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21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 10:42
Lettre aux enfants
Lettre aux enfants

DAMPIERRE, le 17 juin 2016

 

Chers enfants des écoles de Dampierre (où j'ai appris à lire et à écrire) de Ranchot et de plein d'autres endroits, avec qui nous avons fait du jus de pommes tout en nous promenant au pas des ânes.

 

Grâce à ce que vous avez dessiné et écrit et que vous m'avez fait parvenir, vous nous aidez à enlever la tristesse de nos cœurs, du fait que nos maisons sont détruites, brûlées et toute remplies d'eau.

J'ai lu les nombreux messages de vous tous.

J'ai épelé vos prénoms à chacun et je fais voir vos dessins à beaucoup de gens qui viennent nous rendre visite.

Vous me proposez de m'accueillir avec mon âne dans votre maison, vous m'offrez un lit et un oreiller et vous trouvez de la paille et du foin pour l’âne. Vous nous aidez ainsi à nous reconstruire dès aujourd'hui dans une nouvelle maison d'habitation.

Grâce à ma famille, à nos voisins, aux gens de Dampierre, de Ranchot et de Fraisans et de beaucoup d'autres endroits, la solidarité de vous tous a joué.

J'ai retrouvé un logement à Dampierre, sur la place de la liberté à côté de l'église.

Mon neveu Benjamin et nos voisins dont les maisons ont été détruites, ont retrouvé eux aussi une habitation. Vous nous aidez aussi à rebâtir notre habitation intérieure, grâce à tout ce mouvement de solidarité. Vous me permettez de reconstruire la maison de mon cœur, là où je vous porte et où vous demeurez vous tous, les amis qui m'êtes si précieux et si chers. Qu'est-ce que c'est beau quand vous faites ce que vous dites !

Je vous le dis en union avec vos chers parents, vos grands-parents, vos maîtres et vos maîtresses d'école.

Je raconterai aussi à nos ânes ce que vous avez voulu faire pour eux. Dans votre sillage, eux aussi, les ânes ont retrouvé un logement chez des amis : une belle cabane avec du foin et de la paille, des brosses et des caresses, entourés d'un pré d'herbe fraîche. Quand je leur lirai vos lettres et que je leur montrerai vos dessins, ils vont faire beaucoup de Hi Han à votre adresse, pour vous remercier d'avoir pensé à eux comme vous l'avez fait.

En reprenant tous nos chemins d'humanité, interpellés par vous, chers enfants, nous essaierons avec vous, de ne laisser personne tomber sur le bord de nos routes, dans nos rues, dans nos cours de récréation et dans nos jeux.

Que toute maison soit respectée, partout à travers le monde.

Qu'à tous les enfants, obligés avec leurs parents de se sauver de chez eux à cause de la guerre, soit donnée une habitation dans nos pays.

Qu'ils trouvent une place dans une école, celle-là à laquelle ils aspirent.

Qu'il n'y ait plus de maisons qui brûlent et qui s'écroulent, par la violence des armes et de la haine.

Et que, dans le concert des peuples, tous les enfants puissent aller à la rencontre les uns des autres, marcher, danser, jouer et chanter : «  Qu'est-ce qu'on est bien sur un dos d'âne »

Je vous embrasse de tout cœur d'ami reconnaissant.

Lulu

 

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12 juin 2016 7 12 /06 /juin /2016 13:37

La vie reprend... Lulu est dans son nouveau chez lui... 

Voici une lettre qu'il a écrite le 20 mai. Merci à Appoline pour les photos.

Chanteau dans le Loiret, le 20 mai 2016

 

COMME UNE TAPISSERIE DE LURCAT

 

Après la célébration dans l'église du village de la vie et de la mort de Jean-Paul, après l'appel adressé à ses enfants et petits-enfants, ainsi qu'à nous tous à continuer ce qu'il a commencé, nous venons à la maison familiale vivre un moment de partage, d'une profonde fraternité.

 

Ce qui me marque intensément, c'est la présence de tous ces gens du village de Chilleurs-aux-bois, de tous les membres de la famille de Jean-Paul et Jeannine, et aussi de la famille de Michèle ... des collègues de travail d'Esther et d'Arnaud, venus de Charix dans l'Ain. Je suis heureux de retrouver Jean-Baptiste, professeur et artisan et de parler avec lui sur "l'élévation" dans  laquelle nous sommes interpelés par la médiation des escaliers qu'il fabrique.

 

D'autant plus que nous assistons à la rupture de tant de réalités structurantes de notre humanité, qui nous font nous casser la figure les uns aux autres et dégringoler dans des situations enfermantes.

 

Et nous voilà partis avec ma nièce Esther et Apolline sa filleule âgée de 17 ans, en direction de Chanteau, village distant de 20km, chez Jean-Marie et Hélène Muller ... En arrivant dans la cour, la joie de nous retrouver est grande pour Jean-Marie et moi, tant nous nous sentons en profonde communion dans la recherche de cette voix de la non-violence. Elle est, pensons-nous humblement, la seule possibilité donnée à notre humanité, de trouver une issue, une porte de sortie, la porte de sortie de notre enfer-me-ment, afin de trouver le centre vital qui va nous permettre de nous libérer.

 

Je présente à Jean-Marie ma nièce Esther et sa filleule Apolline. Jean-Marie sait, par un appel téléphonique que je lui ai adressé, que nous arrivons de l'enterrement  de Jean-Paul. Esther et Apolline savaient, durant notre court trajet, qu'elles m'emmenaient chez Jean-Marie Muller. Durant nos rencontres familiales ou à l'occasion de campements dans les plateaux du Jura, Esther m'avait souvent entendu parler de Jean-Marie et de la non-violence. Mais qui est Jean-Marie aux yeux d'Apolline ? Un de mes amis, dont la relation m'est précieuse. Mais Apolline ne se doute pas de tout ce que cette relation a comme conséquences dans ma vie. Il y a ce qu'a écrit Jean-Marie, il y a ce qu'on dit à propos de Jean-Marie et il y a ce dont on voudrait que nos mots explicatifs soient porteurs. J'ai balbutié dans la voiture quelques mots à Esther et à Apolline, afin de traduire la place que Jean-Marie tient dans mon cœur et dans ma vie depuis 1969 ... date du procès d'Orléans. J'avais appris l'existence de ce procès par Christiane Meyer, venue nous voir à la cure Notre Dame de Dole, où j'étais jeune vicaire depuis 3 ans. Nous formions là une équipe de prêtres avec Noel Girardet, Maurice Roux, Michel Damnon, Maurice Petit, Maurice Vandel ... Nous avions comme curé notre ancien supérieur du petit séminaire de Vaux: François Chaignat. Christiane était venue nous dire : " Je suis cousine de Jean-Marie Muller ... qui avec les prêtres Desbois et Perrin, sont en train de renvoyer leurs livrets militaires ... Ils veulent obtenir le statut d'objecteurs de conscience ... ce qui leur est refusé, parce qu'ils ont fait leur service militaire. Un procès leur est donc fait. L'évêque d'Orléans Guy Riobé les soutient. Est-ce que vous voulez vous solidariser dans ce soutien en signant cette pétition. Nono et moi nous avions signé, ainsi que Gaby Maire, Pierre Demoulière, (que je retrouverai au Brésil sur les pas de Gaby en 1999)

 

Quarante-six ans après, qu'est-ce que je suis heureux, d'avoir signé cette pétition !

Oui, il y a ce que l'on dit d'un ami écrivain quand on le présente à d'autres de nos amis, on voudrait tellement que les amis en question se mettent un jour à se nourrir de ce qu'écrit cette personne, et de sa pensée si nécessaire à notre humanité, de son dynamisme, de sa force de conviction. Il y a les mots pour dire tout cela, mais en même temps il y a la quête de signes autres que nos mots, afin de corroborer ce que l'on balbutie. On voudrait tellement convaincre en même temps que respecter.

 

Je me trouvais dans cette situation, lorsque Jean-Marie nous disait d'entrer et qu'ensemble, nous franchissions le seuil de la maison, avec ma nièce Esther et sa filleule Apolline. Je sais qu'elles ne vont pas pouvoir rester longtemps ... Elles vont devoir repartir rejoindre la famille à Chilleurs aux Bois.

 

C'est alors qu'il me vient l'idée de demander à Jean-Marie, s'il veut bien offrir à Apolline et à Esther, ce cadeau qu'il m'a fait il y a deux ans, quand j'étais venu les voir, lui et sa famille, à mon retour de Palestine-Israël ... Mon voyage avait consisté à marcher de Dampierre à Bethléem pour faire avancer la paix en nous démunissant en France de nos armes nucléaires de manière unilatérale ... J'étais venu chez Jean-Marie et Hélène pour leur signifier ma reconnaissance profonde pour la manière dont ils m'avaient alimenté tout au long de cette marche ... et aussi pour tout ce que j'avais pu boire, grâce à eux, à la source de la non-violence ... particulièrement pour tout ce qui m'était parvenu par les livres que Jean-Marie a écrit sur la non-violence et sa stratégie.

 

Et il y a un endroit dans la maison de Jean-Marie et Hélène, et c'est dans le grenier sous le toit, où sont étagés et sertis, comme des filaments, incrustés dans une merveilleuse tapisserie aux nombreux fils d'or, les livres que Jean-Marie a écrits. Ils sont au cœur d'étagères qui n'en finissent pas d'aller rejoindre les murs de chaque côté qui font tenir la maison. Mais peut-être que ce sont les livres qui font tenir les murs de la maison, tellement ils sont porteurs d'une pensée si nécessaire et vitale à notre humanité, je pense à la prestigieuse tapisserie de Lurçat, nous appelant à barrer la route au péril nucléaire.

 

Je demande à Jean-Marie : " Tu voudrais bien montrer ta bibliothèque à nos amies Esther et Apolline" - " Bien volontiers ..." Et nous voilà, grimpant par les escaliers de bois que nous entendons s'émouvoir de notre arrivée, par les bruissements qu'ils émettent ... Ils nous préparent à l'émerveillement qui ne tarde pas à jaillir de l'écarquillement des yeux et des balbutiements de la bouche d'Apolline et d'Esther, et aussi de mon être tout entier, au moment où nous entrons de plein pied dans le grenier. Je devine que cela serait un signe profond de notre reconnaissance, adressé à Jean-Marie, pour le travail de penseur qu'il réalise en cet endroit-laboratoire depuis plus de 40 ans. 

 

Photos prises par Appoline
Photos prises par Appoline
Photos prises par Appoline

Photos prises par Appoline

C'est là qu'est venue aboutir la réalisation de son 1er livre : " L'Evangile de la non-violence", qui va marquer tant de gens à travers la France tout d'abord, et puis le monde entier au fur et à mesure qu'il en fera le tour, grâce aux traductions qui s'en réaliseront. Je suis heureux de voir Jean-Marie, mettre la main dessus ce livre dans l'immédiat que j'en prononce le titre.

 

Je dis à Apolline : " Le plus tôt que je pourrai Apolline, je me débrouillerai pour t'en procurer un exemplaire, car hélas, il n'est plus édité. Je demanderai à Maggy de nous le trouver par Internet" Je trouve très beau aussi le moment, où dans la continuation de  notre contemplation commune, Jean-Marie empoigne le livre : " Désarmer les dieux" et qu'il nous dit avec une joie profonde et sûrement avec plus qu'un brin de fierté: "En voici la traduction en Arabe." Je pense en moi-même: C'est tellement important quand on a 17 ans comme toi, Apolline et que l'on est à la recherche du Dieu qui soit source d'Amour et non pas affublé de puissance destructrice et annihilante de ceux que l'on fait passer pour être nos irréductibles ennemis."

 

Esther est la marraine d'Apolline. Pendant que sa filleule se déplace d'un bout à l'autre des étagères afin de prendre des photos de quelques-uns des très nombreux livres qui ont été travaillés, compulsés par Jean-Marie, afin d'en produire les siens, Esther demande discrètement à Jean-Marie : " Quel est le 1er livre écrit par vous, que je pourrai offrir à ma filleule ?" Il lui répond" Le dictionnaire de la non-violence" Au moment où Apolline revient vers nous, je suis heureux de lui présenter le livre que Jean-Marie a écrit sur les moines de Tibhirine. Grâce à la couleur bleue de la couverture, je l'ai repéré sur l'étagère centrale de la bibliothèque. Avec beaucoup d'émotion, je dis à Apolline et Esther, que Jean-Marie l'a dédicacé à la mémoire de Gabriel Maire, prêtre français, assassiné le 23 décembre 1989 à Vitoria au Brésil. Gaby Maire est l'ami avec qui j'ai fait tout mon petit et grand séminaire dans le Jura. Comme les moines de Tibhirine, sa vie ne lui a pas été dérobée. Il l'avait donnée et offerte à la ressemblance de Jésus.

 

Je demande à Jean-Marie de nous épeler les noms des personnes dont il a écrit la vie et qui ont été les témoins artisans de la non-violence qui seule peut faire tenir le monde. Nous entendons les noms prestigieux et humbles en même temps, de Gandhi, de César Chavez, de Martin Luther-King, de Simone Weil, de Guy Riobé, de Jacques Gaillot, des moines de Tibhirine, de Pierre Claverie et de son chauffeur Mohamed, de Gaby Maire, des religieuses Léonie Duquet et Alice Domon ... et de beaucoup d'autres qui se sont nourris et alimentés dans le sermon sur la montagne de Jésus, dont Gandhi disait aux chrétiens que nous essayons d'être: " Vous avez dans l'évangile de Matthieu la mine qui contient les trésors capables de structurer notre humanité ... Il est urgent d'aller y creuser et y puiser... "

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4 juin 2016 6 04 /06 /juin /2016 12:22

Dampierre le lundi 23 mai 2016

 

" ET CA POURRAIT ETRE AUJOURD'HUI "

 (Dans le testament de Christian de Chergé)

 

Il y a 20 ans des femmes et des hommes de bonne volonté étaient bouleversés de par le monde entier, par l'annonce de la mort des moines de Tibhirine.

Samedi soir 21 mai, avant-hier, nous sommes allés avec Antoinette durant les complies chantées par les moines de l'abbaye d'Acey, ramasser nos êtres bien bouleversés eux aussi … Nous nous aidons à ce que, la petite fille Espérance de la non-violence, ne disparaisse pas de nos horizons. Car demain, des élections présidentielles en Autriche, risquent de provoquer des avalanches politiques alarmantes dans toute l'Europe …

 

Et puis ce dimanche 22 mai, Maggy et Bernard m'invitent à venir regarder chez eux le film «  Des hommes et des Dieux ».

 

"Et ça pourrait être aujourd'hui" C. de Chergé

Il passe à la télévision. Je l'ai déjà vu plusieurs fois. C'est avec une émotion toujours aussi profonde que je vais le revoir. Afin de m'y préparer, comme beaucoup d'amis, je relis le testament de Christian de Chergé écrit à Alger-Tibhirine entre le 1er décembre 1993 et le 1er janvier 1994. «  S'il m'arrivait un jour, et ça pourrait être aujourd'hui, d'être victime du terrorisme ... »

 

Et voilà que lundi matin 23 mai, très tôt le matin, je me prépare à rejoindre Claudine une amie habitant tout près de Dole … Elle craint, avec juste raison, qu'il lui tombe dessus un jugement, comme quoi elle devrait quitter sa maison pour aller loger en ville … «  Vous aurez tout, en ville » lui a t-on dit. Claudine a répondu : “ Je ne veux pas quitter ma maison qui a été faite des mains de mon mari ...” Elle m'avait alors demandé : “  Voulez-vous m'accompagner auprès du juge, pour que je puisse lui exprimer ma volonté et ma capacité de me maintenir à domicile …”

J'étais sur le chemin de la gare en direction de Ranchot pour me rendre chez Claudine, lorsque je suis rattrapé par la voiture d'Alain. Il me ramène à la maison à Dampierre où nous buvons le café et déjeunons avec des tartines de pain grillé au feu de bois et de la tomme de Savoie offerte par Antoinette... C'est Alain qui m'emmènera en voiture jusqu'auprès de Claudine.

 

Tout en déjeunant, Alain me partage son état d'âme en ce moment, alors qu'il a vu hier soir avec sa femme Véronique le film «  Des Hommes et des Dieux”

Alain : «  Ces moines qui avaient l'Esprit … Ils étaient des gens de paix … Ils vivaient là-bas pour l'amour des gens … pour les aider … ils avaient un esprit combattant …”

Alain cherche un autre mot que combattant.

Lucien : “ Tu veux dire qu'ils luttaient contre l'injustice” 

Alain : “ Ils ne voulaient pas se plier à l'injustice. Ils avaient des convictions. Ils suivaient les paroles de Dieu. C'était même pas des moines, c'était des frères solidaires, les uns les autres, et envers les gens qui venaient les solliciter … Et comme ils étaient proches des gens, ils donnaient leur cœur, leur sang … en quelque sorte, ils ont été sacrifiés pour une cause, mais quelle cause ? Après le film, quand j'ai été au lit, j'ai pensé à ça … C'est quand même horrible. Surtout que c'étaient des gens de paix, ils étaient contre la violence. En étant des gens d'Eglise, en étant chrétiens, ils n'ont pas fermé leur porte aux gens des maquis, les « terroristes » …  Les gens du village de Tibhirine ont dû causer … Le gouvernement a su que les terroristes allaient se faire soigner là-bas, et c'est là que le gouvernement a monté une opération pour faire enlever les moines.

Pourquoi on a retrouvé les têtes et pas les corps ? Ils ont voulu cacher comment ils ont été tués. S'ils avaient la tête, ils avaient aussi le reste. Un jour, on saura peut-être la vérité. ”

 

Lucien : “ Je vais te prêter Alain, le livre de René Guitton : “ En quête de Vérité” aux Editions Calmann-Lévy sur la disparition des moines de Tibhirine.”

Alain : “ Des gens qui se sont sacrifiés, des gens qui ont aidé la population... des hommes de paix … les enlever comme on les a enlevés et fait disparaître à jamais, sans aucune explication, et leur couper la tête … Ils étaient une communauté, ils ont fait des réunions … Ils ont voté … En étant plusieurs esprits, ils étaient en un Esprit, sur la même ligne. Comme dit le pape François : “ On ne quitte pas le navire en pleine tempête.” Les moines de Tibhirine n'ont pas quitté le navire qui était en pleine tempête, ils sont restés jusqu'au bout. Ils étaient ensemble. Ils étaient solidaires entre eux, et avec le peuple. Ils ne se sont pas pliés à la terreur, ils sont restés droits jusqu'au bout. C'était des gens qui avaient une foi très très forte dans l'amour du Christ.”

 

 

Photos prises le 10 mars 2014
Photos prises le 10 mars 2014
Photos prises le 10 mars 2014
Photos prises le 10 mars 2014
Photos prises le 10 mars 2014
Photos prises le 10 mars 2014
Photos prises le 10 mars 2014

Photos prises le 10 mars 2014

Lucien : “ Qu'est-ce qu'il est beau ton témoignage, Alain, au sortir de ce film ! 

Alain : “ Je ressens les choses comme ça !  Même le Seigneur Jesus-Christ, n'a pas fini aussi cruellement que nos frères moines... parce que, Jésus, ils l'ont crucifié sur une croix, mais il était entier … quand tu penses à ce qu'ils ont du vivre ! Quand tu penses à leurs familles ! On leur a coupé la tête … On ne sait pas si c'est avant leur mort ou après … on ne sait pas où sont leurs corps …

C'était beau comme ils vivaient, il y en a un qui s'occupait du bois, l'autre faisait la cuisine, un autre le jardin, Luc soignait les gens … Ils recevaient les gens … Ce qu'ils faisaient, ils le faisaient pour l'humanité … Ils étaient aimés.

On peut considérer que nous aussi, on est une communauté, on est frères. J'ai pas fait le séminaire, mais depuis que je fréquente cette communauté-là, c'est comme si …

En attendant, cette histoire-là, ça te laisse songeur. L'histoire des moines de Tibhirine te fait te poser des questions. Pourquoi, pour quelles causes, pour quelles valeurs ? … Avoir assassiné des gens de paix … c'est comme si, toi, patient, tu tuais le médecin qui te soigne … Eux, ils étaient dans les vraies valeurs … Je repense au frère Albéric de l'abbaye d'Acey, je lui avais demandé un jour qu'est-ce qu'il fallait pour devenir moine.”

C'est alors que quelqu'un frappe à la porte de la cuisine, c'est notre amie Stéphanie qui arrive de la Vieille Loye. Alain lui dit : “ Tu as fait un beau geste à mon égard, quand tu m'as donné ce bel abri pour les oiseaux. Je vais le mettre dans le jardin de mes enfants”  

 
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31 mai 2016 2 31 /05 /mai /2016 07:23

Neufchâteau, mardi 10 mai 2016, suite ...

 

En écoutant les sœurs Denise, je trouve la confirmation que Jean-Marie Lassausse est actuellement dans une situation très grave à Tibhirine en Algérie.

Denise G. : «Voilà l'article dans le journal local Vosges Matin du 7 mai dernier : Le prêtre vosgien de Tibhirine, bloqué au monastère … Les autorités algériennes lui refusent le renouvellement de ses papiers … » C'est le même article que Rosaline m'a communiqué la veille, avant notre départ sur Neufchâteau envoyé par Henryelle de Poligny et Antoinette de Saligney.

Lucien : «Le déplacement de Jean-Marie Lassausse à Milan en mars dernier serait-il un motif du blocage qu'il subit actuellement ? » Je raconte aux sœurs Denise que c'est Jean-Marie qui m'a conduit d'Alger à Tibhirine en mars 2014 avec Nelly, Bernard et Claude Chauvin. Les sœurs m'expliquent comment elles sont allées à Tibhirine en 1974. Elles y sont retournées en 1985 alors qu'Alphonse est le vicaire général de Léon-Etienne Duval archevêque d'Alger… qu'il est curé aussi de la cathédrale d'Alger…

Denise D. «Nous avions fait la petite boucle : Alger, Cherchell, Médéa, Tibhirine, Djelfa, Laghouat, Ghardaïa, Ouargla, Touggourt, Biskra, Bou Saada, Alger... »

Nous avions rencontrés à Tibhirine plusieurs des frères qui ont disparu en 1996. Lorsque mon frère Alphonse a été ordonné évêque en 1998, Jean-Pierre Shumacher est venu à Metz pour son ordination …»

Mgr Alphonse Georger photo partagée sur internet

Mgr Alphonse Georger photo partagée sur internet

Les deux sœurs Denise sont bien en train de continuer à m'aider à chercher et trouver les sentiers de la non-violence. J'évoque alors l'amitié profonde qui me relie à Jean-Marie Muller. Cela fait sourire ces deux femmes car elles connaissent très bien «L' Évangile de la non-violence » et ce que Jean-Marie n'a cessé d'écrire depuis. C'est le signe de la reconnaissance que nous buvons à la même source dans le sillage des gens engagés dans la lutte non-violente.

Je trouve confirmation dans ce que me partage Denise G. aidée par Denise D., qu'Alphonse, né à Sarreguemines en Moselle en 1936, est ordonné prêtre en 1965. Après des études à Fribourg en Suisse, à Echterbach au Luxembourg, il revient en Algérie continuer ses études à Alger-Kouba. Il choisit alors de vivre en Algérie où il sera curé de Cherchell, vicaire général de Léon Etienne Duval puis directeur du centre diocésain d'Alger … C'est là qu'il accueillit en 1996 Jean-Pierre et Amédée au lendemain du rapt des moines de Tibhirine, durant les deux mois d'éprouvantes recherches, du 27 mars au 21 mai 1996. En 1998, il devient évêque d'Oran en remplacement de Pierre Claverie, assassiné avec son chauffeur Mohamed, deux mois et demi après la disparition des frères de Tibhirine. Alphonse sera évêque d'Oran jusqu'en 2012. Il sera remplacé par Jean-Paul Vesco, qui en 2014 nous accueillera dans la maison diocésaine d'Oran, alors que j'arrivais dans cette ville avec Nelly, Bernard, et Claude Chauvin.

Oran mars 2014

Oran mars 2014

Avec beaucoup de limpidité et de clarté, nos deux amies religieuses sortent de leur mémoire de sœurs une multitude de noms et de faits de vie, personnels et collectifs, et me les partagent. Tout cela est confirmé par des documents écrits et bien rangés dans la corbeille en osier … et donc faciles à retrouver. Elles font surgir de merveilleuses photos de manifestations auxquelles elles ont participé durant leurs engagements et leurs partages de vie, ouvrières ou rurales. Parmi les personnes auxquelles elles se réfèrent, je vois la photo d'Henri Godin, d'André Depierre de la Mission de Paris qu'ils ont fondé en janvier 1944 à Lisieux avec le cardinal Suhard... Je raconte à ces deux sœurs comment Henri et André sont des francs-comtois, des gens de chez nous. Henri est né à Audeux, (25) et André, à Vadans (39) Ils ont marqué la vie de l'abbé Jean Jourdain qui lui-même au petit séminaire de Vaux sur Poligny a marqué la vie de Gaby Maire, notre ami prêtre originaire de Port Lesney, assassiné au Brésil à Vittoria, le 23 décembre 1989. Puis j’entends et je lis dans les documents qu'elles mettent sous mes yeux, les noms des Rices, d'Henri Perrin, de Jean Legendre … C'est alors que Denise G. dit «  C'est ce dernier qui est à l'origine de ma demande de passer à la vie de salariée  … Quand je suis allée voir Alphonse en Algérie, j'ai vu des hommes venir embrasser mon frère, tellement ils avaient partagé la vie ensemble »

 

Nous reparlons de sœur Martine Ortigues, venue habiter aux Rousses dans les années 1980-1990 … Je dis aux sœurs que je l'ai connue grâce au C.A.P.C.O.

( Cercle d'Approfondissement pour Prêtres en Classe Ouvrière ) … puis je l'avais retrouvée lorsqu'elle était venue en retraite dans la communauté des sœurs dominicaines d'Orchamps. Sœur Denise D. me dit alors : «  Martine faisait partie des sœurs de notre ordre qui sont allées au boulot … comme elle et avec elle, nous avons eu la chance de pouvoir nous exprimer, de pouvoir nous engager en associations et syndicats, et ainsi, nous avons fait avancer les choses dans l'Eglise et dans la société. »

 

Je repense à Sœur Madeleine d'Orchamps, quand elle s'est engagée comme institutrice de jeunes enfants, puis d'enfants et d'adolescents en difficulté à l'école Jean Bosco de Dole. Si des personnes comme Jean-Luc lisent le journal chaque jour et essayent de ne pas laisser le monde comme ils le trouvent, l'engagement de ces religieuses n'y est pas pour rien.

Nous revenons avec les sœurs Denise sur un des voyages qu'elles ont accompli en Algérie lorsqu'Alphonse était vicaire général du cardinal Duval. « Mon frère nous avait emmenées à Tibhirine, nous avions alors rencontré Christian de Chergé, le frère Luc, le frère Amédée et le frère Jean-Pierre Schumacher. Celui-ci était venu à Metz quand Alphonse a été ordonné évêque. »

En ramassant toutes ces graines d'action non-violente, nous nous redisons combien il est urgent et important de continuer à les semer et planter en nos jardins intérieurs et communaux … Nous pressentons en nous disant Au Revoir que la venue d'Alphonse à Neufchâteau au 12 rue du Moulinot, vers la fin du mois de juillet, va nous permettre d'enfin nous envisager l'un l'autre.

Déjà, nous nous reconnaissons ...

 

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18 mai 2016 3 18 /05 /mai /2016 11:33

Mardi 10 mai 2016

 

 

   SIMPLES ET CLAIRES COMME L'EAU QUI COULE DANS LE

            RUISSEAU DU MOULINOT A NEUFCHATEAU



Nos amies religieuses de la communauté des sœurs dominicaines des campagnes d'Orchamps, m'avaient dit : « Alphonse Georger dont tu présentes le livre intitulé " Journal d'un séminariste en Algérie "  Alphonse !  Mais nous le connaissons ! Sa sœur Denise fait partie de notre congrégation … Elle est à Neufchâteau avec une autre sœur qui s'appelle aussi Denise. Je leur avais dit : « Mais c'est là qu'est la sœur Thérèse Favre avec son frère Claude. » Et les sœurs m'avaient dit: " Tu retrouveras sûrement encore d'autres sœurs … entre autres Mauricette "


Merci Rosaline et Geneviève de m'avoir emmené ce mardi matin 10 mai jusqu'aux portes de Neufchâteau, en allant à Vittel pour vos soins. Merci à vous Pauline et Damien,  jeunes qui m'avez pris en stop dans votre voiture alors que vous vous rendiez à votre travail. Vous m'avez fait entrer dans ce coin de la terre vosgienne, alors que tombaient des sacs d'eau sur nos têtes.

 

Rencontre à Neufchâteau

Me voici devant la maison Justine Pernot, 12 rue du Moulinot. Comme elle est belle et pure l'eau qui coule dans le ruisseau. J'y étais venu il y a une dizaine d'années voir Thérèse et Claude Favre originaires de Falletans, avec qui nous avions réalisé des balades mémorables au pas des ânes. Je sais en appuyant sur la sonnette à l'entrée que je vais les rencontrer tout à l'heure… Je les trouverais éprouvés dans leur santé et mobilité … J'apporte dans un petit sac un petit âne gris en peluche … Ce sera pour Claude, afin d'évoquer et aider à faire mémoire des merveilleux liens créés ensemble durant nos randonnées des années 1995-2000 ... Je me souviens particulièrement de la balade qui s'était réalisée entre Salins et Port-Lesney il y a une quinzaine d'années. Le blog n'existait pas encore. J'avais alors raconté par écrit dans mon cahier,  comme on ramasse dans un panier tout ce qui s'était vécu durant cette randonnée, avec des gosses de Salins, des adultes du CAT d'Arbois, accompagnés par Geneviève, François et mes sœurs Elisabeth et Bernadette. Cette journée avait débouché dans un climat de pardon des offenses et des blessures que nous nous étions faites. « Ne sachant pas toujours ce que nous nous faisions les uns aux autres » et « ne nous connaissant pas encore beaucoup les uns les autres, porteurs de handicaps, traversant des difficultés bien empêchantes ".


Après avoir sonné à la porte d'entrée, je me présente. Tout de suite, je suis invité à entrer et quelqu'un me conduit auprès de la sœur Denise Georger ... Je lui dis en me présentant: " Bien que je n'ai encore jamais rencontré votre frère Alphonse … je le connais déjà un petit peu par son livre : « Journal d'un séminariste en Algérie." Je compte beaucoup sur notre rencontre d'aujourd'hui pour que vous m'aidiez à pouvoir un jour causer avec votre frère de vive voix ...


De manière très belle et fraternelle, une autre religieuse, Denise Desbouis se trouve à nos côtés alors que je balbutie comment, grâce à la médiation du frère Jean-Pierre Shumacher survivant de Tibhirine, je suis en train d'accomplir cette recherche. 

Rencontre à Neufchâteau

Je sors de mon sac à dos les trois livres qui sont comme cousus ensemble avec le même fil, celui-là de l'amour fraternel, de la lutte non-violente pour sortir de l'horreur de la guerre… notamment sortir de la guerre d'Algérie, celle-là qu'Alphonse et moi malheureusement nous avons faite, et de toutes celles que nous continuons à faire subir partout dans le monde. 


Lucien : "C'est Jean-Pierre Shumacher qui m'a offert le livre de votre frère Alphonse, alors que je me trouvais à Midelt au Maroc en septembre de l'année dernière … dans le monastère de Notre Dame de l'Atlas ... Et qu'est-ce que je trouve en dévorant les pages du journal d'Alphonse ! Des citations très importantes du petit livre réalisé avec mes amis Bernard Robe et Jean-Claude Paulay ainsi que notre aumônier Marcel Jégo, que nous avions fait imprimer en 1959. Ce témoignage d'amour cité par Alphonse à la page 128 avait été fait avec les lettres que notre ami Jean-Marie Buisset nous avait envoyées durant les trois mois d'opérations qu'il avait faites en Algérie. Jean-Marie se fit tuer au cours d'une opération dans l'Ouarsenis, pas très loin de Tibhirine. Nous étions alors Bernard, Jean-Claude et moi soldats en France. Nous nous préparions à partir pour l'Algérie, dans le même coin où Alphonse votre frère allait arriver soldat lui aussi en juillet 1960, dans une compagnie de transports à Castiglione. Votre frère m'a peut-être transporté avec mon régiment, quand nous nous déplacions pour des opérations, puisqu'il est arrivé en Algérie en juillet 1960 et que j'y étais déjà depuis septembre 1959 à Sidi-Ferruch. Il y a tellement de faits bouleversants que nous avons vécus !  Ces faits nous appellent à nous rencontrer avec votre frère Alphonse ! Je compte beaucoup sur vous Denise !

 

Et voilà que les deux sœurs Denise s'aident l'une et l'autre, à plonger et dans leur mémoire et dans la corbeille en osier où sont merveilleusement rangées une multitude de documents, qui vont étayer tout ce qu'elles vont vouloir m'offrir et me donner comme trésors d'action non-violente.

Ce n'est pas tous les jours que, dans l'immédiat de la prononciation ou de l'évocation du nom d'un homme, d'une femme, d'un livre, d'un mouvement, d'une date, d'une manifestation, tout de suite, les êtres qui se rencontrent vivent à l'unisson.

Voilà ce qui nous est offert pendant près de deux heures.

 
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14 mai 2016 6 14 /05 /mai /2016 20:29

Midelt, mardi 15 septembre 2015

 

FRERE JEAN-PIERRE, SONNEZ LES MATINES …

 

Réveillé à 3 heures et demi, je suis heureux de pouvoir me rendre à la chapelle et participer à l'office de matines. Je revois et je repense à la vie de nos frères de Tibhirine … Je nous sens en communion les uns avec les autres, avec les moines de l'abbaye d'Acey, les moniales de l'abbaye de la Grace Dieu maintenant à Igny, et par là avec tous nos frères et sœurs religieuses et religieux à travers le monde. Et voilà que se met à retentir la voix du muezzin dans un minaret proche dans la ville de Midelt … Quelle merveille que cette reconnaissance que le Dieu clément et miséricordieux est notre Père à tous ... Quel ressourcement pour l'établissement effectif de cette fraternité, dans nos cités, dans nos villages, de pays à pays, d'état à état, de nation à nation …

Quand je sors de l'office, il continue à venir en mon être une multitude de merveilles. Je prends conscience en cette nuit étoilée sous la voûte des cieux, que ces merveilles me sont offertes en permanence. Cela nécessite un travail pour en avoir conscience. Comme il fait bon s'y mettre très tôt le matin, juste au moment où va naître le jour. Est-ce que ce ne serait pas cela prier, contempler ?

 

Frère Jean-Pierre, sonnez les matines...

En entrant dans cette nuit étoilée, je fais ce que j'ai aimé réaliser durant certaines nuits de mon voyage en direction de Bethléem. J'accroche les noms des membres de ma famille à chacune des étoiles que je vois naitre de la nuit. Et je fais de même pour les noms de mes amis. Je les nomme, je les verbalise, je dis le verbe de leurs noms à chacun. A travers l'immensité de l'univers qui paraît-il, ne cesse de cavaler en extension, je ficelle votre prénom à une étoile, mes chéris. Oh, qu'elle est belle cette nuit, où j'entends retentir et résonner vos noms enchanteurs : Suzanne et Marius, mes parents, Christiane, Edwige, Elisabeth et Bernadette mes soeurs, et Georges mon petit frère. Je fais pareil avec les prénoms de ceux que vous aimez et qui vous aiment, de vos enfants et petits-enfants … Et au fur et à mesure, il y a toujours une étoile qui accepte que je lui accroche votre prénom, que j'attache à elle votre nom … Il me revient alors que Jésus disait un jour où plein de choses s'embrouillaient dans l'esprit des apôtres, dans leur rapport au pouvoir : «  Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. » (Luc 10, 20)

Sur la route en direction de Bethléem

Sur la route en direction de Bethléem

Je découvre alors que je suis appelé à faire de même pour les membres de la communauté de Tibhirine. J'accroche vos noms à chacun à une étoile : Christian, Christophe, Bruno, Michel, Célestin … Je cherche dans la nuit le nom des deux autres, ça y est, je les vois écrits sur le livre de Jean-Marie Muller dédicacé à Gaby Maire, je trouve Luc et Paul. Je fais quelques pas dans la cour du monastère pour accrocher leur nom à une étoile et je les attache avec le nom d'Amédée à des étoiles qui sont à côté de celle à laquelle est lié le nom de frère Jean-Pierre Shumacher : Vénus. « Jean-Pierre a toujours aimé les étoiles » (L'esprit deTibhirine, page 142)  J'accroche alors les noms des autres frères de la communauté avec lesquels nous venons de chanter matines: l'autre frère Jean-Pierre le jeune, Antoine qui nous aide si bien à chanter, José-Luis qui vient de partir en Allemagne, Nuno très discret mais non moins servisant, Omar et Bahra nos hôtes d'accueil ainsi que Corine, les sœurs de Tatiouine et Benoit grâce à qui j'ai pu venir ici à Midelt. J'accroche alors aussi à une étoile le nom de Daniel* de l'abbaye d'Acey afin qu'il sorte de la maladie qui l'éprouve … Et voilà qu'en continuant d'accrocher les noms des moines d'Acey à une étoile : Jean-Marc, Benjamin, François, Elie, Bernard, Pierre, Albert, Benoit, Marie-Bernard, Emile, Philippe … je tente de faire pareil avec le frère Marie-Bernard de l'abbaye de Latroun en Palestine Israël qui m'avait accueilli là-bas en juin 2013. Je tente dans ma prière de relier à des étoiles le nom des sœurs de la Grace-Dieu : Marcelle, Marie-Ange, elles sont maintenant à Igny avec plein d'autres sœurs … et me voici aussi à Poligny chez les clarisses, en train de ficeler les noms de Marie-Elisabeth, Marie-Monique, Géraldine … Je fais de même avec Odile et les sœurs carmélites de Saint Maur, la sœur de Louis Grillot, la sœur de Bernadette Baudet, la tante de Jean-Yves Pointelin : Denise, la tante de Jean-François David : Thérèse.

Les moines d'Acey, janvier 2016

Les moines d'Acey, janvier 2016

Je prends conscience alors dans cette nuit comblée d'étoiles, toute ruisselante de luminosité, je découvre en essayant d'accrocher à une étoile les prénoms d'Alain, Jean-Marc, Fabrice, Michel, Raymond, Nicole, Caroline, avec qui j'étais venu en campement ici au Maroc il y a une dizaine d'années, que vos noms sont déjà écrits dans le ciel. Une main m'a précédé. En tentant d'accrocher vos prénoms à une étoile, vous tous à qui je vais écrire une carte de Midelt : » Jacques et Elisabeth, Rachel, Maguy et Bernard, vos enfants et petits-enfants … en écoutant que le nom de Jean-Pierre est attaché à l'étoile de Vénus, je vois que quelqu'un bien avant moi a écrit vos noms dans la paume de ses mains au profond de son cœur. C'est ce qu'avait découvert une nuit la petite Thérèse de Lisieux. Dans la configuration d'un groupe d'étoiles, elle voyait se dessiner le T de Thérèse. C'est souvent comme ça dans la prière. Alors que je vous nomme Roberte, Patrice, vos enfants et petits-enfants ainsi que vous Rosaline, Jacques-Henri et vos enfants Anne, Ajay et leur petite Olivia ainsi qu'Elisabeth et Marie, notre amie Rosine, par grâce, ce que je crois faire est déjà en train de se réaliser et s'écrire par la main du Père. Je découvre que vos noms à vous tous mes amis, ceux que je viens de nommer et ceux que je n'ai pas encore prononcés, sont gravés dans le cœur même de Dieu. C'est toi Jésus, ami des femmes et des hommes que nous sommes, c'est toi qui nous le dis. Ce que nous tentons de réaliser est déjà commencé et entrepris : «  Vos noms sont écrits dans les cieux »

Faire ce que je vais essayer de faire, c'est découvrir que «  Ces choses sont cachées depuis le commencement du monde » (Mt, 13, 35 ; Ps,17, 2)

 

Notre travail, c'est de nous les laisser révéler afin que nous les contemplions, et d'entendre, alors que tu es tenté de croire que les choses ne se font que parce que tu es en pleine action : «  Ma grâce te suffit » (2 Cor,12, 9) … et d'entendre aussi cette autre parole que tu adresses à ton Père, ami Jésus : «  Abba, je te bénis, Seigneur du ciel étoilé et de la terre habitée, d'avoir caché cela au sage que je croyais être et de le révéler aux tout-petits que je rencontre ici au Maroc et bientôt à nouveau en France, celles et ceux pour qui tu voudrais que les choses évoluent et changent grâce à ta présence à leur côté . Qu'eux aussi découvrent que ta grâce leur suffit. » (Mt, 11, 25)

C'est probablement quelque chose qui conditionne la façon et la manière d'intensifier la culture de la non-violence. En ne faisant pas violence à Dieu dans la prière, cela me donne la grâce de ne pas faire violence à mes frères, de me démunir de toute violence même par rapport à moi-même.

L'angélus ne va pas tarder de sonner. Je pense à la Vierge Marie, enceinte de Jésus, à Marie une amie résidente ici au Maroc m'ayant confié récemment qu'elle est enceinte d'une petite fille, je pense à ma maman enceinte de moi, puis de mes petites sœurs et de notre petit-frère, sous le regard émerveillé de notre papa. Je pense à toutes les mamans. D'elles, l'Humanité est en perpétuelle extension.

Je comprends un petit peu plus, que prier ça peut être ce que je viens de vivre et d'expérimenter. Sentir en vous nommant amis, en n'arrêtant pas d'évoquer de nouveaux noms qu'il y a longtemps que je n'avais pas nommés, à qui il y a longtemps que je n'avais pas pensé, cette façon de prier, contribue à ce qu'il y ait de la place pour vous tous dans le monde, à la surface de la terre, et jusque dans la voûte des cieux. Cela je le veux un peu comme le Père Joseph Wrezinski, qui dit : «  A gauche et à droite de celles et ceux avec qui tu chemines, il y en a d'autres qui n'ont pas encore senti qu'ils avaient leur place dans la société … »  La découverte que ta grâce nous suffit, se réalise à travers tout le mouvement de l'humanité en perpétuelle extension. Je pense à la lutte tenace, de jour et de nuit, que mènent les migrants depuis tous temps et particulièrement aujourd'hui en traversant la Méditerranée pour trouver une place, essayant de faire tomber les murs de nos indifférences. Je pense à la lutte que nous sommes interpellés à mener, pour vivre notre devoir de les accueillir, de leur faire une place parce qu'ils ne pourront découvrir que leurs noms sont écrits dans le ciel, que si nous écrivons leurs noms sur un papier qui leur signifie, qu'ils ont un logement, du travail, une place sur la terre.

Photo lequotidien.lu

Photo lequotidien.lu

C'est ça ta grâce, ami Jésus, et c'est celle-là qui nous suffit. Voilà le soleil que je vois se lever dans ma conscience, alors qu'il est un peu plus de six heures et demi. Dans le sillage de l'angélus, nous allons célébrer la messe, faire eucharistie. Dans cette part de la pâte humaine, fermente déjà ce levain qui nous vient de toi, ami Jésus, et qui faisait chanter à Dieu par ta maman, alors qu'elle était en train de te concevoir sous l'action du souffle de l'Esprit :

Lever de soleil sur Jérusalem, cliché de Lulu en juin 2013

Lever de soleil sur Jérusalem, cliché de Lulu en juin 2013

« Sa miséricorde s'étend d'âge en âge, sur ceux qui l'aiment ; il a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles, il a rassasié de biens les affamés, renvoyé les riches les mains vides. » (Luc 1, 50-54)

 

*frère Daniel est décédé le 25 octobre 2015

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13 mai 2016 5 13 /05 /mai /2016 06:00

Midelt, dimanche 13 septembre 2015

 

PAR QUELS PETITS CANAUX, NOUS VIENT UNE TELLE ABONDANCE D'EAU SI LIMPIDE ET SI PURE ?

 

Jean-Pierre Schumacher sait me faire comprendre que si nous éprouvons une profonde joie à nous rencontrer lui et moi, il n'est pas le seul à pouvoir alimenter mes batteries. Afin de ramasser ce que j'aurai à donner et à ensemencer comme graines de non-violence à mon retour en France, il me faut aussi aller écouter les autres membres de la communauté monastique, ainsi que les gens qui viennent au monastère.

Je raconterai ce que j'ai découvert en écoutant Jean-Pierre Flachaire le prieur, les sœurs franciscaines de Marie, celles-là qui ont donné la maison Ksar-Meriem aux frères cisterciens en l'an 2000, celles qui vivent avec les nomades des plateaux qui sont au pied du mont Ayachi, à partir de Tatiouine. J'écrirai aussi ce que m'ont fait découvrir Manuela et Estéban, jeune couple, argentins l'un et l'autre, qui se sont connus en Inde, et qui comme moi, sont venus à Midelt pour boire à ce qui coule de Tibhirine. Je serai heureux aussi de continuer à me laisser imprégner du souffle qui habite l'être de Corinne, une française venue habiter le Maroc, vivant dans la pauvreté, mais me disant : «  Même si on vit pauvrement, on ne sait pas ce que c'est que d'être pauvre. On ne peut pas savoir ce que c'est, parce que nous avons une certaine sécurité. On sait de quoi nos lendemains seront faits. »

Alors, quand les frères m'invitent à célébrer la messe de ce dimanche 13 septembre et me disent : «  Tu feras l'homélie », Omar et Benoit m'ayant fait découvrir les canaux de leur jardin, je vais pouvoir dire : «  Chers amis de Midelt ! Je me sens comme un petit arbre dans le grand verger de la création. J'ai envie de laisser pousser en moi et autour de moi tous ces fruits de l'amour, du respect mutuel, de la compréhension, de la situation de l'autre, toutes ces graines de la non-violence. Voulez-vous que nous vivions un moment de paix et de silence, pour laisser trésir, pousser et croitre en nos jardins intérieurs et communaux, ce que nous sentons bien, cela qu'attendent les damnés de la terre, les exclus du travail, les gens arrachés du petit coin de terre où ils avaient pu faire pousser à leurs enfants quelques-unes de leurs racines, obligés de se sauver sur des embarcations de misère, risquant de couler en mer, pas du tout sûrs de parvenir en une terre d'asile. »

 

Soeur Anna et Frère Jean-Pierre Flachaire avec Caroline qui a fêté Pâques avec les soeurs et les frères de Midelt

Soeur Anna et Frère Jean-Pierre Flachaire avec Caroline qui a fêté Pâques avec les soeurs et les frères de Midelt

Nous voici à table chez les sœurs franciscaines de Marie. Nous bénissons la TABLE. Nous n'allons pas arrêter de dire du bien autour de cette table. Monique me tend le plat en me disant : «  Les invités sont toujours servis les premiers. Puis, en rigolant, nous parlons des ANES, de l'âne Isidore et de l'ânesse Joséphine qui m'ont permis de pouvoir entrer dans les territoires occupés palestiniens en juin 2013, de découvrir au cœur de Bethléem, que des massacres d'innocents s'y perpétuent, que nous y pouvons quelque chose pour l'empêcher, qu'à cet impossible nous sommes tenus. Il n'est pas fatal que de tels drames se continuent.

Je me rends compte en écoutant les sœurs, qu'elles ont eu une MULE dans la montagne pour faciliter leurs pérégrinations avec les nomades. Elles connaissent tout ce que peut délier et relier le fait de se mettre à marcher au pas d'un âne, sur les sentiers muletiers.

Bibiane en me présentant une petite corbeille me dit : «  Le PAIN que voici a été fait par notre voisine. »

A plusieurs reprises, au cours du repas, nous causons sur le don qui nous est fait de pouvoir marcher au pas des ânes ou des mules.

Lucien : «  Ce sont eux qui nous permettent et nous aident à déligoter et dénouer des situations très enfermantes, à défaire des noueux fortement oppresseurs. »

Chacune des sœurs raconte son expérience.

Barbara : «  Nous avions une mule dans la montagne. Un jour elle refusa de passer dans un chemin étroit. Elle avait senti que si le bât qu'elle portait buttait contre le rocher, elle-même basculerait dans le vide. Nous l'avons laissé prendre un autre chemin. En bas dans la vallée, nos chemins se sont rejoints. »

Bibiane : «  Il faut passer par l'affect et non par la force. »

Barbara : «  Quand la mule descendait certains chemins, elle les descendait en travers, les pattes disposées comme ça et non pas comme ça. Elle se mettait pour avoir un angle de vue plus grand et plus large. »

Et voilà qu'en continuant notre repas avec ces sœurs mi-nomades, mi-sédentaires, nous parlons du MIEL pour guérir les blessures que nous avons pu nous faire en marchant. Les sœurs sourient à cette évocation, car elles pratiquent ce remède.

Barbara : «  A condition d'avoir du vrai miel. »

Et voilà que nous nous mettons à parler de la PIERRE NOIRE.

Barbara : « Vous connaissez Lucien ? » 

Lucien : « Non »

Barbara : « La pierre noire a été trouvée par les Pères Blancs »

Et voilà que les sœurs se mettent à me raconter toutes les vertus de cette pierre noire.

Barbara : « Vous mettez un os long dans une boite en fer, et vous le passez au feu de bois. »

Marie : «  Et vous prenez l'os, une fois devenu noir. Vous le coupez en petits morceaux, et vous le disposez, si vous avez été piqué par un serpent, sur la veine, en contre-haut, à l'incision pratiquée juste avant la piqure du serpent, et le mauvais s'en va … »

 

 

Marie et Barbara avec Caroline lors du chemin de Croix à Tatiouine

Marie et Barbara avec Caroline lors du chemin de Croix à Tatiouine

Puis Barbara me demande pourquoi je suis venu aujourd'hui à Midelt. Je raconte alors ce qui m'a amené en ce lieu.

Lucien : «  J'ai malheureusement fait la guerre d'Algérie. Toute ma génération, de 1956 à 1962 : 400.000 soldats français en permanence en Algérie, deux millions quatre cent mille en tout durant cette guerre. La méthode de la bataille d'Alger exportée à l'école de guerre de l'Argentine, via celle des Etats-Unis... »

Fidela : «  Et au Chili aussi . »

 

Lucien : «  Quand j'ai entrepris la marche de la paix, de Dampierre à Bethleem, afin de demander l'arrêt de l'armement nucléaire de la France, une fois à Bethleem, je n'ai pas pu passer en Egypte, Lybie, Tunisie, Algérie, comme j'en avais eu le projet ...

Lorsque j'ai pu aller en Algérie, à Tibhirine en 2014, grâce à Nelly, Bernard et Claude Chauvin, à Jean-Marie et Hélène Muller, à Hubert et Anne Ploquin, à Jean-Marie Lasausse, quand j'ai pu aller dans l'Ouarsenis, au barrage de l'Oued Fodda, chez mes amis de la famille Harmel, puis à Oran dans le foyer d'accueil de Pierre Claverie... j'ai compris qu'il me fallait venir rencontrer Jean-Pierre à Midelt ainsi que vous tous, Sœurs et Frères qui demeurez ici avec lui, que vous soyez chrétiens ou musulmans.

Et voilà que je vous rencontre tous, c'est merveilleux. »

 

Nous poursuivons notre partage durant ce repas de midi, le pain et la tajine préparés par nos amies religieuses ont un goût de don et de communication dont la saveur me reste encore dans la bouche, alors que je suis en train d'en ramasser toutes les miettes afin que rien ne se perde «  Qu'il est bon, qu'il est doux d'habiter en frères et sœurs tous ensemble … C'est comme une huile parfumée qui se répand sur nos corps et nos vêtements … » ( Psaume 130 )

J'écoute avec joie et bonheur la vie de nomades expérimentée par nos amies religieuses, partageant la vie des tribus peuplant les pentes du Mont Ayachi (3700 m ) C'est de là que nous vient l'eau que nous buvons à table, que nos amis répandent sur leurs jardins, et qui alimente les canaux d'irrigation permettant la plantation et la culture des pommiers qui font la renommée de Midelt. Je suis témoin en cet endroit merveilleux du Maroc, que la vie des êtres humains que nous sommes, pour être plénière, est appelée à se tendre entre ces deux pôles : la nomadisation et la sédentarisation.  

 

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11 mai 2016 3 11 /05 /mai /2016 19:42

Vendredi 11 septembre 2015

 

VEUX-TU NOUS DIRE ENCORE JEAN-PIERRE, CE QUE TU AS VU EN CHEMIN ?

 

Il est dix heures, Omar vient de nous appeler à boire le thé, tous ensemble, les moines et tous les gens présents dans le monastère.

Ayant conscience que c'est un plein panier de trésors de graines de non-violence que je viens de recevoir de la part de Jean-Pierre, et que c'est encore un autre panier qui est en train de se remplir d'autres trésors de partage. Je veille à ce que rien ne se perde. 

Je dis à Jean-Pierre.

Lucien : « Veux-tu nous dire encore Jean-Pierre ce que tu as vu en chemin grâce à Christian ? »

Jean-Pierre : « Le frère Christian nous a accueillis et reconnus tels que nous étions. Nous n'étions pas novices par rapport à l'Islam. Il nous regardait et nous rencontrait sur un plan d'égalité dans notre connaissance de l'Islam, afin de progresser ensemble. Nous avions quelque chose de très important à recevoir de lui. Et lui, voulait beaucoup recevoir de nous. Nous ne voulions pas de la relation maitre-élève. Il avait cette qualité spirituelle et nous aussi. Nous avions à apprendre et à progresser ensemble. Chacun avait sa propre richesse. Il avait la sienne, nous avions la nôtre. Ça  ne veut pas dire que nous n'étions pas unis. Il y a l'image de la roue et du moyeu. Il y a aussi l'image du moteur électrique. S'il n'y a pas de tension dans un moteur électrique, c'est plat, ça ne marche pas. Il faut le positif et le négatif. S'il n'y a pas de différence de potentiel, le moteur ne peut pas tourner.  En présence des capacités de chacun, il ne faut pas que l'un ou l'autre soit éliminé. Pour que le moteur tourne, il faut mettre les capacités ensemble. Coopérer ensemble, avec les capacités de chacun pour faire un tout. C'est à faire ça, qu'est appelé un vrai supérieur. Ce sont Saint Pierre et Saint Paul, s'il n'y avait eu que Saint Pierre ou que Saint Paul, quelle pauvreté ça aurait été. Paul avait le souci de garder le lien avec Jérusalem.

 

Photo du net :  Bruno Zanzottera

Photo du net : Bruno Zanzottera

Lucien : « Veux tu me dire Jean-Pierre comment a été vécu le Ribat es Salam à Tibhirine ? »

Jean-Pierre : « Il y a surtout eu Christian, Christophe et Michel de notre communauté, qui y ont été engagés. J'y étais très ouvert. Je craignais que ce soit un pôle unique. Le Ribat es Salam avait été fondé par Christian et Claude Rault, devenu évêque de Ghardaïa – Sahara. Nous voulions rester des cisterciens, mais aussi continuer d'entrer en devenir. Christian a demandé aux soufis s'ils voulaient bien venir à Tibhirine deux fois par an. Nous ne voulions pas que tout soit tiré dans ce sens-là. Mais ça ne veut pas dire que nous étions fermés. Nous vivions une tension tout en cherchant à garder l'unité. Nous cultivions les deux tendances.

Lucien : « Une sorte de tension créatrice ? »

Jean-Pierre : « C'est ça. »

Lucien : « Et en plein milieu de ces années noires, c'est quoi qui a contribué à ce que vous restiez ? »

Jean-Pierre : « Il fallait chercher l'unanimité sans exclure celui qui n'est pas conforme à la tendance la plus forte. Il a fallu plusieurs séances pour savoir si, unanimement, nous restions ou pas. En 1993, nous avions déjà choisi que si nous partions, nous nous rejoindrions à Fes au Maroc. Si nous ne pouvions pas revenir en Algérie, nous irions ensemble dans un autre pays musulman. Nous voulions rester ensemble, quoi qu'il arrive. Nous avons choisi de rester. Nous voulions ne pas abandonner la population. Il y a eu des pressions pour que nous partions, de la part du gouvernement algérien et de l'ambassade de France. A Rome, les autorités de notre ordre cistercien nous ont laissé libres de choisir, « selon votre conscience commune ». Les autorités algériennes ont poussé très fort pour que nous partions, ainsi que certaines opinions françaises. «  Qu'est-ce que vous fichez là-bas en Algérie ? … Vous êtes fous … » , nous disait-on. Un jour, c'est Christophe qui causait avec un algérien, un habitant de Tibhirine. Il lui disait : « Nous ne sommes pas sûrs de rester, nous sommes comme les oiseaux sur la branche. » Mais l'algérien lui a dit : « En fait, la branche, c'est vous, et les oiseaux, c'est nous. 

« Quelqu'un a dit aussi : » Est ce que le pasteur se sauve lorsque les brebis sont en danger ? » et en plus, nous avions fait un vœu dans la stabilité, celui-là d'être fidèle au peuple algérien. C'est comme dans la vie conjugale. Quand le GIA en 1993 a dit : « Ordre aux européens et étrangers de partir d'Algérie » nous avons dit : «  Est ce que c'est le GIA ou notre maitre Jésus qui nous a envoyé en mission ? »

Lucien : «  Je suis émerveillé et touché ami Jean-Pierre de tout ce que tu rends possible que je puisse ramasser de graines de non-violence en t'écoutant. Tu n'es pas trop fatigué ?

Jean-Pierre : « Non ! J'aime bien parler de tout cela. C'est le Seigneur qui nous porte tous et qui est à l'origine de tout cela. »

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28 avril 2016 4 28 /04 /avril /2016 13:36
Photo de frère Jean-Pierre prise par Caroline le jour de Pâques à Midelt

Photo de frère Jean-Pierre prise par Caroline le jour de Pâques à Midelt

Vendredi 11 septembre 2015

 

 

DIS-NOUS, FRERE JEAN-PIERRE ! QU'AS TU VU EN CHEMIN ?

 

Ces paroles que j'adresse au frère Jean-Pierre Schumacher, survivant de Tibhirine, en ce matin de présence intense dans le monastère de Midelt, ce sont les paroles que, dans sa liturgie pascale, l'Eglise adresse à Marie-Madeleine. L'Eglise  pose cette question à Marie-Madeleine au matin de Pâques, quand elle revient de prendre soin du corps de Jésus, déposé dans le tombeau et que, Jésus lui-même lui apparaît ressuscité dans le jardin.

 

Dis-nous Jean-Pierre ce que tu vois sur ce chemin sur lequel tu continues de marcher, depuis, voilà bientôt 20 ans que tes compagnons de vie ont été enlevés à ton regard pour être mis à mort. A voir ton humble comportement, ne sont-ils pas vivants à tes yeux ? La vie leur a-t-elle été prise ? Ne l'avaient-ils pas donnée pour Dieu et pour l'Algérie ? Et la manière dont vous avez vécus et dont vous vous êtes aimés avec les gens de Tibhirine, la façon dont, ni la violence ni la haine n'ont eu raison de vous, le comment vous êtes restés branchés avec les habitants, tout cela n'est-il pas chemin d' Emmaüs où Jésus est en train de nous rattraper ? Merci d'être là Jean-Pierre, de prendre le temps de causer avec nous. Nous avons l'impression que tu chemines avec nous afin de mieux nous laisser rattraper par Jésus.

 

Dis-nous Jean-Pierre comment tu es arrivé à Tibhirine ?

Jean-Pierre : « J'ai été ordonné prêtre à Lyon en 1953 chez les frères maristes. Certains supérieurs dans notre ordre, après l'indépendance de l'Algérie voulaient faire arrêter l'expérience de l'abbaye de Tibhirine, où le frère Luc était présent depuis 1946... En 1955, Luc est fait prisonnier par le FLN avec le frère Matthieu. Ça dure une semaine. Ils sont mis en prison par représailles de la part du FLN en raison que l'armée française a tué un de leurs chefs fellaghas. Mais frère Luc a soigné la femme de l'un d'entre eux. Cet homme dit aux membres du FLN : « Ne touchez pas à cet homme. » C'est alors qu'un autre homme du groupe en libérant frère Luc lui dit : « Tu pourras nous demander tout ce que tu voudras ... » Luc leur dit : « Des cerises ! » La saison était passée. Ils lui en trouvèrent quand même. Ils sont libérés de la manière suivante : « Demain matin l'armée française va ouvrir la route. Vous montez dans le car qui va passer après. » En fait, c'est l'armée qui les a ramenés à Tibhirine. Tout cela a bouleversé frère Luc. Il devra aller se reposer en France.

 

J'ai été ordonné prêtre chez les frères maristes à Lyon en 1953. Quand j'arrive à Tibhirine en 1955 frère Luc n'est pas là. Comme je te l'ai dit, certains supérieurs de notre ordre voudraient faire arrêter l'expérience de Tibhirine, mais le cardinal Duval veut garder et que soit maintenue l'abbaye. Quand Luc revient de France, des frères de Tibhirine disent : « Il ne faut pas que frère Luc continue d'exercer son métier. Le père Lebeau qui prêche notre retraite dit : « Il est bon qu'il y ait un dispensaire à l'ombre du monastère. » Il avait bien raison. Je venais d'être nommé commissionnaire. Quand j'allais en ville, je me rendais bien compte comment le travail de frère Luc rayonnait à Tibhirine, à Médéa et aux environs. C'était le seul médecin d'Algérie à ne pas être dépendant du ministère de la santé.

 

Lucien : « Et c'est en 1971 que vous voyez arriver Christian de Chergé ? »

Jean-Pierre : « Christian avait fait son séminaire chez les Carmes. Il avait été soldat dans l'Ouarsenis. »

Lucien : « Vers Tiaret ! »

Jean-Pierre : « Oui, dans une SAS. Il faisait le lien avec la population. Il était aidé par un homme qui s'appelait Mohammed, un supplétif. Cet homme pouvait être considéré comme traitre à la population par certains membres du FLN. Un jour, le FLN a voulu descendre Christian. Mohammed s'y est opposé en disant : « Cet homme fait du bien à notre peuple. » le FLN a laissé Christian tranquille, mais quelques jours après, Mohammed ce père de famille de 10 gosses, était égorgé. Cette expérience a marqué toute la vie de Christian. Il ne nous en parlait pas. Il y a des choses, je les ai sues par après, récemment. Christian a relié cela à la passion du Christ, à sa parole lorsqu'il dit : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. »

Ce sommet de notre foi a été vécu par un musulman, pour moi. Depuis ce jour, Christian avait pris la résolution : « Quand je serai prêtre, je reviendrais servir l'Algérie, me mettre au service du peuple algérien jusqu'à la fin de ma vie. » C'est ce qu'il a fait. Il n'a jamais démordu de cette résolution, jusqu'au martyre.

Christian est devenu prêtre. Son premier poste a été la basilique de Montmartre à Paris. Là, il était responsable de la liturgie et de la manécanterie.

Un beau jour il dit à sa maman : « Je vais à Aiguebelle pour devenir moine pour l'Algérie. »

 

Tibhirine ne pouvait pas avoir de noviciat. C'était une communauté en voie de disparition et de fermeture. Nous étions après l'indépendance de l'Algérie. Avec quelques moines, nous avions été envoyés de Timadeuc pour empêcher cette fermeture. Nous étions demandés par le cardinal Duval. Nous étions envoyés au nombre de dix : quatre de Timadeuc, quatre d'Aiguebelle, et deux de Cîteaux. Il y en avait trois qui étaient déjà là, trois seulement de « stabilisés ». Nous étions des religieux prêtés. Lorsque Christian arrive en 1971, nous nous sommes dit : «  Il faudrait qu'on ait un frère qui sache bien l'arabe et qu'il ait une bonne culture du monde musulman et du peuple algérien. » Christian est resté deux ans à Rome.

En 1976, Christian fait sa profession solennelle, il voulait faire profession pour Tibhirine. Il fallait alors qu'il y ait avec lui, six religieux « stabilisés ». Il n'y en avait que trois. C'est alors que trois nouveaux ont alors accepté de l'être : Aubin, Roland et moi.

 

Le 1er octobre, pour la fête de sainte Thérèse, Christian fait profession solennelle à Notre Dame de l'Atlas à Tibhirine. Nous réalisons alors, une vraie communauté monastique : ça a tout changé (sourire apaisant de Jean-Pierre).

Il fallait donc nommer un abbé. On a demandé que ce soit un prieur. On a alors réduit l'abbaye à être un prieuré.

En 1984, on élit le 1er prieur, c'est Christian.

 

Lucien : « Vous étiez déjà très ouverts au monde musulman ! »

Jean- Pierre : « De Rome, Christian était revenu très motivé dans ce sens-là. Les anciens avaient des relations avec l'islam, mais pas comme celles de Christian.  Nous n'étions pas uniformes dans le prieuré, mais nous étions amis. Dans toute communauté, c'est un frère, André, venu nous voir qui nous le dit : « Dans toute communauté, il doit y avoir des tensions … »

Pour les anciens, l'union se faisait par la convivialité avec le monde musulman. Il y avait eu jusqu'à 50 ouvriers avant l'indépendance. Les anciens c'était Luc, Etienne, le cellérier, ingénieur agronome … Christian lui, son orientation était dans le sens des soufis. L'Eglise après le concile, recherchait les rencontres avec l'Islam. L'orientation de Christian, c'est la spiritualité, l'intérieur. Il faut relire son testament. Nous le trouvons idéaliste, naïf. On lui disait de ne pas regarder avec des lunettes roses, mais de regarder objectivement. Christian citait des paroles du Coran dans la messe. Certains lui disaient : » Le Coran et l'Evangile, ne les mets pas au même plan. Christian ne voulait pas que l'on prononce et que l'on entende le mot Israël dans la liturgie, à cause des résonnances politiques. Il était toujours en avance.

 

Le frère Christian de Chergé dans son testament dit : « Ceux qui me traitaient de naïf et idéaliste, doivent savoir que maintenant mon vœu est exaucé, ma curiosité en amont est satisfaite. Je vois les fils de l'Islam avec le regard de Dieu. »

Ce n'est pas Christian uniquement qui a fait évoluer la communauté dans l'accueil de l'Islam. Ce n'est pas Christian uniquement qui nous a appris à aimer les musulmans. On était parmi eux depuis 1946, avec une très bonne compréhension de l'islam. On ne voulait pas être traités de novices dans la relation avec l'Islam. On est restés ce que nous étions. La preuve que j'étais ouvert, c'est moi qui ai découvert les soufis. Il y a eu le concile. Quand j'ai su que j'étais appelé à vivre à Tibhirine, j'étais heureux.

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23 avril 2016 6 23 /04 /avril /2016 15:29

Abbaye d’Acey le 23 avril 2016

 

Cher Jean-Marie

 

C’est à l’abbaye cistercienne d’Acey que me parvient, grâce à des amis du mouvement A.D.N.-M.A.N., le message que tu nous adresses à ton retour de Rome, de la conférence internationale intitulée : « Non-violence et Paix juste, une contribution à la compréhension de la non-violence et à l’engagement envers celle-ci de la part des catholiques ».

 

J’étais venu à Acey où en me reposant je fais ramasser en moi dans la prière le témoignage de la non violence des moines de TIBHIRINE, en lisant le livre qui vient de paraître « Tibhirine : l’Héritage ». Comment ramasser les graines de cet héritage de non violence et l’ensemencer dans la terre de nos jardins intérieurs et communaux ? Et c’est au moment de la prière des complies, hier soir :

« Maintenant tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix »

que le frère Benoît me communique ton message où tu nous donnes quelque chose, comme tu le dis, « qui s’apparente à une véritable révolution copernicienne », où vous dites, et c’est un acte : «  Nous croyons qu’il n’existe pas de guerre juste. »

 

J’ai tout de suite chanté en mon cœur le Magnificat. Ce chant est révolutionnaire où il est dit de Dieu « qu’il renverse les puissants de leur trône et qu’il élève les humbles, qu’il comble de biens les affamés et renvoie les riches les mains vides », et que c’est à cela que nous devons nous atteler pour que chaque homme et femme puisse trouver sa place de manière non violente, car plus rien ne justifie quelque guerre que ce soit.

 

Place première doit être faite aux migrants, aux affamés. Ce n’est pas dans l’utilisation de l’argent avec un profit effréné et non humain que nous ferons le monde. Il nous faut nous organiser de manière non violente. Aux pauvres et aux  blessés de la vie nous devons dire, comme je te l’ai souvent entendu dire : « Après vous ».

 

A Hélène et à toi Jean-Marie,  à vos enfants et petits-enfants je vous dis toute mon amitié fraternelle et reconnaissante pour le don que vous nous offrez. Comme je suis bien heureux que tu sois allé « acteur » à Rome à cette conférence. Tu te souviens quand nous en parlions il y a deux ans ? Nous espérions humblement …C’est inouï ce qui en sort. C’est merveilleux comme tous ces membres de la conférence, et toi, vous nous permettez de ressourcer et renforcer notre espérance, la présence de la petite fille espérance dans non luttes non-violentes. S’ouvre devant nos yeux le seul chemin qui puisse libérer notre humanité : celui-là de la non violence

 

Je vous embrasse chers Jean-Marie et tous les tiens, de tout mon cœur d’ami profondément reconnaissant

Lulu      

 

conférence de Rome : photo du web

conférence de Rome : photo du web

Faire prévaloir l’Évangile de la non-violence

 

dans la pensée et l’action de l’Église

 

Jean-Marie Muller*

 

À l’initiative du Conseil Pontifical Justice et Paix et de Pax Christi International s’est tenu à Rome du 11 au 13 avril 2016 une conférence internationale intitulée « Non-violence et paix juste : une contribution à la compréhension de la non-violence et à l’engagement envers celle-ci de la part des catholiques. » Nous nous sommes retrouvés quelque quatre-vingts participants venant d’Afrique, des Amériques, d’Asie, d’Europe, du Moyen-Orient et d’Océanie. Notons la présence de plusieurs évêques et de nombreux théologiens. Dès avant le début  de cette rencontre, nous avions reçu une note qui précisait clairement qu’il était urgent de repenser la compréhension catholique de la non-violence.

 

Pendant ces trois jours, dans une ambiance particulièrement chaleureuse, nous avons pu partager nos réflexions et nos expériences. Nous avons été unanimes pour affirmer que tout au long de sa vie Jésus a témoigné de la non-violence et que les Chrétiens avaient l’obligation morale de devenir eux-mêmes des témoins de la non-violence. 

 

Le pape François a adressé aux participants un message qui a été lu par le Cardinal Peter Turkson, Président du Conseil Pontifical Justice et Paix. « L’humanité, affirme François, a besoin de rénover tous les meilleurs outils à sa disposition pour aider les hommes et les femmes d’aujourd’hui à réaliser leurs aspirations pour la justice et la paix. En ce sens, vos idées sur la revitalisation des outils de non-violence, et de non-violence active en particulier, seront une contribution nécessaire et positive. C’est ce que vous vous proposez de faire en tant que participants à la Conférence de Rome. » Il précise : « Dans notre monde complexe et violent, c’est une entreprise véritablement formidable de travailler pour la paix en vivant la pratique de la non-violence ! (…) Nous pouvons nous réjouir à l’avance de l’abondance des différences culturelles et de la variété des expériences de vie parmi les participants à la Conférence de Rome et celle-ci ne fera qu’augmenter le niveau des échanges et contribuer au renouveau du témoignage actif de la non-violence comme une « arme » pour réaliser la paix. »

 

La Conférence a adopté un document qui appelle l’Église catholique à s’engager à faire prévaloir l’importance centrale de « l’Évangile de la non-violence ». Ce qui est remarquable, et probablement décisif, c’est que les participants ne se contentent pas d’ajouter un paragraphe sur la non-violence dans la doctrine de la légitime violence et de la guerre juste, mais qu’ils remettent en cause cette doctrine au nom de l’exigence de non-violence. « Ceux d’entre nous, est-il affirmé, qui se situent dans la tradition chrétienne sont appelés à reconnaître le caractère central de la non-violence active dans la vision et le message de Jésus. (…) Ni passive, ni faible, la non-violence de Jésus était le pouvoir de l’amour en action. De manière claire, la Parole de Dieu, le témoignage de Jésus, ne devraient jamais être utilisés pour justifier la violence, l’injustice et la guerre. Nous confessons qu’à maintes reprises le peuple de Dieu a trahi ce message essentiel de l’Évangile en participant à des guerres, à la persécution, l’oppression, l’exploitation et la discrimination. »

 

Et puis vient ce passage décisif : « Nous croyons qu’il n’existe pas de « guerre juste ». Trop souvent la « doctrine de la guerre juste » a été utilisée pour approuver la guerre plutôt que pour l’empêcher ou la limiter . Le fait même de suggérer qu’une « guerre juste » est possible mine l’impératif moral de développer les moyens et les capacités nécessaires pour une transformation non-violente du conflit. Nous avons besoin d’un nouveau cadre éthique qui soit cohérent avec l’Évangile de la non-violence. »

 

Dans leurs conclusions, les participants appellent à ne « plus utiliser ni enseigner la « théorie  de la guerre juste », mais à « promouvoir les pratiques et les stratégies non-violentes (la résistance non-violente, la justice restaurative, la protection civile non armée, la transformation des conflits et les stratégies de construction de la paix) ». Soulignons également qu’il est demandé de plaider pour « l’abolition des armes nucléaires » Enfin, les participants « appellent le Pape François à partager avec le monde une encyclique sur la non-violence et la paix juste ».

 

Le malheur, jusqu’à présent, était que l’Église, d’une part, prêchait l’amour et, d’autre part, justifiait la violence. Entre ces deux discours, il y avait un vide immense, la partie manquante étant précisément la non-violence. La Conférence de Rome propose de remplir ce vide.

 

Cette rencontre propose donc un renouvellement en profondeur de la pensée de l’Église sur la question de la violence qui veut rompre avec la doctrine séculaire de la guerre juste pour proposer aux Chrétiens de devenir des acteurs de la non-violence. Cette rupture qui est un ressourcement évangélique s’apparente à une véritable révolution copernicienne. Elle pourrait être décisive pour l’avenir même de l’Église.

 

 

* Philosophe et écrivain. Auteur notamment de L’évangile de la non-violence (Fayard, 1969) et de Désarmer les dieux, Le christianisme et l’islam au regard de l’exigence de non-violence ( Le Relié Poche, 2009)

Site personnel : www.jean-marie-muller.fr

 

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  • : Lulu en camp volant
  • Lulu en camp volant
  • : Lucien Converset, dit Lulu est prêtre. A 75 ans, il est parti le 25 mars 2012 avec son âne Isidore en direction de Bethléem, où il est arrivé le 17 juin 2013. Il a marché pour la paix et le désarmement nucléaire unilatéral de la France. De retour en France, il poursuit ce combat. Merci à lui ! Pour vous abonner à ce blog, RDV plus bas dans cette colonne. Pour contacter l'administrateur du blog, cliquez sur contact ci-dessous.
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