Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 20:35

 

Dampierre le 24-09-2013

 

Vous vous souvenez chers amis, qu’en revenant de Bethléem, à la fin du mois de Juin, je vous avais partagé une découverte importante....

 

Je vous avais dit : «  je n’aurai jamais fini d’entrer à Bethléem, ou plutôt, je n’aurai jamais terminé, de laisser entrer en moi, le souffle de Bethléem ». C'est-à-dire que pour laisser s’élever notre humanité, la mienne et celle des autres, élever et éduquer nos enfants,  ou les enfants des autres qui nous sont confiés, il nous faut descendre, très profondément en notre humanité. Nous ne pouvons rester à la surface.

 

Qu’est ce que ça veut dire ? ça veut dire, me semble t’il, qu’à la manière et à la ressemblance de Jésus, nous sommes appelés à entrer en relation, en pourparler avec les gens qui sont en conflits. Il est important, de ne pas nous éviter, les uns les autres, de ne pas passer les uns à coté des autres, en nous ignorant, en nous méprisant, mais de nous laisser aborder les uns par les autres…

 

C’est en nous rendant là où il y a conflits, difficultés, risques d’explosion sociale, risques de guerre, en nous écoutant les uns les autres, que nous allons pouvoir désamorcer, ce qui risque de se casser, de se briser. C’est en nous faisant confiance les uns dans les autres, que nous découvrirons, nous nous découvrirons capables, d’être tous, les uns par les autres, des artisans de paix. Nous ne pouvons témoigner qu’un autrement est possible, que si nous sommes dans le réel de la vie. Nous ne pouvons offrir ou recevoir le témoignage d’une attitude non violente et le goût de s’y engager, que si nous appréhendons la situation conflictuelle.

 

C’est le réel qui est à considérer. Ce sont par les personnes bouleversées par leurs épreuves, ou habitées par des espérances, que nous nous sentons appelés à nous laisser toucher. Celui qui m’avait donné rendez vous à Bethléem, dans le lieu où il est né, il y a un peu plus de deux mille ans, m’a fait un peu plus comprendre, qu’il continuait de naitre, de venir au monde des exclus, à Bethléem, lieu d’enfer et d’humiliation, au pied de ce mur séparateur, de deux peuples frères, « frères de sang », comme dans beaucoup d’autres endroits de Palestine, d’Israël, et de la planète… C’est pour ça qu’avec tout un groupe d’amis de Besançon, voilà que nous nous dirigeons dans une quinzaine de jours, en ces lieux, Bethléem et d’autres, vivant le drame de la séparation, de l’injustice.

 

Voyager, aller, voir ailleurs, et pour nous rendre compte, prendre conscience, qu’à l’endroit de la planète où nous revenons, c’est aussi la foire d’empoigne, le royaume des préjugés, le forum des paroles assassines, et reniantes. C’est là où je reviens, où nous revenons, qu’il y a l’enfermement.  L’enfer est chez nous…

 

C’est bien là que nous revenons, dans ce réel, qu’il nous faut descendre,  essayer de modeler nos attitudes, sur celles de celui qui a dit,  et qui a fait ce qu’il a dit, celui qui a dit «  je ne suis pas venu juger le monde mais je suis venu pour le sauver ».

 

C’est un p’tit peu tout ça que nous nous sommes raconté, redit, réinsufflé les uns aux autres, tous ces jours à Dampierre, en vivant des partages d’espérance, en notre humanité, à partir de ce que réellement nous vivons, les uns, et les autres.

 

Il y avait, Jeannot et Béa, Alice, Bernadette, et nous avons vu arriver Adeline, Maggy, et Bernard et leurs petites filles Allissia et Noémie, Gilles le frère de Maggy, Hervé, Daniel, Christophe et Nadia et leur fille Soumaya, Pierre et Michelle (amie journaliste), Annelyse et Roland, Laurence et son mari et sa sœur, et beaucoup d’autres amis.

 

130922-1 

130922-2

 130922-3

 

130922-4

130922-5

130922-6

 

130922-7

130922-8

 

Nous ne nous y attendions pas, mais nos cœurs étaient tout prêts à nous attendre, les uns les autres, à tendre les uns vers les autres.

 

Nous avons cheminé le long du chemin du halage, aux pas des ânes, Gamin et Grisette. Nous avons fait mémoire du dernier chemin emprunté par l’âne Isidore, de ce qu’il concourt à libérer dans l’être d’enfants en difficultés, au sein d’une association. Nous avons écrit à Tatiana et à Dimitri, et à leur fille Myrto, nos amis grecs de KOROPI, au sud d’Athènes, et nous avons reçu une lettre très belle que nous mettrons aussi sur le blog, où nous découvrons, ce qui est en train de se créer, et grâce à Tatiana et Dimitri et à beaucoup d’autres, qui rendent possible, que des enfants partent en vacances et se mettent à marcher aux pas des ânes, Isidore et deux ânesses, Lili et une autre,  et ainsi, et eux aussi, devenant artisans de paix, rendant possible que soit créé des temps de repos, de paix, de joie, pour des enfants. Car, en raison de la crise, ils n’ont pas la possibilité d’y accéder.

 

Nous avons appris et décidé que la fabrication du jus de pommes allait continuer, avec les enfants des écoles de Dampierre, de Ranchot, les jeunes du MRJC de Franche Comté, les amis des foyers Gevot et Emergence, de Dole, d’Orchamps, et on s’est dit que nous essaierions  de nous rendre le plus nombreux possible, à la fête de la vie à Orgelet, ce dimanche 29 septembre 2013. Parce que, c’est dans ces bouts de chemin, traits d’union, réalisés grâce aux autres, que nous nous sortirons de nos chagrins, des injustices, qui nous accablent…

 

Des situations où on a l’impression que c’est impossible, c’est ainsi que nous allons pouvoir nous en sortir, les uns grâce aux autres, et faire en sorte, que, le souffle de Bethléem change nos comportements. Là où nous sommes, dans l’enfer où nous vivons, pour que nous nous en sortions et que nous accédions à la lumière de l’espérance, remettons-nous à suivre la petite étoile, qui vient de réapparaitre sur nos chemins. Elle nous indique le chemin de l’action non violente, comme plein de témoins, qui nous ont précédés,  à la suite de Jésus, Gandhi, Tolstoï, Martin Luther-King, Jean Marie Muller, les sœurs Alice Domont, Léonie Duquet, les moines de Tibhirine, Gaby Maire, et combien d’autres artisans de paix, dans les pas desquels, nous avons soif de mettre nos pas.

 

Coucou.

 

A la revoyotte.

 

Lulu

 

Repost0
8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 08:35

Kovilj 30 janvier 2013

 

<<<précédent

 

En avant vous qui m’avez  appris à marcher pour la paix ! (Mt 5, 9)

  Vous-artisans-de-paix.jpg

 

Parmi ceux qui m’ont aussi appris à marcher pour la paix, il y a les gens, les premiers qui m’ont appelé à manifester contre l’armement atomique. C’était en 1961. Je revenais d’Algérie où la guerre continuait de creuser des chemins de terreur. Nous y avions été forcés de marcher pour faire la guerre. Et  durant l’année 1960, en plein Sahara, la France faisait éclater la bombe atomique à Reganne pendant qu’à quelques uns nous essayions d’entrer en résistance par rapport à l’exécution du plan Challes qui consistait à traquer sur les pistes au fond des oueds et sur le flanc des Djebels les membres de l’ALN. En même temps nous avions l’ordre d’expulser  de leurs mechtas de leurs jardins et de leurs oliveraies et donc de leurs cultures vivrières, femmes, enfants et vieillards et de les faire marcher en les poussant comme de vulgaires troupeaux afin de les enfermer et parquer dans des « camps dits de regroupement ». Leurs pistes de toute beauté et leurs sentiers de vie devenaient tout à coup chemins d’exil, d’enfer-mement et de mort. Et nous en étions complices. Mais déjà sur ces sentiers de Kabylie, des Aurès ou de l’Ouarsenis, grâce à des amis « résistants », je pressentais qu’il pouvait en être autrement.

 

Il y avait des choses qui dépendaient de nous, de la manière dont nous osions faire objection.  Ami Jésus ! tu nous faisais comprendre que «  dans ces trains d’enfer où tu étais descendu nous rejoindre », si « il nous avait été dit œil pour œil dent pour dent, tu haïras ton ennemi (Mat 5, 38-43) ou encore «  il faut tous les tuer parce que ces hommes sont nos ennemis », en te fréquentant, tu nous appelais à une toute autre attitude : «  Et bien moi, je vous dis : » Aimez vos ennemis » (Mt 5, 44). Votre interpellation à manifester contre l’armement atomique, Maurice, Georges, Pierre, René, Claude, Pierre, Jacques, Michel, Hubert, Claude, Marcel, Guy, Alain, Hélène et combien d’autres… convergeait avec ce qui avait commencé à naître en mon âme et conscience sur les pistes des djebels algériens. Ça correspondait avec ce que nous avaient transmis «  Mathieu, Luc et les deux autres » de ce qu’ils avaient «  vu et entendu du verbe de vie » lorsqu’avec lui «  ils gravissaient la montagne,  pour y entendre le fameux Sermon ».1° Jean, 1, 3. et Mat 5, 6, 7). Il me revient aussi, Gaby Maire, tes appels à crier sur les toits qu’il nous fallait arrêter de fabriquer et trafiquer les mirages avec le Brésil.. C’était en 1967. Les marches que tu faisais et que tu suscitais pour la paix allaient te conduire à partir au Brésil, épouser la condition des petits et des pauvres et faire «  le choix d’une mort qui conduit à la vie, plutôt qu’une vie qui conduit à la mort ». Tu y seras assassiné le 23 décembre 1989.

 

Tu es de ceux qui m’ont beaucoup appris à marcher pour la paix. C’est depuis ton village natal, Port Lesney, réalisant à cet endroit mon premier campement d’enfant avec toi et une vingtaine de nos camarades et amis du Petit séminaire de Vaux, en direction du Mont Poupet, que je commençai à découvrir que faire la paix en soi et en direction des autres exigeait un certain « déplacement », un surgissement de l’ « illusion d’avoir » en direction du « bien être commun ».

 

Quelqu’un, Jean-Marie Muller va lui aussi beaucoup nous apprendre à marcher pour la paix dans le sillage  de Gandhi, Martin Luther King, Tolstoï et de beaucoup d’autres et parmi eux Jésus.

 

Jean-Marie saura, à partir d’événements qu’il vit, que nous vivons et dont nous sommes témoins et artisans, nous présenter et nous donner en nourriture « les graines de possible » qu’il aura ramassées dans un livre qui va marquer beaucoup d’entre nous : « L’Evangile de la Non-Violence ». Cela va susciter entre autres dans le Jura tout un collectif d’amis  qui tiendront et tiennent encore aujourd’hui à poursuivre ce qu’ils ont commencé en vue d’une paix effective. Combien de marches et démarches en vue d’arrêter les va-t-en- guerre que nous sommes, sont nées au lieu dit «  Le Martinet » entre Vaux et Poligny, chez Jean-Paul et Liliane Girod et leurs enfants. J’aimais, depuis Dole, venir souvent me munir de ce qui alimente et fait tenir, dans une recherche de solution de conflits de manière non-violente. Il faudrait bien que quelqu’un de ce collectif se saisisse d’un crayon et d’un cahier et ramasse, pendant qu’il est temps, ces semences d’action non-violente, ces actes et ces faits constituant notre histoire. «  Ramasser afin que rien ne se perde » (Jean 6, 12). Qu’en pensez-vous Claude et Henryelle, Gilberte, Etiennette, et Anne ? Ça sera nous aider à continuer à marcher pour la paix. C’est dans des groupes comme ceux-là qu’en 1974, notre ami JM Muller appellera des personnes comme Jean-Paul Girod, pour créer le MANV  (Mouvement pour une alternative Non-Violente). Lorsque l’Eglise de Jésus ne se laisse pas réduire à être une boutique mais se met à l’écoute de «  la visée du petit » (PS 13, 6). S’exprimant dans ce qu’on appelle les Mouvements d’action catholique tels que la JOC, l’ACO, le MRJC, le CMR, l’ACE, où l’on est jamais trop petits pour le dire aux grands, les services tels que la PPH (Pastorale des Personnes Handicapées)… alors les petits et les pauvres, ceux à la droite desquels Dieu lui-même se place (Ps 108, 31)  deviennent nos « référents pour la marche du monde, comme nous l’a fait découvrir Joseph Wrezinski dans le mouvement ATD Quart Monde. Ils ont beaucoup été mes maîtres d’apprentissage à marcher pour la paix, celles et  ceux qui, par leurs réunions et rédaction de tracts, jusque tard le soir et déjà très tôt le matin, organisaient marches et manifestations pour enrayer le chômage et le licenciement de camarades à Dole et à Lons et quand, avec Marcel Blondeau nous « allions à Lip » à Besançon…. Ou que les Lip venaient à nous à Foucherans !. C’est les marches et démarches de tous ces hommes et femmes, de tous ces jeunes en JOC et ACE, MRJC, les marcheurs pour l’égalité des droits avec Christian Delorme, le 9 novembre 1983… C’est tout ce souffle de paix sociale qui animait ces gens qui nous a formés et poussés à tricoter des liens avec les éprouvés et les réprouvés, les sans toit, ni loi, ni droit… Nous sommes ce que nous sommes les uns grâce aux autres. Il me vient aussi au coeur la démarche d’Alexis, de Jean-Marc et Marie-Louise, de Bernard, de Jacques, Elisabeth et Rachel et combien d’autres, marchant sur les chemins de Compostelle en quête du sens de la vie, la leur et celle de toute notre humanité. Je pense bien sûr aussi à tous les participants à cette démarche originale qu’est le Cercle de Silence et à tous les adhérents de l’association Siloé où la lutte de chaque jour peut bien être assimilée à une marche quotidienne. Je sens un nombre impressionnant d’amis qui effectivement, parfois avec leurs pieds et certainement avec leur tête, leur cœur et leur conscience se mettent à marcher avec nous, l’âne et moi. Tous les mots, les lettres et messages sur le blog, dessins peintures, articles de journaux, photos, interview radio ou télévisées qui me parviennent et auxquelles j’essaie de répondre, nous signifiant que cette marche pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral sont le fait de nous tous. Je me sens tout petit et heureux, relié à ce grand nombre d’hommes et femmes de bonne volonté, d’enfants avec leurs parents, leurs instituteurs et catéchistes. Et particulièrement en Juillet-Août de l’année 2012 lorsque des amis m’ont fait savoir au moment du douloureux anniversaire de l’éclatement de la bombe atomique sur Hiroshima le 6 août 1945 et sur Nagasaki le 9 août 1945 qu’ils faisaient avec Antoinette Gillet, un jeûne afin  qu’on ne refasse plus jamais ça à notre Humanité. Nos manifestations diverses allaient dans le même sens. Et il est très certain qu’au moment où  nous repartirons en direction de Bethléem, le 23 mars 2013, une fois que les cigognes seront de retour, que l’herbe aura repoussé en Macédoine, un appel à marcher, jeûner, écrire, peindre, afficher, chanter sera exprimé pour signifier que nous marchons dans le sens évolutif de l’Histoire.

 

 à suivre

Repost0
5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 06:00

Mercredi 5 septembre 2012 à Kovilj

 

 

Combien de rêves dans nos vies deviennent réalité. Enfant, j’entendais nos parents dire : «Vivement qu’on sorte de c’te saleté de guerre. » Et nous en sommes sortis. Nous avons vu, j’ai vu de mes yeux d’enfants les soldats allemands s’enfuit par la route qui va de Dole à Besançon, qui passe devant chez nous à Dampierre. Certes, pour se sauver, ils prient encore nos vélos, et nos chevaux… mais ils s’enfuirent… Et j’ai vu arriver les troupes françaises et américaines… Hélas, ce faut par beaucoup d‘aspects pour se laisser embarquer dans une autre guerre… économique essentiellement celle-là… elle dure encore et là aussi, il est fondamental pour s’en sortir, de se laisser habiter à nouveau par des rêves.

 

Ça me faisait de la peine que nous soyons brouillés avec nos voisins… enfants nous nous parlions quand même en cachette de nos parents… à leur insu… Des fois, nos parents découvraient que leurs enfants rêvaient que nos familles se « recausent ». D’une manière ou d’une autre, à l’école de la République ou au catéchisme de l’Eglise, ils s’étaient laissé dire ce que le prophète Jérémie rappelait aux gens de son peuple : « Ce n’est pas parce que les parents ont mangé des raisins verts, qu’il faut que les dents des enfants en soient agacées…. » Qu’est-ce que j’avais été heureux ce jour où j’avais entendu nos parents se reparler avec les parents des enfants voisins, recommencer à se redire bonsoir, pour que renaisse un beau jour entre nos familles…

 

Qu’est-ce que j’avais été heureux aussi le 19 mars 1962 quand j’avais appris la conclusion des accords d’Evian. J’étais renvoyé aux moments de mes rêves continuels pendant la guerre d’Algérie, et particulièrement lorsque je rêvais, je me souviens dans une petite orangeraie de Kabylie durent l’hiver 1959-1960. Je luttais et unissais ma lutte à celle d’autres camarades pour ne pas abîmer les mechtas et les plantations des régions que nous traversions, allant à contre-courant du Plan Challes qui nous demandait et nous obligeait à tout détruire… Nous résistions parce que nous rêvions que la paix un jour, se ferait… reviendrait… et qu’elle ne pouvait revenir qu’à travers des paroles, des signes et des faits de considération et de respect entre nous tous… si différents mais tellement complémentaires d’un côté et de l’autre de la « MARE NOSTRUM » la mer Méditerranée.

 

Les rêves de GANDHI, TOLSTOÏ, MARTIN LUTHER KING, MANDELA marquèrent ma vie à tout jamais. Toute ma reconnaissance à vous Jean-Marie MULLER et Hélène, Claude CHEVASSU et Henryelle et beaucoup d’autres, d’avoir permis que nous ensemencions ces rêves en nos jardins, de sorte que leurs rêves devinrent nôtres.

 

Lorsque l’INDE devint indépendante, le MAHATMA GANDHI venait d’être assassiné, mais son rêve commençait à devenir réalité. Lorsque Barak OBAMA devint président de le République des Etats Unis et que des noirs siégèrent aux postes de responsables civiques et politiques MARTIN LUTHER KING avait été assassiné mais son rêve commençait de devenir réalité. Lorsque NELSON MANDELA fut libéré de prison et fut élu président de la République d’AFRIQUE du SUD, l’apartheid commençait de tomber. Le rêve de Nelson devenait réalité.

 

D’accord : leurs rêves ne sont pas réalité en totalité. Raisons de plus de recommencer à rêver, espérer et agir en conséquence.

 

reve.jpg

 

Suite demain....

Repost0
21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 07:00

Début de la lettre : Où peut bien crécher le frère du pape ? #1  et Où peut bien crécher le frère du pape ? #2

 

Regensburg les 4 et 5 Juin 2012

 

regensburg-Cathedrale.jpg

 

La sœur religieuse qui m’accompagne au pas de l’âne sait qu’elle a à me faire rencontrer le frère du pape. Il y a un endroit dans la ville de Regensburg qui doit être détenteur de la connaissance de l’adresse du lieu « où peut bien crécher le frère du pape ». C’est l’évêché ou bien la cure où habitent les prêtres de la cathédrale. Nous voilà arrivés entre des 2 maisons. J’attache l’âne Isidore à la rambarde d’un des escaliers. Ce ne sont pas les moments ni les endroits les plus marquants et rigolos pour Isidore. Pas d’herbe à manger. Des pavés sous les pieds ! Ça n’a rien de confortable pour l’âne. Heureusement qu’un gamin en compagnie de sa maman de temps en temps lui apporte une carotte ou une pomme à manger. J’explique à Isidore « que nous risquons d’en avoir pour un moment. La religieuse va nous aider dans notre cheminement pour la paix, afin d’arriver à trouver le frère du pape et lui remettre la lettre pour son frère en lui expliquant que ça pourra aider les évêques de France à vouloir entrer dans la démarche du pape de faire arrêter de manière urgente l’armement nucléaire en France, de manière unilatérale. L’Eglise a un pouvoir prophétique dans ce domaine. C’est fondamental dans sa mission qu’elle en use humblement et en même temps que ça se sache. Le fameux message du sermon sur le Montagne de Jésus, il ne fait pas le laisser caché sous le  boisseau (Mt 5, 15) Gandhi nous l’a souvent rappelé à nous chrétiens ainsi que Martin Luther King. Déjà Tolstoï dans son livre « Le royaume de Dieu est en vous. »

 

J’explique tout cela à l’âne en lui disant combien c’est important que nous sachions patienter et attendre. Je dis encore à Isidore : « Ne recommence pas à braire comme tu viens de faire ! Ça va alerter la police ! Mais après tout ! Recommence de braire ! Peut-être que ça va faire sortir en prêtre de ces 2 maisons immenses, quelqu’un qui va pouvoir me renseigner « où peut bien crécher le frère du pape Benoît XVI ! »

 

La sœur religieuse très sympathique revient essoufflée. Elle a dû courir dans toute la maison. Elle revient sans pouvoir me donner de réponses. Elle refait les mêmes démarches dans la 2ème maison. Sort de la maison une autre sœur religieuse à qui nous expliquons le pourquoi de ma démarche et que ce serait merveilleux qu’elle puisse nous indiquer l’adresse du frère du pape. La première sœur religieuse s’en va. Je la remercie et me voilà comptant beaucoup sur ce qui va venir grâce à cette 2ème sœur religieuse, qui rentre elle aussi à nouveau dans cette 2ème grande maison et qui revient un moins essoufflée que la première. Elle me signifie qu’elle est dans l’incapacité de me dire quoi que ce soit concernant le frère du pape.

 

Amis évêques et curés, hommes nous n’avons pas à donner à des femmes, religieuses ou mères de familles des semblants de pouvoirs dans les lieux appelés à être des lieux relationnels d’accueil et de réception. Tout cela est inverse de signes et faux semblants. Rendons possible que les femmes aient leur part de pouvoir dans l’organisation de l’Eglise, en nous défaisant de nos pouvoirs. Elles sauront bien de ce pouvoir faire un service avec toute la délicatesse et l’intuition qui les habitent et apprenons à agir à leur école.

 

La porte de l’évêché s’est refermée actionnée par la sœur. J’ai eu envie de pleurer. De la part de la sœur, pas de mots semblables à ceux que je venais d’entendre de la part de Thomas et Christa : « Wollen sie ein Café trinken ode rein Glass Wasser ?! » Ce fameux verre d’eau de l’évangile. Et surtout il ne m’était donné aucune réponse concernant l’adresse du frère du pape.

Ville de Regensburg, vous venez d’accueillir Benoit XVI qui en vous a tellement œuvré pour que l’Eglise soit signe d’accueil et de paix. Benoît XVI vous d dit : « Ici je me sens chez moi ! » Mais il vous l’a dit pour que tout homme puisse dire dans votre cité et particulièrement en vos lieux d’Eglise, surtout le passant, l’immigré, l’errant et le camp volant : « Ici je me sens chez moi. »

 

Le ticlet refermant la porte de l’évêché à notre nez venait de « taquer ». L’âne Isidore se mit à braire une seconde fois et me dit encore : « Elle ne t’a pas fait entrer la dame ? Qu’elle ne l’ait pas fait entrer moi, l’âne, par peur que je me mette à crotter, ou à braire, je comprends, mais toi, prêtre de l’Eglise, t’as même pas eu un café ou un verre d’eau de proposé… Moi l’âne que je n’aie pas eu de carotte comme tout à l’heure chez Christa et Thomas, au bar café… je comprends… la dame de l’évêché, elle n’avait peut-être pas de carottes mais que toi tu n’aies pas eu une chaise, un verre d’eau ou un café… Tu ne venais pas demander des sous. Aux gens qui veulent t’en donner sur le bord du chemin, tu dis bien, oh je l’entends… tu leur dis même en allemand : « Je ne veux pas d’argent : Kein Geld… Kein Geld… » J’ai bien vu ce que tu as fait l’autre jour à Ingolstadt quand on traversait la ville… l’argent qu’on t’avait remis de force dans ta poche, tu l’as redonné à des gens qui mendiaient et à d’autres qui jouaient de la musique dans la rue, parce que tu penses que cet argent ne t’appartient pas… Tu venais demander à la dame de l’évêché l’adresse d’un prêtre, le frère du pape, non pas pour l’agresser, mais pour le remercier de ce que son frère a fait pour la paix et continue de faire et voilà comment nous sommes accueillis dans l’Eglise… Oh ça sera peut-être autrement dans d’autres maisons de l’église. »

 

J’étais dans la joie que l’âne Isidore ait si bien saisi l’objet et sens de notre démarche en chemin pour Bethléem. Je pris dans une poche de mon sac à dos, la pochette qui convenait pour enlever le crottin que venait de faire Isidore sur la chaussée. Je le portai dans le jardinet voisin et me suis assis sur les marches de cette maison qu’est l’évêché.

 

Je me dis 2 choses. Peut-être que quelqu’un va venir entrer à l’évêché et je pourrai demander l’adresse du frère du pape. Et la 2ème chose qui fortifia ma démarche de vouloir absolument rencontrer le frère de Benoît XVI, et lui remettre la lettre qu je continuais d’écrire, c’est qu’il m’était arrivé plusieurs fois après 1997 quand j’étais prêtre à Salins, de faire un bout de chemin libérant et reliant avec des gens « sans-papiers ». Nous avions eu besoin de recours et appui de Dominique Voynet alors ministre du cabinet Jospin, pour empêcher que ces personnes émigrés et sans papiers soient rejetées dans leurs lieux à risques graves pour leur vie. Pour que nos démarches aboutissent le plus vite possible, je venais voir Monique, la maman de Dominique à Dole pour qu’elle fasse parvenir à sa fille qui avait beaucoup de travail, les papiers qui empêchent l’expulsion de telle ou telle personne en danger de mort. C’était souvent une question de jours. Je leur en suis très reconnaissant en union avec les personnes qui ont été sauvées.

Repost0
19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 11:09

Vendredi 11 mai :

Isidore marche d’un bon pas et cependant, nous avons déjà beaucoup parcouru de chemin. Mais il en reste encore : tout traverser la ville d’EHINGEN et parvenir au village de NASGENSTADT. Et voilà qu’aux abords d’une usine de la zone industrielle que la véloroute nous fait traverser, un jeune homme vient à ma rencontre en souriant, et me dit en allemand : « Vous allez à Bethléem avec votre âne… je l’ai lu sur le journal ». J’attache l’âne à un poteau indicateur (il y a beaucoup d’herbe à cet endroit) et ce jeune homme me demande s’il peut nous prendre en photo. Je lui demande où il travaille. Il me montre l’insigne de la poste sur son tee-shirt. Il me demande comment et dans quelle direction je pense continuer ma route : « Justement (en mi-français mi-allemand ) après durch EHINGEN ich suche je cherche ein Bauer (un paysan) dans le village de NASGENSTADT ». Il sourit et m’assure qu’il y en a un. Je repars donc tranquille. C’est qu’il y a encore un sacré bout de chemin à faire. Ce que je ne sais pas encore, c’est ce que va faire ce jeune homme à mon égard.

Nous voilà en train de traverser la cité d’EHINGEN.  C’est sympathique. Beaucoup de regards et mots d’amitié. L’article dans le journal y est pour beaucoup. Nous voici arrivant à une fontaine. Un beau bassin avec une eau claire, mais des animaux de bronze qui intriguent le regard d’Isidore et le mien. Entre autres un âne. C’est la place VIEHMARKT. J’attache l’âne à un arbre pour qu’il broute l’herbe qui est au pied. C’est alors qu’arrive tout un groupe d’enfants du quartier sous la responsabilité d’une dame. Ils veulent caresser l’âne, lui donner des pommes à croquer, et ils me demandent où je vais. Ils me font penser aux enfants de Floriâne, à ceux du centre de Loisirs de Salins, à ceux de l’école d’Aiglepierre et du caté de Thésy, et tous les autres… C’est alors qu’arrivent près de nous une jeune fille et un homme, lui sachant bien le français. Ils m’expliquent qu’ils voudraient faire un article pour le journal local. Je me prête bien volontiers à l’interview, me souvenant qu’il faut absolument que j’exprime que dans mon projet d’aller à Bethléem puiser la paix à sa source, là où Jésus le prince de la paix est venu au monde, je dois m’y préparer durant toutes les étapes de ce voyage. Je leur dis alors que je guette et essaye de rencontrer le long de mon parcours les gens « en résistance » celles et ceux qui font la paix, et je m’adresse aux enfants qui écoutent : « vous les enfants, quand vous jouez entre vous en ne laissant personne de côté, vous contribuez à la paix du monde ». Et je dis qu’il y a quelque chose qui me fait mal, un drame qui abîme notre Humanité (Kurt EFINGER traduit en allemand, ce que je dis, à la journaliste Eileen et aux enfants). C’est que des millions d’enfants meurent parce qu’ils n’ont pas à manger, et pendant ce temps-là l’argent nécessaire à les nourrir est caché dans l’armement atomique (nucléaire) des pays nantis. En France nous devons nous démunir un premier de notre armement atomique et de nos centrales nucléaires pour contribuer à alimenter ceux qui ont faim. Nous rejoignons l’analyse de beaucoup de chercheurs et prophètes qui éclairent le chemin de Bethléem par ce qu’ils font et disent : Jean-Marie MULLER et Jean ZIEGLER… « Lettre ouverte aux évêques de France »  (du 28/11/2010) et « La faim dans le monde, arme de destruction massive. » (son dernier livre lu avant mon départ). Je pense aussi à GANDHI et TOLSTOÏ dont j’ai mis le livre « Le royaume des cieux est en vous » dans mes bagages avec le sermon sur la Montagne de Jésus.

Je suis très touché de ce que nous sommes en train de vivre au bord de cette fontaine de EHINGEN. Des adultes sont venus s’adjoindre aux enfants. Et Kurt EFINGER continue de traduire en allemand ce que j’exprime en français. Il dit lui-même avec ses mots à lui ce qu’il pense de l’enfant de BETHLEEM dont je viens de parler quand Eileen la jeune journaliste qui va avoir à réaliser son article ce soir pour le SWÄBISCHE ZEITUNG du 11 mai me demande pourquoi, c’est à Bethléem que je vais ? Voici que c’est Kurt qui répond. Je m’empresse de le recueillir sur mon cahier : « Je comprends bien pourquoi  vous allez à Bethléem où Jésus est né petit enfant. Tu vois un petit enfant ! Un petit c’est l’amour nouveau, c’est la réapparition d’un amour peut-être disparu parmi les adultes. C’est peut-être l’idée de Jésus-Christ qui est né enfant. Comme vous l’avez dit, il est la source de la paix et de l’amour ».

Me voilà émerveillé d’entendre Kurt EFINGER exprimer comment il reçoit ma façon de vouloir aller à Bethléem. Mais je suis le seul à l’avoir entendu puisqu’il vient de parler en français. C’est alors que je lui dis : « Kurt, ce que vous venez de me dire dans la langue française, c’est important que vous l’exprimiez dans la langue allemande ». Kurt se met alors à dire en allemand les paroles prophétiques que j’avais été le seul à entendre de sa bouche. J’assiste alors à une autre merveille, c’est l’écoute intense des enfants assis sur la margelle de la fontaine, jouant discrètement avec l’eau, les pieds baignant dans le bassin alimenté par la bouche de la statue de l’agneau en bronze. Les enfants nous donnent l’impression de boire les paroles que Kurt et moi nous sommes en train de leur offrir.

Nous vivons ce moment comme le commencement de quelque-chose que nous souhaitons et voudrions éternel. Je ne pense pas du tout à la ferme qu’il me faudra trouver. Il fait très bon et très doux. Je pourrai dormir ce soir à la belle étoile.

Eileen, avant de repartir à son travail : réalisation de son article reprenant notre partage de l’instant présent, la jeune journaliste me demande par la médiation de Kurt : « le pourquoi de votre voyage je le vois mieux, mais pouvez-vous me dire quand et d’où vous êtes partis et pourquoi ». C’est alors que les noms des lieux sources de ma vie d’homme, de prêtre reviennent avec émotion et joie dans ce que j’essaye de balbutier : « Arbois, Salins-les-Bains, Dole, Port-Lesney, Dampierre. C’est de là que je suis parti le 25 mars à l’heure de l’angélus, du village où nous ont conçus et fait naître nos parents, Marius et Suzanne… mes frère et sœurs et moi. De ce lieu-source, originel, original je suis parti avec l’âne Isidore quand sonnait l’angélus de l’Annonciation… moment unique pour que tous les hommes et femmes et les enfants sachent… que tous nous apprenions que durant les 9 mois qui vont suivre et nous emmener à Noël à Bethléem, il y aura plein de choses à faire naître, renaître, et reconnaître, en nous et entre nous, que la France doit arrêter l’armement nucléaire, pulser cet argent pour que tout enfant mange à sa faim.

C’est alors qu’avec beaucoup de respect et de délicatesse, Kurt me dit : « il faut expliquer à Eileen ce qu’est l’angélus… que ce qui est exprimé par la cloche de l’église à 6h le matin (en Allemagne, à 7h  en France) à midi et le soir, cet événement de l’annonce de la conception et la naissance de Jésus, ça concerne « ganz welt », tout le monde ». Je ne fais rien d’autre que de reprendre ce que dit Kurt et de lui redire « Kurt, voulez-vous le dire en allemand à Eileen et aux enfants ». Ce qu’il fait.

Mais voilà qu’il faut qu’Eileen s’en aille à son travail et moi au mien qui va être de chercher un paysan dans NASGENSTADT après la fin de la traversée d’EHINGEN.

Eileen dit qu’elle voudrait prendre des photos. Je dis que ce serait très beau que ce soient les enfants qui tiennent l’âne. La corde est grande. Elle permet que chaque enfant en tienne un petit bout afin que chacun ait l’impression de tenir l’âne, et surtout que tous nous tenions à la parole et au sourire de paix que nous venons de nous offrir les uns aux autres sur la margelle de la fontaine de l’agneau.

558118_1_articlegross_B82909864Z_1_20120510192726_000_GHCQK.jpg

Foto: Eileen Kircheis dans l'article écrit par Eileen

Dans le sillage d’un tel partage, des ailes viennent de nous être données à nous autres les enfants du vent. La continuation de la traversée d’EHINGEN se fait comme en une danse. Nous passons vers la fontaine centrale de la ville à MARKTPLATZ. Un groupe de femmes (âgées d’une soixantaine d’années) me demandent où je vais ainsi. Je leur réponds tout en leur demandant si elles connaissent un paysan dans le village de NASGENSTADT. Elles ne connaissent pas, mais l’une d’entre elles : Heide SCHAUPP me fait comprendre qu’elle veut bien m’accompagner pour m’indiquer ma route. Après une bonne grimpette, nous parcourons la traversée d’un parc splendide, fait de verdure, terrains de jeux, et arbres à l’ombre bénéfique. Comme nous sommes en hauteur depuis cette colline, nous apercevons et contemplons la chaîne des Alpes toutes revêtues de blanc.

Heide, mon accompagnatrice me fait comprendre que quand nous apercevons ainsi les Alpes, c’est signe que la pluie est toute proche « Es regnet… » « Il va pleuvoir bientôt ». Je lui dis que ce sera un beau temps. Elle sourit. C’est souvent dans les rencontres que je réalise avec les allemands rencontrés que le sourire et les gestes des mains, l’échange des regards viennent dire et chanter l’essentiel de ce que, de toute façon nos mots auraient du mal à tout traduire de ce qui couve au fond de nos êtres à l’adresse les uns des autres et qui a tant de mal à éclore.

Mon accompagnatrice est toujours là à marcher avec moi et l’âne. Avec les mots que nous pouvons, nous nous émerveillons du chemin que lequel l’âne emmène les humains que nous sommes. Sur les bancs publics qui sont le long de l’allée dans laquelle nous marchons, des amoureux se sont assis pour se donner les gestes, les paroles et le souffle par lesquels ils se disent et nous disent combien ce qu’ils vivent est unique et précieux, et que pour ajouter un couplet à la chanson de l’amour il est essentiel de savoir s’arrêter et s’asseoir.

Nous marchons encore un moment jusqu’à une petite place où deux hommes sont en train de causer. Ils donnent à la manière dont ils nous regardent l’impression d’avoir lu l’article dans le journal d’hier. Nous nous arrêtons. L’âne Isidore en profite pour se précipiter sur des touffes de luzerne que la tondeuse à gazon n’a pas encore avalées. C’est alors qu’arrive en vélo en sens inverse de nous un jeune homme, tout sourire qui nous fait comprendre que c’est bien à notre rencontre qu’il vient et qu’il sait d’où nous venons et où nous allons et que les camps-volants que nous sommes l’âne Isidore et moi, nous sommes à la recherche d’un lieu d’accueil et d’hébergement pour ce soir, un « bauer » un paysan chez qui l’âne pourra manger et se reposer et moi dormir dans la paille. Ce jeune homme lui-même a trouvé un « bauer ». Nous sommes tous à rire d’étonnement. Comment ce jeune homme qui se prénomme Hermann, a-t-il bien pu savoir notre recherche ? Il nous explique qu’un jeune garçon qui travaille à la poste, qui connait sa maman, a téléphoné il y a un peu plus d’une heure que je venais sur NASGENSTADT et il a dit l’objet de ma recherche. Nous sommes au comble de l’émerveillement : la demande de nos désirs et recherches est parfois devancée de manière étonnante. Ça me fait dire « c’est beau comment dans notre humanité, les gens que nous sommes, sont non seulement capables de répondre à une demande, mais d’aller au-devant des demandeurs. Ça me fait penser bien sûr comment au sein du cercle de silence à Dole, Toulouse, ou ailleurs, en silence des hommes et des femmes vont au-devant des demandeurs d’asile.

Hermann nous signifie qu’il part préparer l’étable pour l’âne et pour moi. Heide nous dit au-revoir et c’est Joseph, un des deux hommes qui prend le relais pour m’indiquer le chemin qui nous conduit à la ferme de NASGENSTADT : « Je vous accompagne. »

Devant mes yeux ébahis et mon étonnement et mes questions « comment tout cela a-t-il bien pu se passer ? » Heide a dit « C’est un miracle ! » J’ai envie de continuer à me demander comme Elisabeth en voyant arriver sa cousine Marie : « qui peut bien être porté par toi, pour que tu viennes ainsi au-devant de moi ? » L’événement de Bethléem réside déjà dans le moment de l’Annonciation mais aussi dans celui de la Visitation. Le désir profond habite en moi de chanter : « Quel mystère !  Comme c’est merveilleux lorsque les hommes et femmes que nous sommes se laissent travailler et guider par le Souffle de celui qui les habite tous ».

Et voilà que je n’aurai jamais fini de vous raconter à quoi ça va continuer de nous amener d’arriver au cœur de ce petit village d’Allemagne, de la vallée du Danube, NASGENSTADT, le soir du 10 mai 2012.

Tout de suite je comprends que Hermann BAUSENHART n’est pas le paysan, mais le voisin de la famille des paysans. Une fois encore, c’est un médiateur qui s’est suscité, grâce d’ailleurs à  un autre médiateur, Wolgang SCHLECKER, le facteur rencontré aux portes d’EHINGEN. Wolgang connait la maman d’Hermann à qui il a téléphoné. Et  ils sont venus demander à la famille Thomas et Elke RUS , paysans dans la cour de ferme au milieu de laquelle nous venons d’arriver, si c’est possible de nous héberger l’âne et moi. Quand je vois comme les choses se passent, la place qui nous est faite en rien de temps dans le lieu de vie de cette famille par la maman Elke et sa petite fille Tamara, puis sa sœur Angela et sa fille Anja, et par Hermann qui continue son action de médiateur, je n’ai pas envie de vouloir tout expliquer. Cela je ne le pourrais pas mais par contre que j’aie le désir et la volonté de m’émerveiller devant tout cela, alors ça oui, je tiens à ne pas arrêter de le faire en des moments éblouissants d’humilité et d’Humanité comme ceux-là. Et il me faudra continuer de le reconnaître aussi quand il me semblera que ça ira à l’envers de ce en quoi nous baignons en ce moment, dans les jours de pluie qui vont venir.

Ces gens sont en train de finir leur travail. Je comprends que le papa Thomas est en train de faucher. Ils ne mettent pas leurs animaux (170 vaches, génisses et veaux) en pâture, mais en stabulation et les nourrissent par herbe fauchée. Anja a une autre grande sœur Sandra et un grand frère Roland.

Hermann m’explique quel est son travail, dans un atelier avec des personnes handicapées, qu’il a une sœur handicapée qui ne tarde pas d’arriver dans la cour de la ferme avec son déambulateur. Christine : une sacrée lutteuse ! Hermann dit à nos hôtes qu’il voudrait me conduire à leur prêtre et aux responsables de la communauté chrétienne. Leur prêtre et eux aussi m’accueillent fraternellement. Ils forment comme une sorte d’E.A.P. (Equipe d’Animation Paroissiale), me font visiter leur église. Je leur raconte notre cheminement avec les personnes handicapées, libérant et reliant au pas des ânes. Leur curé se présente : Franklin, tout jeune, venant du CONGO, étant en équipe avec 3 autres prêtres à EHINGEN pour tout le secteur… Nous prions ensemble dans leur église.

Nous mettons l’âne Isidore dans le verger de la maman d’Hermann et Christine. La famille de Angela (sœur de Elke) Wolgang (son mari) SCHIRMER m’invitent à venir souper avec eux. La famille des 2 sœurs Angela et Elke et leur maman Erika habitent tout près l’une de l’autre. Je suis vraiment tombé dans un foyer de vie. Ça communique entre tous ces gens. Plein de sentiers de circulation entre eux tous, mais non seulement en famille, mais encore entre eux et nous qui arrivons des 4 coins de l’horizon. Pendant le repas arrivent Sylvia et sa fille Maren WENDEL, des amies avec qui nous parlons et partageons pourquoi je pars à Bethléem. Je sens en écoutant tous ces gens ce souffle d’Humanité qui les relie, et combien ce souffle vient jusqu’à moi, ils continuent de venir au-devant de moi. Probablement que l’esprit de Bethléem est en train de résider en cette étable de NASGENSTADT. La nuit est tombée, Thomas arrive de la fauchaison de l’herbe, puis Roland leur fils qui les aide. Arrivent aussi pour souper, à la sortie de son travail en magasin : Sandra et son ami.

Il est un peu plus de 22h quand nous partons nous coucher. L’âne Isidore est bien ancré à sa grande longe. Je pars m’endormir dans la paille. C’est déjà le souffle de Bethléem qui anime cette étable où je viens d’arriver avec l’âne.

Repost0

Présentation

  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
  • Contact

Commentaires

Vous pouvez laisser un commentaire sous les articles. Les commentaires sont modérés avant publication. C'est-à-dire que tout commentaire injurieux, insultant publicitaire ou inadéquat n'est pas publié Merci.

Recherche

Désarmement nucléaire

Journée de jeûne pour demander le désarmement nucléaire unilatéral de la France,

tous les 1ers lundis du mois de 14h à 17h en hiver, de 16h à 18h en été, à Dampierre (39) avec un temps de partage et de réflexion animé par Lulu.

Et commémoration des bombardements d'Hiroshima et Nagasaki entre les 6 et 9 août, chaque année.

L'anti-pub

Les pubs sur les blogs ou les sites que vous consultez sont trop agressives ? Il existe un moyen de respirer à nouveau, en téléchargeant le pare-pub Adblock Plus (clic). Vous ne supprimerez pas les pubs imposées, mais vous ne les verrez plus.