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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 10:00

Jeudi 20 septembre 2012 à KOVIN

« Chez mes parents, on n’a jamais laissé les voyageurs dehors » (Rumenka)

Réveillé aux environs, je resterais bien encore un moment à essayer de me rendormir. Je suis tellement bien en train de récupérer des forces pour la route quand je passe une bonne nuit. Mais voilà que l’âne Isidore que j’ai laissé libre dans cette petite cour fermée, vient rôder vers ma tente. Il a entendu le bruit que j’ai fait en ouvrant la fermeture éclair de mon sac de couchage. Il me fait comprendre : « J’ai faim ! Je voudrais manger de la bonne herbe de la pelouse du square où tu m’as conduit hier soir. » Je lui réponds : « Ne te mets pas à braire à cette heure là, au milieu de la ville où nous sommes. Tu vas réveiller tout le quartier et faire aboyer les chiens ! Je viens ! Je viens ! »

 

Nous sortons après avoir refermé la grande porte de la cour. Le jeune prêtre qui m’a accueilli avant hier très fraternellement, CSIPA CSABA, m’a confié les clefs. Je les rendrai tout à l’heure quand nous partirons. Je les remettrai à la voisine qui tient la pharmacie d’à côté. C’est convenu ainsi.

 

Nous voilà dans le square tout proche de l’ancienne cure où nous avons été hébergés. Dans l’immédiat l’âne trouve et goûte ses herbes préférées. Et moi je tends vers la naissance du jour et déjà je me prépare à laisser l’Angélus résonner dans ma vie, dans la vie de beaucoup de gens qui passent à cette heure là. Je sens à leur démarche qu’ils font partie de ceux qui ont un petit boulot. Ils y tiennent. Ils s’y rendent à pied ou sur un vélo très rustique. Je me sens en communion avec tous ces gens, les petites gens comme on dit. J’ai envie de leur dire, je leur dis : « Vous êtes de grandes gens. Très tôt, avant même que le soleil ne luise, vous permettez que notre Humanité se lève, se relève et tienne debout. »

 

Après un bon petit déjeuner fait de fruits secs et fromage avec un bon pain, les sacs bien amarrés sur le dos bâté de l’âne, la clef rendue à la pharmacienne, nous voilà en train de quitter Kovin… sous la pluie ! Mais c’est un beau temps qu’il pleuve ! Il n’y a pas plu voici quatre mois. Elle est attendue, Madame la Pluie. C’est sûr que les voyageurs que nous sommes préfèreraient qu’elle tombe la nuit et qu’elle s’arrête quand nous commençons de marcher… Nous croisons beaucoup de gens qui nous demandent où nous allons. Je sors chaque fois de ma poche le texte de DANIČA. Beaucoup aiment prendre des photos, avec l’âne à côté d’eux. Nous voilà presque à la sortie de Kovin. L’âne a repéré une pelouse de luzerne. Je ne peux pas l’empêcher d’y aller. J’en profite pour me mettre un peu à l’abri en m’asseyant sur le seuil de la maison qui est à côté et casser la croûte. Je n’ai pas trop d’heure pour ça. L’appétit est toujours là. Ça me fait plaisir de voir l’âne manger la luzerne comme il le fait. C’est vrai que nous n’en avons pas vu du tout ces jours derniers sur la pelouse du square.

 

Voici que dans mon dos j’entends le ronronnement d’un moteur d’une voiture. Ce sont les gens de la maison qui vont sortir de chez eux. Je me lève du seuil où je suis assis. La porte s’ouvre. Je salue la dame qui vient d’ouvrir la porte. Ce sont des mots en français qui sortent de ma bouche : « Bonjour Madame ! » Et c’est comme tout naturellement que la dame me répond : « Bonjour Monsieur. » Je dis alors : « Oh madame, vous parlez français… !?

- Je suis française, serbe d’origine, j’ai épousé un français… Nous venons d’acheter cette maison et nous l’aménageons. Et vous-même avec un âne ?

- Je pars pour Bethléem avec mon âne pour trouver et faire la paix… »

Je tends à cette femme le texte de DANIČA. Elle lit et me dit : « C’est que nous partions faire les courses. Je vous aurais fait entrer et offert un café… Enfin si vous êtes encore là quand nous rentrerons… » Nous nous saluons !

 

Puis Isidore s’arrête de manger la luzerne. Mais la pluie, elle, ne s’arrête pas. Il faut que je trouve un abri plus conséquent que le petit prunier sous lequel Isidore vient de se loger. Nous repartons. Et 300 mètres plus bas je vois l’auvent d’un magasin dont le commerce est arrêté. Nous y sommes bien à l’abri. Mais mon Dieu que c’est long d’attendre ainsi. Voilà que j’ai envie de revenir devant la maison où la dame m’a parlé en français tout à l’heure. Je frapperai et je verrai bien car la pluie ne cesse toujours pas de tomber.

 

Après avoir attaché l’âne sous le prunier afin qu’il soit un peu à l’abri, avant que je ne frappe à la porte des gens, une voiture s’arrête. Un homme en sort et d’emblée me dit comprenant ma situation de voyageur sur la route avec un âne : « Quand vous arriverez un peu plus loin à VELIKO ORAŠCE, vers  VELIKA PLANA, vous pourrez vous arrêter chez moi. Je m’appelle SAŠA. Vous serez hébergé ainsi que votre âne. » Cet homme me parle comme s’il savait notre histoire. Je l’invite à écrire son prénom et nom, le lieu où il habite et il ajoute son téléphone. Nous nous sourions. Je lui signifie que je serai heureux de m’arrêter chez lui, mais pas avant 2 ou 3 jours. Ce qu’il comprend. Il repart.

 

suite demain

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 11:00

Mardi 18 septembre 2012 à Banatski-Brestovac

 

 

L’accueil hier soir chez ZORAN et OLIVERA qui gèrent un immense élevage de poules pondeuses et poulets) fut très sympathique. Leur fille EMA est venue me retrouver sur la route pour faciliter l’arrivée. Afin de rendre la rencontre et l’accueil plus fraternels, ils avaient fait appel à un jeune qui vient en vacances chez sa grand-mère à Banatski-Brestovac : Sača. Il habite à MONTREUIL et connait bien le français et le serbe puisque ses parents sont serbes d’origine. C’est inouï ce que permet la présence d’une personne interprète.

 

Ce matin après avoir visité l’immense poulailler, pris une bonne douche, muni d’une douzaine d’œufs cuits dur, me voilà parti. Je traverse le village de Banatski-Brestovac, et à la croisée des chemins je demande à un jeune garçon d’une bonne douzaine d’années qui roule à vélo si il veut bien m’indiquer la direction de Kovin. Il s’arrête, comprend bien ma question et m’indique en serbe et avec des signes du bras et de  la main le chemin que je devrai prendre. Mais voilà qu’il me pose des questions : « Qu’est-ce que je fais là avec cet âne ? » Je lui présente le texte écrit par Daniča lundi matin à Pančevo. Ça a l’air de le travailler ce que je suis en train de faire. Nous nous saluons. Lui, part faire des courses pour sa famille et moi, je prends la route de Kovin.

 

Je m’arrête un peu plus loin pour casser la croûte avec les œufs cuits durs de Zoran. Je m’aperçois que je n’ai plus qu’un tout petit morceau de pain. L’âne Isidore a trouvé, lui, une bonne luzerne sur le talus, où nous venons de faire halte.

 

C’est alors que je me rends compte que le jeune garçon à vélo à qui j’ai demandé mon chemin tout à l’heure, arrive à mon encontre. Il vient de me rattraper. Il arrête son vélo quand il est à deux pas de moi. Il a son sac à commissions tout rempli de ce que sa maman a dû lui dire de rapporter. Particulièrement dans un sac pendu au guidon, il y a plusieurs pains. Il rompt de ses deux mains un gros morceau d’un des pains et me le tend. Je lis sur son visage une forte émotion. Il se rend compte qu’il en est de même sur le mien. En recevant ce morceau de pain offert par ces deux mains d’enfants, dans mes mains de vieil homme, il y a comme une résurgence de notre humanité qui se réalise. Je ne sais pas comment dire « merci ». Il y a bien « milost » dans sa langue en serbe. Je le lui dis. Mais je voudrais tant que mes balbutiements parviennent à la reconnaissance et à l’action de grâce, tellement est intense ce qu’il est en train de me donner dans ce morceau de pain. Mais, déjà il a disparu, afin de ne pas fondre en ma présence. Ce sont les miens de pleurs qui en tombant de mes yeux humidifient le pain que je viens de recevoir dans mes mains.

 

Je ne saurai jamais ton prénom, jeune homme, ni non plus les nombreuses questions que ton geste de partager aura posées à ta famille. Ta maman, quand elle t’a vu revenir des commissions avec un gros morceau de pain manquant, t’aura dit : «  Où est passé ce gros marceau de pain qui manque ? » Voilà que c’est le manque qui aura multiplié les questions : « Qu’est-ce qu’il t’a pris mon fils ? Pourquoi nous as-tu fait cela ? Quel est cet homme à qui tu as donné de notre pain ? Qu’est-ce qui l’amène à traverser notre village avec un âne ? Où va-t-il ? »

 

Tu lui auras dit ce que tu auras retenu du texte de Daniča. Et le soir quand ton papa sera revenu de son travail, voilà que le gros morceau de pain manquant aura continué son effet multiplicateur de questions : « L’homme que tu as rencontré avec son âne, est-ce que ce n’est pas un homme qui rêve ? Arrêter l’armement nucléaire en marchant avec un âne, est-ce possible ? Mettre l’argent que l’on investit dans l’armement dans une caisse pour faire arrêter le fait que des enfants meurent de faim, mais il se fait des illusions cet homme à qui tu as donné de notre pain ! »

 

Jeune homme, tu en auras fait se lever des questions à ta mère quand tu lui rendis le sac de commission avec le morceau de « pain perdu ».

 

Je me rappelai alors que c’était un jeune homme à qui la vie était manquante qui avait été rendu vivant à sa mère aux abords de la porte de la ville de Naïm, par Jésus, dans l’Evangile (Luc 7, 11-17). Je chantai dans mon cœur en me redisant une fois encore : « Mais d’où ça vient tout ce qui nous arrive avec nos manques ? » C’est incroyable comment des petits riens peuvent provoquer de grandes choses. Il me revint alors que c’était aussi « un jeune garçon » dont on ne sait pas le nom, dans l’Evangile qui de ses mains avait tiré de son sac à provisions, les 5 pains d’orge et les 2 poissons. Il les avait donnés à André, lequel les avait mis dans les mains de Jésus avec plein de questions : « Mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » (Jn 6, 9) En nous laissant travailler par la grâce qui est donnée à tous, en nous laissant rattraper les uns par les autres, en remettant dans les mains de quelqu’un d’autre ce dont nous sommes détenteurs, même nos manques vont se mettre à engendrer la vie : « Réjouissez-vous avec nous, car notre fils qui a prodigué notre pain avec un inconnu qui passait, a certainement trouvé le chemin de la vie ». (Lc 15, 32)

 

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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 11:00

Mardi 18 septembre 2012 à Stračevo

 

« Je t’exalte, toi qui me relèves… Tu dénouas mon sac » Ps 29, 1-12

 

Après un moment d’accueil touchant à la fraternité, je pars de PANCEVO vers  10 h 30, 11 h. Je suis accompagné par SLOBODAN qui, tenant son cheval, me fait passer par le quartier où habite sa famille. Il me présente son père et son frère.

 

J’entre dans STRACEVO sans m’en rendre compte. Il y a une piste cyclable tout le long entre les 2 villes. Une très grande usine « NIS » avec des voitures « n’en veux-tu n’en voilà ».

 

Et c’est à nouveau la longue traversée de la plaine de VOIVODINE… le désert Danubien qui continue….une terre très riche envahie par les nouveaux maîtres des cultures intensives céréalières. Il m’est très dur de trouver un brin de poésie dans tout cela. Sinon que je suis doublé par une famille de petits paysans serbes, il en reste quelque uns. J’imagine qu’ils vont rendre visite à des amis dans la ville voisine. Ils sont juchés sur une charrette à foin, tirée par  un cheval attelé au timon Le dernier né des enfants est dans son berceau bien amarré sur la charrette sous  les yeux vigilants de la maman, pendant que le papa conduit le cheval, de la main gauche tenant les guides et de la main droite faisant claquer le fouet. C’était la manière dont nous nous déplacions en famille durant les années 50, lorsque nous allions rendre visite à la famille BOICHUT à CHAMPVOUNANS ou à la famille HUDRY à EVANS… Dommage que la circulation intense qu’il y a sur la route ne permette pas à ces gens de s’arrêter. Nous nous faisons des signes d’amitié nous reconnaissant gens du voyage et camps volants eux avec leur cheval et moi avec mon âne.

 

Enfin j’entre dans le village de OMOLVICA. Aussi long à traverser que la ville de SALINS. Au milieu de ce village très étendu, à plusieurs reprises je suis arrêté par des mamans et leurs enfants qui veulent caresser l’âne Isidore. J’ai des carottes et de l’avoine dans un sac qui est sur le bât. Je les mets dans les mains des enfants pour qu’ils le donnent à l’âne. Cela engendre des sourires, des petits cris de joie chez les enfants quand ils entendent le bruit que fait l’âne dans sa bouche en croquant les carottes. Je sors de mon sac à dos le cahier et je fais lire ce que DANICA m’a écrit en Serbe, en écriture cyrillique et latine, afin de répondre aux questions que les gens me posent. En plein dans la plaine de VOIVODINE SERBE, terre violentée depuis des générations, il me semble important d’offrir en réponse à tous ces accueils fraternels du peuple serbe, quelque chose du souffle d’action non violente qui habite de peuple français.

 

C’est alors qu’arrive une voiture avec au volant un homme qui me sourit. C’est ZORAN. C’est lui qui ce matin m’a aidé à faire mon itinéraire et m’a dit : « Ce soir vous vous arrêterez à BANATSKI-BRESTOVAC. Vous  ferez étape dans la ferme où nous élevons des poules pondeuses et des poussins… des milliers… »

 

Nous défaisons les sacs du bât de l’âne Isidore et les mettons dans le coffre de la voiture. Nous enlevons le bât. Et voici que sous nos yeux émerveillés l’âne se roule dans la poussière du chemin en y faisant son picotin, tellement ça fait du bien de trouver quelqu’un qui vient dénouer nos sacs et les enlever de notre dos. Tout le monde rigole. ZORAN est tout heureux d’expliquer aux gens qui se sont  rattroupés autour des enfants caressant l’âne, le but de notre voyage à Bethléem et que ce soir  c’est chez lui que nous nous reposerons. « Merci à toi DANICA qui hier soir à l’hippodrome a su traduire aux jeunes réunis sous l’arbre aux palabres, en présence des adultes ZELIKO et ZORAN pourquoi et pour qui nous nous étions mis en marche l’âne Isidore et moi ; Je suis touché d’entendre comment ZORAN s’est emparé de ce que tu as transmis DANICA avec conviction…et de la manière dont il redonne en langue serbe en plein milieu de la VOIVODINE : « cet homme et son âne viennent de FRANCE. Ils marchent pour la paix, pour que s’arrête l’armement nucléaire…qu’il n’y ait plus d’enfants qui meurent de faim. ». Les gens écoutent ZORAN ; Je n’ai qu’à sourire et l’âne se laisser caresser. Nous nous saluons, après que les gens aient offert de l’eau, à l’âne un seau, et à moi une bouteille.

 

Et quelle n’est pas ma joie un ou deux kilomètres plus loin de voir à nouveau une voiture s’arrêter. Une jeune fille en sort en me disant « Je suis EMA qui étais dans  le groupe des jeunes hier soir à PANCEVO. C’est ma maman qui conduit la voiture. Comme vous venez faire étape chez nous ce soir, je suis venue marcher avec vous et l’âne…vous montrer le chemin… » - « Ça me touche beaucoup Ema tout ce qui se passe depuis hier entre vous tous et moi… C’est un souffle de fraternité qui se communique entre nous tous… En enlevant les sacs qui pesaient sur notre dos, il s’est fait une place en mon cœur pour nous y loger tous. Je vous emporte à BETHLEEM »

 

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Ema m’explique en continuant ensemble à marcher qu’elle voudrait un jour devenir vétérinaire. Je la félicite. Je lui souhaite de bien réaliser ses études. Je lui dis que de même qu’il y a des médecins, et des infirmières qui vont par ce monde soigner les gens blessés et abîmés par la maladie et la faim, dans le même sens et le même but il y a des « vétérinaires sans frontières » pour soigner les troupeaux dépecés et abîmés par les guerres. Ema me sourit. Le message entre nous est tellement fort qu’il y a quelque chose d’important qui passe « quelque chose sans frontières », le souffle de BETHLEEM.

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13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 09:45

Lundi 17 septembre 2012 à Pančevo

 

 

Dans la nuit je suis réveillé par le bruit que fait le cheval dans le box d’à coté en activant sa mangeoire. Je me lève pour essayer de trouver une solution pour que ce bruit s’arrête. Je n’y arrive pas. En revenant me coucher, il est 3 heures et des poussières, je ramène malencontreusement un moustique qui va continuer de me maintenir éveillé avec la même constance que le cheval activant sa mangeoire. A comparer c’est encore le moustique qui est le plus empêchant pour me rendormir. « Que faire en un gîte à moins que l’on ne songe ? »

 

Comme le lièvre des fables de la Fontaine « je songe » « je prie ». J’emmêle tout ça. Je te remercie ainsi Jésus de me faire rencontrer ces jeunes sur mon chemin de Bethléem, que DANICA soit là en stage, et que sachant très bien parler français elle nous mette en communication avec toute cette équipe de l’hippodrome et particulièrement sur ce qu’ils réalisent en activité thérapeutique et que je puisse leur exprimer l’action non violente dans laquelle je suis engagé en marchant vers Bethléem, en solidarité avec mes amis du M.A.N.V., en demandant de manière unilatérale que s’arrête l’armement nucléaire en France. Il me vient durant ce songe pétri de prière reconnaissante l’idée de demander à DANICA d’écrire en serbe les paroles que voici. Je les présenterai le soir venu aux gens avec qui je jouerai à la cachette pour trouver un gîte pour la nuit, pendant la continuation de mon voyage en SERBIE.

 

Je m’appelle LULU

Et mon âne ISIDORE

Nous venons de France

Et allons à BETHLEEM

NOUS MARCHONS POUR LA PAIX DANS LE MONDE

POUR DEMANDER L’ARRET DE L’ARMEMENT NUCLEAIRE

EN FRANCE DE MANIERE UNILATERALE

EST-IL POSSIBLE QUE VOUS NOUS ACCUEILLEZ DANS VOTRE JARDIN

POUR CETTE NUIT

MERCI BEAUCOUP POUR VOTRE CONFIANCE

NOUS NOUS EN REMETTONS ENTRE VOS BAINS

JE FAIS  PARTIE D’UN MOUVEMENT D’ACTION NON VIOLENTE

  

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 07:53

Samedi 15 septembre 2012 à Idvor

 

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Devant le manque de cartes routières, et du fait que beaucoup de gens ne marchent plus de villages en villages, le sens de cheminement s’est atrophié. Je pense que l’on y perd beaucoup en Humanité. Quand nous demandons notre chemin à des personnes âgées ou à des jeunes afin de parvenir dans le village d’IDVOR, ils se demandent de quelle planète nous tombons. Et immanquablement ils nous mettent sur la route nationale en nous signifiant « C’est tout droit ». Des panneaux indicateurs ? Ça n’existe pour ainsi dire pas. Et quand vous demandez : « c’est à combien de kilomètres » ? Ça peut varier du simple au double, de la part d’une personne ou d’une autre qui vous répond. Je pense que l’on a perdu le sens et le goût à marcher. Oh je respecte les conditions de vie de beaucoup de ces gens. Je vois et me rends compte un peu, je ne suis pas à leur place, de la vie dure et difficile qu’ils mènent. Et nous voilà l’âne et moi remis sur la route où ça roule à des vitesses catastrophiques, effrénées. Nous empruntons beaucoup les talus. C’est alors que l’âne de sa belle prestance de marcheur me dit cet après-midi sur la route de KOVACICA à CREPAÎA : «  Mais où vont-ils à cette allure… ? T’avais raison lorsque tu disais : ils font comme vous faisiez en France en 1970-1980…Vous rouliez comme des dingues…ils se laissent prendre par le démon de la vitesse. C’est comme une dépendance, ça produit l’enfer-mement. Tu m’avais expliqué ça un jour… »

- «  Tu sais Isidore, je vais te dire : Le fait de marcher ensemble nous libère et nous aide à marcher et trouver comment agir pour sortir de l’enfer. En en sortant tous les uns grâce aux autres, et particulièrement en roulant moins vite pour trouver du temps, savoir pour qui et pour quoi nous nous remettons à marcher, l’enfer devenu vide, n’existera plus. C’est la même chose par rapport à l’armement atomique, c’est du fait que quelques uns, puis beaucoup commencent à l’arrêter et à s’en défaire, qu’il est annihilé. C’est nous, il faut le reconnaître qui fabriquons l’enfer. Avec désinvolture nous osons interroger Dieu et le poursuivre au tribunal en lui demandant des comptes sur l’enfer, que nous avons fabriqué. Heureusement que quelques hommes à la manière de JOB se demandent : «  l’homme pourrait-il avoir raison contre Dieu ? »… J’étais celui qui brouille tes conseils par des propos dénués de sens…Je ne te connaissais  que par oui dire…aussi je retire mes paroles… je me repens sur la poussière et sur la cendre ». (Job 9 38 42)

 

Il y a aussi les chiens qui nous posent beaucoup de questions. Nous les trouvons très « empêchants ». Comment faire pour qu’ils soient « permettants »… ? L’autre jour nous entrions dans un village. C’était à FARKAZDIN ;  Nous cherchions un endroit pour passer la nuit. Il risquait de pleuvoir. Tout à coup 3 chiens sortis de la cour de leur maison entourèrent l’âne Isidore et moi et ils aboyaient férocement : « Vous n’avez rien à faire ici ! Fichez le camp ! On est chez nous. ! » Calmement l’âne Isidore les regardait de ses beaux grands yeux et je  l’entendis qu’il leur disait : « Criez pas si fort ! on vient vous dire bonsoir « dobrovece ». Je voudrais bien que vous entendiez ce que l’on vous dit. Nous venons de loin…de France…un pays où nous avons les mêmes problèmes que chez vous en SERBIE et en HONGRIE. Chez nous aussi nous nous trompons les uns les autres. Nous croyons nous défendre les uns des autres en nous attaquant. Comme là, avec vous les chiens, je voudrais bien jouer, gambader dans votre cour, l’espace d’une soirée, vous raconter ce que j’ai vu et compris dans les pays que nous avons traversés, que c’est de nous accueillir les uns les autres qui est la meilleure parade contre la violence…Au lieu de commencer par nous méfier les uns des autres, chercher à nous confier les uns aux autres…Tenez ! Appelez donc vos maîtres en allant frétiller de la queue auprès d’eux, en les amenant près de nous, que nous leurs expliquions que nous venons nous confier à eux, et à vous, nous remettre entre vos pattes et vos bras et non pour tomber entre vos crocs et vos cris.

 

Oh qu’elle était belle la constance d’Isidore. Mais ce soir là l’insistance des cris et des aboiements eut le dessus.  Les maîtres apparurent en ouvrant la porte. Mais ils la refermèrent aussitôt en la claquant fortement. Ils écoutèrent les aboiements de leurs chiens plutôt que la douceur du regard d’Isidore. Des pleurs me vinrent aux yeux que des gens de notre Humanité s’enfoncent dans leur enfer-mement en nous laissant dehors. On se retrouva dans un chantier de destruction à l’extérieur du village, à côté d’une cabane en ruines, avec de quoi, quand même, abriter nos affaires, au cas où il pleuvrait. Alors on jura ce soir là, l’âne Isidore et moi que … l’on recommencerait à chercher durant la soirée des jours qui viennent un coin de cœur humain où loger, parce que des aboiements de chiens se seront apaisés et tus, « qu’il y ait un soir pour que soit le matin ».

 

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 Photo prise en Autriche : C'est possible !

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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 23:24

Samedi 15 septembre 2012 à IDVOR

 

 

En traversant l’immense plaine de la VOÏVODINE, l’âne Isidore et moi nous sommes parfois durant des heures à ne rencontrer personne. J’ai ramassé quelques unes de ces paroles que nous avons échangées au travers de longs silences.

 

Il y a quelques temps il a fallu enlever des affaires qui étaient dans les sacs sur le dos d’Isidore. Nous avons délesté : j’avais dit : « on emporte toujours trop de choses ! ». Isidore avait dit : « qu’est ce que l’on est mieux, quand on a moins ». J’avais dit alors à Isidore : «  Tu me fais penser à Jésus quand il disait : venez à moi vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau…oui mon joug est aisé et mon fardeau léger » Mt 11 30.

 

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Hier soir  en arrivant à KOVACICA c’est grâce à des enfants, à la manière dont ils nous ont accompagnés que nous avons été bien accueillis chez le Pasteur protestant Paul et sa femme Maria, dans leur cour et leur jardin. Isidore me dit : « J’ai beaucoup apprécié que tu aies demandé aux enfants d’écrire leurs prénoms sur ton cahier : j’ai entendu qu’avec SANJA, il y avait aussi MATRA, DAGMAR, ANDREJ, PAVEL, ALEXANDRE…Ils se sentent reconnus acteurs de l’accueil… Tu sais j’ai beaucoup aimé une fois que tu as eu ôté le bât de dessus moi, que tu aies aidé les enfants à monter sur mon dos. Ça me fait ressembler à « l’ânon AOUI », mon ancêtre qui quelques jours avant la Pâque, avait porté sur son dos Jésus afin qu’il entre dans Jérusalem, ville de la paix et l’amour. C’est merveilleux comme Jésus aime les gosses ». C’est alors que j’ai dit à Isidore : « quand j’ai vu comment ils ont été gentils pour nous hier soir, je me suis dit : Jésus avait raison quand il disait à ses disciples « laissez venir à moi les petits enfants, ne les empêchez pas » (Luc 18, 15).

 

C’est à TITEL que nous avons dit au revoir à Bracha et Nicole et Baptiste, jeudi 13 septembre. Ensuite en traversant le village de PERLEZ, un homme nous invite à boire un coup dans le café qui est au milieu du village. Souvent c’est même à l’âne tout d’abord que les gens pensent à donner à boire. C’est ce qui se passa. Et voici qu’en partant l’âne Isidore fit ses besoins devant le café. J’ai toujours un petit sac à déjection, comme pour les chiens, et discrètement j’enlève le crottin pour ne pas salir la route et je le mets dans le buisson ou le fossé qui n’est pas loin. Mais ce jour là ce n’était pas un crottin comme d’habitude  Quelques centaines de mètres après avoir repris la route l’âne Isidore me dit : « J’étais gêné tout à l’heure, quand tu as été obligé de ramasser mon crottin. Ce n’était pas le beau crottin que je fais d’habitude. C’était tout éclaboussant. Je me rappelle. Tu m’avais bien dit de ne pas manger de ce  maïs qui envahit la plaine de VOÏVODINE, comme il envahit la plaine du Doubs. J’aurais dû t’écouter. Je t’ai bien vu photographier les champs avec leurs pancartes : « PIONNER…PONCHO… NS SEME… » des semenciers envahisseurs. Tu as pris aussi en photos des sacs d’engrais de marchands profiteurs : « UREA…SECNINA… ». Ils empoisonnent la terre et tout ce qui y pousse. Dans les champs il y a plein de plantes et d’herbes qu’on ne trouve plus. C’était notre régal à nous les ânes. On est tenté de se goinfrer de maïs. Ça vient dans nos intestins et ça les abîment. Je me souviens que chaque année quand nous campions autour des lacs du Jura tu en causais avec les enfants. Il y avait des animatrices et animateurs dont les paroles étaient belles à entendre. Vous nous invitiez tous à être vigilants : « n’allez pas fêter votre anniversaire dans un Mac Do… » Tu avais même ajouté : « ça va vous tordre les boyaux » La petite Karine l’avait redit à l’inspecteur de la jeunesse et des sports. Il avait souri. Mais il avait apprécié que l’on apprenne, comme le font les parents, à cuisiner au feu de bois en campement et que l’on fasse un cahier de recettes de cuisine de nos grands-mères. Il me revient aussi que quand vous vous retrouviez parents, enfants et animateurs au retour d’un campement tu disais en pensant aux campements d’après : « plutôt qu’une Nitendo, offrez leur un sac à dos, ça sera un super cadeau… - «  C’est beau comme vous vous rappelez vous les ânes ! « - «  Ah tu sais le fait de marcher ça aide à réfléchir, à penser et à garder en soi. On voit que quand l’âne et l’homme cheminent ensemble au même pas, leurs idées et leurs pensées s’assemblent et par là se ressemblent »

 

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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 06:00

Mercredi 5 septembre 2012 à Kovilj

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Tu as intitulé ce que tu es en train de nous raconter : « LA REVE DE KOVILJ »… il faudrait peut-être que tu te mettes à en parler de KOVILJ !

KOVILJ est un village serbe, très ressemblant à tous ces villages que nous traversons en VOÏVODINE, en SERBIE profonde. Voilà plusieurs jours que nous y sommes, accueillis dans la maison de BRACHA et NICOLE. La T.V. locale est venue nous interviewer chez Bracha et Nicole par la médiation de MILE, PAYA, et MILENA, GARA… dans le village de KOVILJ, frôlé par le Danube…

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Nous sommes avec l’âne Isidore sur la berge-digue d’un des multiples bras morts du Danube. Nos regards se dirigent en amont, vers le pays de FRANCE, d’où nous venons. Et voilà que nous regardons sur invitation de BORA et DRAGAN, nos interviewers en aval, vers le pays où nous nous dirigeons afin de finir de traverser la SERBIE, parvenir en MACEDOINE, en GRECE et par bateau débarquer à HAIFA… et enfin arriver à BETHLEEM… l’âne ISIDORE et moi. Pourquoi BETHLEEM ? Je réponds aux journalistes, grâce à la médiation de BRACHA qui traduit dans les deux sens, que c’est pour que la Paix se réalise en notre monde en arrêtant notamment l’armement nucléaire… et que l’argent investi dans l’armement soit versé dans une caisse mondiale pour empêcher que des enfants meurent de faim ». C’est alors que le journaliste BORA me dit :

- « Et votre âne Isidore que va-t-il devenir une fois que vous serez arrivés à BETHLEEM ?

- « Votre question me travaille depuis le départ. Les enfants des écoles et du caté de SALINS, AIGLEPIERRE, THESY en FRANCE m’avaient demandé non pas « qu’est-ce que tu vas faire de ton âne à BETHLEEM ? « car cet âne est aussi bien le leur, que le mien, tellement eux aussi ont marché avec lui et grâce à lui. Mais ils me demandaient déjà : « Qu’est-ce que va devenir notre âne une fois que vous serez parvenus à BETHLEEM ? » Avec eux nous avions alors rêvé que l’âne soit offert aux enfants de PALESTINE pour les emmener en des balades pacifiques. Et voici que le vent du Danube vient de souffler à KOVILJ un rêve plus merveilleux encore. Une fois parvenus à BETHLEEM, ayant tracé sur cette terre où toi ami Jésus tu as tant marché à la rencontre des uns et des autres, emporté toi-même par le rêve que tous les humains découvrent que ton Père est notre Père, et qu’au lieu de fabriquer des murs d’empêchements et de séparation, qu’avec les mêmes pierres et le même ciment, ils se mettent à construire des ponts d’assemblages et de rencontre, voici que nous-mêmes nous nous mettons aussi à rêver à propos de ce mur de séparation entre PALESTINE ET ISRAËL. Il est à l’envers du sens de l’HISTOIRE. Il ne peut pas tenir et durer, parce que tous les enfants de Palestine et d’Israël comme ceux du monde entier aspirent à la paix. Nous rêvons avec eux qu’un jour, le plus proche possible, certains parents de ces enfants correspondant aux rêves de leurs enfants, commenceront de chaque côté de défaire ce mur. Que les matériaux, pierres et ciments seront récupérés pour la réalisation et la construction d’un pont, un grand pont entre les peuples, et se mettant à braire : « Hi-han, Hi-han, Hi-han », l’âne Isidore dit : « Et pour emmener et porter les matériaux, depuis le mur en train d’être défait jusqu’au pont en train d’être bâti, il faudra des moyens de transports… je dirai aux enfants palestiniens comme aux enfants israéliens : mettez pierres, cailloux et ciments dans l’un et l’autre couffins, qui sont de chaque côté du bât sur mon dos et emmenez-moi ensemble inventer, bâtir, et construire ce pont entre vous, entre vos collines, vos villes et vos villages, vos peuples et vos aspirations. C’est pour cela que je suis venu à BETHLEEM et que j’y reste, pour que vos rêves qui sont aussi les miens, deviennent réalité. »

Il souffla ce jour-là à KOVILJ sur les bords du DANUBE ce qui avait soufflé aux abords de la montagne de Yahvé lorsque le prophète Isaïe avait rêvé : « les nations ne lèveront plus l’épée l’une contre l’autre et l’on ne s’exercera plus à la guerre. De leurs épées, ils forgeront des socs et de leurs lances, des faucilles. « (Is 2, 4) Ce que le prophète avait dit du fer des armées devenant outil pour travailler à nourrir les enfants des hommes, voici que nous le comprenions du ciment et de la pierre du mur d’enfermement devenant matériau de construction pour la réalisation de ponts entre les peuples.

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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 06:00

Mercredi 5 septembre 2012 à Kovilj

 

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Me reviennent mes rêves lorsque je découvris la FERME DES GORGES… J’étais tout seul en promenade dans la forêt de la SERRE, et la même année, la découverte de la ferme des BOUQUILLON en compagnie de tout un groupe d’enfants avec PATRICK (9 ans) qui avait laissé jaillir son rêve de sa tête, de son cœur, de sa bouche, nous disant devant cette ferme détruite… : « Il faut qu’on revienne et qu’on la rebâtisse… on ne peut la laisser comme ça… Je sais, je connais, quelqu’un qui va nous aider… quelqu’un qui est charpentier… c’est mon tonton Claude… »

 

Pendant toute l’année 1979, accomplissant plusieurs campements avec les enfants et jeunes de Dole, nous avions rebâti le Bouquillon. Le rêve de Patrick s’était communiqué à nous tous. Il était devenu réalité lorsque le 29 octobre de la même année, nous enfoncions le dernier clou dans la dernière tôle et qu’ainsi le toit était tout recouvert. Désormais, lorsqu’il pleuvrait et neigerait, il ne pleuvrait, ni ne neigerait dans la FERME du BOUQUILLON. Pluie et neige glisserait sur le toit tout neuf comme la même pluie et le même neige sur les plumes des canards de la tourbière qui se trouvait en contre-bas.

 

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Ceci avait permis (je l’ai su par après, mais l’avais deviné durant les campements) à des enfants et des jeunes, de relever les morceaux cassés de leur existence en remettant debout les unes sur les autres, les pierres tombées, de la Ferme du BOUQUILLON, du PARADIS, puis celle des GORGES. Quelle joie en mon cœur cela avait provoqué lorsque j’avais entendu Mohamed me dire : « Si je fais le métier que je fais, « éducateur », c’est en rebâtissant la ferme du PARADIS, que je l’ai appris ». A combien d’enfants cela avait permis de rêver et de voir quelques années plus tard, leurs rêves se réaliser.

 

Nos rêves d’être sédentaires se réalisaient en rebâtissant ces fermes. Mais nous étions aussi travaillés par le rêve d’être nomades et camps-volants. Mais pour que ces rêves-là deviennent réalité, il fallait que nous arrive un catalyseur. Il nous parvint le 29 juillet 1981, lorsque ceux qui devinrent nos amis de la SAVOIE et du VERCORS, nous offrirent leurs ânes en nous disant : « Vous verrez l’âne c’est une véritable médiation. »

 

Dans l’immédiat de ce don à teneur d’offrande, il nous arrivait une profusion de rêves : « si seulement nous pouvions partir dans la montagne, faire le tour des lacs du Jura… mais le goût de marcher s’en est allé de nos appétits… Nous n’avons pas les possibilités… Il y a l’accident… le handicap… la T.V. … la voiture… » En rencontrant combien d’enfants cloués devant leurs « Playstations » ou écrans de télévision, j’ai rêvé qu’ils trouvent goût à se défaire de tout ce bazar et se mettant à marcher au pas des ânes, ils dénouent leurs jambes et leurs pieds et qu’ainsi ils puissent retrouver et se rencontrer en vérité et liberté avec leurs voisins et qu’alors il fasse meilleur vivre dans leur quartier.

 

Et combien de fois, nos rêves se réalisèrent. Et lorsque des personnes comme Rachel et Sophie disent à ces enfants ou ces adultes-là : « vous savez si nous sommes devenues éducatrices, c’est grâce à ce que l’on a vécu avec vous, quand on partait camper avec Denise au pas des ânes avec vous… au Frasnois… ou ailleurs… quand nous rêvions le soir autour du feu de bois en chantant avec vous et que vous empruntiez nos guitares, Christelle, Stéphane, et combien d’autres… » Etonnant quand même comment les rêves deviennent réalité.

 

Il n’y aurait eu qu’une fois dans ma vie, où ayant rêvé qu’une femme ou un homme sorte de la dépendance de l’alcool, et que ce soit ça qui m’appelle à m’engager au sein de SILOE et VIE LIBRE, à ne plus retoucher une goutte d’alcool, que cette personne s’en sorte et qu’elle ne sache jamais que j’avais rêvé pour elle, que mon rêve se réaliser dans silence, une seule fois, cela me comble de bonheur et réellement donne sens à mon engagement, à mon rêve, à notre rêve… Merci Daniel, Gérard, Philippe, Gérard,… et puis Luc, Louis, Claude, Françoise, Samuel, Denis, Roland, Colette, Patricia, Jean-Marie, et vous tous amis de SILOE…

 

Suite demain

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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 06:00

Mercredi 5 septembre 2012 à Kovilj

 

 

Combien de rêves dans nos vies deviennent réalité. Enfant, j’entendais nos parents dire : «Vivement qu’on sorte de c’te saleté de guerre. » Et nous en sommes sortis. Nous avons vu, j’ai vu de mes yeux d’enfants les soldats allemands s’enfuit par la route qui va de Dole à Besançon, qui passe devant chez nous à Dampierre. Certes, pour se sauver, ils prient encore nos vélos, et nos chevaux… mais ils s’enfuirent… Et j’ai vu arriver les troupes françaises et américaines… Hélas, ce faut par beaucoup d‘aspects pour se laisser embarquer dans une autre guerre… économique essentiellement celle-là… elle dure encore et là aussi, il est fondamental pour s’en sortir, de se laisser habiter à nouveau par des rêves.

 

Ça me faisait de la peine que nous soyons brouillés avec nos voisins… enfants nous nous parlions quand même en cachette de nos parents… à leur insu… Des fois, nos parents découvraient que leurs enfants rêvaient que nos familles se « recausent ». D’une manière ou d’une autre, à l’école de la République ou au catéchisme de l’Eglise, ils s’étaient laissé dire ce que le prophète Jérémie rappelait aux gens de son peuple : « Ce n’est pas parce que les parents ont mangé des raisins verts, qu’il faut que les dents des enfants en soient agacées…. » Qu’est-ce que j’avais été heureux ce jour où j’avais entendu nos parents se reparler avec les parents des enfants voisins, recommencer à se redire bonsoir, pour que renaisse un beau jour entre nos familles…

 

Qu’est-ce que j’avais été heureux aussi le 19 mars 1962 quand j’avais appris la conclusion des accords d’Evian. J’étais renvoyé aux moments de mes rêves continuels pendant la guerre d’Algérie, et particulièrement lorsque je rêvais, je me souviens dans une petite orangeraie de Kabylie durent l’hiver 1959-1960. Je luttais et unissais ma lutte à celle d’autres camarades pour ne pas abîmer les mechtas et les plantations des régions que nous traversions, allant à contre-courant du Plan Challes qui nous demandait et nous obligeait à tout détruire… Nous résistions parce que nous rêvions que la paix un jour, se ferait… reviendrait… et qu’elle ne pouvait revenir qu’à travers des paroles, des signes et des faits de considération et de respect entre nous tous… si différents mais tellement complémentaires d’un côté et de l’autre de la « MARE NOSTRUM » la mer Méditerranée.

 

Les rêves de GANDHI, TOLSTOÏ, MARTIN LUTHER KING, MANDELA marquèrent ma vie à tout jamais. Toute ma reconnaissance à vous Jean-Marie MULLER et Hélène, Claude CHEVASSU et Henryelle et beaucoup d’autres, d’avoir permis que nous ensemencions ces rêves en nos jardins, de sorte que leurs rêves devinrent nôtres.

 

Lorsque l’INDE devint indépendante, le MAHATMA GANDHI venait d’être assassiné, mais son rêve commençait à devenir réalité. Lorsque Barak OBAMA devint président de le République des Etats Unis et que des noirs siégèrent aux postes de responsables civiques et politiques MARTIN LUTHER KING avait été assassiné mais son rêve commençait de devenir réalité. Lorsque NELSON MANDELA fut libéré de prison et fut élu président de la République d’AFRIQUE du SUD, l’apartheid commençait de tomber. Le rêve de Nelson devenait réalité.

 

D’accord : leurs rêves ne sont pas réalité en totalité. Raisons de plus de recommencer à rêver, espérer et agir en conséquence.

 

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Suite demain....

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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 14:00

Lettre du jeudi 30 août 2012 à Turija

« Eprouvé par les paupières  de Dieu »

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En cet espace qui m’est offert en VOÏVODINE SERBE que je suis en train de traverser au pas de l’âne, durant ces jours, terre noire, autant fructueuse que ne peut l’être la terre de la BEAUCE et de la BRIE, ou celle de CHAMPDIVERS et de SAINT-AUBIN, je goûte l’hospitalité que nous donnent LAZARE et BILJANA . La paix dont l’évènement de BETHLEEM est source m’est abondamment donnée. Comme je voudrais « qu’ainsi soit-il » pour toutes celles et ceux qui ont dû prendre la route et  la condition de camps-volants. Nous croisons leurs chemins de déroutés. Que nous apprenions à nous arrêter les uns en face des autres, à nous mettre les uns à côté des autres, à nous rattraper les uns après les autres et nous interpeler par la parole donnée les uns aux autres :

-Sais-tu où tu vas dormir ce soir ?
- Non. Je cherche … !
- Viens donc partager notre repas du soir et notre maison pour la nuit.
- Mais je n’ai pas tous les papiers qu’il faut…
- On prendra le temps de tracer tout cela…pour que vous puissiez continuer votre chemin…

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Dieu notre Père tu dois contempler et savourer quand tes enfants sur la terre des hommes se causent comme vous vous causez dans le ciel avec ton fils, dans la vérité et le souffle de l’Esprit. C’est comme ça que viennent de me causer en fraternité Lazare et Biljana hier soir pour qu’il y ait ce matin radieux. Une fois encore : « il y eut un soir pour qu’il y ait un matin ». Et Dieu tu contemples que c’est beau ! c’est comme ça que m’ont causé lundi passé ZOLTAN et ILONA ainsi que STAFAN et JULIA lorsque me manquaient les papiers vétérinaires de l’âne.

Assis sur le petit tas de luzerne sèche au pied de l’arbre, au moment où je vois ce temps de contemplation, voilà qu’arrive LAZARE sur son vélo, avec un sac en bandoulière. Il  est un peu plus de 7 heures. L’heure de l’angélus. Il me dit en mi serbe, mi allemand

- Avez-vous bien dormi ?
- Je souris… oh que oui.
- Lui aussi. Puis il me dit : « Voilà la soupe au vermicelle que BILJANA vous a préparée…elle l’a fait cuire avec une poule… »

Un repas de roi : une poule au pot comme le voulait le roi HENRI IV pour tous les gens de son royaume. Et nous aujourd’hui ?! Que voulons-nous, pour tous les gens de la Terre ?  Que nos  repas puissent être le fruit de notre travail durant le temps de sédentarisation que nous vivons. Et si nous avons dû  prendre  la route pour nous sauver, que les mains des travailleurs sédentaires sachent humblement remettre ce qu’il va falloir de viatique dans nos mains de nomades qui n’avons plus que nos pieds pour marcher… et nos yeux… pour qu’ils puissent se remettre à rire.

Oh comme elle est bonne cette soupe chaude ! BILJANA et LAZARE !  Elle me rappelle celle que faisait notre maman à DAMPIERRE. Au moment où je vais comme chaque matin aller chercher l’âne ISIDORE, le bâter et lui mettre sur son dos les sacs où ont « dormi » cette nuit les affaires nécessaires pour la route, un serrement vient tenailler mon cœur : celui-là, de quitter ce coin où l’on était si bien… mais je sais que ça va être pour reprendre la route et être témoin et un peu artisan…et pouvoir dire à ta manière Dieu notre Père « qu’est-ce qu’elle est belle la terre quand vous les hommes et femmes vous vous mettez à vivre « sur la terre comme au ciel !»       

Ça y est l’âne est bâté. LAZARE m’aide à sangler les sacs. Il m’accompagne pour traverser le village de TURIJA. Et au moment de leur signifier ma reconnaissance à BILJANA et à lui, il me dit avec le sourire, en allemand, en me mettant sur la route :

« comme les vieux disaient chez nous :
ein mann muss elfen immer ein anderer mann. »
« un homme doit toujours aider un autre homme. »

 

Photo : Photo au Carmel de Jérusalem où le "Notre Père est traduit en 163 langues différentes

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Présentation

  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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