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13 août 2014 3 13 /08 /août /2014 21:52

Tibhirine, le 10 mars 2014     

 

« DESORMAIS TIBHIRINE N’APPARTIENT PLUS A L’EGLISE, MAIS A L’HUMANITE » (Jean-Marie LASSAUSSE)   

 

Avec mes 3 amis Claude, Nelly et Bernard, nous continuons à nous laisser conduire par Patrick MORVAN qui est devenu un frère pour nous. Comme Jean-Marie, il est vraiment là pour nous donner tout ce qu’il a su et pu trouver à Tibhirine.

En descendant de la source du jardin en direction du cimetière où reposent les  restes des corps des 7 moines, une forte impression me travaille. Celle-là, que, de ce petit village, il est en train de couler pour le monde une immense grâce. C’est ça qui fait dire de temps en temps à Jean-Marie : « Désormais Tibhirine n’appartient plus à l’Eglise, mais à l’humanité »

 

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En entrant dans le silence du cimetière, la disposition des 7 tombes me parle lumineusement. Dans la terrible nuit de violence qui enveloppe l’Algérie et toute notre humanité en cette époque, il se dessine là, pour nos yeux, comme une constellation d’étoiles. Je me mets à genoux et j’embrasse la terre, notre mère, qui, en ramassant ces 7 membres de l’humanité dans ses bras, nous rassemble tous pour nous enraciner, et nous faire pousser à leur ressemblance jusqu’à l’extrême de l’Amour. Les humbles grains de foi et d’amour ne deviennent ils pas aussi les jardiniers de l’espérance ?

En me relevant d’entre les morts, ce sont des paroles de vie que je continue d’entendre venant d’eux. Paroles de même sève que celles que j’ai entendues chaque fois que je suis allé me ramasser à l’abbaye d’ACEY en priant avec ce qui est écrit dans « l’Invincible Espérance » et dans « 7 vies pour Dieu et l’Algérie » présentés par Bruno CHENU.

Elles sont aussi de la même trempe que celles que j’avais découvertes dans l’abbaye de LATROUN, lorsque j’attendais Valérie, afin d’aller prendre l’avion à Tel Aviv pour revenir en France le 30 juin 2013. Ce matin-là, accompagné du frère Marie-Bernard, ami lui aussi de Jean-Marie MULLER, j’étais allé lire, entendre, écouter une découverte au creux du jardin de cette abbaye, située en pleine fracture entre Israël et Palestine.

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Photos de Lulu prises à Latroun

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Il y a là en effet quelque chose qui fut pour moi comme une « révélation », «  une apocalypse ». Quelque chose d’étonnant est gravé sur chacune des 7 stèles qui sont là, érigées en mémoire des 7 moines de l’abbaye de TIBHIRINE.


Merci tout rempli d’action de grâces, à celles et ceux qui ont compris, et nous l’ont partagé, que, ce que le Fils de l’Homme, par la médiation de l’apôtre Jean, dit à l’ange de chacune des 7 églises d’Asie, c’est à chacun des 7 moines de Tibhirine qu’il le dit :


-      A Christophe, il dit :

« La constance aussi ne te manque pas. N’as-tu pas souffert pour mon nom sans te lasser ? Au vainqueur, je ferai manger de l’Arbre de Vie placé dans le paradis de Dieu. (Ap 2, 3,7) »

 

-       A Bruno, il dit :

« Je connais tes épreuves. Reste fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la Couronne de Vie. » (Ap, 2,10)

 

-      A Luc il dit : 

«  Tu tiens ferme à mon nom. Au vainqueur je donnerai de la manne cachée. Je lui donnerai aussi un caillou blanc, un caillou portant gravé un nom nouveau » (Ap2, 13, 17)

 

-      A Paul, il dit :

«  Je connais ta conduite : l’amour, la foi, le dévouement, la constance dont tu fais preuve. Tenez ferme jusqu’à mon retour. Au vainqueur, je donnerai l’étoile du matin. (Ap 2,19, 28)


-      A Michel il dit :

«  Tu n’as pas souillé tes vêtements. Le vainqueur sera revêtu de blanc. Son nom, j’en répondrai en présence de mon Père. » (Ap,3, 4, 5)


 

-       A Célestin il dit :

 « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui, et lui près de moi … Au vainqueur, je donnerai de prendre place auprès de moi sur mon trône. (Ap3,20,21 )


 

-       A Christian il dit :

«  J’ai ouvert devant toi une porte que nul ne peut fermer et disposant pourtant de peu de puissance, tu as gardé ma parole sans renier mon nom. Tiens ferme. Sur le vainqueur, je graverai le nom de mon Dieu, le nom nouveau que je porte » (Ap3,8,12)

 

Il vient alors à mes yeux et à ma conscience, que ces paroles que le Fils de l’Homme donne à ces 7 témoins-martyrs de l’Atlas, c’est à nous tous, en humanité, qu’il les communique.

 

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11 août 2014 1 11 /08 /août /2014 12:34

Les pubs sur les blogs ou les sites que vous consultez sont trop agressives ? Il existe un moyen de respirer à nouveau, en téléchargeant le pare-pub Adblock Plus (clic). Vous ne supprimerez pas les pubs imposées, mais vous ne les verrez plus.

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8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 21:56

Dampierre, le 6 août 2014

 

COMMENT RETROUVER NOS VISAGES D’HOMMES LORSQU’ILS ONT ETE DEFIGURES ?

 

Aujourd’hui chez les chrétiens c’est une grande fête : celle de la reconnaissance que Jésus, «  le Fils de l’Homme » est transfiguré en présence de trois de ses disciples : Pierre, Jacques et Jean. Cette transfiguration se réalise de manière étonnante : « Son visage devient brillant comme le soleil et ses vêtements blancs comme la lumière… » (Mt, 17,2). En même temps, les disciples qui assistent à cet évènement entendent et comprennent que ce « Fils de l’Homme » Jésus, est le Fils bien aimé de Dieu, en qui son Père a mis tout son amour » (Mt 17, 5) Et nous-mêmes nous prenons acte que ce qui s’est dessiné sur le visage de l’Homme-Dieu, est dessiné désormais sur nos visages à nous tous membres de l’humanité. C’est notre acte de foi-confiance. C’est gravé dans nos cœurs. Comment empêcher que ce qui s’est réalisé là soit abimé par nous-mêmes.

 

Au début du mois de juin de l’année dernière, en traversant les territoires palestiniens, afin de me rendre à Bethléem, je suis passé au pied du Mont Tabor où, cet évènement de la transfiguration s’est accompli. Et il y eut quelque chose d’étonnant : l’ânesse Joséphine que j’avais dû retrouver pour accomplir ce voyage n’était pas tellement partante. Elle me faisait marcher très lentement. Elle trainait les sabots. Ça m’énervait. Mais je compris qu’elle faisait cela pour m’aider à voir clair. Elle me disait : « Est-ce que tu prends conscience en passant au pied du Mont Tabor, que vous les humains vous abimez ce qui vous est révélé sur cette montagne … Ne marche pas trop vite … Comprends que vous vous défigurez les uns les autres. Regarde bien durant cette marche que nous sommes en train de faire ce que des hommes font à d’autres hommes.

 

Et de fait, en entrant à Jenine dans le petit peu de « territoires laissés » aux Palestiniens, je découvrais qu’ils sont « occupés « comme me le confirmait le Père Jonny lorsqu’il m’accueillit à Naplouse en compagnie des religieuses de Mère Térésa : « Ici on est en territoire occupé » J’apprenais que des membres du pouvoir israélien, appuyés par les soldats de l’armée Tsaal, vidaient des familles entières de leurs habitations et accaparaient leurs maisons et leurs terres. Ce n’est pas une attitude d’hommes. Notre humanité en est défigurée.

 

Quelques temps après, j’apprenais que des responsables politiques et civils, capturaient l’eau dans les nappes phréatiques des villages palestiniens pour la pulser dans leurs propres villes et leurs colonies. Ils dévitalisaient ainsi le pays  palestinien.

 

J’apprenais encore, quelques temps après, que des hommes empêchaient d’autres hommes de se rendre dans leurs familles, ainsi que sur leurs lieux de travail, quand ils en avaient un, ainsi que dans les lieux de soins, tels que dispensaires et hôpitaux, en érigeant  un mur de séparation de huit mètres de haut. Notre mère la Terre, n’était plus la Terre des hommes.

 

Aujourd’hui, jour de la transfiguration, j’apprends par le journal, que dans   « Gaza, la population redécouvre une vie sans les bombes » Une trêve enfin commence, voilà un mois que le Gazaouis n’ont pas arrêtés d’être pilonnés, emprisonnés, asphyxiés par d’autres hommes. A la manifestation de Besançon l’autre jour, afin d’arrêter cette guerre, quelqu’un qui connait bien Gaza et le drame vécu par ses habitants, nous appelait à proclamer : « Nous sommes tous des Palestiniens » Cinquante jeunes filles et jeunes gens israéliens ont refusé dernièrement d’aller à la conscription. Ils sont devenus refuzniks, refusant de défigurer des Palestiniens.  Mais nous autres, pays européens, nous devons arriver à nous organiser pour empêcher cette guerre. Est-ce que nous ne continuons pas à fabriquer et vendre des armes ? Nous divulguons même sur les ondes au moment des informations la propagande israélienne qui justifie le déluge de bombes sur Gaza, en faisant l’opération « Bordure protectrice ». Bien sûr que nous réprimons aussi l’attitude du Hamas. Nous sommes appelés à dépasser les intérêts communautaristes et confessionnels dans la gestion de tous pays.

 

Nous ne pouvons pas non plus laisser se défigurer le visage de notre humanité par tout ce qui se passe en Irak, en ce moment, où des dizaines de milliers d’Irakiens, appartenant à des minorités religieuses, notamment des chrétiens mais aussi yézidis, vivent un véritable exode. Ils ont été vidés de Mossoul le 10 juin dernier, ils viennent d’être expulsés de Qaraqosh, par les miliciens sunnites de l’Etat Islamique (EI). Ils sont démunis de tout, et fuient vers le Kurdistan, ils sont en danger de mort. (Beaucoup ont déjà été massacrés).

 

Nous jeûnons aujourd’hui, pour prendre conscience que dans notre être d’homme et dans notre peau, qu’au profond de nous, est logée notre capacité d’arrêter de nous massacrer les uns les autres. Je dis : « les uns, les autres, «  car j’ai pris conscience quand j’étais soldat durant la guerre d’Algérie, que, lorsque les Algériens étaient vidés de leurs mechtas durant les opérations jumelles Cigale et Etincelle, afin d’établir le Plan Challes, nous, soldats, nous nous vidions de notre humanité. Quand nous abimions des hommes, nous nous abimions nous-mêmes, nous cessions d’être des hommes nous-mêmes. Le fait de jeûner aide à approfondir cette prise de conscience.

 

Et nous jeûnons aujourd’hui 6 août, aussi afin de commémorer ce qui a été fait à des hommes par d’autres hommes ce jour-là, et empêcher que ça se reproduise : l’éclatement d’une bombe atomique au dessus d’Hiroshima, provoquant la mort de 180 000 personnes. Nous jeunerons aussi le 9 août pour la même raison et dans le même but que l’éclatement d’une même bombe atomique sur Nagasaki, provoquant la mort de 130 000 personnes, ne se renouvelle jamais.

 

Nous ne pouvons pas et n’avons pas le droit de nous maintenir dans de telles menaces de mort, les uns par rapport aux autres, en devenant détenteurs de telles armes de destruction massive. Cette attitude est criminelle, nous sommes aux antipodes de l’humain, de telles déflagrations sont de lamentables défigurations de l’humanité.

 

A Hiroshima et à Nagasaki, c’est toute l’humanité qui a été défigurée.  Tout d’abord, ceux qui ont déclenchés l’éclatement de l’arme nucléaire à l’encontre de toute une cité, de tout un peuple ; en accomplissant de tels crimes, ils ont cessé d’être dans une attitude d’hommes. Certains ne s’en sont pas remis.

 

Et ils ont été défigurés aussi, ceux qui ce jour-là, ont été tués, annihilés, le visage brûlé. Leurs terres ont été rayées de la carte, plus rien ne pourra y pousser. Les survivants, abimés jusque dans leur capacité de mettre au monde des enfants, avec le risque de faire naitre des petits profondément handicapés.

 

Le jeûne est un véritable laboratoire. Nous jeûnons pour chercher comment nous arrêter d’entretenir une telle menace, une telle peur et terreur les uns par rapport aux autres, et nous arrêter de nous défigurer les uns les autres. Afin tout simplement de prendre conscience que nous avons la capacité d’être véritablement des humains les uns envers les autres.

 

Aujourd’hui, jour de la Transfiguration , je prends conscience que nous nous sommes défigurés à Hiroshima et Nagasaki, en prétendant accéder à la paix mondiale,  en mettant à genoux tout un peuple, et en l’annihilant.

 

Aujourd’hui, grâce au jeûne et à l’opinion de tous les amis qui y participent, il y a quelque chose que je vois mieux. En jeûnant,  je refuse de continuer à laisser se défigurer mon visage et à se dénaturer mon regard sur quelqu’ homme que ce soit. Je retrouve mon visage d’homme, parce que je refuse de pactiser avec le gouvernement de mon pays qui continue à se doter d’armes nucléaires  plus performantes. En jeûnant, j’entre aussi en dissidence par rapport à mon Eglise qui continue de cautionner l’armement nucléaire de la France, en maintenant la déclaration de la Conférence des Evêques de France du 8 novembre 1983. Toute notre amitié reconnaissante à vous Jean-Marie MULLER et au M.A.N.V. (Mouvement Alternatif Non Violent)  qui apportez aux membres de l’A.D.N. (Alerte pour le Désarmement Nucléaire) que nous sommes, le ressourcement prophétique, qui nous fait nous envisager les uns les autres en humanité, comme le Christ nous dit que Dieu notre Père nous regarde tous, le jour de la transfiguration.

 

Nous jeûnons dans une humble joie pour retrouver notre dignité, en appelant notre pays à se démunir de l’arme nucléaire.  Invité hier à un repas familial dans un village voisin de Dampierre, un homme de mon âge, sachant nos engagements et que nous jeûnons pour demander l’arrêt de l’armement nucléaire de la France de manière unilatérale, cet homme me racontait que son oncle Raymond lui disait quand il était gamin : «  Au lieu de faire des usines d’armement, on ferait mieux de faire des casseroles, d’y mettre à manger, ainsi, on pourrait nourrir le monde » mais tout de suite après, quelqu’un d’autre  me disait : «  La centrale nucléaire de Creys-Malville … c’est elle qui m’a donné du travail … ça m’a permis d’élever ma famille, mais je sais pourtant que les effets du plutonium mettent 26 000 ans pour ne plus avoir de nocivité. »

 

Nous nous sommes partagés nos questions et réflexions vitales pour l’avenir de l’humanité : Nous nous sommes demandé quel héritage nous laissons à nos enfants et petits enfants ? ils sont là en train de jouer dans la salle à manger au milieu de nous. Leur laisserons-nous une terre qui risque de leur éclater dans les mains et à la figure, les défigurant pour toujours.

 

Je ne suis pas sûr d’être arrivé à nous interpeller, afin d’emprunter un tout autre chemin que celui-là, dans lequel nous sommes embarqués ? J’aurais tellement voulu que nous nous remettions en cause, que quelque-chose de la transfiguration de Jésus apparaisse sur nos visages, dans notre bouche et dans nos cœurs, et que nous nous aidions les uns les autres à « Libérer la France de son arme nucléaire » comme nous y appelle Jean-Marie Muller, que nous cessions de préméditer un crime contre l’humanité et de la défigurer.

 

Ainsi, nous retrouverions nos visages d’hommes, de femmes et d’enfants.

 

En jeûnant, je voudrais que nous nous apprenions à chercher et trouver les chemins pour nous arrêter de programmer et perpétrer notre odieux massacre les uns par les autres. Je suis humblement confiant que nous pouvons être des bâtisseurs et non des casseurs.

 

Telle est notre Transfiguration !

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5 août 2014 2 05 /08 /août /2014 13:00

Overblog a décidé d'inonder ses blogs de pubs... Désolés pour ce désagrément !

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5 août 2014 2 05 /08 /août /2014 12:44

A Dampierre, les membres d'ADN (Alerte pour le Désarmement Nucléaire) ont commencé à jeûner, ou à se retrouver pour des échanges fructueux ce 1er lundi du mois d'août... Si vous êtes dans la région, n'hésitez pas à les rejoindre tout au long de cette semaine, et en particulier les 6 et 9 août de 16h00 à 19h00.

 

D'autres personnes manifestent aussi en France et dans le monde à l'occasion des catastrophes d'Hiroshima et Nagasaki.

 

      http://actionawe.org/wp-content/uploads/2014/06/hawk21.jpg

 

Des anglaises ont lancé l’initiative d’encercler la base de Burghfield l’équivalent de Valduc en Angleterre) avec une écharpe rose de 11 km pour symboliser et marquer leur refus de la bombe.

Les Françaises en ont tricoté une de 60 mètres, dont 4 mètres par des Côte-d’Oriennes !

Cette écharpe rose sera déroulée à Valduc le 6 août, puis à Paris le 7, puis reliée à l’écharpe de 11 km entre Burghfield et Aldermaston.

 

  • Dominique Lalanne donne RDV au Mur pour la Paix, le mercredi 6 août à 8h pour la cérémonie commémorative du bombardement de Hiroshima, Place Joffre, à Paris, et pour ceux qui le souhaitent de les rejoindre pour jeûner jusqu'au 9 août. Toutes les infos sur www.vigilancehiroshimanagasaki.com

 

Soyez à l'affût d'autres RDV

 

Et voici 2 chansons de Boris Vian, à réécouter...

 


 

 

 

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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 21:24

Chaque premier lundi du mois, des personnes jeûnent pour demander l'arrêt de l'armement nucléaire, et un groupe de jeûneurs et de sympathisants se réunit à Dampierre (Jura). Lors de la rencontre du 7 juillet, le groupe s'est baptisé A.D.N. (Alerte pour le Désarmement Nucléaire).

 

Comme tous les 1ers lundis du mois, les membres de A.D.N. se réuniront lundi 4 août à Dampierre de 16h à 19h. 

Ce lundi 4 août, ouvrira une semaine spéciale : 

Il y a un an, Lulu rentrait à Dampierre après sa marche pour la paix du Jura à Bethléem. Il rentrait pour commémorer les bombardements d'Hiroshima et Nagasaki. Il invitait ses amis à le retrouver sous une tente devant l'église de Dampierre, et à demander avec lui l'arrêt de l'armement nucléaire de la France, par le jeûne. (Voir les CR de ces rencontres sur le blog, ICI, ICI et LA)

 

Cette année encore, vous pouvez vous unir à cette action, en particulier le lundi 4 août, le mercredi 6 août, et le samedi 9 août. 

Des rencontres sont organisées à Dampierre ces 3 jours-là de 16h à 19h mais Lulu sera heureux de vous accueillir tout au long de cette semaine.

 

Soyez nombreux à soutenir cette action, et à manifester votre soutien.

 

D'autres actions en France, notamment à Paris :

Le collectif des "Indignés de l’arme nucléaire", en souvenir des victimes d'Hiroshima et de Nagasaki, appelle à un campement citoyen devant le Ministère de la Défense à Paris le 6 août 2014. Début de l'action à 11h le matin.   Plus d'infos ici.

 

N'hésitez pas à laisser un commentaire sous cet article pour signler d'autres RDV.

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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 21:11

Tibhirine le 10 mars 2014

 

«  LES MOINES, ILS NOUS AIMAIENT »

(Un habitant du village de Tibhirine)

Nous avons du mal de quitter la chapelle. Il s’est échangé en cet endroit, tant de choses entre « ces hommes et leur Dieu », de ces « choses cachées depuis le commencement du monde. » (Ps 77, 2 - Mt 13,35) C’est en ce lieu qu’ont retenti dans le silence avec une humble intensité,  tant de paroles s’enracinant dans la chair de nos frères moines. C’est là, « qu’ils ont donné chair aux psaumes », pour reprendre un mot du jardinier de ces lieux. C’est là que la parole de Dieu, s’entremêlant à la parole des gens du voisinage et aussi de tous les gens d’Algérie, leur est rentrée dans la peau. 

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Cette peau va en être labourée, tellement déchiquetée, qu’un jour elle ne leur restera même plus sur le dos. » ( Ps : 128, 3 ; Job 19) Voilà que nos frères moines sont devenus des jardiniers et des cultivateurs de l’action non violente. Nous ramassons et nous cueillons les fruits de cette action dessous ce que les moines ont semé et planté. ( Jn, 4,28 ; Ps 125 ). Il y a urgence pour nous-mêmes de semer et planter les graines de leurs comportements dans nos rencontres. Jean-Marie nous disait encore tout à l’heure en venant,  qu’à Tibhirine « les moines ont tenté de faire un pont entre leur prière et les cris des hommes d’aujourd’hui. » Au moment où nous allons franchir le seuil pour sortir de la chapelle, c’est avec un sens aigu de l’histoire que nous entendons Patrick nous raconter : « il ne faut pas que j’oublie de vous dire que c’est dans cette chapelle qu’il s’est passé un évènement initiateur le 21 septembre 1975. Vous irez voir dans le livre de Jean-Marie, reprenant ce qui s’est passé ce soir-là.

 

« Christian de CHERGE n’étant pas encore prieur du monastère, nous sommes en pleine période du ramadan. Il prend le temps après complies pour l’adoration silencieuse. Il sent alors la présence d’un autre dans la chapelle. Un homme en prière, mais ce n’est pas un moine, qui laisse venir sur les lèvres « Allah Akbar » Commence alors, entre silence et prière à deux voix, un moment de grâce inédit, inouï. L’arabe et le français se mélangent, se rejoignent mystérieusement, se répondent, se fondent et se confondent, se complètent et se conjuguent. Le musulman invoque le Christ. Le chrétien se soumet au plan de Dieu sur tous les croyants, et l’un d’entre eux qui fut le prophète Mahomet. »

 

Il y a comme cela des petites anecdotes, des petits faits révélateurs de ce qui s’est vécu à Tibhirine. «  Les travaux du prieur à propos du dialogue interreligieux sont un trésor dont nous découvrons seulement l’étendue. » Ce sont tous ces faits, les travaux en commun dans le jardin avec Christophe, les paroles qui situent bien qui ils sont les uns par rapport aux autres, petits oiseaux et petites branches du grand arbre qu’est notre humanité. C’est encore tout le long et quotidien défilé des enfants, des femmes et des hommes venant se faire soigner auprès du frère Luc, le visiteur-priant de ce fameux soir du 21 septembre 1975, revenant de temps en temps et disant : « il y a longtemps que nous n’avons pas creusé notre puits » A partir de 1993 jusqu’au 26 mai 1996, il y a eu tous ces moments où ces hommes se sont affrontés dans une attitude non violente en reconnaissant : « Pouvons-nous partir de cet endroit, après ce que nous entendons et voyons, ne sommes-nous pas appelés à rester avec les gens de Tibhirine … ? » C’est toute cette longue histoire qui a fait dire récemment à un homme du village de Tibhirine : « Les moines, ils nous aimaient »

 

Patrick nous dit : « Voulez-vous que nous nous dirigions vers la fontaine et ensuite vers le cimetière » En faisant ce trajet, je pense à l’attitude de Christian et de ses frères moines, aux actes qu’ils ont été amenés à réaliser et aux paroles qui en sont sorties. Ils nous appellent à nous démunir, à nous défaire et à nous désarmer de tout ce qui nous empêche d’être des hommes. Plusieurs faits vécus ici me reviennent, dont Jean-Marie et Patrick témoignent. La veille de Noël 1993, un commando avec Sayah Attiyah à sa tête, fait irruption dans le monastère. Ils rattroupent les moines et les gens de l’hôtellerie et commencent à vouloir poser leurs exigences. Christian intervient en disant : » Jamais personne n’est entré ici avec des armes. Si vous voulez discuter avec nous, entrez, mais laissez vos armes dehors. Si ce n’est pas possible, allons dehors … car Noël pour nous, c’est la fête du Prince de la paix et vous venez en armes. Le chef des rebelles finira presque par s’excuser : « Je ne savais pas »

 

En septembre 1994, frère Luc dira dans son journal : « la vie chrétienne ce n’est pas d’abord d’écrire sur Dieu, c’est de révéler chacun à sa manière, le visage de Jésus dans la vie de chaque jour.

 

Dans sa prière, Christian dira : « Seigneur, désarme-moi, désarme-les »

 

Nous sentons, en respirant profondément durant notre déplacement, que ce lieu appelé par Etienne Léon Duval : « le poumon du diocèse » est en train de le devenir pour des horizons encore plus larges que ceux-là. Ce que nous comprenons et ramassons en notre for intérieur, nous voulons l’emporter, pour le planter, le semer et le partager, avec vous, amis de France, avec qui nous allons bientôt nous retrouver. Nous voulons vraiment faire avec vous cette découverte, que l’Eglise d’Algérie, dans le sillage des moines de Tibhirine, est une Eglise de la rencontre.

 

En accomplissant ce trajet, c’est merveilleux d’apercevoir toutes ces graines de non violence, que Patrick va encore nous aider à ramasser. J’aime beaucoup réentendre de sa bouche ce que nous avons déjà entendu de celle de Jean-Marie ou lu dans son livre, particulièrement ce qui s’est passé le 14 décembre 1993. Ce jour là, 12 croates de confession chrétienne, sont assassinés à Tamesguida … là, dans ce village que vous voyez en contrebas de chez nous. Christian de CHERGE écrira dans La Croix du 24 février 1994, «  Il faut dire l’humiliation de tous ceux qui dans notre environnement ont ressenti ce massacre comme une injure faite à l’islam, tel qu’ils le professent et cela au double titre de l’innocence sans défense et de l’hospitalité accordée. Si nous nous taisons, les pierres de l’oued, encore baignées de leur sang, crieront jusqu’aux cieux. » (Luc 19, 40)

 

Nous relirons à ce sujet les paroles de frère Christophe dans son journal : « Le massacre des croates nous a traumatisé. Oui, car nous ne sommes pas blindés par la clôture. Elle délimite un espace d’accueil, elle figure un espace ouvert. Blessée par la souffrance de ce monde, elle pose une résolution d’amour crucifié face aux ennemis. » Il faut relire ce que ce frère a écrit dans son journal ! C’est une mine pour nous ressourcer en action non violente. Les moines ne sont pas naïfs, ils savent qu’ils pourront être directement concernés par cette violence.

 

En parvenant auprès de la source en contre haut du jardin, il me revient des paroles que Jean-Marie nous a partagées hier soir et ce matin et particulièrement celles-ci : » L’Eglise d’Algérie ne dénombre que quelques milliers de chrétiens dans un pays de quelque 35 millions d’algériens. Elle ne compte que quelques chrétiens algériens, une majorité des pratiquants venus d’occident ou d’Afrique sub saharienne. Nous sommes invités à poursuivre, à réinventer chaque jour l’Église de la rencontre. Il n’y a pas d’autre visage possible en terre musulmane ou en terre non chrétienne. Peut-être même l’Eglise d’Algérie a quelque chose à dire à l’ensemble de l’Eglise sur cette façon d’être en relation avec le monde… Etre en Église au service des autres, une Eglise qui se nourrit de la foi et aussi de la non foi, de l’indifférence des autres. Elle se doit de dénoncer l’image trompeuse qui lui colle à la peau, d’une Eglise qui condamne, qui juge, pour révéler une Eglise qui ressent, qui fait siennes les interrogations des hommes d’aujourd’hui.

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25 juin 2014 3 25 /06 /juin /2014 19:39

TIBHIRINE, lundi 10 mars 2014

 

ILS SE DEMUNISSAIENT DE LEURS PROPRIETES ET EN PARTAGEAIENT LE PRIX ENTRE TOUS (AC. 2, 45)

 

Au moment où Samir et Youssef nous apparaissent en nous ouvrant les portes du monastère de Tibhirine, mes amis Nelly et Bernard, Claude et moi, nous sommes fortement impressionnés. C’est vous tous les membres de notre escorte conduits par Jean-Marie, qui entrez avec nous dans ce jardin-source. Nous prenons le temps d’entrer tout doucement dans cet endroit où nous sommes attendus. Nous accédons en un lieu où des membres de l’humanité reçoivent d’autres membres de cette même humanité. Ça me fait deviner qu’il se passe là à Tibhirine en ce moment et en ce lieu, avec les gens avec qui nous nous rencontrons, ce qui s’est passé au commencement de la communauté chrétienne. Vous savez quand nous lisons dans les Actes des  Apôtres : « Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun. » (Actes 2, 44-45)

 

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Un café et un petit déjeuner nous sont offerts au cours duquel Jean-Marie nous présente Patrick MORVAN, un prêtre en retraite, arrivé à Tibhirine depuis quelques mois pour donner de son temps. Il veut lui aussi, rendre possible avec Jean-Marie, Samir et Youssef, que les gens qui se présentent devant la porte du monastère comme nous le faisons aujourd’hui,  puissent y entrer afin d’y ramasser ces graines de la non violence qu’ils sont venus chercher. Patrick est originaire de la Bretagne. Il a été curé en Seine Saint-Denis à Sevran où j’ai été en stage en banlieue ouvrière durant les années 1965-1966. Nous y avons connus les mêmes amis, notamment Pierre THION et Pierre DUPONT. Patrick a été soldat en Algérie pendant la guerre dans les années 1961-1962, un peu après que Claude et moi en soyons revenus. Patrick nous dit : « En présence des musulmans, en voyant leur foi, j’ai eu le coup de foudre pour le peuple algérien. J’ai découvert l’originalité et l’identité de ma propre foi. En Seine Saint-Denis j’ai rencontré beaucoup de musulmans, je me suis lié avec eux. Voilà un peu les raisons pour lesquelles j’ai voulu venir un an à Tibhirine. C’est merveilleux d’être ici. » Je lui dis : « Tu veux continuer ce qu’ont fait Anne et Hubert PLOQUIN pendant un an et demi … Nous vous disons notre reconnaissance d’être les facilitateurs de notre démarche. »

 

En écoutant ces hommes, Jean-Marie et Patrick, nous sentons qu’il y a en ce lieu comme un souffle … une présence de l’Esprit du Christ Jésus… que c’est cela que les moines faisaient habiter en eux. Vous nous permettez de laisser cet esprit entrer en nous, amis Jean-Marie, Patrick, Youssef, Samir et gens de Tibhirine. Belle équipe de jardiniers que vous êtes ! Vous nous faites découvrir comment cultiver notre propre jardin quand nous serons rentrés en France. Ainsi, avance humblement, dans l’humus, au profond de l’humanité, la culture de la non violence.

 

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Jean-Marie nous indique dans quelles chambres nous pourrons déposer non seulement nos sacs à dos mais aussi, laisser se planter au fond de nous-mêmes tout ce que nous aurons découvert de « La Force d’Aimer », qui habitait et habite toujours le cœur des moines. Un cadeau inestimable m’est offert par Jean-Marie, auquel je n’aurais jamais pensé : «  Tu auras la chambre de Christian de CHERGE ». Dans l’immédiat, je me dis en moi-même : « C’est là que Christian a écrit la deuxième partie de son testament… »

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Puis Jean-Marie, partant rejoindre Samir et Youssef au jardin, nous remet dans les mains de Patrick. C’est beau comment Patrick nous dit : » Si vous voulez bien, nous allons continuer à entrer dans cette maison … et en même temps, vous et moi, nous laisserons entrer en nous le souffle de la non violence qui travaillait l’être des moines. De plus en plus, cette maison devient la maison de gens du monde entier. C’est merveilleux de voir tous ces gens qui viennent chercher et entendre ce que les moines ont semé ici. J’ai entendu Jean-Marie tout à l’heure vous indiquer en entrant, l’endroit où frère Luc recevait et soignait les villageois…

 

Lors de la terrible nuit de l’enlèvement, le 26 mars 1996, frère Jean-Pierre dormait et n’a rien entendu. Nous pensons que les ravisseurs se sont introduits dans l’enceinte du monastère par le jardin…

 

Venez ! Nous allons nous diriger vers la chapelle installée en 1976 dans l’ancien pressoir du domaine viticole… Que de chants psalmodiés ont été exprimés en ce lieu … Le film « Des Hommes et des Dieux » n’a pas été tourné ici, mais cependant il traduit toute la  belle dignité avec laquelle ces hommes ont prié Dieu leur ami et notre Père ici dans cette chapelle, encore le soir du 26 mars, quelques heures avant leur enlèvement … quand ils ont dit complies … et chanté  Bonsoir à Notre Dame de l’Atlas : Salve Regina et qu’ils l’ont appelée Mère de Miséricorde »

 

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Nous nous arrêtons un long moment en ce lieu  sur l’invitation de Patrick. Nous ressentons votre présence, Christian, Christophe, Luc, Paul, Michel, Bruno et Célestin, qui avec Amédée, Jean-Pierre et tant d’autres, avez donné votre confiance à Celui qui savait vous rassurer parce qu’Il communiait à vos doutes.

 

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Les jours où les paroles du psaume 21 résonnaient en ce lieu, vos mots étaient en alliance avec ceux de Jésus avec les cris de beaucoup de gens du village de Tibhirine et de toute l’Algérie : « Père, on a l’impression que tu nous abandonnes  … durant le jour, aucune réponse à nos cris de détresse … On ne verra donc pas le bout de cette guerre fratricide … Et durant la nuit, quand on voudrait avoir un peu de repos et de répit, pas moyen d’avoir un peu de silence, c’est le bruit des armes que nous entendons et qui nous déchire … nous avons peur. »

 

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Frères moines, c’est là que vous veniez à heures régulières, exprimer les assauts surprenants et inattendus qui déchiraient la vie des gens du village et la vôtre. Vous pétrissiez tout ce temps de prière d’une foi confiance, enracinée, dans le fait que pour vous, Jésus est Bon Pasteur, Bon Berger. Là où il vous emmène, c’est là où il a été conduit par l’Esprit. Pas facile de dire, pas facile de reconnaitre que le chemin de croix est un juste chemin. Comment se laisser dire que rien ne vous manquera, alors que vous avez l’impression un peu plus chaque jour que l’on vient vous prendre votre vie. Combien de fois, vous vous êtes offerts les uns aux autres dans les psalmodies exprimées en deux chœurs,

- les questions angoissantes qui sont les vôtres et celles de vos voisins

- et les paroles pacifiantes de Jésus : « Je suis avec vous pour toujours, avec vous et avec tous ceux que vous portez dans vos cœurs »

 

Vous étiez confiants que Jésus en les disant à vous, les disait aussi aux gens du village et par là, à tous les gens de l’Atlas. Vous écoutiez dans les mots psalmodiés, le timbre de la voix de votre Maitre et Ami Jésus … vous compreniez que ce qu’il vous disait à chacun, c’était adressé aussi à tous en commun. Tout en entendant les peurs et les effrois des uns et des autres mêlés aux vôtres, vous chantiez que l’amour du Christ vous était donné à tous.

 

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Là, en ce lieu, dans combien de psaumes vous reconnaissiez que la situation des membres du peuple algérien était comparable à celle des tourterelles et des hirondelles, des passereaux et des moineaux, effarouchés, effarés, effrayés, par les violences qui leur étaient faites … les gens eux-mêmes, venant voir le frère Luc pour soigner leurs blessures et leurs maladies, vous faisaient comprendre : « Petits oiseaux que nous sommes, nous vous en supplions, ne partez pas … demeurez , afin que nous puissions être au moins comme des oiseaux sur la branche …  Pour cela, il faut que vous, les branches de l’arbre vous restiez. » Vous compreniez et faisiez tout pour demeurer branchés sur Jésus, le Fils de Dieu. L’un de vous, allait lire la parole de Dieu en Saint Jean au chapitre 15 : « Pour porter un fruit qui demeure, restez branchés sur Moi. » et vous lui disiez en chœur : « Sans Toi, sans ta manière de vivre et d’aimer, nous ne pouvons rien faire. »

 

Patrick nous racontait qu’à plusieurs reprises, des hommes avaient surgi en armes aux portes du monastère et même à l’intérieur. Les moines avaient réagi en disant : «  Ici, c’est une maison de paix, il est insupportable d’y tenir des armes. Sortons » Les moines avaient réussis à faire comprendre à ces hommes qu’il ne fallait pas entrer ici avec leurs armes. Nous-mêmes aujourd’hui, nous comprenions que nous sommes appelés à nous désarmer, à nous défaire et à nous démunir de nos violences. Nous nous engageons à nous arrêter dans la course aux armements de toutes sortes de manière unilatérale.

 

Avec Christian de CHERGE et avec vous tous, frères moines, nous faisons cette prière : « Désarme-moi, désarme-les  »

 

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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 09:40

Lundi 10 mars 2014. En chemin pour Tibhirine…

 

« CE QUI PRIMAIT C’EST QU’IL Y AIT UN LIEN AVEC LA POPULATION » (Le jardinier de Tibhirine)

 

Nous prenons un bref petit déjeuner à la maison diocésaine d’Alger. Il est 5 heures 15, quand nous quittons la maison et que nous montons les quatre, à bord de la voiture de Jean-Marie. C’est un trajet éprouvant que nous entreprenons. Celui-là que Christian de Chergé a plusieurs fois réalisé. Mais je pense, particulièrement à cette fois-là, où il a prit ce chemin au lendemain du 1er décembre 1993. Il venait de commencer d’écrire ce qui deviendra son testament spirituel, qui ressemble comme nous l’avons vu, à celui de Jésus, dans l’évangile de Jean, au chapitre 17. Et je me dis, en écoutant Jean-Marie depuis hier soir, qu’il y a peut être, dans les paroles qu’il nous donne, un peu, beaucoup, là aussi comme quelque chose de son testament.

 

Jean-Marie nous raconte, une fois que nous sommes dans sa voiture, des choses que nous retrouvons, certes dans son livre : « le jardinier de Tibhirine », mais entendre de sa bouche ce qu’il a écrit dans son livre, et en être témoins, comme ça se traduit en ce moment, ça, c’est un grand don qui nous est fait. Nous le ramassons pour vous le partager. Ça me rappelle quand j’étais gamin, et que mon papa m’apprenait à labourer avec la charrue brabant, tirée par nos deux chevaux, Coco et Lisette.

Mon papa me disait : « ce grain que nous avons ramassé à la saison dernière, nous devons faire très attention de ne pas le perdre. Pour cela, il ne faut pas l’amasser mais en donner une partie et semer l’autre. Ramasser sans amasser. Ramasser pour donner. »

 

C‘est incroyable Jean-Marie ce que tu es en train de nous donner. Nous le ramassons, pour nous en nourrir, mais aussi pour le partager et le semer.

 

Nous venons de sortir de la ville d’Alger… Comme il est très tôt, la circulation est assez fluide…

 

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 - « Pourrais-tu nous dire Jean-Marie comment c’est venu, que tu sois appelé à devenir le jardinier de Tibhirine, là où tu es en train de nous emmener ? »

- « Le 20 mai 2001, dom André Barbeau, alors père abbé d’Aiguebelle et responsable de Tibhirine, me demande, en accord avec l’Evêque d’Alger, Henri Teissier, si je peux prendre en charge, la gestion du domaine… Henri, est un homme qui m’a beaucoup marqué, quand il était Evêque d’Alger. Je suis heureux de continuer de le rencontrer… »

« Ces deux hommes, André et Henri, me disent : nous souhaiterions continuer une présence. Est-ce que tu accepterais d’être le responsable de Tibhirine, en particulier des terres et du monastère ? Ce qui primait, c’était qu’il y ait encore un lien avec la population. Dans ce petit cimetière, j’ai éprouvé avec force, tout ce que pouvait être cet héritage de Tibhirine, dont j’étais indigne… En relisant le testament de Christian de Chergé, j’ai trouvé la trace d’un frère. J’ai compris aussi que devenir le jardinier de Tibhirine, allait m’engager bien au delà de la gestion du monastère. En acceptant, je recevais une part inestimable de la vie, de la mémoire, de la foi des martyrs de l’Atlas… Et j’ai accepté. »

« Une forme de présence chrétienne, notamment pour l’exploitation menée en association, avec quelques villageois : Mohamed, Youssef, et Samir… Vous allez les voir tout à l’heure. Ils vont nous accueillir, quand nous entrerons dans le monastère. »

 

 

Je me disais, à la pensée que dans quelques heures, nous entrerions dans le cimetière de Tibhirine : « C’est surprenant comment dans la proximité de certains tombeaux, tout un relèvement de nos êtres peut se réaliser. »

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Nous roulons à allure régulière, en traversant la plaine de la Mitidja, puis la ville de Blida… Il y a des constructions partout… Beaucoup ne sont pas terminées… Les splendides plantations d’orangers qui sont une des caractéristiques de Blida et de la plaine environnante, m’avaient beaucoup impressionné, quand en 1960, soldats, nous empruntions cette route pour aller en opération Etincelle et Jumelles dans l’Atlas blidéen.

Puis j’avais été choqué en 1983, quand nous étions venus en Algérie faire un campement avec 20 ados des Loisirs Populaires de Dole et 7 jeunes accompagnateurs. J’avais en effet découvert, que beaucoup de cultures vivrières avaient été abandonnées, sous l’administration Boumediene. J’avais trouvé qu’il fallait payer très cher le kilo de pomme de terre et la galette de pain…

 

 

Aujourd’hui, je suis heureux de voir que beaucoup de cultures et de plantations sont revalorisées. Mais cela ne nous empêche pas de déceler que ceux qui gouvernent le pays actuellement, veulent garder le pouvoir rien que pour eux.

Abdelaziz BOUTEFLIKA ne peut plus marcher suite à un A.V.C.

Il se déplace en fauteuil roulant et il brigue un quatrième mandat. Il se dissimule derrière lui toute une mafia d’hommes de pouvoir qui captent et gardent rien que pour eux, les ressources de ce pays si riche. BOUTEFLIKA sera réélu Président de la République Algérienne pour un quatrième mandat le 17 avril… Car les gens sont sous la crainte que ne reviennent les années noires comme entre 1990 et 2000. Une colère couve dans l’être profond des gens. Leur dignité est bafouée.

 

 

Ça y est nous voilà aux portes des gorges de la Chiffa.

Beaucoup de vilains souvenirs me reviennent, comme la peur et la crainte. Le réflexe de tenir et serrer son arme tout contre soi, au cas où nous tomberions en embuscade dans ces gorges fatidiques. Cependant je contemple les hauteurs de Chréa. A flanc de montagne, un nombre impressionnant de bulldozers et de pelleteuses sont à pied d’œuvres afin d’établir un immense ouvrage : une imposante autoroute est en construction qui ira d’Alger à Médéa, puis à Hassi-Messaoud, à Ghardaïa, et Tamanrasset…

Mais alors qu’une multitude de jeunes Algériennes et Algériens sont en chômage, ce genre de chantier, ne leur est pas accessible. Il est attribué à des entreprises chinoises…

Quels contrats commerciaux ont bien pu s’instaurer entre la Chine et l’Algérie ???

Nous entendons beaucoup parler de ces chantiers, où la main d’œuvre uniquement Chinoise, prend le travail des Algériens, et, se trouve exploitée elle aussi. Il n’y a aucune osmose entre ces chantiers et le peuple Algérien.

Qu’est-ce qui met en danger, encore aujourd’hui, la vie des Algériens ? Bien-sûr que c’est en partie le terrorisme caché et larvé. Mais en causant nous rencontrons des gens qui nous appellent à remonter en amont de ces actes terroristes dont on a toujours une crainte terrible, qu’ils ne reviennent déchiqueter la société Algérienne comme ils l’ont fait de 1990 à 2000 (Quant il y eut 150 000 à 200 000 morts). Et nous sentons qu’il y a comme cause à tout cela, une guerre latente, entre quelques oligarques pour garder le pouvoir et l’argent. Ils profitent de l’extraction du gaz et du pétrole, mais c’est au mépris des gens du peuple. Ils les privent du strict nécessaire et particulièrement de leur dignité.

 

Jean-Marie nous raconte que, dès qu’il a commencé d’entrer dans ce jardin de Tibhirine où il nous conduit, tous les jours il découvre des trésors de vie et de foi, que les moines ont laissés. Il se sent appelé après les avoir découverts, à les ramasser, particulièrement, dans la contemplation et la prière, dans le travail et le jardinage, afin de mieux nous les faire partager.

Merci Jean-Marie de la manière dont tu parles de ces graines de non-violence et comment tu nous offres de les ramasser afin de les emporter et les cultiver dans le jardin de nos relations. Tu me fais penser Jean-Marie, à cet homme, qui dans l’évangile de Mathieu au chapitre 13 verset 44, vient à trouver un trésor dans un champ. Il le recache après l’avoir découvert, et s’en va, ravi de joie, vendre tout ce qu’il possède, pour acheter ce champ, afin d’y amener tous ceux qui voudraient venir y ramasser les graines qui vont changer toute leur vie.

Désormais, en traversant les gorges de la Chiffa, ce ne sont plus des balles et un fusil, que j’ai serré contre moi. Je me suis démuni de ce qui entretient la crainte et la peur. J’ai laissé pousser en moi les plantes ensemencées par la petite fille Espérance, dont nous a parlé Jean-Marie Muller dans le sillage de Charles Péguy. Nous sommes capables de traverser les ravins des ténèbres et de la mort, comme il est dit au psaume 22. A condition que nous nous laissions habiter et travailler par cette présence aimante qu’est l’être même de Jésus.

 

Nous voilà en train de sortir des gorges de la Chiffa. Jean-Marie nous fait deviner au loin, la ville de Médéa, dans la lumière du soleil levant. Il est bientôt sept heures. Voici presque deux heures que nous roulons. Nous allons bientôt entrer dans la cité : « Tenez… voilà le fossé où au matin du 21 mai 1996, les têtes des sept moines ont été retrouvées. Sans les restes de leur corps… »

Jean-Marie nous fait comprendre : faut-il vraiment s’obstiner de chercher et vouloir tout trouver ce qui s’est passé juste avant le 21 mai ? On ne trouvera peut-être jamais comment ils sont morts… Ne faudrait-il pas aussi et surtout continuer à creuser le puits au fond de notre propre jardin, et tirer l’eau vitale, pour nous engager à transformer nos propres manière de vivre, bêcher, piocher et faire pousser les graines des béatitudes ! (Mathieu 5 ; L’invincible espérance page 35).

 

Ah ! vous savez quand nous entrons dans ce monastère comme nous allons le faire tout à l’heure, « nous sommes impressionnés en franchissant la petite porte… Elle donne sur une cour agréablement ombragée. C’est là que les patients du toubib, le frère Luc, se blottissaient le long du mur, sur les pierres de taille accolées… Les femmes et les enfants patientaient… Pendant plus de cinquante ans, il a soigné des milliers de malades, et ceux-là sont encore reconnaissants aujourd’hui. Ils sont nombreux à revenir à Tibhirine, pour lui rendre hommage. »

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Nous qui venions en Algérie, pour ramasser des graines de non-violence, afin de les remporter et les cultiver dans nos champs d’actions, nous sentons que nous avons mis à jour un sacré chemin en venant à Tibhirine. Nous voyons bien, que nous avons déjà trouvé de merveilleuses parcelles de ce que nous cherchions.

 

Ça y est, nous traversons la ville de Médéa et le petit village de Tibhirine est désormais en vue. Dire que ce petit village, insignifiant comme ça apparemment, s’est revêtu d’une dignité infiniment profonde. Il se passe en moi, en entrant dans Tibhirine, ce que je ressens quand quelqu’un d’éprouvé me fait entrer chez lui, et que je découvre l’infinie dignité de son être. Je repense à ce que Saint Irénée de Lyon, à la fin du 2ème siècle, révélait aux gens avec qui il vivait : « la gloire de Dieu c’est l’homme vivant. »

 

Jean-Marie, le visage tout rempli de paix, nous dit en arrivant devant le portail du monastère : « les portes vont s’ouvrir… Nous sommes attendus ».

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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 12:39

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En mars 2012, Stéphane Hessel et Albert Jacquard ont lancé un appel au désarmement nucléaire total, en complément d'un état des lieux établi avec l'Observatoire des armements. Parce que l'existence de ces armes menace le destin de l'Humanité. Parce que les arsenaux du monde entier contiennent l'équivalent de 600 000 bombes de la puissance de celle d'Hiroshima. Parce que le Pakistan, Israël et la Corée du Nord détiennent ces armes dans un contexte géopolitique d'une extrême fragilité. Parce que l'avènement de l'ère nucléaire militaire, toute force de dissuasion, tout équilibre de la terreur, sont devenus de tragiques illusions. Parce qu'il n'est pas trop tard, et qu'une prise de conscience et une sensibilisation du public s'imposent.

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  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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