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30 août 2016 2 30 /08 /août /2016 07:06

Dampierre mardi 23 aout 2016

 

POURQUOI CE SERAIT MOI ?

 Mais… Aussi… POURQUOI ÇA NE SERAIT PAS MOI?

 

Cette question « bessonne », ou jumelle, va me travailler durant tout le long du chemin, que je viens d’emprunter afin de m’aventurer comme j’aime le réaliser « à l’aurore de chaque matin. »

 

Il est un peu plus de six heures quand je pars marcher sur le chemin du hallage, devenu vélo route, qui passe au pied de mon village natal. Je pars ainsi afin de voir le soleil se lever, à peine au dessus du village de Salans, au tout début de « la Fin Basse ». Il y a quelques instants, j’étais tenté de rester couché, me disant : « C’est important que tu te reposes » Mais j’entendais aussi au fond des cavités de mon être : « Pourquoi tu ne te lèverais pas ? Tant de merveilles attendent ceux qui se lèvent de bonne heure. » Heureux sommes-nous de pouvoir nous lever tôt. Je pense à vous, qui ne pouvez plus, pour une raison ou pour une autre, vous lever ou vous relever. Tout mon respect à vous, amis, ainsi que ma solidarité.

 

Il n’y a pas de brouillard ce matin. Je suis heureux de voir s’allier la rose de l’aurore avec le bleu du ciel, comme il est raconté dans les poèmes homériques. Ils sauront de leurs doigts, à tous deux, faire naitre le soleil, pour l’émerveillement de nos yeux. Je dis : « Nos yeux. ». En effet pourquoi il n’y aurait-il que « mes yeux » à qui serait offert ce spectacle ? Mon questionnement s’appuie sur un fait. Nous avons si souvent accompli cette démarche, d’aller voir le lever du soleil, durant nos campements, dans le pourtour des lacs glaciaires et des plateaux calcaires du Jura, ou dans le sillonnement de la montagne hercynienne de la Serre, ou encore à l’orée des forêts de Chaux ou de la Joux. Il arrivait même que les enfants conviaient les ânes à un tel spectacle.

 

Il y a quelques jours encore, Christophe Girardier et moi, sommes revenus comblés, d’avoir été invités, très tôt le matin, par Madame Nature, à un tel lever de rideaux ! Quel théâtre !

Aujourd’hui, durant cette marche, en direction de l’endroit où le soleil va se lever, je suis confiant, comme je l’étais au matin du 25 mars 2012, quand je partais, grâce à vous tous, amis, depuis Dampierre, l’endroit où je suis né, en direction de Bethléem, lieu où est né le Prince de la Paix.

 

 

Lever du soleil le 25 mars 2012 sur Dampierre

Lever du soleil le 25 mars 2012 sur Dampierre

Je sais que le soleil sera au rendez-vous, à la rencontre qu’il nous fixe, depuis une grande part de l’éternité, et probablement, pour encore une autre grande part de durée, si toutefois nous nous maintenons en vigilance afin que la terre ne soit pas cassée, elle que le Pape François appelle « Notre maison commune ». Et justement je me dis : « Pourquoi ce ne serait pas moi, qui ce matin, monte la garde dans ce but de sauvegarde ? » On me l’a tellement fait monter la garde, pendant la guerre d’Algérie, dans un but de maintien de l’ordre, qui était en fait un désordre établi au profit de quelques nantis, dans le mépris d’une multitude de gens, appauvris et anéantis. Mais déjà alors, je commençais d’entrer en objection de conscience.

 

Pendant que je marche, il me vient plein d’événements de la vie que je mène, dont je cherche le sens, et pour lesquels je voudrais parfois modifier le cours. Pourquoi cet homme m’a appelé afin que j’aille les voir, sa femme et lui, et leurs enfants, en famille ? Probablement, pour que ne les laissant pas de côté, sa famille et lui, je chemine avec eux afin d’avancer en conscience et confiance au sein de leur couple. Afin qu’elle, femme et mère, permette à l’homme qu’il est d’être père, en disant : « Non », aux comportements parfois envahissants de leurs enfants. Comme il est important dans nos familles, que l’homme fasse son travail de père, qu’il soit « point de repère ». Ainsi, personne ne s’écraserait. Je suis tenté ce matin de dire : « Qu’ils se débrouillent ! Pourquoi ce serait moi, qui les aiderais à faire cette découverte ? » Mais voilà que j’entends aussi que dans cette question d’humanité il y a souvent besoin d’un tiers. Alors je me dis : « Pourquoi ça ne serait pas toi le tiers ? » C’est incroyable comment les choses de la vie se mettent en place, durant une marche comme celle que je suis en train de réaliser.

Pourquoi ce ne serait pas lui l’homme qui ferait son travail de père ?

Pourquoi ça ne serait pas moi qui ferais mon travail de tiers ?

Pourquoi ce ne serait pas elle, la femme, qui ferait son travail de mère ?

Pourquoi l’homme ne se lèverait-il pas en appelant un de ses amis en lui disant : « viens voir m’aider à ce que je ne laisse pas ma femme tout faire ? »

Alors seulement, se feront les enfants !

 

Il me revient un dessin que François Pageaut m’avait offert, réalisé de ses mains, pour illustrer ce fait bien connu des paysans des plateaux du Jura : afin de pouvoir tirer l’eau d’une grande citerne, ne faut il pas un petit broc d’eau venu d’ailleurs à mettre dans la pompe pour amorcer ?

 

Et voici qu’« un héron au long bec, emmanché d’un long cou » prend son envol majestueux. La présence de cet oiseau échassier, en cet endroit, est peut être le signe que nos mesures, pour empêcher l’eau du canal du Rhône au Rhin d’être par trop polluée, porteraient du fruit. Cela nous encourage à continuer d’être vigilants et de le signifier, afin de stopper l’empoisonnement de la vallée du Doubs, et par là, l’envahissement de la culture du maïs. « Pourquoi on ne peut plus manger les panouilles de maïs ? » demandait l’âne Gamin l’autre jour, alors que nous nous baladions avec des enfants, en longeant un champ de maïs entre Fraisans et Rans. Ça devait causer entre les enfants et les ânes. Ça avait dû souffler dans les oreilles de l’âne Rameau, qui avait répondu à Gamin : « Parce qu'on répand sur le maïs, un produit qui a un nouveau nom, mais qui vient toujours du même Round-up, qui veut dire si on lit bien entre les lignes poison violent… qui occasionne la mort… Car aucune herbe ne lui résiste… »

Et dire, que des gens disent : « Bête comme un âne… Bougre d’âne… Tu ne sauras donc jamais lire ! » L’âne Gamin s’était mis à braire : « Hi-han Hi-han » Il criait : « Pourquoi ça ne serait pas nous avec les hérons et les abeilles, les blaireaux et les putois qui tirions la sonnette d’alarme aux oreilles des hommes ? »

 

Me voilà un peu plus loin que l’ancienne usine Calor-Tefal. J’allais bientôt arriver à l’endroit magique où mon filleul Jacques accroche sa barque. Rencontré il y a une quinzaine de jours, il m’a fait voir comment il a fait de ce coin de la planète son port d’attache. C’est de là qu’en remontant légèrement le fil de l’eau, il va taquiner le sandre et le brochet. Déjà lorsque nous étions enfants, j’entendais dire que Jacques, qui habitait alors Châteaux Neuf, était un familier des poissons, des batraciens et des roseaux. Il était déjà maitre dans l’art de manier le moulinet et le requillou. Il savait dans quels enrochements le poisson se logeait et se cachait. C’est dans cet endroit fabuleux que je viens ce matin contempler le soleil au moment où il sort du ventre de la terre, afin de se mirer dans l’eau de la rivière.

 

Ça y est, je viens d’entrer dans le royaume de Jacques. C’est un plan d’eau large et spacieux. Il est comme une petite mer intérieure qui permet au Doubs de continuer à faire rivière en direction des forges de Fraisans, et au canal, de poursuivre la jonction, qu’il réalise entre le Rhône et le Rhin.

 

L’angélus se met à sonner. Une légère bise s’est levée il y a quelques instants. Elle me souffle que c’est la cloche de l’église d’Evans qui sonne à l’instant. Alors je suis heureux de chanter ce que me raconte cette cloche : « Voici que l’ange Gabriel devant la Vierge est apparu… » C’est avec joie que je fais écho à cette voix argentine qui me dit qu’un soleil de droit et de justice s’est levé un jour dans notre histoire, pour le bien-être de tous les hommes. A partir de la naissance de Jésus, avant et après, nous nous sommes mis à dater les événements de nos existences. Tel fait s’est passé tout juste : « avant Jésus-Christ » tel autre événement s’est réalisé bien « après Jésus Christ » Il me revient que le prophète Isaïe avait dit, justement bien avant la venue de cet enfant : « le peuple qui marchait dans les ténèbres, a vu se lever une grande lumière. Sur les habitants du sombre pays, une grande lumière a resplendi. Toutes chaussures de combat, tous manteaux roulés dans le sang, sont brûlés et dévorés par le feu. Le bâton oppresseur est broyé. Car un enfant nous est né. On lui donne ce nom : Prince de la paix, avec plein d’autres noms de même consonance » Isaïe 9 1-5.

 

C’est alors que le relais de cet hymne est soutenu cette fois par la cloche de l’église de Salans. Un matin où je reviendrai, et qu’il y aura grand vent, c’est la cloche de Fraisans que j’entendrai et peut être celle de Dampierre ou de Rans. Je pense à l’instant aux hommes, aux femmes et aux enfants qui ont été obligés de prendre le bateau en mer Méditerranée pour se sauver de la guerre et de la terreur. Non seulement nous ne facilitons pas leur migration, mais dans beaucoup de cas, nous ne faisons pas ce qu’il faut et beaucoup coulent en mer. C’est cette mer Méditerranée qui me permit de parvenir dans le port de Haïfa. Je prie pour que nous arrêtions de faire de la mer Méditerranée, un grand cimetière marin. Quelle soit au contraire : « mare nostrum… mater nostra… » Mais « il ne suffit pas de prier »

 

Le soleil vient de se lever. Il sort du rideau d’arbres, qui longe la rivière du Doubs. Je me laisse interpeler par la fidélité de sa présence à l’éveil de la terre. La convergence de ces appels de l’angélus, me tarraude. Et moi comment je vais vivre la fidélité dans la réponse à de tels appels des membres blessés, oubliés, noyés de notre humanité ?

 

.../...

Suite demain

 

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commentaires

S
"Lèves-toi et marche"... même avec ton grabat tu feras advenir le royaume nouveau, celui du Dieu Désarmé, dépossédé, donné au bon, au brute comme au truand <br /> Merci à Lulu pour son talent poétique et prophétique (celui qui se met devant ou part en avant sans attendre que d'autres commencent d'abord !) Avoir le soleil en face ou dans le dos c'est merveilleux. Se donner la main et marcher ensemble par tous les temps, quelles que soient les circonstances ou nos capacités... L'ami Jésus nous précède
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Présentation

  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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