J’ai eu l’immense joie de passer quelques jours à Jérusalem avec Lulu et de l’accompagner pour « lui ouvrir la route » entre Jérusalem et Bethlehem.
Bénévole depuis quelques années à la Maison d’Abraham à Jérusalem, j’ai retrouvé Lulu en pleine forme dans cette maison de pèlerins du Secours Catholique. Nous ne nous étions pas revus depuis 35 ans. Des retrouvailles pleines d’émotions et de joie !
Lulu m’a raconté son arrivée à Haïfa où il débarqua sans Isidore resté à Athènes. Il fût tout d’abord refoulé par les autorités israéliennes. L’intervention de Valérie, épouse d’un diplomate, lui a permis de se sortir de cette fâcheuse situation.
C’est avec une ânesse qu’il prénomma Joséphine qu’il put rejoindre la maison de l’Oasis à Tibériade chez Annick et Georges (originaire de Besançon).
Après une nuit de repos il reprit les routes de la Galilée en direction de Jérusalem, en passant par Jénine et Naplouse. Il dut alors se séparer de Joséphine car ses sabots trop usés ne lui permettaient pas de poursuive le chemin. Lulu l’offrit de bon cœur à une famille palestinienne qui l’avait accueilli.
J’ai eu le plaisir de servir de guide dans Jérusalem et ses environs et lui de m'évoquer les Ecritures Saintes avec son style qui me convenait parfaitement.
Très vite, je me suis aperçue que Lulu ne savait plus gérer le temps. Nous avions des impératifs horaires à respecter et c’est pourquoi il me fallut m’imposer comme gardienne du temps ! Heureusement Lulu était très obéissant. Dans la phonétique arabe, le U se prononce OU, Lulu était appelé Loulou par le personnel palestinien.
Sur sa demande, nous nous sommes rendus le 13 juin à Abu Gosh et avons évoqué le chemin d’Emmaüs, puis nous nous sommes dirigés à l’Abbaye de Latroun, pour y saluer des moines trappistes, Frère Marie Bernard et Frère René, amis de Jean Marie Muller. Appartenant à la même communauté des moines de Tibhirine, nous avons commémoré ce drame avec l'un d'entre eux. Puis nous sommes repartis avec une bouteille des fameux vignobles de Latroun.
Le 14 Juin, nous avons visité les lieux Saints du mont des Oliviers, la vieille ville puis nous nous sommes rendus au Saint Sépulcre lieu de la crucifixion et de la résurrection du Christ.
J’ai proposé à Lulu de nous rendre à la Custodie de Terre Sainte afin d’y rencontrer Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef de la revue Terre Sainte. J’espérais ainsi qu’elle puisse mobiliser une équipe télévisée de la chaine KTO à Bethlehem. Elle nous a informés que de nombreux pèlerins arrivaient à pied en Terre Sainte et qu’il lui était difficile de couvrir chaque arrivée. A cet instant Lulu pris la parole et j’ai senti que le courant passait entre eux. Il faut reconnaître que Lulu a l’art d’entrer en relation et c’est en la tutoyant qu’il lui a expliqué sa vraie démarche. Elle a survolé son blog, pris des notes, puis téléphoné à l’équipe télé. C’est ainsi que dans la soirée, Daniela, journaliste, m’appelait pour m’annoncer qu’ils seraient présents à 6 heures du matin le lundi 17, jour du départ pour Bethlehem.
Le samedi 15 juin, jour du shabbat, nous nous sommes rendus au mur des lamentations. Une kipa sur la tête, Lulu est allé prier au mur.
Puis nous nous sommes dirigés sous un soleil de Plomb au Cénacle, lieu où le Christ a pris son dernier repas avec les apôtres dont il est fait mémoire à la consécration. Lieu également où l’on situe la Pentecôte.
Le dimanche 16 juin les bénévoles de la Maison d’Abraham ont désiré faire un chemin de croix avec Lulu à la via dolorosa qui traverse les souks palestiniens.
Cette même journée Elisabeth et Jacques, leur fille Rachel, Thérèse la soeur de Jacques et une amie Marie-Pierre sont arrivés à Jérusalem. Cela a été un moment de grande joie pour eux tous, de se revoir avec Lulu. Je rappelle qu’Elisabeth est la personne qui était en contact avec Lucien pour donner les nouvelles sur le blog.
Lundi 17 juin Bethlehem, le grand jour. Nous avions décidé que je l’accompagne pour ouvrir le chemin afin d’emprunter la route des anciens pèlerins appelé aussi route des étoiles. J’avais pris soin de faire écrire sur un papier le nom de Bethlehem en arabe.
A 6 heures, Lulu habillé d’un tee-shirt marqué « a la r’voyotte » ramené par les amis jurassiens, était prêt pour cette dernière étape.
L’équipe KTO présente sur les lieux, pu effectuer quelques prises face à Jérusalem. Ensuite Lulu a descendu le mont des Oliviers en traversant le cimetière juif, puis a emprunté la vallée du Cédron en passant devant le tombeau d’Absalon, fils du roi David qui fut édifié au 10ème siècle avant l’ère chrétienne. Le Christ serait probablement passé devant ce tombeau durant sa passion.
L’équipe télévisée a refait qqs prises puis nous fixa un rendez-vous à 10 heures derrière le checkpoint coté Bethlehem. Nous avions également donné rendez-vous à la famille d’Elisabeth, Marie-Pierrre, Valérie, Anne, Claudine vers 11 heures sur la place de la basilique de la nativité.
J’ai marché devant, un portable français dans une poche, un portable israélien dans l’autre pour appeler Valérie en cas de soucis.
Vers 9 h 30 nous commencions à apercevoir les premières maisons de Bethlehem, ville de 30 000 habitants.
Vers 9h 45 nous étions devant le checkpoint. Lulu fouilla alors dans ses poches et m’annonça qu’il avait oublié son passeport. Je suis devenue « verte » !!! Heureusement, il s’agissait d’une plaisanterie. A mon tour, le lendemain matin je lui passai une communication téléphonique en lui annonçant que c’était le Vatican. Ce fut à son tour de changer de couleur.
Nous avons donc passé sans difficulté le checkpoint, impressionnés par ce long labyrinthe de couloir métallique. Nous avons pensé aux habitants palestiniens qui empruntent chaque jour ce parcours en montrant leur laissez-passer afin de partir travailler à l’extérieur.
De l’autre côté du mur, Daniela nous attendait avec le cameraman. Nous les avons rejoints en longeant le mur de séparation entre Israël et les territoires occupés. Murs de béton de 8 mètres de haut sur lesquels des fresques et des graffitis ont été dessinés par des gens du monde entier. Tristes œuvres d’art pour protester contre ce symbole de domination.
A 11 h nous étions comme convenu devant la basilique de la nativité.
Moments d’intense émotion pour Lulu. C’était le terme de son long voyage pour la paix et le désarment nucléaire. Jacques, le mari d’Elisabeth, hémiplégique avait fait ce voyage éprouvant pour être présent à l’arrivée de Lulu à Bethlehem.
Ensemble, nous avons pénétré dans la basilique par une petite porte basse de 1m20, appelée porte de l’humilité. Il y resta longuement en compagnie de Jacques et sa famille puis ils ressortirent pour l’interview de KTO. Puis, c’était au tour de l’AFP.
Le mardi 18 juin au petit déjeuner de la Maison d'Abraham, il y avait exceptionnellement plusieurs femmes revêtues de leur costume palestinien. L’une d’entre elles est venue féliciter Lulu, car elle l’avait reconnu sur l’article du journal « la Voix du Jura » que j’avais collée sur le tableau d’informations. Dans un parfait français, elle nous a expliqué qu’elles venaient toutes de Gaza. Quelques unes d’entre elles étaient professeur de français. Grâce au Consulat de France elles avaient eu l’autorisation de venir 24 heures à Jérusalem, afin de visiter le centre culturel français. Leurs témoignages nous ont profondément émus.
Ensuite nous nous sommes dirigés au carmel de Bet Shemesh. Nous avions rendez-vous avec Stéphanie, ses parents et Valérie. Parcours incroyable de Stéphanie qui a effectué à l’âge de 18 ans le même chemin que Lulu, elle aussi avec un âne. A son retour en France, elle avait annoncé à ses parents qu’elle avait décidé de retourner en Terre Sainte pour entrer au Carmel.
Après le repas, j’ai laissé Lulu avec Stéphanie et ses parents et j’ai accompagné Claudine, psychomotricienne et 2 femmes de diplomate pour nous rendre à Ein Karem afin de visiter un centre d’enfants handicapés israéliens.
Le mercredi 19 juin, jour de mon départ, j’ai quitté LULU le cœur gros, riche de ces moments uniques et inoubliables, consciente aussi que sa famille et tous ses nombreux amis blogueurs auraient souhaité être à ses côtés.
Méditations, larmes, rires, ont ponctués notre séjour. Merci LULU
M.E. CHALON ALLIMANN