04-19 Mars 2014
Une fois encore, en m’émerveillant, j’ai envie de dire : « d’où ça vient cette possibilité d’être partis en camps volants sur nos chemins d’humanité, comme nous venons de le faire en allant en ALGERIE avec Claude, Nelly et Bernard, guidés par leur fils Luc du 04 au 19 mars 2014 ? ! D’où ça vient et pourquoi faire ? »
Luc nous avait dit : « En raison de mon travail à FLORENCE et à TOULOUSE, je ne pourrai pas faire le voyage avec vous, mais quand vous arriverez à l’aéroport HOUARI BOUMEDIENE à ALGER, il y aura Sana, une amie qui vous attendra… Elle vous conduira chez Saïd et Aziza, ses beaux parents… Ensuite elle vous emmènera à la maison diocésaine d’Alger au 22 chemin d’Hydra à EL BIAR… Et quand vous arriverez par le train à ORAN, il y aura aussi mes amis qui vous attendront et vous conduiront… Vous allez être marqués par l’accueil des Algériens, et par la manière dont ils vont vous recevoir. »
A la façon dont Luc allait continuer de nous guider, nous sentions que lui, Luc, fait partie de ce peuple Algérien… Il est des leurs… Un de ceux qui avec eux, cherchent un chemin de libération pour tout le monde. Ses parents, Nelly et Bernard sont humblement heureux de leur fils. Son oncle Claude et moi, leur exprimions de temps en temps, qu’ils pouvaient l’être. C’est ainsi qu’un pont s’établit entre les deux peuples Algérien et Français, de chaque coté des deux rives de la MEDITERANEE… C’est par des liens comme ceux-ci, que nous entreprenons une culture de la non violence qui empêche la guerre.
Durant ces 15 jours, notre voyage en Algérie a été de cette teneur, touchant à la fraternité. Nous n’allons pas pouvoir tout vous raconter. Vous vous en doutez.
Je vais essayer de vous partager ce qui fut pour moi, et pour nous, tout le long de notre chemin, comme des sources de vie, dans le champ labouré de violence et de guerre, qu’est l’ALGERIE !!!
Trois points de repères, lieux-sources vont nous attirer plus que d’autres. Je vais vous raconter mes émotions, mes impressions et mes réactions et engagements.
Je les unirai à ceux de Claude, Nelly et Bernard. Ce sera particulièrement quand nous allons nous trouver :
A Oued FODDA : dans la région de CHELEF, en plein djebel ou ouarsenis, où j’avais connu et lié amitié avec un homme, Mohamed et sa famille, pendant la guerre en 1960… Est-ce que nous allions pouvoir les retrouver 53 ans après ?
A TIBHIRINE : où ont vécu jusqu'au 26-27 mars 1996, et reposent maintenant les sept moines, qui ont « donné leur vie pour Dieu et pour l’ALGERIE ». Allions-nous pouvoir nous y rendre ? Nous comptions beaucoup sur « les jardiniers » de ce lieu, « où les Hommes et les Dieux » se rencontrent, parce qu’ils sont désarmés.
A ORAN : c’est là que nous pensions le plus facilement parvenir, mais là aussi, c’était avec l’espérance que nous trouverions « des Algériens par alliance », et qu’à cette alliance nous serions conviés, et que nous pourrions trouver nourriture. Etonnant comment le souffle de Pierre CLAVERIE et Mohamed nous y attendait. Dix huit ans après leur assassinat, leur esprit est plus que jamais créateur d’humanité.
A mon retour de Bethléem, en juin 2013, j’avais senti que j’aurais toujours à intensifier la prise de conscience, qu’il est urgent de résister, au sein de la part d’humanité, qui est mienne, qui est nôtre et que c’est par moi, par nous, qu’il me faut, qu’il nous faut commencer. Entrer en résistance contre tout ce qui n’est pas juste, et qui abîme les êtres que nous sommes. Pour avancer vers ce but, la nécessité germe de « la terre des hommes » et nous pousse à entrevoir et promouvoir tout ce qui peut nous désarmer et démunir de nos violences, les uns en présence des autres.
Comme des milliers et des milliers d’hommes de ma génération en France, nous sommes allés faire la guerre en ALGERIE, il y a maintenant un peu plus de 50 ans. Afin de « pacifier » et de « maintenir l’ordre », le pouvoir de vie et de mort que l’on nous avait alors attaché sur le dos, n’avait jamais été pour moi, un titre de gloire et d’honneur, mais un poids écrasant tout, les autres et nous-mêmes, une charge dont il fallait nous défaire et nous démunir.
Je me souviens avoir senti en 1959 dans l’immédiat où je débarquais pour la première fois en tenue de camouflé, à la CASBAH d’ALGER, portant une arme, combien j’avais à me démunir et me déligoter de ce pouvoir odieux qui nous collait à la peau. Pouvoir qui consistait à décréter qu’un tel était suspect, complice du F.L.N. donc ennemi, et que je devais le saisir, le prendre, l’enlever, contribuer à le faire disparaitre… Il m’avait fallu beaucoup de temps pour commencer à devenir objecteur de conscience.
Aujourd’hui, en partant en ALGERIE, j’y allais avec mes amis Claude, Nelly et Bernard, confiants qu’il y avait là bas, des gens qui veulent et aspirent de tout leur être, à la paix. Ils habitent des endroits dans les villes et les Djebels, dont ils ont fait de véritables lieux-sources de la non-violence. Ils sont hommes et femmes de bonne volonté qui nous apprendraient à nous défaire de nos préjugés et de nos violences, et sur quels chemins de justice et de droit, nous aurions à nous engager pour continuer à devenir des créateurs et artisans de paix.
SALAM ALEIKUM.
commenter cet article …