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15 décembre 2021 3 15 /12 /décembre /2021 12:32
Lettre au frère Jean-Pierre Schumacher

Acey, le 21 novembre 2021


« EN FAIT, N’ÉTIEZ VOUS QUE SEPT A TIBHIRINE, DANS LA NUIT DU 27 MARS 1996 ? »


 Le chef du commando qui commet le rapt des moines de TIBHIRINE dans la nuit du 27 mars 1996, s’écrie fortement à un moment en disant :
« Il y en a bien sept ? »


 C’est dans ce brouhaha dramatique que sept frères sont violemment emmenés, probablement par un groupe armé de djihadistes. Leur chef pensait emmener tous les moines du monastère, persuadé qu’ils étaient sept. Ainsi tout cet îlot de résistance non-violente serait annihilé.
 C’est ainsi que les frères Amédée et Jean-Pierre ne furent pas emmenés. Pourquoi les mains des ravisseurs ont tickletté à la porte de leur chambre à l’un et l’autre, et ne sont pas allés plus loin afin de les chercher et de les emmener avec les sept autres.
 Cette question a dû longtemps tarauder vos êtres chers Amédée et Jean-Pierre… Ça a dû tirailler dans le fond de vos consciences jusqu’au moment de votre mort, la tienne en 2008 Amédée et la tienne Jean-Pierre, aujourd’hui 21 novembre 2021.


Jean-Pierre, nous venons d’apprendre ta mort dans l’enceinte de l’ABBAYE D’ACEY par les frères moines. C’est eux, Benoit, Jean-Marc, Philippe, Bernard, Godefroy et tous les autres… ils avaient été les facilitateurs des liens indéfaisables de l’amitié qui commença de naître entre vous et nous. Comment avait bien pu naître et apparaître cette relation ?


 Un peu, beaucoup, comme si l’eucharistie du dimanche devait se continuer par le repas, Godefroy, nouvel abbé, et les autres frères nous avaient invités quelques hôtes de passage et moi, à partager leurs agapes du dimanche dans leur salle à manger.
 Nous étions en train de manger et apprécier le repas préparé par le frère Julien et servi par le frère Jean-Marc. Je venais de dire avec estime à Julien : « C’est toi qui a préparé cette choucroute pour nous tous avec les légumes de votre jardin… » Julien en compagnie de Jacques et Marie-Bernard, les autres frères avec qui nous mangions… recevaient avec le sourire ce que je tentais de leur dire… lorsque Godefroy agita une petite clochette… Tout le monde se tut. Il avait quelque chose de très important à nous confier, qui venait de lui être apporté : « Le frère Jean-Pierre Schumacher, un de nos frères de Midelt, vient de mourir… » Une émotion profonde gagna le fond de nos êtres à tous…


 Comme dans l’eucharistie, nous prenons conscience en entendant cela que Jean-Pierre semence, fils du meunier de Moselle, tombait en terre beaucoup imprégnée de l’Islam, tel un grain de blé. Jean-Pierre retrouvait ses frères de Tibhirine. Ils n’étaient donc pas rien que sept dans la nuit du 27 mars 1996 à Tibhirine .
 Debout dans la salle à manger afin de nous trouver en réception de cette annonce de ta mort Jean-Pierre … on resta ainsi quelques instants… J’ exprimai aux frères de l’abbaye d’Acey ma reconnaissance pour les liens créés avec toi Jean-Pierre et ma découverte grâce à ce que tu nous avais offert lors de nos rencontres avec toi à Midelt et à Oran, lors de la béatification des sept frères et de leurs 12 compagnes et compagnons.


 Qu’est-ce que Jean-Pierre, tu nous as donc fait découvrir : que nous sommes les héritiers de la non-violence vécue et offerte par tous ces témoins.
 Puis tout le monde s’est rassis à table. Chacun de nous se mit sans doute à écouter les autres raconter comment ils avaient connu les moines de THIBIRINE, et parmi eux Jean-Pierre.
Je racontai un peu à Jacques, Julien et Marie-Bernard et un autre frère, comment cette livraison d’un tel héritage nous était parvenue. Mais très vite d’autres faits surgirent dans l’échange de nos mots et dans la continuation du partage du repas … Je ne tardai pas à trouver un moment, un lieu, un cahier et un crayon et essayer de ramasser comment tout cela nous est parvenu.


 A mon retour de BETHLEEM, afin de continuer à nous démunir de nos violences, je partis avec des amis pour l’Algérie et particulièrement pour TIBIRINE. C’était avec Bernard et Nelly, leur fils Luc, leur frère Claude et moi. C’est Jean-Marie LASSAUCE qui nous conduisit de l’évêché d’Alger jusqu’à THIBIRINE. Quel guide que ce jardinier !
 Les ravisseurs avaient enlevé vos sept amis moines, mais ils n’avaient pas pu détruire l’héritage de la non-violence que vous nous laissiez.


 Au printemps 2014, avec les amis, tout en plantant des pommes de terre dans le jardin irrigué par la source d’en contre haut qui ne tarit jamais, nous apprenions par Jean-Marie LASSAUSSE, qu’Amédée et toi Jean-Pierre, vous aviez dû, au lendemain du rapt de vos sept frères, quitter THIBIRINE pour ALGER.
C’est là qu’Alphonse GEORGER vous accueillit à l’évêché-bibliothèque d’ALGER. Puis vous avez quitté l’ALGERIE pour le MAROC, tout d’abord à FEZ puis à MIDELT.


 C’est grâce aux frères Benoit et Jean-Marc de l’abbaye d’Acey que je me mis en route pour le Maroc en 2015.
 Ne pouvant garder rien que pour moi ce que je découvrais en t’écoutant Jean-Pierre, nous faire prendre conscience que l’héritage de la non-violence n’est pas l’affaire que de quelques-uns mais qu’il est offert à tout le monde. Afin de recevoir cet héritage nous avons organisé en direction du lieu où tu habitais avec quelques autres moines, un voyage dans lequel nous sommes toujours en train d’opérer des déplacements.


En effet il est nécessaire de souvent se remettre en cause, si l’on est déterminé ã continuer de naître à la non-violence.
 Partant pour la capitale de la Pomme au Maroc, MIDELT, nous avions expédié les outils nécessaires à la réalisation du jus de pomme dans ce monastère où Jean-Pierre et quatre autres moines vous viviez à travailler et prier ensemble, essayant de réaliser comme une résurgence de TIBHIRINE en Algérie à MIDELT au Maroc.


 Quel accueil vous nous avez fait, Jean-Pierre, toi survivant de TIBHIRINE, rescapé… moine… membre de la communauté désormais appelée monastère de NOTRE DAME DE L’ATLAS.
Nous sentions dès notre arrivée que toi Jean-Pierre avec tes frères Antoine, Luiz, Nuno et Jean-Pierre Flachaire le prieur, vous vouliez humblement être comme un trait d’union entre l’Algérie et le Maroc.
 Oh les moments que nous avons vécus avec vous tous, dans le parfum des repas et du thé à la menthe préparés par BAHRA et OMAR, les moments où c’était avec toi Jean-Pierre que nous vivions particulièrement le partage, étaient rudement attendus.
 Très vite tu nous avais fait prendre conscience que quand on se reconnaît reliés à Jésus-Christ et à la condition humaine toute entière, une sève originale nous est communiquée. Nous touchons un héritage, celui-là de la non-violence.


 Beaucoup de transformations de nos comportements et de nos êtres trouvèrent et prirent leur origine dans les partages réalisés avec toi et nous tous, Jean-Pierre. On ne revint pas comme nous étions partis ! Nous osions davantage aborder et entreprendre de nous défaire et démunir de nos violences.
« Comment dois-je me comporter en face de celui qui m’a fait beaucoup de mal ? Est-ce que je suis appelé à aller jusqu’au pardon ? Ne dois-je pas entrer en résistance lorsque les structures étatiques des pays dans lesquels je suis, deviennent emprisonnantes. Comment résister et nous démunir de ce dont le pays auquel j’appartiens, menace de mort nos compatriotes et les peuples de toute la Terre ?


 L’héritage de THIBIRINE auquel Jean-Pierre nous avait fait accéder durant ce séjour du 9 au 16 septembre à Midelt était lourd à porter dans l’avion de retour. Nos prises de conscience ne nous permettaient pas de nous en délester en faisant croire qu’on le partagerait. C’est en continuant à le vivre que l’on pouvait donner goût à d’autres d’entreprendre de recevoir cet héritage.


 Cela nous aida à accueillir et recevoir le témoignage de Fadila Semaï dans son livre interpelant « L’ami parti devant »
 D’appels en appels il nous fallait aller recevoir les paroles actées de tous « ces témoins partis devant » C’est ce que vivait Jean-Pierre. C’est ce que nous devrons vivre. Fadila et Rachel m’aidèrent profondément à avancer dans cette direction, ainsi que beaucoup d’autres personnes jusqu’à ceux-là dont on ne s’attendait pas que c’étaient eux qui pouvaient nous aider à changer et nous convertir.


 C’est beaucoup grâce à Zohra et Kheidi et leurs cousins d’Oran, que nous avons pu, le frère Jean-Marc abbé d’Acey et moi, participer à la BEATIFICATION le 8 décembre 2018 dans l’église SANTA CRUZ d’ORAN. Ces deux femmes musulmanes avaient dit : « On fera tout pour que vous soyez dans l’église à ce moment-là »
 J’étais heureux durant la béatification des moines de THIBIRINE et de leurs 12 compagnes et compagnons, des 114 imams qui eux aussi donnaient leur vie pour ceux qu’ils aimaient pendant les années noires … Au cours de la célébration et reconnaissance de ces événements ensemençant la Terre de paix, quel bonheur de me trouver à vos côtés Jean-Pierre et Nuno, à ta droite Jean-Pierre, comme la parole de la bible l’exprime « à la droite du Père »


 Au retour de MIDELT et d’ORAN (la béatification des 19 témoins) nous avions continué de nous écrire avec Jean-Pierre grâce à la médiation de :

Rosaline et Rosine
François et Alphonse
Jeannot et Alain
Rachel et ses parents Jacques et Elisabeth
Roberte et Patrice
Luc et Marc
Maguy et Bernard
Frère Benoit et Antoinette.


Nous avions continué à tendre la voile de nos embarcations en direction des personnes déshéritées, parce que, ne se sachant pas héritières de ce trésor de la non-violence.
Et c’est un peu, beaucoup, que Rachel fut dotée par toi Jean-Pierre, de ce souffle de TIBHIRINE lorsqu’elle entreprit son voyage en août 2018. Nous en aurons des échos intenses et profonds dans son livre qui va paraitre bientôt.


 Le pape FRANCOIS et toi Jean-Pierre, vous étiez humblement rayonnants lorsque vous vous êtes déplacés l’un et l’autre pour vous embrasser, lors de sa venue au Maroc le 31 mars 2019. Lui et toi vous nous portiez dans vos cœurs. Nous vous sentions « investis par le don de l’Esprit, dont la joie secrète sera toujours d’établir la communion, et de rétablir la ressemblance en jouant avec les différences ».


 Mardi ton corps reposera dans le petit cimetière de Midelt, au pied du jardin de Notre Dame de l’Atlas, que surent si bien entretenir Bernard et Marc.
 Amédée et toi vous étiez bien à TIBHIRINE. Nous savons maintenant pourquoi en 1996 vous n’avez pas été pris cette nuit-là.


 Vraiment quand nous irons nous recueillir sur ta tombe à Midelt Jean-Pierre, nous penserons à Amédée dans sa tombe à Aiguebelle, aux sept autres de vos frères à THIBIRINE et nous croirons, et nous croyons déjà aux résurgences les uns des autres, qui sont suscitées sous le souffle de l’Esprit. Déjà vous nous aidez à nous remettre debout et à lutter de manière non-violente pour que place soit faite à ceux qui sont arrachés de chez eux. Travaillons afin que plus aucune guerre ne conduise l’Humanité à l’abîme.

 

Frère Jean-Pierre,
Voici qu’il t’est donné, dans l’acte de ta mort, de rejoindre tes frères de Tibhirine.
Et comme le disait Christian de Chergé dans votre testament,
tu vas pouvoir plonger tes yeux dans ceux de Dieu notre Père et regarder les enfants de l’Islam comme il les regarde.
Depuis là où tu es, envoie de temps en temps quelques messages et signes, afin que dans les affrontements entre les peuples dans lesquels nous sommes plongés, nous apprenions à nous envisager les uns les autres, avec la même clairvoyance qui vous habite, frères de Tibhirine. 

 

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13 janvier 2019 7 13 /01 /janvier /2019 11:00

Notre-Dame de l'Atlas - Midelt (Maroc)


Bien chers parents, amis, frères et soeurs, Paix et Joie à vous tous !


L’année 2018 a été pour nous un beau cadeau du ciel, tout enveloppé de la grâce de la Béatification de nos sept Frères Bienheureux Martyrs. Le 26 janvier, le Pape François signait à Rome le Décret de Béatification des 19 martyrs d’Algérie. Le 8 décembre, sept frères de Notre-Dame de l’Atlas étaient présents à Oran pour participer à cet événement majeur pour l’Eglise, pour notre Ordre, et pour nous-mêmes en tant qu’héritiers de nos Frères martyrs. En annexe, vous trouverez un bref récit de notre pèlerinage de Midelt à Tibhirine.


La présente lettre circulaire se veut une action de grâces pour les bienfaits que le Dieu de Miséricorde a répandu sur notre communauté au cours cette bienheureuse année.


Action de grâces, d’abord, pour la bonne santé de nos deux Pères Jean-Pierre, si éprouvés en 2017, et qui leur a permis de voyager en Algérie.


Action de grâces, ensuite, pour l’ordination épiscopale, le 10 mars, du nouvel Archevêque de Rabat, Mgr Cristóbal López Romero. Ce religieux Salésien avait déjà servi l’Eglise au Maroc, entre 2003 et 2010, en tant que membre de la communauté de Kenitra et directeur de l’Ecole Dom Bosco. Voici l’une des premières paroles de notre évêque : « Ma mission n’est pas de faire l’Eglise, mais de construire le Royaume de Dieu, plein de paix, de justice, de liberté, de vie, de vérité et d’amour ».


Action de grâces pour la Profession Solennelle de notre Frère Nuno de Sao José, le 31 mai, Fête de la Visitation. Moment fort pour notre communauté qui a rassemblé plus d’une centaine de personnes, parents et amis, chrétiens et musulmans, au monastère. La dernière Profession Solennelle pour Notre-Dame de l’Atlas remontait à 1991, celle de Frère Paul, à Tibhirine.


Action de grâces pour les fruits de la Visite Régulière réalisée, au début du mois d’août, par Dom Benoit, Père Abbé de N.-D. de Timadeuc, délégué par notre Père Immédiat démissionnaire, Dom Eric, d’Aiguebelle. Au cours de cette visite, le 6 août, Fête de la Transfiguration, Frère Antony s’est engagé dans notre communauté par le changement de sa stabilité. Dom Daniel, son ancien Père Abbé au monastère de Caldey, nous a honorés de sa présence.


Action de grâces, encore, pour la réalisation d’un projet que nous attendions depuis longtemps. Une très belle et significative rencontre de trois jours avec des amis musulmans soufis, à Fès, lors du Festival de la Culture Soufie. L’organisateur de cet événement, Mr. Faouzi Skali, nous avait rendus visite en début d’année et avait sollicité notre présence. Fin septembre, nous sommes donc partis quatre frères dont notre aspirant espagnol, Alberto qui, quelques jours plus tard, le 6 octobre, commençait officiellement son postulat à Notre-Dame de l’Atlas.


Pour l’année 2019, nous avons le projet d’aménager un beau mémorial en l’honneur de nos Frères Martyrs, dans l’enceinte du monastère. Une célébration de leur Béatification aura lieu chez nous pour l’Eglise du Maroc et nos nombreux amis musulmans. Notre Eglise se prépare également à accueillir le Pape François qui visitera le Maroc les 30 et 31 mars prochain. Inch’Alla !


Nous ne pouvons pas terminer cette lettre sans évoquer avec une profonde émotion notre Frère Amédée, en cette année de son 10e anniversaire de sa naissance au Ciel.


Les Frères de Notre-Dame de l’Atlas vous souhaitent un Joyeux Noël et Bonne Année 2019.

Bienheureux Martyrs, Luc, Bruno, Célestin, Paul, Christophe, Christian et Michel, priez pour nous

Bienheureux Martyrs, Luc, Bruno, Célestin, Paul, Christophe, Christian et Michel, priez pour nous

Bref récit de notre pèlerinage en Algérie – 6 / 10 décembre 2018


La communauté de Notre-Dame de l’Atlas a eu la grâce de pouvoir aller à la Béatification de leurs sept frères de Tibhirine, ainsi que 12 autres religieux et religieuses, dont Mgr. Pierre Claverie, évêque d’Oran, assassinés pour leur foi, entre le 8 mai 1994 et le 1er août 1996.


Notre pèlerinage a commencé le jeudi, 6 décembre, par un voyage en taxi collectif de Midelt à Casablanca, où les prêtres de la paroisse Notre-Dame de Lourdes nous ont accueillis fraternellement. Le vendredi matin, nous étions six moines, accompagnés par notre cher évêque Père Cristóbal, à prendre l’avion à destination d’Oran. Arrivés vers 14h00, une petite commission d’accueil nous a reçus dans la joie. Un bus nous attendait pour nous amener à l’hôtel où nous avons rejoint des centaines d’amis et de parents des 19 bienheureux martyrs.


Après un bon dîner, nous sommes partis ensemble vers la Cathédrale d’Oran afin de participer à une veillée de prière. Moment riche d’émotions et de témoignages, dont celle de notre Père Jean-Pierre et celle de Soeur Chantal, survivante de l’attentat qui a tué Soeur Odette Prévost.


La présence de nombreux amis musulmans nous a beaucoup touchés, en particulier celle de la maman du jeune Mohamed Bouchekhi, chauffeur et ami de Pierre Claverie, qui a perdu sa vie en compagnie de l’évêque d’Oran, le 1er août 1996. Aussi, celle du fils d’un autre Mohamed, l’ami musulman qui a donné sa vie pour protéger celle du jeune officier français Christian de Chergé, à la fin des années 1950. Des prières chrétiennes et musulmanes ont enrichi cette belle rencontre qui s’est achevée par une procession à la tombe du Bienheureux évêque Pierre Claverie. Chacun des participants y a déposé une bougie allumée, signe de la Vie plus forte que la mort.


Le lendemain matin, nous avons été accueillis chaleureusement à la grande Mosquée Abdelhamid Ben Badis par les autorités religieuses locales et le Ministre Algérien des Affaires Religieuses, Mr. Mohamed Aïssa. Cette visite s’inscrivait dans le cadre de l’hommage de l’Algérie aux 19 martyrs religieux et religieuses chrétiens et aux 114 imams assassinés durant la décennie noire.


A l’arrivée, chacun des participants a reçu une rose des mains de jeunes filles habillées en costume traditionnel. Une brochure nous a aussi été offerte : « Jésus dans le saint Coran ». Suite aux discours des représentants des deux traditions religieuses, nous avons découvert la beauté de ce lieu de culte. La visite s’est achevée par une réception, avec thé et pâtisseries.


Ensuite, nous sommes montés vers le sanctuaire de Notre-Dame de Santa Cruz.
Le ciel bleu et le soleil étant au rendez-vous, la Messe de béatification a pu avoir lieu sur l’esplanade du temple marial où 1 400 personnes environ étaient rassemblées.


Mgr Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran, a prononcé les premiers mots de bienvenue, et après la lecture du testament spirituel de Mohamed Bouchekhi, une minute de silence a été gardée en mémoire des milliers de victimes innocentes de la guerre civile algérienne.


Avant la célébration eucharistique, un message du Pape François a été lu. Pour l’occasion, le saint Père était représenté par le Cardinal Angelo Becciu, Préfet de la Congrégation pour les causes des saints. Pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise, un événement de cette portée se réalisait dans un pays musulman. L’Evangile, proclamé d’abord en français, a ensuite été chanté en arabe par un prêtre d’Oran, le P. Becker. Toute la célébration a été animée par une vivante et joyeuse chorale africaine. Deux moments forts sont à signaler : l’échange d’un geste de paix entre l’évêque d’Oran et les imams présents et la descente d’un grand panneau portant les visages et les noms des 19 bienheureux martyrs qui a suscité les you-yous des femmes et les applaudissements de l’assemblée.


Les trois heures de la célébration sont passées comme un souffle léger, dans une grande sérénité. Pour terminer, l’évêque d’Oran a exprimé sa joie profonde et son immense reconnaissance à tous les chrétiens et musulmans qui ont rendu possible la réalisation de cette fête en Algérie.


Le dimanche, 9 décembre, une centaine des pèlerins ont entrepris un voyage de huit heures en car pour se rendre d’Oran à Tibhirine.


A notre arrivée, les amis de Tibhirine nous attendaient les bras ouverts, à la porte du monastère. Pour notre père Jean-Pierre, qui a vécu à Tibhirine durant 32 ans, il s’agissait d’un retour « chez lui », 20 ans plus tard. Nous avons été témoins de l’émouvante rencontre de notre ancien, âgé de 95 ans, avec ceux qui ont vécu tant de choses avec lui : Mohamed, le gardien, Youssef, Benali, Père Robert, Samir, entre autres.


Pour chacun de nous, la visite au monastère fut courte mais d’une grande intensité. Un repas d’accueil, la célébration d’une Messe d’action de grâce, présidée par le Cardinal Becciu, la visite des bâtiments et une prière silencieuse au cimetière en présence de nos sept frères bienheureux martyrs, et d’autres moines dont les corps reposent en ce lieu. La communauté du Chemin Neuf, qui vit actuellement sur place, était heureuse de nous recevoir et de partager ce moment inoubliable avec familles et amis.

Photos partagées dans l'annexe de la lettre circulaire de la Communauté de l'Atlas
Photos partagées dans l'annexe de la lettre circulaire de la Communauté de l'Atlas
Photos partagées dans l'annexe de la lettre circulaire de la Communauté de l'Atlas

Photos partagées dans l'annexe de la lettre circulaire de la Communauté de l'Atlas

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24 novembre 2018 6 24 /11 /novembre /2018 15:52

Dampierre le 13 novembre 2018

 

Chers Jean-Pierre l’Ancien et Jean-Pierre le Jeune,
tous les amis moines, Omar et  Bacha, les amies religieuses, 
et tous les membres de la communauté de Midelt.

 


Une profonde et humble joie habite en moi à l’approche du 8 décembre, date où vont être reconnus saints, les moines de Tibhirine vos chers compagnons, ainsi que Pierre Claverie et les onze autres témoins et artisans de la non-violence, sans oublier les noms de nos frères et sœurs de l’Islam que Dieu a écrit sur la paume de ses mains.      

  
J’espère pouvoir être à Oran ce jour-là. J’emporterai dans mon cœur tout plein d’amis. J’essaierai d’être tout proche de vous, même si je ne peux pas entrer dans l’église de Santa Cruz, ce que je comprends.


J’espère bien pouvoir vous saluer de vive voix, vous embrasser fraternellement, et vous exprimer notre reconnaissance. 


Je devine que je pourrai rapporter grâce à vous, tout plein de graines de non-violence, d’amour et de justice, afin de les ensemencer dans le morceau de terre et d’humanité dont nous nous sentons responsables avec mes amis, ici dans le Jura en France.


« A la revoyotte »
Lulu
 

Lettre à la communauté des frères de Notre-Dame de l'Atlas

réponse de frère Jean-Pierre Schumacher :

Cher Lulu,


Avec mes frères et mes amis, dont Baha et Omar, nous te remercions pour ta lettre, tes vœux, et ta joie communicative.


Que le Seigneur lors de ce passage à Oran et de ta participation à la grâce qui va se reprendre de la part du Seigneur sur toute cette assemblée, te comble de graines de non-violence, de justice et d'amour, dont tu es assoiffé. Oh, oui, qu'il en sait ainsi vraiment... je le Lui demande avec toi.


Nous serons heureux de 's'il plait au Seigneur', que nous nous rencontrions là-bas.


Ton frère Jean-Pierre
 

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16 janvier 2017 1 16 /01 /janvier /2017 17:35
De Tibhirine...

De Tibhirine...

Dampierre, le samedi 24 septembre 2016

 

D'UN ATLAS A L'AUTRE, DU FLANC DES DJEBELS ALGERIENS AU CREUX DE L'OUED AYACHI MAROCAIN

 

Lorsque j'étais allé en Algérie en mars 2014, grâce à Luc Chauvin, en compagnie de ses parents Nelly et Bernard et de son oncle Claude, nous avions eu la chance de pouvoir aller à Tibhirine par la médiation du " jardinier de Tibhirine" lui-même: Jean-Marie Lassausse. Nous avions été aidés par Jean-Marie Muller et son épouse Hélène qui nous avaient mis en lien avec Anne et Hubert Ploquin. Ils nous avaient permis d'expérimenter que si nous voulions être des constructeurs d'humanité, il fallait faire habiter en nous et entre nous tous, le souffle de Tibhirine, celui-là de la non-violence.

 

Jean-Marie Muller m'avait dit: "Christian de Chergé et ses compagnons, c'est de l'or pur" Il ne nous avait pas fallu beaucoup de temps pour expérimenter que Tibhirine est un endroit- phare, un lieu-source pour les chercheurs et bâtisseurs de paix. J'avais un peu plus pris conscience (en ce temps-là) qu'un témoin du drame qui s'était passé dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 : le rapt des 7 moines de l'Atlas, un témoin demeurait dans le petit monastère de Midelt au Maroc. Et grâce au frère Benoit de l'abbaye d'Acey, j'allais pouvoir rencontrer ce témoin : Jean-Pierre Schumacher. En effet, la communauté d'Acey, est en liens très étroits avec celle de Midelt. L'une et l'autre sont des abbayes cisterciennes.

 

Avec Benoit, nous étions partis à Midelt en septembre 2015, afin de rencontrer le frère Jean-Pierre et les membres de sa communauté, et beaucoup de gens avec qui ils sont en lien d'humanité et de foi. J'y étais resté 15 jours.

 

J'apprenais par le frère Jean-Pierre lui-même que les deux survivants de Tibhirine qu'ils étaient le frère Amédée et lui, avaient été accueillis aux Glycines à Alger, tout de suite après le rapt de leurs frères moines, par le père Alphonse Georger, qui était à l'époque vicaire épiscopal de Léon Etienne Duval, archevêque d'Alger.

 

Durant ce séjour du 9 au 23 septembre 2015, j'avais continué de goûter et expérimenter, que le souffle de Tibhirine qui avait travaillé les flancs des djebels et le creux des oueds algériens du massif de l'Ouarsenis et de l'Atlas Blidéen, ce souffle et cet esprit ne se laissaient pas encombrer de nos empêchements de frontière, ni non plus, par nos raisonnements casaniers. Je sentais ce souffle à Midelt, dans la manière de vivre et d'aimer qui habitait les membres de la petite communauté des moines de Notre Dame de l'Atlas, Kasbah Meriem, au cœur de la cité de Midelt. Je découvrais que la meilleure façon de capter l'eau vive de Tibhirine, de laisser couler sur nos pieds, en nous et entre nous la non-violence, c'était de se mettre à vivre à la manière des gens de la communauté de Midelt dont la joie secrète sera toujours d'établir la communion et de rétablir la ressemblance en jouant avec les différences dans le sillage de ce qui s'était passé à Tibhirine. J'avais alors dit à nos amis moines, en franc-comtois que je suis, que je trouvais en me laissant rencontrer par eux, que la communauté de Midelt était une résurgence de celle de Tibhirine.

 

J'ai essayé et j'essaie toujours de rapporter avec moi, de pleins seaux de cette eau vive (Jean, 4,10-24). Ou pour prendre une autre image de jardinier qui corrobore celle de la source, je dirais que pendant ce séjour à Midelt, j'avais ramassé non seulement sur mon cahier mais aussi dans mon cœur, un plein-sac de graines de la non-violence. J'ai beaucoup écrit à propos des trésors ainsi ramassés, et, l'incendie de nos maisons le 9 juin de cette année 2016, n'a pas emporté en fumée, la confirmation de la préparation du projet né durant l'hiver 2015-2016 : aller à Midelt avec une quinzaine d'amis, réaliser un jus de pommes dans cette capitale de la pomme marocaine. Mais notre projet était aussi et surtout, de rencontrer le frère Jean-Pierre Schumacher, survivant de Tibhirine, au sein d'une petite communauté dont les frères auraient, eux aussi , beaucoup à nous apprendre. Ce que j'avais vu et entendu, goûté et savouré de ce qu'est la non-violence, la tendresse de vivre et d'aimer, le respect du droit, allait pouvoir être expérimenté par d'autres.

 

Ce que j'avais puisé dans la façon qui habite les moines d'admirer Jésus et de le contempler, allait couler dans l'être de mes amis, eux aussi. J'allais savourer la joie en plénitude, que mes amis accèderaient à des trésors que je n'avais pas encore perçus. Et par là, humblement, le monde entier en serait touché et nourri.

 

Voilà ce qui avait orienté et guidé la préparation, la réalisation de notre voyage du 13 au 20 septembre 2016, en direction de Midelt au Maroc, dans la communauté cistercienne Kasbah Meriem, avec les moines de Notre Dame de l'Atlas.

 

Ce qui allait beaucoup me marquer c'est la tournure communautaire que prenait la préparation de ce voyage. Nous prenions tous des responsabilités selon nos aspirations et nos compétences, pour que soit facile et accessible le voyage des autres et le nôtre. En ramassant sur mon cahier ce que j'écris ce 24 septembre, quelques jours après notre retour, je dis qu'il me semble bien, que ce que j'espérais, s'est réalisé. Nous avons tous fait une sacrée expérience. Chacun des amis-compagnons de voyage, sont en train d'écrire ce qu'ils ont goûté, expérimenté et savouré en se mettant tous proches et à l'écoute de frère Jean-Pierre et de ses compagnons. Quelque chose, comme une sève, nous a été offerte. Nous l'avons reçue, et nous sentons bien que c'est dans le quotidien que nous sommes attendus, pour la faire couler en nous et entre-nous. Tous nous essayons de nous démunir de nos violences et de nos prises de pouvoir. Nous laissons ruisseler la paix entre nous, en faisant place à l'autre, aux autres. Ainsi, nous trouvons notre place.

Ainsi l'humanité se construit.

 

Comme le frère Jean-Pierre, chacun de nous a connu et expérimenté de grandes épreuves, voire des naufrages où tout a semblé sombrer. Nous nous disons : "Mais comment donc, avons-nous pu nous en sortir ?"

 

L'écoute du frère Jean-Pierre, "survivant du drame de Tibhirine", met en chacun de nous, un peu ... beaucoup ... de lumière et de force, pour que nous nous ramassions nous-mêmes, que nous collections les morceaux de nos êtres qui ont volé en éclats, et que nous trouvions raison et sens à notre condition de "survivants dans nos nouvelles embarcations".

Lulu

... à Midelt

... à Midelt

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15 janvier 2017 7 15 /01 /janvier /2017 13:50

Merci à tous les jurassiens et francomtois qui ont répondu à notre invitation pour écouter Fadila et communier à ce trésor qu'elle a voulu nous transmettre. 

Lors de ses conférences, elle a lu plusieurs écrits de Christian de Chergé dont son testament spirituel. Ecoutez Fadila dans cet enregistrement à Poligny.

A l'entrée du monastère de Midelt, le pèlerin est attiré par une porte qui ouvre sur un petit sanctuaire à la mémoire des 7 moines assassinés. Dans ce sanctuaire, on peut lire ce testament spirituel de Christian de Chergé.

Testament spirituel de Christian de Chergé
Testament spirituel de Christian de Chergé
Testament spirituel de Christian de Chergé
Testament spirituel de Christian de Chergé
Testament spirituel de Christian de Chergé
Testament spirituel de Christian de Chergé
Testament spirituel de Christian de Chergé

Pour lire le manuscrit : clic ici

Pour lire le testament : clic là

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10 janvier 2017 2 10 /01 /janvier /2017 13:24

23.09.2016

 

Retour de Midelt, au Maroc. Envie d’écrire…

Par où commencer ?…

Par ce qui est doux quand on est dans un pays musulman…

 

L’appel du muezzin me provoque toujours une émotion intense : au monastère, parfois je l’entendais pendant l’office où nous étions en train de prier. J’imaginais alors les musulmans aller à la prière et je rêvais que leurs prières se mêlent aux nôtres… Quelle belle image… Parfois je l’entendais en étant dans ma chambre, le soir, ou quand nous étions ensemble à discuter en petit groupe, dans la cour intérieure ou dans le réfectoire. Parfois j’avais envie d’aller directement à la mosquée me joindre à eux, me rappelant dans mon for intérieur, la fois où cette femme en Malaisie, m’a accompagnée pour que je puisse prier avec elle, à la mosquée… Je me souviens… Que d’émotions dans nos regards partagés, une fois la prière terminée. La prière se poursuivait encore en secret je pense, dans nos cœurs, souhaits de vie pour l’une et pour l’autre. Deux inconnues en communion totale dans le profond de leur cœur. Parfois j’ai envie de retourner prier avec eux, nos amis musulmans, pour retrouver cette force et cette union.

 

Le matin où mon papa a été malade, quelle ne fut pas mon émotion quand, dans toute mon inquiétude, étant retournée dans ma chambre prendre quelques affaires, avant de partir à l’hôpital, j’ai entendu l’appel à la prière…

 

Les musulmans allaient prier pour moi, pour nous, c’est cela que je ressentais au plus profond de mon être, en lien avec tous les amis musulmans de notre beau voyage. Comme s’ils étaient connectés à nous, sans ne s’être rien dit par la parole, et que nous allions prier ensemble. C’est comme si cet appel à la prière, interrompant mes tourments, me rappelait : « Tu sais ce que tu as à faire ! Je suis là pour vous ! Et à travers vous. Vous êtes là pour vous soutenir entre vous. Vous êtes tous frères. » C’est comme si cet appel me rappelait que la seule chose qui restait à faire était de prier, en communion les uns avec les autres.

 

Ce qui me marque chez les musulmans, c’est cette confiance et lâcher-prise totale en Dieu. Ils ont cette reconnaissance éternelle, que nous avons il me semble beaucoup perdu : reconnaissance pour ce qui fonctionne, reconnaissance d’avoir notre famille, nos proches, notre santé, d’avoir notre travail, notre maison, nos amis…

 

Un sourire, toujours, et cette douceur dans le regard, relié à Dieu en disant : « Hamdoulah ! » « Grâce à Dieu, tout va bien ! ». Ça, je l’ai encore découvert chez Fatima, ses filles Nadia et Marya de 19 et 29 ans, chez Addi le mari et père, qui tient le café, et leur fils Mehdi. Quelle énergie et quelle douceur ! Dans l’ouverture et la simplicité. J’ai été tellement marquée par cette joie profonde en chacun d’eux que j’ai exprimé à Nadia mon étonnement et mon émerveillement de tout ce qu’ils dégageaient dans leurs yeux et dans leurs rires, avec sa famille. Je trouve des étincelles dans leurs yeux, une force et un bonheur profond et immense ! Une confiance et une Reconnaissance ! Nadia les yeux pétillants et en riant m’a dit : « C’est grâce à Dieu tout ça, oui ! Il nous comble de joie, moi et ma famille ! Hamdoulah ! On a beaucoup de chance, oui ! » Et elle continue de rire ! Quelle incroyable beauté cette famille ! Surprenant !

 

Inversement, quand ils parlent de l’avenir, de quelque chose d’incertain ou de l’amélioration de la santé de quelqu’un : « Inch’Allah » rappelle toujours que l’Avenir est dans les Mains de Dieu : « Si Dieu le veut !»

 

J’aime cette formulation qui rappelle que nous n’avons pas le pouvoir sur tout comme nous aimerions parfois. Que tout ne nous appartient pas. Accepter que ça nous échappe. Dans la confiance cependant que ça peut s’améliorer, car Dieu peut faire de grands miracles ; ou dans la confiance que si ça ne s’améliore pas, une force venue d’Ailleurs pourra incroyablement nous aider pour traverser tout cela. Une force qu’on n’estime pas sans l’avoir connue.

 

« Inch’allah » nous ramène à notre Nature d’Homme, dans nos fragilités et notre grandeur, si l’on accepte de recevoir ce qui nous est donné, à travers le Lâcher-prise et l’accueil tout à la fois de l’extraordinaire venu d’Ailleurs !

 

Le troisième mot, qui est celui qui m’est venu en premier auprès de papa à l’hôpital de Midelt est « Bismillah ar-Rahman ar-Rahim ». Comme une demande, pour le soigner, le confier entre Ses Mains et qu’Il agisse du mieux possible pour sa santé. Etrangement, je n’arrivais à prononcer que ces paroles, alors que le reste du temps, je n’arrive pas à bien les formuler. Je le disais sans crocher, sans balbutier, ça sortait tout seul et en flot… Incroyable cadeau encore de Notre Dieu, Allah, à tous …

 

Bismillah est aussi une manière de confier de manière générale nos actions dans les mains de Dieu, tout en reconnaissant ce qu’il nous donne. On peut ainsi le dire avant de manger, avant de conduire, ou en rentrant dans une maison. C’est une relation encore, avec Dieu, pour signifier qu’il est avec nous au quotidien, en reconnaissant sa Présence, en étant en communion dans nos actions, avec Lui.

 

C’est d’ailleurs par le mot « Bismillah » que frère Jean-Pierre Schumacher a commencé notre Rencontre. En confiant ce partage aux Mains de Notre Dieu, Dieu des Hommes.

RL

Souvenirs d'un voyage au monastère Notre-Dame de l'Atlas à Midelt
Souvenirs d'un voyage au monastère Notre-Dame de l'Atlas à Midelt
Souvenirs d'un voyage au monastère Notre-Dame de l'Atlas à Midelt
Souvenirs d'un voyage au monastère Notre-Dame de l'Atlas à Midelt
Souvenirs d'un voyage au monastère Notre-Dame de l'Atlas à Midelt
Souvenirs d'un voyage au monastère Notre-Dame de l'Atlas à Midelt

Souvenirs d'un voyage au monastère Notre-Dame de l'Atlas à Midelt

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5 janvier 2017 4 05 /01 /janvier /2017 10:07

Roberte est le maillon central de la visite de Fadila dans le Jura. Voici ce qu'elle écrivait au retour de Midelt le 21 septembre 2016.

 

Avant la projection du film « Des hommes et des Dieux », je ne connaissais pas l’histoire des moines de Tibhirine. Je suis très touchée par ce qu’ils ont vécu et j’ai cherché des livres les concernant pour mieux les connaître et comprendre.

 

Ce départ pour Midelt, je l’ai préparé spirituellement car je voulais partir en essayant d’être dans « l’esprit de Tibhirine » et c’est comme cela que j’ai découvert « L’ami parti devant » de Fadila Semaï. Je l’ai lu avec beaucoup d’émotion. J’en parle à Lulu qui me dit « Ecris-lui ! ». Ce que je fais, et je lui propose une rencontre avec notre association ADN-MANV. Peu de temps après, elle me répond. En voici quelques lignes :

« Vous me parlez de votre désir de vous préparer spirituellement à l’esprit de Tibhirine. Si je peux me permettre, voici comment : « Se tenir pauvre devant l’autre, se laisser ‘déranger ‘ et toucher ». C’est selon moi une voie privilégiée pour chaque rencontre. »

 

A ce jour, j’ai écrit une autre lettre, qui est partie de Midelt, car elle me dit qu’elle serait favorable à l’idée de nous rencontrer. Je lui pose alors la question : « Comment allons-nous pouvoir nous organiser avec vous pour la rencontre : frais de voyage, séjour, et organisation ? » (voir l'annonce des rencontres sur le Jura avec Fadila pour la 2ème semaine de janvier 2017)

Roberte, Fadila, et les moines de Tibhirine
Roberte, Fadila, et les moines de Tibhirine
Roberte, Fadila, et les moines de Tibhirine
Roberte, Fadila, et les moines de Tibhirine

Me voici à Midelt. Durant ce séjour, j’ai vécu des moments très forts. Pendant les journées, j’ai pris le temps de réfléchir et me ressourcer, lire et méditer.

 

En allant aux offices monastiques, j’ai aimé ces moments de prière, de silence, de chants. (Frère Antoine, lorsqu’il chantait, donnait l’impression de chanter et danser avec son corps. Très impressionnant !)

 

Je pensais souvent à ces frères moines assassinés, et je les portais dans mon cœur, et j’essayais d’être en communion avec eux et le Christ.

Lorsque j’entends le muezzin, je pense à frère Christian, et à l’ami algérien (parti devant) et à ce moment-là, je ressens beaucoup d’émotion, de cette relation entre chrétien et musulman.

 

Quelle joie et quelle émotion de rencontrer frère Jean-Pierre (rescapé de Tibhirine). Nous avions rendez-vous dans la salle du mémorial de Tibhirine. Nous étions assis près de lui. J’étais intimidée et respectueuse devant un tel homme. Un homme doux, calme et qui dit n’avoir jamais ressenti de haine pendant et après le drame.

Plus tard, j’ai eu l’occasion pendant un court instant de me retrouver seule avec lui. Nous parlions de Lulu et de notre équipe qui était en train de faire du jus de pommes. Il était heureux et émerveillé. Puis en discutant, je lui avoue qu’en moi, j’ai beaucoup de peur, et de pouvoir donner sa vie comme ses frères et lui l’ont fait, je ne sais pas si je pourrais !

« Nous aussi, on a eu peur, me dit-il, mais il faut garder confiance, et si nous gardons cette confiance, le Christ sera là jusqu’au bout ! »

Roberte le 21/092016

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27 septembre 2016 2 27 /09 /septembre /2016 10:00

Que d'émotions vécues dans ce petit coin de paradis qu'est le monastère Notre Dame de l'Atlas à Midelt.

C'est l'heure de repartir à Fès, juste après la messe du matin célébrée par frère Jean-Pierre l'Ancien.

Les moines nous ont tous fait la bise, les adieux très difficiles, les sœurs de Tatiouine nous faisant promettre qu'on reviendrait.

Inch Allah !

 

Ci-dessous, vous découvrirez des photos en diaporama

 

Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7

Le retour brutal dans les embouteillages de Fez nous ramène à la réalité.

Nous y arrivons à midi pour retrouver avec une joie inexprimable Jacques et Elisabeth qui nous attendent impatiemment à la terrasse d'un restaurant.

Retrouvailles, vous vous en doutez très émouvantes.

Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7

Rachid notre chauffeur et notre guide nous fait découvrir Fès... 

Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7

Nous visitons un atelier de poterie ! Marc prend la place d'un ouvrier qui façonne des pièces pour les ouvrages en mosaïque ! Quels artistes travaillent là !

Le patron nous met au défit de trouver une erreur sur la mosaïque d'une table. C'est Jacques qui la trouve... 

 

Vous pouvez faire une petite visite de cet atelier en un clic : Art d'Argile

Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7

Ensuite Rachid nous fait découvrir les tanneries. A l'accueil, on nous offre quelques branches de menthe... Ce sera notre masque à gaz... Le guide de la tannerie sont heureux de savoir que nous venons de Dole, ville où le père de Pasteur a été tanneur. 

 

Si vous voulez en savoir plus sur les étapes de la préparation des peaux, ce blog (clic) vous dira tout ou presque tout !

 

Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7

Et pour finir cette journée en beauté, nous allons au restaurant Al Fassia, pour une soirée typique marocaine, avec musiciens, magicien, danseuses du ventre tout en dégustant un bon tajine d'agneau ou de poulet.

La nuit va être courte ! Il faut se lever à 4h du matin pour prendre l'avion du retour !

Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
Retour de Midelt #7
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Retour de Midelt #7
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26 septembre 2016 1 26 /09 /septembre /2016 10:00

Dernier jour à MIdelt...

 

Balade dans les souks:

 

Voir les photos en diaporamas

 

 

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Messe concélébrée avec Lulu et partage avec les Soeurs Missionnaires de Marie

Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6

Marc fait des pates de fruits.

Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6

Visite de la galerie d''un peintre dont plusieurs tableaux ornent la l'hôtellerie, et l'église.

Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6

Lundi matin, dernière messe matinale, et adieux émouvants. Jeannot offre les dessins de Béa à fr. Jean-Pierre.

Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
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Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
Dernier jour à Midelt #6
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25 septembre 2016 7 25 /09 /septembre /2016 06:37
Homélie de Lulu à Midelt
Homélie de Lulu à Midelt
Homélie de Lulu à Midelt
Homélie de Lulu à Midelt
Homélie de Lulu à Midelt
Homélie de Lulu à Midelt
Homélie de Lulu à Midelt

MIDELT, dimanche 18 septembre 2016

 

Frères et sœurs, chers amis, vous tous,

Grâce à vous amis de Midelt, de la communauté de Notre Dame de l’Atlas, des religieuses franciscaines, missionnaires de Marie, nous avons appris que nous sommes héritiers…

Vous avez pour nous, un testament… Un héritage inouï nous est donné, venant de Tibhirine. Cet héritage est là chez vous, et il parait que vous ne voulez pas le garder rien que pour vous.

Plein de graines de la non-violence peuvent être ramassées par nous en vous rencontrant… Autant que nous le voulons… Oui, nos noms à tous sont couchés sur ce testament. Pas d’exclus pour l’héritage. Tous invités au festin.

 

Qu’est-ce que nous avons bien fait en quittant la France, le mardi 13 septembre, de faire de la place, non seulement dans nos valises et dans nos sacs à dos, mais aussi dans nos cœurs, au plus intime et profond de nos êtres, là où se fait le travail de la conscience. Nous avons essayé de lâcher prise, par rapport à beaucoup de choses bien empêchantes. Ce travail, moi en premier, j’ai senti que j’avais à le faire. Nous avons commencé à nous réjouir, que des fois, ce sont les autres qui réussissent à réaliser, ce que je pensais être le seul capable de faire. Mais aussi toute une lutte, un combat, que nous avons commencé, et maintenu, dans la préparation de notre séjour à Midelt. Nous avons alors découvert, que le seul combat qui compte dans l’existence, ce n’est pas celui de « l’avoir », d’accaparer les biens et de mettre de côté de l’argent… « Nous ne pouvons pas servir deux maîtres à la fois : Dieu et l’argent. » (Luc16 13) mais d’avancer les uns grâce aux autres, en approfondissant et développant nos qualités « d’être », de tout faire notre possible, et même l’impossible, pour nous démunir de nos pouvoirs, de nos avoirs, et de nos savoirs, en les mettant au service des autres, de tout faire, pour que celui qui n’a pas de place, en trouve une, où il va s’épanouir… Nous avions même deviné, que ça pouvait nous demander un jour, de donner notre temps… Un peu… Beaucoup… De notre emplacement… Afin de faire la place à l’autre, et peut être un jour de notre vie… Donner notre vie.

 

Nous avons pas mal lu de ce que vous avez écrit… On a beaucoup su, grâce au film « Des Hommes et des Dieux », que certaines personnes qui vous sont chères, ont écrit cela en lettres de sang… pas avec le sang des autres, dans la violence… mais avec leur propre sang dans l’amour. Et ils ont réalisé cela, parce que dans leurs prières, comme celles que vous nous rendez possible dans cette messe, ils demandaient à Jésus, lorsque surgissait tant de violence, qui les assaillait : «  Désarmes-les Seigneur… arrête leurs armes et leurs violences… », mais ils s’étaient repris dans leurs prières et s’étaient mis à dire : « Désarme-moi tout d’abord… aide-moi à ôter la violence qui est tapie au profond de mon être… »

 

Nous sommes heureux aujourd’hui, de vous dire, qu’en repartant de chez vous, demain, nous ne serons pas tout à fait les mêmes que lorsque nous sommes arrivés. Fort probablement parce qu’il y a eu entre vous et nous, écoute mutuelle et rencontre. Le creux que nous avions fait en nous, s’est rempli de votre présence et de celle des amis partis devant, dont vous êtes les messagers. Les livres et les mails que nous avions lus de vous, nous avaient préparés à vous voir, à vous entendre, et à vivre avec vous l’embrassement. Nous nous sommes reçus les uns des autres, dans une sorte d’immédiateté, que nous pouvons appeler : la fraternité, la communion, le fait de nous découvrir et reconnaitre, enfants bien aimés du même Père. Qu’est-ce que nous avons bien fait de réaliser un vide grenier, de faire de la place pour loger dans notre pâte humaine, le levain et ferment que nous avons découvert dans vos manières de vivre, d’aimer, de chanter, de rire, rigoler et prier. Vous nous avez aidés à devenir « Héritiers de Tibhirine ».

 

En vous écoutant tous, moines et habitants de Midelt, Omar, Baha, Soufiane, Corinne… En vous regardant sœurs franciscaines missionnaires de Marie, Barbara et Maria à Tatiouine, où nous aurions tant voulu aller, il y a plein de graines de non-violence, d’amour et de tendresse, dans un climat de justice et de respect du droit, comme le dit et le vit le prophète Amos… Tout ça est venu de vous à nous… Avant-hier, nous avons été heureux d’entendre se confirmer les bonnes nouvelles de la santé de Paul, ami de Rosaline, de la santé de Jacques, le mari d’Elisabeth, les parents de Rachel, de la santé de Béatrice l’épouse de Jean-Luc. Mais pour être vrais, nous continuons de lutter pour traverser les moments difficiles de la réalisation de notre petite communauté… Comme à Tibhirine, lorsque tes compagnons et toi Jean-Pierre, vous vous demandiez : « Faut-il nous en aller, et fuir, ou bien rester et aimer ?» « Petits oiseux sur la branche… ? Ou bien branche pour les petits oiseaux ? »

 

Tu nous as beaucoup marqués Jean-Pierre, par ce que tu nous as dit de votre vie dans votre communauté de Tibhirine, dont nous sommes les héritiers. Nous sommes en train de nous dire aujourd’hui à Midelt : « Est-ce que nous continuons de changer nos cœurs et nos comportements ou si nous en restons au point où nous en étions lorsque nous sommes arrivés ? Est-ce que nous assumons notre héritage de la non violence, ou si nous nous en désintéressons ? »

 

Il y a des moments où j’ai eu peur de moi… J’ai eu peur de ne pas tenir… J’ai eu peur de vous aussi à certains moments, chers amis. Et puis voilà qu’est venu comme un grand vent… Qui nous a fait du bien à tous… chacun en a reçu sa part… surtout après le moment merveilleux où nous avons parlé avec toi Jean-Pierre… C’est incroyable ce que tu nous as donné quand tu nous as confié ton questionnement : « Pourquoi Amédée et moi, nous n’avons pas été pris, et emmenés dans l’enlèvement avec nos sept frères ? »

 

Alors on a ressenti comme un souffle porteur de douceur et de recherche de ce qui est droit et juste en même temps. Nous avons un peu mieux compris, pourquoi Jean-Pierre, vous avez été survivants Amédée et toi. Nous sommes en train de continuer à faire de la place dans nos êtres à cet héritage  de Tibhirine. Il y a quelque chose qui nous vient de là-bas, qui traverse la frontière entre l’Algérie et le Maroc, cette frontière que l’on dit impossible à traverser.

 

Davantage que quelque chose, ce souffle ne serait-il pas l’esprit de quelqu’un ? Celui-là qui nous pousse à trouver notre place, en donnant notre place aux autres : « Après vous les amis ! »

Est-ce que ce ne serait pas pour cet héritage, que nous sommes survivants nous aussi, de combien de naufrages et de difficultés que nous avons traversés.

Héritage de l’amour,

Héritage pour nous : « Laissons les autres nous aimer »

Héritage pour les autres : « Aimons nous les uns les autres. »

A cette force d’aimer, les autres aussi ont droit d’accès et de connaissance, dont ils sont les héritiers.

Est-ce que ce n’est pas ça qui donne sens à la traversée de nos épreuves, qui nous laisse survivants nous aussi afin de donner ce que nous ont légué les amis partis devant.

 

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Présentation

  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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