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29 janvier 2019 2 29 /01 /janvier /2019 08:47

Dampierre le 8 janvier 2019

 

« TU DONNERAS BIEN LE BONJOUR A GILBERTE ET A MADAME MONTESSORI » (Régina)

 

Il est un peu plus de sept heures ce matin. L’angélus vient de sonner au clocher du village me rappelant que « le verbe n’arrête pas de se faire chair. » (Jean 1,14) L’angélus m’appelle aussi à être à l’écoute de ce que vivent et disent les personnes avec qui je suis en relation et à ne pas passer à côté de celles avec qui il me faut tendre à y être davantage. Je sens bien que si leurs paroles nous rentrent dans la peau, c’est pour que « de notre chair blessée jaillisse une parole qui nous libère »


Je suis en train de faire chauffer l’eau pour préparer le café. Et voilà que le téléphone sonne. C’est Régina qui m’appelle. Elle a un bon moment devant elle avant de partir au travail. Son compagnon Dominique est déjà parti avec sa petite voiture sans permis, à l’usine où sont fabriqués des tournevis et des clefs d’outillage Facom. Elle Régina, va se rendre à l’ESAT sur la zone industrielle d’Arbois en prenant le bus un peu plus tard. Elle travaillera à compartimenter dans des sachets plastiques des forets venant de l’usine Diager. Régina travaille dans cet ESAT avec Bruno et toute une équipe de camarades et amis depuis plus de 25 ans. Avec plusieurs d’entre eux, nous avons réalisé au moment de leurs congés annuels, des campements mémorables au Frasnois, en lien avec Denise qui était à la fois notre cuisinière et notre conseillère.


Après les congés de l’été, j’étais heureux de retrouver tous mes amis et de les saluer à la sortie de leurs ateliers lorsque je venais chercher Bruno afin de nous rendre à l’école Montessori, naissante au 14 rue des rondins chez Gilberte à Poligny. Un jour, me voyant partir pour cette école avec Bruno, Régina nous avait dit : « Vous donnerez bien le bonjour à Gilberte et aussi à Madame Montessori» 


L’initiative et la création de cet atelier Montessori revenait à Gilberte et à Claude et Henryelle.  Ils avaient monté cela selon la méthode de Madame Montessori. C’était beau comme Gilberte nous mettait dans le souffle et l’esprit de Madame Montessori à chacune des séances auxquelles nous participions. Nous parlions de cette femme de façon passionnante. Grâce à elle, nous découvrions que chaque enfant, chaque personne « n’est pas un vase à remplir, mais une fleur qui cherche à s’épanouir. » Ainsi nous donnions l’impression à Régina que, quand nous partions à l’école auprès de Gilberte, nous rencontrions aussi, sans doute, Madame Montessori dans cette école. Il fallait par conséquent non seulement saluer Gilberte mais aussi Madame Montessori. 


Ce matin Régina m’appelle pour me souhaiter la bonne année. Je lui souhaite à elle aussi ainsi qu’à ses camarades de l’ESAT et aussi à Dominique son compagnon, une belle et bonne année. Elle me dit que Bruno lui a demandé si ma maison était réparée …


Régina : « Bruno m’a demandé aussi quand c’est qu’on allait ramasser les pommes pour faire le jus de pomme chez toi »
Lucien : «  Je suis très touché des paroles de Bruno que tu me rapportes, Régina. Il me tarde que ma maison soit réparée et que je puisse vous y accueillir »
Régina : «  Quand c’est la Percée du jus de pommes ? »
Lucien : «  J’avais beaucoup apprécié tes paroles, l’année où tu m’avais demandé ça pour la première fois. C’était quelques jours avant que nous réalisions le jus de pommes à Dampierre. Et c’était au moment où dans toute la région de Franche-Comté on parlait de la Percée du Vin Jaune qui devait avoir lieu à Montigny les Arsures quelques temps après. Et toi Régina, tu avais parlé de la Percée du Jus de pommes à propos de la pressée que nous devions faire à Dampierre avec le broyeur et le pressoir à pommes de mon papa. 


Régina manifeste sa joie d’avoir été créatrice de ces mots. Elle rit et moi aussi. Et puis, elle me reparle du feu qu’elle aimait entretenir durant les campements avec Denise, Rachel, Sophie, Jeannot et Béatrice et toute l’équipe. Régina me redit comment la veillée étant terminée, elle parlait à son petit feu en mettant un gros morceau de bois sur lui. Elle lui disait : «  Bonsoir mon petit feu ! Je te souhaite une bonne nuit … A demain matin … » 


Un matin Régina s’était levée la première afin de nous offrir le café tout chaud au fur et à mesure que nous nous levions. Elle avait voulu ranimer le feu. Après avoir disposé de petites brindilles de sapin sur les braises qui couvaient sous la cendre, elle avait soufflé dessus pour le faire redémarrer. Elle avait dû s’approcher trop près du feu. Ses joues et son menton étaient tous noirs. Je m’en étais rendu compte et je n’avais rien dit. Mais au moment où Stéphane sort de la tente et se dirige vers nous pour venir boire le café, il s’aperçoit de la transformation du visage de Régina et il lui dit :
Stéphane : «  Oh Régina, comme t’es ! T’es toute machurée ! »
Régina : « Oh, c’est rien ! C’est mon petit feu qui a voulu m’embrasser ! »


Nous avions apprécié cette personnalisation du feu dans la façon de parler de Régina. Il y avait quelque chose de franciscain dans ce que vivait et disait Régina. Comme Saint François d’Assise qui donnait à la terre le nom de Mère, à l’eau le nom de Sœur, au vent celui de frère, Régina nous appelait à considérer le feu comme notre Frère. 


Nous rions de bon cœur. Je félicite Régina pour le feu de l’amitié qu’elle entretient entre nous tous, en nous appelant au téléphone, en allant rendre visite comme elle le fait. 
Lucien : « Merci Régina de me parler des autres comme tu fais, de m’appeler pour les réunions de la C.J. (SCEJI) que vous continuez avec Denise, Dominique, Guy et Marie-Noëlle et la dame qui fait les dessins.
Régina : «  Merci pour ta carte que Dominique nous a lue. »
Lucien : « Tu veux parler de la carte que je vous ai écrite depuis Oran où je suis allé à la béatification des moines de Tibhirine et de leurs compagnons. » 
Régina : «  Oui, tu nous as fait plaisir … Au fait, tu as le bonjour de Monique et Constant Chauvin. »
Lucien : « Merci ! Tu les salueras de ma part. Elles étaient belles les rencontres que nous faisions chez eux … Comment va ta maman Régina ? »
Régina : «  Je suis allée la voir avec Dominique, le jour de l’an chez ma sœur à Lavans les Dole »
Lucien : «  Dis-moi son adresse, veux-tu ? »
Régina me donne l’adresse de sa sœur chez qui leur maman réside et je lui dit :
Lucien : «  Merci Régina pour tous les liens que tu continues de créer et d’entretenir entre nous tous, avec toi »


Régina : «  Au fait, on n’a pas de nouvelles de la Rachel ? » 
Lucien : «  Rachel continue son voyage à la recherche des jardiniers de la paix. Elle en trouve en ce moment au Rwanda. Elle vient de traverser des pays où c’est très dur de vivre. Elle rencontre des gens qui, dans des situations très violentes, sont artisans de paix, essayant d’entretenir la justice et l’amitié. Elle vient de passer tout près du Congo où il y a des élections en ce moment. Les gens de ce pays voudraient élire un nouveau président de la République. Celui qui y est encore en ce moment, ne veut pas que ce soit un autre que lui qui le devienne. Il veut absolument garder tout le pouvoir pour lui. C’est dans bien des endroits de la planète que des gens veulent tout garder pour eux. »
Régina : « C’est pas facile tous les jours dans notre atelier ! » 
Lucien : «  Vous êtes, vous aussi, des jardiniers de la paix, comme dit Rachel … Quand vous avez le souci de ne pas laisser certains collègues de travail tous seuls … Quand vous vous retrouvez, comme vous faites, à la salle d’Arbois … Quand vous vous empêchez de dire du mal sur quelqu’un … Quand vous cherchez à donner de l’amitié à ceux qui rencontrent peu de gens … à ceux qui attendent une visite ou une parole joyeuse. »


Régina : « J’entends au téléphone le bruit que fait ton crayon sur le papier. Je suis presque sûre que tu es en train d’écrire ce que je suis en train de dire … Tu pourrais presque faire un livre »
Nous sourions Régina et moi.
Lucien : «  Ce serait notre livre. Celui-là de toute l’équipe de la CJ. Oui Régina, je suis tellement heureux d’entendre tes paroles me racontant ce que vous réalisez de beau. Alors, pour que ça ne se perde pas, je les écris, je les ramasse. Il y a déjà longtemps qu’on s’est mis à écrire notre histoire, à la CJ ! »
Régina : « Tu donneras le bonjour à Rachel. Je pense à elle. Je prie pour elle, pour son papa et sa maman, pour toute sa famille. Son papa qui n’a plus son bras (valide). Il remarche. On avait fait une belle fête pour l’anniversaire de Rachel … Où que c’est qu’ils habitent ses parents ? »
Lucien : «  A Mont sous Vaudrey ! »
Régina : «  Tu leur donneras le bonjour … Son papa il s’est mis à remarcher … C’est grâce à nous … Donne-moi le numéro de la rue où ils habitent » 
Lucien : «  Ce n’est pas une rue. Ça s’appelle un clos où ils habitent ! (...) » 
Régina : « Je dirai à Dominique qu’on aille les voir un jour avec sa petite voiture… Je vais partir au boulot, je te dis au-revoir et toute mon amitié éternelle »
Lucien : «  A la revoyotte »

Souvenirs des campements au Frasnois de 2005 à 2007
Souvenirs des campements au Frasnois de 2005 à 2007
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  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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