaucoup à faire. Idilco habite à DUNAVESCE. Elle est probablement en train d’aménager la maison où elle vient de me faire entrer et dont elle m’a laissé les clés en me souhaitant « bonne nuit » ; Et Attila et Edina repartent à l’autre bout du village où ils demeurent. Je reste avec ma question : « comment ont pu se créer tous ces liens, se tricoter toutes ces mailles, pour m’en habiller le cœur et le corps ? » Idilco, Attila et Edina sont partis avec une grande joie dans leur cœur. Eux savent ce qui s’est passé et comment ça s’est passé, la façon et la manière dont tout cela s’est réalisé. Mais moi, je reste seul avec les clés de la maison, et ne sachant pas comment ouvrir le mystère de tout ce qui m’est offert et me comble.

Cependant je ne suis qu’à moitié étonné, lorsque ¾ d’heure après, j’entends une voiture s’arrêter devant le portail de la maison. C’est Edina et Attila qui reviennent avec une autre personne, qui d’emblée me dit  en français : « bonsoir »

« Oh !!! Quelqu’un qui parle le français ! »

« Je m’appelle Anita ! »

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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 12:44
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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 12:00

Lettre du 15 Août 2012 à APOSTAG 

L’âne Isidore et moi nous avons quitté DUNAVERS où beaucoup de jeunes furent d’un abord sympathique et où une femme m’a apporté un café et un gros pain et pendant que je mangeais et écrivais. Elle avait un large sourire et moi aussi, pour remplacer les mots que nous n’arrivons pas à nous dire.

Il est un peu plus de 18 H sur la véloroute quand le village d’APOSTAG est en vue. C’est vers ce village que nous nous dirigeons pour passer la nuit. Je suis en train de me dire : « dans 3 bons quart d’heure, nous aurons trouvé, je l’espère sur la place du village, un lieu, comme un jardin public ou un terrain de foot où nous pourrons établir notre petit campement. Puis tout fort je dis :

- Pourvu que nous trouvions un endroit bien en herbe pour toi Isidore !

- Un coin qui soit bien tranquille pour toi ! me dit Isidore, avec pas trop de chien  à proximité, où tu puisses planter ta tente et dormir tranquille. Je veillerai sur toi pendant la nuit !

- Merci Isidore ! En attendant, tu devrais presser le pas !

- Ma tendinite me fait bougrement mal !

- Je le vois bien, mais ce n’est pas une raison pour trainailler comme tu le fais !

Puisque personne ne nous double ou  ne nous rencontre à cette heure sur la véloroute, nous sommes tranquilles pour nous raconter tout cela l’âne et moi. Tiens mais c’est étonnant, ces gens en bout de piste au croisement de la véloroute avec le chemin qui conduit au village d’APOSTAG. Sûrement des gens qui sont venus se promener. Mais c’est étonnant, ils donnent l’impression d’attendre quelqu’un, et il n’y a personne d’autres que nous à l’horizon.

Apostag-1.jpg

Et plus nous approchons de ces gens, plus ils donnent l’impression que c’est nous qu’ils attendent. Je me dis : « c’est sûrement pour nous demander où je vais avec cet âne… je vais avoir encore grand mal à dire quelque chose de plus que : « je vais à Bethléem . Ich gehe nach Bethléem zu Fuß mit meinen Esel  um Frieden   Pour la paix   PEACE. » Ils ont dû arrêter pour pouvoir caresser l’âne, et c’est vrai que l’âne apprécie beaucoup ces moments où il entend que nous nous mettons à causer avec les gens que nous rencontrons. Pour lui ça fait une bonne occasion pour s’arrêter et manger l’herbe des talus au pied duquel nous avons arrêté nos pas.

Ça y est, l’âne et moi, nous allons nous arrêter auprès de ces gens. Nous sourions. C’est un jeune homme et une jeune femme qui manifestement veulent me parler. Oh mais la dame qui est avec eux ! Je la reconnais ! C’est la personne qui tout à l’heure sur la place du village de DUNAVESCE, alors que j’écrivais et cassais la croûte, est venue près de moi avec un café et un  gros pain pour me les offrir, dans de beaux gestes de fraternité et particulièrement un large sourire. Je le lui dis avec beaucoup d’émotion mais en allemand. Heureusement qu’il y a nos sourires pour nous faire comprendre, les uns les autres. Ces gens sont tous des Hongrois, qui comme moi, dans la recherche de ce que nous voulons nous dire, vont avoir beaucoup de haussements d’épaules : « je ne comprends pas ce que tu veux me dire, tu as du mal à comprendre ce que j’essaie de balbutier…. Attends ! Je vais avoir recours aux gestes et aux signes… »

La dame qui est avec le jeune couple sait que je vais à Bethléem. Elle vient de dire le nom. Elle a dû l’apprendre sur la place du village de DUNAVESCE par la carte de GYULA que j’ai fait lire il y a un peu plus de 2 heures quand elle m’a apporté le café et le pain. Et voilà que ces gens ne se satisfont pas que de caresser l’âne et de me dire : «  c’est beau d’aller à Bethléem à pied… » Ils me font comprendre que les 2 questions qui me trottaient dans la tête tout à l’heure et sûrement encore à l’instant où nous nous rencontrons : «  Où est ce que l’âne et moi, nous allons nous arrêter pour manger et dormir et nous reposer ». Ces 2 questions sont aussi les leurs, et c’est du geste de joindre les deux mains, les porter sur le côté de la tête et incliner la tête dessus pour qu’elle s’y repose. C’est le geste qu’ils font les 3 en même temps en nous regardant, l’âne et moi. C’est ce geste ! (Oh !!! Comme il est beau !) qui va me traduire qu’ils sont à la recherche d’un lieu, pour que nous puissions arrêter notre marche, nous reposer, dormir,  et ils ajoutent en portant la main à la bouche : et manger.

Ça y est : ils voient bien, à ce qui vient de se dessiner, sur mon visage, que j’ai saisi et trouvé ce qui était  caché dans leur cœur et qu’ils voulaient me faire trouver et m’offrir. Je les embrasse avec émotion.

A la manière dont ils se parlent en Hongrois, je comprends qu’ils ont trouvé ce qu’ils ont cherché pour nous ce soir. Mais je reste devant cette profonde question :  « comment ça s’est passé ? D’où ça vient tout ce travail et ce jeu de recherche et de cachette dans lequel ces 3 personnes se sont engagées pour que ce soir et cette nuit nous ne soyons pas dehors, que nous sentions que nous faisons partie de l’humanité, qu’en Hongrie nous ne laissons pas un chien coucher dehors, à plus forte raison un homme avec son âne. » Je repense à Elisabeth qui voyant venir la jeune femme Marie jusqu’à elle dit : « Mais d’où ça vient que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »

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27 août 2012 1 27 /08 /août /2012 19:43

Lulu et Isidore sont entrés aujourd'hui lundi en Serbie. Ils ont passé 3 jours chez des paysans hongrois qui ont conseillé de franchir la frontière dans un camion.

 

Et Isidore a de nouveaux fers tout neufs !

 

Voici des montages des photos envoyées par Gabor, György et Anita rencontrés sur les routes de Hongrie.  

  Gabor.jpg

 

 Gyorgy.jpg

 

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  Anita 2

 

Anita 3

 

Car Anita, Edina et Attila ont retrouvé Lulu et Isidore à Nagybaracska.

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26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 16:10

Lettre du 11 août 2012 à APORKA

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L’homme est parti dans l’arrière cuisine, comme tout à l’heure il est allé dans la cabane à l’arrière de la basse-cour. Il revient de cette arrière-cuisine en tenant une marmite où est en train de finir de cuire un jambonneau. Probablement d’un cochon de leur élevage. Comme tout à l’heure, l’homme m’a apporté sous les yeux et sous le nez, la botte de luzerne pour me la faire voir et sentir, là, il m’a apporté la marmite pour me faire voir et sentir le jambonneau qui mijote.

De même qu’il a retiré une part de la botte de luzerne pour la donner à l’âne, de même il coupe un gros morceau du jambonneau, le met dans une assiette avec un morceau de la miche de pain, et m’invite à manger.

L’âne et moi, nous venons de nous laisser rattraper sur notre chemin par quelqu’un d’étonnant, comme c’est arrivé un certain soir à deux hommes sur le chemin d’Emmaüs.

Je ne sais comment dire. Je n’ai pas les mots pour exprimer à cet homme et à cette femme quel goût merveilleux de partage, quelle saveur d’hospitalité, quelle finesse de fraternité ont tous ces produits de leur travail et la façon dont ils s’y prennent pour mettre devant nous ce qu’ils nous donnent à manger : la luzerne à l’âne, et à moi le jambonneau et les fruits du jardin. Je n’ai pas les mots, alors je cherche les gestes, le sourire, l’expression de mon corps qui signifie ma reconnaissance.

Voilà humblement de grands éducateurs pour leurs petits enfants qui voient et participent à ces gestes d’accueil et d’hospitalité. Cet homme et cette femme élèvent notre Humanité.

Comme il fait beau à ce moment-là, ça a du goût et de la saveur et aussi du parfum. Ces gens créent ainsi leur présence. C’est ainsi qu’ils se présentent…

Tout cela me rentre dans la peau, dans mon être, dans ma chair. A l’homme dépourvu et démuni que je suis, ces mots, ces signes et ces gestes rentrent dans la chair de mon corps. Je sens et reconnais que c’est vrai que le Verbe continue de se faire chair. (Jn 1, 14) dans plein d’endroits de nos chemins d’Humanité. A travers tout cela, ces gens nous donnent une part de leur être.

Je me dois d’écrire ce dont je suis témoin et un tout petit peu artisan, pour que ce que nous sommes en train de vivre ne se perde pas dans le sable de la terre alluvionnaire et tourmentante de cet immense fleuve qu’est le Danube.

Le don de leur présence et de leur être vient nous rattraper et nous chercher dans notre fatigue à l’âne et à moi. Par leurs gestes et leurs actes, par « leurs mots faits chair » ils viennent me tirer des profondeurs de manque dans lesquels je suis tombé. Ils me poussent par la vitalité de leur accueil à sortir de mon désarroi, à leur manifester ma présence en leur signifiant ma reconnaissance…

Je les reconnais gens merveilleux à la manière dont ils fractionnent le peu qu’ils ont. Par ce « peu fractionné », il y a comme « un tout qui passe », « une plénitude qui est communiquée. »

soir.jpgTellement nous sommes bien ensemble, nous avons encore envie de nous dire avec des signes, des gestes, des faits : nous pourrions rester davantage ensemble… car le soir va tomber. Où que c’est que vous allez passer la nuit ton âne et toi ?! Le jour va toucher à son terme... »

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25 août 2012 6 25 /08 /août /2012 18:51

Lettre du 11 août 2012 à APORKA

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Au fur et à mesure que nous approchons de la maison, de petites poules toutes maigrichonnes se dispersent dans les buissons avoisinants en cotcotant. Nous sommes aux abords d’une petite ferme, où sont accumulées plein de choses récupérées : morceaux de bois, de ferrailles… Nous voilà comme dans une vaste basse-cour non grillagée… enfin une maison sans rideau de fer !... Un pommier auquel nous attachons l’âne Isidore.

Isidore-2.jpg

Dans l’immédiat, quatre jeunes enfants sortent de la maison entourés d’un jardin potager. Ces enfants sont habillés très simplement comme nous l’étions en 1945-50 dans ma famille, au sortir de la guerre. Ils viennent caresser l’âne. Des gosses qui doivent se demander qui c’est que leur grand-père a trouvés et leur a amenés.

A peine, sommes-nous arrivés devant la maison que l’homme a déjà un seau à la main. Il remplit d’eau le seau puis l’apporte à l’âne. Ensuite, il me fait signe de venir avec lui et me fait entrer un peu plus dans la cabane de la basse-cour. Il y a surement là quelque chose pour l’âne. De fait, il retire du fond de la cabane une botte de luzerne. De la bonne luzerne qui sent bon et qui est encore toute enfeuillée. L’homme en prend une pleine poignée pour me la faire voir et sentir. Je dis ma satisfaction comme je le peux. Il m’en remet une brassée et en prend lui-même une autre brassée que nous apportons et mettons devant l’âne.

Pendant qu’Isidore mange goulument cette luzerne parfumée sous les yeux amusés des enfants, l’homme me fait entrer dans leur maison. Sa femme est là, accueillante par son sourire paisible. Nous nous saluons. Je sens que cette femme est fatiguée et harassée. Il me semble comprendre qu’ils gardent les 4 enfants d’une de leurs filles : 2 fillettes et 2 garçons. Les 2 plus grandes 8 et 7 ans sont heureuses de dire en français les quelques mots qu’elles ont appris à l’école ou qui viennent de s’échapper de ma bouche : « C’est bon… merci… bonjour… »

Comme je me sens pauvre et démuni pour exprimer ma reconnaissance devant tous ces gestes et ces signes que ces gens sont en train de nous adresser et de nous donner à l’âne et à moi, tout ce qu’ils sont en train de partager et fractionner avec nous :

-          Leur temps,

-          Leur maison,

-          Leurs biens : l’eau, la luzerne et ça ne doit pas être tout.

Et ce qu’ils nous donnent est de qualité : c’est beau et bon. C’est offert avec générosité, et aussi en simplicité : c’est comme c’est, sans fioriture autour.

Et voilà que dans la cuisine où l’homme vient de me faire entrer il m’offre une chaise, me fait asseoir et dépose sur la table, devant moi, une pêche, une tomate et un paprika. Tout cela vient de leur jardin. J’ai appris par Barnabas et par Gyula que le savant qui a décelé la vitamine C dans le paprika est le professeur Albert Szentgyötgyi, un Hongrois. Tous les gens qui en Hongrie m’ont offert du paprika à leur table sont très fiers que ce soit un de leurs compatriotes qui ait fait cette découverte. Je suis heureux avec eux et pour eux. Mais là, dans cette maison d’Aporca, ce soir, je suis en présence d’un homme et d’une femme très humbles et très pauvres qui mettent à jour  les richesses du cœur humain et me les donnent. De ce qui se passe à travers eux en notre humanité, je suis très fier.

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24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 20:40

Lettre du 11 août 2012 à APORKA

Jo-utat-1-.jpg

Pour aller en direction de Belgrade, nous nous sommes laissés mettre sur la route de cette immense plaine de Hongrie, au sud de Budapest, où les voitures n’arrêtent pas leurs courses folles. Où vont-elles donc pour être si pressées ? Notre ami Sandor, n’a pas su nous trouver et nous indiquer la véloroute qui longe le Danube et qui aurait mieux arrangé l’âne et l’homme que nous sommes, Isidore et moi.

Nous avons quitté SZIGET SVENTMIKOS en fin de matinée. Nous voici entre DUNAVARSANY et APORKA.  Qu’elle est longue cette route qui n’en finit pas de longer d’immenses champs de tournesols, de betteraves et de maïs ! Cultures intensives sur des km2. Et des voitures, et des voitures qui nous doublent ou nous rencontrent à des allures donnant le vertige. Une sorte d’ivresse de vitesse a gagné ces gens comme elle nous avait donné le tournis dans les années 1970-1980 en France. Nous avons l’impression que la vitesse en voiture est devenue comme une dépendance.

Et voilà qu’au-travers de tout ça, venant en sens inverse de notre marche, un homme sur un vélo. Il nous a aperçus de loin, l’âne et moi. Je pressens qu’il va venir vers nous. Ça y est ! Cet homme change de côté de la route non pas pour nous éviter, mais pour nous saluer avec enthousiasme. Je comprends ce qu’il me dit bien que je ne capte aucun des mots qui sortent de sa bouche :

- « C’est beau de marcher comme vous marchez avec votre âne… Vous venez sûrement de loin ?! Vous êtes Hongrois ?! »

A ma manière de répondre à ses questions, l’homme comprend que je ne suis pas Hongrois. Je suis heureux qu’il m’ait pris au premier abord pour un homme de son pays. Nous voilà en pleine terre de reconnaissance. Je lui explique que je viens de loin. Je viens de FRANCIA.

- « Francia ! Alors là oui ! Vous venez de loin. Mais ça fait un moment que vous marchez avec votre âne ?! Vous devez avoir soif ?! Vous allez venir boire un coup chez moi ?! Je n’habite pas loin d’ici ! »

Pour le coup, j’apprécie sa manière de nous poser les questions sur notre situation et de répondre à notre place, tellement l’âne et moi, nous sommes fatigués et avons besoin de faire une halte.

Le vélo de cet homme me rappelle celui que j’avais dans les années 1950 à Dampierre. C’était celui que mon grand-père Octave de Chaux-les-Passavant m’avait donné en me disant : « Tu ne l’abîmeras pas ! Tu vas en faire du chemin avec ce vélo ! » Il avait dû l’acheter avant la guerre. Il y tenait à son vélo. Mais il fallait qu’il tienne encore davantage à son petit-fils pour m’avoir donné son vélo, comme il me l’avait donné.

Nous sommes à la hauteur du gros bourg d’APORKA. J’ai l’impression que l’homme, qui est en train de nous conduire chez lui en marchant à nos côtés, appuyé sur le guidon de son vélo, tient beaucoup lui aussi à son vélo. C’est son outil de travail. Et de même que mon vélo de 1950, le sien n’a pas de dérailleur, ni d’éclairage, mais il a un petit porte-bagage, solide, sur lequel est arrimé un sac aussi gros, tout rempli de panouilles de maïs. Je suis en présence de quelqu’un de « pauvre en biens, mais bien riche en délicatesse et accueil ». En nous voyant, il a quitté le côté de la route qui était le sien, pour venir se mettre à notre côté. Tout de suite par ses paroles et son sourire enthousiaste, il nous a manifesté son estime et il a pensé que l’âne et moi, par ce temps orageux et menaçant de pluie, nous pouvions avoir soif, et il nous a invités chez lui. «  Il ne nous a pas évités mais il nous a invités ». Quelque chose me raconte que nos chemins sont jalonnés par la présence de Samaritains et tous les jours, j’en rencontre de très bons, qui se font tout proches de nous.

 Où est-il donc son chez lui ? Et comment ça va être chez lui ?! Oh ! Sûrement à l’image de l’homme qui nous conduit. Nous avons quitté la grande route. Sur le chemin sur lequel il nous emmène, cet homme marche à nos côtés. Dans le moment de désarroi dans lequel je suis, j’ai l’impression que quelqu’un vient de me rattraper, quelqu’un qui essaye de me faire décrypter la langue hongroise. Comme je voudrais connaître ce qu’il est en train de me dire. Mon cœur est tout brûlant de ces paroles de braise qui me traduisent les écritures qui tapissent l’intérieur de son cœur. Tout ce qu’il me dit doit être tellement beau !

Nous marchons ainsi sur une bonne distance, pendant un bon moment, le temps de me faire prendre conscience que je suis sur le chemin d’Emmaüs, et à cause de la pauvreté relationnelle qui est la mienne, la langue qui nous devient commune entre cet homme et moi est la langue des signes ? Je suis en train de me laisser dire au fin fond de ma conscience : « Vis à plein le moment que vous êtes en train de vivre… Entre bien là où il est en train de t’emmener… Prends bien le temps de la reconnaissance ! C’est au travers des gestes, des signes, des faits que cet homme est parlant. Tu ne connais pas la langue de cet homme et il a plein de trésors à t’offrir. Cet homme te fait signe pour te donner ces trésors.

..../....

Photo de Gábor Söményi

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23 août 2012 4 23 /08 /août /2012 16:50

J’arrivais le 3 Juillet à l’école d’Aiglepierre vers 8h20, il faisait très beau. Julien, Etienne et Romain étaient déjà là avec les ânes Grenouille (fille d’Isidore) et Lisette. Tous les enfants furent installés dans la charrette. 

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Aiglepierre 1

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Départ route de Pagnoz et dans le lotissement nous montons à la stabulation d’un jeune agriculteur Yannick David. L’institutrice Françoise expliqua comment se faisaient les différentes fenaisons avec le concours de Julien et Etienne. Petit tour ensuite vers l’enclos des petits veaux. Visite ensuite de la salle de traite et de la laiterie et nous retournons ensuite à l’aire de jeux située vers la bibliothèque  pour un petit goûter.

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Vers 11h40 il fallait retourner à l’école car la matinée s’achevait. Passage dans le village et rencontre avec une amie ayant travaillé à l’école. Retour à l’école vers midi. Pique-nique tiré du sac dans la cour de l’école avec les enfants quelques parents et les institutrices.

Début d’après midi vers 14 heures c’était au tour des autres élèves d’aller en balade avec  leur institutrice Elisabeth. Direction : Marnoz. A Marnoz une partie des élèves jouaient à l’aire de jeux pendant que d’autres élèves visitaient leur nouvelle école à Marnoz avec Elisabeth. Ensuite tous ensemble nous avons eu droit à du théâtre avec les élèves de l’école. C’était très bien.

Aiglepierre 9

Vers 16H00 il a fallu rentrer  à l’école en compagnie des deux ânes Grenouille et Lisette. Arrivés à l’école vers 16h30 fin des cours de l’année scolaire. Ensuite discussion avec les deux institutrices Françoise et Elisabeth où on se remémora les souvenirs des balades aux pas des ânes avec Lulu mais aussi les souvenirs à l’école pour Romain Julien et Etienne. Je suis reparti vers 17h50 direction Dole où je retrouvais Elisabeth pour le repas

Conclusion

Lulu avait dit lors de sa fête de départ (17 Mars) « Je pars pour le pèlerinage de ma vie à Bethléem mais je sais qu’ici dans le Jura tout ce que j’avais entrepris depuis de longues années se poursuivra ». Il avait raison. Grâce à Julien, Etienne, et Romain et au concours de l’association Floriâne la ballade aux pas des ânes prévue en général en juin a bien eu lieu le derniers jours de l’année scolaire. Merci donc à tous les acteurs de cette balade pour que ca continue dans le sillage de Lulu. Aiglepierre 7

Laurent Livet

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23 août 2012 4 23 /08 /août /2012 08:11

 Dans son article "Comment rompre et faire tomber les nouveaux rideaux de fer ?" Lulu écrivait : "Je repensais à une autre rupture : celle de la ligne MORICE, rideau de fils de fer barbelés entre l'Algérie et la Tunisie. Quand j'ai appris par les accords d'Evian, l'arrêt de la guerre d'Algérie le 9 mars 1962 je m'étais réjoui que soient rompues de telles barrières entre les hommes. Ça fait du bien quand on apprend de telles chutes et ruptures."

 

A la suite de cet article, nous avons reçu un message pour attirer notre attention sur les camps de Harkis, camps de la honte...

Lulu joint au téléphone ce matin à Bajas (Hongrie), m'a dit qu'avant de partir pour son pélerinage vers Bethléem, il avait lu "Mon père, ce Harki" de Dalila Kerchouche, et qu'il désirait que je publie le message de Houcine LOUANCHI...

- Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net

Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone... émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H. Louanchi) CLIC

- Vidéo : Le combat d'une vie

 

En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l'isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.

35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011.  Vidéo de Anne Gromaire et Jean-Claude Honnorat.

- Infos sur le livre "Mon père ce Harki" 

Harki.jpg

 Dalila Kerchouche journaliste à L’Express, a découvert à l’adolescence que son père avait été, pendant la guerre d’Algérie, un harki, donc, à ses yeux, un traître, un type qui s’était trompé de camp. Interrogé, le père s’est muré dans le silence.
Alors Dalila Kerchouche a décidé de partir à la recherche du passé de ses parents, arrivés en France en juin 62. Ce livre est le récit de cette quête. Quarante ans après, elle a refait le parcours, camp après camp, où les familles de harkis et la sienne en particulier ont été parquées par la France. Aujourd’hui, l’herbe a repoussé et les baraquements rouillent, derniers vestiges d’une horrible machinerie d’exclusion et de désintégration humaine. Pendant plus de dix ans les Kerchouche ont été ballottés d’un lieu à l’autre, dans une misère effrayante, une humiliation constante. Dalila Kerchouche a rencontré ainsi une vieille bergère cévenole qui fut l’amie de ses parents et aida les harkis dans leur misère, un ancien chef de camp pied-noir qui a arraché le foulard de sa mère et tenté de franciser la famille de force, des voisines à qui l’administration enlevait les enfants et dont elle internait abusivement les maris pour les briser...
Et puis Dalila Kerchouche a traversé la Méditerranée pour découvrir les origines du drame. Elle est allée, non sans risques, dans la région de l’Ouarsenis où les islamistes désormais sont menaçants. Elle a retrouvé le village, des membres de la famille qui lui ont raconté ce qui s’était passé. Elle a découvert qui était vraiment son père et son rôle dans la guerre...
  

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Présentation

  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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Désarmement nucléaire

Journée de jeûne pour demander le désarmement nucléaire unilatéral de la France,

tous les 1ers lundis du mois de 14h à 17h en hiver, de 16h à 18h en été, à Dampierre (39) avec un temps de partage et de réflexion animé par Lulu.

Et commémoration des bombardements d'Hiroshima et Nagasaki entre les 6 et 9 août, chaque année.

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