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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 10:16

Les 9 et 10 novembre 2012 à ETNO SELO

120911-2Au fur et à mesure que l’âne Isidore et moi nous nous approchions de la frontière serbo-macédonienne, nous nous trouvions devant un fait évident : les touffes d’herbe verte se faisaiten de plus en plus rares. Je l’avais déjà remarqué dans le sud de la Serbie. La terre qui devait être fertile en temps normal était devenue très sèche. Elle s’était craquelée, il n’y poussait plus rien. Encore quelques endroits où on apercevait un peu de luzerne pouvait permettre que l’âne se nourrisse comme il convenait à un marcheur tel que lui. Il y eut encore un beau champ de luzerne au monastère de Saint Prokor en Serbie. Je me disais naïvement : l’herbe verte va peut-être réapparaître une fois que nous aurons passé la frontière ! Mais il y eut le moment où, dans le premier village macédonien qui nous accueillait si fraternellement, un des hommes me dit : « je vais donner du foin à l’âne Isidore ». Lorsque je vis la teneur en qualité nutritive du foin que ces gens donnaient à leurs animaux, je compris à quoi, ils en étaient réduits. L’humiliation que subissaient ces petits éleveurs me blessait dans mon être de fils de petit paysan. Je me mis à craindre pour l’avenir de notre voyage.

Au fur et à mesure que nous avancions en direction de KUMANOVO, grande ville de MACEDOINE, je me mettais à l’évidence. L’herbe au contraire de ce que l’âne et moi nous espérions, se faisait très très rare. Quand mercredi 31 octobre, à la nuit tombante, j’avais été heureux de trouver l’abri, (maison non terminée d’être construite) que nous offrait VLADIMIR le garagiste dans une cour dépendante de son garage, et que je dus attacher l’âne à la corde coulissante et qu’il tirait dessus au risque de la casser car il n’y avait pas du tout d’herbe verte, et que l’herbe sèche ne devait pas avoir beaucoup de saveur et de valeur, je me dis : « il faut trouver une solution ! » Quand le lendemain, je tentai de chercher et de trouver un peu de foin à acheter, et que je saisis que les petits paysans à qui je m’adressais me faisaient comprendre (ce qu’il me fallait accueillir) : « on n’a pas le foin nécessaire pour nos animaux… on ne peut pas vous en vendre… il y a la sècheresse… le manque terrible de pluie pendant 4 mois… Vous voyez bien que nous ne pouvons même pas labourer nos champs, tellement la terre est sèche et dure… Fera-t-on nos semailles ? Nous sommes fin octobre… début novembre arrive… et les quelques gouttes de pluie qui sont tombées les nuits dernières ne vont pas faire repousser l’herbe de sitôt. Surtout qu’en plus, voilà que le vent du nord se met de la partie pour boire et pomper le peu d’eau qui vient  de tomber ces quelques nuits dernières. »

Le temps que je mettais pour que l’âne trouve le long des routes l’herbe nécessaire, la nuit tombant vite et tôt, le temps qu’il me fallait pour trouver quelqu’un qui nous 

 dans un coin où de toute façon, c’était sûr qu’il n’y avait ni herbe, ni foin non plus… tout cela assombrissait beaucoup, beaucoup nos horizons de camps-volants. A 2 ou 3 reprises, ces jours derniers, nous étant arrêtés l’âne et moi devant des maisons où il y avait quelques touffes de luzerne, quelqu’un était sorti de la maison et m’avait signifié de partir : « cette herbe que ton âne mange, j’en ai besoin pour mes animaux. » J’entendais comme si on me disait : « qu’est-ce que c’est que ces Français qui viennent manger le peu d’herbe qui a pu pousser devant notre porte… » Je tirais sur la cordelette du licol de l’âne. Lui tirait encore plus fort en sens inverse, et il me disait  : « Tu vois bien que je n’ai pas mangé à ma faim… » J’étais allé chez un marchand de graines, et j’avais rapporté de l’orge et du maïs concassé et moulu. Ça irait bien durant les quelques jours que nous allions pouvoir encore rester sous l’abri du garage de VLADIMIR. Mais ça ne pouvait pas durer. Et si, oiseaux migrateurs que nous étions, l’âne Isidore et moi, nous venions à quitter la branche sur laquelle, nous étions perchés (je veux parler de l’abri qu’était l’annexe du garage de VLADIMIR), il n’était pas sûr du tout que le prochain soir, nous pourrions retrouver une autre branche à laquelle nous raccrocher.

Par la médiation de ZORICA, professeur de français au collège Magdalena Antona, auprès de qui VLADIMIR m’avait conduit, nous pouvions expliquer par téléphone notre situation critique à

, professeur de français au collège à JAGODINA en Serbie. Depuis notre passage à JAGODINA, du 2 au 4 octobre, en raison de l’accueil qui nous avait été donné, du séjour qui avait été offert à l’âne, dans le zoo de la ville et du rêve qu’il y avait fait, cette ville était restée à nos yeux, comme une oasis.

MAJA comprit tout de suite l’impasse dans laquelle nous ne voulions pas courir le risque de nous enfoncer davantage. Oh ! Que les paroles que prononça MAJA, mettaient du baume sur nos blessures de marcheurs. Je lui confiais que je me rappelai qu’elle m’avait dit que viendraient des jours difficiles au fur et à mesure de notre avancée dans le sud. Je lui dis que justement arrivait le moment que j’envisageais, non pas d’arrêter notre voyage, mais de faire étape et d’attendre que l’herbe repousse.

Très vite, MAJA me proposait d’essayer de mettre l’âne au zoo de JAGODINA, de revenir à l’oasis en quelque sorte. Mais que de transports aller et retour, ça allait nous demander et combien de frais et de risques de ne pas pouvoir repasser la frontière serbo-macédonienne, quand il faudrait renouveler l’opération en sens inverse au printemps, lorsqu’on repartirait depuis KUMANOVO, en direction d’ATHENES. Et si on essayait de se faire accueillir au zoo de SKOPJE (capitale de Macédoine). Là aussi, MAJA et ZORICA furent de merveilleuses coordinatrices. Elles durent en donner des coups de téléphone pour faire leur travail d’interprètes.

Christophe GIRARDIER qui, grâce à la médiation de MAJA  et de ZORICA me dit : « ce n’est pas un arrêt de ton voyage, n’est-ce pas ! mais une pause ! Car à l’impossible nous nous tenons ! » Tout cela me réconforte beaucoup. Mais voilà qu’au zoo de SKOPJE, il nous était répondu : « Ce n’est pas possible dans notre zoo ! Seulement, il y a un village à 14 kms de KUMANOVO, un endroit qui s’appelle ETNO SELO, où il y a quelques animaux, tenus par des gens qui accueillent la visite des enfants des écoles… Allez donc voir, si de ce côté, il y a possibilité qu’ils accueillent votre âne avec leurs chevaux et leur âne… » Voilà qui faisait resurgir l’espérance. Et je dis à MAJA : « Et si mon âne peut ainsi rester bien soigné en Macédoine, je redescendrai chez vous, MAJA et GALE, à JAGODINA et à KOVILJ chez NICOLE et BRACHA. »

Suite >>>>

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Présentation

  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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