Cher ami Hugues AUFRAY,
Au lendemain de notre courte rencontre samedi soir 4 novembre, à la fin de votre concert à la commanderie de Dole, quand je suis allé vous offrir le poster du petit âne gris, je suis resté sur une faim de ne pas vous avoir tout dit, pourquoi je faisais cette démarche.
Le lendemain, je racontais à une de mes sœurs ce que j’avais essayé de vous exprimer : en vous offrant l’image du petit âne gris, je voulais vous dire la reconnaissance de ce que vous nous aviez donné durant toute votre vie de chanteur. Ma sœur me dit : « Comme tu n’as pas pu tout dire à Hugues AUFRAY, le pourquoi de ta reconnaissance, écris lui donc ! », c’est ce que je fais.
En vous écoutant de vive voix exprimer vos si belles et profondes chansons, je voulais vous dire en mon nom, certes, mais aussi au nom de mes amis chanteurs et joueurs de guitare, de banjo, et de flûte, avec qui nous avons fait les colos et campements, combien vous nous avez marqués et appelés à nous engager dans l’animation culturelle.
C’était à la colo de Boujailles dans le haut Doubs, dans l’association des loisirs populaires de Dole et dans l’association Floriâne de Salins les Bains dans le Jura. C’était aussi dans les mouvements de jeunes : la JOC, le MRJC, et l’ACE et dans les ateliers des CAT. C’était aussi à l’école Jean Bosco et dans combien d’autres écoles et IME. Ces jeunes animateurs animatrices, instituteurs institutrices, éducateurs et éducatrices, avaient beaucoup de joie en vous imitant, de nous offrir : aux enfants, aux ados et à moi, de meubler l’intérieur de nos êtres, des paroles et de la musique de vos chansons. Plusieurs d’entre eux étaient là dans l’assemblée samedi soir 4 novembre avec moi et les amis qui m’avaient offert une place à votre concert. L’un d’entre eux, hélas, venait de mourir quelques jours auparavant : Alain SAILLARD. Je le représentais et le portais dans mon cœur pour que vous le portiez dans le vôtre.
Il faut que je vous dise en vous remerciant, que nos campements avaient pour but de rebâtir des fermes d’alpages jurassiens, l’été, pour venir y faire du ski de fond, l’hiver.
Nous réalisions cela avec des jeunes très éprouvés dans leur vie, mais tout remplis de trésors et de capacités. Souvent nos déplacements et ballades se faisaient au pas des ânes que des amis savoyards nous avaient offerts le 29 juillet 1981. Nous avions appris aussi dans ces démarches à planter des arbres, à les greffer avec mon papa et nos amis « croqueurs de pommes ».
C’est vous dire combien vos chansons, à propos du « petit âne gris » et la chanson « Pour faire un arbre, pour faire un âne, pour faire un homme, pour faire un monde, énervant parfois le Bon Dieu dans son atelier » avaient des échos dans nos ateliers de colos et de campements.
Lorsque nous partons encore aujourd’hui ramasser des pommes avec les enfants des écoles, des villages des environs de Dole, « c’est le petit âne gris qui tire la charrette ».
Et je peux vous dire, cher ami Huques AUFRAY que, comme vous le chantez « il y met tout son cœur. »
Nous ramassons des pommes sous des arbres que nos anciens ont plantés.
Et nous prenons goût et conscience avec les enfants, qu’en plantant eux-mêmes leurs petits arbres, ils vont rendre possible, qu’un jour d’autres enfants ramasseront des pommes sous les arbres qu’ils auront plantés eux-mêmes.
Vous nous avez aidés à reconnaitre, que pour faire ce monde de fraternité, de citoyenneté et de justice, « Mon Dieu, que c’est long. »
Il est tellement dur et difficile de nous démunir de nos violences et nous défaire de nos agressions !
A cette lutte, vous continuez à nous donner goût et espérance.
Aujourd’hui en effet, avec les enfants, nous continuons de marcher de villages en villages au pas des ânes et de planter non seulement des pommiers, mais aussi des Ginkgo Biloba en raison de leur résistance et résilience. Cet arbre, une fois planté, apprécie que les enfants viennent arroser ses pieds avec « l’eau vive » de nos fontaines jurassiennes. Nous faisons mémoire en accomplissant ces plantations, que cet arbre a résisté aux violences de la bombe atomique à Hiroshima et Nagasaki.
En nous approchant de « cet arbre aux mille écus d’or », nous ramassons ses feuilles pour nous démunir de nos violences et nous alimenter d’amitié dans nos réseaux de relations. Nous demandons et exigeons le désarmement nucléaire de la France de manière unilatérale.
Voilà tout le sens et le but de ce cadeau de la prière du petit âne gris que je vous ai offert, au nom de tous mes amis et en mon nom, de Dole, de Salins, d’Arbois, des plateaux du Doubs et du Jura et d’Algérie aussi. Car nous avons fait un campement en Algérie : c’était avec les jeunes du Jura, au pied du Djurdjura, en Kabylie.
En allant planter le 5ème petit Ginkgo Biloba le samedi 25 novembre 2017 dans le village de Vevy près de Lons-le-Saunier, ce sera pour que la France s’arrête de fabriquer et de posséder l’arme nucléaire.
Nous penserons à vous, cher ami Huques AUFRAY, car vous nous avez appris et aidés à « ne pas laisser mourir le petit âne gris au fond de son étable ».
Recevez de la part de nous tous, toute notre amitié reconnaissante et fraternelle.
Lucien CONVERSET, le 5 novembre 2017
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