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26 décembre 2021 7 26 /12 /décembre /2021 22:13

Dampierre, le 19 décembre 2021

   

OU PEUT BIEN CRECHER LA PETITE FILLE ESPÉRANCE ?


La nouvelle est en train de se répandre à plein d’endroits de la Terre des Hommes : en France, en Franche-Comté, en Europe, en Pologne, en beaucoup de carrefours du Moyen Orient, en Inde …

«  Jean-Marie MULLER est mort » 

Et dans l’immédiat un écho se fait entendre : « Continuons de vivre dans le sillage qu’il nous a tracé »
 

Nous voilà recevant un sacré héritage, celui-là de la non-violence portant dans ses bras une petite fille, la petite fille dont parle Charles PEGUY, « la petite fille Espérance »


Cher Jean-Marie,


Dans ta vie de chercheur du sens de notre existence, tu as découvert comme une étoile dans notre univers : c’est la non-violence. Elle a illuminé ta vie.
Et comme tout vrai chercheur, tu as voulu communiquer et partager ce qui t’étais donné.
Ce fut la passion de ta vie.
Nous allons être nombreux à exprimer notre amitié reconnaissante à ta famille, à ton épouse Hélène, à vos enfants Isabelle et Vincent, à leurs conjoints, à vos petits-enfants.
Les équipes d’artisans de la non-violence que tu as suscitées tout au long de ta vie. Vous n’avez pas cessé de nous faire voir la beauté et la vérité de l’héritage qui nous est donné, en même temps que l’urgence de l’exercer, d’en fabriquer une stratégie, afin d’être efficaces le plus vite possible dans l’établissement de la PAIX.
Nous démettre de nos forces de pouvoir, de savoir et d’avoir, afin de les orienter à être au service de l’évolution de notre Humanité.
Tel est l’appel que nous ressentons.


Elle est merveilleuse la mine des trésors de la non-violence dans laquelle tu nous a fait entrer, Jean-Marie, à la suite de TOLSTOÏ, GANDHI, LUTHER KING, BOLLARDIÈRE, Simone WEILL, les MOINES DE THIBIRINE et bien sûr du galiléen JÉSUS, comme tu aimais l’appeler.


Qu’est-ce que c’est beau et source d’engagement ce que tu as ramassé dans tes nombreux livres et dit dans tes multiples conférences, à propos de la vie actée de tous ces humbles témoins-artisans, d’un monde où l’on cherche à faire de la place, d’abord à ceux qui n’ont pas encore trouvé la leur : les petits et les pauvres de nos sociétés, les gens éprouvés et réprouvés. Combien de fois je t’ai entendu appeler toi et nous à cette attitude politique authentique : « après vous, et non pas d’abord nous » Tout cela nous provoquait et continue de nous interpeler à entreprendre de véritables débats. Nous ne pouvons devenir d’authentiques hommes et femmes politiques que si nous faisons de nos ministères des ateliers de service, d’où sortent des décrets débouchant immédiatement dans des actes qui tiennent compte d’abord de la situation des plus démunis …


Avec Jean DESBOIS et Jean-Pierre PERRIN, tu as été traduit au tribunal, parce que vous exigiez la reconnaissance de votre statut d’objecteurs de conscience. Pour cela vous avez dû renvoyer vos livrets militaires. Afin de ne pas renouveler des drames comme celui de la guerre d’Algérie, dont nous sortions, vous avez mené ces actions non-violentes. L’évêque Guy RIOBE d’ORLEANS a su être à vos côtés. Nous avons cherché à faire de même, là où nous vivions. Nous avons senti à travers ce « Procès à ORLÉANS » la nécessité de nous laisser habiter par le souffle de la non-violence. Vous nous avez fait comprendre qu’il en allait de l’avenir de notre Humanité.


En effet une idole était érigée sur les autels des États. C’était la bombe nucléaire. Au regard des détenteurs du pouvoir, nous devions tous nous incliner sous sa protection. Tu as su Jean-Marie nous appeler à la déboulonner. Nous étions de tout notre être solidaires de vos engagements quand avec des gens comme Jacques BOLLARDIÈRE, Jean TOULAT et Brice LALONDE, vous êtes allés dans le Pacifique sur ce petit bateau, le FREE, afin d’empêcher la poursuite de ces actes criminels que sont les essais nucléaires dans l’océan, comme ceux que nous avions commis dans le SAHARA quelques années auparavant. Tu nous a aidés à analyser les causes et les conséquences de ces violences faites à notre Humanité.
En procédant à de tels essais nous détruisons la Terre notre Mère. Nous affamons nos frères et sœurs, en Humanité, en les privant du pain quotidien, et en méprisant leur dignité.


C’est pour enrayer ce désastre, qu’à beaucoup d’endroits se sont constituées de petites équipes du mouvement pour une alternative non-violente, le M.A.N.V. En Franche-Comté, la région où tu es né, nous avons créé un petit groupe d’amis résistants à la violence nucléaire, institutionnalisée par notre État.
Pour avancer dans ton sillage Jean-Marie, nous nous sommes fédérés avec le groupe M.A.N.V.de DIJON. Nous faisons partie d’ICAN. Dans plusieurs villages et villes de notre région, nous plantons de petits GINKGOS BILOBA et avec les conseillers municipaux et le Maire, nous demandons instamment que le Président de la République Française signe le TIAN. Nous demandons l’arrêt de l’armement nucléaire de la France de manière unilatérale.

 

Jean-Marie, ton épouse, tes enfants et petits-enfants ont été présents à tes côtés jusqu’au bout de ta vie.
Ainsi l’héritage de la non-violence dont tes écrits et tes actes étaient porteurs pouvaient continuer à parvenir aux 4 coins du monde.
Je n’oublierai jamais qu’après le drame de l’enlèvement des moines de TIBHIRINE en ALGÉRIE, tu as écrit un livre sur la vie de ces témoins et artisans de la Paix durant les années noires subies par le peuple algérien. Parmi tous les gens que tu as interviewés, il y a le frère Jean-Pierre SCHUMACHER qui vient de mourir un mois avant toi, le 21 novembre.
Tu avais dédicacé et offert ton livre sur les moines de TIBHIRINE, à notre ami jurassien Gaby MAIRE, assassiné le 23 décembre 1989 à VITORIA au BRÉSIL.
Gaby lui aussi, avait voulu donner sa vie à ceux qu’il aimait.


Les paroles mises en actes par tous ces témoins, ne sont-elles pas l’expression de cet évangile de la NON - VIOLENCE que tu as écrit et vécu. Jean-Marie, célébrant et reconnaissant qu’à NOËL le Verbe se fait chair. Notre Humanité ne peut être libérée que si elle se laisse évangéliser par le souffle de la non-violence que nous font respirer les petits et les pauvres.

Merci et amitié reconnaissante à vous Jean-Marie, Jean-Pierre, Gaby et combien d’autres amis de la non-violence, de vous retrouver en ce temps de Noël afin de nous faire voir où crèche la petite fille Espérance.
 

Réjouis-toi Jean-Marie. Le pape François a pris le relais de cet évangile de la non-violence, le chemin de la Paix par le désarmement unilatéral. 
Tu as tellement interpellé les évêques de France, à nous entrainer sur ce chemin de la non-violence, que ça va se réaliser au moment de votre mort Jean-Marie MULLER, Gaby MAIRE, Alice DOMON, Léonie DUQUET, Jean-Pierre SCHUMACHER, Desmond TUTU.

 

Lulu
 

Jean-Marie à Dampierre invité par l’association ADN en avril 2015

Jean-Marie à Dampierre invité par l’association ADN en avril 2015

Les obsèques de Jean-Marie seront célébrées ce 27 décembre à 14h30 à Fleury-les-Aubrais.

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15 décembre 2021 3 15 /12 /décembre /2021 12:32
Lettre au frère Jean-Pierre Schumacher

Acey, le 21 novembre 2021


« EN FAIT, N’ÉTIEZ VOUS QUE SEPT A TIBHIRINE, DANS LA NUIT DU 27 MARS 1996 ? »


 Le chef du commando qui commet le rapt des moines de TIBHIRINE dans la nuit du 27 mars 1996, s’écrie fortement à un moment en disant :
« Il y en a bien sept ? »


 C’est dans ce brouhaha dramatique que sept frères sont violemment emmenés, probablement par un groupe armé de djihadistes. Leur chef pensait emmener tous les moines du monastère, persuadé qu’ils étaient sept. Ainsi tout cet îlot de résistance non-violente serait annihilé.
 C’est ainsi que les frères Amédée et Jean-Pierre ne furent pas emmenés. Pourquoi les mains des ravisseurs ont tickletté à la porte de leur chambre à l’un et l’autre, et ne sont pas allés plus loin afin de les chercher et de les emmener avec les sept autres.
 Cette question a dû longtemps tarauder vos êtres chers Amédée et Jean-Pierre… Ça a dû tirailler dans le fond de vos consciences jusqu’au moment de votre mort, la tienne en 2008 Amédée et la tienne Jean-Pierre, aujourd’hui 21 novembre 2021.


Jean-Pierre, nous venons d’apprendre ta mort dans l’enceinte de l’ABBAYE D’ACEY par les frères moines. C’est eux, Benoit, Jean-Marc, Philippe, Bernard, Godefroy et tous les autres… ils avaient été les facilitateurs des liens indéfaisables de l’amitié qui commença de naître entre vous et nous. Comment avait bien pu naître et apparaître cette relation ?


 Un peu, beaucoup, comme si l’eucharistie du dimanche devait se continuer par le repas, Godefroy, nouvel abbé, et les autres frères nous avaient invités quelques hôtes de passage et moi, à partager leurs agapes du dimanche dans leur salle à manger.
 Nous étions en train de manger et apprécier le repas préparé par le frère Julien et servi par le frère Jean-Marc. Je venais de dire avec estime à Julien : « C’est toi qui a préparé cette choucroute pour nous tous avec les légumes de votre jardin… » Julien en compagnie de Jacques et Marie-Bernard, les autres frères avec qui nous mangions… recevaient avec le sourire ce que je tentais de leur dire… lorsque Godefroy agita une petite clochette… Tout le monde se tut. Il avait quelque chose de très important à nous confier, qui venait de lui être apporté : « Le frère Jean-Pierre Schumacher, un de nos frères de Midelt, vient de mourir… » Une émotion profonde gagna le fond de nos êtres à tous…


 Comme dans l’eucharistie, nous prenons conscience en entendant cela que Jean-Pierre semence, fils du meunier de Moselle, tombait en terre beaucoup imprégnée de l’Islam, tel un grain de blé. Jean-Pierre retrouvait ses frères de Tibhirine. Ils n’étaient donc pas rien que sept dans la nuit du 27 mars 1996 à Tibhirine .
 Debout dans la salle à manger afin de nous trouver en réception de cette annonce de ta mort Jean-Pierre … on resta ainsi quelques instants… J’ exprimai aux frères de l’abbaye d’Acey ma reconnaissance pour les liens créés avec toi Jean-Pierre et ma découverte grâce à ce que tu nous avais offert lors de nos rencontres avec toi à Midelt et à Oran, lors de la béatification des sept frères et de leurs 12 compagnes et compagnons.


 Qu’est-ce que Jean-Pierre, tu nous as donc fait découvrir : que nous sommes les héritiers de la non-violence vécue et offerte par tous ces témoins.
 Puis tout le monde s’est rassis à table. Chacun de nous se mit sans doute à écouter les autres raconter comment ils avaient connu les moines de THIBIRINE, et parmi eux Jean-Pierre.
Je racontai un peu à Jacques, Julien et Marie-Bernard et un autre frère, comment cette livraison d’un tel héritage nous était parvenue. Mais très vite d’autres faits surgirent dans l’échange de nos mots et dans la continuation du partage du repas … Je ne tardai pas à trouver un moment, un lieu, un cahier et un crayon et essayer de ramasser comment tout cela nous est parvenu.


 A mon retour de BETHLEEM, afin de continuer à nous démunir de nos violences, je partis avec des amis pour l’Algérie et particulièrement pour TIBIRINE. C’était avec Bernard et Nelly, leur fils Luc, leur frère Claude et moi. C’est Jean-Marie LASSAUCE qui nous conduisit de l’évêché d’Alger jusqu’à THIBIRINE. Quel guide que ce jardinier !
 Les ravisseurs avaient enlevé vos sept amis moines, mais ils n’avaient pas pu détruire l’héritage de la non-violence que vous nous laissiez.


 Au printemps 2014, avec les amis, tout en plantant des pommes de terre dans le jardin irrigué par la source d’en contre haut qui ne tarit jamais, nous apprenions par Jean-Marie LASSAUSSE, qu’Amédée et toi Jean-Pierre, vous aviez dû, au lendemain du rapt de vos sept frères, quitter THIBIRINE pour ALGER.
C’est là qu’Alphonse GEORGER vous accueillit à l’évêché-bibliothèque d’ALGER. Puis vous avez quitté l’ALGERIE pour le MAROC, tout d’abord à FEZ puis à MIDELT.


 C’est grâce aux frères Benoit et Jean-Marc de l’abbaye d’Acey que je me mis en route pour le Maroc en 2015.
 Ne pouvant garder rien que pour moi ce que je découvrais en t’écoutant Jean-Pierre, nous faire prendre conscience que l’héritage de la non-violence n’est pas l’affaire que de quelques-uns mais qu’il est offert à tout le monde. Afin de recevoir cet héritage nous avons organisé en direction du lieu où tu habitais avec quelques autres moines, un voyage dans lequel nous sommes toujours en train d’opérer des déplacements.


En effet il est nécessaire de souvent se remettre en cause, si l’on est déterminé ã continuer de naître à la non-violence.
 Partant pour la capitale de la Pomme au Maroc, MIDELT, nous avions expédié les outils nécessaires à la réalisation du jus de pomme dans ce monastère où Jean-Pierre et quatre autres moines vous viviez à travailler et prier ensemble, essayant de réaliser comme une résurgence de TIBHIRINE en Algérie à MIDELT au Maroc.


 Quel accueil vous nous avez fait, Jean-Pierre, toi survivant de TIBHIRINE, rescapé… moine… membre de la communauté désormais appelée monastère de NOTRE DAME DE L’ATLAS.
Nous sentions dès notre arrivée que toi Jean-Pierre avec tes frères Antoine, Luiz, Nuno et Jean-Pierre Flachaire le prieur, vous vouliez humblement être comme un trait d’union entre l’Algérie et le Maroc.
 Oh les moments que nous avons vécus avec vous tous, dans le parfum des repas et du thé à la menthe préparés par BAHRA et OMAR, les moments où c’était avec toi Jean-Pierre que nous vivions particulièrement le partage, étaient rudement attendus.
 Très vite tu nous avais fait prendre conscience que quand on se reconnaît reliés à Jésus-Christ et à la condition humaine toute entière, une sève originale nous est communiquée. Nous touchons un héritage, celui-là de la non-violence.


 Beaucoup de transformations de nos comportements et de nos êtres trouvèrent et prirent leur origine dans les partages réalisés avec toi et nous tous, Jean-Pierre. On ne revint pas comme nous étions partis ! Nous osions davantage aborder et entreprendre de nous défaire et démunir de nos violences.
« Comment dois-je me comporter en face de celui qui m’a fait beaucoup de mal ? Est-ce que je suis appelé à aller jusqu’au pardon ? Ne dois-je pas entrer en résistance lorsque les structures étatiques des pays dans lesquels je suis, deviennent emprisonnantes. Comment résister et nous démunir de ce dont le pays auquel j’appartiens, menace de mort nos compatriotes et les peuples de toute la Terre ?


 L’héritage de THIBIRINE auquel Jean-Pierre nous avait fait accéder durant ce séjour du 9 au 16 septembre à Midelt était lourd à porter dans l’avion de retour. Nos prises de conscience ne nous permettaient pas de nous en délester en faisant croire qu’on le partagerait. C’est en continuant à le vivre que l’on pouvait donner goût à d’autres d’entreprendre de recevoir cet héritage.


 Cela nous aida à accueillir et recevoir le témoignage de Fadila Semaï dans son livre interpelant « L’ami parti devant »
 D’appels en appels il nous fallait aller recevoir les paroles actées de tous « ces témoins partis devant » C’est ce que vivait Jean-Pierre. C’est ce que nous devrons vivre. Fadila et Rachel m’aidèrent profondément à avancer dans cette direction, ainsi que beaucoup d’autres personnes jusqu’à ceux-là dont on ne s’attendait pas que c’étaient eux qui pouvaient nous aider à changer et nous convertir.


 C’est beaucoup grâce à Zohra et Kheidi et leurs cousins d’Oran, que nous avons pu, le frère Jean-Marc abbé d’Acey et moi, participer à la BEATIFICATION le 8 décembre 2018 dans l’église SANTA CRUZ d’ORAN. Ces deux femmes musulmanes avaient dit : « On fera tout pour que vous soyez dans l’église à ce moment-là »
 J’étais heureux durant la béatification des moines de THIBIRINE et de leurs 12 compagnes et compagnons, des 114 imams qui eux aussi donnaient leur vie pour ceux qu’ils aimaient pendant les années noires … Au cours de la célébration et reconnaissance de ces événements ensemençant la Terre de paix, quel bonheur de me trouver à vos côtés Jean-Pierre et Nuno, à ta droite Jean-Pierre, comme la parole de la bible l’exprime « à la droite du Père »


 Au retour de MIDELT et d’ORAN (la béatification des 19 témoins) nous avions continué de nous écrire avec Jean-Pierre grâce à la médiation de :

Rosaline et Rosine
François et Alphonse
Jeannot et Alain
Rachel et ses parents Jacques et Elisabeth
Roberte et Patrice
Luc et Marc
Maguy et Bernard
Frère Benoit et Antoinette.


Nous avions continué à tendre la voile de nos embarcations en direction des personnes déshéritées, parce que, ne se sachant pas héritières de ce trésor de la non-violence.
Et c’est un peu, beaucoup, que Rachel fut dotée par toi Jean-Pierre, de ce souffle de TIBHIRINE lorsqu’elle entreprit son voyage en août 2018. Nous en aurons des échos intenses et profonds dans son livre qui va paraitre bientôt.


 Le pape FRANCOIS et toi Jean-Pierre, vous étiez humblement rayonnants lorsque vous vous êtes déplacés l’un et l’autre pour vous embrasser, lors de sa venue au Maroc le 31 mars 2019. Lui et toi vous nous portiez dans vos cœurs. Nous vous sentions « investis par le don de l’Esprit, dont la joie secrète sera toujours d’établir la communion, et de rétablir la ressemblance en jouant avec les différences ».


 Mardi ton corps reposera dans le petit cimetière de Midelt, au pied du jardin de Notre Dame de l’Atlas, que surent si bien entretenir Bernard et Marc.
 Amédée et toi vous étiez bien à TIBHIRINE. Nous savons maintenant pourquoi en 1996 vous n’avez pas été pris cette nuit-là.


 Vraiment quand nous irons nous recueillir sur ta tombe à Midelt Jean-Pierre, nous penserons à Amédée dans sa tombe à Aiguebelle, aux sept autres de vos frères à THIBIRINE et nous croirons, et nous croyons déjà aux résurgences les uns des autres, qui sont suscitées sous le souffle de l’Esprit. Déjà vous nous aidez à nous remettre debout et à lutter de manière non-violente pour que place soit faite à ceux qui sont arrachés de chez eux. Travaillons afin que plus aucune guerre ne conduise l’Humanité à l’abîme.

 

Frère Jean-Pierre,
Voici qu’il t’est donné, dans l’acte de ta mort, de rejoindre tes frères de Tibhirine.
Et comme le disait Christian de Chergé dans votre testament,
tu vas pouvoir plonger tes yeux dans ceux de Dieu notre Père et regarder les enfants de l’Islam comme il les regarde.
Depuis là où tu es, envoie de temps en temps quelques messages et signes, afin que dans les affrontements entre les peuples dans lesquels nous sommes plongés, nous apprenions à nous envisager les uns les autres, avec la même clairvoyance qui vous habite, frères de Tibhirine. 

 

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27 mars 2021 6 27 /03 /mars /2021 20:00

Merci à Michel Cool qui chaque jour de ce Carême 2021 nous ouvre des pistes de mémoire, de réflexion, de méditation, sur sa page facebook. 
En ce 27 mars, il a rappelé l'enlèvement des sept moines de Tibhirine. C'est avec son accord que nous publions ici ce qu'il partage sur FB.

Retraite de Carême pour retrouver l'enthousiasme.


Samedi 27 mars : 38e jour. Fête de saint Habib, martyr en Perse.

Le verset : "  J’appelle de tout mon cœur : réponds-moi ; je garderai tes commandements. Je t’appelle, Seigneur, sauve-moi ; j’observerai tes exigences" (Ps 118-19, 145-146).


L'histoire : Il y a 25 ans, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept moines du monastère de Thibirine, en Algérie, étaient enlevés brutalement par un groupe armé. Les spectateurs du film "Des hommes et des dieux" peuvent imaginer cette tragédie et l'effroi qui s'empara des religieux. Ils s'étaient pourtant préparés à cette heure cruciale. Après de vives discussions entre eux, ils étaient parvenus à consentir à cette idée: leur fidélité à l'Évangile et au peuple algérien qui les avait accueillis, et qui souffrait à présent d'un cycle de violences, était de rester au milieu d'eux. Aussi avaient-ils envisagé de boire ensemble le calice de la fraternité suprême jusqu'au martyre. C'est, on le sait, ce qui advint. Mais au moment de l'enlèvement, les moines de Tibhirine, tirés brusquement de leur sommeil, connurent comme le Christ à Gethsémanie, les affres de se sentir abandonné, livré à la barbarie humaine. 


Il y a trois ans, je suis allé en pèlerinage à Thibirine avec mon ami Michael Lonsdale. Il a désormais rejoint Frère Luc et les six autres martyrs dans la béatitude des enfants de Dieu qui furent sur terre des évangiles vivants. Ce pèlerinage me confirma que nous avons tous le Ciel en nous. Encore puissions-nous le dévoiler dans un débordement d'amour ! 


En ce 25e anniversaire, je me souviens quand Michael déposa un bouquet de fleurs sur la tombe de Luc et fit la lecture du testament de frère Christian de Chergé, en étant assis au pied d'un arbre dans le petit cimetière: "J'aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout coeur à qui m'aurait atteint." 


L'intention de prière :  Seigneur de ma vie, par l'intercession des bienheureux moines martyrs de Tibhirine, fais qu'une parcelle du plus grand amour dont ils ont témoigné, se dépose dans mon coeur, afin que je ne vois plus un ennemi ou une menace dans celui qui ne prie pas, qui ne pense pas, et qui ne voit pas les choses comme moi ! 
Seigneur de ma vie, transfigure-moi en ton visage; il reflète l'amour infiniment bon et miséricordieux du Père ! 
Seigneur de ma vie, vient au secours de mon impossibilité d'aimer sans retour !
Seigneur de ma vie, envoie-moi dans le souffle d'un baiser, ton Esprit, pour que mon coeur de pierre se transforme en coeur de chair !   


L'image : La tombe de frère Luc dans le cimetière de Tibhirine fleurie par Michael Lonsdale lors de notre pèlerinage en 2018 (photos crédit Michel Cool). 


DEUX SOURCES FORMIDABLES D’ENTHOUSIASME : L'AMOUR & LA CONTEMPLATION

photos crédit Michel Cool
photos crédit Michel Cool

photos crédit Michel Cool

Un autre message de Marie-Dominique Minassian, qui nous invite à méditer chaque jour jusqu'au 21 mai, 25ème anniversaire de la mort des moines.

 

Chers amis,

Il y a 25 ans, sept frères trappistes de Notre-Dame de l'Atlas à Tibhirine en Algérie étaient enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 par un groupe du GIA, provoquant un immense émoi dans la communauté internationale. Ils entraient ensemble dans une longue marche silencieuse de 56 jours au terme de laquelle nous apprenions l'issue dramatique par un communiqué du groupe armé. 56 jours de silence et d'angoisses pour leurs proches...

Ce chemin de don avait été initié dans le cœur de chacun qui avait choisi de rejoindre ce pays et d'y offrir sa vie.

 

Une démarche en ligne

Nous vous proposons d'entrer avec eux dans ce chemin de don. 56 textes tirés du livre "Heureux ceux qui se donnent. La vie donnée plus forte que la mort" (Cerf, Bayard, Abbaye de Bellefontaine 2020) seront dévoilés jour après jour. Une invitation à vous laisser rejoindre par cette vie qui ne passe pas...

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13 janvier 2019 7 13 /01 /janvier /2019 11:00

Notre-Dame de l'Atlas - Midelt (Maroc)


Bien chers parents, amis, frères et soeurs, Paix et Joie à vous tous !


L’année 2018 a été pour nous un beau cadeau du ciel, tout enveloppé de la grâce de la Béatification de nos sept Frères Bienheureux Martyrs. Le 26 janvier, le Pape François signait à Rome le Décret de Béatification des 19 martyrs d’Algérie. Le 8 décembre, sept frères de Notre-Dame de l’Atlas étaient présents à Oran pour participer à cet événement majeur pour l’Eglise, pour notre Ordre, et pour nous-mêmes en tant qu’héritiers de nos Frères martyrs. En annexe, vous trouverez un bref récit de notre pèlerinage de Midelt à Tibhirine.


La présente lettre circulaire se veut une action de grâces pour les bienfaits que le Dieu de Miséricorde a répandu sur notre communauté au cours cette bienheureuse année.


Action de grâces, d’abord, pour la bonne santé de nos deux Pères Jean-Pierre, si éprouvés en 2017, et qui leur a permis de voyager en Algérie.


Action de grâces, ensuite, pour l’ordination épiscopale, le 10 mars, du nouvel Archevêque de Rabat, Mgr Cristóbal López Romero. Ce religieux Salésien avait déjà servi l’Eglise au Maroc, entre 2003 et 2010, en tant que membre de la communauté de Kenitra et directeur de l’Ecole Dom Bosco. Voici l’une des premières paroles de notre évêque : « Ma mission n’est pas de faire l’Eglise, mais de construire le Royaume de Dieu, plein de paix, de justice, de liberté, de vie, de vérité et d’amour ».


Action de grâces pour la Profession Solennelle de notre Frère Nuno de Sao José, le 31 mai, Fête de la Visitation. Moment fort pour notre communauté qui a rassemblé plus d’une centaine de personnes, parents et amis, chrétiens et musulmans, au monastère. La dernière Profession Solennelle pour Notre-Dame de l’Atlas remontait à 1991, celle de Frère Paul, à Tibhirine.


Action de grâces pour les fruits de la Visite Régulière réalisée, au début du mois d’août, par Dom Benoit, Père Abbé de N.-D. de Timadeuc, délégué par notre Père Immédiat démissionnaire, Dom Eric, d’Aiguebelle. Au cours de cette visite, le 6 août, Fête de la Transfiguration, Frère Antony s’est engagé dans notre communauté par le changement de sa stabilité. Dom Daniel, son ancien Père Abbé au monastère de Caldey, nous a honorés de sa présence.


Action de grâces, encore, pour la réalisation d’un projet que nous attendions depuis longtemps. Une très belle et significative rencontre de trois jours avec des amis musulmans soufis, à Fès, lors du Festival de la Culture Soufie. L’organisateur de cet événement, Mr. Faouzi Skali, nous avait rendus visite en début d’année et avait sollicité notre présence. Fin septembre, nous sommes donc partis quatre frères dont notre aspirant espagnol, Alberto qui, quelques jours plus tard, le 6 octobre, commençait officiellement son postulat à Notre-Dame de l’Atlas.


Pour l’année 2019, nous avons le projet d’aménager un beau mémorial en l’honneur de nos Frères Martyrs, dans l’enceinte du monastère. Une célébration de leur Béatification aura lieu chez nous pour l’Eglise du Maroc et nos nombreux amis musulmans. Notre Eglise se prépare également à accueillir le Pape François qui visitera le Maroc les 30 et 31 mars prochain. Inch’Alla !


Nous ne pouvons pas terminer cette lettre sans évoquer avec une profonde émotion notre Frère Amédée, en cette année de son 10e anniversaire de sa naissance au Ciel.


Les Frères de Notre-Dame de l’Atlas vous souhaitent un Joyeux Noël et Bonne Année 2019.

Bienheureux Martyrs, Luc, Bruno, Célestin, Paul, Christophe, Christian et Michel, priez pour nous

Bienheureux Martyrs, Luc, Bruno, Célestin, Paul, Christophe, Christian et Michel, priez pour nous

Bref récit de notre pèlerinage en Algérie – 6 / 10 décembre 2018


La communauté de Notre-Dame de l’Atlas a eu la grâce de pouvoir aller à la Béatification de leurs sept frères de Tibhirine, ainsi que 12 autres religieux et religieuses, dont Mgr. Pierre Claverie, évêque d’Oran, assassinés pour leur foi, entre le 8 mai 1994 et le 1er août 1996.


Notre pèlerinage a commencé le jeudi, 6 décembre, par un voyage en taxi collectif de Midelt à Casablanca, où les prêtres de la paroisse Notre-Dame de Lourdes nous ont accueillis fraternellement. Le vendredi matin, nous étions six moines, accompagnés par notre cher évêque Père Cristóbal, à prendre l’avion à destination d’Oran. Arrivés vers 14h00, une petite commission d’accueil nous a reçus dans la joie. Un bus nous attendait pour nous amener à l’hôtel où nous avons rejoint des centaines d’amis et de parents des 19 bienheureux martyrs.


Après un bon dîner, nous sommes partis ensemble vers la Cathédrale d’Oran afin de participer à une veillée de prière. Moment riche d’émotions et de témoignages, dont celle de notre Père Jean-Pierre et celle de Soeur Chantal, survivante de l’attentat qui a tué Soeur Odette Prévost.


La présence de nombreux amis musulmans nous a beaucoup touchés, en particulier celle de la maman du jeune Mohamed Bouchekhi, chauffeur et ami de Pierre Claverie, qui a perdu sa vie en compagnie de l’évêque d’Oran, le 1er août 1996. Aussi, celle du fils d’un autre Mohamed, l’ami musulman qui a donné sa vie pour protéger celle du jeune officier français Christian de Chergé, à la fin des années 1950. Des prières chrétiennes et musulmanes ont enrichi cette belle rencontre qui s’est achevée par une procession à la tombe du Bienheureux évêque Pierre Claverie. Chacun des participants y a déposé une bougie allumée, signe de la Vie plus forte que la mort.


Le lendemain matin, nous avons été accueillis chaleureusement à la grande Mosquée Abdelhamid Ben Badis par les autorités religieuses locales et le Ministre Algérien des Affaires Religieuses, Mr. Mohamed Aïssa. Cette visite s’inscrivait dans le cadre de l’hommage de l’Algérie aux 19 martyrs religieux et religieuses chrétiens et aux 114 imams assassinés durant la décennie noire.


A l’arrivée, chacun des participants a reçu une rose des mains de jeunes filles habillées en costume traditionnel. Une brochure nous a aussi été offerte : « Jésus dans le saint Coran ». Suite aux discours des représentants des deux traditions religieuses, nous avons découvert la beauté de ce lieu de culte. La visite s’est achevée par une réception, avec thé et pâtisseries.


Ensuite, nous sommes montés vers le sanctuaire de Notre-Dame de Santa Cruz.
Le ciel bleu et le soleil étant au rendez-vous, la Messe de béatification a pu avoir lieu sur l’esplanade du temple marial où 1 400 personnes environ étaient rassemblées.


Mgr Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran, a prononcé les premiers mots de bienvenue, et après la lecture du testament spirituel de Mohamed Bouchekhi, une minute de silence a été gardée en mémoire des milliers de victimes innocentes de la guerre civile algérienne.


Avant la célébration eucharistique, un message du Pape François a été lu. Pour l’occasion, le saint Père était représenté par le Cardinal Angelo Becciu, Préfet de la Congrégation pour les causes des saints. Pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise, un événement de cette portée se réalisait dans un pays musulman. L’Evangile, proclamé d’abord en français, a ensuite été chanté en arabe par un prêtre d’Oran, le P. Becker. Toute la célébration a été animée par une vivante et joyeuse chorale africaine. Deux moments forts sont à signaler : l’échange d’un geste de paix entre l’évêque d’Oran et les imams présents et la descente d’un grand panneau portant les visages et les noms des 19 bienheureux martyrs qui a suscité les you-yous des femmes et les applaudissements de l’assemblée.


Les trois heures de la célébration sont passées comme un souffle léger, dans une grande sérénité. Pour terminer, l’évêque d’Oran a exprimé sa joie profonde et son immense reconnaissance à tous les chrétiens et musulmans qui ont rendu possible la réalisation de cette fête en Algérie.


Le dimanche, 9 décembre, une centaine des pèlerins ont entrepris un voyage de huit heures en car pour se rendre d’Oran à Tibhirine.


A notre arrivée, les amis de Tibhirine nous attendaient les bras ouverts, à la porte du monastère. Pour notre père Jean-Pierre, qui a vécu à Tibhirine durant 32 ans, il s’agissait d’un retour « chez lui », 20 ans plus tard. Nous avons été témoins de l’émouvante rencontre de notre ancien, âgé de 95 ans, avec ceux qui ont vécu tant de choses avec lui : Mohamed, le gardien, Youssef, Benali, Père Robert, Samir, entre autres.


Pour chacun de nous, la visite au monastère fut courte mais d’une grande intensité. Un repas d’accueil, la célébration d’une Messe d’action de grâce, présidée par le Cardinal Becciu, la visite des bâtiments et une prière silencieuse au cimetière en présence de nos sept frères bienheureux martyrs, et d’autres moines dont les corps reposent en ce lieu. La communauté du Chemin Neuf, qui vit actuellement sur place, était heureuse de nous recevoir et de partager ce moment inoubliable avec familles et amis.

Photos partagées dans l'annexe de la lettre circulaire de la Communauté de l'Atlas
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10 décembre 2018 1 10 /12 /décembre /2018 21:36

Rappel !

Commémoration de l'assassinat de Gabriel Maire, de 10h à 17h.

mise à jour 11/12/2018

mise à jour 11/12/2018

Journée à la carte...

Chacun peut librement participer à un temps ou un autre.  Mais attention ! réservations pour le spectacle à 14h30 (10€/par adulte), contacter l'association "les amis de Gabriel Maire" : amisgaby@yahoo.fr ou par tél 06 28 20 17 20. 

Autres propositions gratuites pour ceux qui n'ont pas de place pour le spectacle.

 

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4 décembre 2018 2 04 /12 /décembre /2018 22:25
Lulu lors d'un précédent voyage en Algérie

Lulu lors d'un précédent voyage en Algérie

L’ALGERIE, LE PAYS Où JE SUIS Né à L’OBJECTION DE CONSCIENCE

 

C’est en Algérie, en plein djebels et dans le fond des oueds, que je suis né à l’objection de conscience. C’est là que dans quelques jours je retourne chercher et ramasser les graines d’action non violente qui ont été semées par les femmes et les hommes de bonne volonté, chrétiens et musulmans qui ont donné leur vie pour que la justice et la paix poussent et croissent sur cette terre.

 

Quand notre papa, petit paysan à Dampierre dans le bas du Jura, voulait semer un blé ou une orge qui pousse bien, il allait chercher un sac de ces graines de semence dans les plateaux du Doubs, à Belmont et Chaux les Passavant, là où notre maman et lui étaient nés. Et nous, les enfants, nous étions émerveillés de voir comment, humblement, ça poussait bien dans nos champs ces graines qu’ils étaient allés chercher dans leur pays natal.

 

De même, j’aime beaucoup chercher avec vous mes amis à ce que dans nos terrains de vie la non-violence, cette force d’aimer dont nous avons tous faim et soif, nous pousse et nous bouscule les uns vers les autres, dans un rapport les uns avec les autres, en sorte que nous fassions de la place à ceux qui n’ont pas encore trouvé la leur. Nous essayons d’ôter nos incompréhensions mutuelles très empêchantes, ces murs de séparation qui nous cassent les uns des autres. Elle est belle cette soif de bâtir des ponts entre nous, de créer au cœur de nos vies, de nos villages et de nos cités des terrains d’asile et d’accueil à ceux qui n’arrivent pas à trouver un coin de terre pour y enraciner leurs enfants, une école pour y apprendre le sens de leur vie, un hôpital pour y soigner leur santé.

 

C’est pour cela que je pars en Algérie à Oran le 8 décembre. Nous célébrerons et reconnaîtrons ce jour-là la façon non-violente dont les moines de Tibhirine et leurs 12 compagnons chrétiens ont donné leur vie à ceux avec qui ils essayaient d’exister… Nous nous dirons qu’il y eut en même temps beaucoup de musulmans et de gens de bonne volonté qui donnèrent eux aussi leur vie pour que les plus petits et les plus pauvres puissent donner le minimum de dignité à l’existence de leurs enfants.

 

Je pars en Algérie dans cette terre qui me vit naître à l’apprentissage du refus de la violence. Je pars voir, écouter, envisager une multitude d’agents de la non-violence. Je sais que les portes des maisons où loge la petite fille espérance me seront ouvertes.

 

Dans mon cœur, dans mon sac à dos, dans ma valise je rapporterai des petits sacs de graines de cette non-violence, de cette façon d’agir qui nous fait refuser l’implacable fatalisme de la guerre et de l’injustice. Je rencontrerai des femmes et des hommes travaillés par l’art de bâtir, guidés par une stratégie de l’action non violente. Nous ferons mémoire des gens qui ne se sont pas laissés vaincre par la haine, qui ont été des résistants à la violence des armes.


Je vous emporte tous dans mon cœur d’ami reconnaissant. Vous le sentez nous allons faire un beau voyage ensemble.

 

Je vous rapporterai ce que j’aurai ramassé afin de l’ensemencer dans nos terrains de vie.

 

Je vous raconterai tout cela avec d’autres personnes, le 16 décembre, à l’abbaye d’Acey durant la journée tournée vers ce sacré témoin de la non-violence qu’est Gaby Maire. Lui aussi a donné sa vie au Brésil pour nous tous, comme l’ont fait avec les Mères de Mai ; Léonie Duquet et Alice Domon en Argentine.

Lulu, le 3 décembre 2018

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28 novembre 2018 3 28 /11 /novembre /2018 08:20

A l'occasion de la béatification des martyrs d'Algérie, le Père Raphaël Deillon, Père Blanc, délégué diocésain pour les relations avec les musulmans sur le diocèse de Marseille, témoigne des années passées dans ce pays avec ses frères et sœurs missionnaires, la communauté chrétienne et nous dit les liens tissés avec ce peuple d'Algérie.

Interview réalisée par le diocèse de Marseille

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24 novembre 2018 6 24 /11 /novembre /2018 15:52

Dampierre le 13 novembre 2018

 

Chers Jean-Pierre l’Ancien et Jean-Pierre le Jeune,
tous les amis moines, Omar et  Bacha, les amies religieuses, 
et tous les membres de la communauté de Midelt.

 


Une profonde et humble joie habite en moi à l’approche du 8 décembre, date où vont être reconnus saints, les moines de Tibhirine vos chers compagnons, ainsi que Pierre Claverie et les onze autres témoins et artisans de la non-violence, sans oublier les noms de nos frères et sœurs de l’Islam que Dieu a écrit sur la paume de ses mains.      

  
J’espère pouvoir être à Oran ce jour-là. J’emporterai dans mon cœur tout plein d’amis. J’essaierai d’être tout proche de vous, même si je ne peux pas entrer dans l’église de Santa Cruz, ce que je comprends.


J’espère bien pouvoir vous saluer de vive voix, vous embrasser fraternellement, et vous exprimer notre reconnaissance. 


Je devine que je pourrai rapporter grâce à vous, tout plein de graines de non-violence, d’amour et de justice, afin de les ensemencer dans le morceau de terre et d’humanité dont nous nous sentons responsables avec mes amis, ici dans le Jura en France.


« A la revoyotte »
Lulu
 

Lettre à la communauté des frères de Notre-Dame de l'Atlas

réponse de frère Jean-Pierre Schumacher :

Cher Lulu,


Avec mes frères et mes amis, dont Baha et Omar, nous te remercions pour ta lettre, tes vœux, et ta joie communicative.


Que le Seigneur lors de ce passage à Oran et de ta participation à la grâce qui va se reprendre de la part du Seigneur sur toute cette assemblée, te comble de graines de non-violence, de justice et d'amour, dont tu es assoiffé. Oh, oui, qu'il en sait ainsi vraiment... je le Lui demande avec toi.


Nous serons heureux de 's'il plait au Seigneur', que nous nous rencontrions là-bas.


Ton frère Jean-Pierre
 

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17 janvier 2017 2 17 /01 /janvier /2017 08:00

En attendant les témoignages sur les graines de non-violence qui ont été récoltées dans le Jura cette semaine grâce aux partages avec Fadila Semaï, nous vous invitons à écouter une interview réalisée le 19 juin 2016 par Loïc Barrière sur Radio Orient.

Un clic !

Ecoutez Fadila Semaï sur Radio Orient
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16 janvier 2017 1 16 /01 /janvier /2017 17:35
De Tibhirine...

De Tibhirine...

Dampierre, le samedi 24 septembre 2016

 

D'UN ATLAS A L'AUTRE, DU FLANC DES DJEBELS ALGERIENS AU CREUX DE L'OUED AYACHI MAROCAIN

 

Lorsque j'étais allé en Algérie en mars 2014, grâce à Luc Chauvin, en compagnie de ses parents Nelly et Bernard et de son oncle Claude, nous avions eu la chance de pouvoir aller à Tibhirine par la médiation du " jardinier de Tibhirine" lui-même: Jean-Marie Lassausse. Nous avions été aidés par Jean-Marie Muller et son épouse Hélène qui nous avaient mis en lien avec Anne et Hubert Ploquin. Ils nous avaient permis d'expérimenter que si nous voulions être des constructeurs d'humanité, il fallait faire habiter en nous et entre nous tous, le souffle de Tibhirine, celui-là de la non-violence.

 

Jean-Marie Muller m'avait dit: "Christian de Chergé et ses compagnons, c'est de l'or pur" Il ne nous avait pas fallu beaucoup de temps pour expérimenter que Tibhirine est un endroit- phare, un lieu-source pour les chercheurs et bâtisseurs de paix. J'avais un peu plus pris conscience (en ce temps-là) qu'un témoin du drame qui s'était passé dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 : le rapt des 7 moines de l'Atlas, un témoin demeurait dans le petit monastère de Midelt au Maroc. Et grâce au frère Benoit de l'abbaye d'Acey, j'allais pouvoir rencontrer ce témoin : Jean-Pierre Schumacher. En effet, la communauté d'Acey, est en liens très étroits avec celle de Midelt. L'une et l'autre sont des abbayes cisterciennes.

 

Avec Benoit, nous étions partis à Midelt en septembre 2015, afin de rencontrer le frère Jean-Pierre et les membres de sa communauté, et beaucoup de gens avec qui ils sont en lien d'humanité et de foi. J'y étais resté 15 jours.

 

J'apprenais par le frère Jean-Pierre lui-même que les deux survivants de Tibhirine qu'ils étaient le frère Amédée et lui, avaient été accueillis aux Glycines à Alger, tout de suite après le rapt de leurs frères moines, par le père Alphonse Georger, qui était à l'époque vicaire épiscopal de Léon Etienne Duval, archevêque d'Alger.

 

Durant ce séjour du 9 au 23 septembre 2015, j'avais continué de goûter et expérimenter, que le souffle de Tibhirine qui avait travaillé les flancs des djebels et le creux des oueds algériens du massif de l'Ouarsenis et de l'Atlas Blidéen, ce souffle et cet esprit ne se laissaient pas encombrer de nos empêchements de frontière, ni non plus, par nos raisonnements casaniers. Je sentais ce souffle à Midelt, dans la manière de vivre et d'aimer qui habitait les membres de la petite communauté des moines de Notre Dame de l'Atlas, Kasbah Meriem, au cœur de la cité de Midelt. Je découvrais que la meilleure façon de capter l'eau vive de Tibhirine, de laisser couler sur nos pieds, en nous et entre nous la non-violence, c'était de se mettre à vivre à la manière des gens de la communauté de Midelt dont la joie secrète sera toujours d'établir la communion et de rétablir la ressemblance en jouant avec les différences dans le sillage de ce qui s'était passé à Tibhirine. J'avais alors dit à nos amis moines, en franc-comtois que je suis, que je trouvais en me laissant rencontrer par eux, que la communauté de Midelt était une résurgence de celle de Tibhirine.

 

J'ai essayé et j'essaie toujours de rapporter avec moi, de pleins seaux de cette eau vive (Jean, 4,10-24). Ou pour prendre une autre image de jardinier qui corrobore celle de la source, je dirais que pendant ce séjour à Midelt, j'avais ramassé non seulement sur mon cahier mais aussi dans mon cœur, un plein-sac de graines de la non-violence. J'ai beaucoup écrit à propos des trésors ainsi ramassés, et, l'incendie de nos maisons le 9 juin de cette année 2016, n'a pas emporté en fumée, la confirmation de la préparation du projet né durant l'hiver 2015-2016 : aller à Midelt avec une quinzaine d'amis, réaliser un jus de pommes dans cette capitale de la pomme marocaine. Mais notre projet était aussi et surtout, de rencontrer le frère Jean-Pierre Schumacher, survivant de Tibhirine, au sein d'une petite communauté dont les frères auraient, eux aussi , beaucoup à nous apprendre. Ce que j'avais vu et entendu, goûté et savouré de ce qu'est la non-violence, la tendresse de vivre et d'aimer, le respect du droit, allait pouvoir être expérimenté par d'autres.

 

Ce que j'avais puisé dans la façon qui habite les moines d'admirer Jésus et de le contempler, allait couler dans l'être de mes amis, eux aussi. J'allais savourer la joie en plénitude, que mes amis accèderaient à des trésors que je n'avais pas encore perçus. Et par là, humblement, le monde entier en serait touché et nourri.

 

Voilà ce qui avait orienté et guidé la préparation, la réalisation de notre voyage du 13 au 20 septembre 2016, en direction de Midelt au Maroc, dans la communauté cistercienne Kasbah Meriem, avec les moines de Notre Dame de l'Atlas.

 

Ce qui allait beaucoup me marquer c'est la tournure communautaire que prenait la préparation de ce voyage. Nous prenions tous des responsabilités selon nos aspirations et nos compétences, pour que soit facile et accessible le voyage des autres et le nôtre. En ramassant sur mon cahier ce que j'écris ce 24 septembre, quelques jours après notre retour, je dis qu'il me semble bien, que ce que j'espérais, s'est réalisé. Nous avons tous fait une sacrée expérience. Chacun des amis-compagnons de voyage, sont en train d'écrire ce qu'ils ont goûté, expérimenté et savouré en se mettant tous proches et à l'écoute de frère Jean-Pierre et de ses compagnons. Quelque chose, comme une sève, nous a été offerte. Nous l'avons reçue, et nous sentons bien que c'est dans le quotidien que nous sommes attendus, pour la faire couler en nous et entre-nous. Tous nous essayons de nous démunir de nos violences et de nos prises de pouvoir. Nous laissons ruisseler la paix entre nous, en faisant place à l'autre, aux autres. Ainsi, nous trouvons notre place.

Ainsi l'humanité se construit.

 

Comme le frère Jean-Pierre, chacun de nous a connu et expérimenté de grandes épreuves, voire des naufrages où tout a semblé sombrer. Nous nous disons : "Mais comment donc, avons-nous pu nous en sortir ?"

 

L'écoute du frère Jean-Pierre, "survivant du drame de Tibhirine", met en chacun de nous, un peu ... beaucoup ... de lumière et de force, pour que nous nous ramassions nous-mêmes, que nous collections les morceaux de nos êtres qui ont volé en éclats, et que nous trouvions raison et sens à notre condition de "survivants dans nos nouvelles embarcations".

Lulu

... à Midelt

... à Midelt

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Présentation

  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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