Voici son témoignage :
"Comment découvrir la part lumineuse de chaque être humain, lorsqu’elle est obscurcie par la désespérance et l’effroi qu’engendre une trop grande précarité ?
Les baraquements, ce mot à mon esprit me ramène à mon enfance, où se mélange souffrance, jugement, rejet, étiquette, regard. On nous rend responsable de la misère de nos parents, que ce soit à l’école ou dans la rue, on ne demande pas à naître. On grandit dans un milieu qu’on n’a pas voulu « bagarre-alcool » et pourtant par le regard qu’on nous jette, cette réputation qui nous colle à la peau « baraquement » qui veut dire « pouilleux, mal habillé, pas fréquentable », dans ces conditions, comment ne pas engendrer chez nous enfant, une haine de l’autre, de la société plus tard ?
Aujourd’hui, je veux témoigner, surtout auprès des jeunes, pour qu’ils puissent à leur tour, transmettre un message pour changer le regard des gens.
Je n’ai plus honte de ce que j’étais, car j’ai retrouvé la paix en moi, grâce à me foi, et l’amitié que j’ai rencontrés. Dieu a mis sur ma route des personnes pour me reconstruire, rallumer la flamme de l’espérance qui m’avait quitté.
Il faut l’amour et la compréhension de l’autre pour combattre la misère. Mais j’ai surtout appris que c’est à travers sa propre souffrance, par l’épreuve que l’on rencontre Dieu.
Mon arme aujourd’hui c’est témoigner pour faire exister les Sans-Voix.
Mais j’ai besoin aussi des autres, de vous, car seul, on ne peut rien, la volonté ne suffit pas, la relation avec d’autres est absolument nécessaire pour s’en sortir.
J’ai vécu la méchanceté des gens, nous empêchant même de parler, d’avoir la capacité de penser, et donc d’imaginer un avenir meilleur. Certaines familles vivent encore cela aujourd’hui.
C’est pour cela que je suis ici aujourd’hui vous apporter un message au nom des exclus, de cette société, dans cette ville qui représente l’Europe.
Chacun de nous peut se trouver à la croisée des chemins, même à son insu, et devenir un instant la boussole qui permet à un autre de poursuivre sa route, vous pouvez être de ceux-là.
Souvent, on se donne la main en disant le Notre Père. Alors soyons unis pour combattre les injustices : personne ne doit rester sur le bord du chemin.
L’amitié est une fleur qui pousse sur la tige du cœur, cultivez cette fleur dans votre jardin intérieur, elle s’épanouira en vous et deviendra compagne de votre route et deviendra espoir pour ceux que vous croiserez."