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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 12:55
Le mercredi 10 octobre 2012 à Cazenard
Comme je vais de surprise en surprise en ce qui concerne l’hébergement et la nourriture de l’âne, le soir, durant la journée je veille à ce qu’il mange beaucoup de luzerne. Donc tranquillement je le fais s’arrêter dans un pré de luzerne en fin d’après-midi, lorsque nous sommes tout près de CAZENAR. Il mange bien. Et nous voilà partis pour cet hôtel restaurant « NAÏRAM » où je pensais prendre une bonne douche, dormir dans un grand lit et avoir du temps pour écrire et peut-être pouvoir téléphoner. Très bien accueilli en ce qui concerne le repas. Nous aurions pu manger à 3 avec ce qui était présenté pour moi sur la table. Les serveurs sympathiques. Je découvre que j’ai mis les pieds dans un restaurant de routiers. Ambiance sympathique qui me rappelle chez Gilbert GRAPPIN au moulin des MALADES à MONTEPLAIN dans le JURA. Je casse bien la croûte avec le souci d’attacher l’âne où il y a un peu d’herbe dans le jardin adjacent à l’Hôtel-Restaurant. Puis arrive NAGARD, le patron de cet établissement qui est l’ami de ELAG et AKIJARD. Nous causons un moment. Je me dis : « Il va m’indiquer où est la chambre qu’il m’offre… » Je lui dis que je suis allé repérer le jardin et que nous pourrons y mettre l’âne. J’ai une grande corde pour l’attacher (achetée le matin même, puisque la veille, lorsque l’âne s’est sauvé, la corde avait été perdue, et j’avais dû en racheter une à ALEKSINAC). NAGARD qui manipule le téléphone avec beaucoup d’aisance, me fait comprendre qu’il faut attendre. A plusieurs reprises j’entends « Moment ! Moment ! » C’est alors qu’arrivent 2 hommes. L’un d’eux boit une bière à notre table. L’un et l’autre s’appellent ASSIVOJ. Ils causent abondamment avec NAGARD. Je comprends qu’ils vont s’occuper de l’hébergement de l’âne. Puis arrive un 3ème homme en voiture. Il est lui aussi du village. Il s’appelle aussi ASSIVOJ. C’est NAGARD qui l’a fait venir. Et je comprends à ce moment-là que je ne logerai pas dans l’hôtel-restaurant de NAÏRAM mais chez un de ces 3 hommes, de même que l’âne dans une étable de l’un d’eux. NAGARD tient hélas ces 3 hommes sous sa coupe et sa dépendance.
C’est alors qu’arrivent depuis JAGODINA : AKVID et ARIJAM, qui sont contents que j’aie un hébergement ainsi que l’âne, mais ne me semblent surpris que leur ami NAGARD se soit déchargé de cette responsabilité sur les 3 paysans portant le nom de ASSIVOJ tous les 3. Et en un rien de temps, les sacs et le bât sont chargés dans la voiture de ASSIVOJ 3. L’âne est emmené de main de maître par ASSIVOJ 2. Mais je suis en souci. Je ne voudrais pas que l’âne se sauve. Me voilà dans la voiture d’ASSIVOJ 3, ne sachant pas trop le rôle joué par ASSIVOJ 1. Cinq minutes après, nous voilà au cœur du village de CAZENARD, devant l’épicerie d’ASSIVOJ 3 où dans la nuit (il est 20 H), les épiceries fonctionnent encore et des hommes assis sur des petits bancs dehors consomment des bières. Ils rigolent à propos de l’âne que nous emmenons chez AASIVOJ 2, petit paysan qui a 2 vaches. Grande surprise quand nous arrivons dans la cour de cette petite ferme. La femme et les enfants sortent pour voir l’âne, surpris que le mari et père leur offre un tel événement. L’âne Isidore entre facilement dans la petite étable. Le voilà attaché à la crèche à côté des 2 vaches dont ASSIVOJ 2 m’avait dit être propriétaire. Très accueillantes, ces 2 vaches à la robe de montbéliardes, mais se demandant cependant par quelques mugissements de quelle planète leur arrivait chez elles, ce nouvel animal. Je demande à ASSIVOJ 2, s’il veut bien donner un peu de foin à l’âne. Dans l’immédiat, je vois cet homme grimper au grenier par l’échelle. J’entends au bruit que ça fait là-haut qu’en qualité de foin, l’âne Isidore va recevoir dans sa crèche la petite botte de tiges de maïs qui vient de tomber à nos pieds. Aux mouvements des yeux et du museau de l’âne, les 2 vaches disent à Isidore : « Nous n’avons pas beaucoup à te donner mais nous te le donnons. » C’est à ce moment-là que l’âne Isidore me regarde alors que je m’apprête à partir et il me dit : « ces 2 vaches sont sympathiques et leur berger aussi, mais cependant, tu ne me laisserais quand même pas trop longtemps dans cette situation ! T’as vu ce qu’ils appellent « le foin » ici ! »
Je me retrouvai bagagé avec mes sacs et le bât dans la voiture de ASSIVOJ 3. Et nous voilà partis à un autre bout du village où je suis déposé avec tout le barda dans une petite maison non habitée, en bordure de l’autoroute, toujours cette autoroute, qui n’alimente pas du tout cette terre de détresse, mais au contraire lui pompe le petit peu de sang qui lui reste et en tous cas, lui communique un va et vient qui n’a rien d’alimentant…
Je vais passer la nuit dans une maison, seul, qui appartient à la famille de ASSIVOJ 2. Je vais y dormir tranquille certes, sur un lit canapé, dans mon sac de couchage, à réfléchir longuement et à comprendre assez vite que je suis tombé en plein dans ce qui déjà existait il y a 2000 ans dans la société romaine et qui avait pour nom le « clientélisme ». Type d’organisation de la société où quelqu’un de très débrouillard, a eu un père qui l’a été avant lui et a acquis des terres et des maisons rachetées à bas prix à des gens éreintés de dettes et qui n’en pouvaient plus. Comme on est dans le même village des liens vont demeurer entre « l’acheteur » et « les vendeurs » qui se sont faits « avoir ». Mais ce sont des liens de dépendance. L’acheteur, avec le profit réalisé va se bâtir un « château ». Nouveau Seigneur des lieux, il fait marner, les « vendeurs » en leur faisant, par le travail de leurs mains, entourer le superbe château de murs et des grilles en fer forgé. Au moment de payer de main à la main, si un désir ne manifeste d’être payé davantage, la réponse surgit aussitôt : « Soyez déjà heureux d’avoir du travail » ça y est le tour est joué. Le nouveau château est devenu imprenable.
Je suis triste que cette « désorganisation de la société se soit installée en SERBIE, et tienne en sujétion un nombre important d’hommes et de femmes. Je suis heureux de ne pas avoir été logé au château, mais dans la petite demeure qui reste encore bien de famille à ASSIVOJ 2, et Isidore dans son étable.
Et la parole d’Isidore : « Tu ne me laisseras pas trop longtemps dans cette situation », je l’entends de la société serbe qui crie : « est-ce qu’il va surgir de nouveaux politiques qui rétabliront des rapports de justice et de respect et nous sortent de ce marasme qui nous asphyxie tous au mépris de notre dignité » Ps 34, 10
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27 novembre 2012 2 27 /11 /novembre /2012 10:52

Le mercredi 10 octobre 2012 à Cazenard

Jagodina.jpg

Ce sont les paroles de l’âne Isidore lorsque je l’ai laissé hier soir dans l’étable de ASSIVOJ 2 : « Tu ne me laisseras pas trop longtemps dans cette situation ». Depuis notre rencontre avec Sacha à la sortie de KOVIN, le jeudi 20 septembre il se crée presque chaque jour comme une chaîne d’amitié et solidarité à notre égard. Chaque jour un maillon attache rapide vient s’accrocher au maillon précédent auquel l’âne et moi nous sommes reliés. Quelqu’un est là à l’étape du soir pour nous accueillir. J’ai l’impression que sur initiative de Sacha et Maja, ils ne veulent absolument pas nous laisser tomber durant tout le temps qu’ils pourront, jusqu’à notre passage en Macédoine et même après. Il y a du souffle dans leur attitude à notre égard. J’en suis touché et émerveillé.

Et en même temps, notre marche en direction du sud de la Serbie se réalise en profondeur, en ce sens que j’ai l’impression de marcher de plus en plus dans une terre de désolation et de détresse sur cette petite route adjacente à l’autoroute, aux mugissements incessants des camions et voitures.  Il y a comme 2 ou 3 mondes qui se croisent sans interférer. Le niveau de vie de ceux qui roulent à fond la caisse sur l’autoroute n’est pas du tout le même que celui des gens que je vois partir dans leurs petits lopins de terre ou en revenir, avec de petits tracteurs tirant des remorques bringuebalantes, rapportant des récoltes de misères, l’homme pilotant le tracteur et la femme assise dans la remorque en serrant contre elle le peu de maïs ou de paprikas récoltés ? Cette année de sécheresse, où il n'a pas plu, disent les gens depuis la mi-juin, me rappelle les années 1947 et 1949 où en France, nous avions nous aussi dans la ferme familiale, comme dans beaucoup d’autres, expérimenté ce que c’est qu’une « année de vaches maigres ». Hier, je voyais une femme et son fils, « mettre en mayettes » des petites bottes de ramures de maïs. On ramasse ce que l’on trouve. Il ne faut rien laisser perdre. C’est ce qui va être donné à manger aux animaux, déjà dès maintenant, et durant l’hiver qui va vite venir. Ça me rappelle en 1947 quand avec notre papa on allait faucher à la taule, le petit peu de regain qui avait poussé dans nos prés. « Il faut se dépêcher de le ramasser » disait notre papa « avant qu’il ne fonde ».

Et en même temps dans cette région de détresse, il y a comme un cumul de misères. Les fossés et les talus qui jalonnent les routes que nous prenons sont remplis de détritus plastiques, comme jamais je n’ai vus. Pas un brin d’herbe pour les dissimuler. Ce qui est terrible, c’est que les gens qui ont une voiture roulent à tombeaux ouverts. Les canalisations et parapets de ponts sont dans un état de défectuosité et par là de dangerosité que me font vraiment mal aux tripes. Ça fait déjà un moment que je remarque que, certaines bouches d’égout en ciment ont été brisées et n’ont pas été remplacées, et d’autres en fonte, ont été volées et elles n’ont pas été remises non plus. Tout le long de ces routes de misère, il n’y a presque pas de panneaux indiquant l’approche de tel ou tel village ni non plus à quelle distance kilométrique nous sommes d’une ville ou d’un village à un autre. Par contre, il y a beaucoup de petites plaques de marbre commémoratives avec le nom et le visage photogravé de la personne qui a été tuée sur la route. L’année de la naissance et la date de la mort de la personne sont indiquées. Beaucoup de morts ont eu lieu de 2006 à 2012. Chaque fois que j’apprends la mort de quelqu’un je fais sortir de mon être cette prière « des profondeurs de ma misère, je crie vers toi Seigneur ! » Ps 129 L’âne Isidore me disait l’autre jour : » Voilà un moment je t’entends souvent dire le « De Profundis … » Tu ne pourrais pas changer un petit peu et chanter le « Magnificat » de temps en temps ? »

« Eh ! bien c’est encore pas hier soir Isidore que j’allais chanter « Magnificat » au moment où tu entrais dans cette étable de ASSIVOJ 2, et  que tu m’as dit : » Tu ne me laisseras pas trop longtemps dans cette situation. »

Il s’est passé quelque chose hier que j’ai du mal à décrypter. Comme je m’en remets dans les bras et les mains de ELAG, AKIJARD et AJIRAM et qu’ils m’avaient dit : «  Quand vous arriverez en direction de NIS au village de CAVERNARD, c’est à l’hôtel NAIRAM que vous serez hébergés, votre âne et vous. » 

Suite >>>>>> 

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 21:00
 
Photo de Sandra et ses enfants en train de traduire ce texte en serbe...
  121024-Sandra.jpg
 
   
Cevrtak 4 Oktobar 2012.
 
 
Na zlatnom seno iz Jagodinski zooloski vrt.
 
Isidorov san.
 
 
Mi smo se smejali os srece I od radoste,ja I Sasa ,posle toga sto smo bili pesasili od Lakivova kuca(Bagrdan).Mi stizemo u Jagodini istim koracima kao magarac Isidor:Pada kisa.
 
Dakle 8 dana pre toga ,kada je Sasa stao ispred Kovinove vrata da bih me ugostio u njegovoj kuci kod Veliko Orasije :Padala je kisa.
 
              To je bilo drugi put, tokom 3 meseca suse,dakle Gospodjice kise nudila je par fragmenta vode nad Srpsko centralno osusena zemlja,obelezi su pocetak I kraj naseg poznavenstvo sa Sasom.Treba inace se vratiti veceras kod kuce.
 
              Nadamo se da cemo se opet sresti,kao i sa Sekijom I koliko jos druge osobe koji su mi postali prijatelji,ssa kim mi kazemo :Toliko su ovi trenuci blagoceni ,gde se docekamo jedni i drugi,neki sa ostalima.Ne zaboravjajuci ,da ono sto smo bili zapoceli trebamo nastaviti.”Nastavimo ono sto smo zapoceli”je jedna karatestika od odnosima Boga sa Covecanstvo.Nasao sam napisano u confessions de ST Augustin.Ps 13 78.
 
              Kad je Sasa odlazio,sa Galetom sam poveo magarce Isidor u zooloski vrt iz Jagodine,toga se bila setila Maja ,bila je cula magarce kako njace,u malom zelenom prostoru izmedju zgradama,gde sun as bili docekali ,pa me ona rece:”Sta mislite na to to?!Kad bih vodili magarce Isidor I zooloski vrt iz Jagodine…
 
               Sad cu zvati moju priljatelicu,njen muz je director zoo vrt!!!”
 
               Maja ce postati vodic I prevodilac ,blagoslov za nastavak nasem putem do Betleem,za mir.
 
               Kakav dozivjaj ,dok smo prolazili kroz grad Jagodine.Inpresiralo me da vidim kako se ljudi setaju gradom u vece!Uzivaju u veceervju atmosfera I pricaju sa prijateljima.Dakle,gledajuci kako prolazi magarce,znajuci Gale,ljudi ga pitaju:”Gde ste se uputili sa vesem magarcem???”Magarce Isidor stade kad cuo da pricamo.Ocekuje,da ga neko pomiluje ili mu pruzi sargarepu.I to je Gale ,na Srpskom jezikom ,predtavio,to vece smo imali bas puno sta da isfotokopiramo(u novine iz Vrbas jedan list “Danisa”koji zna na pamet I u svoje srce}.
 
               Posle brojne zaustavjanje ,razgovorima na ulici,kao i slikanje ,evo nas ispred zoo vrt iz Jagodine.
 
               Kakav docek!!!
 
               Kada vidim magarce Isidor medju ,sve te zivotinje iz Jagodinski zoo vrt,srecan sam za njega.Cini mi se da grad nema magarce u svoj zoo vrt.
 
               I evo kako oni sad nam nam ponude pauza izmedju njih 2 dana i 2 noci,gde je on nasao mir I pokojnost.To ce mi omoguciti “pokupim I napisem ,sto sam hteo videti I svedociti za neprekidna zivotna borba.”(Job 19 23 _25).I posebno,to sto nazovem :
 
               “Isidorovog san”
 
Magarac Isidor ,se bas lepo osecao u taj zoo vrt da posle nekoliko vremena ,u jednom trenutku,dok smo bili sami,hodajuci istim korakom,on mi rece:
 
ISIDOR:Posle slikanje sa strane TV novinari ,gledao sam te kako odlazis u kafic sa tim ljudima,a mene su vratili u zoo vrt ,u velikom boksu koje je bio postao moj,I kojim sam mogao lepo da se odmorim .Bio sam srecan zato sto sam mogao lepo da izpricam jedan par gazela i jednoj kamili i njenjog mladunce ,san koji sam bio sanjao prosle noci.Slusali su me i gledali njihovom lepe i nezne oci.
 
Prvo sam se im zahvalio za dobrodoslicu,i ujedno i ljudima koji brinu o nama .I nastvavio sam d aim izpricam cilj nasem putovanje,kao sto sam bio ucinio sa magricom Irana iz Szigetszent miklos iz Madjarske,sredinom Avgusta,ja sam im podelio san koji sam bio sanjao.
 
Lulu:|”Pa I ti si poceo Isidor da sanjas?
 
Isidor:Da ,naravno!...pa nastavim d aim izpricam!
 
Eto ,cuvar je bio zaboravio da zakljuca vrata mom boksu,mozda I namerno ,zato je znao da sam pun zelje za slobodom,ne volim da me neko nedge veze.Tako I sam mogao,da cirkulisem kroz ceo zoo vrt.Otisao sam bio da pozdravim Lava,Leopard,Pantera i Vuka.
 
Kad sam se preblizio kavezima ,nisu ni pokazali ni zubi ni kandje…Tako,da su postali pripitomjeni,cuvari nisu morali vise da nose ogroman broj kljuceva,kako bih morali da nas zatvore.Cuvari su sacuvali njihov posao a to je bilo samo da nas paze I vode brigu o nama,vise nismo ubijali da bih jeli,nego smo jeli travu koja Gospodjica kisa pustila na povrsinu zemlju da poraste…
 
Lulu:Vrlo sam dodirnut,Isidor,za znacaj tvojom snu…
 
Isidor:Da ,dakle sa svim cega sam mogao da se setim u mojoj magarecevoj glavi,bilo je to spoj cege svega sto sam bio slusao od tebe,kad si bio izpitan sa strane novinara sa TV,i svi tim ljudima koje kad nas sretnu pitaju gde smo se mi uputili?
 
Sanjao da su ljudi prestali da nagomilaju novac da bih pravili,ono sto unisti zivot…
 
Oslobodujicu se svoje nasilnim ponasanjama i nasim kadjama.
 
Kad od jednom Kamila je podigla kapne oci i rece mi:”Ti ,kojim nam prija tvoju prisustvo,u mojim karavanama po pustinjama,bass si onakav kako sam bila zamisljala:Treba stvarno prestati da unistimo nasu planetu,i da prestanemo napravimo od nje mesto smrt.Nasa planeta je kao l Arc de Noe ,ona je kolevka zivota.
 
Zoo vrt u kojom smo mi ,je jedan poziv za zivot…”Evo,kako me gazelevog para mi kazu:”Steta je, sto ne mozes ostati duze…Treba te svi cuti,daje nam zelju,volju i nadu za nasem zivotima…”
 
                  Evo me,sad kako ja njima izpricam ono sto sam bio cuo kako si ti bio izpricao ljudima pre neki dank ad smo se bili malo odmorili pored puta,dok sam ja bio uzivao rucajuci zlatno seno,koje je uspeo da raste baz obzira na susu.
 
Tad si otvorio Bibljiju,i rekao si:”Trebamo pratiti,profetove delove,i nastaviti!Oni nam kazu , da dolazi vreme gde narodi pravice sa njihovim maceve ,tockove za kocije i od njihovi lukova fosila”is.2 4
 
“Malisa je sustina Jesevlja…On ne sudi na izgled …Eto,kako vuk zivi sa jagnetom,panter lezi pored jarce .Vo i lav prolaze zajedno ,vodeci ga jedan mali decak.Krava I medved se sprijatelje ,njihovi mladuncici zive zajedno.Lav jede seno kao I bik…”(is.11  1.9)
 
Lulu:Ah,bas je tvoj san lep ,Isidor,na zlatnom seno iz Jagodinski zoo vrt…I srecan sam dok sam izpricao novinari,sa kojim smo bili proveli kod Kovilj,ti si takodje izpricao zivotinjama iz zoo vrt…Svakog dana delic naseg snove postanu realnost,koliko tvoj san lici na Isain san !
 
Isidor:I takodje na profetovo Zakarija!
 
Lulu:Da, izpricaj mi!
 
Isidor:Mi to izpricamo,najvise iz magarecev pamcenje,ovaj Zakarjev san.
 
Zato sto mi magarci smo vrlo .Cuo sam kako pre neki dan ,si  to pevao u glas,tokom nasim putem.|”Devojko,iz Jerusalaem!Evo,tvoj kralj dolazi ka tebi:On je dobro stvoren  i pobednik,skroman,jahac magarce ,malog od jedne magarica.
 
Dovoljan d Epraim kola,i    od Jerusalemovo konji;ratni lukova bice skinuti,on ce siriti mira za sve nacije.
 
Njegovoj svetlost icice od more do mora i rekama do ektremitete nasoj planeti.”za 9 9.10
 
Lulu:I ti si sve to izpricao ,tvoj divan san o zivotinjama iz Jagodinski zoo vrt!
 
Da li si svestan toga sta ce se sad desiti u Jagodini.Svaki put,kad neka deca dolazice da posetu zoo vrt,zivotinje ce im izpricati tvoj san:
 
“Jedan magarac ,Isidor,dosao da zivi ovde par dana I par noci…
 
Toliko mu je bilo lepo ,na zlatnom senu,kojim smo mu bili poklonili,da je on od toga doziveo san…”
 
I izpricajuci tvoj …Zivotinje prenece decama I ljudima …Deca od srece najezice se …Taj san ce im uci u kozu ….Zivotinjama…”Jos jednom glagol ce postati mesa”Jo 1 4. 
 
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25 novembre 2012 7 25 /11 /novembre /2012 22:35

Les 9 et 10 novembre 2012 à ETNO SELO

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Sécheresse 5 

Merci à vous ZORICA pour le travail d’interprète et médiatrice que vous réalisez entre nous :

-          Avec VLADIMIR pour le maintien de la situation toute précaire qu’elle soit dans laquelle nous sommes, en attendant de pouvoir en créer une autre plus stable et durable.

-          Avec MAJA de JAGODINA en SERBIE qui multiplie les démarches pour que nous ne nous enfoncions pas dans une impasse et que nous puissions trouver une solution qui permette qu’à ETNO SELO, l’âne y passe l’hiver et moi, quelques jours en y attendant Adrien BAYE, journaliste au Pèlerin, venu faire une interview.

-          Avec SUSANA et LILIANA, les épicières qui veillent à ce que je mange bien.

-          Avec ELISABETH qui coordonne le blog : lui expliquer pourquoi nous pouvons donner l’impression de stagner aux portes de KUMANOVO, mais qu’en fait, nous envisageons une pause et non un arrêt.

C’est alors que le mardi 6 novembre, ZORICA m’emmène à ETNO SELO. Il se trouve que la personne qui nous reçoit dans ce lieu d’accueil, la maman du directeur de ETNO SELO, est une ancienne collègue de ZORICA. Cette femme s’appelle VERA. Elle prend le temps de causer avec nous. Elle écoute grâce à la médiation de ZORICA le but de mon voyage. Elle nous offre à manger sur le coup des 11h. Et elle nous dit :

-          Que je vais pouvoir venir être hébergé à l’hôtel durant ces 4-5 jours qui viennent en attendant la venue d’Adrien BAYE, journaliste au Pèlerin les 10 et 11 novembre. Ça permettrait de le recevoir et faciliterait son travail de journaliste.

-          Que l’âne Isidore, non seulement sera hébergé dans l’étable avec les autres animaux pendant ce temps, mais encore tout l’hiver, pendant que je retournerai à JAGODINA et KOVILJ, et qu’il y sera très bien nourri comme les autres âne et chevaux.

Et lorsque je demande quel sera le prix de tout cet hébergement, car nous sommes dans un lieu d’accueil où le travail des gens qui nous reçoivent est un travail rémunéré, j’entends de la bouche de VERA, et ZORICA m’aide à bien l’entendre :

-          Que je paierai la pension des 5 jours à l’hôtel-restaurant,

-          Mais que l’hébergement de l’âne dans l’étable d’ETNO SELO avec les autres animaux, sera gratuit pendant tout le temps que l’herbe mettra à repousser à la surface de la terre si éprouvée par la sécheresse présente. La gratuité de l’hébergement de l’âne durant l’hiver signifie de la part de ces gens leur partage du sens donné à ce voyage en direction de l’étable de Bethléem pour la paix : « Ton voyage devient ainsi le nôtre… Tu nous emportes dans ton cœur et sur le bât de l’âne. »

Après le repas, VERA nous accompagne à l’étable pour voir où l’âne Isidore passera l’hiver et il est convenu que l’âne et moi, nous pouvons venir à ETNO SELO dès demain mercredi 7 novembre.

Ça me fait un certain pincement au cœur de quitter l’abri qui nous a été offert par VLADIMIR dans l’annexe de son garage. Nous avions créé de très beaux liens de fraternité grâce à ZORICA ;

-          Avec VLADIMIR  et les gens travaillant au garage,

-          Avec les élèves du collège de ZORICA,

-          Avec beaucoup de gens qui passaient dans la rue,

-          Avec les 2 épicières SUSAN et LILIANA,

-          Avec la journaliste qui vint m’interviewer : SUSANA NIKOLIK à VEST (journal local).

Mercredi à 9h, nous quittons cet abri pour reprendre la route qui va en direction de la Bulgarie, de SOFIA. Nous mettons 5 h à parvenir à ETNO SELO. La pluie est froide et fine. Elle rentre sous la peau. Mais nous savons que nous serons accueillis au chaud. Et si seulement il pouvait tomber une pluie abondante. La terre en a tellement besoin. Nous n’aurons pas ce soir à jouer, à chercher et trouver un abri qui se tienne caché à nos recherches. Cet abri nous est offert à l’âne et à moi jusqu’à ce que l’herbe repousse et que nous puissions reprendre la route en direction de Bethléem. Alors c’était vrai ce que disait des amis avant mon départ du 25 mars : « est-ce que tu vas arriver à Bethléem le 25 décembre 2012 ? Est-ce que ça ne serait pas plutôt le 25 décembre 2013 ?! »

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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 19:20
Les 9 et 10 novembre 2012 à ETNO SELO
  
Pendant tout ce temps de pourparlers, il fallait que l’âne mange. La médiation réalisée par nos 2 amies professeurs de français ZORICA et MAJA faisant que dans un premier temps je pouvais aller samedi 3 au matin, avec VLADIMIR le garagiste à la foire aux bestiaux de KUMANOVO.
Kumanovo.jpg
VLADIMIR s’y rend en voiture, tirant une remorque dans laquelle, il y a 2 cochons qu’il a élevés et soignés durant l’année. Il se rend à la foire pour les vendre. Il espère en tirer un bon prix. Il espère ! Rien n’est sûr, même pas de pouvoir les vendre ! Ce qui m’intrigue dans tout cela, c’est que pour arriver à vivre, un garagiste soit obligé de nourrir des cochons, venir passer sa matinée de samedi les bras accoudés sur sa remorque, à attendre qu’un maquignon veille bien les lui acheter. Plein de gens passent, causent avec VLADIMIR, plusieurs parce que, eux aussi sont venus espérer vendre leurs cochons. La matinée va passer à voir les allées et venues des gens, déçus que personne n’essaye même d’entrer en pourparlers d’acheter les cochons. VLADIMIR me dit : « Les gens n’ont pas de sous… il n’y a pas eu de pluie pendant des mois… venez ! on va aller voir les marchands de foin pour votre âne. » Nous arrivons dans un endroit de la foire où il y a 7 gros camions de petites bottes de foin de luzerne. Certains viennent de loin, leurs camions chargés de belles bottes d’une luzerne bonne et verte… Mais rien ne s’achète, ni ne se vend. Ils vont repartir avec leurs camions remplis des bottes de luzerne, comme ils sont venus. Nous en achetons 2 bottes pour Isidore. Ça permettra de faire la « soudure » comme on dit, et de chercher et trouver une solution en direction cette fois probablement de ETNO SELO. VLADIMIR, en revenant auprès de sa remorque pour essayer de trouver acheteur de ses 2 cochons, 2 beaux cochons qui se prélassent dans la remorque en ne sachant pas plus que VLADIMIR ce qui les attend, VLADIMIR me dit à nouveau : « Les gens n’ont pas de sous… L’année est dure en raison de la sécheresse venant du manque de pluie… Vous pouvez aller faire le tour de la foire… Je vais continuer d’attendre un acheteur… »
VLADIMIR me dit tout cela avec des mots macédoniens, des gestes, et sa mine… Oh ! que son visage est expressif de la détresse et de l’accablement des membres du peuple macédonien. Les traits et l’expression du visage de VLADIMIR me font lui trouver beaucoup de profondes ressemblances avec un de mes amis de France, JACQUES homme de théâtre. C’est quelque chose, ça ! Que la situation d’un peuple puisse être ramassée et rassemblée dans le corps et sur le visage et dans la démarche d’un seul être humain. Je trouverai cela tout le long de mon cheminement en direction de Bethléem, souvent chez des femmes. Je pense à ANITA, NICOLE, EDITH, INGRID, KATALIN, DANICA, JELENA, et EMMANUELLA et leur maman, SLADIANA, MAJA, ZORICA, SANDRA, BOBA. Elles portent leur peuple, comme elles portent ou porteront leur enfant… dans leur ventre, dans leur chair, dans leur cœur, sur leur visage, dans leurs yeux. Je trouverai cela aussi chez des hommes bien sûr. Donc chez VLADIMIR, comme je viens de l’écrire… et je pense à FRITZ, LEO, WILHERM, BRACHA, BARNABAS, ZOLTAN, l’homme d’APORCA : FERENTZ, SASA, et SEKI, MILE et PAYA, MILE et BATIA. Ces hommes, eux, portent leur peuple comme ils ont portés leur enfant sur leur dos à certains jours, ils en ont plein le dos. Je trouverai aussi ce ramassage d’un collectif d’un peuple chez des enfants. Plutôt que « collectif et peuple » je dirais : « un monde ». Les enfants qui m’ont marqué et que je vais nommer, ce qui m’a touché en les rencontrant, c’est que je les ai trouvés porteurs d’« un monde », de leur monde, du monde, de l’avenir du monde. J’ai trouvé qu’en vous les enfants, (que je vais nommer, dont j’ai ramassé les noms, les faits et gestes, les jeux, les paroles fortes), en vous et en une plénitude d’autres enfants se joue l’avenir de notre humanité. Chez toi, l’enfant qui m’a rattrapé sur le chemin de la sortie de BANATSKI-BRESTOVAC pour me donner un « morceau de pain » que tu venais d’acheter à l’épicerie du village pour ta famille… Chez vous « les enfants au raisin » NICOLAS et BUKACIN, à la sortie de VRANJE… pour être sûr de me retrouver, votre papa vous avait accompagnés… Chez vous les enfants de RISTOVAC : BOYAN, MILICA, et BOYANA, vous êtes signifiants et porteurs de l’attitude de toute votre école… Je verrai toute ma vie avec quelle délicatesse vous m’aidiez à monter ma tente en votre jardin d’enfants, avec quelle générosité vous m’avez apporté à la tombée de la nuit, le repas tout chaud et savoureux préparé par votre maman. Et vous, YOVAN, LUCAS, et YOVANNA qui devenez mes professeurs de serbe et d’anglais à JAGODINA. Et vous MILIANA et EMILIA, vous m’avez fait entrer dans les dédales de l’ordinateur à LOKOS NICA chez VULE et DRAGILA.
C’est merveilleux comment tout cela nous fait voir que dans l’être de la Vierge Marie ait pu venir se ramasser et se blottir la personne même de DIEU : JESUS. Qu’est-ce que ça nous fait voir tout cela, que dans la personne même de ce fils de DIEU ait pu venir se rassembler et se loger toute notre Humanité… Nous voilà en profonde approche et proximité de la reconnaissance vitale des paroles de l’ange GABRIEL à la VIERGE MARIE : « Tu as trouvé grâce auprès de DIEU. Voici que tu concevras et enfanteras un Fils Jésus qui renversera les puissants de leur trône et élèvera les humbles de là où on les a fait tomber. » (Luc 1, 31-52)
En partant faire le tour du foirail comme VLADIMIR m’y invite, je continue de me rendre compte un peu plus de la détresse, de laquelle cependant voudrait sortir tous ces gens. Mais même les animaux sont tristes. Il y a 2 ânes qui sont à vendre à côté de quelques chevaux. Leur allure est celle d’animaux accablés. Eux aussi, les animaux, ils portent les épreuves de leurs maîtres. Ils semblent indifférents tellement ils sont accablés au fait d’être en vente et de ne pas trouver « preneurs ». Nous ne sommes pas loin du fatalisme et du déterminisme. « Il n’y aura donc pas moyen de s’en sortir ! » Oh ! Que je vomis l’installation et l’ancrage des réseaux profiteurs de ces situations ! Les vaches dans leur meuglement sont les seules à crier qu’elles ont faim. Elles disent : « Comment voulez-vous continuer à tirer du lait à nos mamelles si vous ne nous donnez pas davantage à manger ! »
Il n’y a sur ce foirail aucun banc pour s’asseoir. En restant debout les gens veulent peut-être dire que malgré tous les calculs des profiteurs, leur dignité ne sera pas à vendre.
Durant des mois, la pluie n’est pas tombée. J’entends dire en macédonien : « Kisa ne padati » Il vient de pleuvoir cette nuit et la nuit dernière. J’espère avec ces gens qu’ils vont pouvoir labourer leur terre. Je passe devant l’étal d’un forgeron qui rend des socs de charrue aux paysans qui lui avaient demandé de les « recharger » comme on disait quand j’étais gamin à Dampierre. Je suis renvoyé dans ma mémoire d’enfant à ces moments où notre papa m’envoyait avec mon petit vélo faire « recharger » les socs de notre charrue brabant parce qu’ils étaient usés, chez Pierre LIEVAUX à RANS, puis chez Michel RACINE et chez Clément et Bébert CHAUVIN à MONTEPLAIN. Même situation pour ces gens qu’il y a plus de 60 ans chez nous, particulièrement les 2 années de sécheresse de 1947-1949 : 2 années de bon vin, mais pas d’abondante luzerne ni d’esparcette (sainfoin). C’était, disait-on, des années « d’après-guerre ».Là, en Macédoine, comme dans d’autres régions des Balkans, nous sommes « en pleine guerre économique »
VLADIMIR revient de la foire comme beaucoup de petits paysans avec les cochons dans sa remorque. Il n’a pas pu les vendre. Ces gens sortent du foirail plus accablés que lorsqu’ils y sont entrés il y a 3 ou 4 heures ! Sur la remorque, VLADIMIR a sanglé les 2 bottes de luzerne pour Isidore. Il les dépose dans l’annexe de son garage où l’âne nous attend et se met à braire en nous voyant arriver avec la luzerne. Beaucoup de bestiaux de la région voudraient en manger « de la comme ça » !
(Photo de Kumanovo trouvée sur internet)
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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 10:16

Les 9 et 10 novembre 2012 à ETNO SELO

120911-2Au fur et à mesure que l’âne Isidore et moi nous nous approchions de la frontière serbo-macédonienne, nous nous trouvions devant un fait évident : les touffes d’herbe verte se faisaiten de plus en plus rares. Je l’avais déjà remarqué dans le sud de la Serbie. La terre qui devait être fertile en temps normal était devenue très sèche. Elle s’était craquelée, il n’y poussait plus rien. Encore quelques endroits où on apercevait un peu de luzerne pouvait permettre que l’âne se nourrisse comme il convenait à un marcheur tel que lui. Il y eut encore un beau champ de luzerne au monastère de Saint Prokor en Serbie. Je me disais naïvement : l’herbe verte va peut-être réapparaître une fois que nous aurons passé la frontière ! Mais il y eut le moment où, dans le premier village macédonien qui nous accueillait si fraternellement, un des hommes me dit : « je vais donner du foin à l’âne Isidore ». Lorsque je vis la teneur en qualité nutritive du foin que ces gens donnaient à leurs animaux, je compris à quoi, ils en étaient réduits. L’humiliation que subissaient ces petits éleveurs me blessait dans mon être de fils de petit paysan. Je me mis à craindre pour l’avenir de notre voyage.

Au fur et à mesure que nous avancions en direction de KUMANOVO, grande ville de MACEDOINE, je me mettais à l’évidence. L’herbe au contraire de ce que l’âne et moi nous espérions, se faisait très très rare. Quand mercredi 31 octobre, à la nuit tombante, j’avais été heureux de trouver l’abri, (maison non terminée d’être construite) que nous offrait VLADIMIR le garagiste dans une cour dépendante de son garage, et que je dus attacher l’âne à la corde coulissante et qu’il tirait dessus au risque de la casser car il n’y avait pas du tout d’herbe verte, et que l’herbe sèche ne devait pas avoir beaucoup de saveur et de valeur, je me dis : « il faut trouver une solution ! » Quand le lendemain, je tentai de chercher et de trouver un peu de foin à acheter, et que je saisis que les petits paysans à qui je m’adressais me faisaient comprendre (ce qu’il me fallait accueillir) : « on n’a pas le foin nécessaire pour nos animaux… on ne peut pas vous en vendre… il y a la sècheresse… le manque terrible de pluie pendant 4 mois… Vous voyez bien que nous ne pouvons même pas labourer nos champs, tellement la terre est sèche et dure… Fera-t-on nos semailles ? Nous sommes fin octobre… début novembre arrive… et les quelques gouttes de pluie qui sont tombées les nuits dernières ne vont pas faire repousser l’herbe de sitôt. Surtout qu’en plus, voilà que le vent du nord se met de la partie pour boire et pomper le peu d’eau qui vient  de tomber ces quelques nuits dernières. »

Le temps que je mettais pour que l’âne trouve le long des routes l’herbe nécessaire, la nuit tombant vite et tôt, le temps qu’il me fallait pour trouver quelqu’un qui nous 

 dans un coin où de toute façon, c’était sûr qu’il n’y avait ni herbe, ni foin non plus… tout cela assombrissait beaucoup, beaucoup nos horizons de camps-volants. A 2 ou 3 reprises, ces jours derniers, nous étant arrêtés l’âne et moi devant des maisons où il y avait quelques touffes de luzerne, quelqu’un était sorti de la maison et m’avait signifié de partir : « cette herbe que ton âne mange, j’en ai besoin pour mes animaux. » J’entendais comme si on me disait : « qu’est-ce que c’est que ces Français qui viennent manger le peu d’herbe qui a pu pousser devant notre porte… » Je tirais sur la cordelette du licol de l’âne. Lui tirait encore plus fort en sens inverse, et il me disait  : « Tu vois bien que je n’ai pas mangé à ma faim… » J’étais allé chez un marchand de graines, et j’avais rapporté de l’orge et du maïs concassé et moulu. Ça irait bien durant les quelques jours que nous allions pouvoir encore rester sous l’abri du garage de VLADIMIR. Mais ça ne pouvait pas durer. Et si, oiseaux migrateurs que nous étions, l’âne Isidore et moi, nous venions à quitter la branche sur laquelle, nous étions perchés (je veux parler de l’abri qu’était l’annexe du garage de VLADIMIR), il n’était pas sûr du tout que le prochain soir, nous pourrions retrouver une autre branche à laquelle nous raccrocher.

Par la médiation de ZORICA, professeur de français au collège Magdalena Antona, auprès de qui VLADIMIR m’avait conduit, nous pouvions expliquer par téléphone notre situation critique à

, professeur de français au collège à JAGODINA en Serbie. Depuis notre passage à JAGODINA, du 2 au 4 octobre, en raison de l’accueil qui nous avait été donné, du séjour qui avait été offert à l’âne, dans le zoo de la ville et du rêve qu’il y avait fait, cette ville était restée à nos yeux, comme une oasis.

MAJA comprit tout de suite l’impasse dans laquelle nous ne voulions pas courir le risque de nous enfoncer davantage. Oh ! Que les paroles que prononça MAJA, mettaient du baume sur nos blessures de marcheurs. Je lui confiais que je me rappelai qu’elle m’avait dit que viendraient des jours difficiles au fur et à mesure de notre avancée dans le sud. Je lui dis que justement arrivait le moment que j’envisageais, non pas d’arrêter notre voyage, mais de faire étape et d’attendre que l’herbe repousse.

Très vite, MAJA me proposait d’essayer de mettre l’âne au zoo de JAGODINA, de revenir à l’oasis en quelque sorte. Mais que de transports aller et retour, ça allait nous demander et combien de frais et de risques de ne pas pouvoir repasser la frontière serbo-macédonienne, quand il faudrait renouveler l’opération en sens inverse au printemps, lorsqu’on repartirait depuis KUMANOVO, en direction d’ATHENES. Et si on essayait de se faire accueillir au zoo de SKOPJE (capitale de Macédoine). Là aussi, MAJA et ZORICA furent de merveilleuses coordinatrices. Elles durent en donner des coups de téléphone pour faire leur travail d’interprètes.

Christophe GIRARDIER qui, grâce à la médiation de MAJA  et de ZORICA me dit : « ce n’est pas un arrêt de ton voyage, n’est-ce pas ! mais une pause ! Car à l’impossible nous nous tenons ! » Tout cela me réconforte beaucoup. Mais voilà qu’au zoo de SKOPJE, il nous était répondu : « Ce n’est pas possible dans notre zoo ! Seulement, il y a un village à 14 kms de KUMANOVO, un endroit qui s’appelle ETNO SELO, où il y a quelques animaux, tenus par des gens qui accueillent la visite des enfants des écoles… Allez donc voir, si de ce côté, il y a possibilité qu’ils accueillent votre âne avec leurs chevaux et leur âne… » Voilà qui faisait resurgir l’espérance. Et je dis à MAJA : « Et si mon âne peut ainsi rester bien soigné en Macédoine, je redescendrai chez vous, MAJA et GALE, à JAGODINA et à KOVILJ chez NICOLE et BRACHA. »

Suite >>>>

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 10:49
Le 11 septembre 2012 en quittant KOVILJ
 
 « Eh bien, moi je vous dis : quiconque regarde une femme pour la désirer » (Mt 5, 28)

 
 
 
120911-4Lulu : Alors tu vois Baptiste, très tôt dans le début de mon voyage pour BETHLÉEM j’ai ressenti des appels de même teneur que ce que tu me partages. Je vais t’en confier un qui me tient profondément à cœur. Je suis heureux que l’on tente d’en parler. C’est quelque chose que nous avons grandes difficultés d’aborder entre hommes : notre regard sur les femmes que nous rencontrons. Dans ce domaine, pour avancer en Humanité je sens bien que pour regarder une femme de manière élevante, j’ai à enlever de mes yeux la tendance accaparante, prenante, envahissante qui tout de suite est là dans l’immédiat de la rencontre. Il y a là un réel combat que j’essaye de mener, aidé fondamentalement par celui qui me dit : « ma grâce te suffit. » (2, Cor 12, 9), mais à qui je dis dans ma prière éprouvée : « Ami Jésus aide-moi voir par la grâce que tu as déposée chez telle femme, telle autre… » Je lui dis aussi à notre ami Jésus : « Fais-moi rencontrer aussi tel homme, ou tel autre qui mène le même combat, à qui je puisse me confier… » Et voilà que tu es là Baptiste ! Ça me fait déjà du bien d’oser te dire tout cela moi vieil homme de 75 ans, prêtre, qui me sens bien pauvre dans la manière dont j’essaye de vivre le célibat selon l’évangile, et tellement heureux en même temps de pressentir que nous pouvons nous rencontrer hommes et femmes « avec des yeux qui nous espèrent ».  
 
Baptiste : Oui, tu reprends la parole de Paul Baudiquey commentant le retour de l’enfant prodigue de REMBRANDT : « Les vrais regards d’amour sont ceux qui nous espèrent. » Tout cela nous ouvre de sacrés horizons… Eh bien tu vois le jeune homme que je suis, marié, père d’une petite fille et bientôt d’un deuxième enfant, l’homme que je suis est touché lui aussi de pouvoir parler avec toi d’un domaine de l’existence humaine où nous avons tant de mal d’avancer en nous élevant, mais où on sent que tous nous voudrions pouvoir en parler… entre hommes certes… mais aussi bien sûr avec les femmes… entre hommes et femmes…
 
Lulu : C’est beau comment par la médiation de Jésus Dieu espère en l’Humanité. Dans le Sermon sur la Montagne Jésus s’exprime ainsi : « Vous avez appris qu’il a été dit : “Tu ne commettras pas l’adultère.” Eh bien moi je vous dis : quiconque regarde une femme pour la désirer, a déjà commis dans son cœur l’adultère avec elle. » (Mt 5, 27-28). Tout d’abord Jésus s’adresse non pas à un groupe restreint de personnes qui seraient des privilégiés de l’appel, des disciples. A travers les disciples qui ont reçu cet appel de confiance, c’est à tous les humains que nous sommes que cet appel est transmis. Et c’est pour continuer ce qui a été commencé. Jésus nous fait comprendre : « Je ne vais pas vous laisser où vous en êtes. Il vous a été dit… eh bien moi je vous dis : n’en restez pas à ce qu’on vous a dit… Vous êtes appelés à un regard de vous-mêmes sur les autres qui va beaucoup plus loin que le désir… » Avec la venue de Jésus nous sortons d’une attitude fatalisante de l’Histoire. Notre regard est appelé à ne pas être fixiste. Job l’avait déjà exprimé. Le souffle de son sauveur l’habitait déjà lorsqu’il disait à propos de sa relation avec les femmes : « J’avais fait un pacte avec mes yeux au point de ne fixer aucune vierge ». Job 31, 1.
 
Baptiste : Voilà deux paroles, celle de Job et celle de Jésus, qui sont de même veine. Déjà Job pressentait le chemin de libération, la route relationnelle dans laquelle Jésus engage toute notre Humanité. Si Jésus a pu dire ce qu’il dit c’est parce qu’il le vivait de ses yeux, dans sa chair : les femmes qu’il rencontrait étaient des personnes envisagées et non dévisagées…
 
Lulu : Sa relation avec Marie-Madeleine est le chemin d’Humanité : un homme et une femme se sont aimés d’amitié. Cela a existé et dure toujours. Cela est la manière selon laquelle nous sommes appelés à nous regarder les uns les autres, femmes et hommes que nous sommes.  Oh comme je voudrais envisager toute femme que je rencontre avec la lumière dans laquelle baignait le regard de Jésus vis-à-vis de Marie-Madeleine. Je pense que Jésus fils de Dieu devenant homme ainsi que Marie-Madeleine devenant femme, ont été l’un par rapport à l’autre habités et travaillés par le désir. Nous reconnaissons dans l’évangile que Jésus et Marie-Madeleine et les autres femmes qu’il a rencontrées, sont passés par là : ils ne sont pas passés à côté de l’épreuve. Ils sont passés dedans, à travers. La merveille c’est qu’ils ne sont pas restés fixés dans le désir. Ils ont ouvert ce que j’aime appeler le chemin d’Humanité.
 
Baptiste : Ils nous élèvent en Humanité.
 
Lulu : Exactement.
 
Baptiste : Quels horizons s’ouvrent à nous ! Le ciel s’entrouvre. Traverser nos désirs, ne pas en rester à ce stade dans nos relations hommes et femmes, c’est probablement cela que voulait exprimer Jean le Baptiste quand il disait : « Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse. » (Jean 3, 30). « Il faut que je fasse un pacte avec mes yeux, que je décroisse, que je n’en reste pas où le désir voudrait me clouer sur place et me fixer, pour que je laisse grandir en moi la façon dont Jésus envisage les femmes qu’il rencontre, que je fasse de la place, que nous fassions de la place dans nos relations à la GRÂCE qui déjà nous habite… »
 
Lulu : Tu vois très juste Baptiste comment hommes et femmes nous sommes constitués. Comment notre chair est toute pétrie de grâce. CHAIR et GRÂCE !
 
Baptiste : L’avancée, l’élévation de notre Humanité se réalise par nos rencontres. La traversée de nos désirs ne se fait pas en nous évitant les uns les autres mais en nous invitant les uns les autres. Que serions-nous les uns sans les autres hommes et femmes que nous sommes ?!
 
Lulu : Le fils du Très haut a été mis bas sur la terre par une femme. Certes il s’est laissé inviter à nos festins, mais il est venu traîner aussi dans nos impasses, s’engouffrer en nos enfermements où nous avons tant de difficultés depuis des siècles à nous regarder hommes et femmes avec respect de ce à quoi nous sommes appelés, en envisageant notre avenir. A cet impossible nous sommes tenus. Dans l’élan vital de la Résurrection de nos êtres, ne stagnons pas, ne nous arrêtons pas en chemin. Ne nous retenons pas en nous fixant là où nous venons de nous trouver.
 
Baptiste : De l’éblouissement les uns en face des autres passons à l’émerveillement, à la reconnaissance de ce à quoi nous sommes appelés : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous aime. » (Jean 13, 34). « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » (Jean 14, 6). « Eh bien moi je vous dis : n’en restez pas au stade du désir dans nos relations hommes et femmes. Envisagez-vous les uns les autres dans votre avenir, dans ce qui va venir et que déjà vous avez commencé. Ne vous arrêtez pas en chemin… Avancez au large… »
 
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19 novembre 2012 1 19 /11 /novembre /2012 10:12
Le 11 septembre 2012 en quittant KOVILJ
 
« Eh bien, moi je vous dis : quiconque regarde une femme pour la désirer » (Mt 5, 28)
 
Nous venons de quitter Kovilj, Baptiste et moi. Nous avons vécu de si beaux moments dans la maison de Bracha et Nicole. Nous voilà marchant ensemble en direction de GARDINOVCI au pas de l’âne ISIDORE. Nous sommes en SERBIE PROFONDE. Nous avons bien amarré les sacoches sur le bât de l’âne et nous portons nous-mêmes nos affaires dans nos sacs à dos. Comme il fait bon à ce moment-là sur le chemin qui emprunte la digue qui est parallèle au trajet du DANUBE.
Baptiste : Oh c’est beau ! Nous sommes comme deux pèlerins !
Moi : Tiens un peu comme les pèlerins d’EMMAÜS. Et il y en a encore en nous des choses qui brûlent d’être dites et que l’on voudrait faire sortir de nous-mêmes, de notre chair, de notre bouche… Trouver quelqu’un qui les entende tomber, qui les recueille et les ramasse… quelqu’un qui les « reconnaisse à leur fraction » (Luc 24, 35).    

 

L’âne Isidore marche d’un bon pas. On a l’impression qu’il aime se situer entre les deux hommes que nous sommes. Il semble nous dire, en laissant se dodeliner ses deux grandes oreilles, l’une pour l’un, l’autre pour l’autre :

 

Isidore : Il en est de nous les ânes ce qu’il en est de nos sœurs les abeilles : notre condition aux unes et aux autres dépend de la manière dont “vous élevez votre Humanité”, vous les hommes. Mais vous ne devez pas oublier que sans la présence médiatrice des ânes et des abeilles au cœur de vos vies, vous risqueriez grandement de perdre goût à la marche, et lorsque vos membres sont blessés, ainsi que les nôtres, de ne plus savoir comment les soigner et les guérir, si le miel venait à manquer. 

 

Je raconte à Baptiste quelques-unes des belles choses que le flair de l’âne Isidore m’a fait percevoir durant cette belle marche que déjà nous avons réalisée ensemble. Par exemple que la bonne herbe qui fait les délices de l’âne ne se situe pas dans les prairies artificielles où les pesticides, herbicides, insecticides ont fait disparaître ce qui avait couleur et saveur originales. L’âne trouve cette bonne herbe et la déguste sur les talus et dans les fossés. La lutte que l’âne voudrait nous voir mener c’est le maintien de fermes et étables à taille humaine, où l’abeille justement pourra faire son miel et la vache son lait et son beurre, parce qu’on aura cessé d’utiliser pour des profits mesquins et malhonnêtes des produits qui risquent d’être homicides. Souvent ça m’a fait peine de ne pas pouvoir chanter l’immensité des plaines danubiennes, la VOÏVODINE et les autres, comme l’a fait Charles PÉGUY à propos de la BEAUCE et de la MEUSE. La crainte et la peur sont en moi de ne pas pouvoir égrener quelques panouilles de maïs pour l’âne et pour moi. Je ne pense pas être ringard. Lorsque nous nous sommes rencontrés à KOVILJ chez Nicole et Bracha avec Arnaud et Pauline, jeunes agriculteurs revenant de faire le tour du monde en tandem, nos regards et nos analyses se croisèrent. Comment barrer la route à tout ce qui est O.G.M. invasionnant les champs et les terres d’AMÉRIQUE LATINE qu’ils ont traversés. Leurs recherches et leurs luttes s’unissent aux nôtres pour empêcher la prolifération des armements nucléaires, à commencer en FRANCE…
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Le fait de parler de tout cela en marchant au pas de l’âne nous maintient dans l’humus, dans l’humilité. Nous nous sentons tout petits certes mais justement comme il faut, à taille humaine. Rien de grandiose et faux mais en vérité et “à juste hauteur”. Pas de performance mais à une allure régulière… au même pas, l’âne et l’homme…
Lulu : C’est ce que j’aime avec toi Baptiste… cet essai de nous élever en Humanité.
Baptiste : Il n’y a pas longtemps que nous nous connaissons par la médiation de Lucie… oui ça me marque, ça revient souvent chez toi, cette recherche de “nous élever en Humanité”.
Lulu : Oui il y a là entre nous comme un trésor que nous nous soyons rencontrés, que l’amitié et la confiance se soient mises à couler entre nous comme la sève entre les branches d’un même arbre ou pour reprendre une autre image, que nous soyons vibrants à vouloir nous élever sans décoller de terre…
Baptiste : J’apprécie tes images pour nous signifier à quelle humanité nous sommes appelés…
Lulu : A quelle humanité déjà nous tenons et tendons… Ce trésor c’est aussi bien toi que moi qui le tenons. C’est aussi bien des autres que de nous-mêmes qu’il dépend. Je me rappelle ce que l’apôtre Paul (quel lutteur dont je vais emprunter prochainement quelques-uns des chemins) dit de ce trésor. Tiens, veux-tu Baptiste que nous écoutions comment il en parle dans une des lettres qu’il écrivait aux gens de la ville de CORINTHE ?
Baptiste : Oh je veux bien ! C’est important de revenir, de se référer à ces piliers de notre Humanité que sont des bâtisseurs et marcheurs comme Paul…
Lulu : Lis donc le passage de cette lettre de Paul. Je serais heureux de l’entendre lue par toi.
Baptiste : « Mais ce trésor nous le portons en des vases d’argile, pour qu’on voie bien que cette extraordinaire puissance appartient à Dieu et ne vient pas de nous. Nous sommes pressés de toute part mais non pas écrasés, ne sachant qu’espérer mais non désespérés, persécutés mais non abandonnés, terrassés mais non annihilés… » 2 Cor 4, 7-9.
Lulu : Cette parole a déjà beaucoup apporté de lumière dans ma vie et elle en apporte encore aujourd’hui où nous sommes en train de l’établir comme point de repère dans notre marche vers Bethléem.
Baptiste : Tu sais il y a l’homme dont je porte le nom, « Jean le Baptiste », auprès de qui j’aime beaucoup aussi me référer… me réfugier… trouver repère… revenir…
Lulu : Oh oui j’ai apprécié de t’entendre l’autre jour dire comment à la ressemblance du Baptiste tu cherches « à diminuer pour que croisse et trouve davantage place dans notre existence celui qui est détenteur et source de ce trésor : le Christ Jésus. » (Jean 3, 30). Bouleversante manière de nous élever en Humanité.
Baptiste : Oui il y a dans la vie de cet homme, Jean Baptiste, comme un trésor, tiens on va dire un ferment, quelque chose qui élève sa vie, un levain dont je veux pétrir aussi la pâte de mon existence. Paradoxalement, mais c’est la force de l’évangile, il y a des domaines de ma vie où je sens que j’ai à tailler, à faire décroître, des choses à diminuer et à enlever pour que justement s’élève et grandisse ma vie d’homme, d’époux, de père… 
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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 22:09
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Jagodina le 16 novembre 2012
Chers amis c’est une grande sécheresse qui m’oblige à faire une pause durant ce merveilleux voyage que vous m’aidez à réaliser en direction de Bethléem pour la construction de la paix.
Si vous n’aviez pas été là à mon départ avec l’âne Isidore, si vous n’aviez pas été sur mon chemin les uns et les autres, si je ne vous avais pas trouvés à chaque étape que nous avons réalisées durant ces presque huit mois de cheminement, nous n’aurions jamais pu parvenir l’âne et moi jusqu’en Macédoine où nous sommes arrivés le 29 Octobre.
Mais voilà que la grande sècheresse de cet été accablant les Balkans, n’a pas cessée.
Il ne pleut toujours pas. Non seulement il y a de moins en moins d’herbe au fur et à mesure que nous avançons dans le sud, mais il n’y en a plus, ni dans les champs et les prés, ni dans les fossés et sur les talus, ni non plus en réserve dans les greniers des petits paysans.
C’est une grande épreuve pour les gens qui ont cinq ou bien deux ou trois vaches, et donc aussi pour l’âne Isidore.
Grâce aux amis Macédoniens avec qui nous étions en liens depuis quelques jours, dès notre entrée dans leur pays le 29 octobre, et grâce aux amis de Serbie avec qui nous avions créé de très beaux liens d’amitié durant toute la traversée du pays pendant le mois de Septembre et Octobre, voilà que nous devons et pouvons faire une pause.
 
L’âne Isidore est dans une étable à « ETNO SELO » à 50 kilomètres de Skoplje là où nous étions parvenus. Il y passera l’hiver bien soigné avec 4 chevaux et un âne.. Et moi je reviens en Serbie accueilli chez des amis. J’entends dans mon cœur les paroles du psalmiste :
« JE TIENS MON AME EN PAIX ET SILENCE ». (Ps 130, 2).
« QU'IL EST BON QU IL EST DOUX D’HABITER EN FRERES TOUS ENSEMBLE. » “ (Ps 132, 1).
J’écoute ces gens me raconter leurs blessures  et leurs espérances, l’histoire de leur peuple des Balkans je fais des liens avec ce que je découvre dans la Bible.je pense à vous tous. Je vous porte dans mon  cœur. Sans vous je n’aurais jamais pu être où nous en sommes. C’est grâce à vous que je pourrai reprendre mon chemin en mars 2013 quand l’herbe aura repoussé. En attendant qu’elle repousse j’essaye d’apprendre le Serbe et l’Anglais. Je trouve d’excellents professeurs. Ils ne peuvent encore pas en dire autant de leur élève, Je vous embrasse tous fraternellement de tout mon cœur d’ami reconnaissant continuant à chercher en union avec vous ce qui se cache sous les paupières de Dieu notre Père afin de susciter en nous des paroles et des actes qui nous élèvent en humanité  et qu’ainsi  qu’il n’y ait pas d’exclus pour la fête.
Lulu
Sécheresse 2
Continuant  à  poursuivre  la vie de Camp Volant, je voyagerais mais je pourrais avoir pendant ces mois cette adresse postale :
Lulu Converset chez,
Radenko Kolarov Bracha et Nicole Girardier
Rue Dusana Vickova 39
21 243 Kovilj
Serbie
(Merci Sandra d'avoir transcrit ce texte de Lulu et pour les photos que tu as envoyées, certaines issues du site ICI)
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14 novembre 2012 3 14 /11 /novembre /2012 21:51

Vendredi 5 octobre 2012 à Paraćin.

Réveillé vers 6h, la nuit chez GRADIMIR (GRADA) fut très bonne. Il faut que j’aille détacher l’âne pour le faire paître sur les talus et dans les fossés que j’ai repérés hier soir. « Il y eut une belle soirée pour que naisse un merveilleux matin » (Gn 1)

En laissant retentir l’Angélus, en mon cœur je me sens relié à toi ami aussi Jésus et à toutes ces personnes qui m’accueillent. Nous avons tous grandes difficultés à nous regarder les uns les autres avec la tendresse et le respect avec lequel ton Père, l’Esprit d’Amour et toi vous vous regardez et nous considérez.

Il me revient le profond cheminement et partage vécu avec BAPTISTE sur la berge-digue du DANUBE à notre sortie de KOVILJ, sur notre recherche de nous envisager les uns les autres, hommes et femmes, à la manière dont Jésus nous regarde avec clarté. L’ANGELUS nous rappelle ce moment lumineux de l’Histoire de notre Humanité où « Dieu lui-même » contemple avec son regard d’amour « la femme, qui est en train de concevoir ‘son fils’ lui qui au commencement a façonné de ses mains de tendresse l’homme et la femme avec la glaise du sol « en voyant que cela était bon » (Gn 1, 31) Elisabeth dit à Marie en la regardant : « Tu es bénie entre toutes les femmes » (Lc 1, 42) Ce qui veut dire « toutes les femmes sont bénies en même temps que toi. » En regardant Marie en ce moment clef de notre Histoire, la conception virginale et originale de Jésus, Dieu regarde cette femme en ce que, comblée de grâce (Lc 1, 28) elle porte l’avenir de l’Humanité. Ce regard de Dieu rejaillit sur toutes les femmes qui constituent notre Humanité. Depuis mon départ de Dampierre où nos parents nous ont conçus et mis au monde, depuis ce berceau de mon Humanité d’où je suis parti au moment de l’Angélus du matin, le jour du l’Annonciation, entouré d’une plénitude d’amis de qui je continue à naître, renaître et reconnaitre, depuis ce moment-là, mais déjà avant de partir, je continue à tenter de me laisser habiter par cette délicatesse et ce respect qui rayonne « des paupières de Dieu » à l’égard de la femme, mère de son fils, et par là à l’égard de toutes les femmes de la terre. Icone.png

Voilà un regard tout neuf qui est en train de naître : celui de Dieu sur la femme. Cela va impressionner ce fils en train de naître, dans la manière dont il regardera les femmes qu’il rencontrera, dans la façon dont il les envisagera. Le regard de l’homme Jésus sur les femmes s’origine à ce moment de l’annonciation. Il regardera les femmes comme son Père regarde la femme qui est étonnée de ce qui se passe en elle, découvrant que c’est par grâce qu’il s’agit de cela : rien de moins que ça, pour mettre au monde celui qui vient remettre en son sens originel et original, ce monde-là. C’est à ce moment-là que renait l’espérance que nous les hommes nous allons pouvoir regarder les femmes comme Dieu les regarde, comme Jésus les regardera, dans leur avenir, qui est aussi le nôtre, comme au commencement.

Ce regard tout neuf sur les femmes vient s’originer à l’Annonciation, dans le regard que l’ange de Dieu vient nous traduire, nous disant comment Dieu voit la Vierge Marie. Il la voit dans son avenir. Il voit la Vierge Marie concevant son fils, se préparant durant 9 mois, travaillée par la grâce, à le mettre au monde. Et à travers ce fait historique nous découvrons grâce à l’écho qui retentit dans l’être d’Elisabeth au moment de la Visitation de Marie, que toutes les femmes sont regardées ainsi par Dieu. Toutes, elles sont « bénies à travers Marie, voilà comment nous sommes appelés, nous les hommes, à regarder toutes les  femmes que nous rencontrons, dans la clarté de ce regard.

« Ces choses cachées depuis le commencement du monde » (Ps 77) voilà qu’elles sont claires aux yeux de Dieu et le deviennent aux nôtres.

Ce qui va se traduire par le regard de Jésus pour toute femme qu’il rencontrera, Marie-Madeleine et les autres, ceci fera dire à Jésus : « Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis dans son cœur l’adultère avec elle. » (Mt 5,28). C’est merveilleux comment Jésus veut nous faire tendre à avoir comme regard sur les femmes le regard que son Père et lui-même ont dans la luminosité de l’Esprit. Il nous appelle à ne pas rester « fixés » dans nos désirs, comme JOB en a fait « contrat » avec ses yeux. (Job 31,1)

J’en suis à ce moment de contemplation qui humblement m’apporte une joie et un bonheur intenses, lorsqu’arrive vers moi, Ivan, dans le pré où je fais paître l’âne Isidore. Ivan, comme beaucoup de ces hommes « facilitateurs » de mon voyage me semble bien seul. Beaucoup de ces hommes que je rencontre, qui m’accompagnent avec beaucoup de tact et de respect, riches dans leurs manières de voir les choses, me paraissent éprouvés dans leur vie affective. Ils me semblent pauvres de présence féminine. Je me sens « avec eux » dans notre quête de la façon de regarder les femmes en nous élevant. Je suis en train de dire à Jésus : « Ne nous laisse pas où nous en sommes avec les femmes. » lorsqu’arrive Ivan. Je sens que cet homme veut m’exprimer quelque chose de profond. Je vois qu’avec sa main droite, il va chercher quelque chose dans la poche intérieure de son gilet. Il en sort comme un petit coffret en papier. Il le dépose dans sa main gauche comme en un reposoir, à la manière dont Saint CYRILLE de JERUSALEM l’écrivait dans ses catéchèses. Puis il le présente sous mes yeux. Il en retire un morceau de pain, pour moi qu’il me tend, et un pour lui. Il se signe de la croix avec ce morceau de pain, puis le mange. Je fais de même. Nous ne pouvons rien nous dire. Nous nous regardons. Puis nous fermons les yeux l’un et l’autre, contemplant par quels détours de chemin, Dieu vient nous combler de sa grâce, pour que nous nous regardions hommes et femmes, les uns les autres, avec la clarté de son regard. Moi, Lulu, prêtre de l’église catholique, qui n’ai pas communié au Corps du Christ depuis longtemps, ma faim d’apprendre à regarder les femmes comme toi, ami Jésus, tu sais si bien les voir dans la plénitude de leur dignité et de leur avenir, cette faim qui me tenaille, voilà qu’elle est nourrie par Ivan, fidèle de l’église orthodoxe qui m’explique au cours de ce moment « d’élévation », que ce pain de Dieu lui a été rapporté par ses enfants depuis le monastère où ils sont allés célébrer la messe.

Voilà comment sur les berges de la MORAVA qui pleure pour que vienne la pluie, notre sœur l’eau après des mois de sécheresse, voilà comment « nous faisons Eucharistie » avec Ivan, reconnaissant ta « présence réelle » ami Jésus. Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête et dans le cœur d’Ivan. Je sais qu’il veut continuer aujourd’hui à venir marcher avec moi en conduisant l’âne Isidore de CUPRIA à PARACIV. Ivan ne sait pas ce qui se passe dans ma tête et dans mon cœur à son égard. Il sait que je suis heureux qu’il soit mon guide encore aujourd’hui comme il l’a été hier de JAGODINA à CUPRIA. En nous recevant l’un l’autre, Ivan et moi, en nous recevant l’un de l’autre, nous signifions et expérimentons en cette fraction du pain qu’il vient de m’offrir que tu es là où nos vies sont cassées, ami Jésus, dans la fragilisation de nos existences, en ces extrémités si difficiles de nous regarder hommes et femmes avec la luminosité de tes yeux. Nous te reconnaissons présent réellement, là où souvent nous nous cassons les uns des autres, les hommes des femmes, alors que « depuis le commencement tu nous as fait pour nous attacher les uns aux autres, hommes et femmes » (Gn 2, 24). Nous  te reconnaissons présent réellement là où tu vas pouvoir nous permettre de réenvisager avec ta tendresse et ta délicatesse les visages des femmes que nous avons défigurés.

Dans ces moments où nous nous sommes cassés la figure les uns aux autres, lorsque nous nous sommes mal vus les hommes et les femmes, et que nous avons mal dit les choses, quand le verbe entre hommes et femmes a tant de difficulté à se faire chair, comme il fait bon que tu viennes te présenter réellement, humblement, toi ami Jésus, interprète des écritures à nous qui sommes tout brûlants de refaire nos vies, toi le VERBE fait CHAIR, pour nous qui cherchons nos mots afin de sortir de nos maux.  

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  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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