Début de la lettre : Où peut bien crécher le frère du pape ? #1 et Où peut bien crécher le frère du pape ? #2
Regensburg les 4 et 5 Juin 2012
La sœur religieuse qui m’accompagne au pas de l’âne sait qu’elle a à me faire rencontrer le frère du pape. Il y a un endroit dans la ville de Regensburg qui doit être détenteur de la connaissance de l’adresse du lieu « où peut bien crécher le frère du pape ». C’est l’évêché ou bien la cure où habitent les prêtres de la cathédrale. Nous voilà arrivés entre des 2 maisons. J’attache l’âne Isidore à la rambarde d’un des escaliers. Ce ne sont pas les moments ni les endroits les plus marquants et rigolos pour Isidore. Pas d’herbe à manger. Des pavés sous les pieds ! Ça n’a rien de confortable pour l’âne. Heureusement qu’un gamin en compagnie de sa maman de temps en temps lui apporte une carotte ou une pomme à manger. J’explique à Isidore « que nous risquons d’en avoir pour un moment. La religieuse va nous aider dans notre cheminement pour la paix, afin d’arriver à trouver le frère du pape et lui remettre la lettre pour son frère en lui expliquant que ça pourra aider les évêques de France à vouloir entrer dans la démarche du pape de faire arrêter de manière urgente l’armement nucléaire en France, de manière unilatérale. L’Eglise a un pouvoir prophétique dans ce domaine. C’est fondamental dans sa mission qu’elle en use humblement et en même temps que ça se sache. Le fameux message du sermon sur le Montagne de Jésus, il ne fait pas le laisser caché sous le boisseau (Mt 5, 15) Gandhi nous l’a souvent rappelé à nous chrétiens ainsi que Martin Luther King. Déjà Tolstoï dans son livre « Le royaume de Dieu est en vous. »
J’explique tout cela à l’âne en lui disant combien c’est important que nous sachions patienter et attendre. Je dis encore à Isidore : « Ne recommence pas à braire comme tu viens de faire ! Ça va alerter la police ! Mais après tout ! Recommence de braire ! Peut-être que ça va faire sortir en prêtre de ces 2 maisons immenses, quelqu’un qui va pouvoir me renseigner « où peut bien crécher le frère du pape Benoît XVI ! »
La sœur religieuse très sympathique revient essoufflée. Elle a dû courir dans toute la maison. Elle revient sans pouvoir me donner de réponses. Elle refait les mêmes démarches dans la 2ème maison. Sort de la maison une autre sœur religieuse à qui nous expliquons le pourquoi de ma démarche et que ce serait merveilleux qu’elle puisse nous indiquer l’adresse du frère du pape. La première sœur religieuse s’en va. Je la remercie et me voilà comptant beaucoup sur ce qui va venir grâce à cette 2ème sœur religieuse, qui rentre elle aussi à nouveau dans cette 2ème grande maison et qui revient un moins essoufflée que la première. Elle me signifie qu’elle est dans l’incapacité de me dire quoi que ce soit concernant le frère du pape.
Amis évêques et curés, hommes nous n’avons pas à donner à des femmes, religieuses ou mères de familles des semblants de pouvoirs dans les lieux appelés à être des lieux relationnels d’accueil et de réception. Tout cela est inverse de signes et faux semblants. Rendons possible que les femmes aient leur part de pouvoir dans l’organisation de l’Eglise, en nous défaisant de nos pouvoirs. Elles sauront bien de ce pouvoir faire un service avec toute la délicatesse et l’intuition qui les habitent et apprenons à agir à leur école.
La porte de l’évêché s’est refermée actionnée par la sœur. J’ai eu envie de pleurer. De la part de la sœur, pas de mots semblables à ceux que je venais d’entendre de la part de Thomas et Christa : « Wollen sie ein Café trinken ode rein Glass Wasser ?! » Ce fameux verre d’eau de l’évangile. Et surtout il ne m’était donné aucune réponse concernant l’adresse du frère du pape.
Ville de Regensburg, vous venez d’accueillir Benoit XVI qui en vous a tellement œuvré pour que l’Eglise soit signe d’accueil et de paix. Benoît XVI vous d dit : « Ici je me sens chez moi ! » Mais il vous l’a dit pour que tout homme puisse dire dans votre cité et particulièrement en vos lieux d’Eglise, surtout le passant, l’immigré, l’errant et le camp volant : « Ici je me sens chez moi. »
Le ticlet refermant la porte de l’évêché à notre nez venait de « taquer ». L’âne Isidore se mit à braire une seconde fois et me dit encore : « Elle ne t’a pas fait entrer la dame ? Qu’elle ne l’ait pas fait entrer moi, l’âne, par peur que je me mette à crotter, ou à braire, je comprends, mais toi, prêtre de l’Eglise, t’as même pas eu un café ou un verre d’eau de proposé… Moi l’âne que je n’aie pas eu de carotte comme tout à l’heure chez Christa et Thomas, au bar café… je comprends… la dame de l’évêché, elle n’avait peut-être pas de carottes mais que toi tu n’aies pas eu une chaise, un verre d’eau ou un café… Tu ne venais pas demander des sous. Aux gens qui veulent t’en donner sur le bord du chemin, tu dis bien, oh je l’entends… tu leur dis même en allemand : « Je ne veux pas d’argent : Kein Geld… Kein Geld… » J’ai bien vu ce que tu as fait l’autre jour à Ingolstadt quand on traversait la ville… l’argent qu’on t’avait remis de force dans ta poche, tu l’as redonné à des gens qui mendiaient et à d’autres qui jouaient de la musique dans la rue, parce que tu penses que cet argent ne t’appartient pas… Tu venais demander à la dame de l’évêché l’adresse d’un prêtre, le frère du pape, non pas pour l’agresser, mais pour le remercier de ce que son frère a fait pour la paix et continue de faire et voilà comment nous sommes accueillis dans l’Eglise… Oh ça sera peut-être autrement dans d’autres maisons de l’église. »
J’étais dans la joie que l’âne Isidore ait si bien saisi l’objet et sens de notre démarche en chemin pour Bethléem. Je pris dans une poche de mon sac à dos, la pochette qui convenait pour enlever le crottin que venait de faire Isidore sur la chaussée. Je le portai dans le jardinet voisin et me suis assis sur les marches de cette maison qu’est l’évêché.
Je me dis 2 choses. Peut-être que quelqu’un va venir entrer à l’évêché et je pourrai demander l’adresse du frère du pape. Et la 2ème chose qui fortifia ma démarche de vouloir absolument rencontrer le frère de Benoît XVI, et lui remettre la lettre qu je continuais d’écrire, c’est qu’il m’était arrivé plusieurs fois après 1997 quand j’étais prêtre à Salins, de faire un bout de chemin libérant et reliant avec des gens « sans-papiers ». Nous avions eu besoin de recours et appui de Dominique Voynet alors ministre du cabinet Jospin, pour empêcher que ces personnes émigrés et sans papiers soient rejetées dans leurs lieux à risques graves pour leur vie. Pour que nos démarches aboutissent le plus vite possible, je venais voir Monique, la maman de Dominique à Dole pour qu’elle fasse parvenir à sa fille qui avait beaucoup de travail, les papiers qui empêchent l’expulsion de telle ou telle personne en danger de mort. C’était souvent une question de jours. Je leur en suis très reconnaissant en union avec les personnes qui ont été sauvées.
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