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5 août 2012 7 05 /08 /août /2012 11:05

Lettre du Dimanche 1° juillet 2012 à FREYENSTEIN

La maladie du siècle !

Il n’est pas fatal qu’ainsi soit-elle !

La terre est tellement belle quand celles et ceux qui l’habitent depuis longtemps prennent goût à faire de la place à ceux qui passent, à offrir un abri à ceux qui sont pourchassés par les tempêtes de la vie. Tous ces jours, j’ai beaucoup entendu le psalmiste parler avec la terre. Il ne parle pas qu’à quelques privilégiés. Il dit « Terre entière chante ta joie au Seigneur… » Ps 95 1 « Exulte la terre…gronde la mer et sa plénitude, que jubile la campagne et tout son fruit, que les arbres des forêts crient de joie. » Ps 95 11,12 « Exulte la terre, que jubilent les îles nombreuses… » Ps 96 1 « Toi, tu es, Seigneur Très haut sur toute la terre, justice et droit sur l’assise de ton trône… » Ps 96 1,9 « Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu… » Ps 97 3 « L’univers et son peuplement… » Ps 97 7 « par-dessus tous les peuples… » Ps 98 2.

Nous sommes appelés et interpelés à ne laisser personne sur le bord de la route … Tout le monde est concerné : les riches : à nous déposséder, plus et davantage encore qu’à partager, à nous engager à lutter pour que le droit et la justice soient atteints par « les lointains », ceux que l’on a laissés dans la marge. Qu’ils aient accès dans un premier temps au strict nécessaire et ensuite parviennent au « bien-être », pour que chacun de celles et ceux qui cherchent leur emplacement puissent « trouver lieu d’être

Alors qu’un orage nous court après et nous menace violemment, parvenant dans le petit hameau de FREYENSTEIN, l’âne Isidore et moi nous nous arrêtons. Il doit être 18 h. (Ma montre et mon réveil sont tombés en panne presque en même temps, il y a 4 jours.) J’attache l’âne au mât d’une monture d’abri bâché et je m’adresse à la dame âgée qui est assise devant sa maison. Manifestement l’abri semble être sa propriété. Il y a autour un très beau verger avec un pré à l’herbe abondante et fraîche. Je ramasse quelques mots d’allemand, que je ne prononce pas très bien, afin de demander à cette dame s’il est possible que l’âne et moi nous continuions de nous arrêter devant chez eux sur le terrain qui est le leur et que je mette mes affaires à l’abri, après les avoir débarrassées du dos de l’âne. Je n’ai pas fini de formuler ma demande que déjà de la bouche de la dame sortent les mots créateurs de liens : « Ja ! Ja ! Bleiben sie…  oui, oui, vous pouvez rester ! » Les mots de la dame me rentrent dedans la peau et dans celles de l’âne. Voilà des mots « des verbes qui se font chair, et qui dans l’immédiat qu’ils sont prononcés, déjà nous mettent dans l’abri protecteur que nous espérions. Oh comme je voudrais que tous ceux qui sont assaillis par les orages de l’existence, les injustices et les non-droits, entendent résonner à leurs oreilles ces paroles « bien-faisantes » et pas seulement « bien pensantes » : « Ja ! Ja ! Bleiben sie ! » Je pense à vous qui avez été obligés de vous sauver de votre terre natale au risque de vous faire percer la peau ! Je pense à vous que votre conjoint a quitté en emportant les meubles et en vous laissant les gosses … Et voilà qu’à nouveau des mots de refus et de rejet vous percent et le corps et le cœur, et pas rien que le vôtre, celui-là aussi de vos enfants.

Dans l’immédiat cette dame m’a dit : « Oui vous pouvez rester ! » Je ne saurais pas redire d’ailleurs les mots autrichiens, qu’elle m’a dit ni les réécrire dans leur graphisme. Mais ils me sont entrés jusqu’à l’âme à travers ma peau. « Ils se sont faits chair » Jean 1 14. Dans le fait d’avoir pu nous envisager, la dame a compris ma demande et moi, j’ai saisi sa réponse. L’âne, d’ailleurs, a sûrement été médiateur. Elle me montre où est le robinet de l’eau et le seau pour donner à boire à l’âne ! Alors que l’orage ne va pas tarder à craquer. Mais la dame est chez elle. L’orage n’a pas l’air de la tracasser. Sa sérénité devant la tempête (elle doit en voir souvent des « comme ça » en cet endroit où le Danube est coincé entre les montagnes !), sa tranquillité me met déjà à l’abri. Cependant, je me dépêche de débâter le dos de l’âne, de ranger les sacs sous l’abri-bâché, et d’établir l’endroit où l’âne va pouvoir passer le nuit pendant que je dormirai sous la petite tente afin de ne pas être assailli par les moustiques.

Toujours avec des mots que je ne saurais ni redire, ni écrire, elle me signifie sa satisfaction que j’attache l’âne à un pommier de son verger. Elle semble me dire : « C’est toujours autant que mon mari n’aura pas à tondre. » Justement, voilà que son homme arrive. Avec la même immédiateté que la femme, l’homme confirme que nous faisons bien de nous installer, comme nous le faisons, chez eux. Nous sommes aux antipodes de ce qui s’était passé dans le petit village « Le Nouvel Empire », le soir du 20 juin, quand le gérant de l’hôtel restaurant détacha l’âne du seul endroit à l’abri où nous nous étions réfugiés et attachés alors que la nuit et l’orage s’étaient conjugués pour nous tomber dessus, en me signifiant avec des mots que je n’ai pas retenus, mais que j’ai bien compris : « J’exige que vous partiez. » Ces mots assassins aussi nous sont rentrés dans notre peau de poules mouillées, à l’âne et à moi. J’ai encore plus de mal à vous pardonner, Monsieur, qu’à la dame de Straubing. Je ne pensais pas qu’il était resté, à quelqu’endroit de « l’ancien empire » austro-hongrois, un tel impérialisme qui faisait dire par l’homme que vous êtes aux camps-volants que nous sommes : « J’exige que vous fichiez le camp. ». Je lutte pour vous pardonner Monsieur du « Nouvel Empire ». Vous avez tout annexé y compris la bordure du Danube en cet endroit pour la louer très cher aux nouveaux pirates de l’intérieur qui avec vous m’ont dévisagé dans la nuit noire et m’ont fait comprendre que je n’avais de droit avec mon âne, que de passer mon chemin sur votre chemin, dans votre domaine. Toute cette terre n’appartenait qu’à vous.

Je vais vous dire, en luttant pour vous pardonner la façon dont vous nous avez rejetés, ma crainte et mon espérance. Ma crainte : c’est que vos enfants et petits-enfants sont en train de croquer avec beaucoup de bruit, par moteurs de bateaux interposés, tout ce que vous avez cru acquérir légitimement et de droit. Et vous-mêmes, un jour, vous allez vous retrouver tout dénudés « nus Job.jpgcomme vous êtes sortis du sein maternel » dans la vérité de l’être, démunis de votre avoir. C’est Job qui le dit (Job 1, 21) Il en fait l’expérience. Nous sommes tous menacés de cette maladie impérialiste en nos sociétés nanties. Moi aussi « Lulu en camp volant » j’en fais l’expérience. Je n’ai peut-être pas grand-chose. Mais j’ai beaucoup par rapport à ceux qui sont obligés de se sauver, à qui on a pris et tué leur âne et leurs moutons, scié et coupé leurs oliviers, laissé leurs gosses sans bagages, ni pain à partager. Moi aussi, j’ai à veiller dans mon cheminement à ne pas me laisser corroder et ronger l’âme et le cœur comme fait l’asticot dans l’abricot. Je viens de vous dire ma crainte. Je veux aussi continuer à vous regarder comme des frères, Monsieur du « Nouvel Empire » et Messieurs les pirates de l’Intérieur. C’est une sacrée grâce qui nous est donnée et maintenue par notre ami Jésus et sa mère Marie, et aussi son père Joseph (ils savent de quoi ils parlent) : la grâce de continuer à nous envisager frères et sœurs à travers et plus loin que nos attitudes et paroles assassines. Un jour, vous n’aurez plus rien Monsieur du « Nouvel Empire ». Mon espérance et mon souhait, c’est que dans cet orage et tempête de votre vie, vous trouviez quelqu’un, sur le bord du Danube d’où vous serez expulsé, qui vous dise « Viens vite te mettre à l’abri ! J’ai un toit pour que tu puisses être toi» Comme viennent de me le dire Adalbert et Maria à Freyenstein.

 

Tableau du XVIe de Jean Bourdichon (Grandes Heures d'Anne de Bretagne) : Job est ses amis d'hier.

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commentaires

J
Merveilleux commentaire où chacun peut se demander où il en est dans sa pratique de l'évangile
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Présentation

  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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