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17 juillet 2018 2 17 /07 /juillet /2018 20:06
C'est moi qui ai cassé le petit Ginkgo Biloba !

Mercredi 4 juillet 2018

 

    Lorsque Jeannot et moi nous avions constaté que le petit Ginkgo Biloba avait été cassé le samedi 23 juin, je me souviens que dans l’immédiat j’avais rêvé que les choses se répareraient. J’avais pensé qu’un des jeunes qui s’était amusé autour du petit arbre ce samedi-là, viendrait un jour reconnaitre : « le petit Ginkgo Biloba, c’est moi qui l’ai cassé. »


J’avais tout d’abord « porté ma plainte » auprès de vous, amis, planteurs de ce petit arbre, symbole de résilience et de résistance pour empêcher que notre humanité soit anéantie par l’arme nucléaire.


Notre peine était grande, car le terrain communal du fait de la plantation de ce petit arbre, était devenu un étonnant jardin public de rencontres, dans la recherche de rapports non violents entre nous tous, en veillant à ce qu’il n’y ait pas d’exclus pour les fêtes et réunions que nous organisions.


Une de nos amies, Toinette, avait alors écrit dans le journal, le Progrès : « Les enfants de la commune apprennent avec le petit Ginkgo Biloba, qu’un arbre ça se soigne, ça s’arrose, parce qu’il doit vivre longtemps. Il les rend heureux, ce Ginkgo Biloba, qui explique le danger de la violence, de la guerre, de la menace nucléaire.»


Nous avions aussi « porté notre plainte » auprès de vous amis de « Palestine Amitié », planteurs de 1000 oliviers pour la paix. Et Rachel qui est en partance pour faire le tour du monde à la rencontre des « jardiniers de paix », avait suggéré : « Comme à la tente des nations en Palestine où nous sommes allés en 2013, quand on constate la casse d’un olivier, on ne se laisse pas abattre. La solidarité s’organise. On replante deux oliviers. »


A la soirée de la journée des voisins, le 1er juillet à Dampierre, à la table mise au pied du petit Ginkgo Biloba tout pantelant, Jeannot et moi nous avions entendu nos convives nous dire : « On a discuté entre voisins avant que vous n’arriviez. On va se cotiser, et vous offrir un Ginkgo Biloba à replanter à l’automne… » J’avais partagé ce fait à la journée de jeûne d’ADN, lundi 2 juillet…


Qu’est-ce que ça nous faisait mal aussi de nous retrouver aux abords d’un petit Ginkgo Biloba brisé, pour préparer le campement MRJC à l’occasion du festival international pour la paix, qui aura lieu du 2 au 5 août à Micropolis à Besançon.


Qu’est-ce que ça allait être douloureux d’apprendre cette cassure du petit arbre à Diana, Marie-Emmanuelle et Lucile, qui avaient tant de cœur à arroser son terrain d’enracinement. Gilbert leur avait annoncé en octobre 2017, alors qu’elles sortaient de l’école, qu’elles avaient reçu le prix Nobel de la paix, décerné à ICAN ( Organisation Internationale pour demander l’arrêt de l’Armement Nucléaire) Gilbert leur avait expliqué : « Le prix Nobel de la paix vous est attribué à vous aussi, puisque de manière très concrète, vous continuez à faire vivre ce symbole de notre lutte non violente pour demander instamment l’arrêt de l’armement nucléaire de la France de manière unilatérale »


Malgré la cassure du petit Ginkgo Biloba, Jeannot s’était dépensé. Il avait trempé de sueur plus d’un maillot de corps afin de rendre accueillant le lieu-dit « La Source », sise en contrebas de la plantation du petit Ginkgo Biloba. C’est au bord de cette source que nous planterons les tentes du campement MRJC et Mission de France, les 30 et 31 juillet.


Oh, elle était toute petite, très petite mon espérance, qu’un jour, un des jeunes qui viennent se rencontrer pour causer à l’endroit où on a planté le petit Ginkgo Biloba, trouve moyen de dire : « C’est moi qui ai cassé le petit Ginkgo Biloba. » Mon espérance était infiniment petite. Mais elle était. Elle était ancrée, enracinée comme la petite graine de la petite fleur qui arrive à pousser dans le désert. Lorsque Christian de Chergé parlait de l’espérance, quand avec ses frères de Tibhirine, ils la cultivaient dans leur jardin intérieur et communautaire, Christian disait : « La petite espérance nous pousse vers ce qui ne se voit pas »


Chers amis planteurs d’arbres, la petite fille espérance qui essayait de se loger au profond de mon être, afin de me pousser à faire confiance qu’un jour, un jeune trouverait moyen de dire que c’était lui qui avait cassé le petit Ginkgo Biloba, et que tout cela pouvait se réparer, eh bien la petite fille espérance vient de faire surgir une joie intense et humble en même temps, en moi et j’en suis confiant, entre nous tous.
Un jeune gars de 15 ans vient de dire : « C’est moi qui ai cassé le petit Ginkgo Biloba ». Ça s’est passé à la source de notre village de Dampierre le mercredi 4 juillet 2018 en fin d’après-midi et voici comment.


Maryse Marchand m’a ramené dans l’après-midi de la réunion du CA de l’association des amis de Gaby Maire. Nous nous sommes redit à cette réunion, combien ça avait été important de nous laisser habiter par la petite fille espérance dans la lutte que nous menions depuis bientôt 30 ans, pour que soit établie la vérité sur la mort de Gaby, afin d’empêcher et enrayer l’impunité des crimes au Brésil. Nous avions maintenu notre relation notamment avec l’avocate Veronica, et un jour d’octobre 2017, nous était parvenue cette déclaration du juge Feu Rosa : 


« Il ne me reste une fois de plus, qu’à demander qu’on m’excuse, excuses pour moi particulièrement amères.
Excusez-moi France, parce que la mort de votre fils Gabriel reste impunie.
Excusez-moi Eglise catholique de France, parce que notre omission a fait d’un père un martyr.
Excusez-moi Père Gabriel, excusez-moi Père pour l’absence de justice.
Excusez-moi !
Ainsi est décrétée l’impunité, je veux dire, la prescription. »


Je viens de dire Au revoir à Maryse, qui repart en direction de Besançon. C’est alors que Jeannot me téléphone en me disant: 
Jean-Luc : « Je suis en panne avec la tondeuse, dans la pâture des ânes à côté de la grotte préhistorique… Faudrait que tu viennes m’aider »
Lucien : « Je descends te retrouver »


Je prends le petit chemin qui est en dessous chez le pépère et la mémère Tabourot. Jeannot a merveilleusement nettoyé ce chemin pour préparer le campement MRJC. C’est un des chemins de mon enfance. J’arrive à la Source de mon village. Malgré la chaleur torride qu’il fait en ce moment, malgré les orages récents qui ont tout chamboulé son pourtour, malgré les détériorations que souvent nous provoquons durant nos séjours à ses côtés, aujourd’hui encore, au moment où je parviens près d’elle, la Source coule toujours paisible et claire. J’aime entendre le chant de l’eau et le gazouillis des oiseaux qui viennent s’y désaltérer. 


Cinq jeunes ados sont là en train de causer. Certains assis sur leur petite moto et d’autres les mains appuyées sur le guidon de leur vélo. Je les salue. J’en reconnais quelques-uns. J’ai parlé l’autre soir avec eux devant l’église que j’avais ouverte le matin même. Je leur avais dit, sans dramatiser, que le petit Ginkgo Biloba avait été cassé. Ils ne s’en étaient pas aperçus. Je leur avais dit que cela nous faisait une grande peine. En effet nous avions planté ce petit arbre avec les membres de l’association ADN, pour tenter d’arrêter le risque de destruction massive de notre humanité, par la folie de l’éclatement de l’arme nucléaire dans le monde… Et parce que nous voulions que cette menace s’arrête, nous demandions à notre pays La France, de stopper la fabrication et le commerce de l’arme nucléaire de manière unilatérale. Je leur avais dit pourquoi nous avions planté ce petit arbre, parce que c’était lui, le petit Ginkgo Biloba, qui avait résisté et repoussé après l’éclatement de la bombe à Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945. Ces jeunes adolescents m’avaient écoutés je crois. J’avais ajouté que ce serait beau, afin de pouvoir réparer la casse du petit arbre, que celui qui l’avait brisé, sans doute malencontreusement, puisse venir nous le dire. Alors, nous pourrions réparer les choses, maintenir le symbole de paix qui règne en cet endroit.


Je souhaite donc de bonnes vacances à ce groupe de jeunes devant la Source. Je continue mon chemin pour aller aider Jeannot à dépanner la tondeuse. Je n’ai pas fait 100 mètres que j’entends l’un de ces jeunes me rappeler : « Lulu ! Lulu ! » Je suis étonné. Je me retourne. Je reviens sur mes pas. Le jeune qui vient de me rappeler fait quelques pas dans ma direction. Nous nous envisageons, son regard, je me souviens est très clair en même temps que très gêné. Il me dit : « C’est moi qui ai cassé le petit Ginkgo Biloba … Je voudrais en replanter un… »  Je luis dis alors : « Ta parole me touche profondément. J’espérais tant que ce jour viendrait où un jeune me dirait ce que tu es en train de me dire : « C’est moi qui ai cassé le petit Ginkgo Biloba. » Je te remercie, je t’embrasse.


Je vois bien que ce jeune est étonné de la manière dont j’accueille sa démarche. Je sens qu’il se passe aussi quelque chose chez les copains. Je leur dit : « Je vous remercie. C’est avec vous que j’avais causé du petit Ginkgo Biloba l’autre soir. Vous avez sans doute aidé votre copain à dire que c’était lui qui avait cassé le petit arbre. Voilà que grâce à vous et avec vous tous, nous allons pouvoir réparer. On fera ça en novembre de cette année, quand la sainte Catherine sera venue. »


En souriant, ce jeune qui m’apporte tellement de paix me dit : « J’ai fait le jus de pommes avec vous à l’école de Ranchot, avec Mme Nicot, quand j’étais gosse. Je lui demande quel est son beau prénom. En entendant sa réponse, je suis heureux de découvrir que je suis ami d’enfance de sa grand-mère. 


Nous nous communiquons nos adresses. En leur disant au revoir, je me dis en moi-même : « qu’est-ce que j’ai bien fait aussi de ne pas me laisser entrainer dans la violence… le soir où, avec Jeannot  nous avions constaté la casse du petit Ginkgo Biloba ». J’avais été tenté de ne plus vouloir ouvrir l’Eglise, de ne pas laisser les jeunes y emprunter des chaises pour s’asseoir et causer… de ne plus causer avec eux… Et voici que j’ai été comme poussé vers ce qui ne se voyait pas. Et voilà que ça a fait naître la démarche de ce jeune grâce aussi à ses copains … Et puis voilà que le sens est retrouvé de continuer à faire démarrer plein de rencontres à partir du petit Ginkgo Biloba. A ses côtés il se raconte et il se comprend tellement de choses; certes il est cassé, mais vient de surgir en nous tous, grâce à la présence de la petite fille espérance, que nous allons pouvoir continuer la création d’une plénitude de liens et de lieux de paix.


Je continue mon chemin pour rejoindre Jeannot, il est en train de peiner à remonter la tondeuse, je lui dis alors ma reconnaissance pour ce que je viens d’apprendre. C’est à toi en premier que je l’annonce, cette bonne nouvelle : « un jeune vient de me dire que c’est lui qui a cassé le petit Ginkgo Biloba. Jeannot, tu y es pour beaucoup dans ce qui vient de se passer, tu m’as appelé pour que je descende t’aider ; je suis alors passé par le petit chemin qui conduit directement à la Source. Tu l’as rudement bien aménagé, à tel point qu’on a envie de le prendre, c’est grâce à ton travail que j’ai rencontré ce groupe de copains. » Jeannot sourit.


Tout en remontant la tondeuse à la maison, je continue de raconter à Jeannot ce qui vient de se dénouer, nous passons alors devant chez Diana.
Diana nous entend passer, elle nous rattrape, elle a le visage triste, elle vient seulement de constater cet après-midi que le petit Ginkgo Biloba était cassé; je ne lui avais pas encore raconté.
Diana: « J’ai eu un peu mal au cœur tout à l’heure quand avec Lucille, j’ai vu que le petit Ginkgo Biloba était cassé; qu’est-ce qui s’est passé ? 
C’est dramatisant comme il est cassé. Est-ce qu’on va pouvoir le faire repousser ?


Nous vivons alors un moment très particulier, j’ai à recevoir et accueillir la peine de Diana et de Lucille, et en même temps, je suis pressé de leur annoncer que grâce à ce que je viens d’entendre de la bouche d’un jeune, on va pouvoir entreprendre une démarche de réparation des dégâts provoqués par la cassure du petit arbre.


Je raconte donc qu’effectivement il y a une dizaine de jours, le petit Ginkgo Biloba était cassé, je lui dis le travail de la petite fille espérance, et très vite je raconte la rencontre avec ce jeune et ses copains qui vient de se réaliser. Diana est heureuse. Elle est comme libérée, elle me dit : « Je repensais en voyant le petit Ginkgo Biloba cassé à toutes les fois où on avait arrosé ses racines avec Marie-Emmanuelle et Lucille, des fois on disait on va arroser le petit arbre pour Fadila, car elle s’était émerveillée devant le petit arbre et elle nous avait demandé, quand vous l’arroserez, vous penserez à moi. »
Comme tous les enfants, Diana est sensible à ce qui est planté, à ce qui grandit dans la tranquillité, à ce qui pousse bien et porte du fruit.


Le petit Ginkgo Biloba a déjà tellement permis que des liens de paix se créent entre beaucoup de gens parmi nous, mais en même temps, Diana est tellement touchée quand quelque chose se casse ou se déchire dans le tissu de relations qu’elle a contribué à créer … Elle a horreur de ce qui abime la vie, sa vie et celle des autres, et particulièrement celle des petits… , qu’elle éclate de joie lorsque je lui annonce que ce jeune est venu nous dire que c’était lui qui avait cassé ce petit arbre, et qu’il voulait en replanter un. Nous allons pouvoir réparer ce qui a été brisé.


D’où ça peut bien venir que quand il nous est arrivé de casser quelque chose, et à plus forte raison une relation, voilà qu’il nous vient de chercher et trouver un chemin de réparation.
Je suis émerveillé d’être témoin comment Diana pense que Dieu peut être la source de tout ce travail d’élévation de notre humanité.


En nous dirigeant, Diana et moi vers le petit Ginkgo Biloba cassé, afin de déposer sur ses pieds un seau d’eau, nous pensons aussi à aller exprimer à Dieu notre reconnaissance.
Diana : « Je voulais te demander: Marie, est-ce que c’est le nom de la femme de Dieu ? 
Lucien: Dieu en qui nous nous confions, toi et moi, n’a pas de femme mais il est relié, il a fait alliance avec toute notre humanité, et quand nous cassons quelque chose entre nous d’important, il maintient son alliance entre Lui et nous.
On le sent bien dans la manière de vivre et d’aimer qui habite Jésus.


Diana me reparle de sa professeur de français, elle nous a raconté tous les kilomètres que les enfants d’Afrique sont obligés de faire à pied pendant de longues heures pour venir à l’école.
Elle nous a fait écouter une chanson ou on entend un enfant africain  dire : « Je veux à manger, je veux la paix »  Diana me dit, c’est dommage qu’on retrouve des oiseaux morts. Quand on en retrouve qui sont blessés, il faut les porter à quelqu’un qui s’en occupe. Mon papa, quand il était jeune, il avait un petit chien, et un jour il l’avait perdu; il pensait qu’il était mort, et voilà qu’il est revenu, qu’est-ce que mon papa était heureux de l’avoir retrouvé.


Je lui dis, qu’est-ce qu’elles sont belles ces histoires, comme celle de Bim le petit âne, où vous, les enfants, vous nous interpellez à savoir réparer ce qui est cassé.
En nous disant au revoir, Diana me dit : « Est-ce c’est un peu sûr qu’on va replanter le petit Ginkgo Biloba ? »

 

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17 janvier 2017 2 17 /01 /janvier /2017 08:00

En attendant les témoignages sur les graines de non-violence qui ont été récoltées dans le Jura cette semaine grâce aux partages avec Fadila Semaï, nous vous invitons à écouter une interview réalisée le 19 juin 2016 par Loïc Barrière sur Radio Orient.

Un clic !

Ecoutez Fadila Semaï sur Radio Orient
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15 janvier 2017 7 15 /01 /janvier /2017 13:50

Merci à tous les jurassiens et francomtois qui ont répondu à notre invitation pour écouter Fadila et communier à ce trésor qu'elle a voulu nous transmettre. 

Lors de ses conférences, elle a lu plusieurs écrits de Christian de Chergé dont son testament spirituel. Ecoutez Fadila dans cet enregistrement à Poligny.

A l'entrée du monastère de Midelt, le pèlerin est attiré par une porte qui ouvre sur un petit sanctuaire à la mémoire des 7 moines assassinés. Dans ce sanctuaire, on peut lire ce testament spirituel de Christian de Chergé.

Testament spirituel de Christian de Chergé
Testament spirituel de Christian de Chergé
Testament spirituel de Christian de Chergé
Testament spirituel de Christian de Chergé
Testament spirituel de Christian de Chergé
Testament spirituel de Christian de Chergé
Testament spirituel de Christian de Chergé

Pour lire le manuscrit : clic ici

Pour lire le testament : clic là

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11 janvier 2017 3 11 /01 /janvier /2017 10:12
Venez rencontrer, écouter et échanger avec Fadila aujourd'hui et demain

Fadila, auteure de "L'ami parti devant" est bien arrivée dans le Jura. Elle se prépare à vous rencontrer ! Venez nombreux ce soir à la salle des fêtes de Dampierre à 20h00, demain jeudi chez les Clarisses à Poligny à 10h00, et à la librairie "la Passerelle" dès 17h30.

Un diaporama vous présentera les moines Notre-Dame de l'Atlas, de Tibhirine à Midelt avant la conférence.

 

Pour rappel : 

"L'ami parti devant", c'est le musulman qui est mort parce qu'il a sauvé le chrétien.

Le livre "l'ami parti devant" relate l'enquête que Fadila a faite pour mieux comprendre l'amitié entre un sous-lieutenant français et un garde-champêtre musulman dans la région de l'Ouarcenis, en 1959 pendant la guerre d'Algérie.

Leur amitié a duré 4 mois seulement, leurs échanges sur leur foi respective étaient très profonds. L'algérien a empêché l'assassinant du français, mais l'a payé de sa vie. 

Cette amitié et le don de la vie de Mohammed-Benmechay ont influencé la vocation de Christian de Chergé et des moines de Tibhirine. Elle peut aussi influencer les relations entre chrétiens et musulmans aujourd'hui.

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5 janvier 2017 4 05 /01 /janvier /2017 10:07

Roberte est le maillon central de la visite de Fadila dans le Jura. Voici ce qu'elle écrivait au retour de Midelt le 21 septembre 2016.

 

Avant la projection du film « Des hommes et des Dieux », je ne connaissais pas l’histoire des moines de Tibhirine. Je suis très touchée par ce qu’ils ont vécu et j’ai cherché des livres les concernant pour mieux les connaître et comprendre.

 

Ce départ pour Midelt, je l’ai préparé spirituellement car je voulais partir en essayant d’être dans « l’esprit de Tibhirine » et c’est comme cela que j’ai découvert « L’ami parti devant » de Fadila Semaï. Je l’ai lu avec beaucoup d’émotion. J’en parle à Lulu qui me dit « Ecris-lui ! ». Ce que je fais, et je lui propose une rencontre avec notre association ADN-MANV. Peu de temps après, elle me répond. En voici quelques lignes :

« Vous me parlez de votre désir de vous préparer spirituellement à l’esprit de Tibhirine. Si je peux me permettre, voici comment : « Se tenir pauvre devant l’autre, se laisser ‘déranger ‘ et toucher ». C’est selon moi une voie privilégiée pour chaque rencontre. »

 

A ce jour, j’ai écrit une autre lettre, qui est partie de Midelt, car elle me dit qu’elle serait favorable à l’idée de nous rencontrer. Je lui pose alors la question : « Comment allons-nous pouvoir nous organiser avec vous pour la rencontre : frais de voyage, séjour, et organisation ? » (voir l'annonce des rencontres sur le Jura avec Fadila pour la 2ème semaine de janvier 2017)

Roberte, Fadila, et les moines de Tibhirine
Roberte, Fadila, et les moines de Tibhirine
Roberte, Fadila, et les moines de Tibhirine
Roberte, Fadila, et les moines de Tibhirine

Me voici à Midelt. Durant ce séjour, j’ai vécu des moments très forts. Pendant les journées, j’ai pris le temps de réfléchir et me ressourcer, lire et méditer.

 

En allant aux offices monastiques, j’ai aimé ces moments de prière, de silence, de chants. (Frère Antoine, lorsqu’il chantait, donnait l’impression de chanter et danser avec son corps. Très impressionnant !)

 

Je pensais souvent à ces frères moines assassinés, et je les portais dans mon cœur, et j’essayais d’être en communion avec eux et le Christ.

Lorsque j’entends le muezzin, je pense à frère Christian, et à l’ami algérien (parti devant) et à ce moment-là, je ressens beaucoup d’émotion, de cette relation entre chrétien et musulman.

 

Quelle joie et quelle émotion de rencontrer frère Jean-Pierre (rescapé de Tibhirine). Nous avions rendez-vous dans la salle du mémorial de Tibhirine. Nous étions assis près de lui. J’étais intimidée et respectueuse devant un tel homme. Un homme doux, calme et qui dit n’avoir jamais ressenti de haine pendant et après le drame.

Plus tard, j’ai eu l’occasion pendant un court instant de me retrouver seule avec lui. Nous parlions de Lulu et de notre équipe qui était en train de faire du jus de pommes. Il était heureux et émerveillé. Puis en discutant, je lui avoue qu’en moi, j’ai beaucoup de peur, et de pouvoir donner sa vie comme ses frères et lui l’ont fait, je ne sais pas si je pourrais !

« Nous aussi, on a eu peur, me dit-il, mais il faut garder confiance, et si nous gardons cette confiance, le Christ sera là jusqu’au bout ! »

Roberte le 21/092016

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2 janvier 2017 1 02 /01 /janvier /2017 17:03

La force d'aimer qui s'est vécue à Tibhirine entre les moines et les habitants durant les années noires qu'a connue l' Algérie demeure un phare pour notre navigation dans les tempêtes de violence que nous traversons en ce moment.


Fadela SEMAÏ est allée chercher au fin fond du djebel Ouarsenis ce qui est né entre Christian DE CHERGE et Mohamed BENMECHAY en 1959.
Après être parvenue à Aïn Saïd au nord de Tiaret, "à l'endroit du puits" où Mohamed a donné sa vie pour que celle de Christian soit sauvée, Fadila a ramassé là une profusion de graines de non violence.
Elle en a fait un livre au titre émouvant : "l 'Ami parti devant" dont elle continue d'alimenter de manière étonnante la lumière de ce phare de la non violence qu'est Tibhirine.


Qu'est ce que nous sommes heureux avec vous de pouvoir écouter de vive voix Fadela lors de la confèrence-débat qu'elle vient nous offrir à Dampierre le mercredi 11 janvier 2017 à 20h00 à la salle des fêtes, et chez les Clarisses à Poligny le jeudi 12 janvier à 10h00.
Il y a plein de place pour chacun de nous et pour toutes celles et ceux que nous allons vouloir inviter.


Commencer l'année 2017 dans cette ambiance va nous permettre de faire provision de respect de ce qui est juste entre les humains, de non violence au profond de nos conflits et de confiance, afin de faire de toute la terre un oasis de paix pour chacun des membres de l'humanité.


A la revoyotte le mercredi 11 janvier ou jeudi 12 janvier 2017 !

Lulu CONVERSET avec le groupe ADN et les amis qui sont allés à Midelt

Un phare dans nos tempêtes de violence
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31 décembre 2016 6 31 /12 /décembre /2016 19:22

Nous vous souhaitons plein de petits moments à savourer en 2017, et pour commencer ...

 

Fadila SEMAI dans le Jura

Une belle rencontre en perspective, de beaux échanges si vous y participez ! On compte sur vous ! Invitez votre famille, vos amis...

A partager sans modération !

Belle année 2017 !

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3 septembre 2016 6 03 /09 /septembre /2016 12:07

 

Dampierre samedi 27 août 2016

 

« ET SI NOUS NOUS REJOUISSIONS

DE CE QUE LES AUTRES REUSSISSENT » (Gil ROUX)

 

C’est la parole d’un ami, Gil Roux, à qui j’aime me référer. Je laisse chanter dans mon cœur cette parole, lorsque j’apprends que quelqu’un de mon âge ou de très jeune a réussi une animation, a réalisé un changement, a apporté de la lumière dans un domaine où je m’étais beaucoup investi et dans lequel je n’étais pas arrivé à faire sortir grand-chose.

 

La première fois que j’avais entendu cette parole de Gil, c’était au cours d’une « révision de vie ». La révision de vie c’est un exercice qui est exigeant, mais auquel nous tenons dans les mouvements d’action Catholique tels que la JOC, l’ACE, l’ACO, et le MRJC. Jean Marc BALICOT, notre ami diacre, y tenait beaucoup dans l’équipe d’ACO à laquelle lui et moi nous appartenions. En raison de son coltinage à la réalité dans le quotidien qu’il a à affronter, Jean Marc nous aidait beaucoup à avancer. Quand ça faisait un bout de temps que nous n’avions pas réalisé une telle réunion, Jean Marc s’impatientait et il fallait sortir nos agendas et absolument trouver une date pour faire une révision de vie en ACO.

 

Le jour où la parole : «  Et si nous nous réjouissions de ce que les autres réussissent » est venue pour la première fois habiter dans mon être, c’est le jour où nous avions appris qu’un tout jeune aumônier, Michel,  avait réussi à constituer une équipe de J.O.C. avec des jeunes en grande précarité. Il avait su trouver le filon et la veine pour déceler les capacités et les compétences de ces jeunes. Il n’en était pas resté aux regards premiers qui sont souvent des préjugés. Oh que c’était beau ce que Michel nous partageait ! Des paroles découlaient d’engagements de la part de jeunes en grande difficulté, de qui on n’attendait pas qu’ils accomplissent de tels actes. La tendance aurait pu être aussi de nous lamenter sur nous-mêmes parce que nous n’y étions pas arrivés. C’est là que Gil avait dit dans son souci de coordination et d’avancée dans le mouvement : « Michel, nous nous réjouissons que tu aies réussi dans un domaine ou nous n’avons pas su ou pas pu y arriver ».

 

Et quelqu’un de nous avait dit à Michel : « Raconte-nous davantage comment tu y es arrivé. » C’était simple et étonnant en même temps ce qu’il nous racontait. Et de continuer à l’écouter nous faisait nous réjouir de ce qu’il avait réussi. Cette joie communicante nous rendait tous acteurs et réalisateurs, collectivement avec Michel, de ce qui surgissait de neuf dans notre communauté. Nous participions à la réussite de Michel. Sa réussite devenait nôtre. Il n’avait pas gardé pour lui les raisons de sa réussite. Nous apprenions à faire comme lui, parce que nous faisions avec lui.

 

Tout cela m’avait marqué. J’avais dû l’écrire sur mon cahier d’aumônier de J.O.C. du moment… Et bien que ce cahier fasse parti des écrits qui sont partis en fumée et devenus cendres dans l’incendie qui a ravagé nos maisons, il y a un peu plus de deux mois, la parole de Gil est restée écrite dans mon cœur, à tout jamais. Et elle continue de m’apporter beaucoup de lumière en ce matin où je pars à la recherche du lever du soleil, avec trois amies, en marchant aux pas des ânes Gamin et Rameaux. Durant notre marche, nous portons dans nos cœurs : Philippe et les gens du spectacle, les artistes intermittents et les autres, les membres de nos familles, nos amis, et aussi les personnes arrachées au flanc de l’humanité oubliée, particulièrement, ceux qui sont maintenus en esclavage à travers le monde. Notre visite, hier à Champagney, de la maison de la négritude et des droits de l’Homme, nous empêche de sombrer dans l’indifférence. Nous tentons d’accrocher les prénoms et les noms de tous ces gens là, ainsi que leur appartenance, aux étoiles scintillantes dans le ciel, dorlotant pour quelques instants encore le sommeil des habitants de mon village.

 

«  Et si nous nous réjouissions de ce que les autres réussissent… » Ce refrain va continuer de nous aider durant notre marche en direction du lever du soleil. En effet, parmi les gens dont nous avons attaché le prénom à une étoile, il y a celui des quinze personnes avec qui nous nous préparons à partir à Midelt au Maroc du 13 au 20 septembre. Nous allons là bas essentiellement pour rencontrer le frère Jean Pierre Schumacher, survivant de Tibhirine, et les membres du petit monastère Cistercien, de Notre dame de l’Atlas. Ce sera dans le sillage de ce qui s’est vécu et réalisé à Tibhirine. Le film « Des hommes et des Dieux » nous a interpelé à ce que nous prêtions le flanc afin de recevoir l’ensemencement  de ces graines de la non violence, qui continuent de germer et pousser en ces lieux de vie et d’espérance.  Nous sommes de différents mouvements, groupements et associations : ADN, MAN, Cercle de silence, Siloé, lecteurs de livres. C’est un peu comme des corbeilles de fruits, et des sacs de graines, qui nous sont offerts tous ces jours. Roberte, une des amis de notre équipée, dans son souci de se préparer à un tel voyage, a été la première de nous tous, à lire le livre de Fadila SEMAÏ : « l’ami parti devant » aux éditions Albin Michel.

 

Dans ce livre, Fadila Semaï recherche la famille, et l’endroit où cet homme : MOHAMED, musulman,  a donné sa vie, pour sauver celle de CHRISTIAN, chrétien, parce qu’ils s’aimaient. Dans quel endroit de la terre, Mohamed a-t-il bien pu planter ses racines, dans quel sol rocailleux du massif de l’Ouarsenis, repose son corps ? Comment trouver trace du puits auprès duquel cet homme est tombé en donnant sa vie pour Christian et par là, pour combien de membres, du peuple Algérien, et par voie de conséquence  pour combien d’entre nous ?

 

Roberte a été marquée, par la lecture du livre de Fadila. A l’issue de la réunion de ADN  du premier août à Dampierre je dis à Roberte : «  Et si tu écrivais à Fadila, pour lui exprimer l’enthousiasme que tu as ressenti à la lecture de son livre, ainsi que ta reconnaissance, pour un tel ouvrage… » Roberte écrit à Fadila, et Fadila, répond à Roberte. Les voilà l’une et l’autre, auteures à nos yeux, de la découverte des traces et des empreintes d’humanité laissées par ces deux hommes : Mohamed et Christian.

 

C’est ça qui illumine mon regard ainsi que le profond de mon être, et pas seulement le mien. Quelque chose de l’ensemencement de la non violence est en train de s’enraciner en nous, grâce à la façon de faire de Roberte. La parole de Gil Roux répand une lumière sur nous tous. Chacun de nous découvre dans ce jeu d’écriture et de lecture, de travail et de partage qu’ « un ami est parti devant ». Un jour, quelqu’un a donné sa vie pour moi. Je ne l’ai pas toujours su et vu tout de suite. Et souvent, c’est aussi quelqu’un que je n’attendais pas qui me l’a fait découvrir. Je suis appelé à me réjouir de ce que quelqu’un d’autre, ait réussi à me faire découvrir. « Roberte tu nous apportes beaucoup de lumière par le partage, de ta lecture et de ta correspondance avec Fadila. Merci Roberte, de ne pas le garder rien que pour toi. En partant ensemble pour Midelt, la capitale de la pomme, au Maroc, fabriquer et presser quelques litres de jus de pommes dans la cour du monastère de Notre Dame de l’Atlas, nous découvrons que beaucoup d’amis sont partis devant nous. Nous allons avoir à cœur de le reconnaître. Et comme me le disait Guenièvre et Adrien,  à propos de leur terrain de maraîchage : «  les champs de Vigearde où nous cultivons nos légumes, tout cela nous vient de beaucoup de gens qui ont vécu avant nous, qui ont travaillé et se sont organisés  et qui ont donné d’eux-mêmes... »

 

L’apôtre Paul, dans une de ses lettres aux Corinthiens, se demande à lui-même : « qu’as-tu que tu n’aies reçu ». 1 Cor. 4-7.  Et j’aime ajouter : « qu’es tu que ça ne te vienne de quelqu’un d’autre ? »

 

Ça y est. Nous voici arrivés au lieu dit : la Fin Basse où le soleil nous attend pour se lever. Ce matin il y met beaucoup de temps, car de nombreux nuages, et beaucoup de brumes, se sont accumulés à l’endroit de la terre, d’où il va sortir. Nous attachons nos ânes dans un bosquet voisin et nous attendons, assis sur la berge du Doubs. Ça ressemble à l’attente vécue par nous lorsque nous sommes au théâtre, et que nos êtres sont tendus vers le lieu et le moment du commencement de la pièce. Dans le silence qui s’instaure, beaucoup de choses peuvent nous être dites. Il dut y avoir des moments d’une telle intensité comme celui-là, au commencement du monde, et sans doute aussi au moment de notre naissance à chacun. Et voici qu’une toute petite lumière très vive, un peu comme un point de soudure à l’arc, perce l’épaisseur des nuages. La lumière devient très vite incandescente. Avec beaucoup de délicatesse, au fur et à mesure que le soleil sort de la terre et monte à l’horizon, Madame Nature, avec je ne sais quelle baguette magique, rend possible que se forme l’image du soleil, afin qu’Il se mire dans la rivière, et qu’elle y atteigne les profondeurs de l’eau. Alors seulement, nous pouvons voir le soleil, grâce à ce reflet. Ça me fait penser au dialogue de Moïse avec Dieu sur le mont du Sinaï pour préparer l’entrée du peuple dans la terre promise. Moïse demande à Dieu : « Fais-moi, de grâce, voir ta face. » Dieu lui dit : «  Tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et demeurer en vie ». Mais Yahvé Dieu, par amour de Moïse et de son peuple, tient à leur communiquer son amour et sa gloire, sa présence et son mystère. Il dit à Moïse : « Je vais faire une place à ta demande. Quand passera ma gloire, je te mettrai dans le creux du rocher. Je t’abriterai de ma main durant mon passage. Puis j’écarterai ma main et tu me verras de dos. Mais ma face, on ne peut la voir. » Ex. 33 18-23.

 

A notre retour, avec mes trois amies nous nous émerveillons de ce qui se passe durant cette marche aux pas des ânes.

La première dit : « je n’avais jamais remarqué ça… C’est étonnant comment sur le dos des ânes, dans la descente de leurs épaules, tout le long de leur échine, il y a une croix qui les enveloppe… ».

La seconde : « comme je suis heureuse d’avoir tenu l’âne Rameaux… ».

Et la troisième : «  Et moi, d’avoir tenu un âne pour la première fois de ma vie ».

Il me revient alors avec une profonde émotion la parole de Jean et Michou, les amis qui nous ont offert les ânes il y a 35 ans, le 29 juillet 1981.

Jean, toi aussi, « l’ami parti devant », tu m’avais dit : « tu verras, l’âne c’est une véritable médiation… ». Votre présence d’amis s’est logée dans mon cœur de manière originale, en votre compagnie Michel et Andrée, Alain et Danielle, Jean et Bernadette et vos chers enfants et petits enfants. C’est vous qui nous avez offert les autres ânes, et les bâts, et tous les trésors d’amitié que l’on peut mettre dedans. J’ai confiance, non seulement que cette présence est en moi pour toujours, mais aussi, qu’elle va tenir une place dans le cœur de tous ces gens qui un jour ou l’autre se sont mis à tenir un âne, à expérimenter les merveilles réalisées et offertes, d’entrer dans le rythme de la marche aux pas de l’âne, de sentir tout ce qui se dénoue et se déligote, afin de nous relier les uns aux autres. De combien de violences nous allons pouvoir continuer à nous démunir pour envisager une manière de vivre et d’aimer, qui soit originelle et originale. « Ici petits et grands se confondent ». Job 3 19.

Photo de Patricia le 23 mars 2013 lors de la marche de la paix

Photo de Patricia le 23 mars 2013 lors de la marche de la paix

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31 août 2016 3 31 /08 /août /2016 07:15

Dampierre mardi 23 aout 2016

 

POURQUOI CE SERAIT MOI ?

 Mais… Aussi… POURQUOI ÇA NE SERAIT PAS MOI ?

Photo de Lulu prise sur son chemin le 25/04/2013

Photo de Lulu prise sur son chemin le 25/04/2013

1ère partie ici

En empruntant cette fois le chemin du retour, je ne veux pas tourner le dos à ce que je viens d’entendre une fois encore. Si je suis venu écouter et contempler cet éveil à la vie, c’est pour que ça se continue, dans une interpellation à l’amour, et à la solidarité, au respect du droit et de ce qui est juste pour tout être humain et tout être vivant.

 

Il y a toute une illumination qui se réalise dans mon dos, grâce au soleil, pour me faire voir ce que j’ai à faire et à dire. La bise me pousse à agir de manière concrète, et à m’engager de manière précise, envers mes proches, mon prochain, mes sœurs et mon frère, mes neveux et mes nièces, et mes voisins. Dans notre recherche d’action non violente où nous nous racontons, qu’il y a une résistance quotidienne à laquelle nous sommes appelés et tenus, nous ne devons pas passer à côté des artisans de paix sans les reconnaitre, et savoir les déceler, dire tout ce qui fait que le monde tient, et continue à se fabriquer, comme dans le film « Demain ». Et si de la bouche d’un proche, surgit une parole violente : « Il y aura toujours des guerres, vous ne pouvez pas l’empêcher… Les terroristes il faut tous les zigouiller… La peine de mort, on n’aurait jamais dû la supprimer… Vous ne pourrez pas empêcher que la France continue à se doter de l’arme nucléaire ». Nous devons chercher comment, d’une manière non violente, aider à ne plus entretenir une telle ambiance. Car dans les paroles fatalistes, la frontière entre ce qu’on dit et ce qu’on fait est très poreuse. Pourquoi ça ne serait pas moi, pourquoi ça ne serait pas nous, qui remontions le courant fatalisant ?

 

Avant de nous trouver au pied du mur du djihadisme et de la radicalisation des jeunes de notre entourage, pourquoi ne serait-ce pas moi, pourquoi ne serait-ce pas nous qui entreprendrions de faire des ponts entre nous tous : « Viens boire le café, qu’on prenne le temps de causer de tout ça » ?

 

C’est alors que me revient le poème de Zacharie, à l’adresse de son enfant, Jean, qui deviendra : « le Baptiste ».  Zacharie ne pouvait plus causer depuis neuf mois. Il avait eu du mal de croire que dans leur union, sa femme et lui mettraient au monde, un enfant. « Pas nous » pensait-il. Nous ne sommes pas capables. Et lorsque l’enfant Jean sort du ventre de sa mère Elisabeth, voici le poème qui sort de la bouche de Zacharie son père. Au moment où sa langue commence à se délier, il dit : « Et toi petit enfant, tu seras appelé prophète du Très Haut ».

 

Chaque fois que je vis un moment comme celui-ci, que je suis témoin du lever du soleil, ce poème jaillit lui aussi de ma bouche à moi. Ça vient du fait que Zacharie, dans ce poème, dit en parlant de son fils :  « Il nous amènera d’en haut, la visite du soleil levant. » Tout cela est dit d’une manière très drôle, où la part de ce que fera ce petit enfant, et la part de l’intervention de Dieu, sont très entremêlées. Oui c’est Dieu qui fait se lever le soleil et qui fait sortir de la terre d’esclavage, les membres de son peuple. Oui c’est Dieu qui met de la lumière dans le cœur des gens du peuple qui marchaient dans les ténèbres. Mais n’est-ce pas aussi Jean-Baptiste qui fera tout cela. Etonnante conjonction de la part de Dieu et de la part de l’homme dans l’œuvre salvatrice qui fait se mettre debout, notre humanité.

 

Quand je reçois un faire-part de naissance, d’un petit garçon ou d’une petite fille de mes amis, je leur adresse ce poème dans ma prière, ou dans ma réponse à leur lettre. Parce que chers petits enfants, vous êtes les acteurs de notre libération, avec la Grâce de Dieu.

 

J’aime bien aussi, ce poème, lorsque Jean-Baptiste est reconnu par son père comme quelqu’un « qui marche devant le Seigneur ». De nombreux témoins et prophètes prendront le même chemin que Jean-Baptiste, pour que : « vérité et justice soient faites quoi qu’il en coûte ». Ils s’appelleront Gaby Maire, Alice Domon, Léonie Duquet, Christian et ses compagnons, les moines de Tibhirine. Et nous apprendrons que quelqu’un, pour eux et pour nous, aura été : « l’ami parti devant ». En laissant retentir en cet angélus, les paroles du livre de Fadila Semaï, à propos de Mohamed « l’ami parti devant Christian De Chergé » je prends conscience qu’avant moi, « un ami aussi, est parti devant » : Jean-Marie Buisset. Et pourquoi je ne serai pas un jour, pour vous aussi, « l’ami parti devant »? Pourquoi ça ne serait pas moi ?

 

A mon retour dans mon village, je suis arrêté par Henri et Anna : « Reste déjeuner avec nous. » Et ils me partagent que leur filleul à eux, est venu les voir la semaine dernière. C’est un homme qui en porte lourd sur ses épaules. Plutôt que d’attendre que les autres fassent la démarche d’entreprendre de refaire l’unité de la famille, il a dit à ses parrain et marraine : « je prends conscience que c’est à moi de commencer à entreprendre la démarche du pardon qui refera l’unité de notre famille. »

 

En remettant un seau d’eau sur les pieds du petit Ginkgo Biloba, je m’apprête à relire les paroles que nous avons gravées sur le petit écriteau, planté à coté de lui… A ce moment-là, je l’entends qui me dit : « Vous m’avez planté le 09 janvier 2016, ici à Dampierre, dans une ambiance communale, afin de demander l’arrêt de l’armement nucléaire de la France de manière unilatérale. Continuez à ne pas être des gens qui attendent que ce soient les autres qui commencent à se désarmer ! N’attendez pas que les autres enrayent l’injustice, mais faites en sorte que ce soit nous, qui commencions à nous démunir de nos violences. »

 

Pourquoi ça ne serait pas moi ? Pourquoi ça ne serait pas nous qui commencions ?

 

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29 juillet 2016 5 29 /07 /juillet /2016 04:37
Petit retour d'une journée magnifique que j'ai passée en accompagnant Lulu à Neufchateau dans les Vosges pour rencontrer Mgr Alphonse Georger.
 
Quel bonheur quand Monseigneur Alphonse Georger et Lulu se sont découverts, on pourrait dire retrouvés, bien que ce soit leur 1ère rencontre. Leur étreinte était bouleversante, beaucoup d'émotion.
Ils ont tellement de points communs, de connaissances communes.
2 belles âmes !
Tous les deux étaient intarissables. 
Lulu: Mais tu as connu Pierre Claverie, pas possible ! Et tu es allé de nombreuses fois à Tibhirine !  
Et tu étais ami avec Christian de Chergé ? Et tu recevais chez toi Consuelo la Comtesse de Saint Exupéry ? ...
Et toi Lulu tu as connu Jean-Marie Buisset, jeune séminariste tué en Algérie. je parle de lui dans mon livre etc .. etc ...
C'était un régal de les voir tous les deux évoquer tant de souvenirs, certains difficiles de la guerre d'Algérie qui les a marqué à tout jamais.
Le Père Georger est un homme merveilleux, a insisté pour que je sois sur une des photos qu'il a prise lui-même, m'a fait la bise en nous quittant. 
Je pense que des articles pour le blog ne vont pas tarder à arriver.
Cette belle journée a fait, je le crois, beaucoup de bien à Lulu.
Que du bonheur !
Amitiés à tous !
Rosaline
 
Une journée à Neufchâteau
Une journée à Neufchâteau
Une journée à Neufchâteau
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Présentation

  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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